Vladimir Sorokine
Journée d'un opritchnik
Nous avons lu ce livre en juin 2011.
Manuel
Je n'ai fini le livre. Il m'a fait penser à Orange Mécanique
et du coup je n'avais pas d'effet de surprise.
Monique
Mais il y a tout de même le côté politique.
Manuel
C'est le même processus : l'invention d'un langage. Je me suis
perdu dans la journée.
Françoise D
Oui c'est une journée bien remplie !
Manuel
Je vais peut-être le finir... Mais il y a trop de procédé,
je n'arrive pas à rentrer dans le livre. Le langage inventé
donne une distance. C'est glaçant mais trop abstrait. Il raconte
des choses horribles, mais on n'a pas l'impression que c'est horrible.
La quatrième... Je n'ai pas compris.
Monique
Il faut transposer.
Manuel
Je me suis perdu dans les images, les descriptions. Par exemple, c'est
quoi la taupe coupée en deux ?
Monique
Il se projette en 2028.
Manuel
Je ne le conseille pas.
Françoise D
Je n'ai pas grand-chose à dire. Je n'ai pas accroché. C'est
gore et gratuit. Je n'y ai trouvé aucun humour. Je n'apprécie
pas cette espèce de science-fiction. Il parle de féodalisme
éclaté mais il y a des progrès. Je trouve le livre
naïf. On ne croit pas à ce qu'il veut démontrer avec
une image de la société partinienne. Il perd de la pertinence
avec des inventions primaires ; les têtes de chiens. Une espèce
d'outrance qui enlève de la force. Les scènes de violence
sont gratuites. C'est too much. Je suis quand même allé jusqu'au
bout mais je le ferme. Je ne le recommanderai à personne. Il a
des obsessions que confirment les interviews. Il rate son coup. Les références
à Wells n'en font pas pour autant un bon livre de science-fiction.
Peveline c'est autre chose ! Il balance tout à la figure,
c'est rare que je sois aussi rebutée !
Monique
Je l'ai lu à la bibliothèque. En lisant la quatrième,
je me suis dit que c'est mal barré. Les personnages m'ont happée
et j'avais du mal à lâcher le livre. Il y a une création,
un univers. Le côté science-fiction est assez marrant, par
exemple les images téléportées. En général,
je n'aime pas la science-fiction. Mais ça ne m'a dérangée
pour ce livre. Ivan le Terrible est par moment transposé :
les noms, les événements, les Chinois, la crainte de l'Asie.
Jacqueline
Il a joué le rôle de Louis XI.
Monique
Je suis étonnée qu'il ne parle pas de musulmans. Je trouve
cela effrayant, il décrit tout par le menu avec un je tellement
convaincu, ça marche et c'est insupportable ; le gendre qui
baise dans les incendies. On voit bien le fonctionnement d'une dictature.
Françoise D
C'est comme Ben Ali
Monique
Je ne sais pas si c'est une oligarchie ou le népotisme. Il y a
une dimension religieuse.
Manuel
C'est le film d'Eisenstein.
Monique
Il y a un retour du religieux en Russie. Son livre a été
brûlé. Je l'ouvre au trois quart car c'est un livre très
fort. C'est un auteur qui va au bout de son projet. Je ne connais pas
la Russie d'aujourd'hui mais entre Nice et Cannes, il y a des russes pétés
de thunes. Ça ne m'a pas paru étranger au livre.
Jacqueline
Je vous remercie car je ne l'aurai pas lu sans le groupe lecture. Je l'ai
lu jusqu'au bout et j'ai relu des passages pour voir ce qu'il mangeait.
J'étais contente de lire ce que
Claire a envoyé. Il se réclame du post modernisme et
Bret Easton Ellis.
Claire
On n'a jamais lu !
Jacqueline
Ça n'a rien à voir en dehors du trash. Je me suis plongé
dans Bret Easton Ellis !
Claire
Et ça t'a plu ?
Jacqueline
Je n'aime pas, mais c'est intéressant ! Il y a une forme d'humour
que je ne dois pas saisir. J'aime plus Pelevine, la mise en boîte
de la littérature avec l'histoire de la soupe au poulet qui faisait
référence à Makarenko. Je suis d'accord avec Monique.
C'est plein de références.
Claire
Il y a même Derrida !
Jacqueline
Je n'ai pas vu.
Monique
T'a sauté des pages.
Jacqueline
J'ai vu Ivan le Terrible d'Eisenstein. Le livre m'a permis d'avoir
plus de distance (il tut son fils) avec ce film ; le livre ne m'a
pas plu.
Claire
Mais tu nous remercies !
Jacqueline
Je ne le recommanderai à personne. Il faut avoir les références.
Est-ce que c'est une critique de Poutine ? Ou une interrogation ?
Quand j'ai vu le film, j'ai repensé à plein d'épisodes
du bouquin (les ballets Mosseiv, les plans sur les visages des gens du
peuple ; Sokorine parle des beaux visages russes). Je ne sais pas
ce qui est de la pensée de l'auteur. Si l'auteur est autant facho
que le narrateur, il pose plein de questions car il a un côté
très ambigu.
Claire
Je suis partagée. Je suis contente d'avoir transmis les textes.
Je trouve ça extrêmement gênant. C'est un livre qui
nous donne à comprendre un tyran. L'auteur se permet d'exprimer
sa perversité par exemple p. 84 : un discours dégueulasse.
Pour moi, l'auteur est dingue. Mais il y a l'invention d'un langage. J'ai
trouvé les poèmes chargés. Le côté science-fiction
m'a plu. Mais il y a aussi de la magie : les petits poissons, le
côté sectes. Les articles
m'ont rassurée : l'auteur se présente comme un artiste.
Ça donne un autre éclairage au livre. J'ai quand même
envie de feuilleter ses autres livres. Ce qui va dans le sens du côté
vraiment horrible, c'est que l'auteur admire Sade. Je n'arrive pas à
croire que l'auteur n'en joui pas. L'auteur est dingue mais DSK ce n'est
rien à côté, cf. p166.
Des articles sur Vladimir Sorokine
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