Les histoires d'amour tourmentées et douloureuses d'un jeune Américain
à Paris dans les années 50. |
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James Baldwin
La chambre de Giovanni
Nous avons lu ce livre en mars 2013.
Nous avions lu Harlem Quartet en 1991 et le nouveau
groupe parisien lira Si Beale Street
pouvait parler en juillet 2021.
Rozenn
Je regrette vivement de ne pas être des vôtres ce vendredi.
Cest un livre saisissant. Jai trouvé ce livre fascinant.
Difficile den parler parce que jai lu après Femme
fuyant lannonce qui écrase tout.
Jai aimé la structure. Les personnages secondaires sont un
peu caricaturaux, le personnage central un peu incertain, mais ce nest
pas le premier de ce type que lon croise dans nos dernières
lectures...
Claire BC
Ma belle sur vient de mourir d'une crise cardiaque, je dois partir
au pied levé ; excusez-moi pour mon absence c'est con j'ai
aimé ce livre.
Brigitte
Moi non plus, je ne serai pas là pour La chambre de Baldwin.
Nous avions déjà lu Harlem quartet du même
auteur, que j'avais préféré à celui-ci. J'ai
cependant aimé la première partie, la seconde m'a paru plus
faible.
Certains dentre nous apprennent que Baldwin était noir. Ce
livre serait largement autobiographique. David est-il noir ? Nous
dit-on après tout quil est blanc ? Oui, affirme Jacqueline,
en lisant le passage où il décrit son reflet (il est blond !)
Annick A
Je nai pas aimé car je lai lu après Tout
ce que j'aimais de Siri Hustvedt que jaime beaucoup.
Françoise
On la lu dans le groupe...
Annick
La première phrase du livre a déjà été
catastrophique « Je me tiens beaucoup à la fenêtre
de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la
nuit, la nuit qui mène à laube la plus terrible de
ma vie. » ! : ce n'est pas possible de commencer
un livre comme ça !
Yeux étonnés (quest-ce quelle a cette phrase ?...)
Annick
Je me suis dit c'est quoi ça ? Lintérêt
du livre tient au fait quil ait été écrit en
1955, dun point de vue psychologique daccord ça vaut
la peine. Mais lécriture je la trouve un peu plate. Quant
au romantisme... mélo... ! Si on nétait pas en
1955 et sils nétaient pas homosexuels... que trouverait-on
à ce livre ?
Henri
J'ai bien aimé. C'est très juste. C'est moins l'histoire
qui ma plu que les contrastes de milieux par exemple
quand il remet les clés à sa logeuse que jai
trouvé très justes. De même les interactions entre
les vieux homosexuels et les jeunes sont touchantes bien que déplaisantes.
Le style je ne lai pas vu, mais pourtant il y a un style. Le style
nest pas dans la phrase, il est dans la justesse du ton. Jai
bien aimé le huis clos, la densification de la relation entre David
et Giovanni, qui arrive tout dun bloc dans la vie de cet Américain.
Françoise
Je suis assez partagée. Tu dis Annick que s'ils n'étaient
pas homosexuels... Et justement c'est le sujet ! Il y a une dimension
intemporelle, ce nest pas dépassé. Lécriture
ne ma pas emballée. Lauteur nous tient par la construction.
Des passages sont très convaincants, par exemple les deux vieux
pédés qui se servent de leur argent. Lhistoire, les
étapes par lesquelles passe le personnage, est intéressante.
Le livre était petit ça ma suffit. Je nai pas
été transportée, mais intéressée.
Mireille
Peut-être suis-je fleur bleue : après Gore Vidal, et
Arenas, j'ai trouvé intéressant le fait de voir le corps
comme un tourment. Son énergie est consacrée à ça.
Pour moi la sexualité n'est pas simple. J'ai aimé ce tourment
permanent. Cette recherche avec une femme mintéresse. Amis,
famille sont peu présents.
Annick
Tout au contraire, le père est très pesant !
Mireille
Il est immature. Jai aimé lécriture, étouffante,
glauque, la culpabilité, la « sous-mer »,
le cognac, les requins (les homosexuels déchus), le huis clos étouffé
de la chambre, de la prostituée, le bar. On voit un film. Jai
aimé les jeux pervers. Les séparations sont justes. Avec
le voyage à la fin, David labandonne.
Monique
Encore une histoire de pédé ! Je me suis dit ça
va m'ennuyer... Je suis bien rentrée dans cette histoire. Quant
au style, je préfère lécriture de Genet. Ici
ça raconte une histoire, je ne vois pas de style, mais dans le
regard oui. Jai des amis qui ont traversé ces affres. Je
comprends les hésitations de David : il est amoureux de Giovanni
et ne sest pas encore habitué à un changement de vie.
Il est sincère avec les deux (Hella et Giovanni). Cest vrai,
cest juste. À certains moments, il y a du sentimental que
je retrouve chez mes amis homosexuels, par exemple, quand il pleure et
il raconte lhistoire mélodramatique de lenfant mort.
Ça fait vibrer la corde mélo. Quant à la vision des
femmes, la femme est indépendante mais elle endosse un rôle
qui ma choquée ; la description des femmes relève
du stéréotype. Jai aimé la description des
halles, des bars, des matins : on entre dans les atmosphères. Lhistoire
de la chambre, mais pas forcément homo. La prison est dans leur
tête.
Annick
Cest le thème du livre la prison intérieure.
Monique
La prison cest mélo, je ny crois pas. En France, cétait
exceptionnel (la condamnation à la peine de mort).
Claire
Avant de vous entendre je ne savais pas quoi penser du livre. Je me suis
dit comme Monique : encore une histoire sur le thème « j'y
vais j'y vais pas ». Par rapport aux autres livres avec des
personnages homos que nous avons lus ces temps-ci (Gore Vidal, Arenas)
le héros nécrit pas. Ce livre est original. Lhistoire
est suspendue et intemporelle. Il ny a pas denvironnement
hostile à lhomosexualité et cest vrai que cela
se joue intérieurement. Jai trouvé étranges
la femme et lui qui ne travaillent pas. La chambre est un univers extraordinaire,
un dépotoir. La femme est un personnage remarquable ; le dialogue
pages 152, 153 est extraordinaire : un dialogue sur le pouvoir entre
hommes et femmes. Elle est indépendante, un beau personnage de
femme libre et elle explique sa démarche de soumission, ce passage
est saisissant. Pas banal du tout. La structure du livre est intéressante
et rythmée. Je nai pas été vraiment intéressée
même si je trouve les trois personnages attachants. Je nai
pas suivi avec la peine de mort, bof. Je ressens une frustration, je suis
moi aussi dans un entre deux.
Manuel
Je louvre en grand. Je l'ai lu pour la deuxième fois, c'est
un classique homo. J'ai eu plaisir à le relire. Je dois être
très fleur bleue. Oui, cest étouffant. Cest
bien glauque, cette chambre délabrée. Il me rappelle Franck
(Bascombe, le personnage de Richard Ford). Je trouve que le protagoniste
est pire que Guillaume et Jacques réunis. Giovanni creuse le mur
pour lui faire bibliothèque, Giovanni laime. Le bébé
mort, je ne trouve pas ça mélo. Jai par contre aimé
la scène de la rupture mélo. La vue de Paris reste valable
encore aujourdhui (avec les gens râlent
). David porte
un regard terrible sur Giovanni. Jacques est lucide, pragmatique.
Henri
Giovanni et David ne sont pas de la même classe... Giovanni sait
faire le maçon.
Manuel
Je ne trouve pas Giovanni... prolétaire. Hella est en filigrane
tout le long du livre. On ne sennuie pas, cest bien construit
; on se retrouve dans le midi au milieu et à la fin du livre.
Jacqueline
J'étais restée sur Conversion de Baldwin, un écrivain
qui écrit des choses extraordinaires sur l'Amérique noire,
sujet plus intéressant que lhomosexualité pour moi.
Mais je retrouve son point de vue inhabituel sur plusieurs des situations,
un point de vue pour moi exotique. Paris vu par un américain me
paraît nouveau. Il y a des personnages, des portraits : le garçon
qui vient le voir pour le mettre en garde ; et le portrait de la femme
qui tient le tiroir caisse ! Ce qui me séduit, cest que cela
me renvoie à dautres livres : Condamné à mort
de Genet, Notre-Dame des fleurs. Guillaume est dune grande famille,
il ma fait penser à Charlus. Ce livre me plaît beaucoup,
mais je préfère les romans quil a écrits chez
les Noirs.
Philippe (qui avait proposé le livre)
C'est de la discrimination positive ! J'ai lu ce livre il y a très
longtemps et je l'ai beaucoup aimé. Il a des défauts. Les
scènes sont intéressantes, mais un peu longues. L'aspect
mélo est en effet pas terrible. Mais j'ai pris le livre tel qu'il
est. L'histoire est bien racontée, on ne sennuie jamais.
Jaime le climat du livre, la façon dont il est écrit,
on dirait composé. Jaime bien les romans américains
de ce type, bien construits, où lon pense au lecteur. Je
suis un peu fleur bleue ; jaime trouver ce sentimentalisme,
cette candeur. Jaime bien ce côté dramatique qui me
touche. Mais cest un peu daté. Le livre est moins de lordre
dune interprétation que de raconter lhistoire. Jai
lu aussi Un autre pays. Jaime bien lhomme (Baldwin), sa trajectoire.
Il était pauvre, noir, il est resté en France, à
Paris où il a dormi sous les ponts. Il est français dans
sa manière d'écrire. Son père était un pasteur
très violent. Il reste influencé par la religion, par la
notion de péché. Il y a une candeur, une générosité
en lui.
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Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
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