Extrait du blog
Nos vies parallèles
Extrait d'Actes
Sud
Quatrième de couverture : "Chien
est le livre de la plus radicale des ruptures, lhistoire dun
homme qui a rompu les amarres, quitté sa famille, dénoué
tout lien amoureux, répudié les valeurs du travail et de
lappartenance civique. Posté à langle dune
rue, déambulant sur les trottoirs, solitaire dans un jardin public,
il fouille les poubelles à la recherche dun vieux journal,
savoure les destinées de compagnons lointains : exclus et marginaux,
escrocs ou criminels. Exégète de la dissidence, il observe
labsurdité frénétique de la ville. Semplit
les yeux et les oreilles de sensations : bruissement urbain, silhouettes
qui fourmillent, merveilleux spectacle de leffervescence quotidienne.
Et il se souvient. De ses chiens. De son chien tant aimé. Quil
a abandonné un beau jour, lui aussi. Pour en finir. Pour ne plus
être tenu en laisse par quoi que ce soit.
Chien est également le livre le plus radical de Paul Nizon :
un contre-portrait de lartiste par le personnage, une réplique
à lautofiction comme à ceux (les diseurs de bonnes
aventures, ou lécrivain croisé ici même) qui
veulent faire entrer tout et tout le monde dans leurs histoires.
Chien est un roman anti-romanesque et superbement asocial, un éloge
émouvant de labsolue liberté, le capriccio dune
solitude intense, délibérée, conduite par la nécessité
extrême de la littérature."
Né à Berne en 1929, Paul
Nizon vit à Paris. L'essentiel de son uvre a été
publié en France par Actes
Sud et par les éditions Jacqueline Chambon (Canto,
1991). De multiples prix littéraires lui ont été
décernés en Suisse, en France et en Allemagne.
|
|
Paul Nizon
Chien : confession à midi
Nous avons lu ce livre, dans le cadre
de notre quatrième Semaine
Lecture en Bretagne, le 27 juin 2016.
Une copieuse revue de presse : ICI
(18 p.). Au cours d'un entretien approfondi très intéressant,
Paul Nizon évoque tout son parcours, centré sur l'écriture :
ICI
(émission Les grands entretiens, avec Daniel Jeannet,
27 février 2005, 52 min).
Alors que le livre est plutôt du
genre sinistre, nous avons chanté, pour compenser, l'exquis "Le
chien dans la vitrine" (paroles et musique ICI).
Mireille (avis transmis de Nice)
J'ai lu Chien d'une traite, j'étais intéressée,
c'était tragique et stupéfiant cet homme qui a rompu les
amarres, qui raconte son quotidien dans la rue avec l'afflux de souvenirs
et le chien omniprésent ! L'écriture très serrée
se lit facilement. Dommage, je ne me souviens plus de ce que raconte le
personnage. Il faudrait que je relise le livre pour en parler. Je me suis
demandé, ne connaissant pas Paul Nizon, si c'était autobiographique
et en même temps je ne le pensais pas. Sur internet j'ai pu approcher
sa démarche d'écriture. Je l'ouvre à moitié.
Marie-Thé
C'est un livre très déroutant, sur la liberté, rempli
d'oxymores. Le lien entrave, cela m'a rappelé Giono, la liberté
en prison. Il a peur de se fixer, ça ça m'a arrêtée.
Il y a quelque chose d'initiatique. Avec le chien comme dans un jeu de
quilles. Il cherche sa place. J'ai pensé à "L'origine
du monde" de Courbet, avec la haine, la peur des femmes. J'ai
bien aimé, j'ouvre ½.
Manon
Ça fait écho à Relire,
à propos de livres qu'on lit trop vite. Il y a sans doute beaucoup
à comprendre. L'écriture est trop dense, pour l'apprécier
en une après-midi. Je n'ai pas compris grand-chose. Je ne vois
pas où il veut en venir. C'est toujours la même information,
par exemple sur les femmes. Parfois je me suis dit, dans des phrases longues,
qu'il y avait des phrases belles, mais noyées. Comme des fulgurances.
J'ouvre ¼. A propos de la peur de la photo, j'ai pensé à
la magnifique expo
Seydou Keïta.
Marie-Odile
J'ai une impression de grand flou. Un mélange de femmes et de chien.
Petit à petit j'ai été intéressée par
le quotidien du personnage. J'ai aimé le récit dans le récit :
par exemple l'histoire du détenu qui se suicide. Marginal, cet
homme très sympathique, s'achemine vers une non-vie dans un non-lieu,
en un attentat à la vie. Je pensais qu'il allait tuer l'écrivain,
pour mettre un terme à tout ça. L'écrivain tient
ses personnages en laisse. L'écriture est intéressante,
plus classique à la fin. Le chien disparaît peu à
peu, ce qui m'arrangeait
J'ai pensé aux mots que Kamel Daoud
appelle "bien
vacant". J'ouvre ½.
Séverine
Je ne sais pas quoi en dire. C'est un livre de l'espace/temps, avec un
champ lexical développé sur l'espace, le temps. Avec l'hôtel
tenu par ses parents, ça m'a évoqué l'opposition
in/out. Et j'ai pensé aussi à l'opposition actif/passif.
C'est un livre complexe : qu'est-ce qu'il a voulu faire ? Je
suis perplexe. J'ouvre ¼ car cela ne m'a pas parlé plus
que ça.
Chantal
J'ai été gênée par la brièveté
du temps pour le livre car l'écriture est dense, serrée,
ardue. Mais j'ai aimé l'écriture. Par exemple le passage
poétique de l'enfant avec le violon. C'est un personnage qui n'est
pas "dedans", comme dans Camus
ou Le
Procès-verbal. Je me suis laissé embarquer. Le chien,
il l'abandonne, les femmes c'est pareil. Toutes les histoires qu'il raconte
relèvent de problèmes d'identité. Le narrateur avec
l'écrivain aussi. Les ruminations égocentriques me gonflent.
L'écriture j'adore, mais il y a un manque d'air. J'ouvre ¾
et je le relirai peut-être.
Suzanne
C'est un bouquin riche. Ce type est spectateur de la vie, il n'et pas
incarné. Ce chien n'a pas de laisse, il lui amenait l'imprévu.
Ce chien conquérant de l'instant, pisteur de l'absurde. Lui, n'a
pas de foyer, c'est un mec qui n'a pas eu de base. L'écrivain est
asservi à l'écriture. Il s'agit de surtout ne pas rester
dans l'habitude. J'ai adoré la fin car j'aime les cimetières.
C'est un livre à relire, très intéressant. Il me
renvoie à l'absurdité de la vie. J'ouvre ¾.
Claire
Si je n'avais pas écouté récemment un
entretien de Laure Adler avec Patrick Declerck (dont j'ai proposé
qu'on lise Le
sang nouveau est arrivé
qui est porté au théâtre
l'an prochain), qui (bien que) psychanalyste, dédie son
dernier livre à sa chienne avec qui l'amour est parfait...,
j'aurais considéré tout autrement le rapport à ce
chien. J'ai été sensible tout de suite à la force
des mots. J'aime beaucoup comme il parle des femmes
PROTESTATIONS...
Claire
J'attends que vous me montriez en quoi c'est misogyne. Par exemple quand
il rencontre une des femmes, il dit "Nous ne voulions ni l'un
ni l'autre d'une relation qui puisse déboucher sur une histoire"
- ils sont à égalité.
Je ne sens pas un désespoir de cet homme, il cherche toujours à
échapper aux habitudes, il s'est toujours enfui. Pour quelle liberté ?
"J'y suis jusqu'au cou dans la liberté" :
je vois comme une démarche à l'orientale, où il s'agit
de "jeter du lest", avec une grande distance, y compris
sur son propre corps ("je mis mon corps à sécher
au coin de la rue") et même le chien il le quitte. D'un
côté la vie ne se laisse pas ramener à une histoire,
dit-il, et le livre n'est pas constitué d'un récit, alors
qu'il est sous-titré "roman" ; mais de l'autre il donne
à lire plein d'histoires - celles lues dans le journal. Parce que
fort dans son contenu, par l'expérience de lecture qu'il fait vivre,
et singulier dans sa forme, j'ouvre aux ¾.
Muriel
Je me retrouve dans ce qu'ont dit Manon et Séverine. Ce livre a
deux défauts :
1- je me sens conne car je ne comprends pas
2- c'est plombant, horriblement ; le chien est largué et c'est
lui qui dégringole.
Question : est-ce qu'un livre doit être relu pour être
compris ?... Où est-ce qu'il veut en venir ?
J'ai beaucoup aimé les descriptions de chien. Cela m'a rappelé
Flush
de Virginia Woolf.
Mais j'ai eu l'impression de passer à côté, j'ouvre
¼.
Fanfan
Moi pareil. Je n'ai pas du tout compris et je n'ai pas aimé du
tout. C'est plombant : ah tiens ça c'est intéressant
et plouf. J'aurais aimé qu'il développe ses idées,
cet homme perdu. Bon, il a pas eu de maman, c'était un pauv' gars
qui s'appelait Armand
Il n'a aucun but dans la vie, c'est dérangeant,
mais pas plaisant, sans amener quoi que ce soit. La relecture pourrait
apporter quelque chose.
Françoise G
Je suis perplexe. Je n'étais pas assez concentrée. J'aime
bien son écriture, même si c'est torturé. Mais sa
liberté, je n'en veux pas. Le chien revient vers son maître.
Je le relirai : j'ouvre ½.
Lisa
C'est court, très dense, foisonnant. J'ai aimé ce qu'il
dit de la liberté p. 49, c'est poétique sur le quotidien,
cela me ramène à ma vie. J'ai pensé à Molloy,
avec ce personnage vagabond. C'est à lire à voix haute.
Ou à jouer au théâtre. Certaines choses m'ont intéressée.
Je ne pense pas le prêter... A Pontivy, la SPA est implantée
au refuge de Saint-Nizon...
Lil
J'ai beaucoup aimé. J'ai adoré l'écriture,
même si dense, les portraits : l'enfant avec le violon, la femme
sans abri. Il y a un talent pour l'introspection. A propos du chien, il
y a des passages formidables. Il a tout perdu, le livre est sur les chaînes.
Tout est noir. Le livre n'est pas à prêter aux dépressifs.
L'auteur a 87 ans, l'écriture joue un rôle de résilience.
J'ouvre ¾ je relirai, j'ai adoré l'écriture.
Françoise D
Eh be... Je n'ai vraiment pas été subjuguée par l'écriture.
Le phare de l'amour, le tuyau de chauffage
Le fil c'est le chien,
mais il y a des contradictions et ça ne tient pas la route. Il
y a une espèce de lire parano par rapport à l'écrivain
: et si j'avais eu un père
C'est un ramassis, un fatras :
ainsi il n'y a pas de lien entre les faits divers repris, qui ne sont
pas intéressants, il n'en tire rien, il n'y a pas d'interprétation.
¼ c'est bien payé...
Manuel
Je rejoins Lil : ce qui concerne le chien, c'est très juste. Il
y a un talent de conteur, c'est très poétique ("J'aspirais
à pleins poumons les bactéries de l'extase et des désirs").
Merci à Chantal concernant le thème qui lie les faits lus
dans le journal ; c'est intéressant comme construction. Il
y a un jeu avec l'écrivain qui me rappelle La
Méprise de Nabokov. C'est très beau. Même
s'il l'abandonne, le chien trouvera mieux ailleurs. Le chien, lui, vit
dans l'instant présent. J'ai aimé les passages sur le cimetière,
il y a beaucoup d'humour. Je l'ai relu cet après-midi et je le
relirai avec plaisir.
Cependant ce qui concerne les rappers, les Yougoslaves, c'est un peu limite...
Jacqueline
J'ai eu beaucoup de mal, à sortir de l'univers chilien d'hier (La
raconteuse de films), il faut du temps. Je n'aime pas spécialement
les chiens... et je ne connais pas bien... la fièvre du trottoir...
ça s'est mélangé avec le chien d'Adieu
au langage de Godard... c'est très déroutant...
il y a une vision du monde du chien. Le film m'a parasitée. C'est
un monde étrange... j'ouvre ½.
Nancy
à
Je m'y suis reprise à deux fois. Je suis rentrée dedans
comme dans sa tête et la dispersion de ses pensées. C'était
d'abord noir et désagréable, puis en reprenant ça
allait mieux. J'ai bien aimé la construction, avec l'écrivain,
et l'irresponsabilité de la réflexion. Entre ½ et
¾.
Jane
Ce fut difficile. Et troublant. J'ai aimé l'écriture, fluide
ou dense. J'ai aimé comme il parle du chien et le lien entre le
chien et son passé. Il cherche la liberté, mais il fuit.
Ce n'est pas qu'il ne veut pas de relation, mais il ne peut pas. C'est
un égoïste. Je suis très troublée. Peut-être
est-ce à relire ? Il y a des descriptions magnifiques.
Rozenn
Je l'ai lu hier soir entre 23h et 1h d'une traite. C'est une histoire
d'amour d'un chien. Il n'y pas de "narratif", d'action. Pas
de personnage pour s'identifier. Puis arrive l'écrivain. Le maître
de Nizon, c'est Walser, j'ai vu ses gribouillis.
La question dans ce livre c'est l'envie d'être libre. Je ne peux
pas être libre et indépendant car je serais rien. Ça
me fait penser à la retraite... Tout ce ressassement pose des questions
fondamentales. Et puis il y a de petites histoires qui apparaissent :
chic une histoire ! Mais c'est de l'arnaque, la mise en récit
aplatit tout ! Est-ce qu'on a besoin d'histoires ?... Il faut
que je le relise. J'ouvre en entier peut-être. Mais il me perturbe
trop...
Annick L
Que dire ? Je suis saisie, par cet écrivain exceptionnel, ses fulgurances,
c'est ça qui m'a permis de le lire jusqu'au bout. Sur le fond,
le chien happe. Qu'est-ce qui fait l'appartenance sociale quand il y a
abolition de soi ? J'ai pensé aux débuts de Paul Auster,
au personnage du film Hours.
Ce thème, ces personnages m'interpellent. J'ai cru avoir des
réponses quand un "tu" arrives p. 60 : p. 60-61 ce sont
deux pages spéciales sur l'amour. L'écriture amène
une fascination pour le personnage. J'ai pensé aussi au film Le
bois dont les rêves sont faits. Les fulgurances ont causé
des attentes déçues et après je me suis résignée,
c'est pourquoi j'ouvre ½.
Nicole
J'ai été déroutée. C'est l'écriture
qui a sauvé la lecture, qui n'est pas plaisante. Il y a des passages
superbes, des raccourcis. Le narrateur n'est pas libre, il est enchaîné.
Il est odieux avec les femmes. Il se sert des autres, les rejette. J'ai
bien aimé ce livre sur l'enchaînement, l'écriture
sauve.
Annick A
Comme Annick, j'ai remarqué les p. 60-61, ces pages passionnelles,
c'est extraordinaire. Il y a un fil directeur : quelqu'un est spectateur
de lui-même. Il court après une passion. Il attendra la trace,
l'image de l'aimée à l'intérieur de soi. Il passe
à côté de la vie, de lui-même, des autres, il
ne peut qu'être déçu ; il y a désespoir par
passion. C'est un livre de pesanteur. Les histoires, j'aime bien, elles
illustrent. L'écriture est très belle. Mais ça m'a
plombée quand même, j'étais mal. C'est un livre paradoxal
car je suis emportée et je déteste : ½.
Lisa
Je trouve qu'il est libre. J'ai envie d'être SDF...
Séverine
C'est un anar punk.
Nos cotes d'amour,
de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|