« Au bout d'un champ
de seigle, une rivière. Plus loin, la forêt puis les marais
du Kaïrabalé, une longue étendue de vasières
noires prêtes à engloutir tout intrus... "On entre dans ce livre admirablement
traduit comme dans une terre inconnue et son charme étrange opère
aussitôt. Ce livre est grave et porteur de vérité."
« La Saga de Youza est autant
le roman de la Lituanie que celui de ce paysan qui choisit de fuir le
monde par chagrin d'amour. Taciturne, violent, généreux,
sévère. Youza est le portrait d'un solitaire vivant dans
une nature qui l'est autant que lui, dans cette Lituanie tour à
tour déchirée, conquise, perdue, sans cesse bouleversée
par l'Histoire. Youozas Baltouchis est né en 1909 à Riga. Très jeune, Baltouchis n'aura d'autres recours que celui de se louer aux riches fermiers comme berger. En 1926 a lieu un coup d'État fascisant. Baltouchis découvre la lutte politique à Kaunas, capitale provisoire de la Lituanie. Ses premiers récits sont publiés en 1940 tandis qu'il organise depuis Moscou des émissions de radio anti-hitlériennes à destination de la Lituanie. Auteur de romans et de nombreuses pièces de théâtre, il est devenu avec La Saga de Youza l'écrivain le plus célèbre de son pays. » |
Youozas Baltouchis (1909-1991)
|
En bas de page, (un peu) de documentation sur la traduction, sur le livre et sur l'auteur, sur la Lituanie, sur la langue lituanienne, sur la littérature et les autres arts lituaniens...
Jacqueline
C'est un livre étrange et cela me plaît.
Le livre a d'abord paru en 1979 aux éditions Vaga à Vilnius,
puis en 81 à Moscou aux éditions de l'union des écrivains
soviétiques... La traduction française en 90 indique qu'il
est traduit du russe et du lituanien.
C'est une saga et le personnage de Youza, le héros est aussi étonnant
avec sa fidélité à un amour impossible... Dès
le départ on est plongé dans un monde dépaysant au
travers de termes spécifiques "spheigne", "seigne",
"carex"... J'ai aimé ce mystère sans consulter
le lexique à la fin. Plus tard d'ailleurs, j'ai admiré le
parti pris de la traductrice d'aller chercher des termes régionaux
français (surtout du Jura que je découvrais ainsi marécageux),
mais aussi d'autres régions. Ce mélange m'a surprise...
C'est un monde autre, rendu proche que je découvrais avec beaucoup
de plaisir en pensant à ce monde paysan, qui n'existe plus... Et
puis il y a eu la brutalité de la guerre, vue à hauteur
d'homme par le regard et surtout les actions de Youza... J'ai beaucoup
aimé ce livre...
Brigitte
Je ne connaissais pas ce livre. J'ai eu énormément de mal
à y entrer. J'avais l'impression de lire un traité de botanique,
assez incompréhensible, parce que trop technique (je n'avais pas
envie de me reporter au lexique à chaque page). Les quelques personnages
extrêmement taiseux ne parvenaient pas à retenir mon attention.
C'est seulement au-delà de la page 100 que mon intérêt
à commencé à s'éveiller. Le personnage de
Youza est une sorte d'archétype, un être de légende,
qui vit hors du temps et de l'espace ; il est donc impossible de s'identifier
à lui. Au fur et à mesure, on finit par s'habituer à
sa maison, à ses animaux, à la végétation
qui l'entoure et à vivre avec lui le retour des saisons. C'est
à travers lui que nous découvrons les grands événements
du XXe siècle et leur caractère incompréhensible,
incroyable, stupéfiant, aux yeux de Youza, qui n'a pas suivi le
déroulement des faits. C'est là, de mon point de vue, l'apport
principal de ce roman. C'est l'aspect incompréhensible qui m'a
également plu, concernant le comportement de Youza : la motivation
des actes qu'il pose reste énigmatique du début à
la fin, et cela contribue à la dimension mystérieuse et
apporte une sorte de transcendance à ce roman.
Je l'ouvre à moitié, surtout à cause du début
tellement pénible à franchir.
Sur ce même sujet si grave, j'avais préféré
Vie
et Destin de Grossmann et L'échelle
de Jacob de Ludmila Oulitskaïa, sans oublier le disque Le
vol arrêté de Wladimir Wissotski (et surtout la chanson
Magadan que
chantaient les zeks, ces prisonniers du Goulag soviétique).
Nota bene : j'ai lu en grande partie ce livre dans la salle d'attente
du commissariat de police (on m'a volé des documents et je venais
porter plainte), c'était l'ambiance qu'il fallait pour cette lecture...
Denis
(qui a proposé ce livre, soutenu par Lisa qui l'avait lu et était
enthousiaste)
Quand j'ai proposé ce livre, je ne l'avais pas encore lu, mais
j'en avais grande envie. Plusieurs personnes de mon entourage le considéraient
comme une uvre à part, très originale. De plus, le
groupe n'avait pas lu d'écrivain balte, c'était une occasion.
Mais au vu des premières pages, j'ai eu froid dans le dos :
ce style affecté, cette surcharge de mots tarabiscotés,
ces phrases sans verbe, comment cela allait-il être reçu ?
J'avais déjà proposé du Ramuz
sans succès... Mais j'ai rapidement été rassuré
en écoutant les avis.
Je suis entré dans le livre avec une certaine difficulté,
outre mon inquiétude, mais tout cela s'est assez vite dissipé.
Ce livre a eu sur moi un effet hypnotique. Sans qu'il se passât
grand chose de spectaculaire dans le récit, j'avais pourtant hâte
de le retrouver. Je n'hésitais pas à sauter des pages de
description des travaux domestiques, quitte à y revenir. C'est
un livre dans lequel on peut naviguer. Il engendre un climat, une atmosphère
étranges.
Le héros, Youza, n'est pas totalement plausible. Il sait tout faire,
il est trop habile pour un humain, c'est un héros mythologique,
un magicien. J'ai particulièrement apprécié comment
il se débrouille avec les autorités qui lui réclament
tantôt les impôts, tantôt des contributions en nature...
À la menace et la force, il oppose l'inertie, la patience, la sérénité
- le monde extérieur passe, lui reste, planqué dans
son marais. C'est un anarchiste qui se passe d'État (mais qui ne
peut vivre sereinement que dans la solitude). Peut-on le rapprocher du
Thoreau de Walden
ou la vie dans les bois ? A voir. (À propos de bouquin
de nature, je pense au Voleur
de chevaux, le Norvégien qu'on a lu.)
J'ai trouvé particulièrement intéressant sa relation
avec les animaux et les plantes. L'un
des articles envoyés par Claire souligne très justement
qu'il les traite comme des partenaires. Un sujet d'actualité !
J'ouvre aux 3/4 mais je pourrais aller jusqu'à 4/4, j'ai vraiment
beaucoup aimé.
Annick L
J'étais contente de découvrir un auteur lituanien. Au début,
c'est étrange. Je me suis beaucoup ennuyée quand Youza s'installe
chez lui. J'ai failli m'arrêter. C'est trop littéraire, il
y a une profusion verbale de descriptions. J'ai beaucoup aimé la
fin où l'histoire s'accélère et le rattrape à
chaque changement. Intéressant est le parti pris de l'auteur pour
un personnage qui a voulu se retirer de la fureur du monde et qui est
rattrapé par les événements. Le "pitch"
de ce livre est très intéressant. J'ai appris des choses.
Mais j'ouvre ¼, ce n'est pas un livre pour moi.
Claire
J'ai été saisie par la première page, avec sa grande
densité d'écriture qui empêche de lire vite. Les mots
inconnus ne m'ont pas gênée mais agréablement surprise.
Puis la lassitude m'a gagnée, il n'y a pas assez de narratif (j'en
ai besoin !...). C'est à la page 200 que cela commencé
à m'intéresser, après bien sûr avoir sauté
bien des pages. Je me suis identifiée à Youza : j'ouvre
à moitié pour le livre en général et en grand
pour le personnage de Youza ; ce Robinson est fascinant
J'aime
quand il dit : "ce sont des mots". J'aime la présence
des morts enterrés devant chez lui, vivants comme des compagnons.
C'est aussi un livre qu'on peut assimiler au genre "nature
writing", comme Les
huit montagnes qu'on avait lu de Paolo Cognetti. J'aime le rythme
de l'écriture avec des répétitions dans la phrase
(j'en lirai une après). Ce livre est un OVNI.
Geneviève
Je suis allée en Lituanie pour mon travail. J'ai été
frappée par l'importance de la nature d'une part et par les traces
qu'avaient laissé les vagues successives d'envahisseurs, dont la
dernière est très récente. J'ai été
un peu déconcertée au début par l'abondance de termes
botaniques, mais j'ai vite renoncé à les rechercher et finalement
cela ne m'a pas gênée. Je relève le contraste entre
la profondeur de l'enracinement de Youza et l'instabilité radicale
du pays. J'ai aimé la subtilité de la relation entre les
deux frères qui fournit le fil directeur de l'histoire. Youza suit
des principes moraux très forts, ce qui l'amène à
protéger tous ceux qui lui demandent l'hospitalité, tout
en étant absolument incapable d'exprimer ses sentiments envers
ses proches. J'ouvre en grand ce livre qui offre une belle découverte
de la culture d'un peuple et d'un pays peu connus.
Séverine
J'ai adoré la richesse de l'écriture et ce personnage. C'est
le très beau portrait d'un paysan. Il a des principes, n'y déroge
pas. Il a du bon sens. J'ai aimé ses rapports avec son frère.
On ne peut pas apprécier la deuxième partie sans avoir franchi
tout le début. Au début je n'arrivais pas à saisir
à quelle époque cela se passait jusqu'à ce que je
voie un autobus. À la fin, une des jeunes filles qui reste chez
lui le traite de romantique et lui, ne comprend pas. Youza dit :
"il y a trop de mots", c'est magnifique. J'ouvre en grand.
Catherine
J'ai beaucoup aimé le début, les mots inconnus, les descriptions,
les animaux, les abeilles. Je me suis un peu plus ennuyée au milieu.
Je suis fascinée par le personnage de Youza. L'histoire passe à
côté de lui, il la regarde en spectateur jusquà
ce quelle le rattrape. Quand on lui parle de commissaire, de kolkhozes,
d'impôts, ce sont "des mots pour rien". Il accumule l'or,
les fromages, le miel mais il refuse daider son frère. Le
rapport entre les deux frères est intéressant. Il y a un
lien très fort entre eux mais ils sont incapables de l'exprimer.
Youza vit dans une solitude extrême, est incapable de nouer des
rapports avec les autres, il a un côté autiste. Il aide le
fils de Vinstioune, les Juifs parce quils frappent à sa porte
et que leur vie est en danger. Je suis contente d'avoir lu ce livre intéressant,
bien écrit. J'ouvre aux ¾.
Etienne
Il s'agit d'un roman qui a un certain charme, celui de l'exotisme. Quoi
de plus éloigné de notre quotidien que celui d'un paysan
lituanien du début du siècle ? C'est un roman de terroir
et celui qui rentre en littérature pour l'authenticité ne
sera pas déçu. Nous découvrons, émerveillés,
le foisonnement virginal de ces plaines marécageuses : les
signes. Chaque cm2 de ces tourbières semblant
fourmiller de vie, on se dit alors que Youza, malgré sa pauvreté,
est à la tête d'un véritable royaume.
En nous faisant (re)découvrir le champ lexical de la paysannerie,
Baltouchis réussit son pari, retranscrire avec sa langue la magie
du monde agricole : éloge de la lenteur, fertilité
du geste paysan, répétition hypnotique du cycle des saisons.
Une idée intéressante étant que les saisons comme
le renouvellement de la caste dirigeante de ce monde extérieur
honni, s'écoule avec la même régularité. L'intrigue
et donc la confrontation inévitable avec le monde extérieur
arrive tardivement et offre à Youza la possibilité d'approfondir
sa personnalité. C'est probablement dans ces dernières pages
que le livre prend son envol.
Car oui, il y a des défauts. Je n'ai pas toujours réussi
à entrer en contemplation sensorielle de la faune lituanienne.
Peut-être le récit était-il trop long ? Il faut
dire que malgré quelques irruptions fulgurantes, il ne se passe
pas grand chose sur le Karabaïlé. Puis, bien que Youza soit
loin d'être un idiot et qu'émane de lui une philosophie de
vie proche d'un ascétisme à la Thoreau, son esprit et son
raisonnement me restent hermétique. C'est plus fort que moi, j'aime
savoir ce qui se passe dans le bocal du protagoniste.
Je recommanderais donc ce livre, mais en avertissant de la nécessité
de bien s'accrocher dans la première moitié. Je l'ouvre
à moitié.
Nathalie
J'ai adoré ce livre. Cela faisait longtemps que je n'avais pas
croisé un personnage qui m'aura autant touchée.
Personnage haut en couleurs, complexe et qui m'a fait parler toute seule
entre mes dents. Mais enfin, pourquoi tu fais ça ? Je l'ai
injurié silencieusement, je l'ai détesté et pourtant
il m'a émue et il m'a apitoyée. J'ai pleuré à
au moins trois reprises. Je trouve que le rythme est soutenu, constant
et la traduction sans à-coups. J'ai adoré voir sa vision
du monde qui s'épaississait au fur et à mesure qu'il y voyait
moins bien. C'est une sorte de métaphore car ce monde, de toute
façon, il ne le comprend plus, il n'est plus le même que
celui qu'il a connu. Je trouve également que l'écriture
rend très bien le vieillissement de son corps, la lourdeur qui
l'envahit, même si la découverte passe par l'artifice du
miroir, cela ne m'a pas trop gênée. J'ai été
fortement impressionnée par tout ce que le personnage arrive à
faire. Très vite, cela ne m'a pas semblé vraisemblable (surtout
la rapidité à laquelle les fruitiers produisent des quantités
extraordinaires), mais c'est pour moi le propre d'un héros aux
capacités démultipliées. Le récit frôle
avec le genre du conte. Il s'isole et passe sa vie à attendre tout
d'abord, puis à fantasmer ou à ressasser un amour à
peine entrevu et qui semble-t-il ne pourrait le satisfaire. C'est une
fixation autour de laquelle tout tourne. Je regrette la disparition de
la sur de Youza. La relation avec son frère, faite de non-dits,
de remords, d'incompréhension, est très frappante. Je n'ai
pas envie de parler de l'aspect historique du récit. L'idée
que l'analyse se concentre sur la pérennité du lieu isolé
par rapport à l'histoire qui passe et interfère avec lui,
ne m'intéresse pas. Même si c'est l'objectif de l'auteur,
cela a eu pour ma lecture un intérêt mineur par rapport à
ce que représente cet homme qui s'entête à passer
à côté de sa vie. J'ai adoré la nature, le
vocabulaire, les techniques. On peut le lire comme un manuel de survie.
Il me semble qu'il n'y a pas de jugement dans cette uvre ;
tour à tour chacun devient responsable de quelque chose. La destruction
de l'organisation sociale se construit en parallèle de la destruction
des liens fraternels entre Youza, son frère et sa sur. Youza
est tour à tour bourreau et victime. J'ai été très
émue par la remise en cause d'Adèle qui l'accuse de n'avoir
jamais su aimer. Une fois de plus, Youza ne desserre pas les lèvres
et pourtant Adèle sent qu'elle se trompe. Il y a quelque chose
de terrible pour le lecteur à savoir, sans pouvoir parler à
sa place. L'écriture est superbe. J'ai adoré la mise en
place du récit (les premières pages). Si j'avais dû
noter des tournures incroyables de cette écriture, j'aurais dû
m'arrêter à chaque page. Il y a des descriptions magnifiques,
des images qui resteront gravées à jamais. On ne peut pas
imiter une telle écriture, cela serait dangereusement absurde.
J'ouvre en grand et vais l'offrir à tous les taiseux que je connais...
Je l'ouvre en grand.
Annick A
J'ai adoré le livre. J'ai été émerveillée
par les descriptions de la nature. La richesse de ce livre vient du contraste
entre ce personnage qui réussit à faire fructifier la nature
et la grande histoire qui est l'horreur ; la folie des hommes est terrifiante ;
la scène des Juifs se trouve aussi dans Les
Bienveillantes. Youza est un beau personnage, assez anarchiste,
ça me plait. Il évolue. Au début, pour lui, l'autre
n'existe pas ; il est coupé du monde et des autres. Quand l'histoire
le rattrape, il pose des actes, sans se poser de questions. Je me demande
à quel moment il bascule : il n'accumule plus, il donne tout. C'est
peut-être la guerre qui le fait basculer et accueillir. C'est très
riche, bien écrit, avec beaucoup de poésie. J'ouvre en grand.
Françoise
C'est un OVNI je suis d'accord. Youza aussi est un OVNI. Au début,
il est antipathique. Il évolue avec les épreuves qu'il rencontre,
mais il les a choisies. Il a un rapport plus affectif aux animaux qu'aux
hommes, et j'émets l'hypothèse que c'est pourquoi lui, le
rebelle qui refuse toute injonction, accepte d'élever des bufs
pour le kolkhoze. Pourquoi met-il sa vie en danger à la fin ?
L'auteur a voulu nous dérouler l'histoire de la Lituanie C'est
un conte, car c'est invraisemblable qu'il s'en sorte comme ça.
C'est le propos de l'auteur de créer ce personnage qui se magnifie
au fur et à mesure. Ça valait la peine d'être lu :
j'ai été émue, intéressée. Le rythme
de la nature est bien rendu. Youza ne m'a pas convaincue. J'ouvre aux
¾.
Fanny
Au début c'était difficile. Je me suis laissé porter
par le livre, en dépit de quelques longueurs, j'ai été
happée au fur et à mesure. J'ai découvert l'histoire
de la Lituanie. Le personnage est à côté de tout.
Il peut apparaître naïf, mais j'ai l'impression qu'il y a surtout
chez lui une certaine sagesse, une approche philosophique de la vie. Il
me fait penser à Nasreddine.
Il ne donne pas son argent à son frère car de son point
de vue cela n'a pas de sens de donner de l'argent qui finalement ira à
l'État ; sur ce point d'ailleurs son frère finit par
lui donner raison. J'ai aimé la relation entre les deux frères.
Tout ce qu'il fait, c'est à la force de son travail, j'ai trouvé
cela plausible. Je ne comprends que la sur disparaisse complètement.
J'ouvre aux ¾. Merci au groupe de lecture.
Lisa(qui
avait évoqué le titre sans plus, il y a plusieurs années,
avant que Denis ultérieurement le propose)
Je l'ai lu il y a quatre ans avant d'aller en Lituanie. Je me souvenais
d'avoir adoré. Des abeilles, du temps qui passe. Il y a du suspense :
réussira-t-il sa récolte ?... Voilà ce dont je me
souvenais ; j'ai relu ce que j'avais écrit alors : à
la première lecture je n'avais pas aimé le début !
Je ne peux pas m'identifier à Youza ; cependant, j'ai connu
un Lituanien qui lui ressemblait. Mon avis a évolué avec
le temps. J'ai relu une quarantaine de pages, ce qui m'a donné
envie de le relire.
Etienne
Je ne savais pas que c'était toi Lisa qui l'avais proposé.
Je me suis justement souvenu qu'à propos de la littérature
chinoise, tu craignais d'avoir à supporter 300 pages avec un paysan
sur un buf..., donc j'étais sûre que cela ne te plairait
pas
Claire
Je vous lis un passage sur l'osier en fleur : "Youza
regardait de tous ses yeux. Les lourdes et volumineuses grappes de fleurs
que le gel n'avait pas encore touchées flamboyaient d'une rutilance
de flamme vive, elles ployaient jusqu'au sol tant que, parfois, un chaton
venait à effleurer la neige et, s'embrasant, ne la léchait
pas de carmin clair, mais brûlait d'une lave pareille à celle,
épaisse et sombre, et vivante, du sang."
Murmures d'appréciation...
Nous évoquons :
- la traduction que nous apprécions : elle semble être
une traduction-relais, comme celle
d'Endo catastrophique, mais là du russe et avec les conseils
d'une Lituanienne qui elle, devait avoir le texte lituanien
- l'invisibilité de la littérature lituanienne (voir ci-dessous) :
tout comme de la documentation à son sujet et notamment sur cet
auteur (qui aurait été quelque peu mis de côté
pour soutien prosoviétique jusqu'au bout) ; en tout cas, notre
livre a eu trois éditions en France et est disponible en poche
- la psychologie du personnage : selon les uns ou les autres, peu vraisemblable
ou au contraire vue comme très logique
- la place pour les Lituaniens et dans la littérature lituanienne
de la nature : Geneviève évoque les citadins qui systématiquement
filent à la campagne, Lisa des fleurs que l'on offre fréquemment
aux femmes et aux hommes ; notre livre semble bien représentatif
- la couverture des trois éditions qu'on trouve assez moches, enfantines
; eh bien, elles annoncent le conte...
la troisième nous semble la moins pire...
- le mot "saga" (justement) dans le titre : qui évoque
la mythologie, les légendes.
Renée
(déjà venue à Voix au chapitre, membre
du club de lecture À
la page de Narbonne, qui lit ce livre pour juin 2019)
Petite histoire d'un homme en prise directe avec la nature, confronté
à la grande Histoire de son pays. Prose pleine de sucs, de vent,
de froid, de soleil, de pollen, de miel, etc.
Youza est presque coupé du monde, il a choisi cette vie en lutte
avec la nature aussi inhospitalière que lui.
Il subit l'histoire chaotique de son pays victime de toutes les folies
du 20e siècle sans rien comprendre, il refuse même d'obéir
aux diverses lois, puisqu'il se veut "en dehors de la vie normale".
Cependant je trouve qu'il y a un écho dans tous les pays :
souvent nous ne comprenons pas et pendant la guerre beaucoup de Français
ne comprenaient rien aux différents enjeux (je pense aux Alsaciens
en particulier).
Superbe livre, Youza est parfaitement incarné, sa vie très
dure magnifiée. Amour impossible. Puissance de la nature.
Je ne savais rien de la Lituanie, j'aime apprendre à travers la
littérature.
J'ai beaucoup aimé ce livre, mais pas passionnément. J'ouvre
aux ¾.
(UN PEU DE) DOCUMENTATION
- La traduction
- Sur le livre, sur l'auteur
- La Lituanie
- La langue lituanienne
- La littérature
- Autres arts lituaniens
LA TRADUCTION
La
saga de Youza a eu trois éditions : Alinéa en 1990,
Pocket en 1993, Pocket en 2001.
Toutes trois publient la même traduction d'après le texte
lituanien "Sakmé apie Juza" et sa traduction russe "Skaganie
o Ûzase".
La traduction est de Denise Yoccoz-Neugnot (traductrice du russe), avec
les conseils de Genovaite Kaciukiene (qui est lituanienne).
La traduction de ce livre date de 1990. Interrogé pour Voix
au chapitre, Philippe Edel, directeur de la revue Cahiers
Lituaniens, fondateur de lAssociation Alsace-Lituanie et
président du Cercle
dhistoire Alsace-Lituanie, indique qu'"à l'époque,
peu de traducteurs en France maîtrisaient le lituanien. Doù
que même le nom lituanien de lauteur, Juozas Baltuis,
ait été transcrit en français du
russe en Youozas Baltouchis."
Denise Yoccoz-Neugnot a traduit également Marina Tsvetaeva
(Les Flagellantes, Averse de lumière) et Constantin Stanislavski
(Ma vie dans l'art). Genovaite Kaciukiene est universitaire.
Après les avoir utilisés dans sa traduction, et sans
qu'il soit nulle part annoncé dans le livre, elle fournit à
la fin un stupéfiant lexique
de termes "vieillis" ou disparus, courants il y a 40 ans
en France, dit-elle.
Qui parle de cet auteur ?
Helene
de Penanros, maître de conférences, responsable de la
section de lituanien à l'INALCO, apprécie notre "choix
de ce livre lituanien qui retrace toute une page de l'histoire de la Lituanie
tout en collant à la réalité lituanienne quotidienne."
A la question relative à de la documentation introuvable sur cet
auteur, elle répond : "il n'existe rien à ma
connaissance en français, que des choses en lituanien, et même
pas beaucoup car ce talentueux auteur a été quelque peu
mis de côté pour cause de "collaboration"
avec les soviétiques".
En cherchant bien... voici un bel article de Nicole Zand :
"LITUANIENS", Le Monde,
18 janvier 1991.
Le livre a eu le Prix
du Meilleur livre étranger en 1991 prix qui ne semble
pas avoir entraîné un retentissement considérable.
L'auteur
Cet écrivain lituanien est né
à Riga en 1909, capitale de la Lettonie. Il vivra en Lituanie à
partir de 1918 (à Vilnius puis Kaunas). Son véritable nom
est Albertas Juozénas, mais il écrit sous son pseudonyme
Juozas Baltusis (transcrit phonétiquement dans la traduction française
à partir du nom de l'auteur en russe).
D'abord berger puis ouvrier, il s'engage aux côtés
des Soviétiques pour lutter contre le nazisme, notamment à
travers des émissions de radio diffusées depuis Moscou.
Il occupe plusieurs postes importants au sein du parti communiste lituanien
et son engagement perdure jusqu'à sa mort à 82 ans le 4
février 1991 à Vilnius (il ne verra pas la sortie définitive
de la Lituanie du bloc soviétique un mois plus tard).
Son uvre est très diverse : essais, pièces
de théâtre, romans et mémoires. Son engagement politique
transparaît dans ses livres dont les thèmes principaux sont
les luttes ouvrières et la description de la paysannerie (notamment
celle de l'évolution de sa mentalité) en particulier dans
l'entre-deux-guerres :
- premiers récits consacrés aux luttes ouvrières
(1940)
- puis analyse lévolution des consciences rurales dans des
nouvelles et des pièces de théâtre (Le chant du
coq, 1947), des essais (Ce que taisent les chansons, 1959)
; un roman-fleuve ressuscite le monde rural de 1920 et ses conflits (Les
Années vendues, 1957-1969)
- publication de ses mémoires (Un pound de sel : 1973-1975)
- La saga de Youza paraît en 1979 en lituanien et en 1981
en russe. Seul livre de Baltouchis disponible en français. Il faut
attendre 1990 pour la publication de la traduction.
LA LITUANIE (où
? quand ?)
La Lituanie est le plus peuplé des
trois États baltes. Sur 65 000 km2, elle compte environ
3,5 millions d'habitants (2010), dont 600 000 à Vilnius, la capitale,
et 400 000 à Kaunas, la deuxième grande ville du pays. Sa
population est composée de plus de 80% de Lituaniens "de souche"
et de minorités de Polonais et de Russes.
Le pays partage ses frontières avec la Lettonie, la Pologne,
la Biélorussie et la Russie. Plat et boisé, parsemé
de 3 000 lacs, il dispose d'une étroite façade maritime,
sur la mer Baltique :
Par son histoire, la Lituanie
a eu partie liée pendant des siècles avec ses voisins polonais
et russe. Voici quelques jalons, dont on trouvera des échos dans
La saga de Youza :
En 1240 a été fondé le grand
duché de Lituanie, dernier État païen
d'Europe. Sous le règne de Gedymin, au XIVe siècle,
il a pu s'étendre de la mer Baltique à la mer Noire. Les
Lituaniens ont occupé Kiev et même Moscou en 1368. Mais ils
ont dû faire face à la rude poussée des chevaliers
Teutoniques venus d'Allemagne, et pour cela se sont alliés aux
Polonais catholiques.
Le grand-duc Ladislas II Jagellon épouse en 1386 Hedwige
d'Anjou, fille et héritière du roi de Pologne Louis 1er
d'Anjou. Il se convertit au catholicisme et devient du même coup
roi de Pologne, mais doit céder à son cousin Withold le
titre de grand-duc de Lituanie. Polonais et Lituaniens écrasent
les chevaliers Teutoniques à Tannenberg.
En 1388, une charte est octroyée en faveur de l'établissement
des Juifs ; Vilnius devient la "Jérusalem du Nord"
où s'épanouissent les écoles rabbiniques.
En 1569 est scellée l'Union de Lublin qui crée un
État polono-lituanien, le plus vaste et le plus peuplé d'Europe.
Le polonais devient langue d'État : c'est donc en latin ou
en polonais que sont rédigées les uvres des Lithuaniens
instruits. Vilnius est une métropole internationale et à
l'université, fondée en 1579, le latin y a cours.
En 1791, une éphémère Constitution dissout
la Lituanie dans un État polonais unitaire.
Le partage de cet État entre ses puissants voisins aboutit
en 1795 au rattachement de l'ancienne Lituanie à la Russie tsariste.
Une politique de russification interdit l'enseignement en langue lithuanienne,
puis l'usage de l'alphabet romain, symbole de l'appartenance au monde
occidental. Le nom même de Lithuanie est rayé de la carte.
Imprimés en "Petite Lithuanie" (région de Prusse
orientale alors principalement peuplée de Lithuaniens convertis
au protestantisme, qui est le creuset où se forge la langue nationale),
les bibles et les abécédaires sont importés en contrebande
par les "knygnesiai" (porteurs de livres).
En 1915, des insurrections aboutissent à la création
de la république de Lituanie qui proclame son indépendance
en 1918 (ce qui sera bientôt suivi de guerres d'indépendance).
"Mon père et le vôtre ont servi ensemble dans l'armée, vous comprenez ? Dans l'armée du tsar. Nous autres, Lituaniens, nous avons combattu tous ensemble. Après le tsar, nous nous sommes de nouveau battus ensemble pour une Lituanie indépendante." (le chef de district à Youza, p. 167, poche)
Par le traité entre le Reich et la Russie bolchevique, le gouvernement de Moscou reconnaît en 2018 l'indépendance de la Lituanie. Or, en dépit de la déclaration d'indépendance, le nouveau gouvernement qui tente de se mettre en place ne dispose d'aucun pouvoir du fait de la présence de troupes et d'un commissaire allemands.
"Juste après la guerre, la Première Guerre mondiale. On avait fait venir au pouvoir es gens du peuple, de vrais paysans, pas des gens de la haute. Et pourtant, aussitôt, les campagnes avaient vu arriver les "commissaires". (p. 188)
"Ensuite, il y en avait eu un autre. Ramenant les hobereaux dans leurs domaines, en chassant les gens que les bolcheviques y avait mis, beaucoup d'entre eux se retrouvèrent en taule, quelques-uns même collés au mur." (p. 189)
"Le pouvoir change - les os des gens pètent" (p. 178)
En 1922, la Lituanie est annexée par la
Pologne.
"Russifiée" au XIXe siècle, annexée
par la Pologne en 1920, elle est l'est à nouveau par l'URSS en
1940 à la suite du pacte germano-soviétique. Vilnius, la
capitale, est :
- occupée par l'Armée rouge le 20 septembre 1939, au cours
de l'invasion soviétique de la Pologne
- évacuée le 10 octobre 1939, car le pacte Hitler-Staline
attribue initialement la Lituanie à l'Allemagne nazie
- à nouveau occupée par l'Armée rouge
en juin 1940, la Lituanie ayant été transférée
aux Soviétiques par les protocoles additionnels du pacte Hitler-Staline
signés le 28 septembre 1939.
En 1940 le Seimas (parlement) décide la création
de la République socialiste soviétique de Lituanie.
Toutes les organisations culturelles, politiques et religieuses
sont interdites et le NKVD
(commissariat du peuple) oblige les militants communistes locaux, dont
certains étaient juifs, à dépister et dénoncer
les anciens fonctionnaires de l'état lituanien (enseignants, prêtres,
juges, avocats, policiers, militaires, commerçants, "koulaks"
et autres "ennemis du peuple") qui sont arrêtés
avec leurs familles dans la nuit du 13 au 14 juin 1941 pour être
déportés au Goulag. 35 000 Lituaniens sont concernés.
"Et ils avaient dit qu'ils allaient élire cette fois pour de bon leur pouvoir à eux. Composé de gens de chez eux. Un pouvoir lituanien. Et qu'après ça, la vie ne serait plus la vie, mais le paradis. Et à peine ce nouveau pouvoir élu, on comprit tout de suite que le paradis n'était pas pour demain, et que ce nouveau gouvernement qui l'avait promis, le paradis, écrasait les gens"... (p. 192)
"La nouvelle arriva de Kaunas que c'en était fini de ce pouvoir-là. Le parlement fut dispersé, chassé par des soldats armés de fusils et de tanks, le président Kazys Grinius fut enfermé dans sa propre maison pour qu'il ne puisse pas ameuter les gens. L'ancien pouvoir était maintenant remplacé par un autre. Un autre que personne n'avait élu, qui s'était installé tout seul. Et qui mit un nouveau président à la place de Kazis Grinious : Antanas Smetona." (p. 192)
On est en 1926 dans cet épisode de La saga de Youza : en 1926, Kazis Grinious est élu président par le Seimas (le parlement), mais moins de six mois plus tard, il est renversé par un coup d'État, sous le prétexte qu'un complot communiste imminent est en préparation : ce coup d'État aboutit au remplacement du gouvernement démocratiquement élu par celui d'Antanas Smetona, porté au pouvoir par l'armée. Smetona et son parti, l'Union nationale lituanienne, conservent le pouvoir pendant quatorze ans, jusqu'à l'invasion soviétique de 1940. Il a été un des plus célèbres idéologues du nationalisme lituanien, devenant dictateur à partir de 1929.
"On est des koulaks, nous autres, tonton Youza. Voilà comment on nous appelle aujourd'hui. On avait trop de terres, et par-dessus le marché une foulerie à drap, on exploitait des ouvriers agricoles comme ils disent aujourd'hui. Des gens comme nous, c'est bon pour la Sibérie, tonton Youza. C'est par notre ferme qu'ils ont commencé ! Ils ont débarqué la nuit, qu'ils soient maudits !" (p. 224)
"La Lituanie soviétique libérée et elle serait rapidement libérée n'oublierait jamais son héroïsme. (...) Ce n'était pas la première fois qu'il entendait ce genre de choses. Il l'avait entendu à une réunion où on l'avait invité - avant l'arrivée des Allemands ; il avait entendu qu'on avait distribué la terre des koulaks aux nouveaux propriétaires, au moment de l'arrivée de l'Armée rouge." (p. 338)
La Lituanie est occupée par l'Allemagne
nazie de 1941 à 1945. Avant la Shoah, la Lituanie comptait entre
210 000 et 250 000 Juifs : le taux de génocide des Juifs en
Lituanie a atteint entre 95 à 97 %, soit l'un des plus élevés
d'Europe.
En 1945, l'Armée rouge reprend la Lituanie, qui est de nouveau
intégrée par la force à l'Union soviétique,
avec de nombreuses déportations et persécutions.
La Lituanie est alors dirigée d'une
main de fer par le Parti communiste de Lituanie jusqu'en 1989. L'économie
est collectivisée de force entre 1947 et 1952. Les paysans lituaniens
qui se sont opposés à la collectivisation ont été
remplacés sur leurs terres par des paysans russes. Le bilan sélève
à 50 000 tués, 70 000 condamnés, 150 000 déportés.
En 1989, la Lituanie est l'une des premières républiques
de l'URSS à chercher à s'émanciper de la tutelle
soviétique. En mars 1990, elle proclame son indépendance
à l'initiative d'un musicien engagé,
Vytautas
Landsbergis, premier président de la nouvelle République.
À l'instar de la Lettonie et de l'Estonie, la Lituanie est membre
de l'Union Européenne depuis mai 2004 (demande faite dès
1995).
LE LITUANIEN
C'est une langue balte, la seule à être
parlée encore, avec le letton.
Les noms se déclinent (7 cas et 5 groupes de déclinaison).
Il y a trois genres (masculin, féminin et neutre) et trois nombres
(singulier, pluriel et duel).
Le lituanien s'écrit en
caractères latins.
C'est l'une des plus anciennes
langues de notre continent. Elle reste proche du sanscrit qui est à
l'origine de la souche linguistique indo-européenne.
LA LITTÉRATURE
L'histoire de la littérature lituanienne
racontée dans un article instructif, mettant nécessairement
en lien littérature et politique : "Lithuanie
: une littérature écartelée" (3 pages),
par Ugné Kavelis, Revue Europe, n° 763-764, novembre-décembre
1992, "Littératures des Pays baltes" . Extrait :
Les curés de campagne, amenés à se substituer aux instituteurs, jouent un rôle essentiel dans la lutte pour la langue et l'identité nationales. Fils de paysans, ils partagent leur vie et deviennent tout naturellement les maîtres à penser du peuple. Les principaux écrivains précurseurs de l'indépendance sont souvent des prêtres, ainsi Maironis (1862-1932), le poète national lithuanien. Chantre de la grandeur historique et des "géants" du passé, lyrique jusqu'à l'exaltation dans sa passion pour la terre de Lithuanie et sa beauté, il a su capter le romantisme et la sensibilité populaires, trouver le ton exact pour les exprimer, fourbissant le sentiment national jusqu'à en faire le miroir où chacun se reconnaît. Soixante ans après sa mort, ses poèmes particulièrement faciles à mémoriser et souvent mis en musique sont gravés dans les têtes. Maironis a créé des stéréotypes qui hanteront longtemps la poésie lithuanienne et dont le principal est la glorification et la mythification du monde rural. C'est chose d'autant plus facile que l'intelligentsia qui gère l'indépendance est issue du monde paysan : les écrivains de l'entre-deux-guerres sont, en très grande majorité, originaires d'un village. Cela explique également l'omniprésence de la nature dans la littérature lithuanienne où plantes et animaux ne sont pas de simples composantes de l'environnement mais des interlocuteurs fréquemment personnifiés, les partenaires privilégiés de l'homme.
Très intéressant aussi, et plus récent, un article sur la littérature lituanienne contemporaine, incluant un parcours historique et littéraire : "Sous une autre latitude" (5 pages), présentation par Loreta Macianskaite de Des âmes dans le brouillard : anthologie de nouvelles lituaniennes contemporaines, textes choisis et présentés par Loreta Macianskaite, publiés à loccasion des Boréales 2003, Presses universitaires de Caen, 2003 .
Un auteur lituanien connu : Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (1877-1939), est souvent confondu avec son cousin polonais Czeslaw Milosz, prix Nobel de littérature. Milosz fut un poète européen dexpression française, mais il noublia jamais sa lointaine Lituanie.
Sous le joug stalinien,
de nombreux auteurs choisissent lexil tandis que dautres périssent
dans les combats de résistance ou sont "oubliés"
dans les camps en Sibérie.
- C'est le cas de Saulius Tomas Kondrotas (né en 1953), exilé
aux États-Unis, a eu un roman publié chez Albin Michel en
1991, L'ombre
du serpent, qui évoque aussi une Lituanie paysanne déjà
en lutte contre l'occupation russe : dans une interview, il évoque
Baltouchis (Le
Monde, 16 novembre 1992)
- Cest après 1990 quune vague de publications permet
aux lecteurs lituaniens daccéder à ces écrits
de la déportation. Une écrivaine (non traduite), Vanda
Juknaite, raconte, dans une interview, la déportation en Sibérie
(Cahiers
lituaniens, n°6, 2005)
Une liste des publications en français
de poètes
et écrivains lituaniens est tenue à jour par Philippe
Edel : nombreuses finalement, mais "confidentielles"...
Outre Youozas Baltouchis, sont cités Ricardas
Gavelis, Jurgis
Kuncinas comme des voix essentielles du paysage littéraire.
Pour les fans, le compte rendu du séjour de Jean-Paul Sartre
et Simone de Beauvoir en 1965 en Lituanie, raconté par un écrivain,
Mykolas Sluckis, membre de l'Union des écrivains de Lituanie (Cahiers
lituaniens, n° 1, 2000).
AUTRES
ARTS LITUANIENS
Lartiste le plus célèbre
est le peintre et compositeur Mikalojus
Konstantinas Ciurlionis (1875-1911).
Le cinéma lituanien a été largement étouffé
sous la période soviétique, il renaît depuis lindépendance
en 1990.
Deux grands cinéastes : arunas
Bartas et Jonas
Mekas, qui s'est exilé à New-York en 1947.
La cinémathèque a proposé une rétrospective
en janvier 2019.
Dans
les bois, de Mindaugas Survila, est sorti en France en mars 2019.
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