Dick
dans les années 60 Le
livre est en ligne en
anglais et dans la 1ère traduction
française de 1970. Quatrième
de couverture :
1948, fin de la Seconde Guerre mondiale et capitulation
des Alliés. Vingt ans plus tard. dans les États-Pacifiques
d'Amérique sous domination nippone, la vie a repris son cours.
L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre.
A San Francisco, le Yi King, ou Livre des mutations, est
devenu un guide spirituel pour de nombreux Américains, tel Robert
Chidan, ce petit négociant en objets de collection made in USA. Premier chef-d'uvre de son auteur, Le maître du Haut Château fut récompensé dès sa sortie par le prestigieux Prix Hugo. Il est ici présenté dans une toute nouvelle traduction et augmenté de deux chapitres inédits d'une suite inachevée.
La première traduction
se trouve dans un volume qui comporte deux
romans traduits par Bruno Martin et Jacques Parson : Cette traduction paraît ensuite en éd. J'ai Lu (en ligne ici). L'édition américaine originale
de 1962, éd. G. P. Putnam's Sons : |
Philip K. Dick (1928-1982)
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INFOS
sur et autour de
Philip K. Dick en bas de page
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Repères
biographiques uvres Adaptations à l'écran Radios Vidéos Articles Sites Traduction La science-fiction c'est quoi au fait ? |
Nos
25 cotes d'amour parisiennes et bretonnes |
*du
"nouveau" groupe parisien **du
groupe
breton
|
Anne(avis
transmis)
Je n'aurais pas grand chose à dire sur ce livre que je n'ai pas
réussi à ouvrir malgré quelques tentatives répétées
et interrompues par l'ennui...
Fanny(avis
transmis)
J'ai essayé de lire DICK, mais je dois dire que j'ai lamentablement
calé avant la page 100. Rien n'y fait, je n'arrive pas entrer dedans.
Il a passé plus d'une soirée à me regarder droit
dans les yeux sur ma table de nuit, et a fait de nombreux allers et retours
en métro, terré au fond de mon sac à main... mais
force est de constater que cela n'a pas été plus loin.
Peut-être vos avis me motiveront à le reprendre...
Denis(avis
transmis)
Pour cause de départ en vacances ce jour, je ne suis pas au zoom.
J'ai lu une petite moitié du PK Dick sans arriver à m'y
intéresser vraiment. L'idée du monde régi par les
nazis est terrifiante et suscite un vrai malaise. De ce point de vue,
le livre est une réussite.
Mais les personnages et leurs actes me semblent très plats. Je
n'ai pas eu de plaisir "littéraire" à la lecture,
ayant l'impression de lire de la BD sans le graphisme. À la date
de parution du livre, la BD n'était pas encore devenue un genre
majeur, donc ce n'est pas un reproche à l'auteur, juste une mise
en perspective historique, en prenant le livre comme un repère
dans l'histoire littéraire.
J'ouvre au ¼. Bonne discussion, je lirai avec intérêt
le compte rendu.
Etienne
Je commence à m'inquiéter sérieusement car il s'agira
du 4e livre de suite que j'ouvre en
grand. Suis-je victime d'un affadissement de mon esprit critique pour
contrecarrer cette morosité ambiante de fin 2020 ou alors les choix
de Voix au chapitre sont-ils d'une pertinence inouïe ?
Plus sérieusement, j'ai été impressionné par
ce livre. J'avais eu un avant-goût de Philip K. Dick il y a quelques
années avec Ubik,
mais la barre est un cran au-dessus pour le Maître du Haut Château.
Passé la courte mise en condition nécessaire pour intégrer
l'univers et ce qu'il implique, ainsi que les différents personnages,
j'ai trouvé d'abord qu'il s'agissait d'une lecture extrêmement
fluide et plaisante (ce qui n'est pourtant pas bon signe pour moi...).
Ensuite les grandes thématiques pointent le bout de leur nez avec
fourmillements d'idées : par exemple on part d'une histoire
invraisemblable d'arnaque d'antiquaire qui soulève petit à
petit la notion d'art, puis de valeur que l'on attribue aux objets, en
finissant par se demander ce qu'est la réalité et si elle
est bien ce qu'elle est.
Car si le questionnement peut paraître commun, le procédé
par lequel le lecteur est amené à en prendre conscience
impressionne ; le dernier chapitre crève à ce point
le quatrième mur littéraire que j'en ai eu le vertige. Dans
un jeu grandiose de miroirs réfléchissants, c'est une lecture
qui prend aux tripes, qui remue.
J'aurais beaucoup aimé en parler avec vous, mais les réjouissances
familiales me l'ont empêché.
Katherine, depuis sa chambre d'enfant à
Montréal
Je l'ai lu en anglais, c'est bien écrit et facile à lire.
Contrairement à Beloved
lu récemment dans notre groupe, où les dialogues des esclaves
ne peuvent être bien rendus en français, je ne crois pas
ici que l'expérience de lecture soit négativement influencée
par la traduction. J'étais réticente à lire cet auteur,
mais par rapport au livre de
Sylvie Germain que j'avais refusé d'ouvrir en juin dernier,
je me suis motivée à le lire puisqu'il semblait s'agir davantage
d'une uchronie que de science-fiction pure et dure (comme Dune
de Frank Herbert que j'avais dû lire en cours à l'époque
et dont je garde un souvenir très mitigé).
Je l'ai lu jusqu'au bout dans l'espoir d'un dénouement inattendu,
mais j'ai été déçue. Je n'ai pas bien compris
les liens entre les différents personnages, je n'ai pas trouvé
d'intérêt particulier à leurs histoires. Le cadre
historique et politique n'était pas très détaillé,
ce qui rendait la réalité des personnages difficile à
comprendre. En plus, c'est écrit en 1962 et on voyage en fusée
entre Berlin et San Francisco, tout en utilisant encore les télégrammes...
Le livre ne m'a pas apporté grand chose, ne m'a pas beaucoup intéressée.
C'est bien écrit, mais je ne le recommanderais pas. J'ouvre ¼.
Mais je suis très intéressée à entendre vos
avis, notamment les clés de lecture que vous connaîtriez
et qui pourraient me donner un regard différent sur l'uvre.
Monique L, depuis la Dordogne
Je ne suis pas une lectrice de science-fiction et ce n'est pas ce livre
qui me fera changer.
Je n'ai vraiment pas compris l'intérêt de ce livre ni sa
finalité. Changer l'Histoire, faire vivre à des personnes
qui ont vraiment existé une autre vie que la leur. Je n'ai pas
compris le sens de tout cela.
Les personnages sont campés de manière assez inégale
et relativement caricaturale.
J'ai continué ma lecture jusqu'au bout espérant un éclairage
que je n'ai pas trouvé. Le scénario ne mène à
rien de précis. En fin de chapitre l'auteur nous laisse plusieurs
fois en suspens. On peine à trouver son compte dans cet embrouillamini.
J'ai attendu la rencontre avec le maître du Haut Château en
pensant que son importance était capitale. Quelle déception !
Ce que j'ai néanmoins trouvé intéressant, c'est ce
qui touche au sens du beau et du vrai dans l'art et des relations entre
les uvres et leur histoire. L'auteur a une fascination pour le mode
de vie des Japonais, leur esprit raffiné et porté aux choses
de l'esprit, leur capacité à recevoir. Cela donne des passages
intéressants.
L'intérêt de ce livre m'a donné envie de m'informer
sur le Yi King par curiosité, pour peut-être approcher
une "philosophie" asiatique.
L'auteur est un personnage fascinant (j'ai écouté les
quatre émissions de France Culture).
J'ouvre au ¼.
J'ai commencé le livre de Carrère mais il est trop tôt
pour avoir un jugement.
Jacqueline, entreet
Autrefois, il y a plus de 40 ans, j'aimais Philip K. Dick. Quand on en
a parlé, ça me faisait drôle, comme d'envisager de
revoir 40 ans après quelqu'un qu'on a bien aimé, quitté
et perdu de vue... Il y a la curiosité mais aussi une petite appréhension
à constater les changements ! Et puis, pourquoi, alors que
je croyais avoir tout lu, pas le Maître du Haut Château ?
Mais puisque j'avais tout oublié du contenu de ceux que j'avais
lu, aurais-je oublié que je l'avais lu ? Dilemme très
dickien !
Le confinement a fait que j'ai d'abord trouvé la belle biographie
de Carrère. Carrère met toujours en scène l'ambigu,
ce qui est adéquat avec les jeux de reflets, de doubles et avec
les doutes de P.K. Dick. Il raconte avec empathie. J'ai appris que quand
il a écrit La moustache il avait pastiché Matheson, un autre
auteur de science-fiction contemporain de P. K. Dick (voir ce
qu'il dit lui-même ici).
J'ai appris beaucoup de choses sur Philip K. Dick et sur les circonstances
de l'écriture du Maître du Haut Château. J'avais
une image un peu fausse de lui, écrivant sous acide, ce qui aurait
expliqué l'étrangeté de ses récits. J'ai appris
qu'en fait il se bourrait d'amphétamines, comme Balzac de café,
pour écrire et gagner la vie des siens. Quand j'ai enfin eu le
livre, j'ai compris pourquoi je ne l'avais effectivement pas lu :
j'avais alors été rebutée par le sujet, un monde
où Hitler avait gagné. Maintenant, Carrère m'avait
parlé de l'intérêt de P. K Dick pour le procès
de Nuremberg et je pouvais m'y intéresser.
La lecture de Carrère avait su surtout me rendre sensible à
la manière dont Dick travaillait. Il a défini ses personnages,
puis il s'est servi du Yi King pour faire son récit, d'où
son caractère apparemment décousu. J'ai pris ça comme
une contrainte d'écriture et je m'y suis intéressée.
J'ai découvert le Yi King avec sa dimension philosophique...
Oui j'ai aimé le livre, j'ai retrouvé Philip K. Dick. J'adore
Frink, les personnages de la vie courante américaine. J'ouvre l'ensemble
des deux livres aux ¾... enfin une grosse moitié !
Et je suis contente de les avoir lus.
Françoise D
Comme j'ai "bouffé" du Dick, ayant écouté
sur France Culture les
quatre émissions + la
Nuit spéciale Philip K. Dick qui dure cinq heures, je précise
qu'on dit Philip K. Dick ou Dick mais pas K. Dick
J'ai été très intéressée par tout ce
que j'ai entendu, je ne connaissais absolument pas. J'ai lu tout le livre,
mais sans avoir envie d'en lire un autre. Je ne lis pas de science-fiction,
du coup je me suis dit ah chouette. J'ai pensé au livre de Philip
Roth The
Plot Against America où c'est non pas Roosevelt mais l'aviateur
Lindbergh, sympathisant du régime nazi, qui devient président
des États-Unis, Roth c'est bien mieux évidemment...
Je rejoins Monique et Katherine. Ça part dans tous les sens, et
avec cet oracle ! Il y a des idées qui n'aboutissent pas,
avec des personnages qu'on passe en revue. Le territoire est réparti
entre les nazis et les Japonais, mais les Japonais sont soumis au dominant
nazi, ce n'est pas très clair pour moi. Et comment ça fonctionne ?
J'aurais besoin d'une carte. Ils utilisent la fusée, mais le téléphone
est ancien, il y a des vélos-taxis, ça fait bizarre.
Ce n'est pas un livre de visionnaire, c'est un peu laborieux. Nonobstant,
je suis allée jusqu'au bout.
Comme Jacqueline, j'ai attendu l'entrée en scène du maître
du haut château. D'ailleurs le titre en anglais est "The Man"
et non "The Master", c'est dommage cette traduction : il est
maître de rien du tout, et il n'a plus de château non plus.
Est-ce que Dick s'est identifié à cet auteur qui justement
écrit une uchronie et qui se met en danger ? Les personnages ne
sont pas aboutis. L'auteur les laisse en route, j'ai trouvé ça
frustrant. J'ouvre au quart.
Lisa, depuis une rue de Stockholm
Je l'ai lu il y a six mois avant qu'on le programme. C'était ma
période de lecture d'uchronies. Mais j'ai été déçue
par celle-ci. J'ai aussi pensé à Philip
Roth. D'autres uchronies sont bien meilleures ; par exemple Roma
Æterna où les Juifs n'ont jamais quitté l'Égypte,
l'empire romain n'a pas disparu et le christianisme n'existe pas :
c'est beaucoup plus réussi. J'ai besoin de comprendre comment fonctionne
la société, ici, dans ce livre c'est trop flou, pas assez
détaillé, au point de vue politique, sociétal.
Bref je l'ai lu rapidement, je n'ai pas été emballée
par l'homme du haut château et l'histoire du Yi King. J'ouvre un
quart en raison de ce manque de détails.
Katherine
Je rejoins ton avis sur la société et le manque de détails.
David
Je vais prendre la parole pour exprimer un avis plus positif...
Je partage la déception quant au style décousu. Il écrit
sur un scénario. Pour moi, c'est son but de faire des histoires
dissociées justement. L'aspect décousu et uchronique m'a
fait penser aux Bienveillantes
où les récits sont disséminés et des personnages
ne se rencontrent pas. À propos de la fin qui peut décevoir,
une fin flamboyante n'aurait pas convenu.
L'idée du monde alternatif est aujourd'hui passée dans la
réalité. C'est vrai que ce n'est pas très bon au
niveau du style, mais c'est novateur pour ce qui est de l'imaginaire.
D'ailleurs tous les grands cinéastes s'en sont inspirés.
Ce qui me trouble, c'est le renversement, l'uchronie elle-même,
ça c'est le plus troublant, comment on imagine. Tout n'est pas
blanc et noir : les nazis au pouvoir, c'est noir, mais pour ce qui est
le japonais c'est plus ambigu ; ainsi du couple qui s'intéresse
aux objets : les vainqueurs ne sont pas que des brutes. Pour le lecteur
allemand ou japonais, ce doit être une façon de revisiter
leur histoire.
Pour moi, la thématique renverse les valeurs du bien et du mal,
des vainqueurs des vaincus. J'ouvre ¾, le ¼ absent concerne
la faiblesse de la construction désagrégée, le fait
qu'on se demande qui est qui, mais j'ai eu du plaisir à la lecture.
J'ai pensé aussi Au
cur des ténèbres avec le type du Haut Château
et, comme dans Apocalypse
Now, c'est la quête qui compte. C'est Denis qui évoquait
des BD sans images, je suis assez d'accord. Ce n'est pas un roman, c'est
une matière pour un film.
Dick abuse de substances, il faut voir aussi l'état rationnel qui
était le sien, j'ai aussi pensé à Junky.
Claire
J'ai commencé d'abord la bio de Carrère, intéressée
au début par le bonhomme Dick et son histoire. J'ai lu une centaine
de pages, puis ai arrêté, trouvant la biographie en tant
que telle pas terrible : tout m'a semblé à plat au même
niveau, sans analyse, sans relief et un peu barbant. Rien à voir
avec L'adversaire que nous avions lu, qui était une uvre
littéraire, bien que biographique ; rien à voir non
plus avec une vraie biographie qui ne se contente pas de s'appuyer
sur les seuls écrits du "biographé" et sur les
biographies existantes. Au passage j'ai vu qu'était décrite
la genèse de notre livre,
que j'ai sautée exprès pour y revenir après.
J'ai donc attaqué assez émoustillée notre château,
comme un plat inconnu, exotique. Assez vite, mon petit qi a été
mis à mal : de quoi ça parle, qui est qui, je comprends
rien, je m'ennuie à ne pas voir de quoi il s'agit. Et puis, où
est la science-fiction qui m'émoustille ? Et en plus, il ne
passe rien.
Par facilité, je suis allée donc voir le résumé
sur wikipédia, ce qui est très mal à mes yeux. Oh
la la, mais c'est normal que je ne comprenne rien ! J'ai trouvé
de jolies cartes éclairant la situation politique et historique.
J'ai regardé ensuite la bande-annonce
bande annonce de la série : pas compris grand-chose non plus, à
part que les nazis sont là.
J'ai alors interrogé le Yi
King étant donné ma situation : "comment
lire maintenant Le Maître du Haut
Château ?" (Claire montre
le livre à l'écran, faisant semblant de l'interroger
régulièrement...) ; je suis tombée sur l'hexagramme
38 dont le titre est "L'opposition" ! Je cite des commentaires
de ma "divination" : L'opposition
signifie des malentendus. L'opposition signifie l'éloignement.
La situation est celle de l'opposition, mais la tendance générale
est l'aplanissement des malentendus. L'opposition fait naître la
nécessité de réconcilier, de jeter un pont comme
entre le ciel et la terrée. Pour les deux trigrammes l'un a pour
propriété la joie et l'autre l'attachement à la clarté.
La gaîté est l'image de la société, la clarté
est l'image de l'individualité nettement reconnaissable. Le neuf
à la deuxième place est ferme et central, de sorte qu'il
ne tient pas à une rencontre à tout prix. On rencontre quelqu'un
d'esprit semblable.
Toute apaisée par "l'oracle", sachant que
j'allais rencontrer mes semblables, ce qui n'a pas tardé quand
j'ai participé à la réunion zoom des
Bretons, j'ai décidé de reprendre la biographie de Carrère.
Il se met dans la tête de Dick, y compris quand il disjoncte, et
ce, sur des pages, c'est assez casse-pieds, mais bon, il le fait vivre.
J'ai plongé ici et là dans le roman, que j'ai trouvé
vraiment barbant, l'écriture étant sans attrait. Je trouve
que le résumé de wikipédia est très bien,
montrant l'ambition intellectuelle et l'originalité du livre, j'ouvre
¾ wikipédia, mais hélas ce n'est pas le roman, que
je n'ouvre qu'au ¼. Même si Le maître du Haut Château
est célèbre, peut-être aurions-nous dû choisir
Ubik, me suis-je demandé...
Annick A
J'ignore presque tout de la science-fiction donc je n'en attendais rien
de particulier. J'ai lu ce livre avec un certain plaisir : l'écriture
est facile, l'intrigue passionnante et il y a du suspens comme dans un
polar. À certains moments j'ai trouvé ça facile et
à d'autres j'étais paumée. Par exemple avec l'affaire
des bijoux et ce japonais Tagomi qui va rentrer dans ce monde qui est
le nôtre je n'ai pas compris.
Manuel
Oui il le quitte quand il est dans le bar, là où il y a
des pousse-pousse.
Annick
Je n'ai pas compris ce passage. La fin nous laisse sur notre faim. Elle
fait basculer le livre.
J'ai été beaucoup plus intéressée par l'auteur
que par le roman. Dick transpose sa propre paranoïa dans ce monde
où tout le monde se méfie de tout le monde et se trouve
constamment en danger.
En tapant "psychanalyse et Philip K. Dick" sur Internet, j'ai
trouvé des articles très intéressants.
Je vous cite un passage de l'article de Nicolas Brémaud "Le
délire paraphrénique de Philip K. Dick, l'homme reprogrammé"
Voici que le 20 février 1974, Philip K. Dick sombre, selon ses termes, dans la "psychose totale". Cette bascule survient peu de temps après l'extraction de deux dents de sagesse incluses. Le mieux est d'écouter Dick lui-même nous relater les événements : "La semaine qui suivit la sortie du livre, on m'arracha deux dents de sagesse en me donnant du sodium Pentothal. Plus tard dans la journée je ressentis une forte douleur. Ma femme appela le chirurgien-dentiste qui téléphona à une pharmacie. Une demi-heure plus tard on frappa à la porte : c'était une livraison à domicile du médicament contre la douleur [ ]. Sur le pas de la porte, je vis une jeune femme avec un collier brillant, en or, auquel pendait un poisson doré. Je fus - je ne sais pourquoi - presque hypnotisé par le poisson en or étincelant. J'en oubliai ma douleur, j'en oubliai le médicament, j'en oubliai même pourquoi la jeune femme était là. J'avais les yeux rivés sur le symbole du poisson. "Qu'est-ce que ça veut dire ?", lui demandais-je enfin. La jeune femme frôla le poisson du doigt et dit : "c'est un symbole que portaient les premiers chrétiens", puis elle me remit les médicaments. À ce même instant, fixant le symbole étincelant du poisson et entendant ses mots, je fis l'expérience soudaine de ce qu'on appelle [ ] l'anamnèse, un mot grec signifiant littéralement "perte de l'oubli". Je me remémorais qui j'étais et où j'étais. En un instant, en un clin d'il, tout me revint [ ]. La jeune femme était une chrétienne vivant dans la clandestinité, tout comme moi, sous la menace constante d'être reconnue par les Romains. Nous communiquions au moyen de signaux codés [ ]. Pendant un court instant [ ] je me suis souvenu de Jésus, qui était avec nous il y a si peu de temps encore."
Une pensée s'impose alors : l'Empire (romain) n'a jamais pris fin. Et la vérité lui est révélée : on veut nous faire croire que nous sommes en 1974, alors qu'en vérité nous sommes en 70 après Jésus-Christ. Ailleurs, en 1978, dans son Exégèse : "Quand j'ai vu le signe du Poisson d'Or en février 1974, je me suis rappelé le monde des Actes [des apôtres], je me suis rappelé que c'étaient là mes véritables temps et lieu à moi. Ainsi suis-je (esse/sum) Simon ressuscité, et non pas depuis février ou mars 1974, mais depuis toujours. Je dois regarder la vérité en face : je suis Simon ayant souffert d'amnésie. Mais en février 74 j'ai vécu une anamnèse. Moi, Simon, je suis immortel."
Je vois un lien entre ce délire et le passage sur les bijoux où
Tagomi bascule dans un autre monde.
Par le biais de la science-fiction, Philip K. Dick ne cessera d'élaborer
des théories pour donner sens à ses phénomènes
délirants.
J'ouvre le livre à moitié.
Catherine
J'aime bien la science-fiction. J'étais sceptique pour le choix
pour le groupe. Je l'ai relu. Je suis fasciné par le personnage.
Et j'aime le thème du monde alternatif. J'ai envie de lire les
nouvelles, dont on aurait peut-être pu préférer un
choix. Le fait que ses livres donnent lieu à des grands films n'est
pas indifférent. Minority
Report, Blade
Runner, c'est vraiment quelque chose.
Mais le livre, lui, est pesant à lire. Soit il avait fumé
la moquette, soit il fait passer ses délires comme dit Annick.
C'est très décousu, mais ça se lit assez facilement.
J'aime beaucoup la fin. Elle rencontre le maître du haut château,
décevant, c'est ce qui est dans le livre Le poids de la sauterelle
qui est vrai. Il y a ce petit passage où M. Tagomi passe dans notre
monde, un monde meilleur, mais qui n'a pas l'air si sympa. Ces mondes
imbriqués, c'est un des intérêts du livre. Il y a
vraiment des idées. On attendrait un film.
Le style, mais que peut-on dire ? C'est un livre un peu schizo, mais ça
fait son intérêt. Et le type est vraiment fascinant. J'ai
pensé aussi à Philip
Roth. Me demandant si c'est un livre pour le groupe lecture, je l'ouvre
à moitié.
Manuel
J'ai trouvé la lecture laborieuse, ce n'est pas facile à
lire. La traduction ne me semble pas très bonne.
Je me suis beaucoup arrêté sur des choses concernant les
nazis que je ne connaissais pas et je suis allé alors sur wikipédia.
Certains passages ne doivent pas être très faciles à
traduire ceux qui sont écrits en yaku, avec des phrases qui ne
sont que des mots japonais.
Pour moi, c'est bien un bouquin pour le groupe lecture car il y a vraiment
une recherche.
J'ai beaucoup aimé la postface. Je n'avais pas vu que le bijou
permettait d'aller dans l'autre monde.
Et contrairement à Claire, j'aime beaucoup la biographie de Carrère.
La lecture est laborieuse parce qu'on doit revenir en arrière pour
comprendre.
J'ai écouté Carrère
à la radio. Philip K. Dick, ce sont plutôt des mondes
étrangers. L'homme du haut château, cet auteur, entraîne
une mise en abyme. Je vais le relire pour mieux comprendre les personnages.
Il y a cet attentat de Roosevelt qui représente le passage à
la chronicité. C'est riche car il y a plein de clés, à
propos desquelles on rame.
Annick
C'est vrai qu'on apprécie plus si on a eu la postface.
Manuel
Je connais les films Blade
Runner, Total
Recall, Minority
Report, et Carrère montre qu'il y a nombre de films qui
ne sont pas tirés de ses livres et qui lui doivent beaucoup. Bref
j'apprends plein de choses avec ce livre que je relirai, mais pas tout
de suite. J'ai pensé aussi à Citizen Kane avec cette
tension concernant Rosebud.
Quant à Philip
Roth, c'est lui qui fait penser à Dick et non le contraire...
J'ouvre aux ¾.
Richard
Je l'ai lu en anglais mais je ne vois pas grand avantage de l'avoir lu
en en anglais. L'un des héros est invité à dîner,
et là, on parle un anglo-japonais.
Je suis handicapé car vous parlez de la fin et que je n'ai pas
eu la patience d'y arriver... C'est laborieux comme dit Manuel.
Dans la science-fiction, on change un paramètre et on en tire toutes
les conséquences. Là, avec les mondes parallèles,
je perds le fil. J'ouvre à moitié car c'est un livre intéressant.
Mais je souligne la difficulté à suivre les différents
personnages ; il me faudrait un calepin à côté du
livre pour noter qui est qui, et ce qu'il devient.
Renée, de Narbonne
En lisant les 20 premières pages que j'ai trouvées très
scolaire, je me suis dit mais dans quoi tu es tombée ? Après,
j'ai trouvé ça très difficile. Je n'ai pas lu avant
la postface qui m'aurait éclairée.
J'étais intéressée par ce qui concerne l'artisanat,
j'ai trouvé ça assez beau. Je suis étonnée
que personne ne parle du mal. C'est formidable ce renversement. Du coup
je suis allée voir Bataille : le mariage du ciel et de l'enfer.
Il se réfère au Yi King qui est ésotérique
; cela m'a rappelé pendant ma jeunesse Le
livre des morts tibétain était à la mode
et je m'étais obligé à le lire parce qu'"il
fallait avoir lu" ce livre.
J'ai tout lu en ce qui concerne notre livre, mais n'ai rien compris à
la conspiration les nazis qui veulent renverser l'empereur : qui est-ce
? J'ouvre au quart pour les idées extraordinaires : d'abord la
victoire de l'Axe, puis pour avoir fait évoluer les personnages
en jetant des pièces de monnaie. Expérience littéraire
inédite (j'avais beaucoup aimé L'homme-dé
de Luke Rhinehart).
Geneviève
Je m'y suis mise trop tard, ayant du mal à lâcher un polar
sud-africain : du coup, je n'en ai lu que soixante pages, et pour
le moment, j'accroche bien alors que j'ai le souvenir d'avoir essayé
sans succès il y a très longtemps, sur la recommandation
de spécialistes de science-fiction, qui voulaient me convaincre.
Peut-être les circonstances actuelles y sont-elles pour quelque
chose : l'étrangeté de la situation actuelle me rend
certainement plus sensible aux uchronies, que j'apprécie par ailleurs,
notamment celle de Philip
Roth qui imagine Charles Lindbergh, proche de l'extrême-droite,
au pouvoir aux États-Unis dans les années 40 ; également
un roman de l'auteur et humoriste anglais Stephen Fry (Faiseur
d'histoire) dans lequel Hitler n'aurait pas existé.
Certains ont exprimé leur frustration d'un manque de description
du système politique engendré par la situation imaginée.
Ce n'est pas mon cas, j'apprécie d'avoir le point de vue de gens
ordinaires qui expriment leur perception de leur rapport aux cultures
dominantes, ici la culture japonaise et, si l'on peut dire, la "culture
nazie". C'est toute la question du "soft power" et de son
impact sur la vision du monde. Je trouve par exemple assez étonnante
cette histoire de trafic d'"artefacts" et de recherche de l'authenticité
d'une culture que l'on a pourtant voulu éradiquer. Et c'est toujours
une question d'actualité avec le passage de la domination américaine
à celle des pays d'Asie, Chine et Japon qui fascinent les jeunes
Européens actuellement.
Je l'ai lu en anglais, je ne crois pas que cela fasse de véritable
différence, contrairement au cas des romans américains où
est transcrit par exemple le discours afro-américain.
Je suis d'accord avec le fait qu'il s'agit d'une véritable expérience
de lecture, souvent déconcertante.
Finalement, n'en ayant lu que soixante pages, je ne peux pas me permettre
de l'ouvrir plus qu'à moitié, mais j'ai bien l'intention
de le terminer.
Séverine G
Je suis assez d'accord sur la pertinence de ce livre aujourd'hui avec
la question de réalités parallèles, des vérités
alternatives.
Je vais lire un extrait à ce sujet
"Nous vivons dans un monde psychotique. Les fous sont au pouvoir. Depuis quand en avons-nous la certitude ? Depuis quand affrontons-nous cette réalité ? Et... combien sommes-nous à le savoir ? Lotze lignore, lui. Peut-être nest-on pas fou quand on sait quon est fou. À moins quon ne devienne finalement sain desprit. En se réveillant. Sans doute peu de gens en sont-ils conscients. Quelques-uns, çà et là, perdus dans la masse. Mais la masse elle-même... quen pense-t-elle ? Les centaines de milliers dhabitants de cette ville. Simaginent-ils vivre dans un monde sensé... ou devinent-ils, entrevoient-ils la vérité ?
Mais que signifie ce mot de fou ? Quelle en est la définition légale ? Quel sens a-t-il pour moi ? Jai une intuition, une impression, mais de quoi sagit-il au juste ?
De quelque chose... quelque chose quils font ; quils sont. Leur inconscience. Leur méconnaissance de lautre. Leur cécité face à ce quils lui infligent, face à la destruction quils ont provoquée et quils persistent à provoquer."
J'avais lu d'Éric-Emmanuel Schmitt La
part de l'autre, qui est aussi une uchronie : et si Hitler avait
réussi son examen aux Beaux-Arts ?
Ce livre de Philip K. Dick m'a apporté un rafraîchissement
par rapport à d'autres livres que je lis.
Passé les difficultés du début, j'ai lu facilement,
avec ces personnages qui s'entrecroisent. La répartition géographique
m'a paru claire. Mais comme dit Lisa, on aimerait en savoir plus.
C'est un livre prenant, je l'ai lu presque d'une seule traite. Je suis
passé à côté à côté du
fait que M. Tagomi accède à une autre réalité.
J'ai aimé la référence au Yi King, qui est
une fascinante contrainte d'écriture. La femme m'a moins plu, Juliana
je n'y ai pas cru ; cette rencontre avec l'auteur n'est pas crédible.
Merci pour ce choix. J'ouvre aux ¾ parce que la réalité
n'est pas assez creusée et la fin pas terrible.
Brigitte
J'étais là pour vous souhaiter de bonnes fêtes.
Je ne l'ai pas lu et, non, je n'ai pas envie de le lire. J'ai bientôt
choses à lire mais je suis contente de vous voir et entendre.
Claire
Ignare, j'ai trouvé quelques repères sur la science-fiction
qui regroupe 4 sous-genres : l'uchronie (que se
serait-il passé si... ?), le roman d'anticipation ou dystopie
souvent "engagé" et ne s'appuyant pas forcément
sur des innovations scientifiques (1984,
Fahrenheit
451),
le roman post-apocalyptique (le monde est ravagé par une catastrophe
planétaire, des humains essaient de survivre, comme dans La
route que nous avions lu) et le space opera avec tout le
folklore de la science-fiction (voyages spatiaux)... La fantasy
peut flirter avec la science-fiction, apportant des éléments
magiques, des êtres surnaturels.
Manuel
Tolkien !
Claire
Ce qui m'a intéressée, comme lorsque nous avions lu Le
Hobbit que je n'avais absolument aimé, mais étais
très contente de connaître, c'est découvrir aussi
les mondes de l'auteur (en plus on avait vu une superbe
expo à la BNF) et le monde des amateurs érudits dans
le domaine.
Françoise
Je
voudrais citer une autre uchronie :
Civilizations de Laurent Binet. Christophe Colomb n'a pas découvert
l'Amérique et les Incas débarquent dans l'Espagne de Charles
Quint et de l'Inquisition. J'ai trouvé l'hypothèse assez
jouissive.
David
Pour ma part, j'évoquerai dans un domaine différent La
Horde du Contrevent d'Alain Damasio et je m'apprête à
lire Expiration
de Ted Chiang.
Nathalie R (qui
transmet son avis de Nantes sans avoir lu aucun avis)
iDe quelle façon peut naître un retournement de situation
? Pourquoi certains livres nous tombent-ils des mains alors qu'on donnerait
n'importe quoi pour faire partie de ceux et celles qui encensent l'auteur
et son uvre ? Quand le wu et le wabi se télescopent !
L'entrée dans le livre a été terrible, j'avais beau
essayer, je n'arrivais pas à lire plus d'une demi-page, tant ma
difficulté à m'intégrer dans le fil de l'histoire
était élevée. La lectrice que je suis n'arrivait
pas à dépasser le premier degré : difficile
d'accepter de lire des mots comme "youpin", "chinetoque",
de ne pas être dérangée par la mise en place de rapports
hiérarchiques (noirs, japonais, blanc, pinoc, hommes/ femmes
).
Des passages entiers sont restés complètement obscurs (je
lisais comme si je lisais une autre langue dont je ne maîtriserais
pas la fluidité), je ne saisissais pas la complexité du
propos.
Quand l'heure est arrivée de participer à notre échange,
j'étais encore à la moitié du livre. Et pourtant,
impossible de l'abandonner ! Je me suis couchée avec tous
les soirs, bien décidée à le finir ! Je reste
persuadée aujourd'hui, que ce roman nécessite une double
lecture à la façon des nouvelles à chute. Une double
lecture pour en savourer la complexité et l'originalité,
la finesse. En vérité, je suis très contente d'être
arrivée au bout de ce roman. J'aime la façon dont les personnages
s'ancrent alors qu'au tout début, ils m'ont semblés complètement
flous. Ce livre pourrait être un tableau pointilliste qu'on ne peut
apprécier qu'en variant les distances et les points de vue. J'ajouterai
que la lenteur de la lecture me semble être également un
plus. En ce qui concerne l'intrigue et l'aspect ellipsoïdal de l'uvre,
j'ai trouvé cela intéressant, mais peut-être cela
nécessite-t-il une éducation à l'uchronie (ce que
je ne possède pas). Et j'ai particulièrement aimé
le propos sur l'art, son intérêt et son apport (dans le bien-être,
l'équilibre). Tant qu'aux personnages les plus importants, le jeune
couple de Japonais m'a fait penser dans une certaine mesure à celui
des Choses
de Perec.... J'ai été attendrie par le personnage de Monsieur
Tagomi qui me semble un des personnages le plus "humain" et
je rêve encore du fantasme de la robe bleue à porter avec
ou sans soutien-gorge ! Le procédé de la voix intérieure
a bien fonctionné pour moi et je suis curieuse d'aller voir la
traduction du Yi King (lien
donné dans la postface collection J'ai lu) afin de savoir la
suite de ce confinement !
Bref, en vérité j'ai aimé ce livre ! Merci Etienne.
Séverine V
Voici ENFIN mon avis sur Le maître du Haut château.
Alors, je dois dire que ma lecture a été très
hachée en ce mois de décembre et cela ne ma guère
aidée à entrer dans le livre
quand je reprenais, je
ne savais plus trop ce que javais lu et comme nous sommes dans la
science-fiction, il faut suivre un minimum pour comprendre ce qui sort
de lordinaire
cela ne ma toutefois pas empêchée
de vouloir poursuivre et den savoir plus sur ce livre intriguant.
Même si je ne suis pas sûre davoir tout compris à
cette histoire sans queue ni tête, jai été portée
par ses personnages plutôt intéressants, limagination
folle pour inventer un truc pareil
et surtout lenvie de savoir
qui était ce maître du Haut château ! Lidée
du livre dans le livre qui raconte en fait ce qui sest vraiment
passé et que ce que vivent les personnages nest pas la réalité
est assez folle
Moi qui ai une mauvaise mémoire, je pense
que je vais garder en tête les personnages et certaines scènes :
le magasin de fausses antiquités, les deux en train de fabriquer
les bijoux, les scènes avec le couple japonais
Je trouve
que cest assez visuel. Bref, je reste convaincue que ce livre mal
foutu a tout de même quelque chose qui en fait un roman à
part et qui mérite probablement lintérêt quon
peut lui porter. Ça me donne en tout cas envie de creuser sur cet
auteur et de lire Ubik.
Ceci dit, je vais louvrir à moitié.
Synthèse
des AVIS DU GROUPE BRETON
réuni par zoom le 17 novembre 2020
rédigée par Yolaine (suivie des avis détaillés)
Au
premier abord, la difficulté à entrer dans le livre été
une expérience collective, novices que nous sommes tous avec l'univers
de la science-fiction. Novices et méfiants, voire allergiques pour
certains. Sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de SF au sens où nous
nous la représentions (bien que ce roman ait reçu en 1963
le prix Hugo de la World Science Fiction Society), mais d'uchronie, puisque
le monde dans lequel évoluent les personnages de Dick ressemble
méchamment au nôtre. Mais est-ce bien différent ?
Dans les deux cas, on doit accepter de ne rien comprendre aux premières
pages. La fiction historique nous décrivant un monde où
le Troisième Reich a gagné la Seconde Guerre mondiale, où
les nazis sont soit vivants soit meurent dans leur lit, et où les
Japonais et les Allemands se sont partagé les États-Unis
d'Amérique, séparés par un no man's land, brouillent
un peu les repères du lecteur passablement déstabilisé.
Il faut ensuite se plonger sans déprimer dans une atmosphère
glauque, d'où la beauté et l'espoir semblent absents. On
ne peut guère se raccrocher aux personnages, fades, insignifiants.
Ce ne sont pas des super héros mais des gens ordinaires, des dominés
et des perdants (même quand ils sont placés assez haut dans
la hiérarchie sociale comme Tagomi) qui ne paraissent pas avoir
de lien les uns avec les autres, mais possèdent une caractéristique
commune : ils ont tous peur.
Pour ceux qui se sont perdus dans ce labyrinthe sans fil d'Ariane, mais
qui n'ont pas été suffisamment terrassés par l'ennui
pour abandonner, la poursuite de la lecture a toutefois permis de discerner
une construction complexe, à l'image d'un puzzle dont le paysage
se précise progressivement, ou, pour reprendre la comparaison de
Chantal, d'un arbre dont les personnages seraient les branches. Certains
interagissent au fil de leur aventure, comme Juliana avec Joe et Frank
Frink, ou l'antiquaire Robert Childan avec Frink et Tagomi, ce qui donne
un zeste de suspense à la narration. Mais ils sont dépourvus
de chaleur humaine et d'émotions, même quand ils font l'amour
ou s'entretuent. Il ne se passe rien et la fin est décevante.
Nous nous sommes tous penchés sur la documentation fournie par
le site de la voix au chapitre, et avons été impressionnés
par la biographie de l'écrivain, surdoué, drogué
et torturé, mais nous sommes alertés sur la nécessité
de distinguer l'auteur et l'uvre, et le risque de sombrer corps
et âme dans le délire paranoïaque de Dick était
trop grand.
Nous observons deux types de réactions divergentes : le rejet
de ceux qui pensent que ce n'est pas de la vraie littérature, que
ce n'est pas "sérieux", ou qu'il s'agit d'un exercice
purement intellectuel, qui n'a rien à voir avec la réalité.
C'est probablement la perception qui a dominé du vivant de Philip
K. Dick.
Au-delà de la difficulté d'accès à cette écriture,
il y a toutefois un questionnement métaphysique, peut-être
même mystique, symbolisé par Le poids de la sauterelle
et sa référence évidente à Moïse
et à la Bible. On peut se moquer du rôle du Yi King,
livre ancestral chinois, qui sert de bouée de sauvetage à
tous les héros de cette délirante histoire. Mais le questionnement
du réel et la mise en perspective de la pluralité des univers
parallèles et des réalités, difficile à concevoir,
mais aujourd'hui appréhendée par le monde scientifique,
et pressentie de façon obsessionnelle par Dick, donne une unité
et une profondeur à son uvre. Pour ceux à qui cette
quête philosophique a donné le frisson et fait ressentir
un vertige cosmique, il faudra aller plus loin dans la connaissance de
ce Jules Verne du XXe siècle.
Marie-Odile
J'ai sans doute lu cette uchronie complexe sans posséder les outils
nécessaires pour l'apprécier pleinement. (La lecture de
Civilizations
de Laurent Binet, qui lui aussi modifie l'histoire, m'avait été
beaucoup plus aisée.)
J'aurais aimé qu'on me donne pour faciliter ma lecture une carte
représentant les dominations en place dans ce roman. Qu'on me délimite
matériellement les zones occupées par Allemands, les Japonais,
etc.
J'aurais aimé aussi qu'on me donne une chronologie simple des événements
réels de la seconde guerre mondiale et de l'après-guerre,
et en parallèle des événements de la même période
qui sont du ressort de la fiction de ce roman, et encore des événements
de la même période appartenant au Poids de la sauterelle.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai eu du mal à m'y retrouver et quand
je dis que je n'ai pas tout compris c'est une litote. Bien sûr,
j'aurais pu faire moi même ce travail, mais, si j'aime les livres
qui résistent, j'aime aussi parfois que l'auteur, ou l'éditeur,
prenne soin de son lecteur, fût-il inculte comme moi
Cette dystopie m'a néanmoins paru intéressante dans la mesure
où elle parle de ce qui est arrivé, de ce qui n'est pas
arrivé et de ce qui aurait pu arriver, bref, du
vrai et du faux en ce qui concerne l'histoire, mais aussi les personnages
(dont plus d'un cache son identité) et les objets (ceux qui ont
un historicité et ceux qui n'en ont pas). Bref, il faut se méfier
des imitations à tous les niveaux !
J'ai bien aimé la présence du livre dans le livre et cet
énigmatique maître du Haut Château.
J'ai pensé à Fahrenheit
451, à la nuance près qu'ici, à part Le
poids de la sauterelle partout interdit, certaines populations ont
le droit de lire, d'autres non ! En cela comme sur beaucoup d'autres
plans, les rapports humains sont d'une extrême violence (domination,
racisme, esclavage, exploitation dans un monde d'où l'idée
même de bonheur semble totalement absente
)
Aucun personnage n'a particulièrement retenu mon attention, ils
sont plus des représentants de telle ou telle "nation",
fonction, que de véritables personnages romanesques.
J'ouvre ¼ ce texte qu'au bout de quelques chapitres j'ai simplement
survolé avant d'abdiquer et de le refermer définitivement
à la page 248 (qui n'y est pour rien !).
Édith
J'attends beaucoup de la discussion. Je remercie à nouveau Voix
au chapitre qui m'a donné un coup de pied pour lire un livre qui
m'aurait rebutée. Je savais par mon fils qu'il s'agissait d'un
monument et j'étais a priori impressionnée.
J'ai lu des documents, écouté des émissions et me
suis forcée à le lire.
Des passages m'ont intéressée, notamment ceux avec
Juliana, ainsi que le bijou de M. Tagomi. J'ai eu un mal de chien à
entrer dans le livre. Ces histoires de nazis ne m'ont pas passionnée.
Le Yi King en tant qu'oracle, c'est intéressant. La sauterelle,
je n'ai pas compris.
Le personnage de l'auteur, humainement parlant, est plus intéressant
pour moi que le texte. C'est l'éducatrice qui a beaucoup travaillé
dans le domaine de la folie qui parle... Tous les commentaires m'ont paru
passionnants. J'ai l'intention de lire la biographie de Carrère.
Je n'ai pas été très intéressée par
le livre, mais très intéressée par tout ce qui est
autour.
Je suis contente de l'avoir lu et j'en parlerai avec mon fils, maintenant
que j'ai découvert ce qu'est une uchronie. Mais le livre n'est
pas une révélation.
Chantal, entreet
Le livre de Carrère est le livre d'un barré sur un mec encore
plus barré, donc ça peut pas le faire. J'ai écouté
les émissions
de France Culture : il est né prématuré à
6 mois avec une jumelle (=>30% de problèmes psychiques dans
ce cas), fut drogué aux amphétamines, etc.
Pour moi, ce fut une lecture expérimentale. Ma petite fille me
dit qu'uchronie et science-fiction ça n'a rien à voir !
La lecture a été très fatiguante, mais j'étais
curieuse. C'est très difficile de s'orienter dans ce labyrinthe,
j'ai fait un schéma, avec un tronc qui relie les personnages que
sont les branches avec leur vie, dans ce fait historique faux. Le tronc
commun est fait de deux livres : le Yi-King et Le poids de la
sauterelle.
Ils ont tous peur : l'un car il est juif, l'autre craint l'occupant japonais,
les autres des nazis... Ils dissimulent, ils jouent un rôle. Ce
qu'ils ressentent est en italique. Ils cherchent à trouver un sens.
Il paraît qu'est présente dans tous ses livres la question
"qu'est-ce que la réalité ?" Chacun a sa réalité.
Dans notre propre contexte, quelle est la réalité ? Dans
le livre, il y a des faux, l'historicité est recherchée.
La femme de Dick l'a expédié au fond du jardin pour écrire.
Elle fait des bijoux. Le bijou est le symbole de l'art. Et dans ses livres,
il y a paraît-il toujours un aspect manuel, si on ne sait pas ce
qu'est le réel. Par l'art, on peut trouver un sens..
J'ai trouvé touchants certains des personnages, notamment M. Tagomi.
Le livre Le poids de la sauterelle renvoie au passage de la Bible
où Moïse menace le pharaon d'une invasion de sauterelles s'il
ne laisse pas passer les Juifs.
France Culture m'a donné envie de lire des nouvelles, que je pourrais
plus tard lire avec mon petit-fils.
Je suis contente d'avoir découvert plein de choses avec ce livre.
J'ouvre entre ½ et ¾.
Suzanne, entreet
Je ne suis pas non plus lectrice de science-fiction et j'ignorais ce qu'était
une uchronie.
C'est intéressant de mêler réel et imaginaire. Il
y a trois niveaux : nous dans le réel, le réel modifié
que vivent les personnages et le livre dans le livre qui le rectifie.
Les pistes sont brouillées comme dans un polar et comme dans un
polar, il y a des espions, des faussetés, des codes, des assassins.
Et le fameux livre du Yi King (Suzanne le
montre à l'écran), consulté par divers personnages
comme un oracle, dont certains ne se rencontrent pas.
Ce qui m'a intéressée, c'est cette vision, sous la coupe
nazie, d'un monde inégalitaire : on retrouve la bombe atomique,
un holocauste en Afrique, de nouveaux essais pour éradiquer les
Juifs, l'esclavage, et toujours la suprématie des Blancs.
La postface est intéressante, notamment à propos de la suite
du livre qu'a entreprise l'auteure avec deux chapitres : on retrouve Goebbels
collectionneur de monstres, évincé, tous en compétition,
avec des factions dans le régime allemand.
L'idée du livre est intéressante, mais pas assez consistante
(j'en reviens toujours à mon Confiteor,
où sont entrecroisés aussi passé et présent...).
La fin est tarte : cet homme menacé ne va bien sûr pas recevoir
cette femme.
Bref, ce n'est pas désagréable à lire, je ne me suis
pas barbée, mais je ne suis pas emballée, pas bluffée.
Yolaine, entreet
Je suis sur la même ligne que Suzanne.
Je suis plutôt impressionnée par le côté intellectuel
de l'écrivain.
Au début je n'ai pas compris - j'écoutais le livre en audio.
Il n'y a pas de personnage central, et quand on fait une mayonnaise, il
faut s'accrocher... J'ai donc commencé une deuxième audition
: c'est un puzzle, et qui se met en place au fur et à mesure. C'est
joli Chantal, ton image de tronc, de fil conducteur qu'on ne voit pas
vraiment.
Je ne connaissais pas vraiment cet auteur, même si j'avais vu Blade
Runner. Merci à Voix au chapitre. À la deuxième
lecture, c'est assez fascinant. La dimension philosophique est profonde,
je me sens petite par rapport à ça (si je ne comprends pas
tout, c'est que je ne suis pas assez intelligente...)
J'ai écouté France
Culture, mais n'ai pas réussi à tout écouter,
c'était parfois barbant, Carrère me gonfle, je ne l'aime
pas du tout.
L'histoire de Philip K. Dick est fascinante, étrange. Ceux qui
l'aiment disent qu'aujourd'hui on est un peu dans un monde qu'il a parfois
décrit. Un scientifique que j'ai entendu dit qu'un peu à
la manière de Jules Verne, certaines de ses descriptions sont prémonitoires.
Il a une prémonition de la complexité qui nous dépasse.
Il ne s'agit pas de science-fiction, car c'est dans notre monde. Il ouvre
sur un inconnu qui donne le vertige.
Mais le livre n'est pas facile à lire, et j'ai horreur des histoires
de la Seconde Guerre mondiale ; et m'embête l'espionnage politique.
Mais le livre est fascinant même sans avoir le qi nécessaire.
J'ai envie de lire le livre qui a donné naissance à Blade
Runner : Les
androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Dick n'est pas quelqu'un d'ordinaire. Je suis frappée par l'intelligence.
Le style, lui, est limpide. Et l'histoire est placée dans une construction
originale. Et j'ai trouvé les descriptions respectueuses des femmes.
Tagomi est invité, il ne faut pas parler politique, une situation
qui ne semble pas inconnue aujourd'hui...
Bref, j'ouvre entre ½ et ¾, presque ¾ : j'ai eu beaucoup
de mal à le lire, mais c'est extrêmement intéressant.
Jean
Si en 1947 a eu lieu la capitulation des
Alliés, il nous
est proposé d'entrer par l'imaginaire dans une nouvelle civilisation,
de 1960, où le monde est dominé par les nazis. À
partir d'un questionnement sur ce qui est réel et ce qui ne l'est
pas. Et passé, présent et futur s'entremêlent sans
pour autant des regards croisés venus de l'art, de la science,
des récits historiques, de la sociologie.
Des personnages de toutes origines s'y agitent sans se rencontrer. Haut
dignitaire japonais, faux industriel, vrai espion, ouvriers, juif.
Pas de fil conducteur. Une fin non finie. Cela aurait pu être passionnant,
mais la lenteur du récit et l'absence de fil conducteur fait qu'on
s'égare dans un contexte géopolitique fictif et complexe.
Avec des si on refait le monde
brillamment dans un style froid.
Le Poids de la sauterelle intervient comme roman dans le roman
pour constituer le vrai lien entre tous les personnages. Joe Cinnadella,
est chargé d'une mission secrète liée à ce
roman où tous les personnages cités vont croiser. Son titre
proviendrait d'une citation de l'Ecclésiaste (12:5) : "et
les sauterelles deviendront un fardeau".
L'idée originale se dilue dans une abondance d'acteurs qui rend
le récit abscons par moment
Dick avait la réputation
d'écrire à 2000 à l'heure sous amphétamines.
Présupposé de la métaphore du Poids des sauterelles
interdit en zone nazi et la connaissance des spiritualités
asiatiques, qui sert d'appui avec ses 64 oracles et hexagrammes, plus
précisément Le livre des transformations YI QING,
et on n'aborde pas ce livre comme un livre de loisir, si l'on veut en
saisir la portée philosophico-intellectuelle.
Le monde imaginaire spécifique à Dick dans tous ses romans
est l'uchronie. Cela désigne la possibilité
d'un monde alternatif opposable au réel perçu. Le roman
est un état des lieux 10 ans après 1945, dans un monde où
les Allemands et les Japonais ont remporté la guerre et occupent
la planète. L'histoire se passe dans une Amérique dominée
à l'est par les Allemands et à l'ouest par les Japonais.
Mais Dick ne se contente pas de créer un monde alternatif à
l'histoire telle qu'elle nous est rapportée, mais crée une
fiction dans la fiction, une uchronie dans l'uchronie en introduisant
un écrivain fictif Hawthorne Abendsen qui, dans son château
"imagine" la victoire des Alliés.
L'illusion romanesque est nécessaire pour entrer dans ce livre,
qui voudrait donner une définition de la réalité
comme frontière entre fiction et réel. Réinventer
nos angoisses, faire de la réalité une fable
? Dick
semble que le réel, l'humain sont au-delà de la matière,
il défend un matérialisme spirituel qui retrouve le réel
par la mise en perspective de la fiction. Logique de la collapsologie,
comme délitement plutôt qu'effondrement.
Repères
biographiques uvres Adaptations à l'écran Radio Vidéos Articles Sites Traduction La science-fiction c'est quoi au fait ? |
Repères biographiques
- Né à Chicago en 1928. Le nom de
jeune fille de sa mère, Kindred (K.), devient son second prénom.
Drame familial : sa sur jumelle Jane décède quelques
semaines après sa naissance dans d'obscures circonstances. Ses
parents se séparent, la mère partant avec son fils de 4
ans ; ultérieurement, il décrira sa mère comme froide,
cruelle, hypocondriaque, intéressée par l'argent ; cependant,
ce n'est pas anodin, son activité professionnelle consistera à
réécrire des discours d'hommes politiques. Ce sera une relation
fusionnelle/conflictuelle.
- Il joue du piano, dessine. Sa mère l'emmènera chez un
psy dès l'âge 13-14 ans. Il lit énormément,
tant des pulps
de science-fiction que Proust et Joyce. Il commence des études
de philosophie, à l'université de Berkeley, qu'il abandonne
pour travailler comme programmateur à la radio et dans un magasin
de disques. L'agoraphobie qui l'atteint l'empêche de suivre des
cours, y compris un atelier d'écriture que sa mère suit
à sa place, présentant ses textes...
- À ses débuts décrivain,
poussé par sa (déjà !) deuxième femme,
Philip Kindred Dick sintéresse aussi bien à la science-fiction
quà la littérature générale, mais réalisant
que la SF se vend bien à cette époque, il décide
de se focaliser sur lécriture de nouvelles du genre. Ses
nouvelles ne rencontrant pas le succès escompté, K. Dick
publie son premier roman en 1955 : Loterie
Solaire.
- Léchec rencontré par ses livres de littérature
"générale" et sa vie privée houleuse (5
divorces, il se retrouve à chaque fois seul, et sans les enfants
conçus dans le couple), le conduisent à la dépression.
Sa surconsommation de drogues et de stimulants narrange rien. Mais
paradoxalement, ses nombreux problèmes seront à lorigine
de ses ouvrages célèbres : Le
Maître du Haut Château (1962) pour lequel il décroche
le prix Hugo, Les
androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
(1968) ou encore Ubik
(1969).
- Quasiment pauvre toute sa vie, il meurt en 1982 en Californie à
la suite dune attaque cérébrale, sans savoir à
quel point ses uvres vont devenir célèbres. À
sa mort, on trouve 8000 pages qui donneront lieu à des publications
posthumes.
Pour une bio bien plus détaillée, voir le site Le paradick, inspirée de la biographie américaine qui fait référence, publiée en 1989 aux USA : Invasions divines : Philip K. Dick, une vie de Lawrence Sutin, traduite en 1995 chez Denoël, rééd. Folio 2002.
En option nous avons lu la biographie de Dick par Emmanuel Carrère Je suis vivant et vous êtes morts, publiée en 1993 : il consacre de nombreuses pages à la conception (à partir du Yi King) du roman que nous lisons : on croirait qu'Emmanuel était derrière l'épaule de Phil... (en ligne ICI).
uvres
Philip K. Dick a écrit 44 romans et près de 200 nouvelles.
On peut diviser son uvre, par commodité, en trois périodes
:
- une période d'apprentissage, qui recouvre les années 50
- une période de maîtrise, celle de
Docteur Bloodmoney et du Maître du haut château,
au début des années 60
- une dernière période à la fin de la même
décennie, où, sous l'influence de la drogue, Dick va encore
"plus loin" (surtout dans Ubik),
mais peut aussi à l'occasion perdre l'essentiel de ses moyens.
On trouve ses livres traduits aujourd'hui chez les éditeurs
suivants :
- Gallimard
(63 titres)
- J'ai
lu (45)
- Denoël
(10)
- Joëlle
Losfeld (2), Éditions
de l'éclat (2)
- 10/18
(1), Cherche
midi (1)
Adaptations
Elles sont très nombreuses, en voici quelques-unes.
Au cinéma
- 1982 : Blade Runner de Ridley Scott, d'après le roman
Les androïdes
rêvent-ils de moutons électriques ?
- 1990 : Total Recall de Paul Verhoeven, d'après la nouvelle
"Souvenirs à vendre" (dans Minority
Report et autres récits)
- 1990 : Megaville, de Billy Zane, d'après le roman
Substance Mort
- 1992 : Confessions d'un barjo de Jérôme Boivin,
d'après le roman Confessions
d'un barjo
- 1995 : Planète hurlante de Christian Duguay, d'après
la nouvelle "Nouveau Modèle" (dans Minority
Report et autres récits).
- 1998 : The Truman Show de Peter Weir, d'après le roman
Le
Temps désarticulé
- 2002 : Minority Report de Steven Spielberg, d'après la
nouvelle
"Rapport minoritaire"
- 2003 : Paycheck de John Woo, d'après la nouvelle "La
Clause du salaire" (dans Paycheck)
- 2003 : Natural City adaptation coréenne, d'après
le roman Les
androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
- 2006 : A Scanner Darkly de Richard Linklater, deuxième
adaptation du roman
Substance Mort
- 2007 : Next de Lee Tamahori, d'après la nouvelle "L'Homme
doré"
- 2011 : L'Agence de George Nolfi, d'après la nouvelle "Rajustement"
(dans Souvenir)
- 2012 : Total Recall Mémoires Programmées
de Len Wiseman, une deuxième adaptation de la nouvelle "Souvenirs
à vendre"
- 2016 : Passengers de Morten Tyldum d'après la nouvelle
"Le
voyage gelé"
- 2017 : Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, deuxième
adaptation du roman Les
androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Séries
- 2015 : Minority
Report, série télévisée américaine
de science-fiction en dix épisodes créée par Max
Borenstein d'après la nouvelle
Rapport minoritaire, diffusée en France en 2017
- 2015 : The Man in the High Castle, une série produite
par Ridley Scott pour la plateforme VOD d'Amazon d'après Le
Maître du Haut Château - Bande-annonce
ici - Voir les commentaires
détaillés sur la série dans Le
Monde et le site français de la série
ICI (10 épisodes) - Voici dans le cadre de la promotion de
la série le métro de New York décoré sur le
thème du Maître du Haut Château... :
Radio
(en commençant par les plus récentes
émissions, de ce mois voire de ce cette semaine !)
Elles sont nombreuses (même une nuit de 5
heures d'émission... sur France Culture).
- "Philip
K. Dick, le XXIe siècle dans limaginaire de la SF",
Intelligence Service, France Inter, par Jean Lebrun, avec Audrey
du groupe Voix au chapitre à la réalisation, 26 décembre
2021, 47 min.
- Une série de 4
émissions sur Philip K. Dick, La
Compagnie des uvres, France Culture, par Matthieu Garrigou-Lagrange,
du 14 au 17 décembre 2020 : 1/4 "L'épuisante
vie de Philip K. Dick" avec Etienne Barillier, auteur du Guide
Philip K. Dick - 2/4 "Philip
K. Dick ou le pouls de l'Amérique", avec Laurent Queyssi,
responsable de l'édition des deux volumes des Nouvelles
complètes (Quartuo Gallimard) - 3/4 "K.Dick
notre contemporain", avec Ariel Kyrou, journaliste et auteur
de Abc Dick et co-réalisateur
du documentaire Les
mondes de Philip K. Dick - 4/4 "K. Dick
a gagné", avec Emmanuel Carrère, auteur de
Je suis vivant et vous êtes morts.
- "Philip K. Dick dans les mots dEmmanuel
Carrère", France Culture, 20 novembre 2020, 45 min : à
voir et entendre sur
youtube ou à entendre seulement sur France
Culture
dans les Matins.
- "Philip
K. Dick au crible de l'histoire", La Fabrique de l'histoire,
France Culture, par Emmanuel Laurentin, 3 février 2016, 52 min
: lecture du roman uchronique Le maître du Haut-Château
par deux historiens Nicolas Patin et Michael Lucken.
Voici la carte des USA d'après le roman :
- Philip
K. Dick, de la mystification à la psychose : des réalités
malmenées (1928-1982), Toute une vie, France Culture, par
Martin Quenehen, 30 août 2015, 58 min. Rediffusion de l'émission
Une vie, une uvre du 3 janvier 1991.
- Nuit
spéciale Philip K. Dick, France Culture, 19 février
2012, 5h 28, en compagnie de Philippe Hupp qui fit sortir Dick d'Amérique
(voir ci-dessous à Metz). On peut entendre
une mise en ondes de d'Henri Soubeyran du roman Le maître du
Haut Château adapté par Catherine Bourdet du 23 octobre
1976.
Vidéos
- Philip
K. Dick : Un classique iconoclaste, 6 avril 2016, 10 min
- Philip K. Dick
l'écrivain visionnaire, documentaire, Mystere-TV, 22 septembre
2013, 43 min
- Les
mondes de Philip K. Dick, de Yann Coquart et Ariel Kyrou, Arte,
2015, 56 min (documentaire encensé par Le
Monde, 22 février 2016) : on entend
deux de ses biographes Anthony Peake, auteur de Philip
K. Dick l'homme qui changea le futur et Gregg Rickman auteur de
Philip K. Dick
in his own words, ainsi que son psychothérapeute Barry
Spatz et sa dernière femme Tessa Dick.
- "Une soirée
dans les mondes de Philip K. Dick. Sommes-nous des Hommes-Machines ?",
16 février 2016, une table ronde au Collège des Bernardins
avec Ariel Kyrou, co-auteur du documentaire Les Mondes de Philip K.
Dick, Milad Doueihi, co-directeur de la Chaire des Bernardins, Catherine
Dufour, auteure de science-fiction, et Pascal Picq, paléoanthropologue,
maître de conférences au Collège de France, 55 min
- Une interview lors de la seule venue de Philip
K. Dick en France à Metz en 1977 pour une conférence
culte chez les groupies : "Philip
K. Dick Interview" : passionnant ! 21 min (sous-titrages en français)
Le Festival de science-fiction de Metz s'est tenu chaque année de 1976 à 1986. Lorganisateur Philippe Hupp, alors étudiant, rend visite à Philip K Dick à Los Angeles, et le persuade dêtre linvité dhonneur du deuxième festival international de science-fiction de Metz.
Philip K Dick a voyagé une fois en dehors du continent américain et ce sera pour venir à Metz.
Il fait une conférence le 24 septembre dans le salon de lHôtel de Ville en anglais et traduite simultanément en français intitulée "Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres" où il parle de mondes parallèles. Il affirme que la réalité dans laquelle nous vivons a été reprogrammée.Son biographe, Lawrence Sutin, rapporte dans son livre Invasions divines : Philip K. Dick, une vie : "Il fut enchanté par la beauté architecturale de la ville, se délecta de la cuisine et des vins française". Un an plus tard, dans sa préface à Dédales démesurés, Philip K Dick écrit : "Ce fut la plus belle semaine de ma vie. Je pense que là-bas, à Metz, je fus réellement heureux pour la première fois de mon existence non parce que jy étais célèbre, mais parce que toutes les personnes présentes étaient tellement enthousiastes !"
On peut visionner sur le site du CNRS la conférence de Philip K. Dick le 24 septembre 1977, dans un salon de l'hôtel de ville à Metz, film de Yves Breux et Francis Luxereau, 42 min.
Articles
(un choix réduit de 1970 à 2020)
- Jacques Goimard,
fut un critique et universitaire spécialisé dans la science
fiction ; critique de science-fiction au Monde dans les années
1970, il appartint à l'équipe de la revue
Fiction : c'est lui qui rend compte à sa sortie
en France du Maître du Haut château, dans le Monde,
avec une introduction précautionneuse qui montre la place de ce
genre : "L'Amérique,
terre de cauchemar", par Jacques Goimard, Le Monde, 13
juin 1970
- Quatre romans de Philip K. Dick,
par Jacques Goimard, Le Monde, 27 septembre 1973
- "Interview
de Philip K. Dick" par Bernard Stéphan et Raymond Milési,
septembre 1977, publiée dans Fiction n° 30, 1980
- "Le cas Dick",
par Geneviève Brisac, Le Monde, 1er octobre 1993 : compte
rendu de la biographie d'Emmanuel Carrère.
- "Total
reprint", par Frédérique Roussel, Libération,
11 avril 2012
- La sortie chez Gallimard de deux énormes tomes de nouvelles entraîne
en 2020 quantité de presse sur Philip K. Dick, par exemple
5 pages dans L'Obs du 3 décembre
2020 ou encore "Les
120 mondes vacillants de Philip K. Dick", par Sébastien
Omont, En attendant Nadeau, 16 décembre 2020.
Des sites sur
Philip K. Dick
- américains : philipkdick.org
ou Thephildickian.com
- site bibliographique bilingue The
Philip K. Dick Bookshelf
- français :
Le paradick, site animé par Gilles Goullet, traducteur
- français : Le dickien, animé
par Etienne Barillier, professeur, auteur de Le
guide Philip K. Dick
Traduction
- La première traduction de Jacques Parsons date de 1970, dans
une édition qui comporte deux romans Docteur Bloodmoney et
Le Maître du Haut Château (éd OPTA, coll. Club
du livre d'anticipation). Elle est ensuite publié en édition
J'ai Lu, en
ligne ici. C'est un traducteur professionnel d'ouvrages de science
fiction ; voir la liste
de ses traductions. Il a également traduit des nouvelles (Ne
pas se fier à la couverture).
- La deuxième traduction est de Michelle Charrier,
vraiment spécialisée dans la
science-fiction, qui s'est imposée dans ce domaine : voir la
liste
de ses traductions. Elle été
récompensée par le Grand Prix de l'Imaginaire à deux
reprises, en 2009 et 2020 pour ses traductions.
Potin : la traductrice, vit avec un traducteur de science-fiction (voir
interview de celui-ci).
- Comparaison entre le texte original et les deux traductions | ||
1962
|
1970
|
2012
|
For a week Mr. R. Childan had been anxiously watching the mail. But the valuable shipment from the Rocky Mountain States had not arrived. | Depuis une semaine, Mr R. Childan guettait avec anxiété l'arrivée du courrier. Mais la précieuse expédition en provenance des États des Montagnes Rocheuses n'était toujours pas là. | M. R. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n'arrivait pas. (voir la suite) |
Et le titre de ce livre important
dans le récit...
|
||
The Grasshopper
Lies Heavy |
La sauterelle pèse
lourd
|
Le Poids de la sauterelle
|
- Interview d'Hélène Collon traductrice de Dick depuis 1994 et qui a dirigé l'ouvrage Regards sur Philip K. Dick (voir liste de ses traductions) : "L'écriture de Philip K. Dick décryptée par sa traductrice historique", propos recueillis par Lloyd Chéry, Le Point, 10 octobre 2017.
La
science-fiction c'est quoi au fait ?
La science-fiction est un genre narratif aux formes diverses (romans,
nouvelles, BD, films) où quatre "catégories" ou
"sous-genres" peuvent être identifiés :
- L'uchronie
: que se serait-il passé si... ? À partir d'une hypothèse,
on refait l'histoire, et on invente un monde alternatif. C'est le cas
du Maître du Haut Château.
- Le roman d'anticipation ou dystopie : il
se passe parfois de la science, prenant ses racines dans notre présent
et n'extrapolant pas très loin : le roman d'anticipation peut souvent
être assimilé à de la littérature "engagée"
(1984, Le Meilleur des Mondes, Fahrenheit 451)
- Le roman post-apocalyptique : genre souverain
de la science-fiction, avec un monde ravagé par une catastrophe
planétaire suite à laquelle des humains essaient de survivre.
- Le space opera répond à la
définition classique de la science-fiction, s'appuyant sur d'hypothétiques
progrès techniques en matière de voyages spatiaux, colonisation
spatiale et tout ce qui s'ensuit... La fantasy qui a pour ancêtres
les contes de fées ou les mythologies peut flirter avec un univers
de science-fiction avec des éléments magiques, des êtres
surnaturels.
Un dernier regard sur Philip K. Dick...
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
||||
à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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