Les
deux plus récentes éditions de poche :
Frankenstein ou le Prométhée moderne, trad. Germain d'Hangest de 1922, édition Francis Lacassin, GF, 2023, 384 p. Quatrième de couverture :
Au mois de juin 1816, sur les rives du lac de Genève, Mary Shelley
et ses amis cherchent à tromper lennui dans le chalet où
la pluie les contraint à rester enfermés. Jeux de société,
romans "terrifiants" à la mode, tout y passe, jusquà
ce que Lord Byron leur suggère décrire, à leur
tour, une "histoire de fantômes". Ainsi naquit Frankenstein,
le récit dun savant trop audacieux, incapable de maîtriser
le monstre quil avait créé.
Quatrième de couverture : "Cest alors quà la lueur blafarde et jaunâtre de la lune qui se frayait un chemin au travers des volets, je vis cet être vil le misérable monstre que javais créé. Il soulevait le rideau du lit et avait les yeux si lon peut les appeler ainsi fixés sur moi. Ses mâchoires souvrirent et il bredouilla quelques sons inarticulés, tandis quun rictus ridait ses joues. Peut-être dit-il quelque chose, mais je ne lentendis pas. Il tendit une main comme pour me retenir, mais je méchappai et descendis précipitamment les escaliers. Je me réfugiai dans la cour de la maison que jhabitais ; jy demeurai le reste de la nuit, marchant de long en large dans un état dagitation extrême, écoutant attentivement, percevant et redoutant le moindre son, comme sil devait annoncer lapproche de ce cadavre démoniaque auquel javais si malheureusement donné la vie." |
Mary Shelley (1797-1851)
|
DES
INFOS AUTOUR DU LIVRE |
Renée(avis
transmis depuis Narbonne)
Je ne connaissais que Shelley, grâce à la biographie
d'André Maurois : le poète romantique mort noyé
avec son bateau, l'Ariel. Je n'avais pas du tout envie de lire Frankenstein,
présumé fantastique et horrible.
Donc, merci de nous l'avoir fait lire.
D'emblée, l'écriture, la description des paysages m'ont
plongée dans le courant de peinture typique du 19e : "l'esthétique
du sublime", les tableaux de Caspar David Friedrich ou Turner. Les
descriptions sont superbes, grandioses et montrent la petitesse de l'homme
face à la nature.
Bien sûr, certains passages datent un peu, mais je comprends que
le texte passe les siècles, car il traite du bien et du mal, du
racisme, de l'acceptation de "l'autre". Il reste actuel par
son côté humain, mais aussi par ce qu'il devine des progrès
et dérives de la science.
Côté humain, le personnage du "monstre" m'a touchée
par sa solitude et le rejet de son géniteur ; l'autre question
est celle du "trans-humanisme", qui inquiète les penseurs
et les scientifiques. Les robots intelligents vont-ils réduire
l'homme en esclavage ? Aurons-nous des hommes "augmentés"
? N'oublions pas que la fécondité baisse de manière
inquiétante, verrons-nous la disparition de l'homme au profit d'humanoïdes ?
Pour
les questions que ce texte soulève, j'ouvre aux ¾.
Je regrette de ne pas participer à la réunion car les commentaires
annexes seront intéressants.
Je sais ce que tu vas dire, Claire : "Le texte, le texte". Moi,
ce sont souvent les ouvertures qui m'importent.
Claire (joignant des reproductions)
Mais je vois que tu évoques l'écriture
Le voyageur au-dessus de
la mer de nuage, Caspar David Friedrich, 1818
74.8 x 94.8 cm, Hambourg Kunsthalle
La mer de glace, Caspar David Friedrich, 1823-24
74.8 x 94.8 cm, Hambourg Kunsthalle
La source de l'Arveyron sous le Glacier des Bois et la Mer de Glace,
William Turner, 1802, 47.5 x 31.5 cm, Londres,
Tate Britain
Renée
Oui c'est tout à fait ce genre de tableau que j'avais en tête.
Rozenn(avis
transmis)
J'ai lu le livre et vu à
la suite les
deux films signalés (documentaire ici
et film de 1931 ici).
Merci Claire, il suffit de cliquer sur ici. Facile !
Mêmes impressions de lecture que quand j'étais jeune.
Je marche
J'adore.
Les poursuites.
Le romantisme.
L'héroïne éthérée.
Le jeune savant assez niais.
J'aime même les longueurs.
Sauf les lettres du début.
J'aime les emboîtements de récits.
Que ce monstre est touchant, attendrissant.
Le documentaire est passionnant
Le film horriblement schématique.
J'ouvre en grand.
Un vrai plaisir de lecture ado !
Jacqueline(en
direct comme les suivants)
Je n'ai pas fini. Il me reste 4 chapitres. Je suis en Écosse. Le
monstre est parti furieux
J'ai beaucoup de mal : j'ai l'impression qu'il n'y a aucune sensation
; certes les personnages nous décrivent longuement leurs émotions
dans une langue châtiée, mais me laissent complètement
froide. Je ne peux même pas sourire des horreurs dont il est question
Il y a de beaux paysages évoqués de l'extérieur et
une belle langue, de cette époque-là
On part comme Robinson Crusoé. Puis les recherches du savant sont
un peu longues et un peu difficiles à se représenter, sauf
qu'il s'acharne ! Une légère note d'humour dans la manière
dont ses profs perçoivent ses lectures antérieures ésotériques
J'attendais beaucoup de l'arrivée du monstre. Mais il parle comme
son créateur, la même belle langue qu'il a pu acquérir
seul contre toute vraisemblance. Heureusement que la lecture de Milton,
Plutarque et Goethe lui ont forgé une âme humaine !
Mais dans tout cela, je ne me suis pas sentie engagée
J'ouvre un petit ¼ quand même.
Au cinéma, c'est très intéressant.
Mais je n'arrive pas à admirer cette jeune fille auteure. Certes,
elle est nourrie de lecture, mais je trouve ça très fabriqué.
Quelque chose ne passe pas pour moi.
Catherine
J'enchaîne dans le négatif. J'ai moi aussi lu jusqu'à
l'Écosse, puis j'ai survolé ensuite, jusqu'à la fin
quand même. Globalement, j'ai trouvé cela très ennuyeux.
J'ai trouvé Victor Frankenstein insupportable quasiment du début
jusqu'à la fin, égocentrique, geignard. Au début,
tout le monde s'aime et est heureux ; les sentiments familiaux sont très
conventionnels, bon...
Je me suis un peu réveillée avec la période universitaire,
l'enthousiasme pour la science. J'ai d'ailleurs été surprise
que la chimie soit assimilée à une philosophie naturelle :
il n'y avait pas cette compartimentation des savoirs d'aujourd'hui. Le
chapitre 4 avec la création du monstre se laisse lire, la réalisation
est assez gore, il fouille les tombes, assemble des morceaux de cadavres,
pour une jeune fille de 22 ans il y a de l'originalité. On ne sait
pas très bien comment Frankenstein transmet l'étincelle
de vie, en utilisant l'électricité semble-t-il, mais ce
fantasme de jouer au créateur a toujours fasciné les hommes ;
ils n'ont d'ailleurs pas abandonné le sujet. Et Frankenstein (le
monstre étant ensuite le plus souvent appelé du nom de son
créateur) a traversé les siècles ; l'idée
était donc bonne. Il y a aussi évidemment le thème
de l'homme qui joue avec le feu, qui se laisse dépasser par la
science et ce qu'il crée. Toute cette partie-là m'a plu
malgré tout.
Mais ensuite, et très vite, ça dérape complètement
: Victor est terrifié de ce qu'il a fait, tombe malade (ça
ne sera pas la dernière fois), se lamente pendant un bon tiers
du bouquin. Très héros romantique, beaucoup trop pour moi.
Le monstre est un peu plus intéressant : il est monstrueux mais
bon et le rejet des hommes, du fait de son aspect, va le rendre cruel
et assoiffé de vengeance. Passons ensuite sur toutes les invraisemblances
(de toute façon sa création est invraisemblable) : en épiant
une famille à travers le mur d'une chaumière, il va maîtriser
le langage, la lecture, l'histoire, la géographie, il parcourt
le globe dans tous les sens, on se demande comment... J'ai assez aimé
l'idée qu'il demande une compagne, Adam veut son Eve, après
tout il a raison, le pauvre, personne ne l'aime.
Assez vite, le monstre aussi m'a fatiguée ; on comprend bien évidemment
qu'il va se venger et tuer tout le monde autour de Victor, mais la réalisation
est longue et tout à la fin, on apprend qu'en fait, il était
bourrelé de remord lorsqu'il tuait la famille de Victor. C'est
quand même très artificiel.
Il reste la nature : elle est belle, c'est vrai, et les descriptions de
paysages aussi - mais il y en a vraiment beaucoup (trop)... Les personnages
s'extasient en permanence sur la nature, les oiseaux qui font cui-cui...
Au final, je n'ai donc pas vraiment aimé ce livre, mais je ne l'aurais
jamais lu sans le groupe : donc je suis assez contente de l'avoir lu malgré
tout (d'ailleurs, si on le prend au 2e ou 3e degré, ça peut
être drôle). J'ouvre au ¼ max !
Monique
L
Ce livre est différent de l'idée que je m'en faisais au
départ. Il m'a surprise au regard des films et du mythe populaire.
La composition du récit en trois récits qui s'imbriquent
est assez efficace pour distiller petit à petit l'histoire des
personnages. Pas de manichéisme dans ce récit qui fait appel
à la psychologie, à la philosophie et pose des questions
sur la nature humaine, sur la haine, la vengeance, la solitude.
Victor Frankenstein n'est pas le savant fou que j'attendais, mais un personnage
abattu qui refuse de prendre ses responsabilités et qui n'arrête
pas de se plaindre. Face à ce qu'il a fait, il a des regrets mais
pas de remords. J'ai trouvé très long son récit au
capitaine du bateau qui l'a recueilli.
J'ai ressenti de la compassion pour la Créature et son désarroi
face à un monde qui l'exclut et le rejette. Tous ne voient que
son apparence physique repoussante.
Son apprentissage est invraisemblable (il devait entre autres avoir une
vue perçante pour apprendre à lire à travers la fente
dans la paroi...), mais au final on ne peut que noter son intelligence,
sa finesse d'esprit et sa sensibilité. Contrairement au personnage
dans les films qui balbutie quelques mots, c'est un être tout à
fait civilisé et même cultivé. Il est doté
de paroles et de sentiments, il comprend la valeur du bien et du mal,
de la vertu et du vice. S'il est un monstre, au sens moral du terme, il
ne l'est pas par nature mais par la faute des hommes. Condamné
à un exil forcé, voué à une solitude éternelle,
son âme s'est remplie de haine.
Le thème principal du roman est une mise en garde contre l'engouement
provoqué par les avancées scientifiques et les expérimentations
contre nature. Mary Shelley interroge les enjeux éthiques que posent
les avancées scientifiques.
Ce roman nous pousse à définir ce qui fait notre humanité :
notre pensée, nos émotions et sentiments, notre capacité
à développer des relations sociales ?
Par moment j'ai trouvé ce récit un peu long avec des redites
et des descriptions extrêmement longues et pas forcément
nécessaires. Le style m'a paru suranné. Il y a néanmoins
de très belles descriptions de paysages.
Ce livre est malgré tout intéressant par le fait que cela
soit une jeune fille qui l'ait imaginé et écrit au début
du 19e siècle. Il est gothique au sens où il mêle
le sentimental et le macabre mais c'est de la science-fiction.
De toute évidence le cinéma a très mal retranscrit
cette histoire qui n'a relativement rien à voir, en-dehors de la
création de l'être vivant.
Difficile de "noter" cette uvre aujourd'hui. J'ouvre à
moitié.
Annick A
Je ne peux pas dire que j'ai aimé.
Je ne suis pas emballée, mais c'est intéressant, par rapport
au questionnement éthique - et j'ai pensé à l'IA.
L'histoire elle-même ne m'a pas intéressée. J'ai posé
le livre, l'ai repris, oubliant ce que j'avais lu avant, l'ai reposé.
J'étais en plus en train de lire Sebald
en même temps...
Comment la société réagit par rapport à l'étranger,
voilà un thème qui m'a beaucoup intéressée
et plu.
L'écriture ne m'a pas passionnée ; c'est une belle écriture.
J'ouvre ¼ car les questions posées sont intéressantes.
Mais l'histoire, j'ai eu du mal à la suivre.
J'ajoute que le monstre m'a touchée. J'ai beaucoup aimé,
il est très attachant.
Fanny
J'avais déjà lu ce livre, mais ne me souvenais pas de tout.
Je l'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir.
On peut ne pas aller au-delà de l'apparence : j'ai vu pour ma part
une double face, qui va au-delà du monstre.
Bon, oui, le style est emphatique à certains moments : mais ça
va avec l'aspect exalté des personnages.
J'ai lu le livre à un premier niveau de base : le monstre qui échappe
à son créateur, qui court
j'ai marché. Oui,
on devine qu'il va tuer tout le monde, mais j'ai été prise
par l'intrigue.
A un deuxième niveau, sans s'arrêter au fait que peut apparaitre
peu crédible qu'il apprenne à lire si vite - comme n'est
pas crédible non plus qu'il monte les montagnes à cette
vitesse - c'est l'aspect psychologique qui m'a plu : pour moi le
montre est le double de Frankenstein, sa part d'ombre ; Frankenstein ne
tue pas, mais son double oui. Il aime tout le monde, son père,
Elizabeth qui lui est promise, mais on aime et parfois on a envie de tuer,
et sur ce plan-là c'est réussi. Tous les deux meurent ;
le monstre aura moins de souffrance en mourant.
J'ai trouvé ce livre complètement d'actualité.
J'ouvre en entier.
Danièle
Les préliminaires m'ont paru longs et ennuyeux, même s'ils
constituent une étape importante dans le roman, en préfigurant
sa construction particulière de narrations enchâssées
les unes dans les autres. L'idée peut paraître géniale
et audacieuse, mais l'annonce d'événements prodigieux qui
restent encore dans le vague ne provoque aucune sensation sur moi.
Le suspense et le malaise commencent à partir du moment où
il donne vie à un monstre, et où cette créature se
met à avoir une vie en dehors de lui. L'analyse des sentiments
aussi bien de Frankenstein que de sa créature prend de plus en
plus de place. Une étude sociologique se met en place, sur le thème
de la nature de l'homme. Est-ce la société qui rend l'homme
mauvais ? Faut-il se conformer à un idéal de beauté
pour être intégré ? Ou bien tout simplement l'auteure
veut-elle réveiller des peurs ancestrales ? Veut-elle nous faire
peur, en montrant combien nous sommes finalement proches de ce monstre
?
Mais cette histoire ne me touche qu'à moitié à cause
des invraisemblances, surtout celles que le narrateur juge nécessaire
de justifier (comment le monstre apprend la langue, comment il reste si
longtemps caché, comment il arrive à se débrouiller
).
Dans le film, le monstre ne peut pas parler et donc pas
communiquer et il a le regard vide. Cela suffit pour être très
impressionnant.
En revanche, dans le livre, le monstre est touchant, justement parce qu'il
peut parler et exprimer son désir premier de rechercher le contact
avec les êtres humains.
C'est un tout autre point de vue.
Par ailleurs, je ne suis pas trop d'accord avec ce que j'ai entendu à
propos du fait que Frankenstein se prend pour Dieu. Pour moi, il agit
en homme de science ; il cherche "le principe de la vie" et
ne doute pas qu'il trouvera. C'est typique de l'optimisme du 19e siècle.
Et dans ce sens, le livre est l'ancêtre de la science-fiction, avec
ce que ça peut permettre de progrès dans la science, qui
sait ?
Par ailleurs, - c'est dû sûrement à ma part de romantisme
- j'ai aimé la nature omniprésente, qui accompagne les états
d'âme de Frankenstein, soit belle et immense et l'homme tout petit
dans cette nature, soit sauvage avec les orages qui correspondent aux
tourments de l'âme. J'ai pensé aux tableaux de Caspar David
Friedrich qui ne représentent pas la nature telle qu'elle est,
mais comme elle est ressentie, imaginée, reçue, vécue
par les Romantiques. Je n'ai pas pensé à Turner
Je retiendrai surtout que ce livre marque les débuts de la science-fiction,
et ça, c'est extraordinaire ! Mais je reste sur ma faim quant à
la forme, un peu surannée, et aux oscillations entre la fiction
et le besoin de se raccrocher à la réalité qui empêche
de se laisser emporter. J'ouvre à moitié.
Claire
Voilà un livre qui m'a tout de suite rappelé la rubrique
soixante-huitarde faite pour moi : "Je l'ai pas lu, je l'ai
pas vu, mais j'en ai entendu causer" ; je ne connaissais que le titre,
n'avais vu aucun film : je n'étais donc qu'interrogation...
J'ai lu tout le livre avec étonnement. Étonnement d'être
intéressée tout le temps. Tendue. Mais pourquoi donc ? Ce
qui ailleurs ne me semble souvent qu'un artifice, le récit dans
le récit, a fonctionné à plein. J'ai adoré
les enchâssements : les lettres de Walton à sa sur,
dont la dernière se transforme en journal, puisqu'il n'y a plus
possibilité de les transmettre : lettres (I-IV puis le chapitre
XXIV) qui incluent le récit de Victor
à Walton (chapitre I à XXIV) qui inclut
le récit de la créature à Frankenstein (chapitres
XI-XVI), et tout ça inclut des histoires
à la 3e personne (de Caroline la mère de Victor, d'Elizabeth,
de la famille De Lacey, de Safie), à la 1ère personne (l'histoire
de Justine, racontée dans une lettre d'Elizabeth à Victor,
et une lettre du père de Victor, lui racontant la mort de William).
Dans l'art du récit et du suspense, j'ajouterais les flashforwards
du genre "je n'avais
pas idée du centième de l'angoisse que j'étais destiné
à éprouver" ou "Ce
furent les derniers instants de ma vie où je goûtai au bonheur".
Autre raison de mon intérêt soutenu, tendu même : le
mélange entre folie et raisonnement, fantastique et rationalité,
arguties même. La quête du savoir fait partie des passions
qui peuvent être nuisibles, savoir qui "s'accroche
à l'esprit, dès lors qu'il s'en est saisi, comme le lichen
sur la roche".
J'aime quand Mary Shelley émet des jugements politiques ("Les
institutions républicaines de notre pays ont produit des murs
plus simples et plus heureuses que ce n'est le cas dans les grandes monarchies
qui l'entourent. Ainsi y a-t-il moins de distinctions entre les différentes
classes ; et chez les gens de basse extraction, qui ne sont ni aussi pauvres
ni aussi méprisés, les murs sont plus raffinées
et plus morales. Êtres domestique à Genève ne signifie
pas la même chose qu'être domestique en France ou en Angleterre")
ou quand, au passage, elle dénonce une des conséquences
de la colonisation (si, si et si... "la
Grèce n'eût pas été asservie, César
eût épargné son pays, on eût découvert
l'Amérique plus graduellement, et les empires du Pérou et
du Mexique n'eussent point été détruits")
ou quand le féminisme (Mary Shelley avait pour mère une
philosophe féministe, Mary
Wollstonecraft) s'exprime, incarné par la mère de Safie,
Arabe chrétienne, ex-esclave qui instruisit sa fille, "lui
apprit à nourrir de hautes ambitions intellectuelles ainsi qu'à
aspirer à une indépendance d'esprit interdite aux sectatrices
de Mahomet."
J'ai aimé les questions, voire les dilemmes moraux. J'avais sans
succès proposé au groupe L'influence
de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine : et autres
questions de philosophie morale expérimentale de Ruwen
Ogien. Comme l'ont relevé plusieurs, pourquoi en vouloir au monstre
: "Si je suis méchant,
c'est que je suis malheureux." Et s'il est malheureux,
c'est qu'il est rejeté..., cqfd.
Et puis on voyage ! Sans arrêt : j'ai aimé les nombreux déplacements,
on traverse le globe, et on va même à Chamonix...
J'ai des réserves :
- des invraisemblances : oui il faut gober la manière d'apprendre
à lire en cinq sec : faut le faire, même surdoué...
- comme par hasard, une valise est abandonnée avec trois livres
de fond
- j'ai lu en
poche mais dans la traduction de la Pléiade
d'Alain Morvan qui a quand même usé de subjonctifs à
l'oral : "je ne savais
point s'il convenait que je tentasse de créer un être tel
que moi" ou "Si
loin que remontassent mes souvenirs, j'avais eu la même taille et
les mêmes proportions" ; oui, le langage parlé
est parfois trop châtié : il faut réussir à
caser dans le métro et même au groupe lecture : "En
eussé-je parlé que - j'en était convaincu - l'on
m'eût cru fou." Quant à la remarque
de notre monstre reclus dans un trou, on pense qu'il au moins son bac
pour dire : "j'y vis
alors une retraite aussi exquise et divine que le Pandémonium parut
aux démons de l'Enfer après leurs souffrances dans le lac
de feu."
Mais mes réserves ne m'empêchent pas d'ouvrir en entier ;
quand on aime, on aime les défauts...
J'ai après ça lu et écoutant plein de trucs, découvrant
le parcours étonnant de l'auteure (une anecdote : un spécialiste,
consultant ses archives de lecture a noté qu'en une année
elle a lu 122 livres - pas mal comme recrue pour le groupe lecture) ;
j'ai lu une BD très réussie,
Mary auteur de Frankenstein, j'ai lu son Journal
d'affliction, bon... je l'adore presque. J'ai beaucoup
apprécié la préface,
fort drôle et guère conventionnelle, de la dernière
traduction de 2022 de Frankenstein par l'une des reines de la science-fiction
canadienne Elisabeth Vonarburg, j'ai feuilleté
le Dictionnaire
Frankenstein, j'ai lu un mémoire d'Étude
comparée des traductions de Frankenstein, bref,
je n'étais pas lassée du tout...
Jérémy
J'en suis au moment où Frankenstein vient de découvrir
la mort de son ami Clerval.
Je n'avais pas lu ce livre. J'en avais une vague idée, via des
dessins animés. Je n'avais vu aucun film non plus. Et le fantastique,
ce n'est pas mon truc.
C'est court, mais c'est long !
C'était une vraie gageure de tenir sur la durée, et assez
vite, j'ai lu en diagonale. Ce qui n'est pas mon genre, car par respect
pour l'auteur, je lis tout. Mais là, c'était trop douloureux
J'adore pourtant la montagne. Mais là, on a droit aux saisons qui
passent.
Bon, c'est très bien d'avoir écrit ça alors de la
part d'une jeune fille de 18 ans ; aujourd'hui, c'est un peu juste
Il y a trop d'invraisemblances. Sans parler du fait que c'est aussi cucul
la praline : l'orpheline qu'on recueille, et qu'est-ce qu'on s'aime tous
!... Et le monstre méchant qui a de l'amour à revendre,
fffftttt : non, non !
Et c'est aussi cousu de fil blanc. On aurait pu l'écrire avant
de le lire !
Et la valise, avec les trois livres, c'est pas possible !
Je vais quand même le finir. Ç'aurait pu faire une bonne
nouvelle. Là où j'en suis, je le ferme.
DES
INFOS AUTOUR DU LIVRE |
REPÈRES BIOGRAPHIQUES |
- Pour les lecteurs sérieux qui ont du temps :
Wikipédia
détaille sa biographie, ses uvres (romans, nouvelles, récits
de voyage, histoire pour enfants, poèmes), ses caractéristiques
littéraires, son style, sa postérité.
- Arte, dans sa série Tout est vrai (ou presque), nous permet,
en 2 min 20 et en souriant, de faire le point : Mary
Shelley, par Nicolas Rendu, 2020 (ou sur
Youtube).
VERSIONS ORIGINALES DU ROMAN |
Il existe trois versions du Frankenstein de Mary
Shelley :
- celle de 1818, anonyme et tirée à 500 exemplaires, mais
qui suffit à faire sa renommée
- celle de 1823, sous le nom de Mary Shelley, amendée de corrections
typographiques et stylistiques
- celle de 1831, profondément remaniée par Mary Shelley
elle-même, et devenue la version la plus connue du roman. L'auteure
n'a plus 18 ans, elle est une femme reconnue, mûrie par de nombreux
drames, qui gomme les aspects les plus "scandaleux".
TRADUCTIONS ET ÉDITIONS |
Les traductions
de
Frankenstein
sont fort nombreuses. On peut en dénombrer une
quinzaine (voir ici la liste exhaustive
rassemblée pour les curieux). La dernière date de moins
d'un an, avec une préface qui
vaut la visite. Et la plus ancienne (en ligne ici)
a encore cours dans les rééditions récentes.
Voici les éditions actuellement
disponibles, présentées de la traduction la
plus ancienne à la plus récente :
- Frankenstein
ou le Prométhée moderne, trad. de Jules Saladin
(1821), Hugo poche classique, 2023 :
- Frankenstein
ou le Prométhée moderne, trad.
Germain d' Hangest (1922), GF, 2023 :
- Frankenstein,
trad. Eugène Rocartel et Georges Cuvelier (1945), Pocket classique,
2018 :
- Frankenstein,
trad. Joe Ceurvorst (1964), Le Livre de poche, 2009 :
LA TRADUCTION D'ALAIN MORVAN DE 2014 pour La Pléiade
est déclinée dans plusieurs éditions :
- Frankenstein
et autres romans gothiques, La Pléiade, 2014, repris dans
un Coffret Pléiade : Frankenstein
et Dracula, 2 volumes, 2021 :
- Frankenstein
ou le Prométhée moderne, Folio SF, 2015 et Frankenstein
ou Le Prométhée moderne, Folio SF, 2019 :
- Frankenstein, ill. Nino Carbé, Le Monde, collection
Les Maîtres du fantastique,
2021 :
LES DEUX TRADUCTIONS LES PLUS RÉCENTES :
- Frankenstein
ou le Prométhée moderne, trad. Maxime Le Dain (2021),
ill. Armel Gaulme, Bragelonne, 2021 :
- Frankenstein
ou le Prométhée moderne, trad. Elisabeth Vonarburg,
Hachette Heroes, coll. Le Rayon imaginaire, 2022 :
avec
une préface tordante ici
Le site Noosphère présente les innombrables traductions et éditions depuis la première de Jules Saladin ici
Collections
jeunesse
- Frankenstein,
traduction et adaptation de Michel Honaker (2013), Flammarion jeunesse,
2013 :
- Frankenstein,
trad. Hannah Betjeman (1947), Folio Junior Textes classiques, 2018 :
- Frankenstein, traduction nouvelle abrégée par Malika Ferdjoukh (2014), L'école des loisirs Classiques abrégés, 2018.
Une étude
Ne prenant pas en compte les traductions pour la
jeunesse ou les plus récentes du fait de la date de réalisation,
le mémoire de master de Lucie Le Roux est fort intéressant
: Étude
comparée des traductions françaises de Frankenstein,
Université de Grenoble, Laboratoire ILCEA4 (Institut des Langues
et Cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie), année
2018-2019.
AUTRES LIVRES DE MARY SHELLEY TRADUITS |
- Mathilda,
trad. Marie-Françoise Desmeuzes, éd. des Femmes, 1984
- Le
dernier homme (1826), trad. Paul Couturiau, Monaco, éd.
du Rocher, 1988 ; rééd. Folio, 1998
- L'Endeuillée
et autres récits, trad. Liliane Abensour, Corti, 1993,
nouvelles (L'Endeuilée, L'Immortel mortel, Le Rêve, Transformation)
- Valperga
(1823), trad. Nicole Berry, éd. L'Age d'homme, 1997
- La jeune fille
invisible, trad. Nicole Berry, Petite Bibliothèque Ombres,
1998, nouvelles (La jeune fille invisible, Une histoire de passions ou
La mort de Despina, Ferdinando Eboli, Euphrasia)
- Maurice
ou Le cabanon du pêcheur, trad. Anna Bellucci, Gallimard,
2001.
Écrits avec Percy Shelley :
- Frankenstein
sur la Mer de Glace, Chamonix, éd. Guérin, 2007
- Histoire
dun voyage de six semaines, trad. Anne Rouhette, Presses
universitaires de Provence, 2015
Journal de 1822 à 1844 :
- Que
les étoiles contemplent mes larmes : journal d'affliction,
trad. Constance Lacroix, éd. Finitude, 2017.
ÉMISSIONS |
Les émissions sont vraiment innombrables.
Avec un temps fort en 2018 où l'on fêtait les 200 ans de
Frankenstein...
Des invités spécialistes reviennent : tout particulièrement
Alain
Morvan qui a édité
la Pléiade et traduit Frankenstein, Jean-Jacques Lecercle,
auteur de Frankenstein,
mythe et philosophie, et aussi François Rivière
spécialiste des "mauvais genres", Cathy Bernheim auteure
de biographies.
Au passage, sont référencés avec des liens des livres
sur Frankenstein et Mary Shelley.
Toutes les émissions, de la plus récente à la plus
ancienne, sont sur France Culture,
sauf quand c'est mentionné (France Inter, France 5).
- "Frankenstein
de Mary Shelley", série Petite histoire d'un grand
livre de Julien Bisson, France Inter, 29 juillet 2023, 3 min.
- "Labos
et la bête : Mary Shelley", Mauvais genres de François
Angelier, 14 mai 2016, 1h 59, avec François Rouiller, romancier.
L'émission Mauvais genres fête les 200 ans de Frankenstein.
- "Mary
Shelley & Frankenstein : un amour monstre", Blockbusters
de Frédérick Sigrist, France Inter, 18 juillet 2023, 54
min/
Avec Julien Marsay, auteur de La Revanche des autrices, Judith Beauvallet, journaliste pour Ecran Large et créatrice de la chaîne YouTube Demoiselles dhorreur, sur laquelle elle analyse les personnages féminins dans les films dhorreur, Cathy Bernheim, pionnière du MLF, écrivaine, autrice de Marie Shelley, au-delà de Frankenstein, éd. du Félin, 2018.
- "L'économie selon Mary Shelley", L'économie selon... de Tiphaine de Rocquigny, avec Alain Morvan, professeur des universités, spécialiste du 18e siècle et de la littérature gothique, et Hélène Frappat, romancière et essayiste, 3 novembre 2023, 58 min.
Interrogeant le mythe du progrès à travers les dérives du monstre créé par le Dr Victor Frankenstein, elle propose une réflexion connexe sur les leurres de la raison humaine, le progrès insatiable ou encore lhubris productive dun créateur - autant de thèmes qui ont des résonances contemporaines.
Maîtresse de lart de la science-fiction, elle est aussi la mère du roman danticipation. Cest avec Le dernier homme (1826), quelle met également au cur de son récit les thématiques économiques : roman post-apocalyptique dans un monde ravagé par une pandémie, il interroge linterdépendance économique, lavidité mondialisée et le nécessaire respect de la nature et de ses lois. Au-delà de laspect thématique de ses romans, léconomie est enfin présente dans le parcours de Mary Shelley : héritière de lintérêt que portent ses parents à la discipline, elle sintéresse tout aussi personnellement à la place des femmes dans la société (et dans la famille) et devient, à la mort de son mari, une écrivaine en propre, qui gagne sa vie par sa plume.
- "Frankenstein de Mary Shelley : pourquoi la science peut-elle créer des monstres ?", Sans oser le demander de Géraldine Mosna-Savoye, avec Sylvie Denis, romancière, essayiste, traductrice dauteurs de SF et de fantasy, 31 octobre 2022, 58 min.
- "Mary Shelley, une artiste déclassée", La Compagnie des uvres de Matthieu Garrigou-Lagrange, 1er octobre 2020, 58 min, avec Olivier Larizza :
Mary Shelley illustre de façon emblématique le déclassement de nombreuses femmes au second rang de notre histoire littéraire. Olivier Larizza raconte comment Mary est restée longtemps dans l'ombre de son mari, le grand poète anglais Percy Bysshe Shelley, malgré un talent certain pour le roman, comme en témoigne Frankenstein ou le Prométhée moderne. Si ce texte est passé à la postérité, c'est moins le cas de la créatrice. Mary Shelley, piégée dans l'ombre de son mari, se trouverait-elle également piégée dans l'ombre de sa créature ?... (Olivier Larizza est auteur de "Mary Shelley dans la main de son mari ? Lombre de Percy Shelley sur Frankenstein" et "Mary Shelley et ses doubles. Le personnage autoréflexif dans Frankenstein").
- "Mary
Shelley/Frankenstein", La P'tite librairie de François
Busnel, France 5, 7 juillet 2020, 1 min 56.
- "En
quoi Frankenstein est-il un personnage de science-fiction ?",
Affaire en cours de Marie Sorbier, 29 octobre 2021, 6 min,
avec Johan Heliot, auteur de Frankenstein
1918, éd. L'Atalante, Prix
ActuSf de l'Uchronie, 2019 :
Victor Frankenstein est l'archétype du héros de science-fiction. Il utilise la science pour ses expériences, une science pointue pour l'époque de l'écriture du roman : l''écrivaine évoque le galvanisme, l'usage de l'électricité en médecine qui est, selon Johan Heliot, de la "hard science". Dans la littérature, le roman de Mary Shelley est à la croisée de nombreux genres : cest à la fois un roman gothique pour lépoque et la mort du romantisme. La créature de Frankenstein, figure monstrueuse, est larchétype du personnage romantique. Mais ce roman est aussi à la croisée du fantastique, pour son ambiance, et de la science-fiction.
- "Mary Shelley au-delà de Frankenstein", La Grande Table d'été de Romain de Becdelièvre, 14 août 2018, 1ère partie 30 min, avec Gilles Menegaldo, professeur de littérature anglo-saxonne et de cinéma et Alain Morvan, spécialiste du 18e siècle et de la littérature gothique, auteur de Mary Shelley et Frankenstein : itinéraires romanesques, PUF, 2005.
- "Frankenstein et le monstre infini", Concordance des temps de Jean-Noël Jeanneney, 7 avril 2018, 59 min, avec Claude Aziza, maître de conférences, auteur d'un Dictionnaire Frankenstein, Omnibus, 2018.
- "Frankenstein : les 200 ans du premier monstre", La Méthode scientifique de Nicolas Martin, 2 mars 2018, 58 min, avec Catherine Lanone, professeur de littérature britannique, Simon Riaux Journaliste cinéma et scénariste, auteur de Alien, la xénographie, Jean-Claude Heudin, chercheur en intelligence artificielle et auteur de Intelligence artificielle, manuel de survie, éd. Science E book, 2017.
Comment Frankenstein ou le Prométhée moderne a-t-il fait naître la SF moderne ? Quels savants de lépoque ont influencé Mary Shelley dans lécriture de son uvre et pourquoi ? Doù vient lappellation de Frankenstein ? Quelle fut la genèse de lhistoire ?
- "Quand Mary Shelley créa Frankenstein", Autant en emporte lhistoire de Stéphanie Duncan, 7 janvier 2018, 55 min.
Avec une fiction de Patric Nottret relate la genèse du roman et les commentaires d'Alain Morvan, professeur des universités, auteur de Mary Shelley et Frankenstein : itinéraires romanesques, PUF, 2005 et de l'édition de la Pléiade de Frankenstein.
- "Frankenstein : un mythe littéraire pour repenser le transhumanisme ?", Collège des Bernardins, 15 décembre 2016, 54 min, avec Jean Duchesne, fondateur de la revue internationale Communio, Nathanaël Jarrassé, chercheur à lInstitut des systèmes intelligents et de robotique (Isir) de lUPMC, Monette Vacquin, psychanalyste et auteure de Frankenstein aujourdhui : égarements de la science moderne, Belin, 2016.
- Série "Frankenstein ! Bienvenue dans le monde des créatures artificielles", de François Angelier, 8 et 9 août 2016 :
Épisode 1/5 - "Frankenstein : genèse d'un monstre", Alain Morvan et Jean-Pierre Naugrette, professeurs des universités, Jean-Jacques Lecercle, Hélène Frappat, romancière et essayiste
Épisode 2/5 - "Frankenstein s'est échappé" : Frankenstein est rapidement adapté au théâtre en Angleterre et en France, un prélude à sa gloire future. Avec Fausto Fasulo Fondateur de la revue ATOM et co-directeur artistique du Festival dAngoulême, Marion Mousse, dessinatrice et scénariste de BD, auteure d'une adaptation, Frankenstein, Alexandre Poncet journaliste, Laurent Duroche, compositeur et réalisateur.
- "Mary Shelley (1797-1851)", Une vie, une uvre de Françoise Estèbe, 58 min, 30 juillet 1998, rediffusée le 16 août 2015 :
Avec Liliane Abensour, traductrice de L'Endeuillée (José Corti), Cathy Bernheim, auteur de la biographie de Mary Shelley La jeune fille et le monstre, Nicole Berry, psychanalyste, traductrice de Valperga de Mary Shelley, auteure de Mary Shelley, du monstre au sublime (L'Age d'homme), Gilles Menegaldo, auteur de Frankenstein (Autrement), Jean de Palacio, auteur de Mary Shelley dans son oeuvre (Klincksieck), François Rivière, auteur de Blasphème (éd. du Masque), Pierre Thuillier, philosophe et historien des sciences.
- "Frankenstein, le chef-d'uvre de Mary Shelley", Ça peut pas faire de mal par Guillaume Gallienne, France Inter, 31 janvier 2015, 50 min.
- "Frankenstein de Marie Shelley", L'heure des rêveurs de Zoé Varier, France Inter, 21 mars 2014, 52 min, avec Jean-Jacques Lecercle, professeur des universités en linguistique et littérature anglaises, auteur de Frankenstein, mythe et philosophie, PUF, 1988 :
Frankenstein ne désigne pas le monstre mais son créateur. Le monstre, lui, ne reçoit jamais de nom. Il ne ressemble pas du tout à la brute muette et couturée que vous avez en tête. Cest un monstre gentil, affectueux, cest un monstre bon, doué de raison, qui sexprime parfaitement. Dans le roman, pas de grognement, pas de hurlement, cest une créature intelligente, cultivée, qui lit des chefs-duvre de la littérature. Cest un être attachant et touchant, qui pleure de désespoir quand il comprend que les hommes se détournent de lui et le rejettent. Le monstre de Frankenstein ne rêve que dune chose : avoir une fiancée pour fonder une famille et ne plus être seul au monde. Cest un monstre bon par nature mais cest la société des hommes qui le rend mauvais en lexcluant.
ADAPTATIONS |
Pièces de théâtre, chansons, objets divers dérivés et variés, se réfèrent à Frankenstein. On s'en tiendra ici à quelques exemples.
À l'écran
Plus de cent films s'inspirent de manière
plus ou moins directe du roman de Mary Shelley. Voici un choix :
Des fictions dramatiques ou parodiques
- 1931 : Frankenstein
de James Whale, avec Boris Karloff : bande annonce ici.
Extraits de 11 min ici.
En ligne intégralement, avec des images magnifiques ici
(1h 11)
- 1935 : La
fiancée de Frankenstein de James Whale, bande annonce › ici
- 1939 : Le
Fils de Frankenstein de Rowland V. Lee avec Boris Karloff, bande
annonce ici
- 1973 : Frankenstein
la véritable histoire de Jack Smight, mini-série,
bande annonce ici
- 1974 : Frankenstein
Junior de Mel Brooks, avec Gene Wilder, bande annonce ici
- 1994 : Frankenstein
de Kenneth Branagh, avec Robert De Niro et Kenneth Branagh, producteur
: Francis Ford Coppola, bande annonce ici
Un biopic
- 2017 : Mary
Shelley de Haifaa al-Mansour, bande annonce ici
Un documentaire
- 2018 : Le
funeste destin du docteur Frankenstein de Jean Froment et Jérôme
Perrault, bande annonce ici.
En ligne ici
(52 min).
(Le 5 décembre, nous
avons regardé cet excellent
documentaire, qui montre comment Mary Shelley est arrivée à
imaginer un conte d'une modernité déroutante alors même
qu'il date d'il y a deux siècles. À travers des images de
films comme le célèbre Frankenstein
(1931), de James Whale avec Boris Karloff dans le rôle du monstre,
le documentaire donne la parole à des spécialistes britanniques
de cette uvre, mais aussi à des Français : l'écrivain
Jean-Claude Carrière et le chirurgien Laurent Lantieri, spécialiste
de la greffe. Ils expliquent en quoi le roman a anticipé des avancées
de la médecine.
Nous
avons visionné des bouts du biopic de 2017, Mary
Shelley de Haifaa al-Mansour, consacré
à ses années de prime jeunesse et qui s'arrête alors
qu'elle écrit Frankenstein : on note l'ambiance décadente
en compagnie de Byron - joli château...)
BD
et manga
Quelques exemples récents :
- Frankenstein,
Marion Mousse, Delcourt, 2018
- Frankenstein,
Georges Bess, Glénat, 2021
- Frankenstein,
Liu Linus, éd. Nobi nobi, Les Classiques en Manga, 2023 :
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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