Tout
savoir sur Natalie Clifford Barney |
- Wikipédia rend compte du parcours de Natalie
Clifford Barney, née en 1876 aux Etats-Unis, décédée
en 1972 à l'Hôtel Meurice à Paris...
Notons qu'elle fit un passage formateur de 18 mois en 1887-1888 au pensionnat
Les Ruches fondée par Marie Souvestre que Lirelles
découvrit en lisant l'histoire du roman Olivia
de Dorothy Bussy...
- Une interview filmée d'une dizaine de minutes la montre chez
elle, dans son hôtel particulier et son merveilleux jardin au
20 rue Jacob : en anglais sur YouTube
- Sur le site consacré à la rue Visconti, une page détaillée
concerne son hôtel particulier, et en particulier le Temple de
L'Amitié qui se trouve dans le jardin : Le
Temple de l'Amitié. Elle y vivra de 1908 à 1970.
- Natalie Clifford Barney est enterrée au cimetière de
Passy, place du Trocadéro, avec sa sur Laura, non loin
de la chapelle de Renée Vivien, une ex...
Visite ici.
Sur sa tombe est écrit :
NATALIE CLIFFORD BARNEY
ÉCRIVAIN
(1876-1972)
ELLE FUT L'AMAZONE DE RÉMY DE GOURMONT
JE SUIS CET ÊTRE LÉGENDAIRE
OÙ JE REVIS NCB
- Ne sont pas dans sa tombe, mais visibles sur le site du Musée
des Arts Décoratifs : Des bijoux
de Natalie Clifford Barney.
De nombreuses photos expliquent pourquoi
elle eut tant d'amantes... elle est elle-même multiple...
Ces photos sont en ligne sur le site de l'université
de Yale. Et voici ci-dessous
au centre le célèbre portrait
par Romaine Brooks. Et la voilà encore devant son Temple de
l'Amitié 20 rue Jacob.
L'éditrice
et le préfacier |
- L'adultère ingénue date de 1912 et est resté
inédit pendant une centaine d'années, notamment car il
évoque l'intimité amoureuse de l'auteure et de sa compagne
de l'époque, Élisabeth de Gramont, mariée, pourtant
jamais nommée...
- Constance de Bartillat, fondatrice des éditions du même
nom, mentionne ainsi ce livre : « On peut vraiment
le dire, c'est ici la découverte du grand texte de Natalie Barney
». Cette parution a lieu l'année du cinquantenaire de sa
mort.
Comment a-t-elle eu vent de cet inédit ? « C'est à
travers le premier biographe de Natalie Barney et son ami, Jean Chalon,
et de Francesco Rapazzini, qui a publié un ouvrage chez nous,
et qui par amitié et affinité nous l'a proposé.
» Mais l'éditrice insiste : « C'est
avant tout la qualité du texte qui nous a intéressés.
»
Le père de l'éditrice Constance Bartillat, Christian
de Bartillat, fut président-directeur général
des éditions Stock qui éditèrent la biographie
signée Jean Chalon (voir « Natalie
Barney, Lee Miller : réhabilitations littéraires »,
Hocine Bouhadjera, ActuaLitté, 12 août 2022)
- Le préfacier, Francesco
Rapazzini, est un écrivain italien, vivant en France, également
journaliste, comédien et metteur en scène. Très
attirées par ces dames, il est l'auteur de :
- Un
soir chez l'Amazone, Fayard, 2001 : son premier roman.
- Élisabeth
de Gramont, avant-gardiste, Fayard, biographie, 2004.
- « Élisabeth
de Gramont, Natalie Barney's "Eternal Mate" », South
Central Review, The Johns Hopkins University Press, vol. 22, n° 3,
2005, « Natalie Barney and Her Circle », pp. 6-31.
- On peut lire un entretien avec Francesco Rapazzini et une présentation
de lexposition sur NCB à l'Hôtel littéraire
Swann (que les lectrices de Lirelles connaissent pour s'y être
rendue l'occasion de la lecture de Proust) : Natalie
Clifford Barney : entretien et exposition.
- Où sont donc les manuscrits de Natalie Clifford Barney ? François
Chapon comptait au nombre de ses amis au point que c'est à
lui que Natalie Clifford Barney confia ses archives à la fin
de sa vie et qu'elle désigna comme son exécuteur testamentaire.
Conservateur général à la Bibliothèque littéraire
Jacques Doucet (BLJD) pour laquelle il travailla pendant plus de quarante
ans, il a la main mise sur le fonds Natalie Clifford Barney à
la BLJD, en tant qu'ayant droit, et le garde jalousement...
Élisabeth
de Gramont et les autres... |
- Grâce à L'adultère ingénue, nous
faisons connaissance avec Élisabeth de Gramont (1875-1954), aristocrate,
femme de lettres, surtout connue pour sa longue relation amoureuse avec
Natalie Clifford Barney. Surnommée « la duchesse rouge
», ou « Lily » dans le cercle familial,
elle écrivait sous le nom de son époux, Élisabeth
de Clermont-Tonnerre, ou sous le sien, Élisabeth de Gramont.
Sa fiche Wikipédia Élisabeth
de Gramont.
Elle a publié de nombreux livres et notamment, rééditées
récemment, ses Mémoires en 4 tomes, chez Grasset :
- Au
temps des équipages, 1928
- Les
Marronniers en fleurs, 1929
- Clair
de lune et taxi, 1932
- La
Treizième Heure, 1935
Elle a publié aussi en 1948 Marcel
Proust. Pour ce livre et celui que nous lisons, les deux amantes
se partagent le même préfacier et le même éditeur.
- Mais elle ne fut pas la seule à tomber... : la première
aux USA fut Eva
Palmer (avec qui elle vivra ultérieurement à Paris),
la première à Paris fut Carmen
Rossi, modèle de sa mère peintre Alice
Pike et de Whistler,
et puis Liane
de Pougy, célèbre courtisane qu'on voit dans ce détail
d'Une soirée au Pré-Catelan, tableau
de Henri Gervex en 1909 :
Les femmes de lettres et les artistes ne furent pas négligées
: la poétesse Renée
Vivien, Djuna
Barnes (toutes deux lues d'ailleurs par Lirelles), Colette,
la poétesse anglaise Olive
Custance (qui aura eu aussi une liaison avec Renée Vivien
et qui épousera l'amant d'Oscar Wilde dont nous avons lu
Le portrait de Dorian Gray), Dolly
Wilde, la nièce d'Oscar (encore lui !), la peintre Romaine
Brooks, Lucie
Delarue-Mardrus (amante elle aussi de Romaine Brooks), la cantatrice
Emma Calvé,
lactrice Henriette
Roggers, la styliste Eyre
de Lanux, mais aussi la Chinoise Nadine
Huong à la vie mouvementée. On en oublie... Passons
à la dernière : Natalie engagea la conversation avec Janine
Lahovary, épouse d'un ambassadeur roumain à la retraite,
assise sur un banc de la Promenade des Anglais ; quand son mari mourut,
elle vint habiter avec Natalie qu'elle chouchouta et qui mourut dans
ses bras en 1972.
- Certaines de ses conquêtes fréquentèrent, lors
de ses célèbres vendredis, son salon 20 rue Jacob,
avec jardin et Temple de l'Amitié.
Que de noms à citer ! Outre les amantes artistes déjà
mentionnées... les écrivaines américaines Gertrude
Stein (non sans son Alice
dont nous lûmes Autobiographie
d'Alice Toklas écrite par sa chérie...) et Mary
McCarthy (copine de Nathalie Sarraute et Monique Wittig), les Anglaises
Radclyffe Hall
(dont Lirelles a bien sûr lu Le
Puits de solitude) et Nancy
Cunard, les auteures françaises Mireille
Havet, Marguerite Yourcenar et Françoise Sagan (ces deux
dernières objets bien sûr de lectures par Lirelles)
; le couple de libraires Sylvia
Beach qui ouvrit la célèbre librairie Shakespeare
and Company et Adrienne
Monnier ; la journaliste américaine Janet
Flanner ; les éditrices de l'importante revue littéraire
américaine The Little Review Jane
Heap et Margaret
Anderson (compagne de la soprano Georgette
Leblanc, sur de l'écrivain Maurice Leblanc...) ; les
peintres Marie
Laurencin (dont nous avons découvert les amours avec la mère
de Benoîte Groult dans J'ai
un tel désir) et l'Anglaise Mina
Loy ; les Américaines Peggy
Guggenheim, collectionneuse, mécène, et Isadora
Duncan (qui en 1909 s'était installée non loin de
la rue Jacob 5 rue Danton avec son école de danse au-dessus de
son appartement...)
Et les hommes ? Jean Cocteau, Max Jacob, André Gide, Paul Claudel,
Paul Valéry, Pierre Louÿs, Anatole France, Robert de Montesquiou,
Oscar Milosz, Rainer Maria Rilke, James Joyce, Somerset Maugham, Truman
Capote, Sherwood Anderson, Hart Crane, T. S. Eliot, Ezra Pound,
Scott (et Zelda)
Fitzgerald, Sinclair Lewis ; le grand Rodin et même Proust...
Le 20 rue Jacob dont voici le Temple de l'Amitié a servi de décor
dans une partie du film Le feu follet (d'après le roman
de Drieu La Rochelle) de Louis Malle avec Maurice Ronet et Jeanne Moreau.
Extrait
ici.
Textes
de Natalie Clifford Barney |
Textes publiés par NCB
- Quelques
Portraits-Sonnets de Femmes, Paris, Librairie Paul Ollendorf,
1900.
- Cinq Petits Dialogues Grecs (Antithèses et Parallèles),
publiés sous le pseudonyme de Tryphé), éd. de la
Plume, 1902 (
en ligne).
- Actes et entr'actes, Edward Sansot, 1910 (
en ligne).
- Éparpillements,
Edward Sansot, 1910 ; rééd. avec une préface de
Jean Chalon, éd. Persona, 1982 ; rééd. avec la
même préface, Éparpillements,
éd. de la Coopérative, 2020.
- Poems & Poèmes : autres alliances, éd. Émile-Paul
Frères, 1920 : poèmes en anglais et en français
( en
ligne) ; à lire et écouter sur le site
Veilleur des livres, les poèmes suivants : Différences
- Vers pris aux poèmes que je nécrirai pas - Le
premier départ - Sonnet dautrefois - Épilogue
- Pensées
d'une Amazone : Les sexes adverses, la guerre et le
féminisme ; Choses de l'amour ; Pages prises au roman que je
n'écrirai pas, éd. Émile-Paul Frères, 1921
(
en ligne).
- Aventures de
l'esprit, éd. Émile-Paul Frères, 1929 ;
rééd. Persona (
en ligne) : un chapitre est consacré à Élisabeth
de Gramont.
- The one who is Legion
or A.D.'s after-life (Celui qui est Légion, ou l'au-delà
d'A.D.), ill. Romaine Brooks, Londres, Eric Partridge, Ltd., 1930.
- Nouvelles
pensées de l'Amazone, Mercure de France, 1939 ; rééd.
avec présentation de Suzette Robichon, prélude de Félicia
Viti, Nouvelles
pensées de l'Amazone, Imaginaire Gallimard, 2021
- Souvenirs indiscrets,
Flammarion, 1960 (
en ligne) : un des chapitres s'intitule « Portrait-souvenir
d'Élisabeth de Gramont, Duchesse de Clermont-Tonnerre »,
rééd. Souvenirs
indiscrets, Flammarion, 1983.
- Traits
et portraits : suivi de l'Amour défendu, Mercure
de France, 1963.
Éditions posthumes
- Un Panier
de framboises, Mercure de France, 1979 : compilation de poèmes
et d'aphorismes.
- Amants
féminins et ou la troisième, éd. Erosonyx,
2013.
- Correspondance
amoureuse avec Liane de Pougy, édition de Suzette Robichon
et Olivier Wagner, sous la direction de Jean-Yves Tadié, introduction
et postface dOlivier Wagner, Gallimard, 2019
- L'adultère
ingénue : étude d'une passion, préface
Francesco Rapazzini, éd. Bartillat, 2022.
- Je
me souviens..., préface de Suzette Robichon et Felicia
Viti, Imaginaire Gallimard, 2023.
Correspondance
- L'édition par Suzette Robichon et Olivier Wagner de la Correspondance
amoureuse de Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy (Gallimard,
2019) a donné lieu à une présentation sous différentes
formes, très instructives sur NCB :
- Une présentation à Feu la librairie
Violette & co le 11 juin 2019 à laquelle plusieurs lectrices
de Lirelles ont assisté.
- Un entretien
avec Olivier Wagner et Suzanne Robichon sur le site lyonnais
du master « Genre Littératures et Cultures »,
par Emma Nubel, 21 mai 2022.
- Une conférence
en vidéo : Olivier Wagner, conservateur au département
des Manuscrits de la BnF, Suzanne Robichon, éditrice et écrivaine,
et Élisabeth Lebovici, historienne de lart, journaliste
et critique dart, débattent autour de La Correspondance
amoureuse de Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy, dans
le cadre du cycle « Les Mardis de lÉcole des
chartes », 20 octobre 2020, 1h21.
- Cette conférence est reprise en audio sur France
Culture.
- Correspondances
croisées, Natalie Clifford Barney, Pierre Louÿs,
Renée Vivien, préface de Jean-Paul Goujon, éd.
Bartillat, 2021.
Livres
et articles sur Natalie Clifford Barney |
Livres
- Berthe Cleyrergue avait été employée dans une
boutique du 16e arrondissement où Djuna Barnes était cliente
: c'est ainsi qu'elle est entrée au service de Natalie et fut
sa gouvernante pendant 45 ans. Elle a publié ses souvenirs avec
l'aide de Michèle Causse (éd. Tierce, 1980) : en ligne
Berthe ou un demi-siècle
auprès de l'Amazone.
- En 1910, Remy de Gourmont rencontre Natalie Clifford Barney qui lui
inspire une vive passion qui s'exhale dans les Lettres
à l'Amazone, publiées en 1914 ( en
ligne) ; rééd. avec une préface de Jean Chalon,
Mercure de France, 1988.
- Jean Chalon qui a vraiment contribué à la faire connaître
a publié deux versions de sa biographie consacrée à
NCB :
- Portrait d'une séductrice, Stock, 1976
- Chère Natalie Barney, Flammarion,1992.
Chapitres de livres
- Paris était une femme, Andrea Weiss, éd. Anatolia,
1996 : Paris
was a woman a d'abord été publié à
Londres en 1995, par Andra Weiss, alors auteure d'un documentaire du
même titre (bande annonce ici)
- Des
Américaines à Paris, Gérard Bonal, Taillandier,
2017 : livre que nous lisons l'été prochain...
- Femmes
de la rive gauche, Shari Benstock, éd. des Femmes, 1987.
Articles sur le livre que nous avons lu
Les livres inspirés par Natalie...
Et
voici NOS RÉACTIONS sur le livre
Pour ce 12 mars 2023, nous étions 13
à réagir au livre de Natalie Clifford Barney :
- 9 en chair et en os : Agnès, Brigitte, Claire, Felina,
Joëlle L, Léna, Muriel, Patricia, Véronique
- 2 en visio : Aurore, Sandra
- 2 par écrit après la séance : Flora, Marion.
N'étaient pas avec nous (10) :
Joëlle M, Laetitia,
Léna,
Lucie, Marie-Claire, Nathalie,
Nelly, Patricia, Sophie, Stéphanie.
Les
tendances concernant le livre L'adultère ingénue |
- Les séduites : Agnès,
Brigitte, Joëlle L,
Marion, Patricia
- Les mi-figues qui d'ailleurs ne sont
pas allées au bout du livre : Muriel, Véronique
- Les déçues qui en sauvent
la liberté : Claire,
Sandra
- Après elles, il n'en reste plus rien
: Aurore, Felina,
Flora, Léna.
La
succession des prises de parole |
Agnès
(Spécialiste de Renée Vivien sur qui elle
avait fait une
maîtrise et qui avait fait lire à Lirelles La
Dame à la louve, admiratrice consumée de NCB, Agnès
commence par nous montrer des reliques qu'elle a recueillies au plus près
de notre auteure...)
J'ai
pris plaisir à lire ce roman, mais, en étant honnête,
je dirais que s'il n'avait pas été signé par Natalie
Clifford Barney, je l'aurais trouvé en partie ennuyeux.
Tout d'abord, il s'agit d'un inédit, ce qui a suscité mon
enthousiasme et ma grande curiosité. J'étais très
impatiente de découvrir la vision de NCB, romancée, de sa
relation avec Élisabeth de Gramont. D'autant plus que je ne sais
pas grand-chose sur la vie de la duchesse de Clermont-Tonnerre, ni sur
cette histoire d'amour, contrairement à celles avec Liane de Pougy,
Renée Vivien et Romaine Brooks.
J'ai aimé avoir l'impression d'entendre NCB, un peu comme si j'avais
déniché le journal intime, caché dans un grenier,
d'une grand-tante.
Je suis admirative de la maîtrise de la langue française
qu'avait NCB, sans en être étonnée, connaissant son
intelligence et sa culture. En revanche, l'édition m'a déçue,
car j'ai comptabilisé une dizaine de fautes d'orthographe dans
ce livre (sans préambule qui nous aurait expliqué que l'orthographe
du manuscrit avait été respectée ou sans "sic").
Autre bémol au sujet de l'édition : le choix, que je trouve
regrettable, pour les non-anglophones, de ne pas traduire les textes qui
sont en anglais.
J'ai apprécié la préface et la postface de Francesco
Rapazzini, que j'ai trouvées éclairantes et pertinentes.
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, j'ignorais totalement
qu'Élisabeth de Gramont avait un mari non-conciliant et extrêmement
brutal. J'ai été étonnée de découvrir
une NCB totalement éprise et en souffrance, capable d'accepter
cette situation on ne peut plus complexe. Je savais pourtant qu'elles
avaient signé ensemble un contrat de mariage.
Le roman montre bien l'être solaire qu'elle était, la force
de ses désirs et la puissance de sa sexualité.
J'ai été émue à chaque passage où elle
évoque ses employé.es de maison, en pensant à Berthe
Cleyrergue, que j'ai connue. J'ai été très émue
également à chaque citation et évocation de Renée
Vivien (pages 27, 77, 109 et 115).
Le suspens de la dernière partie du roman est très bien
entretenu.
Et l'aspect que j'admire le plus dans le roman et dans l'écriture
de NCB, ce sont ses aphorismes qui font vraiment mouche et qui montrent
qu'elle avait beaucoup d'esprit (et d'expérience de la vie) :
"Aimer autrement que j'aime est-ce aimer ?"
(p. 25)
"... ce qui ressemble le plus à l'amour c'est la douleur."
(p. 27)
"Le seul servage qui vaille est celui de s'appartenir sans cesse."
(p. 85)
"Je plains celle que j'aime d'être aimée de moi,
je plains également celles que je n'aime pas."
(p. 144)
"Il faut traverser beaucoup d'êtres et d'existences pour
arriver à soi."
(p. 217)
Joëlle
L
J'ai lu et relu ce livre. Au début
je l'ai trouvé "pas mal", mais en le relisant, je l'apprécie
de plus en plus. Même si je reconnais qu'il est mal ficelé,
sans réelle intrigue et sans progression narrative.
Mais quelle délicieuse façon de dire les choses
J'ai
vraiment été séduite par une grande puissance d'évocation
Pour la
première scène de sexe, quand Elisabeth est pressée,
tout le paragraphe serait à citer ; je rappelle juste : "sa
main sans force se pose sur moi
" Quand elles font l'amour
dans les bois : "elle s'étendit et je mis mon ombre entre
elle et le jour", on n'a pas besoin d'en lire davantage. (En
passant je me demande comment elles pouvaient même simplement s'asseoir
par terre avec leurs vêtements de l'époque...).
Des
formules élégantes et inventives :
-
Je t'aime de tous mes amours, toujours, oui toujours, mais vite pour
que toujours ne soit pas trop court.
- Entre le 4 et le 11, j'aurai mes jours inutilisables, que ne peux-tu
utiliser tous ceux qui ne le sont pas !
Gros changement par rapport à Wittig : ici, pas de cyprine,
mais "l'amour qui fleurissait sur sa chair secrète"
(p. 137).
Le
début du livre est assez rusé. On attend la star, elle se
fait désirer jusqu'à la fin du quatrième chapitre,
où elle fait une rapide (mais sexuelle) apparition.
J'ai beaucoup apprécié cette langue originale et riche.
J'ai même découvert le
verbe "embabouiner" (entortiller une personne, l'amener à
faire ce que l'on souhaite d'elle en usant de cajoleries, de paroles flatteuses,
de promesses
). C'est une langue quelquefois bancale d'ailleurs et
pas bien aidée par les nombreuses coquilles qui peuvent rendre
certaines parties du texte difficiles à comprendre.
Pratiquement pas de cliché, des expressions puissantes et personnelles
pour parler de sensualité, de volupté, de sentiment. Les
séquences sexuelles m'ont semblé très réussies.
Jamais trop de précision, très elliptiques, dans l'avant
et/ou dans l'après. On ne se sent pas voyeur, et ça aussi,
c'est rare.
J'ai été frappée par la sensualité omniprésente.
L'amour d'une femme bien sûr, mais aussi de la nature, des paysages,
l'attention aux sons, aux parfums, au vent, à la pluie, à
la mer, aux fleurs, aux fruits
ça n'arrête pas et ça
n'est jamais banal, ça ne ronronne pas.
Beaucoup
de sentiment, de méditation sur l'amour, être ensemble, séparées,
se retrouver
"Aimer autrement que j'aime, est-ce aimer ?"
Il
n'y a pratiquement pas de descriptions de la "bien-aimée",
mais des moments où l'on sent toute l'attention qu'elle lui porte.
Elle voit les premiers cheveux blancs, comment le corps change quand elle
se déshabille
J'ai souvent souri : la répudiation de la manucure enceinte, la
débâcle du lit, la femme à barbe de la tapisserie
(qui doit dater d'avant la division des sexes), les tentatives de limericks
(qui n'en sont pas vraiment et dont certaines parties me sont restées
obscures malgré l'aide d'une amie anglaise et lettrée).
J'ai aimé les collections de lits (chambre d'hiver ou d'été,
hôtels variés, train, lit de la Duchesse, sous-bois, maisons
d'amis, bateau
) et les considérations sur les lits fermes,
les lits douillets, l'amour par terre
- "L'amour par terre
Un peu dur, mais très bien"
- "portée sur ce formidable bouclier de crins et de cuivre,
mon aimée semblait le butin offert sans cesse à mes victoires".
Au
registre des choses que je n'ai pas comprises, outre les limericks, la
citation de Lucie Delarue-Mardrus en épigraphe ("ne noircit
pas le tarbouch et n'emplit pas le ventre"). Qu'est-ce que ça
veut dire ? Et
puis grâce à Claire qui a retrouvé la source (
ici) j'ai compris au moins la deuxième moitié de la
phrase.
Pour ce qui est de la personne, je suis assez partagée. Bien sûr
elle est fascinante et même attendrissante, mais par certains côtés
arrogante, imbue d'elle-même. Il y a des moments de vantardise ou
de cuistrerie qui m'agacent (toutes les femmes qui lui font la cour, la
liste des livres emportés en croisière
). Un peu de
naïveté aussi (fermer sa porte à clé pour les
domestiques, mais partager des orgasmes explosifs : ça devait
glousser à l'office).
Quant à la Duchesse
J'ai un faible pour cette femme, sa grande
classe, sa liberté, et j'admire tout le chemin qu'elle a dû
parcourir pour se dégager de son milieu et des codes de sa caste.
C'est une Constance Debré avant l'heure. J'adore sa façon
de s'exprimer. Quelques citations d'Elisabeth :
- "Vous qui êtes facile à prendre, difficile à
retenir, impossible à garder".
- "Vous êtes le seul être au monde qui me satisfasse
complètement, votre âme est harmonieuse, vos paroles sont
toujours les paroles qu'on rêve d'entendre, vos gestes sont ceux
qu'on désire, votre façon d'entrer dans une pièce
est un enchantement."
J'ajoute qu'à la fin du livre de Jean Chalon (édition revue
et augmentée) on trouve le texte "La
femme qui vit avec moi" qui avait été imprimé
à deux exemplaires. Celui d'Elisabeth est perdu (les héritiers
Clermont-Tonnerre
ont dû faire le ménage).
D'une manière générale, on trouve peu de traces d'Elisabeth
dans les bios de NCB. Pourquoi ? Deux hypothèses :
- les familles Gramont et Clermont Tonnerre ont fait pression sur NCB
- NCB a préféré garder pour elle cette histoire avec
"la femme qu'elle a le plus aimée" (périphrase
pour désigner Elisabeth dans
Amants Féminins)
J'ai trouvé la préface pertinente, pas trop longue et plutôt
claire. Deux points de désaccord : manque "Amants
féminins ou la troisième" et la relation
avec Eva Palmer, plus ancienne. La postface nous laisse espérer
de nouvelles publications puisque "ses archives débordent
de romans, poèmes, pièces de théâtre et autobiographies
inédites"...
En conclusion, je suis sous le charme. Ce n'est jamais ni mièvre,
ni pornographique. À la fois totalement sexuel et totalement sentimental.
C'est le livre le plus étonnant et le plus juste que j'aie jamais
lu de ce point de vue.
Felina
Suis-je passée à côté
de quelque chose ? Mais le livre m'a un peu ennuyée.
L'auteure, elle, m'intrigue, me fascine. Ce n'était peut-être
pas le moment.
J'ai trouvé qu'on était toujours un peu dans le lyrisme.
J'espérais dans la suite du livre que je lisais qu'il y ait davantage
de narration
or je n'ai vu qu'analyse de sentiments, ce qui ne m'a
pas passionnée. Il est écrit "roman" : j'aurais
aimé des faits et non un recueil de réflexions.
Il y a certes de belles phrases, celles que vous avez citées.
Mais je n'ai pas accroché ; je suis allée jusqu'à
la page 88 : après vous avoir entendues, j'aurai peut-être
envie de continuer.
Brigitte
J'avoue
avoir abordé la lecture de cet "inédit" avec quelques
idées toutes faites sur son auteure, guère à son
avantage. Convaincue qu'elle écrivait avec ses pieds.
Cette espèce de journal d'une attente qui n'en finit pas a donc
été plutôt une surprise, surprise un peu longue certes,
comme l'attente, mais agrémentée d'un style qui incitait
à lire jusqu'au bout - en essayant de passer sur les coquilles
multiples qui menaçaient à tout moment de faire dérailler
la bonne volonté. Amusée des piques contre les dessous démodées
de la maîtresse adultère, et, petit à petit, contre
le tyran de mari et le mariage comme un bagne, ou plutôt : "un
reste de barbarie féodale", "on ne baisse plus
le pont-levis, il n'y a plus d'eau dans les fossés, mais le suzerain
règne encore"
Longue, quand même, cette attente, et qui se termine sur une FIN
à brûle-pourpoint très décevante : alors quoi,
tout ça pour ça ? Mais fort heureusement, page suivante,
la postface vient donner tout son sel à l'histoire : l'attente
en fait a duré toute une vie. De quoi envoyer aux orties l'image
d'une NCB volage et frivole courant d'une conquête à une
autre comme seul but dans l'existence. Le personnage apparaît finalement
plus complexe que ça.
Une autre histoire m'avait auparavant étonnée devant son
érudition, ou au moins son intérêt pour des textes
littéraires réputés difficiles. Ainsi des Stèles
de Segalen. Grand sinologue et archéologue émérite,
mais aussi brillant poète et épistolier, Segalen a écrit
cet ensemble de poèmes en prose en 1910 à Pékin,
dans sa "chambre aux porcelaines". La
superbe édition originale réalisée à Pékin
en 1912 a été tirée en 81 exemplaires hors commerce
destinés aux amis du sinologue, dont Rémy de Gourmont. Mais
le 81e était dédicacé
"à une amazone
inconnue".
Retenu auprès du fils de Yuan Shikai (le président chinois),
Segalen fait parvenir lexemplaire destiné à Natalie
Barney à sa femme Yvonne, restée à Pékin,
pour quelle le remette à la poste française : la lettre
quil lui écrit à ce sujet, le 4 mars 1913, mentionne,
mot pour mot, la dédicace à lAmazone...
Natalie avait découvert l'exemplaire de Rémy de Gourmont,
l'auteur de Lettres
à l'Amazone, sur son bureau, s'était entichée
de ce bel objet (sans doute comme elle s'entichait d'une nouvelle femme),
l'avait emprunté et menaçait de ne pas le rendre. Gourmont,
qui y tenait, avait demandé comme une faveur à Segalen de
lui en dédicacer un exemplaire ("vous lavez rendue
si fébrile !"). J'ai découvert par hasard les détails
de cette histoire qui en dit long sur "l'amazone" grâce
au catalogue
de la vente Pierre Bergé de novembre 2010 où figurait
l'exemplaire en question. De là à considérer Pierre
Bergé comme un admirateur posthume de NCB, il n'y a qu'un pas,
que je laisserai à d'autres le soin de franchir.
On a un autre exemple chinois de l'aura "d'amazone" de Natalie
: une de ses amantes, chinoise, qui a eu une vie époustouflante
par ailleurs, Nadine
Hwang...
Quant à "l'inédit", publié post mortem
sans que l'auteure ait pu donner son avis, on peut se demander si elle
n'aurait pas aimé le réviser avant qu'il soit édité,
surtout qu'il semble en exister deux versions différentes, nous
a précisé Agnès. J'aurais tendance à le considérer
comme un texte non point inachevé mais inabouti. Le titre même
me paraît horripilant : adultère, certes, mais ingénue
? Qui est l'ingénue, dans cette histoire ? Odeur de scandale entre
les lignes. On sent le désir d'attirer le lecteur, autant que la
lectrice d'ailleurs, l'un et l'autre floués en outre par l'annonce
d'un "roman".
Claire
Ce qui est positif pour moi, après cette lecture, est
d'avoir quitté la légende de NCB pour entrer dans l'écriture
de celle qui, dans le Bottin mondain de 1957 se définit
comme "écrivain" et par ce biais découvrir un
peu la personnalité.
J'ai moi aussi trouvé qu'elle a une jolie plume, avec des formules
qu'on peut applaudir :
"Le désir est une exagération, le plaisir un équilibre."
"Ne pouvant vivre avec moi, elle ne pourrait vivre sans moi"
Un charme décalé vient du décor : "mon amour
dit : 'Il est dix heures, on ferme les Tuileries.' J'entends souvent depuis
ce bruit sourd, inaccoutumé pour moi de ce tambour battant la retraite,
la fermeture des jardins, la fin des amours. En attendant, je vous aurai
demain." La phrase est souvent mélodique : "Une
heure sonna aux églises et aux maisons voisines, puis on entendit
de nouveau crépiter et respirer les arbres et, lentement initiées
à l'obscurité, leurs formes se précisaient contre
le ciel d'un noir pâle, et nous regardâmes vivre la nuit.
Et comme à quelque divinité de la nuit, mes yeux revinrent
à son corps allongé et je pris, renversé vers les
étoiles et mes lèvres, son visage." Bon, là
ça se gâte en fin de phrase...
Ce que j'ai apprécié, est la liberté de l'auteure,
son aisance : amour des femmes, athéisme, scène au bordel.
Si elle avait eu un peu d'humour, un peu de deuxième degré,
j'aurais été friande de sa distance quand ce n'est pas son
cynisme : "Quand seras-tu, mon aimée, à ton tour
perdue dans ce long cortège de mes bien-aimées ?"
(p. 63). Elle "disait qu'elle était
indigne, qu'elle ne méritait pas un amour comme le mien. Et je
pensai très émue, et la tenant de toute ma vaste tendresse,
qu''elle avait peut-être raison. (p. 82)
Aïe aïe aïe, la vaste tendresse, non merci !
J'ai bien aimé la liste "Pour ou contre" (p.
196) concernant le choix de partir ou non, moi-même ayant
déjà recouru à ce genre de liste...
J'ai trouvé l'auteure peu sympathique, frivole (p.
102 on a le détail des instruments de toilette : "pas
de peigne. Ceci me sembla plus pénible car j'ai l'habitude d'un
peigne spécial à dents écartées et à
la poignée en forme de proue de gondole"...), et, surtout,
dans son rapport à sa maîtresse peu aimante. Elle cherche
à la retrouver, elles s'ébattent, mais n'ont guère
d'échanges alors qu'Elisabeth de Gramont semblait être une
personnalité très intéressante et avoir des préoccupations
pas que mondaines. On a l'impression que le pouvoir - la posséder,
l'arracher au tyran qui la maltraite - intéresse NCB, mais pas
grand-chose d'autre. Tout est centré sur l'engrenage "fuis
moi je te suis, suis-moi je te fuis"... Natalie s'interroge avec
subtilité : "Aurait-il fallu la mater, la limiter
comme les autres ?".
Ah chouette, on parle lecture ; mais quand NCB lit un passage (p. 81),
l'auteure est une de ses ex : encore elle, elle,
elle.
Même si parfois j'ai applaudi parfois, j'ai eu l'impression qu'elle
s'écoute écrire. Les affèteries (la "semblance"
revient plusieurs fois) sont parfois limite comiques : à propos
des prostituées, "elles livrèrent à notre
vue les défectuosités inconscientes et impudiques de leurs
nudité"; "Son plaisir exact et difficile qui demande
la patience et la délicatesse de la pêche à la truite".
Par ailleurs les commentaires sur l'amour ne nous épargnent pas
les cuculteries "mon petit amour, comment vont vos plumes de colombe"
ou "seul un archange pourrait comprendre mon amour",
le bavardage sucré : "notre sensualité accentuée
et vivace retombait avec des cris de sucre sur les délices retrouvés".
Même dans la sexualité, pour ce qu'on en discerne, car le
texte est vraiment soft - la liberté a ses limites, l'érotisme
est décevant, plus cucul que cul ("je la tiens précieusement
contre la courbe fraîche de mon épaule"). On a l'impression
que NCB est plutôt et pourquoi pas top (ceci dans le jargon
sexe), donnant sans se donner, d'ailleurs l'amante s'en plaint : "L'amour
de l'amant me semble le seul amour en accord avec ma nature d'intensité
de proie et d'amertume. Je la veux à moi, à moi, à
moi et je la fais mienne par l'immense force de mon désir qui me
change de sexe et même d'aspect, déchaine le grand dieu du
rut que je porte dans ma tête par mes flancs". Bon, on
sait à quoi s'en tenir si on est candidate !
Certains passages sont verbeux : "L'orage s'exalte à nouveau,
je e peux plus penser. Je me laisse aller comme l'orage. Nous portons
des éclaires (sic) qui nous illuminent, nous dégageons
un étrange magnétisme qui nous transfigure.
Il y a des soirs où nous nous sentons nimbées, non seulement
comme dans les saintes images d'une rayonnante couronne, mais nos bras,
nos flancs, nos sexes resplendissent également d'une âme
- d'une âme qui a pris feu et qui en nous, sur nous et autour de
nous, irradie de la lumière" 160 Vous vous sentez nimbées,
les filles ?
J'ai trouvé l'ensemble du livre cafouilleux, verbeux, délayé,
sans architecture.
Je n'ai pas compris le titre avec son féminin. J'ai noté
un paquet de fautes - bravo l'éditeur.
Autant on ne peut pas se passer de connaître le personnage de NCB
et son rôle qu'on va retrouver dans le
livre que nous lirons cet été, autant c'est un livre
dont on peut peut-être se passer... enfin, je ne regrette pas de
l'avoir lu avec vous.
Aurore
J'enchaîne avec Claire avec qui je suis d'accord : je me suis ennuyée
!
Alors qu'était annoncé un roman, j'ai vite déchanté.
Quelques petites choses m'ont retenue heureusement. Comme je l'avais emprunté
en bibliothèque, je l'ai fini assez vite : je lisais un flot de
paroles, un flot hypnotisant, mais suscitant l'ennui.
Certes le roman original par sa forme. Il relève de l'autofiction
ainsi que du roman épistolaire et il présente un amour charnel
entre deux femmes, ce qui m'a intéressée.
Mais l'écriture est larmoyante.
De plus, il s'agit d'un adultère, ce qui m'a braquée.
J'accorde une mention spéciale à l'épisode dans la
maison close, bien dépeint.
Ajoutons le travail d'édition qui manque concernant le nombre impressionnant
de fautes qui entravent la lecture.
Véronique
J'étais toute jeune quand j'arrive à Paris rue Jacob, non
pas au 20, mais au 21 à l'Hôtel des Marronniers, où
il n'était pas rare qu'on vienne nous demander des infos sur Natalie
Clifford Barney ; je me souviens que la BBC était venue à
l'hôtel. La librairie des éditions des Femmes était
non loin
bref, le livre m'a remémoré plein de choses
de cette époque.
Il décrit très bien les relations amoureuses. Je l'ai lu
jusqu'à la page 100. J'étais hyper étonnée
que la narratrice attende tout le temps. Cela m'étonnait de Natalie
Hormis les fautes d'orthographe pénibles, j'ai trouvé de
petites longueurs.
Mais c'était parfois très poétique, un peu désuet
; le titre lui-même donne le ton. Ce que je lisais me semblait parfois
pertinent et assez bien écrit.
C'est vrai qu'on aimerait que quelque chose se passe. Je vais sûrement
le finir.
Mais le fait qu'avec ce sujet lui-même, tout un livre y soit consacré,
ça ne m'a pas emballée plus que ça. Je le finirai
peut-être.
Léna
J'ai procrastiné pour lire ce livre à tel point que je l'ai
fini dans le métro, dix minutes avant d'arriver.
Et pour cause ! J'ai trouvé Natalie Clifford Barney imbue d'elle-même
et profondément égoïste. Au-delà d'un ouvrage
que j'ai trouvé la majeure partie du temps ennuyant, les reproches
incessants faits à son amante m'ont rendu la lecture fastidieuse.
Elle semble ne pas mesurer les risques qu'encourt Eliaabeth de Clermont-Tonnerre,
voire elle se figure qu'elle est dans une position plus dangereuse. Dans
un passage elle avoue d'ailleurs avoir peur d'être assassinée
par le mari d'Elisabeth, sans faire mention des menaces que celle-ci reçoit
régulièrement.
J'ai, en revanche, éprouvé beaucoup d'affection pour Elisabeth
que j'ai trouvé aussi résiliente que courageuse.
En terminant ce roman, j'ai retiré l'impression que Natalie n'était
pas tant amoureuse d'Elisabeth que de l'idée d'être aimée.
Sandra
Je
suis très partagée.
Ce qui est négatif est que je me suis ennuyée ; j'avais
marre de cette attente ; elle se plaint énormément, ce qui
m'a agacée. Même quand elles se voient, elle trouve des moments
de souffrance : bref elle se plaint trop !
Tout est centré sur elle, je suis d'accord avec Léna. Son
amante prend des risques, elle a des enfants, c'est une personne qui peut
perdre beaucoup. Or, on est toujours centré sur Natalie, qui doute
de son amour, doute de la durée de son amour.
Si Natalie Clifford Barney était une femme éblouissante,
la narratrice m'agace, imbue de sa personne. Elle donne l'impression d'aimer
l'amour plus que la femme. Bref, je n'ai pas trop aimé ce personnage
et, surtout, je me suis vraiment ennuyée.
Un autre bémol : quand elles se voient, mais de quoi parlent-elles
? Rien n'en est dit.
Ce qui est positif, c'est la préface qui présente ce roman
comme avant-gardiste. Notons que Colette a déjà parlé
de l'amour lesbien, mais là, on est dans un amour lesbien libre
: il faut lire ce livre pour sa liberté, avec deux femmes qui assumaient
leur amour.
Oui les aphorismes sont réussis.
Je me demande pourquoi il n'y a pas de prénoms dans ce roman.
Muriel
Le style m'a plu, comme
à Joëlle qui a très bien détaillé,
avec ces vagues descriptions ni clichés ni pornos.
Mais c'est trop long, à la moitié j'en avais déjà
marre.
Je partage aussi cette réaction : elle paraît antipathique,
ne pensant qu'à elle.
Je me suis posé une question totalement hors sujet, me demandant
si cette richissime Américaine était taxée par l'État
américain...
Patricia
J'ai beaucoup aimé, comme Joëlle, la façon dont cette
femme mythique, très intelligente, écrit de façon
suggérée des scènes de sexe : c'est brillant.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
Le seul point négatif pour moi, ce sont les fautes d'orthographe.
Et la scène de prostituées.
Je l'ai lu comme un journal intime : c'est pourquoi l'analyse est tournée
vers elle-même plus que vers l'autre.
Madame de Gramont, son amante, est-elle plus sympathique ? Certes elle
a pris des risques.
On assiste à une description du sentiment amoureux dans tous ses
aspects, en passant par la passion, le retour au calme, la bataille contre
certains élans
Oui, c'était une coureuse, une briseuse de curs : mais elle
est aussi inquiète, capable de douter, tient compte du regard d'autrui.
Et alors qu'elle est courtisée, elle peut souffrir de solitude,
a peur de la séparation, est parfois triste. Elle décrit
très bien la souffrance.
Elle reste lucide pour ne pas tomber dans la mièvrerie.
Elle est une lesbienne célibataire et cette femme est en opposition
avec sa vie. En cela, le roman n'est pas si démodé.
Avec les listes, on pense à Susan Sontag, à Marguerite Duras.
Et d'ailleurs ce projet de voyage pour lequel elle pesait le pour et le
contre, est annulé par l'accident.
Elles ne parlent guère parce qu'elles se voient en coup de vent.
Elle est même jalouse, la suivant en cachette.
Bref, je ne me suis jamais ennuyée, je trouve ça génial,
j'ai adoré !
Marion
(après la séance)
J'ai lu le livre jusqu'au bout, intéressée. Intéressée,
mais aussi exaspérée. Car il n'y pas de solution pour ce
couple. Que peut-il devenir ? Je ne vois comment ce ne peut pas mal finir...
et elles devront finir par se séparer. Mais le livre reste la porte
ouverte à ce sujet.
Le livre m'a plu, en raison de sa bonne analyse des rapports, dans ces
circonstances, de ce couple, voué à l'échec me semble-t-il.
J'en avais assez, ce n'est pas possible, me disais-je, elles vont finir
par rompre.
J'ignore ce qu'elles sont devenues en réalité...
Flora
(avis
transmis après la séance)
Je n'ai pas apprécié le livre que je n'ai pas terminé
: il m'a vraiment ennuyée car je l'ai trouvé très
redondant. Chaque chapitre se ressemblait avec une description des retrouvailles
des deux protagonistes. J'ai lu plus de la moitié du livre en espérant
que ça s'améliore ...
Seule la préface m'a plu car je ne connaissais pas Nathalie Barney
et son amante.
Felina
(après
la séance)
Je ne
crois pas que je vais terminer la lecture finalement...
Joëlle L (après
la séance)
En'écoutant Claire, j'avais un peu tiqué sur un point, mais
c'est passé vite et je n'ai pas rebondi. Comme je le retrouve par
écrit, je tique à nouveau. Il s'agit de "On a l'impression
que NCB est plutôt et pourquoi pas top (ceci dans le jargon
sexe), donnant sans se donner."
Plusieurs éléments contredisent cette hypothèse :
1) dans le texte-même (phrase que j'avais d'ailleurs relevée)
:
"Entre le 4 et le 11, j'aurai mes jours inutilisables, que
ne peux-tu utiliser tous ceux qui ne le sont pas !"
2) dans les poèmes Nos
secrètes Amours de Lucie Delarue-Mardrus, je relève
par exemple
- "Elle" (extrait)
"Ma proie !
Elle est blonde et docile à mon geste orgueilleux
Et pleine de douceur même au cur de la joie.
Sous ma bouche salée encore par la mer,
Sa bouche
Est humide et glissante et comme de l'eau douce,
Et telle est la blessure intime de sa chair."
- "Miroir" (extrait)
"Ton corps entre mes bras péremptoires pressé,
Est demeuré subtil et fuyant comme l'onde
"
- "La Bête" (extrait)
"Et, sous notre baiser, ton plaisir a le goût
De goémons mouillés et des bêtes marines"
- "Furieusement" (extrait)
"Où j'enfouis avec colère mon visage
Dans tes genoux ouverts et prêts"
- "En secret" (extrait)
"Ton baiser, sa douceur terrible, tout l'émoi
De ton corps qui fuit et qui cède"
- "Par ces nuits" (extrait)
"Emportant la douleur du baiser incomplet
Et toute ton odeur secrète dans ma bouche !"
Et je pourrais continuer : il y en a comme ça des palanquées
;-)
Je ne suis pas sûre de trouver le style à ma convenance,
mais elle est assez directe !
Ai-je convaincue ?
Claire (après
la séance)
Je m'incline devant la lectrice attentive érudite !
Comme nous avons remarqué que notre lecture était parasitée
par les fautes non corrigées dans le livre, j'ai envoyé
un message aux éditions Bartillat, indiquant que nous avions mis
à notre programme leur récente publication, ravies que nous
étions de de découvrir cet inédit, équipé
de sa préface et de sa postface. Si comme pour tout roman, il a
suscité des réactions variées (vif enthousiasme,
rejet, avis mitigés), un point commun est revenu à répétition
: pourquoi tant de fautes d'orthographe non corrigées tout au long
du texte ? Y compris dans le titre, adultère étant du masculin.
La réponse a été presque immédiate, bravo
et merci !
Charles
Ficat, éditeur, nous répond ceci :
Merci de votre retour de lecture sur ce livre original.
S'agissant du titre, il est de Natalie Barney elle-même. L'ayant-droit
n'a pas voulu en changer. "Adultère" est pris ici comme
un substantif féminin, une adultère (une personne adultère).
Ce n'est pas l'usage le plus courant, mais il existe. Chateaubriand
en fait usage : "Alors nos théâtres cesseront d'être
des écoles d'infidélité pour les femmes et d'immoralité
pour les hommes, lorsque nous en aurons banni toutes ces vertueuses
adultères et tous ces honnêtes indigents qui n'apprennent
qu'à tromper la couche nuptiale et à voler son voisin."
F.-R. de Chateaubriand, Fragments du Génie du Christianisme
primitif, 1800, p. 223.
Pour toutes ces raisons, nous avons gardé cette graphie surprenante.
Par ailleurs, il se trouve qu'il reste des coquilles dans le texte.
Si vous en avez repérées, merci de nous les transmettre
afin que nous puissions les corriger dans un prochain tirage.
Toutes nos excuses pour cet inconfort de lecture.
Avec nos très respectueuses pensées,
Charles Ficat
Éditions Bartillat
2, rue Crébillon
75006 Paris
Claire
Après avoir été convaincue par l'exemple de Chateaubriand
qu'on trouve dans le dictionnaire Cnrtl ici,
j'ai envoyé une liste rapidement faite d'une vingtaine de "coquilles"
dont certaines sautent aux yeux...
Réponse de l'éditeur :
Merci de cette précieuse liste, dont nous nous servirons dès
le prochain retirage.
Toutes nos excuses à nouveau pour ce désagrément.
Avec notre reconnaissance et nos meilleures pensées.
Par ailleurs, Brigitte a évoqué une amante chinoise de
NCB, Nadine Hwang.
Agnès ajoute que, surnommée La colonelle, Nadine fréquentait
son salon où elle exécutait une danse du sabre... Elle nous
signale un film qu'elle vient de découvrir Nelly et Nadine
et
ici sa bande annonce. Agnès mentionne le travelling sur
les visages et le regard de Nadine Hwang, saisissant, durant son rapatriement
de Ravensbrück....
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