Lirelles

a lu pour le 12 mars 2023 de

L'adultère ingénue de Natalie CLIFFORD BARNEY, éd. Bartillat, 2022, 264 p.

  AUTOUR DU LIVRE : quelques infos

  • Tout savoir sur Natalie Clifford Barney
  • L'éditrice et le préfacier
  • Élisabeth de Gramont et les autres...
  • Textes de Natalie Clifford Barney

  • Livres et articles sur NCB

Cliquez pour découvrir ›NOS RÉACTIONS sur le livre...


D'abord QUELQUES INFOS autour du livre

Tout savoir sur Natalie Clifford Barney
  • Wikipédia rend compte du parcours de Natalie Clifford Barney, née en 1876 aux Etats-Unis, décédée en 1972 à l'Hôtel Meurice à Paris...
    Notons qu'elle fit un passage formateur de 18 mois en 1887-1888 au pensionnat Les Ruches fondée par Marie Souvestre que Lirelles découvrit en lisant l'histoire du roman Olivia de Dorothy Bussy...
  • Une interview filmée d'une dizaine de minutes la montre chez elle, dans son hôtel particulier et son merveilleux jardin au 20 rue Jacob : en anglais sur ›YouTube

  • Sur le site consacré à la rue Visconti, une page détaillée concerne son hôtel particulier, et en particulier le Temple de L'Amitié qui se trouve dans le jardin : › Le Temple de l'Amitié. Elle y vivra de 1908 à 1970.
  • Natalie Clifford Barney est enterrée au cimetière de Passy, place du Trocadéro, avec sa sœur Laura, non loin de la chapelle de Renée Vivien, une ex...
    Visite › ici. Sur sa tombe est écrit :
    NATALIE CLIFFORD BARNEY
    ÉCRIVAIN
    (1876-1972)
    ELLE FUT L'AMAZONE DE RÉMY DE GOURMONT
    JE SUIS CET ÊTRE LÉGENDAIRE
    OÙ JE REVIS
    NCB

  • Ne sont pas dans sa tombe, mais visibles sur le site du Musée des Arts Décoratifs : › Des bijoux de Natalie Clifford Barney.

De nombreuses photos expliquent pourquoi elle eut tant d'amantes... elle est elle-même multiple...
 
Ces photos sont en ligne sur le site de l'université de Yale.
Et voici ci-dessous au centre le célèbre portrait par Romaine Brooks. Et la voilà encore devant son Temple de l'Amitié 20 rue Jacob.
    

L'éditrice et le préfacier
  • L'adultère ingénue date de 1912 et est resté inédit pendant une centaine d'années, notamment car il évoque l'intimité amoureuse de l'auteure et de sa compagne de l'époque, Élisabeth de Gramont, mariée, pourtant jamais nommée...
  • Constance de Bartillat, fondatrice des éditions du même nom, mentionne ainsi ce livre : « On peut vraiment le dire, c'est ici la découverte du grand texte de Natalie Barney ». Cette parution a lieu l'année du cinquantenaire de sa mort.
    Comment a-t-elle eu vent de cet inédit ? « C'est à travers le premier biographe de Natalie Barney et son ami, Jean Chalon, et de Francesco Rapazzini, qui a publié un ouvrage chez nous, et qui par amitié et affinité nous l'a proposé. » Mais l'éditrice insiste : « C'est avant tout la qualité du texte qui nous a intéressés. »
    Le père de l'éditrice Constance Bartillat, Christian de Bartillat, fut président-directeur général des éditions Stock qui éditèrent la biographie signée Jean Chalon (voir « Natalie Barney, Lee Miller : réhabilitations littéraires », Hocine Bouhadjera, ActuaLitté, 12 août 2022)
  • Où sont donc les manuscrits de Natalie Clifford Barney ? François Chapon comptait au nombre de ses amis au point que c'est à lui que Natalie Clifford Barney confia ses archives à la fin de sa vie et qu'elle désigna comme son exécuteur testamentaire. Conservateur général à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (BLJD) pour laquelle il travailla pendant plus de quarante ans, il a la main mise sur le fonds Natalie Clifford Barney à la BLJD, en tant qu'ayant droit, et le garde jalousement...

Élisabeth de Gramont et les autres...
  • Grâce à L'adultère ingénue, nous faisons connaissance avec Élisabeth de Gramont (1875-1954), aristocrate, femme de lettres, surtout connue pour sa longue relation amoureuse avec Natalie Clifford Barney. Surnommée « la duchesse rouge », ou « Lily » dans le cercle familial, elle écrivait sous le nom de son époux, Élisabeth de Clermont-Tonnerre, ou sous le sien, Élisabeth de Gramont. Sa fiche Wikipédia › Élisabeth de Gramont.

    Elle a publié de nombreux livres et notamment, rééditées récemment, ses Mémoires en 4 tomes, chez Grasset :
    - Au temps des équipages, 1928
    - Les Marronniers en fleurs, 1929
    - Clair de lune et taxi, 1932
    - La Treizième Heure, 1935
    Elle a publié aussi en 1948 Marcel Proust. Pour ce livre et celui que nous lisons, les deux amantes se partagent le même préfacier et le même éditeur.

  • Mais elle ne fut pas la seule à tomber... : la première aux USA fut Eva Palmer (avec qui elle vivra ultérieurement à Paris), la première à Paris fut Carmen Rossi, modèle de sa mère peintre Alice Pike et de Whistler, et puis Liane de Pougy, célèbre courtisane qu'on voit dans ce détail d'Une soirée au Pré-Catelan, tableau de Henri Gervex en 1909  :

    Les femmes de lettres et les artistes ne furent pas négligées : la poétesse Renée Vivien, Djuna Barnes (toutes deux lues d'ailleurs par Lirelles), Colette, la poétesse anglaise Olive Custance (qui aura eu aussi une liaison avec Renée Vivien et qui épousera l'amant d'Oscar Wilde dont nous avons lu Le portrait de Dorian Gray), Dolly Wilde, la nièce d'Oscar (encore lui !), la peintre Romaine Brooks, Lucie Delarue-Mardrus (amante elle aussi de Romaine Brooks), la cantatrice Emma Calvé, l’actrice Henriette Roggers, la styliste Eyre de Lanux, mais aussi la Chinoise Nadine Huong à la vie mouvementée. On en oublie... Passons à la dernière : Natalie engagea la conversation avec Janine Lahovary, épouse d'un ambassadeur roumain à la retraite, assise sur un banc de la Promenade des Anglais ; quand son mari mourut, elle vint habiter avec Natalie qu'elle chouchouta et qui mourut dans ses bras en 1972.  
  • Certaines de ses conquêtes fréquentèrent, lors de ses célèbres vendredis, son salon 20 rue Jacob, avec jardin et Temple de l'Amitié.
    Que de noms à citer ! Outre les amantes artistes déjà mentionnées... les écrivaines américaines Gertrude Stein (non sans son Alice dont nous lûmes Autobiographie d'Alice Toklas écrite par sa chérie...) et Mary McCarthy (copine de Nathalie Sarraute et Monique Wittig), les Anglaises Radclyffe Hall (dont Lirelles a bien sûr lu Le Puits de solitude) et Nancy Cunard, les auteures françaises Mireille Havet, Marguerite Yourcenar et Françoise Sagan (ces deux dernières objets bien sûr de lectures par Lirelles) ; le couple de libraires Sylvia Beach qui ouvrit la célèbre librairie Shakespeare and Company et Adrienne Monnier ; la journaliste américaine Janet Flanner ; les éditrices de l'importante revue littéraire américaine The Little Review Jane Heap et Margaret Anderson (compagne de la soprano Georgette Leblanc, sœur de l'écrivain Maurice Leblanc...) ; les peintres Marie Laurencin (dont nous avons découvert les amours avec la mère de Benoîte Groult dans J'ai un tel désir) et l'Anglaise Mina Loy ; les Américaines Peggy Guggenheim, collectionneuse, mécène, et Isadora Duncan (qui en 1909 s'était installée non loin de la rue Jacob 5 rue Danton avec son école de danse au-dessus de son appartement...)
    Et les hommes ? Jean Cocteau, Max Jacob, André Gide, Paul Claudel, Paul Valéry, Pierre Louÿs, Anatole France, Robert de Montesquiou, Oscar Milosz, Rainer Maria Rilke, James Joyce, Somerset Maugham, Truman Capote, Sherwood Anderson, Hart Crane, T. S. Eliot, Ezra Pound, Scott (et Zelda) Fitzgerald, Sinclair Lewis ; le grand Rodin et même Proust...
             
    Le 20 rue Jacob dont voici le Temple de l'Amitié a servi de décor dans une partie du film Le feu follet (d'après le roman de Drieu La Rochelle) de Louis Malle avec Maurice Ronet et Jeanne Moreau. Extrait › ici.
Textes de Natalie Clifford Barney

Textes publiés par NCB

Éditions posthumes

Correspondance

  • L'édition par Suzette Robichon et Olivier Wagner de la Correspondance amoureuse de Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy (Gallimard, 2019) a donné lieu à une présentation sous différentes formes, très instructives sur NCB :

    - Une présentation à Feu la librairie Violette & co le 11 juin 2019 à laquelle plusieurs lectrices de Lirelles ont assisté.
    - Un entretien avec Olivier Wagner et Suzanne Robichon sur le site lyonnais du master « Genre Littératures et Cultures », par Emma Nubel, 21 mai 2022.
    - Une conférence en vidéo : Olivier Wagner, conservateur au département des Manuscrits de la BnF, Suzanne Robichon, éditrice et écrivaine, et Élisabeth Lebovici, historienne de l’art, journaliste et critique d’art, débattent autour de La Correspondance amoureuse de Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy, dans le cadre du cycle « Les Mardis de l’École des chartes », 20 octobre 2020, 1h21.
    - Cette conférence est reprise en audio sur France Culture.

  • Correspondances croisées, Natalie Clifford Barney, Pierre Louÿs, Renée Vivien, préface de Jean-Paul Goujon, éd. Bartillat, 2021.
Livres et articles sur Natalie Clifford Barney

Livres

  • Berthe Cleyrergue avait été employée dans une boutique du 16e arrondissement où Djuna Barnes était cliente : c'est ainsi qu'elle est entrée au service de Natalie et fut sa gouvernante pendant 45 ans. Elle a publié ses souvenirs avec l'aide de Michèle Causse (éd. Tierce, 1980) : en ligne Berthe ou un demi-siècle auprès de l'Amazone.
  • En 1910, Remy de Gourmont rencontre Natalie Clifford Barney qui lui inspire une vive passion qui s'exhale dans les Lettres à l'Amazone, publiées en 1914 (› en ligne) ; rééd. avec une préface de Jean Chalon, Mercure de France, 1988.

  • Jean Chalon qui a vraiment contribué à la faire connaître a publié deux versions de sa biographie consacrée à NCB :
    - Portrait d'une séductrice, Stock, 1976
    - Chère Natalie Barney, Flammarion,1992.
         

Chapitres de livres

  • Paris était une femme, Andrea Weiss, éd. Anatolia, 1996 : Paris was a woman a d'abord été publié à Londres en 1995, par Andra Weiss, alors auteure d'un documentaire du même titre (bande annonce › ici)
  • Des Américaines à Paris, Gérard Bonal, Taillandier, 2017 : livre que nous lisons l'été prochain...
  • Femmes de la rive gauche, Shari Benstock, éd. des Femmes, 1987.

Articles sur le livre que nous avons lu

Les livres inspirés par Natalie...


Et voici NOS RÉACTIONS sur le livre

Pour ce 12 mars 2023, nous étions 13 à réagir au livre de Natalie Clifford Barney :
- 9 en chair et en os : Agnès, Brigitte, Claire, Felina, Joëlle L, Léna, Muriel, Patricia, Véronique
- 2 en visio : Aurore, Sandra
- 2 par écrit après la séance : Flora, Marion.
N'étaient pas avec nous (10) : Joëlle M, Laetitia, Léna, Lucie, Marie-Claire, Nathalie, Nelly, Patricia, Sophie, Stéphanie.

Les tendances concernant le livre L'adultère ingénue
La succession des prises de parole

Agnès
(Spécialiste de Renée Vivien sur qui elle avait fait une maîtrise et qui avait fait lire à Lirelles La Dame à la louve, admiratrice consumée de NCB, Agnès commence par nous montrer des reliques qu'elle a recueillies au plus près de notre auteure...)
J'ai pris plaisir à lire ce roman, mais, en étant honnête, je dirais que s'il n'avait pas été signé par Natalie Clifford Barney, je l'aurais trouvé en partie ennuyeux.
Tout d'abord, il s'agit d'un inédit, ce qui a suscité mon enthousiasme et ma grande curiosité. J'étais très impatiente de découvrir la vision de NCB, romancée, de sa relation avec Élisabeth de Gramont. D'autant plus que je ne sais pas grand-chose sur la vie de la duchesse de Clermont-Tonnerre, ni sur cette histoire d'amour, contrairement à celles avec Liane de Pougy, Renée Vivien et Romaine Brooks.
J'ai aimé avoir l'impression d'entendre NCB, un peu comme si j'avais déniché le journal intime, caché dans un grenier, d'une grand-tante.
Je suis admirative de la maîtrise de la langue française qu'avait NCB, sans en être étonnée, connaissant son intelligence et sa culture. En revanche, l'édition m'a déçue, car j'ai comptabilisé une dizaine de fautes d'orthographe dans ce livre (sans préambule qui nous aurait expliqué que l'orthographe du manuscrit avait été respectée ou sans "sic").
Autre bémol au sujet de l'édition : le choix, que je trouve regrettable, pour les non-anglophones, de ne pas traduire les textes qui sont en anglais.
J'ai apprécié la préface et la postface de Francesco Rapazzini, que j'ai trouvées éclairantes et pertinentes.
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, j'ignorais totalement qu'Élisabeth de Gramont avait un mari non-conciliant et extrêmement brutal. J'ai été étonnée de découvrir une NCB totalement éprise et en souffrance, capable d'accepter cette situation on ne peut plus complexe. Je savais pourtant qu'elles avaient signé ensemble un contrat de mariage.
Le roman montre bien l'être solaire qu'elle était, la force de ses désirs et la puissance de sa sexualité.
J'ai été émue à chaque passage où elle évoque ses employé.es de maison, en pensant à Berthe Cleyrergue, que j'ai connue. J'ai été très émue également à chaque citation et évocation de Renée Vivien (pages 27, 77, 109 et 115).
Le suspens de la dernière partie du roman est très bien entretenu.
Et l'aspect que j'admire le plus dans le roman et dans l'écriture de NCB, ce sont ses aphorismes qui font vraiment mouche et qui montrent qu'elle avait beaucoup d'esprit (et d'expérience de la vie) :
"Aimer autrement que j'aime est-ce aimer ?"
(p. 25)
"... ce qui ressemble le plus à l'amour c'est la douleur."
(p. 27)
"Le seul servage qui vaille est celui de s'appartenir sans cesse."
(p. 85)
"Je plains celle que j'aime d'être aimée de moi, je plains également celles que je n'aime pas."
(p. 144)
"Il faut traverser beaucoup d'êtres et d'existences pour arriver à soi."
(p. 217)

Joëlle L
J'ai lu et relu ce livre. Au début je l'ai trouvé "pas mal", mais en le relisant, je l'apprécie de plus en plus. Même si je reconnais qu'il est mal ficelé, sans réelle intrigue et sans progression narrative.
Mais quelle délicieuse façon de dire les choses… J'ai vraiment été séduite par une grande puissance d'évocation…
Pour la première scène de sexe, quand Elisabeth est pressée, tout le paragraphe serait à citer ; je rappelle juste : "sa main sans force se pose sur moi…" Quand elles font l'amour dans les bois : "elle s'étendit et je mis mon ombre entre elle et le jour", on n'a pas besoin d'en lire davantage. (En passant je me demande comment elles pouvaient même simplement s'asseoir par terre avec leurs vêtements de l'époque...).
Des formules élégantes et inventives :
- Je t'aime de tous mes amours, toujours, oui toujours, mais vite pour que toujours ne soit pas trop court.
- Entre le 4 et le 11, j'aurai mes jours inutilisables, que ne peux-tu utiliser tous ceux qui ne le sont pas !
Gros changement par rapport à Wittig : ici, pas de cyprine, mais "l'amour qui fleurissait sur sa chair secrète" (p. 137).
Le début du livre est assez rusé. On attend la star, elle se fait désirer jusqu'à la fin du quatrième chapitre, où elle fait une rapide (mais sexuelle) apparition.
J'ai beaucoup apprécié cette langue originale et riche. J'ai même découvert le
verbe "embabouiner" (entortiller une personne, l'amener à faire ce que l'on souhaite d'elle en usant de cajoleries, de paroles flatteuses, de promesses…). C'est une langue quelquefois bancale d'ailleurs et pas bien aidée par les nombreuses coquilles qui peuvent rendre certaines parties du texte difficiles à comprendre.
Pratiquement pas de cliché, des expressions puissantes et personnelles pour parler de sensualité, de volupté, de sentiment. Les séquences sexuelles m'ont semblé très réussies. Jamais trop de précision, très elliptiques, dans l'avant et/ou dans l'après. On ne se sent pas voyeur, et ça aussi, c'est rare.
J'ai été frappée par la sensualité omniprésente. L'amour d'une femme bien sûr, mais aussi de la nature, des paysages, l'attention aux sons, aux parfums, au vent, à la pluie, à la mer, aux fleurs, aux fruits… ça n'arrête pas et ça n'est jamais banal, ça ne ronronne pas.
Beaucoup de sentiment, de méditation sur l'amour, être ensemble, séparées, se retrouver… "Aimer autrement que j'aime, est-ce aimer ?" Il n'y a pratiquement pas de descriptions de la "bien-aimée", mais des moments où l'on sent toute l'attention qu'elle lui porte. Elle voit les premiers cheveux blancs, comment le corps change quand elle se déshabille…
J'ai souvent souri : la répudiation de la manucure enceinte, la débâcle du lit, la femme à barbe de la tapisserie (qui doit dater d'avant la division des sexes), les tentatives de limericks (qui n'en sont pas vraiment et dont certaines parties me sont restées obscures malgré l'aide d'une amie anglaise et lettrée).
J'ai aimé les collections de lits (chambre d'hiver ou d'été, hôtels variés, train, lit de la Duchesse, sous-bois, maisons d'amis, bateau…) et les considérations sur les lits fermes, les lits douillets, l'amour par terre…
- "L'amour par terre… Un peu dur, mais très bien"
- "portée sur ce formidable bouclier de crins et de cuivre, mon aimée semblait le butin offert sans cesse à mes victoires".
Au registre des choses que je n'ai pas comprises, outre les limericks, la citation de Lucie Delarue-Mardrus en épigraphe ("ne noircit pas le tarbouch et n'emplit pas le ventre"). Qu'est-ce que ça veut dire ? Et puis grâce à Claire qui a retrouvé la source (› ici) j'ai compris au moins la deuxième moitié de la phrase.

Pour ce qui est de la personne, je suis assez partagée. Bien sûr elle est fascinante et même attendrissante, mais par certains côtés arrogante, imbue d'elle-même. Il y a des moments de vantardise ou de cuistrerie qui m'agacent (toutes les femmes qui lui font la cour, la liste des livres emportés en croisière…). Un peu de naïveté aussi (fermer sa porte à clé pour les domestiques, mais partager des orgasmes explosifs : ça devait glousser à l'office).
Quant à la Duchesse… J'ai un faible pour cette femme, sa grande classe, sa liberté, et j'admire tout le chemin qu'elle a dû parcourir pour se dégager de son milieu et des codes de sa caste. C'est une Constance Debré avant l'heure. J'adore sa façon de s'exprimer. Quelques citations d'Elisabeth :
- "Vous qui êtes facile à prendre, difficile à retenir, impossible à garder".
- "Vous êtes le seul être au monde qui me satisfasse complètement, votre âme est harmonieuse, vos paroles sont toujours les paroles qu'on rêve d'entendre, vos gestes sont ceux qu'on désire, votre façon d'entrer dans une pièce est un enchantement."
J'ajoute qu'à la fin du livre de Jean Chalon (édition revue et augmentée) on trouve le texte "La femme qui vit avec moi" qui avait été imprimé à deux exemplaires. Celui d'Elisabeth est perdu (les héritiers Clermont-Tonnerre ont dû faire le ménage).
D'une manière générale, on trouve peu de traces d'Elisabeth dans les bios de NCB. Pourquoi ? Deux hypothèses :
- les familles Gramont et Clermont Tonnerre ont fait pression sur NCB
- NCB a préféré garder pour elle cette histoire avec "la femme qu'elle a le plus aimée" (périphrase pour désigner Elisabeth dans Amants Féminins)
J'ai trouvé la préface pertinente, pas trop longue et plutôt claire. Deux points de désaccord : manque "Amants féminins ou la troisième" et la relation avec Eva Palmer, plus ancienne. La postface nous laisse espérer de nouvelles publications puisque "ses archives débordent de romans, poèmes, pièces de théâtre et autobiographies inédites"...

En conclusion, je suis sous le charme. Ce n'est jamais ni mièvre, ni pornographique. À la fois totalement sexuel et totalement sentimental. C'est le livre le plus étonnant et le plus juste que j'aie jamais lu de ce point de vue.

Felina
Suis-je passée à côté de quelque chose ? Mais le livre m'a un peu ennuyée.
L'auteure, elle, m'intrigue, me fascine. Ce n'était peut-être pas le moment.
J'ai trouvé qu'on était toujours un peu dans le lyrisme. J'espérais dans la suite du livre que je lisais qu'il y ait davantage de narration… or je n'ai vu qu'analyse de sentiments, ce qui ne m'a pas passionnée. Il est écrit "roman" : j'aurais aimé des faits et non un recueil de réflexions.
Il y a certes de belles phrases, celles que vous avez citées.
Mais je n'ai pas accroché ; je suis allée jusqu'à la page 88 : après vous avoir entendues, j'aurai peut-être envie de continuer.

Brigitte
J'avoue avoir abordé la lecture de cet "inédit" avec quelques idées toutes faites sur son auteure, guère à son avantage. Convaincue qu'elle écrivait avec ses pieds.
Cette espèce de journal d'une attente qui n'en finit pas a donc été plutôt une surprise, surprise un peu longue certes, comme l'attente, mais agrémentée d'un style qui incitait à lire jusqu'au bout - en essayant de passer sur les coquilles multiples qui menaçaient à tout moment de faire dérailler la bonne volonté. Amusée des piques contre les dessous démodées de la maîtresse adultère, et, petit à petit, contre le tyran de mari et le mariage comme un bagne, ou plutôt : "un reste de barbarie féodale", "on ne baisse plus le pont-levis, il n'y a plus d'eau dans les fossés, mais le suzerain règne encore"…
Longue, quand même, cette attente, et qui se termine sur une FIN à brûle-pourpoint très décevante : alors quoi, tout ça pour ça ? Mais fort heureusement, page suivante, la postface vient donner tout son sel à l'histoire : l'attente en fait a duré toute une vie. De quoi envoyer aux orties l'image d'une NCB volage et frivole courant d'une conquête à une autre comme seul but dans l'existence. Le personnage apparaît finalement plus complexe que ça.

Une autre histoire m'avait auparavant étonnée devant son érudition, ou au moins son intérêt pour des textes littéraires réputés difficiles. Ainsi des Stèles de Segalen. Grand sinologue et archéologue émérite, mais aussi brillant poète et épistolier, Segalen a écrit cet ensemble de poèmes en prose en 1910 à Pékin, dans sa "chambre aux porcelaines". La superbe édition originale réalisée à Pékin en 1912 a été tirée en 81 exemplaires hors commerce destinés aux amis du sinologue, dont Rémy de Gourmont. Mais le 81e était dédicacé … "à une amazone inconnue".

Retenu auprès du fils de Yuan Shikai (le président chinois), Segalen fait parvenir l’exemplaire destiné à Natalie Barney à sa femme Yvonne, restée à Pékin, pour qu’elle le remette à la poste française : la lettre qu’il lui écrit à ce sujet, le 4 mars 1913, mentionne, mot pour mot, la dédicace à l’Amazone...
Natalie avait découvert l'exemplaire de Rémy de Gourmont, l'auteur de Lettres à l'Amazone, sur son bureau, s'était entichée de ce bel objet (sans doute comme elle s'entichait d'une nouvelle femme), l'avait emprunté et menaçait de ne pas le rendre. Gourmont, qui y tenait, avait demandé comme une faveur à Segalen de lui en dédicacer un exemplaire ("vous l’avez rendue si fébrile !"). J'ai découvert par hasard les détails de cette histoire qui en dit long sur "l'amazone" grâce au catalogue de la vente Pierre Bergé de novembre 2010 où figurait l'exemplaire en question. De là à considérer Pierre Bergé comme un admirateur posthume de NCB, il n'y a qu'un pas, que je laisserai à d'autres le soin de franchir.
On a un autre exemple chinois de l'aura "d'amazone" de Natalie : une de ses amantes, chinoise, qui a eu une vie époustouflante par ailleurs, Nadine Hwang...

Quant à "l'inédit", publié post mortem sans que l'auteure ait pu donner son avis, on peut se demander si elle n'aurait pas aimé le réviser avant qu'il soit édité, surtout qu'il semble en exister deux versions différentes, nous a précisé Agnès. J'aurais tendance à le considérer comme un texte non point inachevé mais inabouti. Le titre même me paraît horripilant : adultère, certes, mais ingénue ? Qui est l'ingénue, dans cette histoire ? Odeur de scandale entre les lignes. On sent le désir d'attirer le lecteur, autant que la lectrice d'ailleurs, l'un et l'autre floués en outre par l'annonce d'un "roman".

Claire
Ce qui est positif pour moi, après cette lecture, est d'avoir quitté la légende de NCB pour entrer dans l'écriture de celle qui, dans le Bottin mondain de 1957 se définit comme "écrivain" et par ce biais découvrir un peu la personnalité.
J'ai moi aussi trouvé qu'elle a une jolie plume, avec des formules qu'on peut applaudir :
"Le désir est une exagération, le plaisir un équilibre."
"Ne pouvant vivre avec moi, elle ne pourrait vivre sans moi"
Un charme décalé vient du décor : "mon amour dit : 'Il est dix heures, on ferme les Tuileries.' J'entends souvent depuis ce bruit sourd, inaccoutumé pour moi de ce tambour battant la retraite, la fermeture des jardins, la fin des amours. En attendant, je vous aurai demain." La phrase est souvent mélodique : "Une heure sonna aux églises et aux maisons voisines, puis on entendit de nouveau crépiter et respirer les arbres et, lentement initiées à l'obscurité, leurs formes se précisaient contre le ciel d'un noir pâle, et nous regardâmes vivre la nuit. Et comme à quelque divinité de la nuit, mes yeux revinrent à son corps allongé et je pris, renversé vers les étoiles et mes lèvres, son visage." Bon, là ça se gâte en fin de phrase...
Ce que j'ai apprécié, est la liberté de l'auteure, son aisance : amour des femmes, athéisme, scène au bordel. Si elle avait eu un peu d'humour, un peu de deuxième degré, j'aurais été friande de sa distance quand ce n'est pas son cynisme : "Quand seras-tu, mon aimée, à ton tour perdue dans ce long cortège de mes bien-aimées ?" (p. 63). Elle "disait qu'elle était indigne, qu'elle ne méritait pas un amour comme le mien. Et je pensai très émue, et la tenant de toute ma vaste tendresse, qu''elle avait peut-être raison. (p. 82) Aïe aïe aïe, la vaste tendresse, non merci !
J'ai bien aimé la liste "Pour ou contre" (p. 196) concernant le choix de partir ou non, moi-même ayant déjà recouru à ce genre de liste...
J'ai trouvé l'auteure peu sympathique, frivole (p. 102 on a le détail des instruments de toilette : "pas de peigne. Ceci me sembla plus pénible car j'ai l'habitude d'un peigne spécial à dents écartées et à la poignée en forme de proue de gondole"...), et, surtout, dans son rapport à sa maîtresse peu aimante. Elle cherche à la retrouver, elles s'ébattent, mais n'ont guère d'échanges alors qu'Elisabeth de Gramont semblait être une personnalité très intéressante et avoir des préoccupations pas que mondaines. On a l'impression que le pouvoir - la posséder, l'arracher au tyran qui la maltraite - intéresse NCB, mais pas grand-chose d'autre. Tout est centré sur l'engrenage "fuis moi je te suis, suis-moi je te fuis"... Natalie s'interroge avec subtilité : "Aurait-il fallu la mater, la limiter comme les autres ?".
Ah chouette, on parle lecture ; mais quand NCB lit un passage (p. 81), l'auteure est une de ses ex : encore elle, elle, elle.
Même si parfois j'ai applaudi parfois, j'ai eu l'impression qu'elle s'écoute écrire. Les affèteries (la "semblance" revient plusieurs fois) sont parfois limite comiques : à propos des prostituées, "elles livrèrent à notre vue les défectuosités inconscientes et impudiques de leurs nudité"; "Son plaisir exact et difficile qui demande la patience et la délicatesse de la pêche à la truite".
Par ailleurs les commentaires sur l'amour ne nous épargnent pas les cuculteries "mon petit amour, comment vont vos plumes de colombe" ou "seul un archange pourrait comprendre mon amour", le bavardage sucré : "notre sensualité accentuée et vivace retombait avec des cris de sucre sur les délices retrouvés".
Même dans la sexualité, pour ce qu'on en discerne, car le texte est vraiment soft - la liberté a ses limites, l'érotisme est décevant, plus cucul que cul ("je la tiens précieusement contre la courbe fraîche de mon épaule"). On a l'impression que NCB est plutôt et pourquoi pas top (ceci dans le jargon sexe), donnant sans se donner, d'ailleurs l'amante s'en plaint : "L'amour de l'amant me semble le seul amour en accord avec ma nature d'intensité de proie et d'amertume. Je la veux à moi, à moi, à moi et je la fais mienne par l'immense force de mon désir qui me change de sexe et même d'aspect, déchaine le grand dieu du rut que je porte dans ma tête par mes flancs". Bon, on sait à quoi s'en tenir si on est candidate !
Certains passages sont verbeux : "L'orage s'exalte à nouveau, je e peux plus penser. Je me laisse aller comme l'orage. Nous portons des éclaires (sic) qui nous illuminent, nous dégageons un étrange magnétisme qui nous transfigure.
Il y a des soirs où nous nous sentons nimbées, non seulement comme dans les saintes images d'une rayonnante couronne, mais nos bras, nos flancs, nos sexes resplendissent également d'une âme - d'une âme qui a pris feu et qui en nous, sur nous et autour de nous, irradie de la lumière
" 160 Vous vous sentez nimbées, les filles ?
J'ai trouvé l'ensemble du livre cafouilleux, verbeux, délayé, sans architecture.
Je n'ai pas compris le titre avec son féminin. J'ai noté un paquet de fautes - bravo l'éditeur.
Autant on ne peut pas se passer de connaître le personnage de NCB et son rôle qu'on va retrouver dans le livre que nous lirons cet été, autant c'est un livre dont on peut peut-être se passer... enfin, je ne regrette pas de l'avoir lu avec vous.

Aurore
J'enchaîne avec Claire avec qui je suis d'accord : je me suis ennuyée !
Alors qu'était annoncé un roman, j'ai vite déchanté.
Quelques petites choses m'ont retenue heureusement. Comme je l'avais emprunté en bibliothèque, je l'ai fini assez vite : je lisais un flot de paroles, un flot hypnotisant, mais suscitant l'ennui.
Certes le roman original par sa forme. Il relève de l'autofiction ainsi que du roman épistolaire et il présente un amour charnel entre deux femmes, ce qui m'a intéressée.
Mais l'écriture est larmoyante.
De plus, il s'agit d'un adultère, ce qui m'a braquée.
J'accorde une mention spéciale à l'épisode dans la maison close, bien dépeint.
Ajoutons le travail d'édition qui manque concernant le nombre impressionnant de fautes qui entravent la lecture.

Véronique
J'étais toute jeune quand j'arrive à Paris rue Jacob, non pas au 20, mais au 21 à l'Hôtel des Marronniers, où il n'était pas rare qu'on vienne nous demander des infos sur Natalie Clifford Barney ; je me souviens que la BBC était venue à l'hôtel. La librairie des éditions des Femmes était non loin… bref, le livre m'a remémoré plein de choses de cette époque.
Il décrit très bien les relations amoureuses. Je l'ai lu jusqu'à la page 100. J'étais hyper étonnée que la narratrice attende tout le temps. Cela m'étonnait de Natalie…
Hormis les fautes d'orthographe pénibles, j'ai trouvé de petites longueurs.
Mais c'était parfois très poétique, un peu désuet ; le titre lui-même donne le ton. Ce que je lisais me semblait parfois pertinent et assez bien écrit.
C'est vrai qu'on aimerait que quelque chose se passe. Je vais sûrement le finir.
Mais le fait qu'avec ce sujet lui-même, tout un livre y soit consacré, ça ne m'a pas emballée plus que ça. Je le finirai peut-être.

Léna
J'ai procrastiné pour lire ce livre à tel point que je l'ai fini dans le métro, dix minutes avant d'arriver.
Et pour cause ! J'ai trouvé Natalie Clifford Barney imbue d'elle-même et profondément égoïste. Au-delà d'un ouvrage que j'ai trouvé la majeure partie du temps ennuyant, les reproches incessants faits à son amante m'ont rendu la lecture fastidieuse.
Elle semble ne pas mesurer les risques qu'encourt Eliaabeth de Clermont-Tonnerre, voire elle se figure qu'elle est dans une position plus dangereuse. Dans un passage elle avoue d'ailleurs avoir peur d'être assassinée par le mari d'Elisabeth, sans faire mention des menaces que celle-ci reçoit régulièrement.
J'ai, en revanche, éprouvé beaucoup d'affection pour Elisabeth que j'ai trouvé aussi résiliente que courageuse.
En terminant ce roman, j'ai retiré l'impression que Natalie n'était pas tant amoureuse d'Elisabeth que de l'idée d'être aimée.

Sandra
Je suis très partagée.
Ce qui est négatif est que je me suis ennuyée ; j'avais marre de cette attente ; elle se plaint énormément, ce qui m'a agacée. Même quand elles se voient, elle trouve des moments de souffrance : bref elle se plaint trop !
Tout est centré sur elle, je suis d'accord avec Léna. Son amante prend des risques, elle a des enfants, c'est une personne qui peut perdre beaucoup. Or, on est toujours centré sur Natalie, qui doute de son amour, doute de la durée de son amour.
Si Natalie Clifford Barney était une femme éblouissante, la narratrice m'agace, imbue de sa personne. Elle donne l'impression d'aimer l'amour plus que la femme. Bref, je n'ai pas trop aimé ce personnage et, surtout, je me suis vraiment ennuyée.
Un autre bémol : quand elles se voient, mais de quoi parlent-elles ? Rien n'en est dit.
Ce qui est positif, c'est la préface qui présente ce roman comme avant-gardiste. Notons que Colette a déjà parlé de l'amour lesbien, mais là, on est dans un amour lesbien libre : il faut lire ce livre pour sa liberté, avec deux femmes qui assumaient leur amour.
Oui les aphorismes sont réussis.
Je me demande pourquoi il n'y a pas de prénoms dans ce roman.

Muriel
Le style m'a plu,
comme à Joëlle qui a très bien détaillé, avec ces vagues descriptions ni clichés ni pornos.
Mais c'est trop long, à la moitié j'en avais déjà marre.
Je partage aussi cette réaction : elle paraît antipathique, ne pensant qu'à elle.
Je me suis posé une question totalement hors sujet, me demandant si cette richissime Américaine était taxée par l'État américain...

Patricia
J'ai beaucoup aimé, comme Joëlle, la façon dont cette femme mythique, très intelligente, écrit de façon suggérée des scènes de sexe : c'est brillant.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
Le seul point négatif pour moi, ce sont les fautes d'orthographe. Et la scène de prostituées.
Je l'ai lu comme un journal intime : c'est pourquoi l'analyse est tournée vers elle-même plus que vers l'autre.
Madame de Gramont, son amante, est-elle plus sympathique ? Certes elle a pris des risques.
On assiste à une description du sentiment amoureux dans tous ses aspects, en passant par la passion, le retour au calme, la bataille contre certains élans…
Oui, c'était une coureuse, une briseuse de cœurs : mais elle est aussi inquiète, capable de douter, tient compte du regard d'autrui.
Et alors qu'elle est courtisée, elle peut souffrir de solitude, a peur de la séparation, est parfois triste. Elle décrit très bien la souffrance.
Elle reste lucide pour ne pas tomber dans la mièvrerie.
Elle est une lesbienne célibataire et cette femme est en opposition avec sa vie. En cela, le roman n'est pas si démodé.
Avec les listes, on pense à Susan Sontag, à Marguerite Duras. Et d'ailleurs ce projet de voyage pour lequel elle pesait le pour et le contre, est annulé par l'accident.
Elles ne parlent guère parce qu'elles se voient en coup de vent. Elle est même jalouse, la suivant en cachette.
Bref, je ne me suis jamais ennuyée, je trouve ça génial, j'ai adoré !

Marion (après la séance)
J'ai lu le livre jusqu'au bout, intéressée. Intéressée, mais aussi exaspérée. Car il n'y pas de solution pour ce couple. Que peut-il devenir ? Je ne vois comment ce ne peut pas mal finir... et elles devront finir par se séparer. Mais le livre reste la porte ouverte à ce sujet.
Le livre m'a plu, en raison de sa bonne analyse des rapports, dans ces circonstances, de ce couple, voué à l'échec me semble-t-il. J'en avais assez, ce n'est pas possible, me disais-je, elles vont finir par rompre.
J'ignore ce qu'elles sont devenues en réalité...

Flora (avis transmis après la séance)
Je n'ai pas apprécié le livre que je n'ai pas terminé : il m'a vraiment ennuyée car je l'ai trouvé très redondant. Chaque chapitre se ressemblait avec une description des retrouvailles des deux protagonistes. J'ai lu plus de la moitié du livre en espérant que ça s'améliore ...
Seule la préface m'a plu car je ne connaissais pas Nathalie Barney et son amante.

Felina (après la séance)
Je
ne crois pas que je vais terminer la lecture finalement...

Joëlle L (après la séance)
En'écoutant Claire, j'avais un peu tiqué sur un point, mais c'est passé vite et je n'ai pas rebondi. Comme je le retrouve par écrit, je tique à nouveau. Il s'agit de "On a l'impression que NCB est plutôt et pourquoi pas top (ceci dans le jargon sexe), donnant sans se donner."
Plusieurs éléments contredisent cette hypothèse :
1) dans le texte-même (phrase que j'avais d'ailleurs relevée) :

"Entre le 4 et le 11, j'aurai mes jours inutilisables, que ne peux-tu utiliser tous ceux qui ne le sont pas !"

2) dans les poèmes Nos secrètes Amours de Lucie Delarue-Mardrus, je relève par exemple

- "Elle" (extrait)

"Ma proie !
Elle est blonde et docile à mon geste orgueilleux
Et pleine de douceur même au cœur de la joie.
Sous ma bouche salée encore par la mer,
Sa bouche
Est humide et glissante et comme de l'eau douce,
Et telle est la blessure intime de sa chair.
"

- "Miroir" (extrait)

"Ton corps entre mes bras péremptoires pressé,
Est demeuré subtil et fuyant comme l'onde…
"

- "La Bête" (extrait)

"Et, sous notre baiser, ton plaisir a le goût
De goémons mouillés et des bêtes marines
"

- "Furieusement" (extrait)

"Où j'enfouis avec colère mon visage
Dans tes genoux ouverts et prêts
"

- "En secret" (extrait)

"Ton baiser, sa douceur terrible, tout l'émoi
De ton corps qui fuit et qui cède
"

- "Par ces nuits" (extrait)

"Emportant la douleur du baiser incomplet
Et toute ton odeur secrète dans ma bouche !
"

Et je pourrais continuer : il y en a comme ça des palanquées ;-)
Je ne suis pas sûre de trouver le style à ma convenance, mais elle est assez directe !
Ai-je convaincue ?

Claire (après la séance)
Je m'incline devant la lectrice attentive érudite !

Comme nous avons remarqué que notre lecture était parasitée par les fautes non corrigées dans le livre, j'ai envoyé un message aux éditions Bartillat, indiquant que nous avions mis à notre programme leur récente publication, ravies que nous étions de de découvrir cet inédit, équipé de sa préface et de sa postface. Si comme pour tout roman, il a suscité des réactions variées (vif enthousiasme, rejet, avis mitigés), un point commun est revenu à répétition : pourquoi tant de fautes d'orthographe non corrigées tout au long du texte ? Y compris dans le titre, adultère étant du masculin. La réponse a été presque immédiate, bravo et merci !

Charles Ficat, éditeur, nous répond ceci :

Merci de votre retour de lecture sur ce livre original.
S'agissant du titre, il est de Natalie Barney elle-même. L'ayant-droit n'a pas voulu en changer. "Adultère" est pris ici comme un substantif féminin, une adultère (une personne adultère). Ce n'est pas l'usage le plus courant, mais il existe. Chateaubriand en fait usage : "Alors nos théâtres cesseront d'être des écoles d'infidélité pour les femmes et d'immoralité pour les hommes, lorsque nous en aurons banni toutes ces vertueuses adultères et tous ces honnêtes indigents qui n'apprennent qu'à tromper la couche nuptiale et à voler son voisin." F.-R. de Chateaubriand, Fragments du Génie du Christianisme primitif, 1800, p. 223.
Pour toutes ces raisons, nous avons gardé cette graphie surprenante.
Par ailleurs, il se trouve qu'il reste des coquilles dans le texte. Si vous en avez repérées, merci de nous les transmettre afin que nous puissions les corriger dans un prochain tirage.
Toutes nos excuses pour cet inconfort de lecture.
Avec nos très respectueuses pensées,
Charles Ficat
Éditions Bartillat
2, rue Crébillon
75006 Paris

Claire
Après avoir été convaincue par l'exemple de Chateaubriand qu'on trouve dans le dictionnaire Cnrtl ›ici, j'ai envoyé une liste rapidement faite d'une vingtaine de "coquilles" dont certaines sautent aux yeux...

Réponse de l'éditeur :

Merci de cette précieuse liste, dont nous nous servirons dès le prochain retirage.
Toutes nos excuses à nouveau pour ce désagrément.
Avec notre reconnaissance et nos meilleures pensées.

Par ailleurs, Brigitte a évoqué une amante chinoise de NCB, Nadine Hwang. Agnès ajoute que, surnommée La colonelle, Nadine fréquentait son salon où elle exécutait une danse du sabre... Elle nous signale un film qu'elle vient de découvrir Nelly et Nadine et ›ici sa bande annonce. Agnès mentionne le travelling sur les visages et le regard de Nadine Hwang, saisissant, durant son rapatriement de Ravensbrück....


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