La
Cave : un retrait, trad. de l'allemand (Autriche) Albert Kohn,
Gallimard, coll. Du monde entier, 1983
Quatrième de couverture :
"Partir dans la direction opposée"à celle qu'il
a prise, comme chaque jour pour se rendre au lycée, voilà
ce que décide soudain Thomas Bernhard à quinze ans. Ce demi-tour
décidera de toute sa vie. Il ne le regrettera jamais. Pourtant
les conditions sont dures dans la cave de M. Podlaha, le magasin d'alimentation
où il a trouvé une place d'apprenti. Aucun travail ne le
rebute. Et quelle clientèle ! Dans ce quartier que la ville tient
à l'écart, c'est la misère, l'ivrognerie, le crime,
le suicide.
Dans ce style bien particulier où la répétition de
mots, de groupes de mots, développe comme un thème musical
une pensée à la fois obsédée et obsédante,
Thomas Bernhard raconte son adolescence, les siens, entassés à
neuf dans trois pièces, et son goût pour la musique.
En poche Imaginaire
Gallimard en 2003
|
|
Thomas Bernhard (1931-1989)
La Cave (1976, traduit en 1982)
Nous avons lu ce livre en 1999. Nous
avions lu Maîtres anciens
en 1991 et nous lirons Oui
en 2024.
Jean-Pierre (avis transmis des Alpes)
Ce qui m'a le plus frappé, ce sont les premiers mots qui rencontrent
un écho dans ma vie. Mais 100 pages sur le même souffle,
c'est long.
La musique rayonne dans l'enfer. Dans ce livre, il faut se glisser en
sens opposé.
Je vous souhaite une bonne soirée.
Brigitte,
J'avais eu plus de mal avec Maîtres
anciens. Il arrive à nous intéresser, malgré
un projet difficilement intéressant. Ça m'a plu. Je me suis
retrouvée. Mais c'est plutôt un essai.
Claire
J'ai commencé avec fougue : un livre de bon format
La répétition est fascinante. Je me sens prisonnière
d'une espèce de glu. Est-ce un style ou un procédé
?
La fin est très pâle. Nous avions lu Maîtres
anciens, et j'ai la même impression.
Par contre, l'adaptation théâtrale est très bonne.
J'ai vu une émission sur lui : un personnage antipathique, haineux.
(Sans aucun rapport) Par contre le livre
de Yann Andréa est génial.
Manuel
Je suis heureux d'être parmi vous, mais je n'ai pas trouvé
le livre. J'avais aimé Maîtres
anciens. Non non, je ne veux pas qu'on me prête le livre,
non non !
Marie-Jo
J'étais a priori très favorable. J'ai aimé les pièces
de Thomas Bernhard que j'ai vues.
J'ai été ravie par les premières pages, par l'idée
d'aller en sens opposé, puis ça s'est dégradé.
J'ai détesté son systématisme.
Thomas Bernhard noircit le tableau pour se complaire dans l'enfer qu'il
s'est créé. Je suis resté très extérieure
à ce texte. Je ne suis pas arrivée à comprendre ce
que ce jeune trouve dans les gens qu'il côtoie dans la cave. Il
n'y a pas d'émotion, pas d'humanité.
Jacqueline
Je ne l'aurais jamais lu si ça n'avait pas été pour
le groupe.
C'est pathologique. L'éclairage sur la famille est intéressant,
sur la révolte, sut tout ce qu'il y a eu avant la guerre. Le grand
père est un rayon de soleil. Je ne regrette pas de l'avoir lu.
Rozenn
J'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup. C'est extraordinaire de vérité.
J'aime le début quand il fait demi-tour. Je regrette de l'avoir
lu très vite. J'aime ce ressassement, toute cette haine. Je suis
choquée par "marteau-piqueur machine à écrire,
c'est la même chose.". J'aime que ce soit un bloc : on y entre
; c'est ainsi qu'on monologue intérieurement.
Monique
J'ai plutôt aimé. Mais j'ai été déçue
par rapport aux Maîtres
anciens qui me paraît plus artistique. J'ai été
touchée par le personnage du grand-père, qui ne respecte
pas les horaires des autres, qui vit un échec, son livre, qui apporte
à l'adolescent quelque chose qui lui restera toute la vie. Il y
a des oppositions nécessaires, c'est une bonne idée. Pas
de compassion. Ce jeune qui avait besoin de s'ancrer dans la réalité,
d'être utile : lui s'en sortira, avec la musique, contrairement
aux gens de la cité. Il y a un besoin d'activités opposées.
Le ressassement est moins intense que dans Maîtres anciens,
donc moins réussi. Ce qui est décrit sur la cité
correspond à ce que je vois dans ma banlieue. Thomas Bernhard avait
déjà tout compris.
Liliane
J'avais conseillé cette lecture par provocation. C'est un livre
qui ne séduit pas. Je le proposais comme thème d'écriture
en atelier : "une fois où dans sa vie on est parti dans une
direction opposée".
C'est un style qui martèle. C'est une manière d'écrire
qui correspond à son projet : "une tentative d'écrire
la vérité".
Thomas Bernhard et quelqu'un qui a connu le désespoir. Je vois
tous les jours plus de la moitié de mes élèves qui
souffrent. Thomas Bernhard met les mots justes sur la souffrance des élèves
qui n'aiment pas la scolarité. Certains jeunes perdent de leur
vérité, de leur personnalité, quand ils acceptent
le monde de la scolarité.
La fin du livre se cherche. Thomas Bernhard cherche, ne propose pas une
solution ni une théorie. Il cherche à sauver sa peau. C'est
un livre très sincère.
Christine
J'adore Thomas Bernhard. Je ne l'ai pas relu en entier en raison de Smilla.
Je pensais que j'aurais du mal à relire. Je suis captivée
et captive. Je n'arrive pas à en sortir. Je "tombe".
Cela ressemble à ma propre pensée. Je suis dans la pensée
de quelqu'un. Il y a une adéquation de plus entre le cheminement
de sa pensée et mon propre cheminement. Avec la force de cet esprit,
par exemple au bureau de travail. J'ai trouvé également
intéressante la réflexion sur la ville. J'ai le sentiment
d'être un adolescent de 16 ans. La façon dont le personnage
du grand-père revient à la charge est subreptice. On peut
dire Thomas Bernhard c'est moi.
Monique
Le ressassement dans Maîtres
anciens pour moi n'émane pas d'un humain. Je suis un peu
déçue par l'uvre autobiographique.
Christine
Ses livres ont été publiés en Allemagne, et pas en
Autriche, sauf les autobiographiques.
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|