Thomas BERNHARD, Oui, trad. de l'allemand (Autriche) Jean-Claude Hémery, Folio, 176 p.

Quatrième de couverture : Comme "l’agent immobilier Moritz", nous sommes, dès les premiers mots, "gressés sans ménagement" par un narrateur véhément, qui ne nous lâchera pas avant de nous avoir dit tout ce qu’il a sur le cœur. Dès la première phrase, une interminable tirade hérissée de conjonctions qui se bousculent et d’incidentes emboîtées les unes dans les autres, tout est joué : ou bien nous lâchons prise, ou bien nous reprenons notre élan et nous ne pouvons plus nous arrêter avant la fin. Tout, alors, s’éclaire très vite : nous saurons tout sur Moritz et sa famille, sur les Suisses, nous saurons tout sur le narrateur et nous en saurons encore plus sur notre compte. Car plus il accumule à plaisir les détails sur son mal, plus sa voix furieuse devient universelle.



Oui
, Gallimard, 1980


Récits (1971-1982), Quarto, 2007

Ce volume contient : Trois jours - L'Origine - La Cave - Le Souffle - Le Froid - Un enfant - Marcher - Oui - L'Imitateur - Les Mange-pas-cher - Le neveu de Wittgenstein - Entretien avec André Müller


Ja, Suhrkamp, 1978

Thomas Bernhard (1931-1989)
Oui (1978, traduit en 1980)

Nous avons lu ce livre pour le 14 juin 2024.

Nous avions lu Maîtres anciens en 1991 et
La Cave en 1999.

Nous aurons pu voir une adaptation au théâtre, Oui, mise en scène de Célie Pauthe, au Théâtre de l'Odéon ; le programme ›ici.

Et un peu de doc autour de l'auteur ›en bas de page

Nos 17 cotes d'amour
Jocelyne Renée Rozenn
Brigitte
CatherineClaireDanièle Fanny JacquelineMonique L

Clarisse Françoise
Entreet Muriel
Annick A Thomas
Jérémy Sabine

Etienne
n'avait pas encore lu le livre

Danièle(avis transmis)
"Oui", de Thomas Bernhard. Déjà le titre m'interpelle, venant de Thomas Bernhard, qui dit NON à tout, spécialement à son pays l'Autriche, qu'il déteste pour ce qu'il représente : l'allié du nazisme, la bien-pensance bourgeoise entre autres.
Puis vient la première phrase, d'une longueur de presque trois pages… et là, je pense à Proust. Je me prépare donc à me régaler en abordant un exercice de style classique qui consiste à élaborer la plus longue phrase possible "à la Proust". Puis, troisième étape : je me dis, mais c'est un malade et je trouve très vite des différences : chez Proust, c'est de l'introspection, liée au souvenir, et aussi une étude de la société d'alors. Ici c'est plutôt de l'autoflagellation. Les deux creusent un chemin, mais ici, que de répétitions et de mal-être. D'ailleurs, il parle p. 145 de "notes" pour désigner son roman. Des notes que l'on écrit quand on sent le besoin d'écrire pour faire le point, ou quand on ne va pas bien.
J'ai aussi pensé à Fabrice Luchini, dans ses shows improvisés, qui nous entraîne subrepticement d'une pensée à l'autre, comme du coq à l'âne, mais en souriant, et aussi de manière plus superficielle.
Au fil de la lecture, loin de s'engluer ou de nous engluer, Thomas Bernhard devient fluide, comme si la personnalité de la Persane lui faisait retrouver des sensations plus limpides et un esprit plus clair. Il nous emporte dans son soliloque consacré à la dépression, dans lequel je retrouve quelques obsessions personnelles, mais aussi, je crois universelles. D'ailleurs, vers la p. 90, il passe du JE au NOUS. Sa trajectoire est de plus en plus liée à celle de la Persane, sur qui semble se projeter sa propre dépression. Cela correspond à un basculement dans le texte. Si bien que le OUI final, dit en souriant, est en fait un oui au suicide et équivaut à un NON à la vie. C'est aussi un NON à l'Autriche, qu'il mentionne explicitement très tard, p. 132. Il décrit "un paysage sinistre qui s'accorde aux habitants". Nous avons donc bien là un texte de Thomas Bernhard !!!
J'ai particulièrement été touchée par l'horreur des relations entre le Suisse et la Persane et la fin de vie de cette dernière.
J'ouvre aux ¾.

Claire
Avais-tu lu un autre livre de cet auteur auparavant ?

Danièle
Si j'ai lu un livre de lui, je n'en ai aucun souvenir. Une ou deux pièces de théâtre. Je ne sais plus d'où je tiens ce que je sais sur lui… C'est ça, la culture !

Claire
Ah oui... ce qui reste quand on a tout oublié...
Clarisse(avis transmis)
Première lecture de cet auteur pour ma part, œuvre qui m'a beaucoup fait penser à Mars de Fritz Zorn sur le traitement de la dépression.
J'ouvre à un demi. J'ai beaucoup apprécié l'écriture vomitive de l'auteur, mais moins ses éternels retours sur le peu d'événements qui se passait dans le livre. Il nous explique à plusieurs reprises son arrivée chez Moritz, des mois d'isolation, son appréciation de la Persane. Il tourne en rond littéralement, sans que cela soit intéressant comme dans L'écriture ou la vie. Ici, il s'agit plus d'un vain monologue ou d'un cas clinique. Les personnages n'ont aucune substance et le scénario est très pauvre. Le suicide de la Persane clôt le récit, sans que cela ne nous fasse ni chaud ni froid. Ce que je reproche finalement à ces livres, Oui ou Mars, est de ne rien dire de la dépression en tant que telle. Oui ils sont dans le mal, mais ce qui serait vraiment intéressant est de comprendre ce mal qui les ronge et les paralyse. L'introspection est malheureusement absente et la lecture fade.
Françoise(avis concis transmis)
À ce stade de ma lecture, j'ouvre à moitié en raison de l'aspect verbeux, mais la pièce aux
¾.

Renée
(avis transmis de Narbonne)
Comme beaucoup d'entre nous j'ai vu et lu Maîtres anciens et différents récits : La Cave, Le Souffle, etc. Je n'avais pas lu Oui, mais je retrouve le Thomas Bernhard que j'aime : sa rage, sa mauvaise foi, ses répétitions hypnotiques. Il me semble même que c'est encore plus radical dans ce court livre : un flux de conscience continu, tournant en rond et qui exerce sur moi une sorte de fascination.
La phrase qui résume le pessimisme désespéré de l'auteur est : "Tout, chez tout le monde, n'est que divertissement, dérivatif à la mort".
Le sujet essentiel c'est : peut-on être sauvé par une rencontre ? Par une autre personne ?
Pour Thomas Bernhard, c'est carrément NON. Le narrateur a eu un mieux momentané, la Persane également, mais c'est éphémère. Comme nous a dit Ravelstein "apprenez à être heureux seul".
La solitude de l'homme est absolue, intrinsèquement liée à son humanité.
Autre problème soulevé : les épouses qui, au 20e siècle, sacrifiaient leur carrière pour se consacrer avec abnégation à la promotion de leur époux et se retrouvaient abandonnées souvent pour des jeunes femmes lorsqu'elles prenaient de l'âge.
La Persane est consciente de son sacrifice et elle assume., elle pensait donner "un sens à sa vie", mais elle a échoué. Le Suisse, pour sa part, nous semble inconséquent au début, puis nous découvrons que c'est un pervers. Il joue le double jeu : je te fais construire une maison avec des matériaux luxueux, mais dans un lieu déprimant pour se venger, pour lui infliger "une punition méritée pour l'expérience à laquelle elle s'était livrée avec lui toute une vie durant".
Le narrateur reproduit à une petite échelle le même schéma : il se sert d'elle, de son intelligence et sa culture, puis il l'abandonne aussi lâchement que son compagnon.
Je voulais relever les mots pessimistes : répulsion, autodestruction, répugnant, etc., mais il y en a trop.
Évidemment il nous agace un peu avec sa xénophobie, sa généralisation des attitudes des Suisses. Mais il est encore plus dur avec son pays.
J'ouvre en très très grand.
Je suppose que ce serait mal venu de dire que les pages 82 et 83 de mon Oui en folio peut mot pour mot s'appliquer à notre semaine actuelle en France (et en Europe).
Sabine
(avis transmis de Nîmes)
Alors pour "OUI", ce sera "NON". Facile, certes, mais le livre est resté sous mon lit dès la page 15.

Rozenn
(avis transmis)
J'ai vraiment aimé lire ce livre.
J'aime cet auteur.
Grand moment de lecture toujours.
La pièce aussi.
Extraordinaires - les deux !
Je me suis laissé embarquer.
J'aime les effets de ressassement de l'écriture.
Peu de détails, mais tout est efficace pour faire ressentir la détresse des personnages.
Les paysages. Le climat.
J'ai tenté de lire Schopenhauer moi aussi et les préfaces successives m'ont bien fait rire : le détail de ce qu'il faudrait avoir lu - et compris auparavant - m'a découragée.

Catherine
(en direct)
Je n'avais jamais lu Thomas Bernard, ni vu de pièce de théâtre. J'ai été d'emblée happée par ce texte, par ces phrases interminables, avec très peu de ponctuation, qui tournent en rond ; on se retrouve plongé dans l'esprit de quelqu'un d'autre, un esprit tourmenté, enfermé dans des ruminations anxieuses, presque délirantes. Donc la pensée se répète, les obsessions reviennent. J'ai beaucoup aimé cette écriture.
Et puis des personnages inconnus surviennent qui seront uniquement nommés de façon curieuse par leur nationalité ou origine, le Suisse, la Persane. Cela met d'emblée un peu mal à l'aise. Ensuite un dialogue s'instaure entre le narrateur et la Persane, ce qui le sort de son état mélancolique. Ils échangent des idées sur la musique, la philosophie, centrées sur Schumann et Schopenhauer, puis des confidences. On sent un mystère derrière l'achat du terrain et la construction de la maison du Suisse qui ne se résoudra que dans le dernier tiers du livre. Il y a une vraie tension et un dénouement inattendu, le titre du livre, surprenant vu les thèmes abordés (la mort, la solitude), n'étant expliqué que dans la dernière phrase.
La peinture que fait le narrateur de la campagne autrichienne et surtout des Autrichiens eux-mêmes est assez violente ; ils sont racistes, bornés... "Les journaux parlaient un langage répugnant, ce langage répugnant qu'ils avaient toujours parlé (…). Les voix de l'esprit s'étaient tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules. La brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient désormais sans partage" (p. 83). C'est intéressant à lire dans le contexte actuel.
Ce qui est frappant aussi, c'est que l'intérêt du narrateur pour la Persane est très autocentré : elle le sauve de sa mélancolie en lui permettant de sortir de son isolement et de recommencer à échanger des idées, mais lui ne la sauve pas et quand elle se livre à son tour, il n'éprouve aucune compassion et il s'éloigne.
Le livre étant court, mon intérêt n'a pas faibli en cours de route. Malgré le côté très noir du livre, il y a quand même de l'humour, par exemple lorsque le narrateur explique qu'il lit assidûment La Vie agricole pour pouvoir discuter avec les autochtones, en particulier la patronne de l'auberge.
J'ai vu ensuite la pièce à l'Odéon, que j'ai beaucoup aimée ; la mise en scène est très réussie et le comédien excellent ; j'ai bien aimé l'idée de la vidéo pour les promenades avec la Persane, pas forcément tous les dialogues rajoutés.
J'ai lu ensuite Des arbres à abattre qui évoque la société des artistes à Vienne de façon très négative ; il y a des passages assez drôles mais ça m'a moins intéressée. On retrouve la même écriture avec des phrases très longues et la pensée envahissante du narrateur. C'est manifestement une caractéristique de l'écriture de Bernhard. Ensuite j'ai lu une partie des documents envoyés par Claire ; c'est un sacré personnage très sombre, misanthrope, provocateur, très caustique, obsédé (on le comprend par le passé nazi de l'Autriche). Sa réponse à l'assemblée des auteurs de Graz qui lui propose de la rejoindre m'a fait beaucoup rire. Son interview éclaire bien ses rapports d'amour/haine avec son pays. J'ai très envie de lire ses romans autobiographiques.
J'ouvre aux ¾, une belle découverte pour moi.
Annick A
J'ai lu ce livre en entier ; mais je l'ai fermé avec un sentiment de vide.
Je n'ai pas trouvé d'intérêt à l'histoire des personnages sauf dans la description de l'enfermement dans la folie et dans la volonté d'en sortir.
C'est un livre très pessimiste ; la vie est un divertissement pour oublier la mort (p. 92) et le narrateur se complaît dans la lecture de Schopenhauer. Il cherche à sortir de la folie en allant voir les Suisses, mais il échoue.
Oui
c'est le oui à la mort. Le narrateur s'identifie à la Persane avec laquelle il cherche à tisser une relation sans y réussir et s'il échappe au suicide, c'est par identification au suicide de la Persane.
Je suis sortie de ce livre avec un sentiment d'ennui.
Je l'ouvre ¼.
En revanche, j'ai vu antérieurement des pièces que j'ai énormément aimées, très noires et intéressantes.

Muriel entre
et
Thomas Bernhard me demande un effort. J'avais lu Le naufragé qui ne m'avait pas plu bien que je me sois accrochée.
Avec ce livre, c'est pareil : c'est d'un pessimisme terrible. Le style ? Je ne le vois pas. Les phrases longues de Proust sont autrement plus intéressantes.
Ce qui m'a plu, c'est ce terrain épouvantable. Mais beaucoup de choses me semblent invraisemblables dans ce livre.
J'ai préféré
la pièce, bien plus vivante.
J'ouvre entre ¼ et ½.
Monique L

Ce qui m'a intéressée et qui a soutenu ma lecture de ce récit, c'est son style très maîtrisé tout en ressassements et circonvolutions et sa construction redondante. Le récit revient sans cesse sur lui-même de façon lancinante, avec de longues phrases sinueuses qui n'en finissent pas.
Le narrateur répète certaines scènes (la traversée de la forêt, l'irruption chez Moritz…) en changeant de point de vue, tout en employant certains mots ou périphrases de façon répétitive pour affiner le récit. Ce sont ces mots répétés et ressassés qui, à mon avis, donnent au récit tout son intérêt.
À noter que ne sont précisés ni le lieu, ni le jour, ni le nom des personnages, sauf celui de Moritz.
Je n'ai pas été surprise car j'ai vu au théâtre Le neveu de Wittgenstein, En attendant la retraite et La plâtrière et j'étais prévenue du ton acerbe et des soliloques hallucinés, répétitifs et impitoyables dont Thomas Bernhard a le secret.
Cet écrivain tourmenté et misanthrope n'est pas à lire tous les jours, mais la richesse de ses écrits me fascine malgré leur noirceur ou peut-être à cause de…
Dans ce texte, c'est le mécanisme du comportement dépressif et suicidaire qui nous est décrit.
Il y a plein de choses étranges qui interrogent. Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, les choses s'éclairent, on comprend mieux les actes et les motivations du Suisse, par exemple. C'est sans doute ce qui fait que l'on reste intéressé par cette lecture.
Certains passages m'ont marquée, entre autres quand la logorrhée de la Persane permet au narrateur de ressentir ce qu'il a fait vivre à Moritz. J'ai l'impression que ce texte m'a fait approcher ce qu'est un état suicidaire et la souffrance qui l'accompagne.
Les pensées du narrateur bouclent dans sa tête : il explique, par exemple, qu'en raison de sa dépression, il s'est détourné de "son travail intellectuel", de "ses études scientifiques". Et il répète très souvent "mon travail intellectuel", "mes études scientifiques". J'ai compati lorsqu'il note à plusieurs reprises qu'il a dépassé, dans sa névrose, le moment où il aurait pu réagir.
Suivant l'état mental du narrateur, il ne voit plus les choses de la même façon : la forêt est soit noire et humide, soit une forêt de mélèzes.
Je n'ai pas compris pourquoi le narrateur et la Persane finissent par s'éloigner l'un de l'autre. Parce qu'ils se ressemblent et non plus rien à partager ?
Il faut attendre la toute fin pour comprendre le titre.
Ce n'est pas le récit de Thomas Bernhard que j'ai préféré mais j'ouvre aux ¾.
J'ai vu
la pièce mise en scène par Célie Pauthe à l'Odéon. J'ai beaucoup aimé. La prestation de Claude Duparfait est un véritable exploit au service du texte.
Jacqueline

Pas gai ! Le début se traîne. Le récit est vague sur la situation réelle du narrateur : il souffre de sa maladie et de son isolement tout en paraissant s'y complaire ; sa misère est grande.
Sa position de chercheur solitaire est invraisemblable. Il sympathise avec cette "Persane", étrangère, en déshérence comme lui. Comme tout le village, il ne comprend pas et voudrait en savoir plus… J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la description de son affrontement avec la bêtise de la population du village…
Et puis, le projet incompréhensible du Suisse s'explique. Le narrateur se désintéresse petit à petit de la malheureuse Persane et par une espèce de renversement de perspective, c'est elle qui est devenue le sujet de la nouvelle. Elle reste cependant aussi énigmatique que l'était le narrateur.
Des vies de rien dans un monde hostile assez glaçant. Cette atmosphère m'a un peu rappelé Régis Jauffret par sa noirceur et son désenchantement, comme par ses petites observations réalistes…
J'ouvre aux ¾.
Brigitte(à l'écran)
Je m'aperçois, grâce à la mémoire du groupe, que nous avions déjà lu de Thomas Bernhard Maîtres anciens, dont je me souviens et
La Cave, que j'ai totalement oublié !
Je reviens à OUI.
C'est un texte très particulier à tous points de vue.
Je me demande comment on a réussi à le mettre en scène.
Les quelques lieux évoqués sont décrits un si grand nombre de fois que le lecteur finit par les imaginer clairement, aussi bien la maison construite comme une centrale que celle de Moritz, ou la forêt de mélèzes.
Cette façon de répéter de nombreuses fois (au moins cinq fois) chaque chose ne rend pas le propos lassant, mais permet au lecteur de s'en imprégner. C'est ce ressassement, qui décrit la souffrance du narrateur, sa dépression, son impossibilité à donner un sens à sa vie. Et, en miroir, la vie gâchée de la Persane, qui dans la générosité de sa jeunesse a décidé d'aider le Suisse à réaliser son talent, et qui finit par comprendre (trop tard) que ce Suisse est un égoïste sans aucun talent et qu'elle a gaspillé sa propre vie pour un mirage qu'elle avait elle-même inventé.
Malgré Moritz, si serviable et amical, au milieu de la population locale grossière et odieuse, dans ce quotidien qui peu à peu devient insupportable comme il le ressent, le narrateur s'enfonce dans la maladie. Finalement c'est la Persane qui dira OUI au suicide et lui qui survivra.
C'est un prodige d'écriture de la répétition, dont je ne me suis pas lassée, puisque je suis allée jusqu'à la fin.
J'ouvre aux ¾, malgré le thème sombre et tragique.
Fanny

Après avoir fini le monolithe Ravelstein
(dont le récit ne m'a définitivement pas intéressée), je n'ai trouvé nulle part le livre Oui, et la version numérique dont je disposais n'était pas terrible. Et en termes de monolithe, je me suis trouvée face à un autre bloc. C'est un livre court, mais quand je le posais, j'avais un peu de mal à me motiver pour reprendre la lecture. Il mériterait je trouve de se lire d'une traite : j'ai lu la deuxième partie en 24h, et j'ai été alors immergée dans le récit.
Avec le narrateur, j'ai l'impression qu'on est bien au-delà de la dépression, dans la folie.
La Persane, je trouve qu'elle est un peu folle, elle aussi. Je la vois comme une femme sous emprise.
Quand il rencontre la Persane, il devient de plus en plus sensé, puis il y a une bascule, et elle c'est le contraire. C'est super bien construit. Je n'ai pas vu la chute venir... il y a un effet de surprise.
J'aime bien être dans l'intérieur du personnage.
Ce n'est pas drôle, mais ce n'est pas dénué d'humour. Il y a une ironie sur les hommes d'affaires. Quand on comprend pourquoi le Suisse achète le terrain, on voit l'humour noir qui m'a bien plu.
Claire
J'avais gardé un s
ouvenir sinistre de Thomas Bernhard, mais j'ai vu récemment des pièces qui m'ont plu et en relisant sur le site mes avis anciens sur Maîtres anciens et La Cave, je vois que l'écriture m'avais déjà ébranlée.
J'ai adoré la première page et le plaisir de cette prose ne m'a pas quittée au point de frôler parfois la jubilation. J'ai plutôt apprécié l'atmosphère bien sinistre et étrange, la forêt, l'auberge, les noms des pièces : la pièce aux classeurs, le cachot de travail, la pièce aux araignées, la pièce aux livres, les centaines de lettres non envoyées dans la même pièce que ses études sur les sciences de la nature ; au demeurant, j'ai regretté l'invraisemblance de son travail dit scientifique en solitaire - l'auteur aurait pu se fatiguer à trouver une autre activité intellectuelle permettant de l'accomplir dans la solitude.
Les 5 relations m'ont paru bien gratinées : narrateur/Moritz, narrateur/Persane, Suisse/Persane, narrateur/aubergiste en plus lointaine, et la relation du narrateur avec lui-même, avec sa lucidité sur sa maladie mentale, sa distance sur soi ("j'avais commencé mon numéro") et le mystère de l'entente avec la Persane ("Nous dialoguions en silence et notre dialogue était un des plus stimulants qu'on puisse imaginer") qui se défait ("Incroyable, la rapidité avec laquelle la meilleure relation, quand on lui demande plus qu'elle ne peut donner, se détériore et finit par se consumer entièrement").
Ces personnages comprennent 3 dingues (le narrateur, la Persane, le Suisse), une méchante à l'arrière-plan représentant tous les autres méchants des environs (l'aubergiste) et un gentil (Moritz l'est constamment). Ces proches sont tous extraordinaires ; ainsi la Persane "co-construit les quatre centrales" (on voit bien là cette sorte d'humour).
Des doubles termes ont suspendu un instant ma lecture : Moritz "un sauveteur et un sauveur", entre le Suisse et la Personne : "des liens d'abord intimes, puis durables". J'ai aimé sans trop y croire que la promenade soit entièrement musicale, puis entièrement philosophique, et inversement.
J'ai accepté le but de ce que je lisais, ainsi que sa forme : "fixer ce souvenir sur le papier", celui de la Persane : "tout ce qui doit être écrit a constamment besoin d'être recommencé à zéro et constamment tenté à nouveau, jusqu'au moment où c'est au moins approximativement réussi, mais jamais de manière pleinement satisfaisante". Le but de l'écriture est au-delà, ambitieux : "fixer le souvenir de la Persane, puis améliorer mon état, prolonger mon existence, ce à quoi je parviens peut-être justement parce qu'en ce moment même, j'écris ces notes".
Quant au ressassement, aux variations, aux répétitions même, j'étais à la page 142, il m'en restait, et les Suisses entrent pour la nième fois dans la maison, j'écris dans la marge : on ne s'en lasse pas ! J'ai eu un peu l'impression d'un jeu.
On dit que Thomas Bernhard est misogyne, une phrase m'y a fait penser, mais l'humour fait tomber pour moi la misogynie : "toute ma vie, j'ai su que les femmes, aussi différentes soient-elles, ne sont jamais prêtes à l'heure convenue" ou encore : "Il est bien connu que des femmes comme la Persane sont capables de tout abandonner pour la carrière d'un homme comme le Suisse".
Et pour ce qui est de la campagne, je préfère ne pas me prononcer... : "la méchanceté et la bassesse sont beaucoup plus grandes à la campagne qu'à la ville", "la campagne est totalement désertée par l'esprit".
Le volume du livre est parfait pour moi : ni trop bref, ni trop gros.
Tout au long du livre, on peut avoir l'impression qu'il ne se passe pas grand-chose, d'autant qu'est redit ce qui se passe, mais il y a une tension constante, maintenue, un coup de théâtre avec l'effet miraculeux de la rencontre et à la fin une accélération et la chute.
Comme tous ceux ici qui ont vu la pièce, je l'ai beaucoup appréciée : notamment avec l'incarnation du texte que j'ai aimé retrouver et par la réussite de ce qui était casse-gueule : faire parler la Persane… Dommage qu'elle reste impeccablement maquillée quand elle vit de façon horriblement dégradée dans la maison pourrie.
Thomas

C'était ma première lecture de Thomas Bernhard et dans un premier temps son style assez particulier m'a agréablement surpris, avec ces phrases très longues, qui m'ont fait penser à Proust, mais qui restent néanmoins fluides. Moi qui me demande toujours si mes propres phrases ne sont pas trop longues, cela m'a décomplexé !
Le style m'a aussi rappelé Duras (dans L'Amant), avec ces mots qui reviennent encore et encore. Quant au fond, avec ce récit à la première personne d'un être malade et isolé, j'ai eu une réminiscence de Gros-Câlin d'Ajar. Mais, en dépit de ces trois rappels agréables - Proust, Duras, Gary - ça n'a pas pris. Une fois passé le plaisir de la découverte, ça a tourné en rond pour moi.
On ne comprend jamais pourquoi il est dépressif, on a l'impression qu'il ne s'en pose même pas la question, et j'ai eu l'impression d'en apprendre assez peu pour lui. Idem pour la Persane, dont on ne comprend pas vraiment les motivations (ou l'absence de motivations). La relation entre le narrateur et la Persane m'a toutefois intéressé, entre ce coup de foudre initial et cette lassitude assez rapide, qui m'a semblé être partagée par les deux protagonistes. Un peu comme si, passé le plaisir de trouver enfin une personne un tant soit peu intéressante dans leur environnement, tous deux se rendaient finalement compte qu'ils n'avaient pas tant de choses à se dire. Mais cela ne suffit pas à sauver ce livre à mes yeux.
J'ouvre au ¼ quand même, pour le début, et par solidarité entre Thomas !
Jérémy

Avant la lecture : Je n'avais jamais lu Thomas Bernhard. Attiré par l'époque et le pays, j'étais impatient de le lire.
Je l'ai lu il y a 6 mois. Je pense que nous avions dû le mettre au programme sans prévoir de date et j'ai voulu "m'avancer". Comme il n'est pas long, je me suis demandé si j'allais le relire. Mais la vie étant suffisamment courte et parfois assez pénible comme cela, je ne me suis pas infligé une relecture. À la place, j'ai commencé La Storia.
Après la lecture : Je n'ai pas saisi l'enjeu de ce livre, je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. Rien ne m'a intéressé. Je l'ai lu facilement et rapidement, mais il a glissé sur moi. À quelques reprises, j'ai cru qu'il allait se passer quelque chose, que ça allait "commencer" mais cela a fait "pschitt". Le style ne m'a pas paru particulièrement remarquable non plus.
L'atmosphère est lugubre, glauque, pesante, poisseuse. C'est trop lourd pour moi, le ciel est trop bas... Tous ces personnages neurasthéniques ne m'intéressent pas. Un peu comme dans L'enfant brûlé, il n'y a rien ni personne à sauver. Je partage aussi le rapprochement que fait Clarisse avec Mars de Fritz Zorn. J'aurais pu "pardonner" à Bernhard s'il avait commis une nouvelle de 30 ou 40 pages, mais là, 175 pages... non !
J'ai pensé à la chanson de Mylène Farmer, Oui mais... non pour résumer mon avis.
Je n'ai pourtant pas envie d'en rester là. Je sais que Bernhard est un grand auteur donc je pense que j'essaierai de lire un autre de ses livres.
J'en retiens toutefois quelques passages que j'ai annotés :

D'après mon expérience, les indigènes sont toujours soupçonneux envers les étrangers, et leurs sentiments à leur égard, s'ils en ont, sont toujours malpropres et vulgaires, et les Suisses ne faisaient naturellement pas exception pour eux. L'étranger, aussi plein de bienveillance, de bonne volonté et de bonnes intentions qu'il arrive dans cette contrée, est sali, rabaissé, et, les exemples ne manquent pas, détruit par les indigènes. (p. 61)
et j'aime la ville plus que la campagne, que je déteste presque toujours parce qu'elle m'a presque toujours tourmenté, torturé et humilié, aussi loin que remontent mes souvenirs, et la méchanceté et la bassesse sont beaucoup plus grandes à la campagne qu'à la ville, de même que la grossièreté est beaucoup plus grande à la campagne, c'est une grossièreté toujours éhontée et, à la différence de la ville, la campagne est totalement désertée par l'esprit. (p. 85)
Et comme nous avons cette certitude de ne rien faire d'autre qu'aller à la mort, et comme nous savons ce que cela signifie, nous essayons de mettre à notre service tous les moyens susceptibles de nous divertir de cette connaissance, et ainsi nous ne voyons dans ce monde, si nous regardons bien, que des gens occupés en permanence et toute leur vie à ce divertissement. (p. 92).

Cela m'a fait penser à Pascal.
Je ferme donc le livre. À oublier. Au point, et c'est la première fois depuis que je fais partie du groupe, de me demander pourquoi : pourquoi avoir choisi ce livre, pourquoi avoir écrit ce livre...


Etienne (à l'écran depuis Rennes, en auditeur libre, dit-il)
Je n'ai récupéré le livre qu'aujourd'hui, mais je voulais vous entendre. De Thomas Bernhard, j'ai lu Le naufragé que j'ai aimé.

Catherine, sachant professionnellement de quoi elle parle
À propos d'une attente d'explications, la dépression, ça ne s'explique pas.

Claire (à Jocelyne, spécialiste mondiale de Thomas Bernhard, invitée spécialement pour l'occasion vu sa connaissance et sa passion de l'œuvre et de l'auteur, et descendue de l'étage au-dessus avec une série de livres)

Quelles réactions après ce tour de nos avis ? Et pourquoi cet amour pour cet auteur ?

Jocelyne
Je ne m'attendais pas à autant d'avis positifs.
Cette écriture me fascine. Je suis sensible à sa composition musicale, avec ces variations, les thèmes qui reviennent - ce que certains appellent ratiociner...
Ja, ce titre, Oui, est un pied de nez à la critique littéraire qui a souvent jugé Thomas Bernhard "auteur négatif".
Il y a une seule journaliste qui a eu sa confiance, c'est Krista Fleischmann : leurs entretiens sont passionnants et drôles, par exemple quand il lui dit pourquoi il croit au ciel... et quand elle lui demande s'il pense à la mort, il répond moi non, mais elle tout le temps, d'ailleurs regardez mon épaule gauche, voyez bien qu'elle est plus basse, car il y a toujours juché, l'oiseau de la mort, qui ne me quitte plus...
Ce qui le caractérise, c'est le goût de l'exagération, l'humour : vivre est une exagération. Et même si le récit est sinistre, il y a de l'humour.
Les thèmes, dans Oui, sont ceux qui parcourent toute son œuvre :
- l'Autriche, les Autrichiens et leurs gouvernements successifs, leur abrutissement et leur bassesse, leur racisme, voire leur néo-nazisme
- la solitude, subie ou voulue
- le couple, voué à l'échec, voire au massacre
- la promenade (découverte avec son grand-père, initiateur, premier sauveur)
- les philosophes, les vrais, les faux
- l'enfermement
- la maladie, la dépression, le suicide et la mort qui est son thème favori
- le salut.
Il y a dans tous ses récits, même les plus désespérés, une vitalité fascinante et opérante.
À ceux qui veulent faire un autre essai, je recommande de lire les textes autobiographiques de Thomas Bernhard - L’origine, La cave, Le souffle, Le froid, Un enfant - ainsi que Extinction.

Jocelyne a avec elle un livre du scénariste et dessinateur de BD autrichien Nicolas Mahler qui, en 2021, à l'occasion du 90e anniversaire de la naissance de Thomas Bernhard (1931-1989), écrit Thomas Bernhard. Die unkorrekte Biografie. Il avait déjà fait sensation en adaptant sous forme de roman graphique l'un des chefs-d'œuvre de Bernhard, Maîtres anciens.

Première page de la "biographie incorrecte" :

"9 février 1931, Heerlen (Hollande), naissance de Thomas Bernhard. Le placenta a la forme de l'Autriche."

A la page suivante, Bernhard est seul dans son berceau. Il a déjà ce gros nez qui le distingue des autres nourrissons. Sa mère le regarde de loin. Il se dit : "Ma maladie, c'est la distance."

Enfant illégitime, Bernhard a passé ses premiers mois dans un foyer, où sa mère, Herta, domestique de son état, venait lui rendre visite dans ce lieu, tous les quinze jours.
"Durée de la visite : vingt minutes. Il est interdit de toucher l'enfant. On a le droit de le regarder."

Bernhard est représenté avec une tête avec un gros nez, de petites jambes, suivi par un oiseau noir, oiseau de la mort, par exemple dans cette page (ne manquez pas l'oiseau en thérapie aussi...) :


"Personnellement, je pense que la psychanalyse est plutôt un non-sens ou une manie".
(Autres extraits ›ici)

Les entretiens passionnants avec Krista Fleischmann (traduits : Entretiens avec Krista Fleischmann, éd. L'Arche, 1993) :

publiés aussi en
DVD (extrait ›ici) :

En 1972, l'agent immobilier Karl Ignaz Hennetmair (1920-2018), ami et voisin de Thomas Bernhard, décide sans lui en parler de tenir un journal des événements et des conversations de cette année-là. Ils se voient plusieurs heures par jour ; sa famille est la famille de substitution pour Thomas. Karl le protège, écarte les importuns, gère de nombreuses questions matérielles. Il scellera le document qui ne sera publié qu'après la mort de son ami : Ein Jahr mit Thomas Bernhard. Das versiegelte Tagebuch 1972, éd. Residenzverlag, 2014, 592 p.

D'autres livres montrent l'admiration que déclenche Thomas Bernhard :
- dans Thomas Bernhard et les siens (La Table ronde, 1993), Gemma Salem réunit une quarantaine de témoignages de ceux qui ont côtoyé Bernhard.
Elle-même était écrivaine, dramaturge, metteuse en scène et vouait un culte à Bernhard.

- dans Thomas Bernhard, dir. Pierre Chabert et Barbara Hutt
(éd. Minerve, 2002, publié pour les 20 ans de la mort de Thomas Bernhard), une soixantaine d’articles concernent sa biographie (avec des témoignages de parents et d’amis), ses romans (avec des analyses d’autres écrivains, de spécialistes de la littérature et de philosophes, français ou étrangers), ses pièces de théâtre (avec des contributions de metteurs en scène, de comédiens comme Michel Bouquet).

Claire, ayant essayé de comprendre le plaisir du narrateur à lire Schopenhauer et de ressentir l'effet de ce texte ("rafraîchissement complet de mon cerveau" s'enthousiasme-t-il), lit à haute voix le premier paragraphe de Le monde comme volonté et comme représentation d'Arthur Schopenhauer (publié en 1819, traduit en 1912, en ligne ›ici avec les 4 préfaces qui ont fait rire Rozenn)

Le monde est ma représentation. – Cette proposition est une vérité pour tout être vivant et pensant, bien que, chez l’homme seul, elle arrive à se transformer en connaissance abstraite et réfléchie. Dès qu’il est capable de l’amener à cet état, on peut dire que l’esprit philosophique est né en lui. Il possède alors l’entière certitude de ne connaître ni un soleil ni une terre, mais seulement un œil qui voit ce soleil, une main qui touche cette terre ; il sait, en un mot, que le monde dont il est entouré n’existe que comme représentation, dans son rapport avec un être percevant, qui est l’homme lui-même. S’il est une vérité qu’on puisse affirmer a priori, c’est bien celle-là ; car elle exprime le mode de toute expérience possible et imaginable, concept de beaucoup plus général que ceux même de temps, d’espace et de causalité qui l’impliquent. Chacun de ces concepts, en effet, dans lesquels nous avons reconnu des formes diverses du principe de raison, n’est applicable qu’à un ordre déterminé de représentations ; la distinction du sujet et de l’objet, au contraire, est le mode commun à toutes, le seul sous lequel on puisse concevoir une représentation quelconque, abstraite ou intuitive, rationnelle ou empirique. Aucune vérité n’est donc plus certaine, plus absolue, plus évidente que celle-ci : tout ce qui existe pour la pensée, c’est-à-dire, l’univers entier n’est objet qu’à l’égard d’un sujet, perception que par rapport à un esprit percevant, en un mot, il est pure représentation. Cette loi s’applique naturellement à tout le présent, à tout le passé et à tout l’avenir, à ce qui est loin comme à ce qui est près de nous ; car elle est vraie du temps et de l’espace eux-mêmes, grâce auxquels les représentations particulières se distinguent les unes des autres. Tout ce que le monde renferme ou peut renfermer est dans cette dépendance nécessaire vis-à-vis du sujet et n’existe que pour le sujet. Le monde est donc représentation.

Renée
Une amie qui a fait quelques études de philosophie m'a conseillé un livre de Irvin Yalom, La méthode Schopenhauer : c'est un ouvrage de vulgarisation facile à lire tout en restant sérieux sur le fond. J'ai pris un grand plaisir à le lire.


Autour du livre


Pour un tour d'horizon de Thomas Bernhard et ses écrits, voir la présentation sur Wikipédia :
- biographie
- présentation de l'ensemble de l'œuvre
- les scandales
- la liste des publications : romans et récits, théâtre, autres textes.

Le site officiel est très bien conçu : https://thomasbernhard.at/

Les nombreuses œuvres traduites en France sont publiées chez deux éditeurs :
- les pièces de théâtre par L'Arche
- les romans, récits et autres textes par Gallimard : coll. Du monde entier, coll. Imaginaire, coll. Folio, coll. Quarto.

Oui est-il autobiographique ? On s'en fiche...
Le site officiel dit carrément de Oui que le texte de fiction a des références claires dans la vie de Bernhard. Derrière "l'agent immobilier" Moritz cache - à peine déguisé - le marchand immobilier Karl Ignaz Hennetmair, avec qui l'auteur entretenait une amitié de dix ans, qui s'est soudainement rompue en 1975. Certains commentaires du narrateur concernent l'installation de Thomas Bernhard à Obernathal : il a acheté une "ruine" qu'il a restaurée et rendue habitable avec l'intention "d'avoir un endroit" pour lui seul. La "femme persane" a aussi un véritable modèle : Maria Radson, née en URSS puis devenue citoyenne iranienne et dont le destin correspond en grande partie à celui de la femme persane.
Par ailleurs, Karl Ignaz Jennetmair a tenu puis publié le journal d'une année avec Thomas Bernhard, Ein Jahr mit Thomas Bernhard. Das versiegelte Tagebuch 1972, Residenz Verlag, 2000, d'où sont extraites ces photos :
Thomas Bernhard et Karl Ignaz Hennetmair, 1972


La famille de Karl Ignaz Hennetmair : son fils aîné Walter, la grand-mère Christine, l'épouse Zäzilia, le parrain lors de la confirmation du fils cadet Wolfgang : Thomas Bernhard

Deux interviews

- Entretien avec Thomas Bernhard, quelques années après la publication de Oui : "J'ai une véritable aversion pour tout ce qui est autobiographique", p
ar Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 7 janvier 1983.

- Un entretien fouillé et très personnel avec Claus Peymann, directeur du Berliner Ensemble, qui a créé presque toutes les pièces de Thomas Bernhard, quelques années après la mort de l'auteur : "Thomas Bernhard aspirait les gens, il les avalait", propos recueillis par Brigitte Salino, Le Monde, 12 janvier 2012.

Trois articles de trois auteurs que nous avons lus (Le Monde, 7 juin 2007)

-
"Thomas Bernhard : l'homme qui disait NON", par  Chantal Thomas, auteure d'un essai sur Thomas Bernhard et dont nous avions lu Souvenirs de la marée basse et La Reine scélérate.

-
"Chaque jour, une dose de souffle nouveau", par Elfriede Jelinek, dont nous avions lu La Pianiste.

- "Un scandaleux au style hypnotique", par Paul Nizon, dont nous avions lu deux livres L'année de l'amour et Chien : confession à midi.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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