Quatrième
de couverture :
Comme "lagent immobilier Moritz",
nous sommes, dès les premiers mots, "gressés sans ménagement"
par un narrateur véhément, qui ne nous lâchera pas
avant de nous avoir dit tout ce quil a sur le cur. Dès
la première phrase, une interminable tirade hérissée
de conjonctions qui se bousculent et dincidentes emboîtées
les unes dans les autres, tout est joué : ou bien nous lâchons
prise, ou bien nous reprenons notre élan et nous ne pouvons plus
nous arrêter avant la fin. Tout, alors, séclaire très
vite : nous saurons tout sur Moritz et sa famille, sur les Suisses, nous
saurons tout sur le narrateur et nous en saurons encore plus sur notre
compte. Car plus il accumule à plaisir les détails sur son
mal, plus sa voix furieuse devient universelle.
Ce volume contient : Trois jours
- L'Origine - La Cave - Le Souffle - Le Froid - Un enfant - Marcher -
Oui - L'Imitateur - Les Mange-pas-cher
- Le neveu de Wittgenstein - Entretien avec André Müller |
Thomas Bernhard (1931-1989)
|
Danièle(avis
transmis)
"Oui",
de Thomas Bernhard. Déjà le titre m'interpelle, venant de
Thomas Bernhard, qui dit NON à tout, spécialement à
son pays l'Autriche, qu'il déteste pour ce qu'il représente :
l'allié du nazisme, la bien-pensance bourgeoise entre autres.
Puis vient la première phrase, d'une longueur de presque trois
pages
et là, je pense à Proust. Je me prépare
donc à me régaler en abordant un exercice de style classique
qui consiste à élaborer la plus longue phrase possible "à
la Proust". Puis, troisième étape : je me dis, mais
c'est un malade et je trouve très vite des différences :
chez Proust, c'est de l'introspection, liée au souvenir, et aussi
une étude de la société d'alors. Ici c'est plutôt
de l'autoflagellation. Les deux creusent un chemin, mais ici, que de répétitions
et de mal-être. D'ailleurs, il parle p. 145 de "notes"
pour désigner son roman. Des notes que l'on écrit quand
on sent le besoin d'écrire pour faire le point, ou quand on ne
va pas bien.
J'ai aussi pensé à Fabrice Luchini, dans ses shows improvisés,
qui nous entraîne subrepticement d'une pensée à l'autre,
comme du coq à l'âne, mais en souriant, et aussi de manière
plus superficielle.
Au fil de la lecture, loin de s'engluer ou de nous engluer, Thomas Bernhard
devient fluide, comme si la personnalité de la Persane lui faisait
retrouver des sensations plus limpides et un esprit plus clair. Il nous
emporte dans son soliloque consacré à la dépression,
dans lequel je retrouve quelques obsessions personnelles, mais aussi,
je crois universelles. D'ailleurs, vers la p. 90, il passe du JE
au NOUS. Sa trajectoire est de plus en plus liée à celle
de la Persane, sur qui semble se projeter sa propre dépression.
Cela correspond à un basculement dans le texte. Si bien que le
OUI final, dit en souriant, est en fait un oui au suicide et équivaut
à un NON à la vie. C'est aussi un NON à l'Autriche,
qu'il mentionne explicitement très tard, p. 132. Il décrit
"un paysage sinistre qui s'accorde aux habitants". Nous
avons donc bien là un texte de Thomas Bernhard !!!
J'ai particulièrement été touchée par l'horreur
des relations entre le Suisse et la Persane et la fin de vie de cette
dernière.
J'ouvre aux ¾.
Claire
Avais-tu lu un autre livre de cet auteur auparavant ?
Danièle
Si j'ai lu un livre de lui, je n'en ai aucun souvenir. Une ou deux pièces
de théâtre. Je ne sais plus d'où je tiens ce que je
sais sur lui
C'est ça, la culture !
Claire
Ah oui... ce
qui reste quand on a tout oublié...
Clarisse(avis
transmis)
Première lecture de cet auteur pour ma part, uvre qui m'a
beaucoup fait penser à Mars
de Fritz Zorn sur le traitement de la dépression.
J'ouvre à un demi. J'ai beaucoup apprécié l'écriture
vomitive de l'auteur, mais moins ses éternels retours sur le peu
d'événements qui se passait dans le livre. Il nous explique
à plusieurs reprises son arrivée chez Moritz, des mois d'isolation,
son appréciation de la Persane. Il tourne en rond littéralement,
sans que cela soit intéressant comme dans L'écriture
ou la vie. Ici, il s'agit plus d'un vain monologue ou d'un cas
clinique. Les personnages n'ont aucune substance et le scénario
est très pauvre. Le suicide de la Persane clôt le récit,
sans que cela ne nous fasse ni chaud ni froid. Ce que je reproche finalement
à ces livres, Oui ou Mars, est de ne rien dire de
la dépression en tant que telle. Oui ils sont dans le mal, mais
ce qui serait vraiment intéressant est de comprendre ce mal qui
les ronge et les paralyse. L'introspection est malheureusement absente
et la lecture fade.
Françoise(avis
concis transmis)
À ce stade de ma lecture, j'ouvre à moitié en raison
de l'aspect verbeux, mais la pièce aux ¾.
Renée(avis
transmis de Narbonne)
Comme beaucoup d'entre nous j'ai vu et lu Maîtres anciens
et différents récits : La Cave, Le Souffle, etc.
Je n'avais pas lu Oui, mais je retrouve le Thomas Bernhard que
j'aime : sa rage, sa mauvaise foi, ses répétitions hypnotiques.
Il me semble même que c'est encore plus radical dans ce court livre :
un flux de conscience continu, tournant en rond et qui exerce sur moi
une sorte de fascination.
La phrase qui résume le pessimisme désespéré
de l'auteur est : "Tout, chez tout le monde, n'est que divertissement,
dérivatif à la mort".
Le sujet essentiel c'est : peut-on être sauvé par une rencontre ?
Par une autre personne ?
Pour Thomas Bernhard, c'est carrément NON. Le narrateur a eu un
mieux momentané, la Persane également, mais c'est éphémère.
Comme nous a dit Ravelstein "apprenez à être heureux
seul".
La solitude de l'homme est absolue, intrinsèquement liée
à son humanité.
Autre problème soulevé : les épouses qui, au 20e
siècle, sacrifiaient leur carrière pour se consacrer avec
abnégation à la promotion de leur époux et se retrouvaient
abandonnées souvent pour des jeunes femmes lorsqu'elles prenaient
de l'âge.
La Persane est consciente de son sacrifice et elle assume., elle pensait
donner "un sens à sa vie", mais elle a échoué.
Le Suisse, pour sa part, nous semble inconséquent au début,
puis nous découvrons que c'est un pervers. Il joue le double jeu
: je te fais construire une maison avec des matériaux luxueux,
mais dans un lieu déprimant pour se venger, pour lui infliger "une
punition méritée pour l'expérience à laquelle
elle s'était livrée avec lui toute une vie durant".
Le narrateur reproduit à une petite échelle le même
schéma : il se sert d'elle, de son intelligence et sa culture,
puis il l'abandonne aussi lâchement que son compagnon.
Je voulais relever les mots pessimistes : répulsion, autodestruction,
répugnant, etc., mais il y en a trop.
Évidemment il nous agace un peu avec sa xénophobie, sa généralisation
des attitudes des Suisses. Mais il est encore plus dur avec son pays.
J'ouvre en très très grand.
Je
suppose que ce serait mal venu de dire que les pages 82 et 83 de mon Oui
en folio peut mot pour mot s'appliquer à notre semaine actuelle
en France (et en Europe).
Sabine(avis
transmis de Nîmes)
Alors pour "OUI", ce sera "NON". Facile, certes, mais
le livre est resté sous mon lit dès la page 15.
Rozenn(avis
transmis)
J'ai vraiment aimé lire ce livre.
J'aime cet auteur.
Grand moment de lecture toujours.
La
pièce
aussi.
Extraordinaires - les deux !
Je me suis laissé embarquer.
J'aime les effets de ressassement de l'écriture.
Peu de détails, mais tout est efficace pour faire ressentir la
détresse des personnages.
Les paysages. Le climat.
J'ai tenté de lire Schopenhauer moi aussi et les préfaces
successives m'ont bien fait rire : le détail de ce qu'il faudrait
avoir lu - et compris auparavant - m'a découragée.
Catherine(en
direct)
Je n'avais jamais lu Thomas Bernard, ni vu de pièce de théâtre.
J'ai été d'emblée happée par ce texte, par
ces phrases interminables, avec très peu de ponctuation, qui tournent
en rond ; on se retrouve plongé dans l'esprit de quelqu'un d'autre,
un esprit tourmenté, enfermé dans des ruminations anxieuses,
presque délirantes. Donc la pensée se répète,
les obsessions reviennent. J'ai beaucoup aimé cette écriture.
Et puis des personnages inconnus surviennent qui seront uniquement nommés
de façon curieuse par leur nationalité ou origine, le Suisse,
la Persane. Cela met d'emblée un peu mal à l'aise. Ensuite
un dialogue s'instaure entre le narrateur et la Persane, ce qui le sort
de son état mélancolique. Ils échangent des idées
sur la musique, la philosophie, centrées sur Schumann et Schopenhauer,
puis des confidences. On sent un mystère derrière l'achat
du terrain et la construction de la maison du Suisse qui ne se résoudra
que dans le dernier tiers du livre. Il y a une vraie tension et un dénouement
inattendu, le titre du livre, surprenant vu les thèmes abordés
(la mort, la solitude), n'étant expliqué que dans la dernière
phrase.
La peinture que fait le narrateur de la campagne autrichienne et surtout
des Autrichiens eux-mêmes est assez violente ; ils sont racistes,
bornés... "Les
journaux parlaient un langage répugnant, ce langage répugnant
qu'ils avaient toujours parlé (
). Les voix de l'esprit s'étaient
tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules.
La brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient
désormais sans partage" (p. 83).
C'est intéressant à lire dans le contexte actuel.
Ce qui est frappant aussi, c'est que l'intérêt du narrateur
pour la Persane est très autocentré : elle le sauve
de sa mélancolie en lui permettant de sortir de son isolement et
de recommencer à échanger des idées, mais lui ne
la sauve pas et quand elle se livre à son tour, il n'éprouve
aucune compassion et il s'éloigne.
Le livre étant court, mon intérêt n'a pas faibli en
cours de route. Malgré le côté très noir du
livre, il y a quand même de l'humour, par exemple lorsque le narrateur
explique qu'il lit assidûment La Vie agricole pour pouvoir
discuter avec les autochtones, en particulier la patronne de l'auberge.
J'ai vu ensuite la
pièce à l'Odéon, que j'ai beaucoup aimée
; la mise en scène est très réussie et le comédien
excellent ; j'ai bien aimé l'idée de la vidéo pour
les promenades avec la Persane, pas forcément tous les dialogues
rajoutés.
J'ai lu ensuite Des
arbres à abattre qui évoque la société
des artistes à Vienne de façon très négative
; il y a des passages assez drôles mais ça m'a moins intéressée.
On retrouve la même écriture avec des phrases très
longues et la pensée envahissante du narrateur. C'est manifestement
une caractéristique de l'écriture de Bernhard. Ensuite j'ai
lu une partie des documents envoyés par Claire
; c'est un sacré personnage très sombre, misanthrope, provocateur,
très caustique, obsédé (on le comprend par le passé
nazi de l'Autriche). Sa réponse
à l'assemblée des auteurs de Graz qui lui propose de la
rejoindre m'a fait beaucoup rire. Son interview éclaire bien ses
rapports d'amour/haine avec son pays. J'ai très envie de lire ses
romans autobiographiques.
J'ouvre aux ¾, une belle découverte pour moi.
Annick A
J'ai lu ce livre en entier ; mais je l'ai fermé avec un
sentiment de vide.
Je n'ai pas trouvé d'intérêt à l'histoire des
personnages sauf dans la description de l'enfermement dans la folie et
dans la volonté d'en sortir.
C'est un livre très pessimiste ; la vie est un divertissement pour
oublier la mort (p. 92) et le narrateur se
complaît dans la lecture de Schopenhauer. Il cherche à sortir
de la folie en allant voir les Suisses, mais il échoue.
Oui c'est le oui à la mort. Le narrateur s'identifie à
la Persane avec laquelle il cherche à tisser une relation sans
y réussir et s'il échappe au suicide, c'est par identification
au suicide de la Persane.
Je suis sortie de ce livre avec un sentiment d'ennui.
Je l'ouvre ¼.
En revanche, j'ai vu antérieurement des pièces que j'ai
énormément aimées, très noires et intéressantes.
Muriel entreet
Thomas Bernhard me demande un effort. J'avais lu Le
naufragé qui ne m'avait pas plu bien que je me sois accrochée.
Avec ce livre, c'est pareil : c'est d'un pessimisme terrible. Le style
? Je ne le vois pas. Les phrases longues de Proust sont autrement plus
intéressantes.
Ce qui m'a plu, c'est ce terrain épouvantable. Mais beaucoup de
choses me semblent invraisemblables dans ce livre.
J'ai préféré la
pièce,
bien plus vivante.
J'ouvre entre ¼ et ½.
Monique L
Ce qui m'a intéressée et qui a soutenu ma lecture de ce
récit, c'est son style très maîtrisé tout en
ressassements et circonvolutions et sa construction redondante. Le récit
revient sans cesse sur lui-même de façon lancinante, avec
de longues phrases sinueuses qui n'en finissent pas.
Le narrateur répète certaines scènes (la traversée
de la forêt, l'irruption chez Moritz
) en changeant de point
de vue, tout en employant certains mots ou périphrases de façon
répétitive pour affiner le récit. Ce sont ces mots
répétés et ressassés qui, à mon avis,
donnent au récit tout son intérêt.
À noter que ne sont précisés ni le lieu, ni le jour,
ni le nom des personnages, sauf celui de Moritz.
Je n'ai pas été surprise car j'ai vu au théâtre
Le neveu de Wittgenstein, En attendant la retraite et La plâtrière
et j'étais prévenue du ton acerbe et des soliloques hallucinés,
répétitifs et impitoyables dont Thomas Bernhard a le secret.
Cet écrivain tourmenté et misanthrope n'est pas à
lire tous les jours, mais la richesse de ses écrits me fascine
malgré leur noirceur ou peut-être à cause de
Dans ce texte, c'est le mécanisme du comportement dépressif
et suicidaire qui nous est décrit.
Il y a plein de choses étranges qui interrogent. Au fur et à
mesure que l'on avance dans le récit, les choses s'éclairent,
on comprend mieux les actes et les motivations du Suisse, par exemple.
C'est sans doute ce qui fait que l'on reste intéressé par
cette lecture.
Certains passages m'ont marquée, entre autres quand la logorrhée
de la Persane permet au narrateur de ressentir ce qu'il a fait vivre à
Moritz. J'ai l'impression que ce texte m'a fait approcher ce qu'est un
état suicidaire et la souffrance qui l'accompagne.
Les pensées du narrateur bouclent dans sa tête : il explique,
par exemple, qu'en raison de sa dépression, il s'est détourné
de "son travail intellectuel", de "ses études
scientifiques". Et il répète très souvent
"mon travail intellectuel", "mes études
scientifiques". J'ai compati lorsqu'il note à plusieurs
reprises qu'il a dépassé, dans sa névrose, le moment
où il aurait pu réagir.
Suivant l'état mental du narrateur, il ne voit plus les choses
de la même façon : la forêt est soit noire et humide,
soit une forêt de mélèzes.
Je n'ai pas compris pourquoi le narrateur et la Persane finissent par
s'éloigner l'un de l'autre. Parce qu'ils se ressemblent et non
plus rien à partager ?
Il faut attendre la toute fin pour comprendre le titre.
Ce n'est pas le récit de Thomas Bernhard que j'ai préféré
mais j'ouvre aux ¾.
J'ai vu la
pièce
mise en scène par Célie Pauthe à l'Odéon.
J'ai beaucoup aimé. La prestation de Claude Duparfait est un véritable
exploit au service du texte.
Jacqueline
Pas gai ! Le début se traîne. Le récit est vague sur
la situation réelle du narrateur : il souffre de sa maladie et
de son isolement tout en paraissant s'y complaire ; sa misère est
grande.
Sa position de chercheur solitaire est invraisemblable. Il sympathise
avec cette "Persane", étrangère, en déshérence
comme lui. Comme tout le village, il ne comprend pas et voudrait en savoir
plus
J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la description de son
affrontement avec la bêtise de la population du village
Et puis, le projet incompréhensible du Suisse s'explique. Le narrateur
se désintéresse petit à petit de la malheureuse Persane
et par une espèce de renversement de perspective, c'est elle qui
est devenue le sujet de la nouvelle. Elle reste cependant aussi énigmatique
que l'était le narrateur.
Des vies de rien dans un monde hostile assez glaçant. Cette atmosphère
m'a un peu rappelé Régis
Jauffret par sa noirceur et son désenchantement, comme par
ses petites observations réalistes
J'ouvre aux ¾.
Brigitte(à
l'écran)
Je m'aperçois, grâce à la mémoire du groupe,
que nous avions déjà lu de Thomas Bernhard Maîtres
anciens, dont je me souviens et La
Cave, que j'ai totalement oublié
!
Je reviens à OUI.
C'est un texte très particulier à tous points de vue.
Je me demande comment on a réussi à le mettre en scène.
Les quelques lieux évoqués sont décrits un si grand
nombre de fois que le lecteur finit par les imaginer clairement, aussi
bien la maison construite comme une centrale que celle de Moritz, ou la
forêt de mélèzes.
Cette façon de répéter de nombreuses fois (au moins
cinq fois) chaque chose ne rend pas le propos lassant, mais permet au
lecteur de s'en imprégner. C'est ce ressassement, qui décrit
la souffrance du narrateur, sa dépression, son impossibilité
à donner un sens à sa vie. Et, en miroir, la vie gâchée
de la Persane, qui dans la générosité de sa jeunesse
a décidé d'aider le Suisse à réaliser son
talent, et qui finit par comprendre (trop tard) que ce Suisse est un égoïste
sans aucun talent et qu'elle a gaspillé sa propre vie pour un mirage
qu'elle avait elle-même inventé.
Malgré Moritz, si serviable et amical, au milieu de la population
locale grossière et odieuse, dans ce quotidien qui peu à
peu devient insupportable comme il le ressent, le narrateur s'enfonce
dans la maladie. Finalement c'est la Persane qui dira OUI au suicide et
lui qui survivra.
C'est un prodige d'écriture de la répétition, dont
je ne me suis pas lassée, puisque je suis allée jusqu'à
la fin.
J'ouvre aux ¾, malgré le thème sombre et tragique.
Fanny
Après avoir fini le monolithe Ravelstein
(dont le récit ne m'a définitivement pas intéressée),
je n'ai trouvé nulle part le livre Oui, et la version numérique
dont je disposais n'était pas terrible. Et en termes de monolithe,
je me suis trouvée face à un autre bloc. C'est un livre
court, mais quand je le posais, j'avais un peu de mal à me motiver
pour reprendre la lecture. Il mériterait je trouve de se lire d'une
traite : j'ai lu la deuxième partie en 24h, et j'ai été
alors immergée dans le récit.
Avec
le narrateur, j'ai l'impression qu'on est bien au-delà de la dépression,
dans la folie.
La Persane, je trouve qu'elle est un peu folle, elle aussi. Je la vois
comme une femme sous emprise.
Quand il rencontre la Persane, il devient de plus en plus sensé,
puis il y a une bascule, et elle c'est le contraire. C'est super bien
construit. Je n'ai pas vu la chute venir... il y a un effet de surprise.
J'aime bien être dans l'intérieur du personnage.
Ce n'est pas drôle, mais ce n'est pas dénué d'humour.
Il y a une ironie sur les hommes d'affaires. Quand on comprend pourquoi
le Suisse achète le terrain, on voit l'humour noir qui m'a bien
plu.
Claire
J'avais gardé un souvenir
sinistre de Thomas Bernhard, mais j'ai vu récemment des pièces
qui m'ont plu et en relisant sur le site mes avis anciens sur Maîtres
anciens et La Cave,
je vois que l'écriture m'avais déjà ébranlée.
J'ai adoré la première page et le plaisir de cette prose
ne m'a pas quittée au point de frôler parfois la jubilation.
J'ai plutôt apprécié l'atmosphère bien sinistre
et étrange, la forêt, l'auberge, les noms des pièces
: la pièce aux classeurs, le cachot de travail, la pièce
aux araignées, la pièce aux livres, les centaines de lettres
non envoyées dans la même pièce que ses études
sur les sciences de la nature ; au demeurant, j'ai regretté l'invraisemblance
de son travail dit scientifique en solitaire - l'auteur aurait pu se fatiguer
à trouver une autre activité intellectuelle permettant de
l'accomplir dans la solitude.
Les 5 relations m'ont paru bien gratinées : narrateur/Moritz, narrateur/Persane,
Suisse/Persane, narrateur/aubergiste en plus lointaine, et la relation
du narrateur avec lui-même, avec sa lucidité sur sa maladie
mentale, sa distance sur soi ("j'avais
commencé mon numéro") et le mystère
de l'entente avec la Persane ("Nous
dialoguions en silence et notre dialogue était un des plus stimulants
qu'on puisse imaginer") qui se défait ("Incroyable,
la rapidité avec laquelle la meilleure relation, quand on lui demande
plus qu'elle ne peut donner, se détériore et finit par se
consumer entièrement").
Ces personnages comprennent 3 dingues (le narrateur, la Persane, le Suisse),
une méchante à l'arrière-plan représentant
tous les autres méchants des environs (l'aubergiste) et un gentil
(Moritz l'est constamment). Ces proches sont tous extraordinaires ; ainsi
la Persane "co-construit
les quatre centrales" (on voit bien là cette sorte
d'humour).
Des doubles termes ont suspendu un instant ma lecture : Moritz "un
sauveteur et un sauveur", entre le Suisse et la Personne
: "des liens d'abord
intimes, puis durables". J'ai aimé sans trop y
croire que la promenade soit entièrement musicale, puis entièrement
philosophique, et inversement.
J'ai accepté le but de ce que je lisais, ainsi que sa forme :
"fixer ce souvenir sur
le papier", celui de la Persane : "tout
ce qui doit être écrit a constamment besoin d'être
recommencé à zéro et constamment tenté à
nouveau, jusqu'au moment où c'est au moins approximativement réussi,
mais jamais de manière pleinement satisfaisante".
Le but de l'écriture est au-delà, ambitieux : "fixer
le souvenir de la Persane, puis améliorer mon état, prolonger
mon existence, ce à quoi je parviens peut-être justement
parce qu'en ce moment même, j'écris ces notes".
Quant au ressassement, aux variations, aux répétitions même,
j'étais à la page 142, il m'en restait, et les Suisses entrent
pour la nième fois dans la maison, j'écris dans la marge
: on ne s'en lasse pas ! J'ai eu un peu l'impression d'un jeu.
On dit que Thomas Bernhard est misogyne, une phrase m'y a fait penser,
mais l'humour fait tomber pour moi la misogynie : "toute
ma vie, j'ai su que les femmes, aussi différentes soient-elles,
ne sont jamais prêtes à l'heure convenue"
ou encore : "Il est
bien connu que des femmes comme la Persane sont capables de tout abandonner
pour la carrière d'un homme comme le Suisse".
Et pour ce qui est de la campagne, je préfère ne pas me
prononcer... : "la méchanceté
et la bassesse sont beaucoup plus grandes à la campagne qu'à
la ville", "la
campagne est totalement désertée par l'esprit".
Le volume du livre est parfait pour moi : ni trop bref, ni trop gros.
Tout au long du livre, on peut avoir l'impression qu'il ne se passe pas
grand-chose, d'autant qu'est redit ce qui se passe, mais il y a une tension
constante, maintenue, un coup de théâtre avec l'effet miraculeux
de la rencontre et à la fin une accélération et la
chute.
Comme tous ceux ici qui ont vu la
pièce, je l'ai beaucoup appréciée : notamment
avec l'incarnation du texte que j'ai aimé retrouver et par la réussite
de ce qui était casse-gueule : faire parler la Persane
Dommage qu'elle reste impeccablement maquillée quand elle vit de
façon horriblement dégradée dans la maison pourrie.
Thomas
C'était ma première lecture de Thomas Bernhard et dans un
premier temps son style assez particulier m'a agréablement surpris,
avec ces phrases très longues, qui m'ont fait penser à Proust,
mais qui restent néanmoins fluides. Moi qui me demande toujours
si mes propres phrases ne sont pas trop longues, cela m'a décomplexé
!
Le style m'a aussi rappelé Duras (dans L'Amant), avec ces
mots qui reviennent encore et encore. Quant au fond, avec ce récit
à la première personne d'un être malade et isolé,
j'ai eu une réminiscence de Gros-Câlin d'Ajar. Mais,
en dépit de ces trois rappels agréables - Proust, Duras,
Gary - ça n'a pas pris. Une fois passé le plaisir de la
découverte, ça a tourné en rond pour moi.
On ne comprend jamais pourquoi il est dépressif, on a l'impression
qu'il ne s'en pose même pas la question, et j'ai eu l'impression
d'en apprendre assez peu pour lui. Idem pour la Persane, dont on ne comprend
pas vraiment les motivations (ou l'absence de motivations). La relation
entre le narrateur et la Persane m'a toutefois intéressé,
entre ce coup de foudre initial et cette lassitude assez rapide, qui m'a
semblé être partagée par les deux protagonistes. Un
peu comme si, passé le plaisir de trouver enfin une personne un
tant soit peu intéressante dans leur environnement, tous deux se
rendaient finalement compte qu'ils n'avaient pas tant de choses à
se dire. Mais cela ne suffit pas à sauver ce livre à mes
yeux.
J'ouvre au ¼ quand même, pour le début, et par solidarité
entre Thomas !
Jérémy
Avant la lecture : Je n'avais jamais lu Thomas Bernhard. Attiré
par l'époque et le pays, j'étais impatient de le lire.
Je l'ai lu il y a 6 mois. Je pense que nous avions dû le mettre
au programme sans prévoir de date et j'ai voulu "m'avancer".
Comme il n'est pas long, je me suis demandé si j'allais le relire.
Mais la vie étant suffisamment courte et parfois assez pénible
comme cela, je ne me suis pas infligé une relecture. À la
place, j'ai commencé La Storia.
Après la lecture : Je n'ai pas saisi l'enjeu de ce livre,
je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. Rien ne m'a intéressé.
Je l'ai lu facilement et rapidement, mais il a glissé sur moi.
À quelques reprises, j'ai cru qu'il allait se passer quelque chose,
que ça allait "commencer" mais cela a fait "pschitt".
Le style ne m'a pas paru particulièrement remarquable non plus.
L'atmosphère est lugubre, glauque, pesante, poisseuse. C'est trop
lourd pour moi, le ciel est trop bas... Tous ces personnages neurasthéniques
ne m'intéressent pas. Un peu comme dans L'enfant
brûlé, il n'y a rien ni personne à sauver.
Je partage aussi le rapprochement que fait Clarisse avec Mars
de Fritz Zorn. J'aurais pu "pardonner" à Bernhard s'il
avait commis une nouvelle de 30 ou 40 pages, mais là, 175 pages...
non !
J'ai pensé à la chanson de Mylène Farmer, Oui
mais... non pour résumer mon avis.
Je n'ai pourtant pas envie d'en rester là. Je sais que Bernhard
est un grand auteur donc je pense que j'essaierai de lire un autre de
ses livres.
J'en retiens toutefois quelques passages que j'ai annotés :
D'après mon expérience, les indigènes sont toujours soupçonneux envers les étrangers, et leurs sentiments à leur égard, s'ils en ont, sont toujours malpropres et vulgaires, et les Suisses ne faisaient naturellement pas exception pour eux. L'étranger, aussi plein de bienveillance, de bonne volonté et de bonnes intentions qu'il arrive dans cette contrée, est sali, rabaissé, et, les exemples ne manquent pas, détruit par les indigènes. (p. 61)
et j'aime la ville plus que la campagne, que je déteste presque toujours parce qu'elle m'a presque toujours tourmenté, torturé et humilié, aussi loin que remontent mes souvenirs, et la méchanceté et la bassesse sont beaucoup plus grandes à la campagne qu'à la ville, de même que la grossièreté est beaucoup plus grande à la campagne, c'est une grossièreté toujours éhontée et, à la différence de la ville, la campagne est totalement désertée par l'esprit. (p. 85)
Et comme nous avons cette certitude de ne rien faire d'autre qu'aller à la mort, et comme nous savons ce que cela signifie, nous essayons de mettre à notre service tous les moyens susceptibles de nous divertir de cette connaissance, et ainsi nous ne voyons dans ce monde, si nous regardons bien, que des gens occupés en permanence et toute leur vie à ce divertissement. (p. 92).
Cela
m'a fait penser à Pascal.
Je ferme donc le livre. À oublier. Au point, et c'est la première
fois depuis que je fais partie du groupe, de me demander pourquoi : pourquoi
avoir choisi ce livre, pourquoi avoir écrit ce livre...
Etienne (à l'écran depuis Rennes,
en auditeur libre, dit-il)
Je n'ai récupéré le livre qu'aujourd'hui, mais je
voulais vous entendre. De Thomas Bernhard, j'ai lu Le
naufragé que j'ai aimé.
Catherine, sachant professionnellement de quoi
elle parle
À propos d'une attente d'explications, la dépression, ça
ne s'explique pas.
Claire (à Jocelyne, spécialiste mondiale
de Thomas Bernhard, invitée spécialement pour l'occasion
vu sa connaissance et sa passion de l'uvre et de l'auteur, et descendue
de l'étage au-dessus avec une série de livres)
Quelles réactions après ce tour de nos avis ? Et pourquoi
cet amour pour cet auteur ?
Jocelyne
Je ne m'attendais pas à autant d'avis positifs.
Cette écriture me fascine. Je suis sensible à sa composition
musicale, avec ces variations, les thèmes qui reviennent - ce que
certains appellent ratiociner...
Ja,
ce titre, Oui, est un pied de nez à la critique littéraire
qui a souvent jugé Thomas Bernhard "auteur négatif".
Il y a une seule journaliste qui a eu sa confiance, c'est Krista Fleischmann
: leurs entretiens sont passionnants et drôles, par exemple quand
il lui dit pourquoi il croit au ciel... et quand elle lui demande s'il
pense à la mort, il répond moi non, mais elle tout le temps,
d'ailleurs regardez mon épaule gauche, voyez bien qu'elle est plus
basse, car il y a toujours juché, l'oiseau de la mort, qui ne me
quitte plus...
Ce qui le caractérise, c'est le goût de l'exagération,
l'humour : vivre est une exagération. Et même si le
récit est sinistre, il y a de l'humour.
Les thèmes, dans Oui, sont ceux qui parcourent toute son
uvre :
- l'Autriche, les Autrichiens et leurs gouvernements successifs, leur
abrutissement et leur bassesse, leur racisme, voire leur néo-nazisme
- la solitude, subie ou voulue
- le couple, voué à l'échec, voire au massacre
- la promenade (découverte avec son grand-père, initiateur,
premier sauveur)
- les philosophes, les vrais, les faux
- l'enfermement
- la maladie, la dépression, le suicide et la mort qui est son
thème favori
- le salut.
Il y a dans tous ses récits, même les plus désespérés,
une vitalité fascinante et opérante.
À ceux qui veulent faire un autre essai, je recommande de lire
les textes autobiographiques de Thomas Bernhard - Lorigine,
La
cave, Le
souffle, Le
froid, Un
enfant - ainsi que Extinction.
Jocelyne a avec elle un livre du scénariste
et dessinateur de BD autrichien Nicolas Mahler qui, en 2021, à
l'occasion du 90e anniversaire de la naissance de Thomas Bernhard
(1931-1989), écrit Thomas
Bernhard. Die unkorrekte Biografie. Il avait déjà
fait sensation en adaptant sous forme de roman graphique l'un des
chefs-d'uvre de Bernhard, Maîtres
anciens. Première page de la "biographie incorrecte" : A la page suivante, Bernhard est seul dans son
berceau. Il a déjà ce gros nez qui le distingue des
autres nourrissons. Sa mère le regarde de loin. Il se dit
: "Ma maladie, c'est la distance." Bernhard est représenté avec une tête avec un gros nez, de petites jambes, suivi par un oiseau noir, oiseau de la mort, par exemple dans cette page (ne manquez pas l'oiseau en thérapie aussi...) :
Les entretiens passionnants avec
Krista Fleischmann (traduits : Entretiens
avec Krista Fleischmann, éd. L'Arche, 1993) : En 1972, l'agent immobilier Karl Ignaz Hennetmair
(1920-2018), ami et voisin de Thomas Bernhard, décide sans
lui en parler de tenir un journal des événements et
des conversations de cette année-là. Ils se voient
plusieurs heures par jour ; sa famille est la famille de substitution
pour Thomas. Karl le protège, écarte les importuns,
gère de nombreuses questions matérielles. Il scellera
le document qui ne sera publié qu'après la mort de
son ami : Ein
Jahr mit Thomas Bernhard. Das versiegelte Tagebuch 1972,
éd. Residenzverlag, 2014, 592 p. |
Claire, ayant essayé de comprendre le plaisir du narrateur à lire Schopenhauer et de ressentir l'effet de ce texte ("rafraîchissement complet de mon cerveau" s'enthousiasme-t-il), lit à haute voix le premier paragraphe de Le monde comme volonté et comme représentation d'Arthur Schopenhauer (publié en 1819, traduit en 1912, en ligne ici avec les 4 préfaces qui ont fait rire Rozenn)
Le monde est ma représentation. Cette proposition est une vérité pour tout être vivant et pensant, bien que, chez lhomme seul, elle arrive à se transformer en connaissance abstraite et réfléchie. Dès quil est capable de lamener à cet état, on peut dire que lesprit philosophique est né en lui. Il possède alors lentière certitude de ne connaître ni un soleil ni une terre, mais seulement un il qui voit ce soleil, une main qui touche cette terre ; il sait, en un mot, que le monde dont il est entouré nexiste que comme représentation, dans son rapport avec un être percevant, qui est lhomme lui-même. Sil est une vérité quon puisse affirmer a priori, cest bien celle-là ; car elle exprime le mode de toute expérience possible et imaginable, concept de beaucoup plus général que ceux même de temps, despace et de causalité qui limpliquent. Chacun de ces concepts, en effet, dans lesquels nous avons reconnu des formes diverses du principe de raison, nest applicable quà un ordre déterminé de représentations ; la distinction du sujet et de lobjet, au contraire, est le mode commun à toutes, le seul sous lequel on puisse concevoir une représentation quelconque, abstraite ou intuitive, rationnelle ou empirique. Aucune vérité nest donc plus certaine, plus absolue, plus évidente que celle-ci : tout ce qui existe pour la pensée, cest-à-dire, lunivers entier nest objet quà légard dun sujet, perception que par rapport à un esprit percevant, en un mot, il est pure représentation. Cette loi sapplique naturellement à tout le présent, à tout le passé et à tout lavenir, à ce qui est loin comme à ce qui est près de nous ; car elle est vraie du temps et de lespace eux-mêmes, grâce auxquels les représentations particulières se distinguent les unes des autres. Tout ce que le monde renferme ou peut renfermer est dans cette dépendance nécessaire vis-à-vis du sujet et nexiste que pour le sujet. Le monde est donc représentation.
Renée
Une amie qui a fait quelques études de philosophie m'a conseillé
un livre de Irvin Yalom, La
méthode Schopenhauer : c'est un ouvrage de vulgarisation
facile à lire tout en restant sérieux sur le fond. J'ai
pris un grand plaisir à le lire.
Pour un tour d'horizon de Thomas
Bernhard et ses écrits, voir la présentation sur
Wikipédia :
- biographie
- présentation
de l'ensemble de l'uvre
- les
scandales
- la
liste des publications : romans et récits, théâtre,
autres textes.
Le site officiel
est très bien conçu : https://thomasbernhard.at/
Les nombreuses uvres
traduites en France sont publiées chez deux éditeurs
:
- les pièces de théâtre par L'Arche
- les romans, récits et autres textes par Gallimard
: coll. Du monde entier, coll. Imaginaire, coll. Folio,
coll. Quarto.
Oui est-il autobiographique
? On s'en fiche...
Le site
officiel dit carrément de Oui que le texte de fiction
a des références claires dans la vie de Bernhard. Derrière
"l'agent immobilier" Moritz cache - à peine déguisé
- le marchand immobilier Karl Ignaz Hennetmair, avec qui l'auteur entretenait
une amitié de dix ans, qui s'est soudainement rompue en 1975. Certains
commentaires du narrateur concernent l'installation de Thomas Bernhard
à Obernathal : il a acheté une "ruine" qu'il a
restaurée et rendue habitable avec l'intention "d'avoir un
endroit" pour lui seul. La "femme persane" a aussi un véritable
modèle : Maria Radson, née en URSS puis devenue citoyenne
iranienne et dont le destin correspond en grande partie à celui
de la femme persane.
Par ailleurs, Karl Ignaz Jennetmair
a tenu puis publié le journal d'une année avec Thomas Bernhard,
Ein
Jahr mit Thomas Bernhard. Das versiegelte Tagebuch 1972, Residenz
Verlag, 2000, d'où sont extraites ces photos :
Thomas Bernhard et Karl Ignaz
Hennetmair, 1972
La famille de Karl Ignaz Hennetmair : son fils aîné Walter,
la grand-mère Christine, l'épouse Zäzilia, le parrain
lors de la confirmation du fils cadet Wolfgang : Thomas Bernhard
Deux interviews
- Entretien
avec Thomas Bernhard, quelques années après la publication
de Oui : "J'ai une véritable
aversion pour tout ce qui est autobiographique",
par
Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 7 janvier 1983.
- Un entretien
fouillé et très personnel avec Claus Peymann, directeur
du Berliner Ensemble, qui a créé presque toutes les pièces
de Thomas Bernhard, quelques années après la mort de l'auteur
: "Thomas Bernhard aspirait
les gens, il les avalait", propos recueillis par Brigitte Salino,
Le Monde, 12 janvier 2012.
Trois articles de trois auteurs que
nous avons lus (Le Monde,
7 juin 2007)
- "Thomas
Bernhard : l'homme qui disait NON", par Chantal Thomas,
auteure d'un essai
sur Thomas Bernhard et dont nous avions lu Souvenirs
de la marée basse et
La
Reine scélérate.
- "Chaque
jour, une dose de souffle nouveau", par Elfriede Jelinek, dont
nous avions lu La
Pianiste.
- "Un scandaleux au style hypnotique",
par Paul Nizon, dont nous avions lu deux livres L'année de
l'amour et Chien
: confession à midi.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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