Quatrième de couverture : Après
avoir été enfermée à l'hôpital de la
Salpêtrière, livrée aux assiduités et aux expérimentations
du professeur Charcot, grand spécialiste de l'hystérie des
femmes, Blanche Wittman devient l'assistante de Marie Curie. Celle-ci,
plongée dans ses recherches, détentrice d'un premier prix
Nobel puis d'un second, entame après son veuvage une liaison avec
Paul Langevin, mais le scandale national va l'obliger à l'exil.
Désespérée, elle se confie à Blanche, car
les années de travail n'ont pas réussi à occulter
chez cette scientifique la femme, l'amoureuse...
Voir sur le livre et sur l'auteur les articles de
- Raphaëlle Rérolle (Le
Monde du 6 janvier 2006)
- Jean-Louis Perrier (Le
Monde du 17 novembre 2000)
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Per Olov Enquist
Blanche et Marie
Nous avons lu ce livre en janvier 2008.
Françoise O
Je nai pas décoléré depuis que jai commencé
à lire ce livre. (Françoise est très agitée...)
Je ne suis pas physicienne mais jétais professeur de physique-chimie
(précise avec rigueur Françoise dont on se réjouissait
de la présence pour ce livre, en tant que "physicienne").
"Raconter une histoire permet de mieux cerner la réalité",
dit lauteur, mais je ne supporte pas une biographie qui reconstitue
des scènes, des dialogues. La scène damour de Paul
et Marie est inadmissible.
(Le chur fait remarquer à Françoise quil
ne sagit pas dune biographie mais dun "roman".)
Lauteur prend cette pauvre Blanche comme victime du voyeurisme quand
elle était à la Salpêtrière, et il en rajoute.
Pareillement, ce quil fait de la vie de Marie, son histoire avec
Paul, la lettre publiée dans les journaux.
Est-ce vrai ? Tout est inventé ? Je naime pas ces
fausses biographies. Ce livre est un torchon. On ne fait pas nimporte
quoi avec la vie des gens. Je ne vois pas ce que lauteur a voulu
faire.
Je ferme ce livre et regrette de lavoir ouvert.
Claire
Cest Florence qui a proposé ce livre, et je regrette quelle
ne soit pas présente. Sans arrêt je me demandais : quest-ce
que cest que ce livre ? Ces trois cahiers ??? Jai
été intéressée par les personnages qui apparaissent,
intriguée par la construction du livre, un peu lassée dans
la première partie par le ressassement concernant Blanche. Arrivée
aux trois quarts du livre, je me suis décidé à chercher
un éclairage et ai appris quil sagit dun genre
littéraire. Je me suis dit chouette, jai découvert
un genre littéraire. Je comprends la colère de Françoise,
mais personne na été choqué que Russel Banks
dans American
Darling fasse apparaître un personnage toujours vivant lhorrible
ex-président du Liberia. Je suis ravie davoir découvert
Marie Curie, ignorante que jétais. Blanche na pas existé
dans la vie de Marie, mais cette histoire damour entre elles est
incroyable. Laspect documentaire associé à limagination
de lauteur me plaît. Lhistoire du monstre... Paul et
Marie... il y a des passages extraordinaires... ! Mais jémets
des réserves sur la construction du livre.
Geneviève
Je suis partagée, contente de lavoir lu, prise par le début.
Je nai pas été gênée par la re-construction
de lhistoire puisque il sagit de littérature. Il y
a de bonnes idées comme rapprocher la psychiatrie de la découverte
du radium qui permettent toutes deux daller au-delà du visible.
Jaime bien le fait davoir humanisé Marie Curie. Mais
il y a des moments où on ne sait plus où on en est. Cest
trop fabriqué, avec un peu trop de misérabilisme, par exemple
le petit chariot à roulettes de Blanche. Je suis fascinée
par le personnage de Marie Curie qui a réussi à se faire
une telle place dans la société du XIXe siècle. Le
développement mystique de lamour, les passages avec "Je"
sont pénibles. Il y a une puissance dimagination, mais trop
de décrochage, de commentaires, demphase.
Françoise D
Je partage avec moins de violence lavis
de Françoise O. Jai été agacée, je me
suis sentie flouée. Je naime pas cette espèce de construction,
de délire, à partir de personnages ayant réellement
existé. Il y a des bribes biographiques, mais lesquelles ?
Tout peut-être faux aussi bien, alors quel intérêt ?
Il aurait pu sagir aussi bien de deux personnes totalement fictives,
et peut-être aurait-il été plus convaincant, car si
lauteur a voulu en effet se faire rencontrer la science et la psychiatrie
à une même époque, alors cest raté, on
ny voit rien et ses digressions sur lamour de même que
lécriture mont semblées dune lourdeur
assez scandinave, je dois dire... Le style est très mauvais, et
que vient faire là le narrateur/lauteur (?). Le fait de susciter
lintérêt par des femmes ayant réellement existé
est racoleur.
Je nai aucune envie de lire un autre Enquist.
Christine
Javais lu LExtradition
des Baltes, en 68, que javais aimé. Cétait
le même procédé pour un fait historique : laccueil
puis le renvoi des Lettoniens et des Lituaniens pendant la guerre. Il
y développe la culpabilité des Suédois. Javais
aimé le côté historique et moins les digressions.
Blanche et Marie, cest le même procédé,
mais ça marche moins bien car je nai pas été
tenue par lhistoire. Son invention du couple B & M, quelle idée
davoir raconté ça ? Lamour est le thème
du livre, lamputation est omniprésente, cest lourd.
Et qui est ce « je » qui intervient ? Lauteur ?
Le narrateur ?
Ce nest pas un hommage à Marie Curie ; cétait
une femme extraordinaire, et là cest pauvre.
Quest-ce qui attire lauteur dans tout ça ? Sa
fille qui sest intéressée à Charcot ?
Ça ne nous apporte pas grand-chose. Je lai lu facilement.
Je louvre ¼ alors que jouvrirais LExtradition
des Baltes ¾.
Monique (entre
et )
Jen suis à la page 92. Je suis déçue, jai
tout cru ! Je croyais que cétait des cahiers réels !
La construction paraît intéressante, au départ on
est un peu perdus. Ce qui est magnifique cest lextrême
beauté que les humains trouvent dans cette luminescence, ça
revient très souvent dans la bouche de Blanche : superbe passage
du soir de la thèse où Pierre sort un tube rempli de luminescence
bleue... Cest extraordinaire de lier psychiatrie, sciences humaines
et sciences physiques. Lhistoire du monstre est-elle inventée
par lauteur ? Est-ce métaphysique ?
Jacqueline
Comme les Françoise O et D, je nai pas aimé ce livre.
Moi aussi jai été choquée.
Monique (en une association libre... )
Tas été choquée par la photo de Simone de Beauvoir
en couverture ?
Jacqueline (ne se prononçant pas sur la polémique fessue...)
Jai eu beaucoup de mal à lire ce livre. Puis jai lu
sur Internet que tout était bidon et je me suis sentie soulagée.
Javais eu des doutes quant au chariot de Blanche, mais les cahiers
sont très vraisemblables, ils sont écrits dans un style
qui pourrait être celui dune hystérique : lauteur
a quand même fait un boulot extraordinaire.
Françoise G
Jai acheté le livre à cause du groupe, le titre me
semblait tartignole. Jai été tout à fait séduite
par lécriture, lhistoire est époustouflante,
cette Blanche qui a été ensuite lassistante de Marie
Curie, jy croyais complètement, jen ai parlé
à des amis... vous savez quoi, Blanche et Marie, etc. Puis je vais
voir sur Internet et je maperçois que tout est inventé...
Jai continué avec un autre état desprit, et
je lai terminé avec avidité. Lauteur a peut-être
pour but de montrer que ce qui est romancé vient toujours de faits
réels : quest-ce quun roman ? A certains
moments cest un peu lourd mais cest quand même bien
fait. Les personnages ont une épaisseur extraordinaire, il y a
un enchevêtrement de spirales de plus en plus larges. Le mélange
documentaire-fiction est étonnant. Le roman crée un univers
particulier sur lépoque de la Salpêtrière avec
les hystériques ; et derrière tout cela lamour
qui triomphe de tout. La passion de Pinon et sa femme Maia est magnifique.
Les passages avec les "je" très rapides sont comme des
conclusions de paragraphe. Le narrateur prend du recul, juge ses personnages,
leur parle : "tout est devenu si sale, Marie".
Lil
A priori, je n'aime pas les romans-documentaires... Discriminer le faux
du vrai ne m'intéresse pas. De plus, le livre d'Enquist est souvent
confus, répétitif...
Il a eu, cependant, le mérite d'aiguiser ma curiosité et
de me conduire vers d'autres ouvrages : une biographie de Marie Curie...
des notes sur Charcot, ses recherches autour de l'hystérie (pauvres
femmes !!!), la Salpêtrière, etc.
En résumé, j'ai donc davantage apprécié les
conséquences de cette lecture que la lecture elle-même. Je
trouve, a postériori, ma note généreuse - je ne me
souviens plus de la raison de cette générosité -
l'écriture, peut-être... de beaux passages.
Nicole
Je ne supporte pas de lire la vie romancée de personnages connus.
Marie-Thé
Je l'ai aimé pour la force, la passion, qui s'en dégagent ;
mais que de tourments tout de même.
J'ai trouvé la première partie particulièrement pénible,
ai vraiment dû me forcer pour continuer, me demandant qui avait
bien pu proposer un pareil livre... constatant que les créations
scandinaves sont toujours bien sombres. Dès les premières
pages ça démarre, avec la puanteur du cadavre de la mère
"rattrapant" les chevaux, puis le cercueil englouti par le fleuve.
Mais "chemin faisant", j'ai découvert des vies intensément
vécues, amour, passion, destruction... J'ai remarqué que
l'amputation revient souvent : Blanche, bien sûr, mais aussi "passions
amputées" (Blanche et Jane), amputation du souvenir de la
vie vécue (Jane, p. 65), amputée du passé, Jane est
libre et légère (danse). A Saint-Malo, il est encore question
damputation, avec le frère de Charcot, coincé par
un rocher, alors que la marée monte. Plus loin, retour sur la mère
dans le fleuve : "amour amputé" (p. 166) ; puis
(p. 240) "récits amputés"
La lumière,
lobscurité, sont tout aussi souvent évoquées.
Je note aussi maintes références à la mère,
à la religion, aux amours coupables, aux châtiments, et ceci
: "volupté piétiste" (!)... A propos de la
femme, "Ces manifestations théâtrales étaient
censées montrer le chemin jusque-là caché vers le
monde effrayant et redoutable de la féminité et de lamour"
ou : "le naufrage dune expédition alors quelle
était sur le point de pénétrer le continent de la
femme et de lamour", etc. etc.
Dans ce livre, jai vu beaucoup de personnages, mais aussi lauteur.
De ce texte dense où lamputation est si présente,
jai envie dextraire ceci : "Ce qui est tranché
et disparu a aussi son amour, ses souvenirs".
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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