Home, de Toni Morrison, Christian Bourgois,
2012, trad. Christine Laferrière
Quatrième de couverture :
Toni Morrison nous plonge dans lAmérique
des années 1950.
« Home est un roman tout en retenue. Magistral. [
]
Écrit dans un style percutant, il est dune simplicité
trompeuse. Ce conte au calme terrifiant regroupe tous les thèmes
les plus explosifs que Morrison a déjà explorés.
Elle na jamais fait preuve dautant de concision. Cest
pourtant dans cette concision quelle démontre
toute létendue et la force de son écriture. »
The Washington Post
« Ce petit roman envoûtant est une sorte de pierre de Rosette
de luvre de Toni Morrison. Il contient en essence tous les
thèmes qui ont toujours alimenté son écriture. [
]
Home est empreint dune petite musique feutrée semblable à
celle dun quatuor, laccord parfait entre pur naturalisme et
fable. [
] Mme Morrison adopte un style tranchant qui lui permet
de mettre en mots la vie quotidienne de ses personnages avec une précision
poétique. »
The New York Times
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Toni Morrison (1931-2019)
Home (2012)
Nous avons lu ce livre en septembre 2013. Nous avions lu
Beloved en 2009.
Manuel
J'en ai lu la moitié. L'écriture est intéressante.
Les différents points de vue m'ont dérouté. J'ai
été pris par le contexte des Noirs américains après
la guerre de Corée.
Mireille
J'ai été embarquée avec Tony Morrison. J'ai aimé
les poèmes. L'écriture est puissante. J'aime les lettres
de Franck ; je suis surprise de l'avant-dernière lettre au sujet
de la petite coréenne, ce que représente la guerre. On pense
aux amis perdus, partout la guerre cache des hommes. J'ai beaucoup aimé
les frémissements des personnages, l'histoire de Cee et de son
frère, la phrase sur les chevaux quand les enfants parlent sur
la clôture : ils sont noirs et le dessous des pieds est rose. Il
y a une capacité de résilience, beaucoup de solidarité.
Quand Franck quitte l'asile psychiatrique, il y a la rencontre avec le
porteur, avec Billy et Lily. La solidarité des femmes qui soignent
Cee. L'écriture est poétique. J'ai lu
Sula et Un
don. J'ai aimé la construction intelligente du livre, la
courtepointe.
Monique
Je n'ai pas été embarquée. J'ai traîné
le livre tout l'été. Finalement j'ai lu un livre sur Marguerite
Duras. Il y a trop d'entrées dans ce livre. Le contexte m'intéresse.
Toni Morrison est une femme exceptionnelle. Je lisais en même temps
des policiers, comme Izzo. Je n'aime pas le côté fable, conte.
Françoise D
J'ai préféré La couleur des sentiments. Toni Morrison
est "over rated", surcotée. La notoriété
qu'elle a n'est pas méritée. Elle a eu le Nobel et pas Philippe
Roth. Je ne suis pas rentrée dans le livre. Les personnages sont
minces, l'écriture plate. Je n'ai rien trouvé d'intéressant
dans ce livre. Je n'ai pas trouvé l'intrigue, pas de construction.
Un livre plat. Rien n'est creusé, ni approfondie, sauf la grand-mère.
Ça fait pschitt. Livre fermé.
Claire BC
Je me suis demandé si l'histoire ne m'avais pas accrochée
ou si j'étais trop préoccupée par ailleurs. J'ai
décroché tout le temps. Le conte m'agace et il y a quelque
chose de l'ordre du conte. "Sa fureur, la haine déguisée
en faute de l'autre". Il y a des moments figurant dans cette
écriture. J'ai beaucoup aimé la description du rapport homme/femme.
Tout aurait pu être si réussi : pourquoi est-elle resté
en surface ?
Annick
Je l'ai lu il y a un an et ce livre m'a prise au tripes. J'ai été
saisie par cette violence latente. Cee paraît pauvre une grande
partie du temps, puis elle est étoffée. De même Franck
n'est pas un personnage falot. On ressent la violence qui s'immisce en
nous. La construction est très intéressante en puzzles qui
s'emboîtent peu à peu. Il me reste à la fin des questions.
Les personnages sont brossés à grands traits. Je n'ai pas
compris le personnage de l'horrible scientifique qui fait des expériences
barbares. Le deuxième porteur fait son job mais rien de plus. Il
y a une force sauvage dans ce livre. Je suis très sensible à
cette écriture. La fin est presque idyllique, vu les blessures
que portent l'un et l'autre. J'ouvre aux trois quarts
Jacqueline
J'avais lu Beloved
et Love.
C'était une découverte d'un écrivain que j'aime.
Home m'a paru remarquable quand je l'ai lu il y a un an. Mais j'ai
oublié les péripéties. Je l'ai relu et je suis toujours
prise par cette manière qu'elle a de raconter. Elle raconte des
horreurs (le pied qu'on enfonce dans la terre) avec une pudeur
On
comprend l'histoire bout par bout, et ça me plaît. L'errance
de Franck que j'ai relue m'a permis de découvrir des choses que
je ne j'ai pas vu à la première lecture. Je n'ai pas eu
le temps de le relire entièrement. J'ouvre en grand.
Éric
Je me suis ennuyé. J'ai été furieux de lire certains
passages. Je me suis demandé si c'était un problème
de traduction, car c'est mal écrit. C'est la société
américaine, schizophrène, qui ne parle que par slogans.
On a l'impression de lire un plan détaillé. Je n'ai pas
été embarqué, je n'ai pas accroché. C'est
une succession de slogans, p. 41 par exemple ; avec Franck et le jeune
enfant, p. 40, j'ai l'impression de lire une notice de médicaments.
P. 132-133 Cee n'a plus besoin de Franck. Ne compte que sur toi, tu es
libre c'est dans ton propre jardin, tu es une femme. P.70 Franck parle
de ses femmes "la petite chose fragile à l'intérieur
de chacune d'elle" c'est pire que de traiter une femme de druide.
Et c'est très mal écrit. Il n'y a pas de montée en
puissance, bref, j'ai détesté ce livre.
Rozenn
Je n'ai pas du tout été embarquée. Je l'ai lu quand
il est paru, mais je l'ai laissé tomber. Je l'ai relu pour la réunion
de ce jour. Il y beaucoup de choses que je ne comprends pas, c'est trop
elliptique, c'est un tour de force sur la mauvaise foi, où il s'agit
de mettre en scène ce truc si fort à la surface pour cacher
autre chose. Il dit que ce qu'il a raconté est faux. En fait il
ne peut plus vivre. Ne pas se faire embarquer, c'est refuser un discours
faux.
J'ai été accrochée par la beauté de l'écriture.
Elle décrit Franck se racontant des choses qui ne sont pas ce qu'il
pense et ce qu'il sent. L'auteur fournit un discours plaqué, elliptique,
pas pour de vrai. C'est très fort. Les italiques constituent des
ruptures d'énonciation où le personnage discute avec l'auteur-énonciateur.
Donc une lecture du soupçon s'installe. Il avait une raison de
vivre, sauver sa sur, mais à la fin, elle n'a plus besoin
de lui, il devra se reconstruire. Tous les personnages sont détruits.
Il faut aller jusqu'au bout, avec ce contrat de lecture.
Claire
J'ai lu aussi Sula
et Beloved,
pour lequel il y avait un consensus : un livre qui s'imposait.
Dans ce livre, il y a des attentes qui sont forcément frustrées.
On attend un roman psychologique et ce n'est pas l'objet. Comme elle est
"over rated", le narratif, elle s'en dispense. Elle a une attente
du lecteur, qui doit être actif, sinon il décroche ; ça
se construit peu à peu. C'est très intéressant. Ce
n'est pas un jeu.
Je n'aime pas les poèmes. Il faut décrypter les passages
en italique. Je n'ai pas bien adhéré au dialogue avec le
narrateur.
On n'est pas dans du "beau style", mais dans la force, brisée,
démolie ; on évoque des chansons d'amour perdu. C'est très
réussi, il y a du rythme. C'est très prenant, il se passe
énormément de choses.
Brigitte
J'avais proposé ce livre. J'ai été frappée
par la découverte de Toni Morrison. Un univers.
Je suis entrée dans un ressenti. Sans rester à l'extérieur.
Car, voyant sortir ce livre, court, je me suis demandé comment
elle allait faire pour passer dans ce format.
Je l'ai relu alors que je l'avais lu à sa sortie. J'admire cette
concision, cette composition.
Je ne suis pas choquée qu'il mente. Homme et home : ce parallèle
enrichit ce livre. Le but c'est d'être un homme. La fin renvoie
à ce petit enfant qui dit qu'il veut plus tard être "homme".
C'est un livre très riche, puissant, varié, concis. Il se
passe énormément de choses. Par exemple quand l'enfant sait
en une page la bonne température du fer à repasser et elle
fait de bulles, joue au jokari. Eléonore ne connaît que l'égoïsme.
Toni Morrison campe des personnages en quelques mots. C'est un livre très
court que j'apprécie : fond, sujet et façon dont il est
écrit. Il m'a rappelé le dernier Tarantino, Django
unchained, où deux esclaves se battent. J'ouvre aux trois
quarts, voire en grand.
Presse
- Rencontre avec Toni Morrison à la sortie de son livre Home,
Florence Noiville, Le Monde,
24 août 2012
- "Home" : Toni Morrison toujours hantée par le passé
meurtrier, Bruno Juffin, Les
Inrocks, 4 septembre 2012
- Home, par Toni Morrison, L'Express,
17 juillet 2012
- Une interview à France
Culture sur son roman Home, 21 septembre 2012
- Toni Morrison : "Être black n'a pas toujours été
beautiful", propos recueillis par Laurence Lemoine, Psychologies,
6 août 2019 (Votre dernier roman, "Home", se situe dans
lAmérique des années 1950. Pourquoi avoir choisi cette
période pour aborder un sujet somme toute dactualité,
celui de la virilité ?)
Et aussi :
- Toni Morrison : "Tout art véritable est politique",
propos recueillis par Alexis Liebaert, Le
Magazine Littéraire, n° 527, janvier 2013
- (et plus tard) Toni Morrison, écrivaine américaine, Prix
Nobel de littérature, Josyane Savigneau, Le
Monde, 8 août 2019
- France
Culture "La Compagnie des auteurs", quatre émissions
en 2018
- France
Culture "A voix nue", cinq entretiens de 2006 rediffusée
à sa mort en 2019
- La Grande Librairie
en 2018, 14 min
- Toni Morrison
et les fantômes de l'Amérique, Arte, documentaire
de Claire Laborey, 2020, 52 min
AVIS DES BRETONS réunis le
25 janvier 2013
Ce vendredi soir, chez Jean-Luc et Odile, à l'accueil chaleureux
et feu de cheminée fort bienvenu, nous étions 11, mais les
deux absentes excusées, Marie et Marie-Claire, avaient adressé
leur avis.
Quel enthousiasme ! Nous avions 11 livres grand ouverts, une cote d'amour
à 95 et une autre à 75...
Tout le monde s'est accordé pour dire qu'il s'agit véritablement
d'une grande uvre littéraire. Nous avons particulièrement
aimé :
- L'écriture sobre, concise, d'une grande justesse, très
efficace : "tout est dit" avec une économie de moyens,
légèreté, poésie. Des scènes absolument
remarquables (le combat des chevaux - les horreurs de la guerre), des
portraits magnifiques, des descriptions de la nature, tout souligne le
talent littéraire de Toni Morrison
- La construction, en boucle, du récit.
Le livre s'ouvre sur le poème et la symbolique de la maison, de
la patrie. Le poème final referme cette boucle très habilement.
Les chapitres en italique, dialogue entre Franck et la narratrice, éclairent
le récit et entretiennent le suspens.
- Le fonds
Il paraît incroyable que Toni Morrison ait pu, en si peu de pages,
faire la synthèse de tout ce qui constituait la vie des Noirs américains,
aux USA, à cette période (guerre de Corée 1950-1953).
Tout y est : en suivant le personnage principal, nous découvrons
la vie au quotidien des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des
vétérans, sur fond de misère, d'injustices et d'humiliations,
de maccarthysme, de pratiques eugénistes aussi... mais avec, en
contrepoids, la puissance de l'amour salvateur, de la solidarité,
de belles philosophies de vie...
Ce livre nous offre une palette du pire et du meilleur, assez équitablement
distribuée entre Blancs et Noirs, ce qui rend les personnages profondément
humains et crédibles.
Un livre extrêmement fort qui nous parle de rédemption, d'humanité
et nous interroge sur notre propre humanité.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert
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beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
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