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Lydie Salvayre
Sept femmes
Nous avons lu ce livre en mars 2015.
Le groupe avait lu antérieurement La
Compagnie des spectres (2002) et Les
Belles Âmes (2008).
Parmi les 7 femmes, le groupe avait lu des livres
de 4 d'entre elles :
- Ingeborg Bachmann : Malina
(en 1992)
- Marina Tsvetaeva : Correspondance
à trois : été 1926 (en 1994)
- Sylvia Plath : La
Cloche de détresse (en 1997)
- Virginia Woolf : Mrs. Dalloway (en 1987), La Promenade au
phare (en 1990), Orlando (en 1993), Une Chambre à
soi (en 2000).
Annick L (avis transmis)
C'était pour moi une première découverte de Lydie
Salvayre et je crois que j'aurais préféré une uvre
d'elle. Ce livre est très intéressant pour les portraits
très sensibles et très subjectifs qu'elle propose (de ces
femmes écrivains), mais aussi pour ce qu'elle dit sur elle-même
à travers sa vision, assez romantique finalement, de la littérature
et du "métier" d'écrivain. Ma tête est donc
satisfaite ! Mais je ne vois pas en quoi il donne matière
à débattre...
Brigitte (avis transmis)
En ce qui concerne Sept femmes, je suis très réservée
sur ce livre. Je préfère en général lire l'uvre
d'un écrivain, plutôt que ce qu'en pense un autre écrivain.
J'ai été intéressée par ce qu'elle écrit
sur Emily Brontë et sur Marina Tsvetaïeva (dont nous avions
lu Correspondance à trois), mais pour les autres :
non. Ce qu'elle dit de Colette ne rend pas justice, à mon avis,
aux qualités de son écriture. Pour Virginia Woolf, je ne
partage pas son point de vue, qui est d'ailleurs assez superficiel (à
mon avis) : elle ne cite même pas Mrs Dalloway, qui
est de mon point de vue un de ses meilleurs romans. Je trouve qu'elle
ne rend pas non plus suffisamment justice à La Cloche de détresse
de Sylvia Plath. Je ne connais pas du tout Djuna Barnes, quelqu'un du
groupe a-t-il lu Le Bois de la nuit ?
(personne...)
Je n'avais pas réussi à entrer dans La Compagnie des
spectres, que nous avions lu ensemble. "Pas pleurer" est
une expression qui revient souvent sous sa plume, elle doit correspondre
à quelque chose d'important chez elle*. J'espère que l'ouvrage
éponyme saura me séduire...
Monique L (avis transmis)
J'ai eu beaucoup de mal à lire Sept femmes. Je n'ai pas
réussi à m'intéresser à cette étude,
aussi bien pour les trois femmes dont j'avais lu des uvres, Emilie
Brontë, Colette et Virginia Woolf, que pour celles que je découvrais.
Ma lecture n'a pas éveillé ma curiosité pour ces
dernières.
J'ai du mal à analyser le pourquoi de ce rejet car le sujet aurait
dû m'intéresser. Le style n'est pas en cause car l'écriture
est imagée et riche.
Je n'avais rien lu de Lydie Salvayre. Ne voulant pas restée sur
cette mauvaise impression, j'ai l'intention de lire un de ses romans.
Séverine (avis transmis)
Je ne sais que penser de la forme de ce "roman" : d'ailleurs,
s'agit-il d'un roman ? J'ai aimé le choix de mettre en avant
des femmes dérangeantes, chacune à leur façon, et
de ne donner à voir que certains aspects des personnes, sortes
de biographies subjectives. Le seul mérite de ce livre à
mes yeux est de m'avoir donné envie de relire Les Hauts de Hurle-Vent,
lointain souvenir de jeunesse, et de me plonger dans l'uvre de Colette
que je connais finalement peu, n'ayant lu que Le Blé en herbe
durant ma scolarité. J'ai donc vite laissé Lydie pour
me plonger dans Colette et là, je viens de finir La Chatte
qui m'a beaucoup plu. Donc si je dérive autant sur Colette, c'est
que finalement Lydie ne m'a guère plus emballée que cela
Dommage, car je trouve son écriture intéressante.
Bénédicte
(avis transmis)
J'ai lu ou plutôt parcouru Sept femmes. L'idée est
inintéressante de faire le portrait de ces 7 femmes ; néanmoins,
que reste-t-il à la fin de la lecture ? Pour moi, peu de choses
: est-ce ma mémoire qui commence à vaciller ? Est-ce
le fait que ces parcours se rapprochent plus ou moins ? Est-ce le
fait que je n'ai rien lu de certaines auteures (Sylvia Plath ou Ingeborg
Bachmann) ? L'écriture me paraît un peu mièvre,
voire enfantine. Les auteures sont "survolées" et au
final il n'en reste pas grand-chose. Lydie Salvayre exprime beaucoup de
compassion, mais cela suffit-il ? Je vais relire Virginia Woolf,
donc j'ouvre à ¼.
Serge (d'Avignon)
Je l'ai lu en revenant de jardiner, à Nîmes, autour du caveau
d'Élisabeth Barbier qui rêvait d'aller avec Marguerite Yourcenar
sur les traces des surs Brontë, à Hayworth. Ce que j'avais
fait, moi. J'aime beaucoup l'uvre de Lydie Salvayre, à part
les tout premiers romans ; et cet "essai", non plus je
ne l'ai pas aimé. Peut-être parce que, à part Ingeborg
Bachmann, je les connaissais toutes. Quant à Bachmann, elle ne
m'a pas donné envie de la découvrir, de la lire, d'en savoir
plus... Préférant son foisonnement imaginatif, parfois brouillon,
souvent au présent de conversation, je la préfère
romancière d'imagination, cette belle rouquine qui, un soir d'été,
s'est assise à côté de moi, au festival d'Avignon...
Claire
Je crains un assassinat
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé.
Ce n'est pas un roman bien sûr, mais à mon avis ce n'est
pas non plus un essai. C'est un genre qu'elle crée ainsi. Elle
raconte des histoires dont le thème est le rapport entre elle et
ces écrivaines, entre l'écriture et la vie. Il y a des échos
entre les chapitres. Elles sont toutes rebelles, et plus d'une a affiché
une liberté sexuelle. Je connaissais quatre des auteurs que nous
avions lus dans le groupe. J'ai Le Bois de la nuit depuis des années
sans l'avoir lu et cette fois je suis décidée : elle me
donne envie de lire. J'ai lu Les Hauts de Hurle-Vent qu'inculte
je n'avais jamais lu.
Rozenn
Alors ?...
Claire
J'ai aimé, mais le traitement des voix (les différentes
narratrices dont la servante qui font des récits au passé
simple avec nombre de dialogues enchâssés...) m'a semblé
invraisemblable. J'ai lu La Naissance du jour de Colette qui m'a
hautement barbée.
Lydie Salvayre installe un rapport différent à chaque auteur.
Pour moi c'est "un livre pour le groupe lecture", très
original.
Françoise
Je trouve ce livre pas intéressant. De fait, elle survole la vie
des écrivaines. J'ai quand même eu envie de lire Les hauts
de Hurle-Vent.
Pour moi ce livre présente très peu d'intérêt
car on ne comprend pas son projet. J'avais beaucoup aimé La
Compagnie des spectres, mais je trouve celui-ci inutile.
Manon
J'étais très enthousiaste au départ pour lire un
Lydie Salvayre. Et maintenant, je n'ai même pas envie d'en lire
un autre... Ça m'a désespérée. Quand elle
indique que le "concept de résilience n'a pas encore été
inventé" et que "tous les déprimés sont
condamnés à rester dans leur merde"
Rozenn
C'est vrai !
Manon
Et quand elle dit qu' "un
auteur aimé vous amène vers ses livres aimés, lesquels
vous amènent vers d'autres livres aimés, et ainsi infiniment
jusqu'à la fin des jours, formant ce livre immense, inépuisable,
toujours inachevé, qui est en nous comme un cur vivant, immatériel,
mais vivant" !
Claire
Le cur immatériel, je te l'accorde
Manon
C'est lourd
Son écriture, bof
Et son projet, je ne
le comprends pas. Elle ne donne pas envie de lire ces auteures. C'est
survolé. Ce n'est pas une biographie. J'ai trouvé ça
horrible. Je me suis ennuyée.
Annick E
Il y a des choses qui m'ont intéressée. Mais elle ne va
pas au bout de son projet : parler d'elle en tant que lectrice. Il aurait
fallu un lien entre toutes ces femmes, un fil directeur. J'en attendais
beaucoup. Je n'ai pas eu envie de lire les écrivaines que je ne
connais pas. Elle cherche une filiation, mais c'est bâtard. Je l'ai
lu en attendant autre chose, c'est confus. Elle veut nous dire quoi ?
Il me manque des choses. Mêler l'imaginaire du lecteur à
la biographie, c'est intéressant, mais elle n'y réussit
pas.
Rozenn
J'étais très mal en venant car je ne m'en souvenais pas.
Quand je l'ai lu, j'ai eu un grand plaisir. Elle est complètement
subjective, c'est incomplet, et ça me plaît. Mais pourquoi
je ne m'en souviens pas ? Il y a un point commun entre toutes ces
écrivaines : à nous de le trouver. Lisez Pas pleurer
: ce livre que nous avons lu est un à côté par rapport
à ses romans. C'est un livre que je garde sous le coude, car je
le relirai.
Mireille
Je ne connaissais rien de Lydie Salvayre, et je n'aime pas trop les biographies.
Je l'ai lu après Nabokov et je me suis dit : ah quel style
clair, imagé ! J'étais très contente, c'est très
rythmé. D'ailleurs à propos de V.Woolf, elle parle du rythme,
qu'elle envie. Après l'avoir lu, je ne sais pas ce qu'il en reste.
Oui, c'est schématique, mais je suis assez indulgente. C'est subjectif,
c'est ramassé, plutôt que schématique. C'est traversé
par la violence. Ça m'a émue cette violence. En en parlant,
ça me revient. Elle m'a donné envie de lire les livres qu'elle
mentionne. Mais c'est dommage de commencer par ce livre-là.
Annick A
J'ai commencé par Pas pleurer, que j'ai aimé. Pour
celui-là, je suis partagé. Sur Djuna Barnes, on dirait du
Wikipédia : je me suis dit "je ferme !". En fait
elle parle d'elle ; il faut être dans la souffrance pour écrire
; elle ramène les choses à elle, dans un style un peu facile.
Je voulais le fermer et puis je suis allée voir Virginia Wolf et,
là, elle a réussi à faire passer, c'est bien fait.
Mais je n'ai pas tout lu. C'est artificiel. Elle ne m'a pas donné
envie de continuer. Il y a des moments très mauvais, d'autres bien,
mais je ne le conseillerais pas.
Monique D
Au départ, je ne l'ai pas trouvé abouti, le livre m'a paru
inégal. Puis, en le relisant, j'ai cherché le lien entre
toutes ces femmes qui m'est ainsi apparu : elles se sont toutes tuées,
vivant l'écriture dans la souffrance. Et c'est d'elle dont elle
parle.
Jacqueline
Je l'ai lu deux fois. Je suis très enthousiaste de Salvayre. C'est
sa voix qu'on entend. Les Belles âmes, ça me
fait penser au gueuloir de Flaubert.
Claire
Tu avais en effet parlé d'un "style gueulard".
Jacqueline
Ce que j'aime, c'est cette voix dans ses romans. Que je n'ai pas retrouvée
là. Mais elle est claire dans son projet : la violence chez
toutes ces femmes, l'écriture et la vie, l'écriture féminine.
Le projet est tenu. Mais bien que je n'aie pas retrouvé la Lydie
Salvayre que j'aime, je suis séduite. Il y a un gros travail autour
des biographies. J'aime la manière dont elle me fait partager ce
qu'elle dit d'elle(s).
Liza
Je ne connaissais pas Lydie Salvayre. Et j'ai commencé par celui-là.
J'ai adoré parce que justement c'est bâtard. Elle va à
l'essentiel. Je n'aurais pas aimé une bio complète ni qu'elle
ne parle que d'elle. Donc ça m'a plu car ce n'est ni l'un ni l'autre.
À l'inverse je trouve que ces écrivaines ont souffert PARCE
QUE elles ont écrit. Du coup j'ai lu Les Belles Âmes
que j'ai adoré.
Danièle
Je fais partie de "ceux qui ne laissent pas le livre très
ouvert", non pas pour son manque de style, au contraire, mais pour
le manque dintérêt à lire la biographie dauteurs
de livres que je navais pas lus. Colette et les surs Brontë
ont donc trouvé grâce à mes yeux...
12 AVIS du groupe breton "VOIX AU CHAPITRE Morbihan"
réuni le 27 mars 2015 (Marie-Claire,
Suzanne, Mariethé, Marie, Odile, Chantal, Yolaine, Édith,
Claude, Mon, Jean-Luc et Lil). Cotes d'amour :
3 : ouvert en entier
4 : 3/4 (un avis défavorable transformé après
écoute interview de l'auteure)
2 : 3/4+
1 : 1/2
1 : 1/4
Les "pro" ont aimé :
- l'écriture et les différents registres de langage
- le projet de Lydie Salvayre
- ce qui est dit de la création littéraire : le lien
entre la douleur et la création, le prix élevé à
payer lorsque vivre = écrire
- de très belles pages sur l'écriture
- le pouvoir et la force des mots (particulièrement dans les moments
de désarroi) ; l'uvre = un mouvement vers l'autre :
ici Les sept femmes, L. Salvayre et les lecteurs) ; "jeter
avec les mots un pont sur le néant"...
- l'intérêt de découvrir ou redécouvrir ces
auteures dans le cadre du projet de L. Salvayre : elle nous les rend
très proches, les montre fortes dans leur détermination
à écrire, à suivre leur propre chemin en dépit
du contexte social et politique
- la solidarité, l'admiration et la tendresse de l'auteure pour
ces 7 femmes
- le rythme
- l'humour
- l'envie de lire que suscite cet ouvrage qui fourmille de références
(un certain nombre d'entre nous n'ont pas résisté !)
Les "contre" n'ont pas aimé :
- l'écriture : banale, maladroite, beaucoup de répétitions
; ce n'est pas une uvre littéraire
- des réflexions "cucul"
- le choix des auteures énervant car très ciblé (époques)
- livre artificiel, réducteur
- l'inconfort d'être mis face à son ignorance
- difficulté à adhérer à la démarche
- ne donne pas envie de lire, ne suscite pas d'intérêt
- ce n'est pas un livre pour le groupe lecture.
11 AVIS du groupe breton "VOIX AU CHAPITRE Pontivy"
réuni le 11 mars 2015 (Laurie, Laurence, Édith, Dianne,
Sophie, Stéphanie, Claire, Nancy, Nicole, Lil, Françoise)
qui avait choisi au choix Sept femmes ou Les Belles Âmes.
Sept femmes
Avaient choisi ce livre : Laurie, Laurence, Nancy, Claire, Nicole, Édith,
Stéphanie et Lil. Cotes d'amour :
1 : ouvert en entier
1 : 3/4+
3 : 3/4
2 : 1/2
1 : 1/4
Ce qui a été apprécié :
- ce qui est montré de la création littéraire :
le lien entre la douleur et la création, le prix élevé
à payer lorsque vie = écrire, la relation vie/uvre
- le rapport à la lecture
- les parties biographiques, bien enlevées
- un livre qui ouvre de multiples opportunités de lecture et donne
une formidable envie de découvrir, de relire, d'approfondir les
uvres évoquées
- des portraits de femmes, à la fois fortes et fragiles, extrêmement
touchants
- le projet du livre : retrouver la possibilité, l'énergie
d'écrire en se connectant à ces auteures pour lesquelles
vie est synonyme d'écriture.
- les passages où l'auteure se découvre
- la grande connaissance de L. Salvayre des uvres de ces sept femmes
- l'unité de l'écriture, un style très agréable
à lire, en référence à la double culture de
Lydie Salvayre cette exigence qu'elle s'efforce d'avoir dans son expression
précise, juste et élégante
- la question de la maternité dans la vie de ces femmes, dans un
contexte et une époque donnés.
Les restrictions :
- un livre bâtard, ni bio, ni essai dont le projet n'est pas assez
clairement exprimé : est-ce bien un livre pour le groupe lecture ?...
- style inégal, parfois tarabiscoté, de nombreuses répétitions
-Lydie Salvayre omnisciente, un peu agaçante (plus agréable
à entendre qu'à lire)
- déception dans l'attente anticipée du livre
- la lecture des portraits de ces femmes, dont certaines étaient
inconnues, n'a pas suscité d'empathie.
Les
Belles Âmes
Avaient choisi ce livre : Françoise, Nancy, Sophie, Claire,
Nicole, Édith et Lil. Cotes d'amour :
1 : grand ouvert
1 : 1/4
3 : 1/2
2 : fermé
Ce qui a été apprécié :
- l'humour féroce, le cynisme du regard, la justesse, la vérité
et la force du propos
- des portraits vrais (en particulier celui d'Olympe, très touchant)
- le talent de l'auteure à manier différents registres d'écriture
- la construction du récit
- le regard de l'auteure sur ses personnages et sa propre création
littéraire
- ses apartés avec le lecteur
- le rythme
- le thème : dénonciation de toutes les formes de "reality
choses", incommunicabilité entre les deux mondes évoqués,
mépris des uns pour les autres, enfermement dans sa classe sociale
et ses représentations, violences qu'entraîne la vraie pauvreté...
Les restrictions des moins emballées :
- l'accumulation : trop de cynisme, trop de cruauté, trop
de caricatures (personnages et situations) provoquent ennui, voire dégoût
- astuces d'écriture répétées, agaçantes
et lassantes
- fin frustrante
- style inégal, parfois limpide, parfois alambiqué
- impression d'un manque
- le récit ne fonctionne pas.
Pour mémoire : les avis
parisiens et bretons sur Les Belles Âmes en 2008
*Lydie Salvayre précise dans une interview au Temps
d'où est venu le titre "Pas pleurer" : « Ce
titre m'est venu alors que j'écrivais Sept Femmes. Dans
un texte, Marina Tsvetaïeva se plaint - auprès de Pasternak
je crois. Elle dit qu'elle a faim, qu'elle a froid. Et tout à coup,
elle s'arrête et elle dit : "Pas pleurer". J'ai trouvé
que c'était une belle posture existentielle, littéraire,
philosophique. J'ai donc écrit le livre puisque j'avais un titre
"»
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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