Extrait du site du Monde
Quatrième de couverture
« C'est un jeune Marocain de Tanger, un
garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de
liberté et d'épanouissement, dans une société
peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d'espagnol,
assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend
l'âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C'est avec
elle qu'il va "fauter", une fois et une seule. On les surprend
: les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi. Commence
alors une dérive qui l'amènera à servir les textes
- et les morts - de manières inattendues, à confronter
ses cauchemars au réel, à tutoyer l'amour et les projets
d'exil. Dans Rue des Voleurs, roman à vif et sur le vif, l'auteur
de Zone retrouve son territoire hypersensible à l'heure du Printemps
arabe et des révoltes indignées. Tandis que la Méditerranée
s'embrase, l'Europe vacille. Il faut toute la jeunesse, toute la naïveté,
toute l'énergie du jeune Tangérois pour traverser sans rebrousser
chemin le champ de bataille. Parcours d'un combattant sans cause,
Rue des Voleurs est porté par le rêve d'improbables apaisements,
dans un avenir d'avance confisqué, qu'éclairent pourtant
la compagnie des livres, l'amour de l'écrit et l'affirmation d'un
humanisme arabe. »
|
|
Mathias Énard
Rue des Voleurs
Le nouveau groupe parisien
a lu le livre pour le 27 janvier 2017 et l'ancien groupe
parisien le 3 février. Le groupe de Tenerife
le lira 6 ans plus tard pour le 24 janvier 2023.
Voir en bas
de page des infos sur
le livre et l'auteur.
Valérie
(du nouveau groupe parisien dont les avis suivent)
Je ne connaissais pas cet auteur dont j'ai lu en
même temps Boussole, son prix Goncourt. Ayant lu les deux
livres, je me suis demandé s'il s'agissait bien
du même écrivain, tellement les deux ouvrages sont différents.
J'ai adoré Boussole et, par comparaison, j'ai trouvé
Rue des Voleurs assez fade. Je n'ai pas trouvé l'histoire
très crédible (par exemple l'épisode des pompes funèbres
chez Cruz et d'autres passages également). Je n'ai pas le sentiment
d'avoir tout compris, notamment si Lakhdar a tué Bassam, oui ou
non pour l'empêcher de commettre des actes terroristes, pour protéger
ses victimes potentielles. J'ai beaucoup aimé l'histoire d'amour
avec Judit bien qu'elle ne me paraisse pas très crédible
non plus. Il y a beaucoup de passages obscurs. J'ai beaucoup aimé
aussi les premières pages sur Tanger, j'ai trouvé ces pages
très bien écrites, très poétiques, on imagine
bien les bateaux, la vie quotidienne
Mais cela reste très
fade par rapport à Boussole. En fait, j'aurais sans doute
trouvé l'histoire intéressante si je n'avais pas lu Boussole.
Là, il y a des longueurs : quand Lakhdar est sur le bateau,
l'amitié avec le vieux Marocain
Je trouve que le trait est
un peu forcé. J'ai bien aimé les passages où il travaille
à la librairie de la mosquée et j'ai été marquée
par le passage à tabac du vieux libraire, par la mort de Meryem
aussi. Mais je me demande si ce sont bien là les rapports familiaux
réels dans le monde arabe. On a l'impression qu'il n'y a pas d'entraide.
J'ai trouvé intéressante l'ouverture sur l'Espagne suivie
d'une grande déception
C'est dommage, Rue des Voleurs
ne donne pas envie de découvrir d'autres romans de cet auteur
alors que Boussole
est un livre très érudit, passionnant.
Émilie
J'ai bien aimé. Je pense que l'histoire de Lakhdar est conditionnée
par son passé. Cette errance entre deux âges, son amour pour
cette fille, Judit, me semblent décrits de façon juste.
Beaucoup d'épisodes relèvent d'une grande créativité.
Certes, le roman n'est pas réaliste, mais j'ai beaucoup apprécié
l'idée "du livre dans le livre", cette évolution
de son amour pour Judit au fur et à mesure de ses lectures. J'ai
trouvé très intéressantes les précisions linguistiques,
c'est un domaine très présent dans le livre, les différences
entre l'arabe littéral et l'arabe dialectal, le marocain
J'ai vraiment bien aimé et cela me donne envie de me plonger dans
Boussole.
Nathalie B
Boussole est effectivement un livre extraordinaire,
qui se goûte, qui est au cur d'une érudition considérable,
qui a fait ressurgir en moi des souvenirs d'Iran, tout un environnement
musical
Celui qui parle, dans Boussole,
est érudit et si le livre se déroule en une nuit, cette
nuit est toute une vie : il y a une intemporalité tout à
fait extraordinaire. J'ai beaucoup aimé Rue des Voleurs,
ce jeune homme marocain de 20 ans, c'est un lecteur : avant tout,
c'est un lecteur ! Donc il me parle ! C'est comme un copain,
j'ai un rapport affectif à ce personnage qui se construit grâce
à ses lectures (cf.
p. 105, à partir de "J'étais
prêt au départ
", p. 111 :
"J'étais à
deux pas de la librairie française
"), il
y a aussi la question de la censure qui plane : p. 147 :
"aujourd'hui, les livres
ont si peu de poids, sont si peu vendus, sont si peu lus, que ce n'est
même plus la peine de les interdire." Cette histoire
me fait penser à Dante, à la descente aux enfers. Lakhdar
est perdu dans les cercles de l'Enfer qui vont l'amener à tuer
son meilleur ami. Mais il n'est pas que cela (cf. à la fin "Je
ne suis pas qu'un assassin.") : il est comme un prince
dans son monde. Quand il est adolescent au Maroc, il parcourt 5 km pour
aller voir la mer
J'ai trouvé son vécu, ses ressentis très réalistes.
Par ailleurs, il écrit ce livre en prison, il continue de se construire
en prison. En fait Lakhdar a sauvé quelque chose, il est l'instrument
de quelque chose de plus grand que lui, il sauve son amie Judit en tuant
son meilleur ami. En même temps, le doute subsiste car si le Parquet
a requis 20 ans de réclusion, on ne sait pas quelle est sa condamnation.
Ce n'est pas si simple. Les cercles de l'enfer sont complexes, sa désespérance
qui est celle de toute une jeunesse est très bien décrite.
Il y a le thème du passage, des passages (le titre des parties,
l'allusion au Styx, Charron
)
Valérie
Oui, c'est un livre émouvant, du fait de l'abandon complet de sa
famille, il est très seul.
Françoise H
Je n'ai retiré aucun bonheur à la lecture de ce livre. Pour
moi, cette lecture a été de bout en bout difficile à
supporter, j'ai trouvé le livre très mal écrit, du
Céline sans le génie de Céline, l'histoire d'une
descente aux enfers difficile à supporter, mais surtout très
mal racontée. Il y a d'abord cette vie marocaine désespérante,
pétrie de contraintes, régie par la famille et par la religion,
encadrée par les traditions, puis la période où Lakhdar
est un mort-vivant à Algésiras et puis enfin Barcelone où
il se trouve coincé dans le quartier de la rue des Voleurs. Le
trouble que j'ai ressenti au début du livre ne s'est jamais dissipé.
Je me demande aussi quelle est la légitimité de Mathias
Énard à rentrer dans l'intimité d'un jeune Marocain
de 20 ans. C'est un peu comme si un auteur arabe faisait vivre un chômeur
normand. Quelle signification cela a-t-il ? Quelle pertinence ?
J'ai quand même été prise par le livre tout en en
retirant beaucoup de souffrance. Mais je reste avec le regret de n'avoir
rien appris. J'ai été confrontée au destin d'un migrant ?
Oui, peut-être, j'en sais gré, sans doute, à l'auteur,
mais à part cela, du point de vue factuel, je n'ai rien appris,
j'ai trouvé ça très pauvre. Et c'est trop mal écrit !
C'est une vraie torture que de lire un livre si mal écrit. Je souscris
à ce qu'à dit Nathalie B : c'est une descente aux enfers,
un empilement de faits terribles.
S'ensuit une discussion sur le titre des parties, en particulier "Barzakh"
qui correspond au purgatoire, un temps d'attente. Nathalie B conclut sur
le fait que livre est un refuge pour Lakhdar : il se sauve, lui,
grâce au livre alors que le monde s'écroule tout autour.
Ana-Cristina
Je me suis profondément ennuyée à
la lecture de ce livre. Je n'ai pas réussi à le terminer.
Je l'ai trouvé très mal écrit, désespérant,
vide, fade, sans intérêt. L'histoire a peut-être un
intérêt mais la manière dont elle est racontée
m'a définitivement empêchée de le découvrir.
Nathalie B
Mais la forme, le style du récit correspondent justement au jeune
homme, Marocain de 20 ans, désemparé, rien ne l'intéresse
Ana-Cristina
Peut-être, mais pour moi, il en résulte quelque chose de
terriblement ennuyeux. Quelles que soient les péripéties,
les expériences qu'il traverse, les phrases construites par l'auteur
pour les raconter aboutissent à un ensemble que j'ai trouvé
profondément ennuyeux. J'avais pourtant un a priori positif que
je me suis attachée à conserver durant les cent premières
pages, et puis j'ai décroché. Heureusement, cela se lit
très vite
S'ensuit une discussion passionnante sur ce qui fait la qualité
d'un livre : sa lisibilité ? l'émotion que l'on
ressent à sa lecture ? Les connaissances que l'on en retire
? La véracité du récit ? La capacité
de l'auteur à nous faire entrer dans un univers (profondeur de
l'action, épaisseur des personnages
) ? Les avis sont
très contrastés.
Nathalie B
Je trouve qu'il y a une très grande profondeur, c'est une description
très réaliste de notre monde d'aujourd'hui, une très
bonne analyse, un vécu raconté par un jeune homme de 20
ans, amateur de polar. C'est lui qui raconte et il le fait en puisant
son style dans les livres qu'il lit. (Nathalie lit plusieurs passages
en terminant par un extrait de la p. 303).
Ana-Cristina
Je comprends ce que tu veux dire, mais moi, je n'ai pas aimé, je
n'aime pas cette façon de raconter, je trouve cela profondément
ennuyeux, cela ne me touche pas.
Françoise H
Les bras m'en tombent en entendant lire Nathalie car le choix des passages
et la manière de lire défendent très très
bien le livre ! Malgré tout, je n'y trouve pas mon compte.
Je n'ai rien appris, je n'ai pas trouvé cela intéressant
du tout. J'attends autre chose d'un livre : des fulgurances, des
finesses, des émotions qui m'emportent, qui m'élèvent
Là, j'ai juste l'impression que Mathias Énard ne sait pas
ce que c'est que l'histoire d'un jeune Marocain.
Nathalie B
Ce type, enfoncé dans la religion comme dans une secte, qu'on a
transformé en instrument dans un jeu de rivalités pour le
pouvoir, c'est quand même intéressant. Ce jeune type qui
ne cherche rien d'autre que la liberté, pouvoir lire ce qu'il veut,
faire ce qu'il veut et qui se retrouve en prison
Nathalie F
Je suis d'accord avec Nathalie B. J'ai beaucoup aimé,
malgré un a priori plutôt négatif pour ce qui m'apparaissait
comme une histoire de murs se passant au Maghreb
Mais j'ai
été très vite embarquée par l'histoire, sans
me poser de questions sur la légitimité de l'auteur. Je
trouve le récit bien construit : l'histoire d'un jeune homme
qui veut juste être normal, libre, et qui se trouve constamment
dans un milieu où la limite entre le normal et l'anormal est ténue.
J'ai été frappée par le fait qu'il est entouré
de morts : les Poilus de la Première guerre mondiale, les
cadavres de la morgue, les morts des attentats, la mort qui entoure Judit
Je pense qu'il y a un parallèle entre la classe d'âge perdue
à la suite de la guerre 14-18 et la jeunesse perdue des pays d'Afrique
du Nord avec tous les événements tragiques qu'ils ont connus.
J'ai été marquée par l'histoire d'Hassan le Fou,
dont Lakhdar est un peu le sosie. J'ai envisagé les choses d'un
point de vue psychologique : Bassam qui est complètement dépressif,
tombé dans le milieu et qui appelle silencieusement à l'aide.
Je pensais d'ailleurs aussi que Judit était en dépression,
mais du coup sa maladie me paraît peu crédible. Même
chose pour la mort de Cruz, ce type fasciné par la mort et qui
donne sa propre mort en spectacle à ce jeune homme : je ne
sais pas trop quoi en penser. Même chose aussi pour la fin, Lakhdar
qui semble faire son devoir pour sauver des gens du massacre qu'aurait
commis Bassam. Je n'ai pas trouvé cela mal écrit, même
si ça n'a peut-être pas été écrit sur
le terrain, j'ai trouvé l'ensemble assez crédible, la description
de la vie de ce jeune homme m'a apporté quelque chose durant tout
le livre.
Inès
Que dire de ce livre ? Il ne m'a rien inspiré, il ne m'inspire
vraiment aucun commentaire.
J'ai trouvé l'enchaînement un peu surfait, pas très
probable. Commençons par l'histoire avec sa cousine, il aurait
été plus probable qu'on les marie plutôt qu'il ne
se passe ce qui se passe dans le livre. Idem pour les jobs qu'il trouve,
l'argent qu'il trouve à chaque fois, à la mosquée,
puis chez Cruz. Des sommes qui tombent à point nommé pour
l'empêcher de sombrer dans la misère. Voilà ces enchaînements
sont un peu surfaits je trouve.
Autrement sur le personnage, pas de commentaire. Je n'ai vraiment rien
à en dire.
Le seul point qui m'a "intéressée" - et c'est
un bien grand mot - c'est la description de l'endoctrinement religieux
qui a cours dans beaucoup de pays, musulmans ou non. Le double visage
de Bassam qui, un coup fait ses prières de manière très
assidue et qui crie au blasphème contre Lakhdar, un autre va boire
des bières et "mater des nanas" avec lui..., c'est très
révélateur de la doctrine très dogmatique et superficielle
qui s'est fait sa place depuis 30 ans.
Comment "j'ouvre" ce livre ? Je n'en ai aucune idée.
J'aimerais bien une nouvelle possibilité : "NE SAIT PAS".
Je dirai quand même ouvert ½.
Julius
J'ai été assez déçu. Bien sûr, après
la lecture d'Anima
de Mouawad, il était difficile de relever le défi, mais
je suis parfaitement d'accord avec toutes les critiques qui ont été
émises sur le style. J'ai trouvé cela horriblement mal écrit,
sans relief, un style plat, événementiel, qui m'a réellement
empêché d'apprécier l'histoire.
Pourtant, j'ai été conquis par le début, toute la
première partie, cette plongée dans la vie quotidienne à
Tanger
, j'ai trouvé que le contexte était bien décrit,
avec cet Islam qui fait partie du bain quotidien, qui est à la
fois très pesant mais dont il est quand même assez facile
de s'affranchir
jusqu'à un certain point seulement. Quelqu'un
a parlé de solitude, pour moi, c'est vrai, je trouve que c'est
un roman de la solitude. La solitude de Lakhdar : il est toujours
seul. Dès l'instant où il lui arrive son premier vrai pépin,
il devient seul et il le reste durant toute l'histoire. Il part en cavale
et, quand il revient, il demeure banni par sa famille, la complicité
avec Bassam a disparu, il est seul, irrémédiablement seul,
et, du coup sa cavale ne va plus jamais s'arrêter. Pour moi, c'est
une solitude qui marque la séparation d'avec l'enfance, une brisure :
Lakhdar est seul pour toujours, il est seul dans la mesure où ses
rêves ne se réalisent pas. Je vois ce récit comme
une histoire de destin brisé, mais pas vraiment une histoire de
désespérance car on a l'impression qu'il n'espère
jamais beaucoup
Ça, c'est pour la première partie :
je trouve le personnage de Lakhdar attachant, son rapport à la
religion est intéressant, sa vision de l'Occident aussi :
j'ai eu l'impression qu'il était lui-même un personnage de
roman noir, un personnage à la Simenon qui s'enfonce, qui dérive
mais qui dérive vers quoi ? En fait, le livre m'a fait penser
à La Nausée de Sartre : Lakhdar me semble en
proie à une nausée qui paralyse ses émotions, ses
sentiments, ses pensées et il y a une contagion de cette nausée
à tout son entourage : la ville, ses amis, Judit qui est malade,
Bassam qui semble possédé, dépris de lui-même
A la fin, j'ai l'impression que Lakhdar agit pour agir, pour faire enfin
quelque chose, pour exister, comme dans La Nausée, et finalement,
il agit comme rédempteur parce qu'il va briser toute cette chape
de plomb, délivrer Bassam de son enfermement. C'est un geste symbolique.
Sauf que son acte, en réalité, n'a aucune autre conséquence
que sur lui-même et sur Bassam. Alors même qu'il est au cur
de nombreux événements.
Alors je pourrais m'interroger, creuser le personnage de Lakhdar, creuser
le personnage de Bassam, est-il un fou de Dieu, comment s'est opérée
cette dépossession, cette dépravation de lui-même
qu'est-ce qui l'a conduit sur cette voie ? Je pourrais m'interroger
sur le cheikh Nouredine, la seule image vivante du récit, sans
qu'on sache jamais s'il est lumineux ou obscur. Et je pourrais me demander
si ce n'est pas lui qui tire toutes les ficelles, jusqu'au geste final
de Lakhdar, une sorte de démiurge, hanté par un destin et
qui réapparaîtrait de façon récurrente dans
l'histoire du monde, sorte de Cagliostro qui se jouerait des guerres de
civilisation. Je pourrais
L'auteur ne me donne pas beaucoup de prises,
mais je pourrais
Seulement voilà, la platitude du style m'ôte toute envie
de creuser. Passe encore pour la première partie, mais dès
que l'action s'est trouvée transposée à Barcelone,
j'ai été pris d'un ennui incommensurable : pour moi,
le style s'est alors réduit à l'événementiel
le plus plat, une succession de faits débités l'un après
l'autre sans que cela n'apporte rien ni à propos du personnage,
ni à propos de l'action.
Je trouve que l'auteur n'atteint pas son but. Je sens bien que je "devrais"
comprendre l'attitude, l'état d'esprit de Lakhdar, mais je n'y
crois pas, parce que, pour moi, l'osmose ne se fait pas, ne se fait plus,
entre le personnage et l'action. Lakhdar n'est ni lucide, ni désabusé,
il n'a jamais cru à rien
il est passif, il ne se mobilise
pas lors des événements, même intellectuellement,
il n'a pas de conscience politique. Pire : il ne nous dit même
pas que cela ne l'intéresse pas, il est juste absent au monde.
Je ne trouve pas cela crédible, du moins pas tel que raconté
dans ce récit. J'ai trouvé qu'il y avait de longs passages
censés être vus à travers les yeux d'un jeune homme
de 20 ans qui étaient peu crédibles, artificiels. Même
les cauchemars m'ont semblé plaqués sur tout le reste. Tout
cela à cause d'un style qui m'a paru navrant de pauvreté.
Pour moi, l'ensemble manque cruellement de cohésion. Il n'y a pas
la magie d'un livre. J'ouvre à ¼.
François (avis transmis)
Un roman qui se lit facilement, très facilement... Je trouve que
malgré toutes les horreurs il fait la part belle au charme des
lieux (à Tanger par exemple qui a impressionné beaucoup
décrivains, de Paul Bowles à William Burroughs en
passant par Jean Genet et Samuel Beckett). Le narrateur qui est un passionné
de littérature y fait lui même référence. Jai
beaucoup aimé linnocence de ce personnage qui se laisse entrainer
par la vie et les événements un peu comme un Candide marocain
ou un personnage des "Mille et une nuits".
Lhistoire contemporaine est aussi très présente dans
ce le livre qui nous plonge dans les bouleversements du monde arabe qui
sétendent à lEurope avec leurs lots despoir
et de désillusions. Ils se reflètent dans la vie et la conscience
du héros- narrateur qui est toujours un peu en porte à faux
par rapport aux événements. Lémergence des
"Printemps arabes", les ravages causés par la montée
des extrémismes et de lislam radical sont bien la toile de
fond tragique de ce livre par ailleurs plutôt bien fait pour plaire.
Sans doute parce que lauteur est profondément imprégné
par la langue et la culture du monde arabe quil connaît très
bien... Sur ce plan Lakhdar est sans doute un peu son double.
En marge de cet intérêt historique, Mathias Énard
ne lésine pas sur le sensationnel et la couleur locale, quand il
sagit dévoquer un monde qui depuis toujours fascine
le lecteur européen en mal dexotisme. Mais son évocation
de la rue et de latmosphère grouillante des bas-fonds ne
manque pas dintérêt force même sil néchappe
pas toujours aux clichés les plus éculés. Elle rappelle
(un peu) celle du magnifique romancier égyptien Albert
Cossery. Les passages sur Barcelone mont aussi (de loin) fait
penser au Journal
du voleur de Jean Genet.
Ne serait-ce que pour ces souvenirs, jouvre un peu plus quà
moitié.
Flavia
J'ai été souvent en déplacement ces derniers jours
et n'ai pas pu vous transmettre mon avis sur le livre. Après avoir
lu vos commentaires, je me suis dit qu'il fallait que je vienne au secours
d'Énard ! Mon avis sur ce livre est très positif, je
rejoins complètement Nathalie B et j'ouvre en grand !
Je dois l'avouer. Depuis que je vis en France, je suis complètement
fascinée par ces habiles opérations commerciales qui sont
les prix littéraires. Je me revois il y a un peu plus d'an an me
précipiter en librairie pour acheter Boussole,
prix Goncourt 2015. Or, malgré l'obtention du prestigieux prix,
je n'ai pas du tout aimé ce livre. L'érudition maniérée
des premières pages m'a écurée et - pour
la première fois de ma vie - je me suis aussitôt précipitée
chez le libraire pour le revendre ! Vous devinerez donc mon état
d'esprit en démarrant la lecture de Rue des voleurs. Toutefois,
les a priori négatifs ont vite disparu. Je suis restée réveillée
des heures pour terminer la lecture de ce livre. Je suis convaincue que
ce romain est un petit bijou littéraire : une écriture
fluide, limpide ; une histoire originale, animée par des personnages
réels, dotés d'une grande épaisseur psychologique.
Je me suis totalement identifiée au personnage de Lakhdar ;
j'ai voyagé avec lui, j'ai été son amie, il a ri
avec moi et pleuré sur mon épaule ; j'ai été
déçue par ses mêmes déceptions, je me suis
accrochée à ses mêmes espoirs et j'ai été
profondément attristée par son destin. J'ai trouvé
ce livre poétique, enrichi par une touche d'érudition qui
(contrairement à Boussole) n'est jamais lourde, apporte
une vraie valeur ajoutée aux faits narrés et ne détourne
jamais l'attention du lecteur de l'histoire principale. Je suis très
reconnaissante à Énard pour m'avoir montré une "autre"
histoire des révolutions qui ont enflammé le monde arabe
et secoué la Méditerranée. Merci Énard pour
cette fresque magistralement décrite de la jeune génération
marocaine (arabe, plus en général), aussi souvent ignorée
ou incomprise. Maintenant je n'ai qu'une envie : retracer les pas
de Lakhdar (entre la vie et la lecture), partir à la découverte
de ce cette Méditerranée chérie, aussi riche et aussi
complexe. C'est ça le pouvoir de la lecture !
AVIS DE L'ANCIEN
GROUPE PARISIEN
Denis (avis transmis)
Je n'ai pas beaucoup aimé ce livre, mais cela peut être dû
à ce que je l'ai lu en version Kindle. Lire sur Kindle enlève
une part du plaisir. Mais je me suis appuyé sur Darrieussecq,
qui a toute sa bibliothèque sur sa liseuse. Si elle aime, et c'est
une pro, pourquoi pas moi ? Mais surtout, je n'avais pas le temps de
l'acheter en librairie.
Dès le début j'ai été gêné par
l'incertitude sur le statut du narrateur : comment un écrivain
français "de France" peut-il décrire de façon
authentique la vie d'un jeune Marocain. Et ce n'est pas de posséder
une thèse en persan ou autre qui peut résoudre la question.
Est-ce qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise ?
Dans un deuxième temps, ce livre m'a fait penser à des romans
noirs de David Goodis, que je lisais il y a longtemps (dans la merveilleuse
"Série
Blême", inspirée de la Série Noire). Il y en
a un, j'ai oublié le nom, qui décrit une sorte de descente
aux enfers digne d'Énard. Et on n'a jamais demandé à
Goodis s'il avait personnellement vécu tout ce qu'il raconte dans
ses livres. Non : il fait de la littérature, il imagine et écrit.
J'ai donc abandonné mon grief. Ma lecture en a été
facilitée. Mais là, je me suis assez vite ennuyé. Ce
n'est pas très bien écrit, ça traîne et l'histoire
ne m'a pas intéressé. Le chapitre sur Barcelone, je l'ai lu
au ventilateur (facile, sur Kindle !)
Qu'est-ce qui rend passionnant le livre d'Orwell, Dans la dèche à
Paris et Londres ? J'en ai juste le souvenir ému et
peut-être qu'il m'ennuierait, finalement.
Pour me rafraîchir après la dèche hispano-marocaine,
je suis allé voir la dèche britannique, en quelques chapitres
de Dickens, cet immense conteur (toujours sur ma Kindle).
J'ouvre au quart (je ne le recommanderais pas)
Monique L
(avis transmis)
J'aurais d'autant plus aimé être parmi vous que je n'ai pas
compris ce que n'avaient pas aimé certaines personnes de l'autre
groupe parisien.
J'ai dévoré ce livre d'une traite. Un récit tendu,
critique, et tellement humain.
Pas de condamnation, pas de jugement hâtif, pas de critique facile,
mais un simple regard sur fond d'actualité brûlante (immolation
à Sidi Bouzid en Tunisie, bombe au café Argan à Marrakech,
émeutes place Tahrir au Caire, folie meurtrière de Mohammed
Merah en France, crise en Espagne et manifestations des Indignés)
mais sans jamais s'y arrêter si ce n'est pour planter le décor
d'une vie de plus en plus difficile. C'est pour moi ce qui donne une telle
force à ce livre.
Le parallèle avec le grand voyageur Ibn Batuta nous fait encore plus
ressentir l'enfermement dans lequel se débat Lakhdar.
Tout est dit sans jamais appuyer. Le récit est très bien rythmé,
avec un style limpide et prenant à la manière des conteurs
arabes. C'est écrit de manière sobre et percutante à
la fois.
C'est une réflexion sur la quête de soi dans un monde agité,
l'exil, l'errance et l'amour de la littérature.
J'apprécie, bien évidemment, le rôle essentiel joué
par les livres et la lecture dans l'évolution de Lakhdar.
C'est également un livre où transparaissent l'ironie et l'insolence,
ce que j'aime bien.
Énard est un fabuleux conteur qui agrémente son récit
de références à la littérature et à la
poésie.
J'ai également lu Boussole
que j'ai beaucoup apprécié mais à mon avis plus difficile
à lire.
J'ouvre ce livre en grand.
Fanny(avis
transmis)
J'ai rapidement été happée par la dimension narrative
du récit, l'envie de me plonger à nouveau dans le roman de
manière très prosaïque pour savoir "ce qui allait
se passer".
Néanmoins, assez rapidement, j'ai senti que quelque chose me gênait,
n'opérait pas. Si j'avais envie de connaître la suite du roman,
ce qui allait arriver au personnage principal (dont j'ai d'ailleurs oublié
le nom une semaine après avoir terminé le livre...) m'était
indifférent. Je n'ai pas éprouvé d'émotion face
au personnage central, ni sympathie, ni antipathie.
Pour moi, ce roman ne va pas au delà du narratif, le sujet est intéressant
et il y aurait eu je pense matière à l'exploiter différemment.
En tant que lectrice, il m'a semblé que les personnages servaient
de prétexte à aborder des sujets d'actualité (l'extrémisme
religieux, la migration, l'identité culturelle...) Je n'ai pas eu
accès à une dimension plus profonde, émotionnelle,
des personnages du roman. J'ai trouvé la lecture prenante mais trop
linéaire, manquant d'accès à la subjectivité
des personnages, à ce qui aurait pu selon moi leur donner corps.
Le personnage de Judit m'a davantage intéressée : il
me semblait plus complexe, moins prévisible, plus susceptible de
générer des effets de surprise, de l'inattendu. Lorsqu'est
décrit son repli sur soi, sa distanciation avec le personnage principal,
alors qu'elle ne semble pas vivre d'autre aventure amoureuse, j'ai pensé
qu'elle était en train d'être enrôlée dans une
filière terroriste. Arrivée presque à la fin du roman,
cela m'est apparu comme une évidence. Je me suis trompée,
tant mieux, le récit n'était pas aussi prédéterminé
que je l'avais supposé. Néanmoins la manière dont est
évoqué, succinctement, sa maladie, ne donne pas non plus accès
à la subjectivité, à la complexité du personnage.
Sur un autre plan, les deux pages parlant de Paris m'ont interpellée
(p. 265 à
267). Sur une première lecture, cela a suscité chez moi
à la fois un certain malaise et également une forme de colère.
Je me suis demandé si ce sentiment était dû au côté
dérangeant d'une certaine véracité exprimée
en quelques phrases sur la ville dans laquelle j'ai grandi et que je considère
comme mienne. J'ai pris le temps de relire ces deux pages et même
si ce qui y est dit n'est pas erroné, je trouve que c'est un raccourci
très réducteur. Ce qui me pousse à me demander dans
quelle mesure le portait dressé du Maroc ou de l'Espagne n'est pas
également très orienté (bien que plus long et davantage
développé), trop partiel. Je crains que les villes, les pays,
tout comme les personnages du roman ne soient construits, certes de façon
crédible, mais avant tout pour servir de propos au sujet de l'auteur,
prenant une valeur de démonstration, au détriment d'une complexité
qui s'en trouve édulcorée.
Tout ceci me pousse à être sévère dans mon avis.
J'ai pu conseiller ce livre, rarement..., à des lecteurs amateurs
de romans "où il se passe quelque chose", j'aurais probablement
la curiosité de lire d'autres romans du même auteur (Rue
des Voleurs était mon premier), la lecture n'est ni ennuyeuse
ni déplaisante... Globalement mon ressenti me pousse à être
sévère, j'ouvre ¼.
Après avoir rédigé mon avis, je me suis régalée
à la lecture des avis du nouveau groupe. J'ai beaucoup apprécié
les contrastes et la pluralité des angles de lecture. Surprise que
certaines "l'ouvrent en grand" alors que les avis me semblaient
plutôt négatifs. Très riche à lire pour également
revisiter sa propre lecture.
Manuel
(avis transmis)
Il ne me reste plus que quelques pages à lire. C'est un livre avec
d'innombrables rebondissements (trop ?) qui auraient mérité
un peu plus de développement et moins d'ellipses.
Épisode drôle et salutaire pour Lakhdar : la retranscription
de Casanova et des fiches des poilus. Génial !
Les descriptions de Tanger, Barcelone, la critique de l'Europe, de la France,
de l'Espagne et de la place de l'argent sont fortes et malheureusement réalistes.
J'aurais aimé participé à des échanges qui iraient
au-delà du livre (aspects politiques) même si Claire me dirait...
oui... mais qu'as-tu pensé du livre ?
Comme je vais le prêter, je l'ouvre en grand. C'est une lecture accessible
et salutaire. J'y reviendrai avec un grand plaisir car c'est un livre qui
donne envie à lire d'autres livres. Pourquoi ne pas lire un des auteurs
arabes ? Ceux cités paraissent remarquables.
Annick A
Je n'ai pas du tout aimé. C'est facile à lire, je l'ai lu
jusqu'au bout. Mais quel est le sujet ? Quel est le projet ? Au
début il est question de l'enrôlement des jeunes, mais ce n'est
pas vraiment abordé. L'aspect psychologique ? Pas vraiment abordé.
Je ne vois pas de véritable projet quant au personnage principal
qui n'est pas attachant. Je n'ai pas vu d'intérêt non plus
pour ce qui est dit sur le printemps arabe. Et de plus ça m'a paru
invraisemblable. Pourquoi par exemple est-il embauché par Nouredine ?
Ce n'est pas traité en profondeur. Je ferme !
Henri
C'est un peu comme Annick. J'avais une
édition avec des pages un peu longues, avec de petits chapitres,
ce qui était agréable. Les décors sont plausibles,
j'ai vécu un peu au Maroc. J'ai aimé certains passages :
la morgue avec les corps, la perdition dans l'horreur. C'est le style
parlé d'un gars en train de se cultiver. La comparaison avec Petterson
me vient, où tout était ouvert : ici c'est l'inverse,
avec beaucoup d'explications causales. J'ai pensé au bouquin de
Genet que nous avions lu Le
Journal d'un voleur (Barcelone, les putes, etc.) Il y a un essoufflement
dans le livre. L'auteur essaie d'entre à chaud sur l'actualité,
mais cela n'a pas beaucoup d'intérêt. Le héros est
dans la posture de l'Arabe, inférieur, complexé par rapport
à l'Europe, c'est un poncif.
Quelques protestations...
Henri
Il est ouvert à la littérature, mais il y a un enfermement
dans cette image et cette position négative. C'est un personnage
atypique, le rôle de l'auteur aurait pu être de le sortir
de là.
Annick L
J'ai beaucoup aimé, c'est pour ça que je l'ai proposé,
et je n'étais pas la seule.
Annick A
Quand je pense que Manon qui tenait à lire un Mathias Énard
n'est même pas là
Annick L
Pour le programmer dans le groupe, Boussole
m'avait semblé un peu long et compliqué
Plusieurs
On n'avait pas le niveau
Annick L
J'ai été vraiment touchée par ce roman que j'ai lu
une première fois lors de sa sortie puis repris avec intérêt
pour notre rencontre. C'est une sorte de roman d'apprentissage ("j'ai
fait usage du monde"), très sombre parce que marqué
sous le sceau du déterminisme social : quand on est un jeune
marocain misérable qui rêve de se faire une place au soleil
de l'autre côté de la Méditerranée, on a peu
de chance de réussir. Pas d'avenir dans son propre pays, migrant
sans papiers, et donc sans identité, à Algésiras,
puis à Barcelone. La première fois j'ai été
prise par la mécanique narrative qui fait penser à celle
des polars (le narrateur adore les polars) : dès le début
il est pris dans un engrenage de frustration et de violence, et son chemin
va être balisé par la mort. Au fil de ce retour en arrière
qu'il fait sur lui-même pour tenter de comprendre ce qui l'a conduit
jusqu'à cet acte insensé, on est plongé dans ses
pensées, dans un tourbillon foisonnant d'impressions, de réflexions,
avec un recul et une autodérision bien appréciables. La
langue est très proche de l'oral, souvent crue, pleine de colère,
pour décrire ce qu'il vit, ce qu'il voit, ce qu'il ressent et je
me suis attachée à ce personnage. Je trouve surtout que
ce roman met en scène de façon sensible et efficace la situation
dramatique de ces milliers de jeunes gens venus d'Afrique ou d'ailleurs
pour tenter leur chance en Europe, même si je trouve que l'auteur
aurait pu faire l'économie de certains développements, à
Barcelone notamment. Je l'ouvre aux ¾.
Catherine
Ce livre ne m'a pas ennuyée. J'ai aimé le début à
Tanger. J'ai aussi aimé le personnage qui n'adhère à
rien : ni à la religion, ni aux lieux dans lesquels il se
retrouve, fasciné. Il y a aussi ces références à
de nombreux auteurs qu'on ne connaît pas forcément. Et peut-être
un peu trop de choses, pas assez développées. J'ai aimé
le passage dans le bateau. Mais des éléments ne sont pas
toujours crédibles, par exemple l'histoire d'amour. J'ai ressenti
une saturation à la fin. Le style est très oral. Mais j'ouvre
aux ¾.
Rozenn
Je l'ouvre en grand ! J'ai lu ce livre aux urgences, celles de Levallois
puis celles de Neuilly (que j'ai pu comparer
). Je le trouve complètement
crédible, y compris l'histoire d'amour : tu apprends l'arabe,
tu le rencontres, vous parlez de livres, tu le trouves pas séduisant ?
Je trouve le personnage réel, ambivalent, entre deux cultures,
il traîne le fait qu'il ne se pense pas cultivé alors qu'il
l'est. J'aime tout ce qu'on ne sait pas.
Claire
Les ellipses dont parle Manu ?
Rozenn
J'ai lu Parle-leur
de batailles, de rois et d'éléphants que j'ai aimé
et je suis emballée par cet auteur qui peut écrire des livres
aussi différents. J'ai envie de les lire tous...
Jacqueline
Je suis très déçue par Mathias Énard
Je n'ai pas aimé le style. Il y a beaucoup de répétitions,
ça traîne
Je crois que je ne l'aurais pas fini si ce
n'avait pas été un livre pour le groupe. Il y a de l'action
certes, on a envie de savoir. Factuellement, c'est intéressant.
Mais le style me rebute. J'ai essayé d'en lire un autre, Zone...
Claire
... une seule phrase...
Jacqueline
Ah ?
Rozenn
Comme Marie
Ndiaye.
Jacqueline
C'est un peu le même mélange d'immense érudition.
Or l'érudition c'est celle de l'auteur et non du personnage. C'est
mal ficelé, je n'arrive pas y croire. Il y a beaucoup de questions
sur le monde actuel. Je l'ouvre ¼ car le livre ouvre à beaucoup
de réflexions. Le personnage m'a fait penser à Meursault.
Geneviève
Tout à fait j'y ai pensé aussi !
Rozenn
Oui !
Jacqueline
Le meurtre final est incompréhensible.
Séverine
Mon avis est un condensé de ceux qui n'ont
pas aimé. Je n'y ai pas cru. J'ai eu le sentiment que c'est l'auteur
et non le narrateur qui parle. L'histoire d'amour n'est pas crédible
pour moi. Il y a beaucoup de choses, mais tout est survolé, alors
que des thèmes sont intéressants, comme la religion. Mon
personnage c'est Bassam. Bref je n'ai pas adhéré à
ce livre. J'ai été interpellée par les deux arabes,
le classique et le moderne en me demandant s'il y aurait un équivalent
en français.
Plusieurs
Non, non, non
Séverine
Il y a bien le côté polar, mais je n'y ai pas cru. Le personnage
de Cruz qui se suicide, c'est grandguignolesque. Je l'ouvre ¼.
Geneviève
J'ai l'impression inverse. J'ai été prise totalement. C'est
facile à lire, c'est un livre que j'ai très vite lu. J'ai
été captivée, surtout au début. J'ai été
très intéressée par Tanger, par la place du livre
et de la religion. Personne n'a parlé de l'importance du sexe...
Annick L
... ah oui !
Geneviève
J'ai beaucoup aimé le récit jusqu'au séjour dans
le bateau et l'amitié avec le vieux marin, qui raconte à
la manière de Sinbad le marin. J'ai bien suivi jusqu'à l'installation
à Barcelone dans une sorte de Cour des miracles, mais ensuite on
s'enfonce dans la noirceur et la tumeur que se découvre soudain
Judit m'a paru peu crédible. Je trouvais plus intéressant
de penser qu'elle se détachait peu à peu du héros.
J'ai retrouvé dans ce livre le positionnement de Mathias Énard,
entre Orient et Occident, mais, alors que dans Boussole,
l'Occident regarde l'Orient, c'est l'inverse dans ce livre. Rapport différent
aussi au savoir de l'auteur sur l'histoire et l'Orient, aspect ensuite
beaucoup plus développé dans Boussole. J'ai aimé
le style, proche de celui du polar, c'est peut-être la raison pour
laquelle certains n'ont pas aimé.
Annick A
Je lis des polars !
Geneviève
Ah bon... Je suis contente de l'avoir lu, c'est un auteur intéressant.
J'ouvre aux ¾.
Claire
Pour moi, ce qui a dominé dans la lecture c'est le suspense.
Rozenn
Tu es comme moi, une midinette.
Claire
Oui. Avec le mouvement dont plusieurs ont parlé, pour savoir ce
qui va se passer, je l'ai avalé en moins de trois jours ;
je ne suis pas attirée par les polars, mais c'est quelque chose
de "genre" qui m'a propulsée ; et je trouve cohérent
que le narrateur soit un lecteur de polars ; cela m'a fait plaisir
de retrouver des auteurs qu'on a lus dans le groupe, Manchette
et Izzo,
même si j'étais très mi-figue
Et je dois convenir
que ce plaisir était en plus légitimé par l'aura
intellectuelle de l'auteur et le sujet d'actualité ; j'ai ouvert
puis refermé Parle-leur
de batailles, de rois et d'éléphants et je crois
que
Boussole m'exaspérerait ; mais je confesse mes a priori.
Dans cette cavale que je trouve bien menée, avec par exemple des
flashforwards bien distillés ("alors
que moi, plus tard, à Barcelone"), j'avais l'impression
de passer à côté du style : je trouvais
qu'il y avait de quoi goûter l'écriture elle-même et
je la sautais pour avaler l'intrigue, avec un ralentissement quand il
arrive en Espagne. Je ne comprends pas bien cette critique "c'est
mal écrit" : est-ce parce qu'il y a de l'argot, un langage
familier (typique des polars) ? Je trouve au contraire que c'est
rythmé, efficace et quand il y a une pose même très
courte, on peut se régaler (par exemple ce moment de tentation
sensuelle de la part de Bassam p. 57-58).
Je n'ai pas senti d'invraisemblances que d'autres ont pointées,
jusqu'à la fin où je n'ai pas du tout cru au meurtre de
son ami, suivi de la prison : pour moi ça n'a pas collé
psychologiquement.
J'ai trouvé passionnant ce destin, ce parcours, dans des situations
très différentes (chez le croque-mort avec les poèmes
glissés dans le cercueil, les soldats de la guerre de 14 saisis
au km, le navire en rade
) qui m'a éclairée sur ce
que mes pareils peuvent vivre ailleurs aujourd'hui (avec tout particulièrement
le contexte de l'islamisme, et aussi les manifestations des Indignés
en Espagne, les jeunes qui apprennent l'arabe).
J'ai été très étonnée par une remarque
dans le nouveau groupe "sur
la légitimité de Mathias Énard à rentrer dans
l'intimité d'un jeune Marocain de 20 ans. C'est un peu comme si
un auteur arabe faisait vivre un chômeur normand."
La conséquence est de retirer toute légitimité aux
écrivains qui parlent de ce qu'ils n'ont pas vécu, de lieux
où ils ne sont pas allés, et donnent un "je" à
d'autres qu'eux-mêmes ce qui me semble le propre de la littérature.
Annick L
Oui, ça annihilerait une grande partie de la littérature.
Françoise D
Ce n'est carrément pas acceptable de dire ça. Pour ma part,
je rejoins le camp des plutôt négatifs. Il y a des passages
intéressants, des décors. Mais je suis très déçue
par rapport à Boussole,
le seul que j'ai lu. Ce que j'ai reproché à Boussole
c'est l'histoire d'amour rajoutée à ce livre d'érudit ;
là, c'est l'inverse, il n'y a pas assez d'érudition à
mon goût. Je n'ai pas vraiment été intéressée,
sauf par la description de son travail avec les Poilus. Et j'ai été
amusée par les références à des polars que
j'aime bien. Il ne parle pas vraiment de son sujet, ça ne tient
pas la route. J'ouvre ¼.
Henri
Il a deux postures : ceux qui sont dans la logique narrative...
Annick L
... mais il y a une forte logique narrative !
Henri
...et qui n'y croient pas... et ceux qui cherchent : qu'est-ce qu'il peut
bien essayer de me dire, par exemple quand il parle des Poilus, quelle
est son intention, son projet...
Claire
... justement pour une fois, l'auteur a formulé son projet...
Henri
Qu'est-ce que l'auteur a voulu me dire ? En tout cas, je déplore
que la fin ne se termine pas par un arrachement, une fin de conte... alors
qu'il reste embourbé dans ce fatum.
Geneviève
C'est rocambolesque cette fin.
Henri
C'est hélas possible, et ça fait peine. J'ajoute aussi qu'il
y a de l'humour, mais qui tombe au fur et à mesure.
Claire
J'ai été agacée par le passage
où on dirait qu'il répond à Manuel Valls sur
expliquer et comprendre par rapport à l'islamisme, ça
m'a rappelé la polémique après les attentats du 13
novembre 2015 autour des propos de Valls : "Il
ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà
vouloir un peu excuser."
Geneviève
C'est écrit avant...
Claire
Ah tu as raison.
Geneviève
Il a anticipé la réponse à Valls...
Henri
On se dit, là qu'est-ce qu'il fait, il me parle politique...
Claire
Tout à fait. Au fait, vous connaissiez l'existence de ce classique
du XIVe siècle (jamais entendu parler !),
Ibn Batouta, qui aurait parcouru près de 120 000
km : Marco Polo peut aller se rhabiller et en plus j'ai vérifié
que Pierre Bayard ne mentionne pas cet auteur voyageur dans
Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ?
alors qu'il taxe Marco Polo de voyageur imaginaire...
Annick L
J'ai lu qu'il a un restaurant à Barcelone et il compare littérature
et cuisine en se livrant à un éloge que je trouve très
réussi du lard en littérature : " L'écriture
est faite de gras pour la "réception des sucs", de sel
pour exhausser les goûts. Le roman est le fruit de marinades longues
et de réductions. L'écrivain émince, découpe,
pare, ébouillante, pèle, déglace. Sa poubelle est
pleine de légumes qui ont servi pour le bouillon, qui ne figureront
pas dans l'assiette, mais dont le goût fantôme hante la pièce
de viande." (préface
à La
cuisine des écrivains)
Claire
Pour une fois on a le projet de l'écrivain et ceux qui n'ont pas
aimé peuvent dire qu'il ne l'a pas réalisé. Il est
développé dans une interview
sur le livre, en voici un extrait :
"Ce qui m'a poussé
à me mettre dans la peau de Lakhdar, c'est cette complexité
du monde d'aujourd'hui, la diversité de ces cultures qui se mélangent.
Montrer qu'il existe des points communs entre les aspirations des jeunesses
catalane et marocaine, par exemple. Que le destin de l'Europe est aujourd'hui
inséparable du destin du monde arabe ; qu'ils se mélangent.
La guerre, le terrorisme, la violence politique sont des thèmes
qui me touchent particulièrement. Rue des voleurs reprend beaucoup
de ces thèmes, mais dans un autre contexte géographique
et surtout une autre temporalité : c'est la première fois
que je "suis" pour ainsi dire l'actualité."
- Il est d'un style différent de vos précédents
livres, plus classique.
- Rue des voleurs
est un roman d'aventures, un récit de voyage, un polar. C'est
un hommage au roman populaire, à la littérature "de
gare" que lit Lakhdar. Chacun de mes livres essaie d'inventer une
forme qui fabrique le roman autant que les personnages."
J'ai remarqué, peut-être du fait de son succès...,
qu'Énard peut déclencher de la haine, par exemple sur le
blog Stalker
(haine assez délirante sur ce livre, mais aussi sur les autres).
Nous décidons de programmer un des livres
plusieurs fois cités dans le roman de Mathias Énard, lu
par Judit et Lakhdar Le
pain nu de Mohamed Choukri.
Muriel
(avis transmis par une internaute inconnue)
Mathias Énard nous fait vivre avec lucidité au travers de
la fiction du roman l'actualité du monde, les attentats qui ont
bouleversé le monde arabe, confisqué la démocratie
et décrit avec un réalisme poignant la crise qui secoue
l'Europe, notamment Barcelone.
Le personnage principal, Lakhdar, jeune marocain humaniste nous entraîne
dans son errance individuelle, Tanger, Tunis, Algesiras pour finir sa
quête d'identité au n° 13 Carrer Robadores, 4e gauche.
Nourri de romans
policiers qui coûtent deux sous, épris de liberté
le héros est attachant (sa mère lui manque), naïf et
lucide (avec Judit), désenchanté, plein d'humour :
"les gens qu'on veut
insulter partent toujours trop vite ou c'est moi qui ne suis pas prompt
à l'insulte ou à la violence, c'est possible"
(p. 74)
La fin du roman est magnifique lorsque Lakhdar poignarde Bassam, "oiseau
d'apocalypse qui tourne" (p.
343), désespéré, détruit par ses interrogations.
L'écriture est magnifique, réaliste, notamment les descriptions
des pauvres et des exclus de la rue des Voleurs, un très beau roman
pour faire passer un message politique d'une actualité brûlante.
AVIS DU GROUPE
DE TENERIFE
Manuela
Je viens de terminer Rue des voleurs dont je n'ai pas aimé
la première partie, c'était un peu du déjà
vu, avec Choukri
ou Abdellatif
Laâbif.
Par contre j'ai trouvé très intéressant son vécu
à Barcelone. Il décrit bien le néant et la déshumanisation
dans lesquels se trouvent les jeunes migrants qui arrivent chez nous.
Et aussi parce qu'il est curieux pour moi de voir le regard qu'un étranger,
dans ce cas un Français, a sur mon pays.
Nieves
J'ai bien aimé ce roman, en particulier, sa façon de mettre
en scène toute une série d'épisodes liés aux
événements de l'époque comme le printemps arabe,
le djihadisme et les attentats, la crise économique en Europe avec
toute la marginalité que cela entraîne et qui est si bien
présentée dans le passage du narrateur à Barcelone.
Pour moi, l'auteur, caché subtilement derrière le protagoniste,
sans pontifier, sans vouloir afficher ses connaissances, présente
les lieux, les différents types de personnages ou les endroits
de travail tout discrètement, sans faire des jugements moraux,
guidant le lecteur à travers les décors et les situations
qui s'ensuivent.
Dans le récit, il n'y a pas de tout à fait bons ou de tout
à fait mauvais, chaque personne peut être comprise dans son
contexte, selon ses croyances, sa capacité, les règles du
jeu de chaque endroit. Par exemple, tous les patrons de Lakhdar ont un
côté humain ; le premier, l'islamiste, Cheikh Nouredine,
l'aide à quitter la misère où il se voit voué
après être chassé de la maison familiale. Lakhdar
trouve qu'il est bon avec lui : "il
m'avait recueilli sans arrière-pensée ; il me donnait des
leçons de morale, certes, mais pas plus qu'un père ou un
grand frère", mais c'est pareil avec les autres,
celui qui recopie des livres, celui de la morgue
Cela ne veut pas
dire que, comme lectrice, je puisse justifier leurs activités toujours
un peu troubles et inquiétantes (je pense tout de suite à
M. Cruz) qui vont donner le côté polar au récit
Pourtant, dans cet encadrement narratif vont se passer d'autres choses.
Par exemple, on parle de questions linguistiques. Ladhkar avait appris
quelques bribes d'espagnol et un peu le français pour pouvoir lire
ses Série Noire, mais il y a ces filles espagnoles qui étudient
l'arabe ce qui entraîne des explications linguistiques et des citations
d'écrivains et des poètes arabes des fois assez érudites
de la part de Lakhdar. C'est un plan narratif qui apporte une tournure
plus savante au récit, un peu choquante quand on pense à
la formation réelle de Lakhdar.
Quant à l'étape catalane, moi qui suis en contact étroit
avec Barcelone, je peux partager absolument son point de vue avec la description
de différents quartiers et les personnes qui les habitent. La rue
Robadors, dernier bastion de la prostitution et la marginalité,
est parfaitement peinte dans ce roman. La preuve c'est que beaucoup de
Barcelonais ont dû être du même avis, puisqu'en 2021
on a mis en scène le roman de M. Énard au Teatre Romea avec
le titre de Carrer Robadors (voir image ci-dessous). Dommage de
ne pas avoir encore lu le roman à cette époque-là
!
Bref, le cadre et la situation présentée dans ce roman me
semblent bien refléter la société et les conflits
que nous vivons toujours, mais d'une manière sereine et faisant
attention aux différents points de vue des personnages sans démoniser
ni juger les différentes façons d'agir, les conduites distinctes,
même s'il y a des choses qui restent lettre morte comme l'assassinat
de son meilleur ami Bassam à la fin du récit. C'est le mélange
de plans narratifs, l'absence d'un reconnu coupable, les digressions linguistiques
ou littéraires, les ambiances de travail étouffantes si
adroitement décrites, qui ont attiré mon intérêt
sur ce roman.
DOCUMENTATION
SUR LE LIVRE ET L'AUTEUR
Repères bio et bibliographiques
- Né en 1972 à Niort,
fils dun éducateur spécialisé niçois et
dune orthophoniste basque ;
jeunesse paisible, poitevine et entourée de livres.
- Formation à l'École du Louvre, puis études darabe
et de persan à l'INALCO. Thèse sur "la poésie
arabe et persane de laprès-guerre, et son rapport avec les
littératures dEurope".
- Après de longs séjours au Moyen-Orient à partir de
1991 (il a fait son service militaire deux ans à Soueïda en
Syrie), il sest installé en 2000 à Barcelone où
il a animé plusieurs revues culturelles, fait des traductions (du
persan, de l'arabe), enseigné l'arabe à l'université
autonome de Barcelone. Il a aussi vécu à Rome et à
Berlin.
- Pensionnaire de la
Villa Médicis en 2005-2006.
Ses livres (dont
8 romans)
- La
Perfection du tir (Actes Sud, 2003), roman
d'un tireur embusqué durant une guerre civile d'un pays qui pourrait
être le Liban. Première phrase : "Le plus important,
cest le souffle."
- Remonter
lOrénoque (Actes Sud, 2005)
-
Bréviaire des artificiers, ill.
Pierre Marquès (éd. Verticales, 2007)
-
Zone (Actes Sud, 2008).
Prix du Livre Inter.
- Mangée,
mangée, ill. Pierre Marquès,
Actes sud Junior, 2009
- Parle-leur
de batailles, de rois et d'éléphants (Actes
Sud, 2010). Prix
Goncourt des lycéens 2010.
- LAlcool et la Nostalgie (éd. Inculte,
2011, puis Actes
sud en 2012)
- Rue
des voleurs (Actes Sud, 2012)
- Tout
sera oublié, ill. Pierre Marquès (Actes Sud, 2013)
- Boussole
(Actes Sud, 2015). Prix Goncourt.
- Dernière
communication à la société proustienne de Barcelone,
(éd. Inculte, 2016)
Ses traductions disponibles
- Le
roman de Yussef Bazzi, Yasser
Arafat m'a regardé et m'a souri
(Gallimard, coll. "Verticales", 2007) : c'est "le
journal d'un combattant précoce durant cinq années de guerre
civile libanaise"
- Mirzâ Habib Esfahâni, Épître
de la queue (Gallimard, coll. "Minimales/Verticales",
2004) : "il sagit
bien de pornographie, genre mineur et grossier, mais de la pornographie
comprise comme un des beaux-arts"...
Par ailleurs, Mathias Énard
fait partie du collectif
qui a créé la revue Inculte
en 2004. Son manifeste, "très belle utopie" dit
Mathias Énard, est intitulé La
Constituante piratesque (éd. Burozoïque, 2009).
Féru d'art contemporain,
Mathias Énard a également créé en 2011 les
éditions d'estampes Scrawitch
et sa galerie
homonyme (6 Cité de l'Ameublement, Paris 11e), avec Thomas Marin,
lithographe, et Julien Bézille, philosophe de formation.
Interviews de Mathias Énard sur
ce roman et sur son uvre
- D-Fiction,
1er juillet 2010 : un passionnant passage en revue approfondi de toute
son uvre par l'auteur lui-même
- Le Monde, 4
septembre 2012 : un entretien à partir de Rue des voleurs, "L'identité
est elle aussi en mouvement"
- Bibliobs,
11 novembre 2012 : également à partir du roman Rue
des voleurs, "Il
n'y a pas assez de liens entre les littératures européenne
et arabe".
Vidéo et audio
L'écrivain présente lui-même
son livre et en lit un extrait sur le site
d'Actes sud et sur le site de la
librairie Mollat.
Plusieurs émissions à France Culture : ICI.
Un livre où les livres sont omniprésents...
("la
tour d'ivoire des livres, qui est le seul endroit où il fait bon
vivre")
Outre les publications mises en vente par la Diffusion de la Pensée
coranique que vend le héros au début de ses aventures, le
livre comporte de nombreuses allusions à des livres et des écrivains
et poètes, qui peuvent nous donner l'envie d'en lire certains...
Ibn
Batouta (né à Tanger en 1304-1377), une référence
importante et répétée dans le livre ; cet explorateur
et voyageur aurait parcouru près de 120 000 km et a relaté
ses aventures :
-
Voyages, La Découverte Poche, en trois tomes : I.
Inde, Extrême-Orient, Espagne et Soudan - II. De la Mecque aux steppes
russes et à l'Inde - III. De l'Afrique du Nord à La Mecque
-
Voyages d'Ibn-Batoutah dans la Perse et dans l'Asie centrale, extraits
de l'original arabe, Hachette-BNF
un autre grand voyageur :
Casanova (né à Venise en 1725-1798), Histoire de
ma vie (chez Bouquins,
en Livre
de poche, en Folio,
etc.)
une
figure de Tanger, cité plusieurs fois, Mohamed Choukri (1935-2003),
Le
pain nu et Le
Temps des erreurs (deux volets de son autobiographie)
des poètes
arabes anciens ou du XXe siècle
-
Abû Nuwâs (né en Iran entre 747 et 762 mort vers
815 à Bagdad), par exemple Le
vin, le vent, la vie (Actes sud Babel)
-
Ibn Hazm (né à Cordoue en 994-1064), par exemple
Le
Collier de la colombe (Actes sud Babel)
-
Ibn Zeydoun (né à Cordoue 1003-1071), par exemple
Une
sérénité désenchantée (éd.
de la Différence)
-
Al-Jahiz (né en Irak vers 776-867), par exemple Ephèbes
et courtisanes (Rivages poche)
des poètes
et écrivains arabes du XXe siècle
-
Badr Shakir al-Sayyab, poète irakien (1926-1964)
-
Nizar Qabbani, poète syrien (1923-1998)
-
Najib Mahfouz (1911-2006), écrivain égyptien,
Bavardages sur le Nil qui en fait s'intitule Dérives
sur le Nil ; nous avions lu en 2014 Le voyageur à
la mallette, nos avis : ICI
-
Tayeb Salih (1929-2009), écrivain soudanais ; il est l'auteur
de Saison
de la migration vers le nord (Actes sud Babel)
des écrivains
américains ayant vécu à Tanger
- Paul
Bowles (1910-1999, installé à Tanger à partir
de 1947) ; nous avions lu Un
Thé au Sahara en 1994
-
William Burroughs (1914-1997, installé à Tanger à
partir de 1954)
-
Tennessee Williams (1911-1983, à Tanger en 1973)
un
écrivain catalan, Angel Vazquez (1939-2003), La
chienne de vie de Juanita Narboni (éd. Rouge Inside)
des polars ("Je
lisais de vieux romans policiers français par dizaines")
- Joseph Bialot,
Le salon du prêt-à-saigner
- Ernest Tidyman, Le
carnaval des paumés
- Pierre Siniac, Des
perles aux cochonnes
- Hervé Prudon, Mardi-Gris
- Brian Cleeve, Sommeil
de plombs
- Jean-Claude Izzo, Total
Khéops ("un
de mes polars préférés", dit le narrateur
qui s'y réfère plus d'une fois - polar que nous avions lus
en 2014 avec des appréciations diverses : ICI
- Jean-Patrick Manchette (auteur cité plusieurs fois),
Morgue pleine et La
position du tireur couché que nous avions lu en 1996 avec
des réactions là aussi contrastées : ICI
-
Bill Pronzini est mentionné aussi.
et Manuel Vázquez Montalbán, romancier,
essayiste, poète et journaliste espagnol catalan, surtout connu
pour ses romans policiers ayant pour héros Pepe
Carvalho (évoqué ainsi p. 287 : "son
détective, Pepe Carvalho était le type le plus désabusé,
prétentieux et antipathique de la terre ; ses intrigues étaient
d'un ennui aboslu, mais sa passion pour la bouffe, le sexe et la ville
finissaient par rendre ses livres plaisants".
Pour consulter cette documentation en un seul document
pdf : ICI
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|