Extrait
de Wikipedia "Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes." Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant
des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur
rencontre à Grana, au coeur du val dAoste, Bruno initie Pietro
aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts
et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de
leur amitié. Traduit de litalien par Anita Rochedy |
Paolo COGNETTI (né
en 1978)
|
Voici d'abord nos 20 cotes d'amour (15 participants à la Semaine lecture + 5 à distance) : |
Françoise,
Séverine, Rozenn, Chantal, Fanny, Édith, Monique L
Denis, Fanfan, Muriel, Jacqueline, Claire, Catherine, Marie-Odile, Manon, Renée Manuel, Nathalie R, Suzanne, Monique S |
Le nouveau groupe parisien a lu ce livre une année plus tard, en mai 2019 : |
Ana-CristinaValérie
Anne,
David
Nathalie B
|
Monique L (depuis Paris)
Une magnifique description de la montagne, une histoire d'amitié
et de solitude, un récit d'initiation : l'auteur nous fait
partager son amour pour la montagne d'une façon magistrale. Avec
lui on observe, on écoute, on sent, on lit les paysages. C'est
avec nostalgie et émotion que j'ai lu ce livre qui m'a rappelé
mes nombreuses randonnées en montagne et ce que je ressentais alors.
Ce récit est aussi celui de l'amitié à toute épreuve
qui unit Paolo et son frère de montagne Bruno, son double. Bruno
me fait penser à Novocento
de Baricco. J'ai trouvé très intéressante la description
des rapports entre Pietro et son père, leurs évolutions
dans le temps. La manière dont s'est transmis en héritage
l'amour de la montagne du père au fils est bien décrite.
L'écriture est simple, légère et poétique.
Les descriptions de la montagne et de ses divers aspects sont magnifiques.
J'ouvre en entier.
Renée (à Narbonne)
Magnifique histoire d'amitié, entre deux enfants que tout oppose
avec pour cadre les hautes alpes italiennes. Les descriptions sont superbes.
C'est aussi un roman sur le déterminisme social : Bruno enfant
rêve de quitter sa ferme et ses montagnes malgré l'amour
qu'il leur porte mais avec l'opposition de ses parents il devient maçon
et devient un "taiseux", un sauvage. Et un roman sur les difficultés
des paysans pour sortir un maigre salaire.
Marie-Odile (bretonne lisant dans les Pyrénées)
Je n'ai compris le titre que dans la dernière partie qui est comme
l'aboutissement d'un long cheminement sur les sentiers de la vie et de
la montagne.
J'ai eu quelques craintes au départ car ça commence comme
un récit d'enfance assez ordinaire. Celui-ci ressemblerait à
beaucoup d'autres sans ce cadre montagnard et sans cette sensibilité
qui ne fera que croître par la suite. Il est émouvant de
voir l'enfant devenir un homme. J'ai aimé par-dessus tout la part
faite à l'amitié. Le narrateur montre toujours une extrême
délicatesse dans l'évocation du père, de l'ami, de
l'orientation à donner à sa vie, de la construction de soi
et de son chalet tout là-haut, dans les descriptions subtiles et
jamais ennuyeuses de la montagne, des arbres, des neiges, de l'herbe,
de la lumière, du lac, dans le lien établi entre l'ici et
l'ailleurs.
En lisant, j'ai eu l'impression de monter et descendre cette pente autant
de fois que lui. Mais rien n'est jamais pesant. Rien n'est inutile, surtout
pas la contemplation. Chaque pas est un pas en avant.
Beau texte, à la sortie duquel on regarde, sinon la montagne, du
moins sa vie autrement.
Il dit comment être soi sans nier la société à
laquelle nous ne pouvons échapper, mais en restant fidèle
à nos valeurs et à ceux qui les partagent. Je l'ouvre aux
¾.
A lire aussi du même auteur Un
garçon sauvage qui exprime la même quête. Ce
texte rappelle parfois Erri
de Luca (la montagne, l'Italie, la réflexion sur la vie).
Monique S (dans la Sarthe)
Une histoire, simplement humaine, interrogeant le rapport père
et fils, la relation mère et fils, l'amitié entre effet
de miroir et source de rivalité ; une histoire agréable
à lire. Mais ce n'est pas tant l'histoire, ni les personnages qui
m'ont retenue dans ce livre.
Sur le plan humain, rien de très original : un père
bourru et une mère confidente, un copain qui n'a pas accès
aux mêmes études et mêmes choix de vie ; une opposition
un peu cliché entre vie de couple et famille et vie indépendante.
Pour finir, qui est le plus libre ? Le personnage principal se surprend
à porter comme son père le deuil d'un ami-frère mort
en montagne. Reproduction ?
Ce qui m'a vraiment plu durant tout le livre, c'est la montagne !
Pas tant l'Himalaya et l'Annapurna que cette montagne italienne, plus
sobre, intimement parcourue entre forêt, alpages, et cimes. Ces
passages sur la montagne m'auraient suffi, comme je préfère
du grand Rigorni
Stern les livres non romancés, sans personnages, tels Arbres
en liberté ou Le
Livre des animaux.
Cette présence majestueuse de la montagne selon les saisons, selon
les étages, nous renvoie à notre chemin de vie, fait de
fragilité, d'avancée, de courage, de chances et accidents...
d'émerveillements aussi. Elle nous met au même niveau que
le brin d'herbe, que le torrent, que la neige... Certains comparent l'auteur
à Thoreau.
C'est vrai quant à l'expérience de retour à la nature
"sauvage", mais comme penseur et poète, Thoreau a des
intuitions fulgurantes, époustouflantes, inouïes comme
les grands scientifiques, les grands créateurs ou les grands mystiques
qu'on ne retrouve pas chez Cognetti.
J'ouvre à moitié. Et pour ceux et celles qui sont à
la montagne, ce livre est sans doute une bonne introduction !
Manon (à Paris)
Je vous envoie mon avis concernant Les huit montagnes dont je ferme
à l'instant le livre, un avis sans aucun recul que je vous livre ;
je n'aime pas trop ça... mais tant pis. Ce livre se prête
tant à votre première journée à Vars, c'est
une très bonne idée de le programmer. Il se prête
un peu moins de premier abord à un appartement parisien, mais il
m'a du coup permis de voyager avec vous !
Dans les premières pages, j'avais l'impression de retrouver
La
Gloire de mon père de l'autre côté des Alpes
et j'ai donc couru dans les montagnes avec Berio et Bruno. J'ai adoré
cette ambiance sauvage, la découverte des lieux, des plantes, des
sensations du jeune Milanais.
Après, les différents sauts dans le temps m'ont quelque
peu décontenancée et parfois même perdue, jusqu'à
la dernière partie que j'ai lu d'une seule traite ! Il est
beau le rêve de Bruno, il est fou dans un monde où l'argent
est roi, mais moi j'ai voulu y croire !
Je n'ai pas cru à beaucoup de choses concernant
l'évolution des personnages la mort du père,
la justification cousue de fil blanc de sa double personnalité,
Berio qui veut devenir cinéaste, Berio qui part au Népal...
Tout pour moi n'était qu'excuse afin de retrouver Bruno, le taciturne
et rêveur Bruno ! Mon dieu que j'ai aime ce personnage !
Je ne peux pas croire que lui soit mort sous une avalanche ! Impossible !
La fin me déçoit terriblement si c'est celle que l'on lit !
Moi je crois qu'il a souhaité disparaître, devenir un montagnard
mi-homme, mi-bête, mi-arbre, comme il en parle d'ailleurs lui-même !
Bref, sans aucun recul, j'ai beaucoup aimé et j'ouvre aux ¾ !
Catherine (à la montagne à
Vars comme ceux qui suivent)
J'ai beaucoup aimé ce livre. Tout d'abord, j'ai aimé la
montagne, présente tout au long du livre, et ce livre était
parfait pour entamer notre semaine à Vars. J'ai aimé l'amitié
entre Pietro et Bruno. Comme Manon, j'ai tout de suite pensé à
Lili et Marcel dans les collines provençales ; j'ai aimé
la description de la relation entre le père et le fils, au début
surtout, l'initiation à la montagne ; mais j'ai aimé
aussi le personnage de la mère, plus en retrait mais avec une vraie
présence. Mon personnage préféré a été
Bruno, son enracinement montagnard, la construction de la maison, son
rêve un peu fou d'élevage. J'ai moins aimé la partie
sur le Népal et l'Himalaya. La fin est triste et je préfère
l'oublier. Je l'ouvre aux ¾.
Françoise
J'ai beaucoup aimé. J'aime beaucoup la montagne. Cela m'a rappelé
mon voyage au Népal. Avec les descriptions, on y est. Et l'histoire
d'amitié est touchante. L'écriture est très simple,
descriptive. Ce qui va bien avec le thème. C'est très nature.
Je ne connaissais pas du tout ce jeune auteur. C'est net, on identifie
l'auteur et le narrateur. J'ai été embarquée. Le
récit est attachant. J'ouvre en grand, je ne boude pas mon plaisir.
Denis
Je l'ai lu dimanche dernier, un dimanche terne où
je m'emmerdais. J'ai été totalement captivé. Je me
suis retrouvé : le torrent, le copain... Cela m'a tiré des
larmes, m'a rappelé ma jeunesse. C'est très bien. La suite
de la filiation, c'est très bien, mais c'est moins percutant que
lorsqu'ils sont tous jeunes. Les descriptions sont charmantes. Pour moi
il est évident que c'est authentique. La partie au Népal
m'a lassé, c'est moins original. Ma question : comment réagissent
ceux qui ne connaissent pas la montagne ? J'ouvre trois quarts.
Manuel
Je te donne la réponse
La montagne n'est pas ce qui m'attache
le plus. L'enfance, j'ai trouvé ça convenu, cela ne me touche
pas. Ce qui me touche, c'est le père à Milan qui est mal
en ville. Et la mère qui "tire" les enfants. La montagne
il y a plein de mots inconnus qui concernent la montagne.
Muriel
Quels mots ?
Manuel
La désalpe par exemple. J'ai apprécié le rapport
des deux garçons. La montagne ? Je suis dedans. J'ai pris le livre
comme un roman. Je n'ai pas fini, donc j'ouvre à moitié.
Fanfan
J'ai bien aimé. Pour moi c'est très autobiographique. J'ai
adoré la façon simple de décrire la montagne, différente
pour chacun. J'ouvre trois quarts.
Séverine
J'avais entendu une lecture d'une partie de ce texte à la Maison
de la poésie avec Jacqueline et Claire. J'ouvre en grand. Pour
la montagne, les rapports, la solitude qu'entraîne la montagne et
cette mère très sociable. Ce sont des histoires de solitude
par rapport à la montagne. J'ai aimé la carte comportant
des traits représentant les personnes.
J'ai adoré ce livre. C'est une belle histoire. J'ai même
versé ma larme. Le garçon sauvage, c'est la même veine
autobiographique. C'est une belle découverte et - une fois de plus
je le redis - sans le groupe que je n'aurais pas faite sans le groupe
lecture.
Rozenn
Je suis allée trois fois dans ma vie à la montagne, en particulier
dans une auberge de jeunesse où j'organisais entre autres le tableau
des corvées. La montagne, pour moi, ce sont des efforts. La montagne
c'est terrifiant : regardez cette montagne (et Rozenn nous montre l'Eyssina
par la fenêtre, terrrrrifiant dans la nuit...). Il y a une subtilité
des sentiments, par exemple la jalousie. C'est à peine dit. Il
y a une opposition entre la solitude et l'aspect sociable. J'ai aimé
les descriptions, alors qu'en général je saute quand elles
sont longues. Je retrouve tout ce que je n'aime pas, mais c'est de toute
beauté (Rozenn nous dit à qui elle offrira le livre,
chut).
Chantal
Quand j'ai vu les premiers chapitres, je me suis demandé : que
vont penser les Parisiens du groupe ? Je suis rentré dans cette
légende népalaise avec les huit montagnes. Pour ma part,
j'ai quitté ma montagne à 11 ans. J'ai retrouvé dans
le livre ce que je vivais enfant et l'arrachement à un paradis
pour soi. J'ai retrouvé dans les descriptions les mêmes termes
que je connais ; les cembros, les barnes. J'arrive de la Maurienne, avec
cette légende : qui vit le plus ? Celui qui reste dans
sa montagne ou celui qui va butiner ?
Le
vieux Népalais rencontré par le narrateur dessina un cercle,
puis "à l'intérieur, il traça un diamètre,
puis un deuxième, perpendiculaire au premier,
et puis encore un troisième et un quatrième le long des
bissectrices,
obtenant ainsi une roue à huit rayons."
"Nous disons
qu'au centre du monde, il y a en a un autre, beaucoup plus haut : le Sumeru.
Et autour du Sumeru, il y a huit montagnes et huit mers.
C'est le monde pour nous.
Tout
en disant ces mots, il traça à l'extérieur de la
roue une petite pointe au-dessus de chaque rayon,
puis une vaguelette d'une pointe à une autre.
Huit montages et huit mers.
A la fin, il entoura le centre de la roue d'une couronne qui devait, pensais-je,
être le sommet enneigé du Sumeru."
Et
avant d'effacer le mandala, le vieux Népalais précisa :
"Et nous disons : lequel des deux a le plus appris ?
Celui qui aura fait le tour des huit montagnes,
ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumeru ?" (p. 207)
Chantal
J'ai vu (p. 209) qu'il dit qu'ils lisaient
Bookchin.
Plusieurs
Qui ????
Jacqueline
C'est un Américain qui a écrit des essais, anar, libertaire.
Chantal
Et j'ai remarqué aussi la question qu'ils se posent : "comment
résoudrions le problème de la famille cette ennemie" ?...
Rozenn, se décidant
Finalement, j'ouvre en entier.
Nathalie R
Il y a de magnifiques descriptions. Quand on a le sentiment d'appartenir
à rien. Oui, il y a des lignes de force, mais aussi des faiblesses
quand le narrateur s'écoute. Et l'attitude vis-à-vis des
femmes c'est pénible (Nathalie cite plusieurs passages pas très
flatteurs pour le narrateur). De même son comportement vis-à-vis
de son père, vis-à-vis de son ami. Son ami n'est pas un
double pour moi. Quand il va à la faillite, il ne fait rien pour
lui. La narration est lacunaire ; ainsi la mort de l'oncle est artificielle.
Ce qui est très bien c'est l'enfance, indépendante de l'adulte.
J'ouvre à moitié.
Fanny
Mon rapport à la montagne est bizarre. Ce livre me donne envie
de me retrouver dans la nature pour marcher. Or lorsque j'étais
enfant, j'ai été traînée par mes parents en
randonnée, ce qui alors m'ennuyait. Ce livre m'a saisie :
est-ce un récit ? Un roman ? Il y un
article qui donne des éléments. J'imaginais l'auteur
plus jeune.
C'est magnifique. Le narrateur est imparfait, humain. Un livre qui entraîne
à se départir de tout jugement sur les personnages. Il y
a plein de métaphores, comme le torrent, les huit montagnes. J'ouvre
en grand. C'était un vrai plaisir de lecture où on n'a pas
envie de le poser, on a envie de savourer. Après Malraux,
quel plaisir !
Muriel
J'ouvre trois quarts. Ce n'est pas un chef-d'uvre, mais c'est très
plaisant. J'ai adoré le passage où son ami fait venir les
animaux. Il y a une atmosphère de joie. J'avais complètement
oublié l'épisode du Népal. Le père est très
dur. J'ai aimé le personnage de la mère. Si c'est autobiographique,
je m'en fous. J'aime l'idée que le père lègue ce
bout de terrain. Je connais ça, le père tyran
L'ensemble
m'a plu.
Jacqueline
C'est un ravissement. Ce qui m'a plu, ce sont les rapports. La façon
dont le narrateur change les rapports au fur et à mesure. L'histoire
de la mère et du père qui quittent la montagne, ancrée
dans leur vie. J'avais entendu la lecture à la Maison
de la poésie, très émouvante et sans déflorer.
Je suis emballée. Mais j'ai oublié. Le sens de la parabole
des huit montagnes. J'ai beaucoup aimé la construction de la maison,
contrairement à Rozenn et à Muriel. A la deuxième
lecture, j'ai eu l'impression d'un roman. J'ouvre aux trois quarts.
Édith
Rozenn, je te retrouve, car je suis dans la plaine. La montagne m'impressionne
Je l'ai découverte à 70 ans. Dans ce livre, j'ai aimé
les relations. Le cadre pourrait être autre que la montagne. Les
descriptions pourraient être transplantées. J'aime la sensibilité.
J'ouvre en très grand. Je me suis projetée. J'ai transposé
Ce n'est pas un chef-d'uvre, mais on le lit avec plaisir, c'est
un livre qui porte.
Suzanne
Un bon livre je ne le lâche pas. Celui-là je l'ai lâché.
Il a eu un prix, bon, mais il ne m'embarque pas. J'ai eu enfant ces expériences.
Ça ne m'embarque pas. Ce qui m'a fait décoller, c'est le
vécu de la relation de ces deux amis, hors des mots. Le père
a compris quelque chose d'extraordinaire, les rapprochant. Pour ce qui
est de l'écriture, c'est bien écrit. Il n'y a pas de pic
littéraire. Un plaisir mais sans plus. D'habitude je fais une deuxième
lecture, là non. J'ouvre à moitié, je ne suis pas
embarquée. Ben oui.
Claire
En fait à vous entendre, je trouve ce livre à la fois banal
et enthousiasmant. Une fois fini j'ai relu le début. Il y a une
voix, un passé simple qui passe, un récit intense, un charme
subtil. Pas de lyrisme. Des personnages forts : la mère, les deux
jeunes, le père. La littérature est présente : Mark
Twain, Hemingway
Le narrateur se place à une certaine distance.
Les mots portent, avec une certaine simplicité. Au fur et à
mesure, j'ai senti de plus en plus nettement que c'était autobiographique,
ce qui m'a paru une faiblesse. J'avais envie de lire un livre du courant
Nature
writing, eh bien en voilà un.
J'ouvre aux trois quarts. (Asticotant Nathalie) Au fait, j'ai remarqué
que ton avis sur le livre était presque uniquement moral
Nathalie (restant morale)
...
Suzanne
Quant à moi, je me pose la question : est-ce qu'on peut vivre solitaire
en vivant hors de la société ?
AVIS DU NOUVEAU GROUPE PARISIEN
(réuni le 24 mai 2019)
Ana-Cristina
Au début, j'ai été séduite par l'écriture
simple et sobre, parfois murmurée, mais au bout d'un moment, j'ai
eu du mal à m'intéresser, ai alterné entre ennui
et lecture laborieuse.
La quatrième de couverture parle d'"hymne à l'amitié",
mais personnellement je n'ai vraiment pas été convaincue
par l'histoire d'amitié entre Pietro et Bruno. Quoi qu'il en soit,
c'est une vision du monde qui ne m'intéresse pas. C'est presque
trop écrit, à la limite de la sincérité. Les
rapports de Bruno et son père qui vient réclamer son fils
aux parents de Bruno m'ont renvoyée à Padre
padrone, l'éducation d'un berger sarde, de Gavino Ledda,
publié en 1975, qui fait certainement partie de la culture de l'auteur.
Le côté "mon fils m'appartient".
Anne
J'ai bien aimé. Cela me renvoie à ma propre envie de solitude
en communion avec la nature. C'est une belle description d'une amitié
compliquée, car impulsée par les parents. Quand on ne peut
pas penser l'histoire de nos parents, l'amitié est un roc, l'amour
non. Le personnage ne peut pas répondre au désir de son
père mais va ailleurs au Népal pour
trouver son chemin. C'est un livre profondément écologique.
Pietro ne fait pas le deuil véritable d'une relation avec son père
qui ne lui appartient pas, lui échappe. Vivre en solitaire n'empêche
pas le conflit avec soi-même.
Valérie
Les livres sur la nature ne m'intéressent pas. Je me suis ennuyée
sur les 100 premières pages. Puis j'ai cru qu'enfin cela démarrait,
mais c'est retombé très vite. Je n'aime pas les personnages,
je trouve un côté moralisateur à la mère qui
veut aider tout le monde. Bruno vole la place du fils réel qu'est
Pietro, on se demande en quoi ce serait justifié, car Bruno n'est
pas attachant, voire pitoyable à la fin du livre. C'est une amitié
qui n'en est pas vraiment une, ils ne savent même pas communiquer
entre eux. Quant au personnage du père, on croit qu'on va apprendre
de lui, suite au secret révélé, mais au fil des pages,
on n'en sait finalement pas beaucoup plus.
Ces personnages ont des vies ratées, Pietro louvoie et n'arrive
pas à trouver son identité propre. A l'image d'une histoire
qui oscille entre Népal et retour à l'Italie. Le livre se
lit facilement mais l'intérêt s'émousse au fur et
à mesure.
Nathalie B
Je n'attendais rien de particulier avec ce livre. Je ne connaissais pas
l'auteur et n'avais jamais entendu parler de ce roman. Eh bien j'ai beaucoup
aimé. J'ai beaucoup aimé la poésie de l'écriture,
j'ai trouvé les personnages attachants ; ils n'ont pas du
tout raté leur vie, ils ont simplement des valeurs autres que celles
qui prédominent aujourd'hui : ce n'est pas la réussite
financière qui les anime. Ce sont des personnages courageux, travailleurs,
énergiques. La mère n'est pas du tout moralisatrice. Elle
est généreuse. Elle ne pousse pas du tout Bruno et son fils
à être amis. Elle se contente de faire en sorte qu'ils se
connaissent. Et c'est eux qui décident de leur relation. Au contraire
de Valérie et Ana-Cristina, je trouve au contraire c'est bien une
amitié masculine qui nous est racontée, qui ne se paie pas
de mots (lorsque Pietro et Bruno participent à la construction
de la maison de Pietro par exemple ils n'ont pas besoin de
mots, ils travaillent ensemble, cela leur suffit, leur silence est plein
d'amitié). Le personnage du père de Pietro est rude, taiseux,
souvent en colère ; il ne retrouve son être profond
que lorsqu'il part en montagne. Il ne peut que regretter que son fils
ne partage plus ses balades en montagne, mais il lui a transmis cet amour
de la Montagne. C'est un homme solide, exigeant, dont la part tragique
remonte à l'épisode de la mort de son ami, dont il épousera
la sur tout en étant banni par sa belle-famille lui reprochant
l'accident tragique. C'était pourtant la famille d'adoption de
cet orphelin. On n'a pas besoin d'en savoir d'avantage pour le comprendre.
J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman, aimé regarder ces hommes
parfois rudes qui ne s'épanchent pas, fidèles à leur
essence, notamment Bruno qui ne peut s'imaginer vivre sans sa montagne,
qui est son oxygène, quitte à y sacrifier sa vie familiale.
J'aime la musique de l'écriture de l'auteur.
"Le glacier fascinait
l'homme de science qu'était mon père... Il lui rappelait
ses études de physique et de chimie, la mythologie sur laquelle
il s'était construite." (p. 62)
"Nous fermions le portail
et allions dîner pendant que les vaches commençaient à
ruminer dans l'obscurité" (p. 217)
"Sur le petit pont de
bois, quand je me baissais pour boire, je surpris l'automne en train de
jeter un sort à mon torrent." (p. 254)
David
C'est un livre en somme extrêmement "simple", l'histoire
qui se déroule, comme les personnages. Bien sûr le retour
à la montagne signifie une autre façon de vivre autour de
laquelle Pietro tourne sans converger. Bruno pour sa part ne parvient
pas à poursuivre son histoire familiale. Et pourtant, aucune de
ces demi-défaites ne semblent entamer leur fil de vie.
J'ai attendu un certain temps qu'il y ait une révélation,
un rebondissement, des mystères qui auraient expliqué la
psychologie des personnages et puis... rien, et ce rien finalement a son
charme, comme si l'auteur, ne se payant pas d'effets scénaristiques,
laissait à l'imaginaire du lecteur le soin de chercher ses propres
pistes.
DOC SUR PAOLO COGNETTI ET SES
UVRES
- Les livres de Paolo Cognetti
traduits en français
- Parcours : quelques repères
- Articles, interviews
Les livres de Paolo Cognetti traduits
en français
- Sofia s'habille toujours en noir, Liana
Levi, 2013 (en 2012 en Italie) ; Piccolo,
2018 ; lire un extrait ICI
- Le garçon sauvage, éd.
Zoé, 2016 (en 2013 en Italie) ; 10/18,
2017
- Les
huit montagnes, Stock, coll. "La Cosmopolite", 2017
(en 2016 en Italie)
Parcours : quelques repères
- Né à Milan en 1978.
- Études universitaires en mathématiques, abandonnées
pour des études de cinéma, afin "d'apprendre à
raconter des histoires".
- Fonde, avec Giorgio Carella, une société de production
indépendante (CameraCar). Il réalisera des documentaires,
sur la littérature américaine par exemple, sur New York.
- Publications italiennes : participe à un recueil de nouvelles
rassemblant les nouvelles plumes italiennes, un véritable "manifeste
générationnel", La qualità dell'aria
(2004, éd. Minimumfax), puis publie des nouvelles (Manuale
per ragazze di successo, Una cosa piccola che sta per esplodere),
en 2010 un guide personnel sur New York (sur les traces des écrivains
qu'il admire comme Ernest Hemingway, Raymond Carver), en 2012 un
"roman à nouvelles", forme hybride entre le roman et
le recueil, Sofia si veste sempre di nero (Sofia
s'habille toujours en noir), un journal en 2013, Il ragazzo
selvatico (Le
garçon sauvage), et un roman en 2016, Le otto montagne
(Les
huit montagnes), traduit dans une trentaine de pays et dont la
traduction française obtient le Prix Médicis étranger
en 2017.
- La montagne : désireux de faire vivre la montagne en dehors des
pistes de ski, il monte en 2017 avec son association Gli
urogalli un festival consacré à la littérature,
aux arts et aux nouveaux montagnards baptisé Il
richiamo della foresta (L'Appel de la forêt) en hommage
à Jack London.
Son blog : http://paolocognetti.blogspot.com
Articles,
interviews
- "Paolo Cognetti,
disciple de la montagne", Florence Noiville, Le Monde,
9 septembre 2017
- "Rencontre
avec Paolo Cognetti, qui remporte le Médicis étranger",
entretien, Marianne, 9 novembre 2017
- "Le otto montagne / Les huit
montagnes de Paolo Cognetti", Emmanuelle Caminade, L'Or des
livres, 29 novembre 2017
- Vidéo
: Paolo Cognetti présente Les huit montagnes, Hachette France,
31 juillet 2017 (2 min 37)
- Vidéo
: rencontre avec Paolo Cognetti autour de son livre, 14 décembre
2017, Librairie Mollat Festival "Lettres du monde" à
Bordeaux (3 min 36)
extrait du site L'Or
des livres
Nos cotes d'amour
pour le livre, de l'enthousiasme au rejet :
|
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à
la folie
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¾ ouvert |
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