Speed booking
Rencontre des deux groupes parisiens Voix au chapitre
l'ancien qui a plus de 31 ans et 28 lecteurs (dont 5 à distance)
et le nouveau groupe parisien qui va avoir 2 ans et a 13 lecteurs

Ce 12 janvier 2018, nous sommes 19 : 12 de l'ancien groupe, 7 du nouveau groupe.
La soirée s'est déroulée selon des règles du jeu détaillées ICI
, fondé sur le temps limité pour parler d'un livre (speed...). Pratiquement :
- chacun a deux minutes pour présenter un livre à deux interlocuteurs qui en font autant à leur tour
- on change ensuite et on aura présenté 7 fois un livre (le même ou si l'on souhaite un autre livre pour changer)
- chacun n'a pas entendu les 18 autres personnes, sinon il aurait fallu présenter 14 fois un livre...
- c'est pourquoi chacun a pris la plume pour présenter le ou les livres ci-dessous aux autres, présents ou absents
- on a ajouté un tour de table en fin de soirée ou chacun a dit, à partir des livres qui lui ont été présentés, ceux qui le tentent.

QUI DONC A PROPOSÉ CES 48 LIVRES ? !

En cas d'impatience, et pour savoir qui a proposé quoi, cliquez sur les prénoms : Ana-Cristina, Annick L, Brigitte, Claire, Danièle, Denis, Fanny, Flavia, François, Françoise H, Geneviève, Jacqueline, Julius, Manuel, Monique S, Nathalie B, Nathalie R, Rozenn, Valérie

AGRON Marc Mémoire des cellules
AJALBERT Jean Sao Vandi
APPELFELD Aharon Histoire d'une vie
AUSTER Paul Moon Palace
BANKS Russel American Darling
BARNES Julian Le fracas du temps
BAUDELAIRE Le spleen de Paris
BEHR Mark
Les rois du Paradis
BINEBINE Mahi Le Seigneur vous le rendra
BRADBURY Malcolm Mensonge
CIORAN De l'inconvénient d'être né
COGNETTI Paolo Les huit montagnes
DANTE Alighieri La Divine Comédie : l'Enfer
DÉSÉRABLE François-Henri Un certain M. Piekielny
DIDEROT Le neveu de Rameau
ENDÔ Shûsaku Silence

FERNANDEZ Dominique

Ramon
FOURNIER Jean-Louis Il a jamais tué personne, mon papa
FRED Philemon
GARNETT David La femme changée en renard
GOGOL Nicolas Le manteau (extrait des Nouvelles de Petersbourg)
GORZ André Lettre à D. : histoire d'un amour
HÉRITIER Françoise
Le sel de la vie
JENNI Alexis Dans l'attente de toi
KAFKA Franck Lettre au père
KEHLMANN Daniel Les arpenteurs du monde
KÖHLMEIER Michael Deux messieurs sur la plage
KUNDERA Milan Jacques et son maître : hommage à Denis Diderot en trois actes
LE CLÉZIO J.M.G. Désert
MICHON Pierre Onze
MORAVIA Alberto Une certaine idée de l’Inde
MAILLART Ella La voie cruelle : deux femmes, une Ford vers l'Afghanistan

NAIPAUL V.S.

La moitié d'une vie

PASOLINI Pier Paolo

L'odeur de l'Inde
PRADEAU Yann Algèbre : éléments de la vie d'Alexandre Grothendieck
QUENEAU Raymond Les dimanches de la vie
RAMUZ Charles-Ferdinand La grande peur dans la montagne
SALVAYRE Lydie Pas pleurer
SCHIFFRIN André Allers-retours
SARAMAGO José L'aveuglement
SARNE Patricia Prière à l'esprit de l'eau
SCHWARZENBACH Annemarie Où est la terre des promesses ?
SHIKIBU Murasaki Le dit du Genji
SMITH Patti M Train
SÜSKIND
Un combat et autres récits
SWIFT Jonathan Modeste proposition : pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public
VIALATTE Alexandre Battling le ténébreux
YOURCENAR Marguerite Mémoires d'Hadrien

Ana-Cristina

Pourquoi j'ai choisi
Mémoire des cellules
de Marc Agron
?

C'est un premier roman
qui est un modèle de simplicité et de naturel.
Il n'est pas parfait,
mais son imperfection fait tout son charme.

Le sujet :
les excès dans l'art contemporain (conceptuel),
mais aussi la rencontre improbable de deux individus, preuve de "la mémoire des cellules"
(un beau thème
pour une œuvre d'art conceptuelle...ou non).

A toi, François !

Histoire d'une vie
d'Aharon Appelfeld
Le sel de la vie
de Françoise Héritier

Les guirlandes de la couverture rappellent celles des anciens prix d'honneur ou d'excellence. Parfaites pour Françoise Héritier, éminente anthropologue disciple de Levi-Strauss et professeur au Collège de France qui, dans ce petit livre, Le sel de la vie "traque avec grâce et légèreté" ces petits riens qui en font le prix.
Au hasard des pages : "revenir d'Italie dans une Fiat jaune décapotable... admirer les belles glycines des maisons particulières ... installer dans les arbres de grands plats de graines pour les oiseaux... passer inaperçu quand les coqs font recette..." La culture est bien ce qui reste quand on a tout oublié.

J'ai repensé à ce livre après la mort d'Appelfeld qui est passée presqu'inaperçue.
Histoire d'une vie se présente comme un récit autobiographique qui entraîne d'abord le lecteur dans une odyssée épouvantable, celle de l'auteur qui après une enfance heureuse dans une famille juive, va se trouver projeté au cœur de la persécution nazie. De cette histoire tragique, l'épisode qui parle le plus au lecteur est celui de l'enfant démuni de tout et qui erre dans les forêts ukrainiennes. Sans doute parce qu'il pose crûment la question du degré de souffrance à laquelle peut être confronté un être humain et celle aussi que d'aucuns appellent aujourd'hui ses capacités de résilience. Le miracle de ce livre ne tient pas simplement à ce qu'il décrit mais au fait qu'il nous fait participer, après l'installation compliquée d'Aaron Appelfeld en Palestine, à un véritable combat avec les mots pour se faire reconnaître et tenter d'échapper à la mort psychique qui le guette toujours. "Je venais d'un monde apocalyptique qui exigeait de moi une autre langue et un rythme différent".
Histoire d'une vie est le témoignage et le fruit admirable de cette inlassable exigence. Un livre à retenir, l'année prochaine. (Il y a aussi les romans).

Pour les méfiants, un classique des "Lumières" qui n'a rien de soporifique. En deux mots, il s'agit de la rencontre entre un philosophe qui est un peu (beaucoup) le double de Diderot avec une sorte de "Clochard" qu'est le neveu de Rameau, dans un café célèbre du Palais Royal où se réunissent les meilleurs joueurs d'échecs de l'époque(18e siècle). Tout le livre est pratiquement fait du dialogue entre ces deux personnages. Le philosophe qui ne manque pas complètement d'humour, ("Mes pensées ce sont mes catins...") est fasciné par le Neveu mais il tient à garder ses distances, Lumières obligent ! Le comique (et le sérieux) du livre vient de leur dialogue qui se déroule un peu comme une partie d'échecs dans laquelle chacun va essayer de prendre tour à tour le dessus sur l'autre. Le neveu, parasite raté qui vit aux dépens des riches qu'il amuse a le génie de l'anecdote et de l'imitation qui le poussent à se livrer à des pantomimes irrésistibles. Pour se venger des ses protecteurs et de son oncle qui a réussi, il les imite et ses performances de musicien raté ont souvent le don d'ébahir le philosophe. Ses "idées" aussi l'interpellent parfois : "Oh, fou, archifou, m'écriais-je, comment se fait-il que dans ta mauvaise tête, il se trouve des idées si justes, pêle-mêle avec autant d'extravagance". Tout le dialogue est à l'avenant et il mérite vraiment d'être lu. Vous aurez compris que sous sa forme plaisante, il cache aussi un grand intérêt philosophique.

Geneviève

Le fracas du temps de Julian Barnes, Mercure de France, 2016
Biographie romancée du musicien russe Chostakovitch, à travers sa relation avec Staline, faite de terreur, de haine mais aussi de soumission, c'est l'itinéraire de vie d'un artiste sans cesse entravé dans sa création et qui compose constamment avec le pouvoir pour continuer à créer : une recréation sensible et étonnamment concrète des émotions qui traversent le musicien, de son désespoir mais aussi d'une résistance souterraine. Chostakovitch mourra à 69 ans sans avoir connu la liberté mais sans avoir abdiqué la pratique de son art. Au-delà de l'itinéraire passionnant d'un homme, ce livre ouvre des perspectives passionnantes sur les rapports entre art et révolution, et sur la création musicale sans jamais théoriser.
Allers-retours d'André Schiffrin, Liana Levi, 2007, trad. Fanchita Gonzalez Batlle
C'est l'autobiographie d'un grand éditeur américain d'origine française, André Schiffrin, fils de Jacques Schiffrin, fondateur de la collection de la Pléiade de chez Gallimard.
Il a connu avec ses parents juifs l'exil aux États-Unis, la solitude des exilés, la peur d'être oubliés de la mère patrie. Élevé comme un jeune Américain, même s'il fait une partie de ses études à Cambridge, André Schiffrin crée une maison d'édition littéraire, les éditions du Panthéon, et se bat pour protéger l'édition et le réseau de librairies des ravages du libéralisme triomphant aux États-Unis. Il renoue les liens avec la France et sa vie intellectuelle dont il se sent très proche dans un permanent aller-retour entre les deux cultures. A travers la vie de ce passeur de la culture, on côtoie tous les grands acteurs de la vie des idées et de la littérature du XXème siècle, André Gide, Hannah Arendt, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Foucault et Duras. Pour tous ceux que passionne l'histoire des idées et les confrontations de cultures.
Les rois du Paradis de Mark Behr, Jean-Claude Lattès, 2013
Tchekhov en Afrique du Sud ou le retour du fils prodigue : dans le veld sud-africain et la propriété d'une grande famille afrikaans, la mère vient de mourir, et son fils, exilé aux États-Unis après une brouille familiale, revient pour l'enterrer. Il doit affronter les vieilles douleurs endormies et la colère de son père. Michael est devenu un intellectuel privilégié qui vit en couple avec un jeune Israélo-palestinien en Californie. Son retour le confronte à la honte de sa fuite pour avoir enfreint le double tabou de l'homosexualité et des relations interraciales. Il est partagé entre sa nostalgie pour le paradis de la nature de son enfance, et sa colère contre la rigidité et la violence de son père dans un monde en voie de disparition. Entre aussi en compte une relation complexe faite d'attachement et d'incompréhension avec les domestiques noirs qui vivent à la ferme. Peu à peu Michael fait la paix avec son passé sans oublier ses blessures et repart aux États-Unis retrouver sa nouvelle vie. Mark Behr écrit magnifiquement et recrée un monde finissant avec sa beauté et sa violence cachée. Il n'a malheureusement écrit que deux romans puisqu'il est mort prématurément, six ans après la publication des Rois du Paradis.

Fanny

Dans l'attente de toi d'Alexis Jenni, L'iconoclaste, 2016
"J'aimerais regarder avec toi Le Cabinet de toilette au canapé rose" : ainsi débute l'ouvrage d'Alexis Jenni, d'un genre inclassable, ce qui contribue à son charme.

Ce livre
est une déclaration d'amour du narrateur
à son amante.
Le premier chap
itre ICI

Comme il ne parvient pas à trouver les mots, il fait un détour par la peinture, commentant les tableaux d'artistes (reproduits dans le livre) pour s'adresser à celle qu'il aime.

L'ouvrage s'ouvre par un hommage aux fesses de Maria Boursin, qui est également un hommage au corps de la femme aimée.
Ce livre d'une grande sensualité parle du corps et de l'amour. Alexis Jenni parle du toucher, toujours à travers le regard porté sur la peinture. Il aborde également la déchéance physique en s'appuyant sur les tableaux de Francis Bacon où il peint son amant Georges Dyer (Tryptique en mémoire de Georges Dyer, Portrait de Georges Dyer à bicyclette).

Si à certains moments le rythme tend à s'essouffler, ce livre m'a tenue en haleine jusqu'au bout de par son originalité et la sensibilité et l'émotion qui s'en dégagent.


(Et si je dois l'ouvrir, c'est en très grand...)

Brigitte

Ramon de Dominique Fernandez, Grasset, 2009 

Le sujet du livre est le père de l'auteur.
Ramon Fernandez était né en 1894, il était d'origine mexicaine. Il a contribué au lancement du tango en France.
C'était un très fin critique littéraire ; il a donné notamment des essais sur Molière, Balzac et Proust, d'une finesse inégalée jusqu'à ce jour.
Mais les travaux de ce brillant intellectuel sont méconnus.
Sa vie se déroule dans le monde littéraire de l'entre-deux guerres ; il fréquente tout le monde littéraire des années 20 et 30 : Proust, Gide, Mauriac, Paulhan, Céline, Bernanos, Saint-Exupéry, Malraux, Duras, etc.
Il fait partie de la NRF, est proche des éditions Gallimard…

Mais il rejoint Doriot et participe activement à la collaboration. Il meurt en août 1944 (de maladie). S'il avait survécu, il aurait certainement eu à subir l'épuration. Son fils, Dominique Fernandez, essaie de comprendre l'énigme du parcours de son père.
J'ai apprécié ce livre pour ses aspects historique, littéraire et pour l'approche que son fils propose des ambiguïtés de ce destin.

Valérie

Deux messieurs sur la plage de Michael Köhlmeier

Deux messieurs traitent de deux grands personnages célèbres : Churchill et Charlie Chaplin.

Ces deux hommes vont se lier d'amitié car ils partagent tous deux de forts moments de dépression appelée "chien noir".

Ils se promettent une aide mutuelle lorsque l'un d'entre eux sera atteint de ce mal.

Annickelle

Désert de J.M.G. Le Clézio
Un grand classique que j'ai relu avec un grand bonheur. Car c'est vraiment un très beau roman d'apprentissage qui nous entraîne, avec une merveilleuse puissance d'évocation, dans un lointain voyage en Afrique du Nord au pays des "Hommes bleus", ces nomades du désert saharien. Deux récits s'entrecroisent : celui de la guerre désespérée que ceux-ci ont menée au début du 20ème siècle contre l'envahisseur français pour tenter de préserver leur "royaume" ; celui de la jeune Lalla, leur descendante, qui vit maintenant dans un bidonville mais dont l'imagination est riche des légendes transmises de génération en génération. Lalla veut retrouver sa liberté, celle des grands espaces traversés par ses
ancêtres, mais elle va échouer et se retrouver en exil, de l'autre côté de la Méditerranée, à Marseille. Elle y connaîtra le sort terrible de ces immigrés
devenus invisibles et privés de toute dignité. Un roman qui évoque avec force pour moi ce choc violent entre deux mondes, deux cultures dont l'une a été presque anéantie par la puissance coloniale. Autour de la figure lumineuse et attachante de cette jeune fille en quête d'une existence meilleure qui tente de renouer les fils complexes de son identité.
Moon Palace de Paul Auster

Marco Stanley Fogg est un personnage lunaire et rêveur, un anti-héros à l'identité peu assurée, qui laisse le hasard gouverner sa vie. Il faut dire qu'il n'a pas été gâté dans son enfance : un père inconnu, une mère décédée lorsqu'il avait 12 ans. Lorsque son oncle Victor, qui l'a recueilli et ouvert au monde de la lecture et de l'imaginaire, décède à son tour en lui léguant toute sa bibliothèque, Fogg s'abandonne avec masochisme aux délices de l'anéantissement, physique et moral. Va-t-il se perdre définitivement ou bien retrouver l'esquisse d'une trajectoire personnelle ?
Je trouve ce thème de la quête de nos identités multiples, récurrent dans les romans de Paul Auster, fascinant. Et le récit de ce voyage intérieur entrepris par le jeune homme, grâce à un certain nombre de rencontres, jusqu'aux sources de son histoire familiale, est mené comme une véritable aventure, avec plein de rebondissements.
Un roman que j'apprécie particulièrement parce que chacun(e) peut y retrouver une partie de ses interrogations les plus secrètes.

Jacqueline

Algèbre : éléments de la vie d'Alexandre Grothendieck  de Yann Pradeau, Allia, 2016

J'ai apporté ce livre, un premier roman, que j'avais beaucoup aimé à sa sortie.
Mais, bien qu'il soit très court, je n'ai guère eu le temps de le relire pour en parler et j'ai quand même pu, une fois, en glisser deux mots, avant le coup de cloche du démarrage...
Grothendieck était un mathématicien de génie, presque mon contemporain.
Si, comme Ana-Cristina, j'évoquais un tableau pour l'atmosphère de ce livre, comme d'ailleurs étrangement pour les deux autres que j'ai présentés, pourtant très différents, ce pourrait être une "vanité".

Un extrait : ICI

Un certain M. Piekielny de François-Henri Désérable, Gallimard, 2017

Ce M. Piekielny apparaît dans La promesse de l'aube, le roman autobiographique de Romain Gary pour demander au petit garçon quand il serait grand et célèbre comme le prédit sa mère, de dire à tous : "au numéro 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny". Tout le roman de Désérable est le récit de la quête du narrateur : de passage à Vilnius, le nom actuel de Wilno, il se remémore soudain ce vœu et va chercher les traces de ce personnage...
Ce faisant, j'ai constaté que la mère du narrateur p
lace aussi de grands espoirs dans son fils, j'ai suivi Romain Gary tout au long de sa vie depuis
Vilnius où il a sa statue d'enfant amoureux prêt à manger une chaussure par amour d'une fillette (statue photographiée dans le livre !)

J'ai rencontré avec lui de Gaulle à Londres, puis Kennedy aux États-Unis... J'ai croisé Gogol qui va jouer un rôle inattendu dans cette quête... Mais surtout, redonner vie à M. Piekielny, c'est aussi évoquer le monde où il a vécu et sa tragique disparition....
La fin de ce livre est un très bel hommage au pouvoir de l'écriture…
M Train de Patti Smith, Gallimard, 2016  
A sa sortie, j'avais offert ce livre, sur la foi d'une critique qui le disait très littéraire, à quelqu'un qui connaît mieux que moi la musique de Patti Smith. Je l'ai lu très récemment et il m'a enchantée.
C'est un livre de souvenirs qui donne une impression de grande proximité (un peu comme Sophie Calle), peut-être à cause des photos prises par Patti en illustration... Il commence par un voyage de noces à Cayenne pour en rapporter à Jean Genet trois cailloux ramassés dans les ruines du bagne... Peu avant la fin, bien après le deuil de Fred, son mari, Patti ira déposer ces cailloux sur la tombe de Genet près de Tanger...
M Train, ce sont des stations, des arrêts sur des voyages, Berlin, Mexico, Tokyo... Il y a beaucoup de café, du café que Patti boit partout mais aussi des cafés lieux où elle écrit et peut aller lire aux toilettes en attendant que sa table se libère... Beaucoup de livres et d'écrivains, les tombes de Brecht, Mishima, Akutagawa, Sylvia Plath… Beaucoup de rencontres sensibles et chaleureuses, une tempête sur une maison à reconstruire...

Denis

Le speed booking m'a fait voir mes rayonnages de livres sous un angle inédit : trouver des livres ayant une faible probabilité d'avoir été lus par les autres participants. Or cela restreint mes choix possibles car je lis beaucoup de classiques bien connus de tous. C'est ainsi que je n'aurais pas proposé Les liaisons dangereuses, qui m'occupe l'esprit en ce moment. Il me fallait donc de "bons livres" peu connus.

Le court texte de Süskind "Amnésie littéraire" dans Un combat et autres récits (Fayard ou Livre de poche) est une préface cauchemardesque à la question : "quels sont les livres importants pour vous ?"

C'est pour cela que j'ai choisi Ramuz, qui me paraît assez peu lu en France.
Et parmi les romans de Ramuz, La grande peur dans la montagne qui est un récit de réalisme fantastique très impressionnant et troublant.
Par ailleurs, l'écriture littéraire de Ramuz vaut le détour pour son originalité.

Concernant Naipaul, j'ai beaucoup aimé La moitié d'une vie, un livre profond et concentré, porteur d'un regard tout à fait original sur le monde. J'ai eu aussi envie de contribuer à rétablir sa réputation dans le groupe lecture, assez désastreuse (voir le compte rendu de la séance sur L'énigme de l'arrivée). Je reconnais volontiers que certaines de ses œuvres sont assommantes. Il suffit...

... de bien choisir :

Et enfin les livres de Vialatte et Queneau que j'ai découverts récemment, et qui m'ont franchement réjoui, tous deux dans la collection "L'Imaginaire" de Gallimard : Battling le ténébreux d'Alexandre Vialatte, Les dimanches de la vie de Raymond Queneau.

Je n'ai rien lu d'autre de Vialatte mais je connais sa réputation d'auteur injustement méconnu.
Queneau, de son côté, est un expérimentateur de talent. J'adore sa reconstitution du "parler ordinaire", reconstitution qui évoque pour moi, dans sa pureté et dans la netteté du trait, les "œuvres métaphysiques" de Chirico représentant un atelier d'artiste ou la grand-place d'une ville.

Monique S

Participant au groupe lecture depuis 1989..., j'ai eu le temps de proposer au groupe les livres qui me tenaient vraiment à cœur.

Par ailleurs, mon parcours de lectrice m'a fait depuis plusieurs années délaisser les récits pour la poésie, difficile à partager en groupe.

Alors, j'ai choisi pour ce speed booking de montrer et partager trois livres "rares".

La Divine Comédie de Dante, tome 1 : "L'Enfer"
édition de 1865 illustrée par Gustave Doré
 
Le chef d'œuvre de la littérature japonaise – il s'agit pour beaucoup du premier roman psychologique du monde qui a énormément influencé toute la poésie et l'art nippons depuis le 12e siècle : édition Anne de Selliers, trois volumes en coffret illustrés de très nombreuses reproductions de calligraphies et de peintures sur rouleaux, sur paravents, sur éventails... que l'œuvre a inspirées.
Prière à l'esprit de l'eau : livre d'artiste de Patricia Sarne sur un texte de Roselyne Sibille, 2017.
Voici un
lien sur le site de l'artiste : http://patriciasarne.com/LIVREPRIEREESPRITEAU.html
Et pour ceux qui ont envie de découvrir ce qui se fait en livres d'artiste, dates et lieux pour 2018 du salon "Pages" : http://www.salon-pages.paris/

.......

Nathalie R

Le Seigneur vous le rendra de Mahi Binebine
J'ai découvert Le Seigneur vous le rendra alors que j'étais en fonction au Maroc, à Casablanca, ville dans laquelle les différences sociales scient les yeux des passants. La misère y est partout : dans les faubourgs mais surtout entre les villas luxueuses plus jolies les unes que les autres à l'abri de leur jardin fleuri. Car Casablanca c'est aussi et avant tout Casanegra ! Dans son roman, Mahi Binebine imagine un narrateur-enfant âgé de quelques mois qui raconte combien il est doué pour déclencher l’aumône chez ceux qui croisent son chemin. De fait, sa mère, une fois qu'elle a réalisé que Dieu lui avait envoyé la poule aux œufs d'or, n'aura de cesse d'empêcher cet enfant de grandir et en fera son gagne-pain en le monnayant à ses voisines de quartier. C'est un conte initiatique qui permettra au lecteur d'assister à la libération momentanée du narrateur.
L'aveuglement de José Saramago
L'aveuglement de José Saramago est un récit parabolique copieux qui ne laisse pas le lecteur indemne. Dans une mégapole non identifiée mais facilement comparable aux nôtres, les êtres humains sont touchés par un mal incurable : ils deviennent aveugles sans qu'aucune cause ne soit décelée. Ce mal – dans un premier temps – permet de fédérer les habitants qui se donnent un mal fou pour aider les malheureux.

Mais la maladie est contagieuse et peu à peu, la solidarité laisse place au rejet : trop, c'est trop. Le groupe va vouloir se protéger coûte que coûte.
Pour moi, ce récit ne vieillit pas. L'anecdote de l'aveuglement peut être remplacée par n'importe quel autre problème actuel : la volonté des migrants de vivre dignement dans un monde différent du leur, la future guerre de l'eau etc. Ce livre m'a profondément marquée. Je ne pense pas que l'on puisse le lire sans se poser la question de ce que l'on ferait à la place de chacun des protagonistes.

Julius

Malcolm Bradbury (1932-2000) : Mensonge (1987, Presses de la Renaissance)

Au cœur du Quartier latin des années 50-60, l’intelligentsia germano-pratine ne vibre que pour le déconstructivisme et le structuralisme. Derrière le non-texte, le non-auteur, le non-livre, le non-langage, un homme, un seul : Henri Mensonge, dont les apparitions sont si rares qu’elles frisent l’inexistant, dont les écrits se résument à un seul livre (De la fornication comme acte culturel) publié sur un papier habituellement réservé à d’autres usages et en nombre si peu important qu’aucun exemplaire n’est quasiment jamais parvenu à quiconque. Henri Mensonge dont 2 des 3 photos connues (à défaut d’être authentifiées) ont été perdues tandis que la troisième ne représente, de dos, qu’un crâne dégarni. Enquête sur ce personnage… Jubilatoire pour quiconque a approché cette période.

Jean Ajalbert (1863-1947) : Sao Vandi (1905 réédition chez Khaila)

Laos, 1905. Les poubao (jeunes filles) et les pousao (jeune gens) pratiquent la cour d’amour, séparés les uns des autres par des tentures. Mais à qui appartient donc cette voix qui charme tant Sao Vanti ? Lorsqu’elle finit par découvrir qu’il s’agit Khao Somsène, ce jeune homme si séduisant qu’elle a déjà remarqué, c’est pour apprendre qu’il est parti pour plusieurs semaines à la chasse au miel sauvage, dans les montagnes laotiennes. Trompant l’attente, elle parcourt le marché, fréquente la pagode, se réjouit à la fête des lanternes et assiste aux courses de pirogues sur le Mékong. Bien sûr, Khao Somsène reviendra et le jour sera doux comme le coton trempé dans l’huile… J'ai apprécié l'écriture chaleureuse et attachante de ce roman qui traduit à merveille la civilisation traditionnelle laotienne.

Shûsaku Endô (1923-1996) : Silence (1966, Folio Gallimard)

En ce début du 17e siècle, l'inquiétude ronge l'Église portugaise. Après un long siècle durant lequel le Japon apparaissait comme une terre de mission des plus prometteuses, voici que depuis 10 années les chrétiens font l'objet d'une répression des plus féroces. Sans nouvelle de leur père spirituel, dont les rumeurs disent qu'il aurait apostasié, deux jeunes missionnaires décident de partir sur ses traces. Ils débarquent au Japon et tentent de se fondre dans la clandestinité des villageois demeurés fidèles au Christ. Mais leur présence est vite révélée aux autorités nippones qui, plutôt que de les neutraliser purement et simplement, décident d'engager une cruelle disputation théologique au cours de laquelle les arguments de la foi semblent se retourner contre les croyants eux-mêmes pour le grand malheur des fidèles japonais qui font les frais de cette querelle qui les dépasse. J'ai été captivé d'un bout à l'autre par la profondeur de ce récit.

Fred (1931-2013) : Philemon (bande dessinée en 16 albums parus entre 1978 et 2013)

Il existe un monde que vous ne connaissez pas tout en l’ayant sous les yeux à chaque fois que vous parcourez une mappemonde : celui des îles formées par les lettres de l’Océan Atlantique. Philémon, jeune garçon un peu désœuvré, les découvre par hasard en compagnie de son oncle Félicien, un jour qu’en tombant dans un puits, il ressort miraculeusement sur le premier « A » de l’Océan atlantique. A partir de là, une série d’allers-retours improbables entre les deux mondes s’improvise qui mettra par exemple en scène un bateau-théâtre entouré de "crittikaquatics" particulièrement virulents, tandis qu’un peu plus loin un berger rassemble son troupeau de souffleurs. Chaque tome est une effervescence d’inventivités. J'ai adoré cette imagination débridée.

Françoise H

La femme changée en renard de David Garnett


En 1880, Silvia Tebrick et son mari Richard se promènent dans une forêt d'Angleterre.
Une chasse passe.
Silvia pousse un cri.

Quand Richard se retourne, Silvia s'est transformée en renarde au pelage rouge !
Comment Mr Tebrick réagit-il à la métamorphose de sa chère épouse ?

Où l'on apprend, à la fin de cette fable, qu'il parvient, après ô combien de tourments, à préserver le bonheur de son couple mis à mal par les morsures de l'altérité...

Flavia

Les huit montagnes de Paolo Cognetti
Et si nous allions chercher à la source les réponses aux questions qui nous taraudent ?

Si l’on arrêtait de voir le fleuve couler devant nos yeux – nos corps endormis et rigides – si l’on décidait de partir, de nous diriger vers là où tout a commencé ?

Serait-ce beau ?

Comprendrions-nous un peu mieux qui nous sommes, d’où nous venons et pourquoi nous avons envie de nous battre ?

Arrêtons de courir, choisissons plutôt de marcher, mieux, de grimper, de voir le monde avec d’autres yeux, sous une autre perspective. Respirons à pleins poumons, allons chercher les sommets qui s’érigent autour de nos amours, de
nos liens, de tous nos souvenirs. Allons-y, ensemble. Partons à la recherche de nos "huit montagnes".

Manuel

Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar
Le spleen de Paris de Baudelaire
American Darling de Russel Banks

Marguerite Yourcenar imagine les mémoires de l'Empereur Hadrien. Les mémoires sont adressées à Marc. Hadrien vit ses derniers moments. C'est un livre qui m'avait été conseillé et que j'avais lu à l'adolescence. Il y des livres qui vous changent votre manière de voir et d'appréhender le monde et celui-ci en fait partie. Il n'y a pas une page de trop. Ce n'est jamais sur-écrit et de surcroît c'est un récit passionnant de la première à la dernière page. Le livre pour mon île déserte.

American Darling de Russell Banks c'est le destin d'Hanna Misgrave partie au Liberia, revenant aux US et repartant au Liberia. C'est le récit d'une femme confrontée à l'Histoire. J'aime les livres avec des personnages forts qui ont des destins incroyables mêlés à des événements historiques. C'est l'un des livres les plus haletants que j'aie pu lire au groupe lecture. D'une part, on y découvre un pays : le Liberia. D'autre part un dictateur effroyable, Charles Taylor. Enfin un immense écrivain américain : Russell Banks. Le livre est un pavé, mais il est d'une tel richesse, les personnages sont bien campés et les rebondissements nombreux, que je l'avais lu quasi d'une traite. Ce livre, je l'ai choisi ce soir parce qu'il raconte aussi la réalité de la difficulté des Occidentaux à s'installer en Afrique. Il y aura toujours un fossé impossible à combler.

Le Spleen de Paris de Baudelaire, c'est un livre que j'ai étudié au lycée et finalement, avec L'Étranger, c'est le livre que je connais le mieux. Je remercie encore mon prof à l'époque d'avoir choisi Baudelaire. C'est un recueil de poèmes en prose. Il n'y a pas vraiment de point commun entre les poèmes. C'est le livre qui accompagne facilement les insomnies. Qui nous rappelle qu'il est nécessaire de s'enivrer pour oublier le temps. C'est le livre des merveilleux nuages.

Rozenn

Choisir un livre, plusieurs livres, pour le speed booking proposé, voilà qui m'a été bien difficile.

J'ai sorti tant de livres des étagères – et ils ne peuvent plus retrouver leur place, les livres c'est
expansible !

J'ai cherché ce que j'avais envie de partager, mais il fallait les relire. Donc plus le temps passait, plus les livres sélectionnés devenaient courts.

Des Russes, bien sûr !
=> donc, avant tout : de Gogol Le Manteau. Certainement. Lu et relu.
Dostoïevski ? Un livre court ? Lequel ? Le rêve d'un homme ridicule, Une sale histoire, La Douce
Je relis mais… bon… assez avec les Russes !

=> Le Journal de Kafka… non, plutôt Lettre au père. Certainement !
Les livres que j'aime, les auteurs que j'aime, je les ai déjà proposés : Sterne, ou nous les avons déjà lus : Prilepine, Bougalkov, Gontcharov…
Toujours des livres courts : de Quint Effroyables jardins, déjà lu au groupe et qui me déçoit !… la chair est triste et nous avons lu tous les livres…
Lydie Salvayre ; je retrouve : Quelques conseils utiles aux élèves huissiers ! qui complétait La compagnie des spectres.
Bauchau : Diotime et les lions, mais trop court… il n'a justement pas l'ampleur des Bauchau que j'ai aimés, et on a déjà lu Bauchau, et il faut lire en même temps les Journaux.

Chaque livre ouvert en appelle d'autres et c'est autant d'univers.
=> Alors : Swift, à défaut des Voyages de Gulliver : Modeste proposition : Pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. Ce livre est d'un cynisme et qui me ravit !
=> Continuons dans le cynisme avec Cioran, De l'inconvénient d'être né – qui sauve toujours du désespoir, parce qu'il finit par faire sourire.
=> De Kundera, Jacques et son maître : hommage à Denis Diderot en trois actes que je garde, alors que je ne l'aime pas vraiment, surtout pour son introduction.
Et grâce auquel je relis avec délices Jacques le Fataliste. Pour les digressions, pour les adresses au lecteur, pour l'idée de variations, pour le dialogisme, pour la légèreté… et je voudrais relire aussi Tristram Shandy, au moins le début.

=> Une amie me parle de la Lettre à D. d'André Gorz, que je relis avec beaucoup d'agacement  : il me semble qu'il ne parle que de lui et pas d'elle, à peine d'eux deux ! On me dit que nous l'avions déjà lu.

=> Je tombe sur Il a jamais tué personne, mon papa de Jean-Louis Fournier et je ressens la même délicatesse, la même subtilité, qu'à la première lecture.
Et puis après en avoir vu une adaptation par la BBC (encore l'idée de variations), j'ai commencé à lire des passages de Guerre et Paix et j'ai envie d'avoir le temps de continuer.

Je n'ai pas vraiment su choisir
et je ne sais pas "vendre" les livres retenus,
seulement dire :
ils sont si courts, lisez les !…
pour lire ensuite ceux qu'ils appellent, sans fin…

Nathalie B
Onze de Pierre Michon

Danièle

Pas pleurer de Lydie Salvayre
À la recherche de ses propres racines, l'auteure, Lydie Salvayre, raconte une histoire qui se passe essentiellement au moment de la guerre civile espagnole et dont sa mère, devenue maintenant Alzheimer, est le personnage principal. C'est un personnage truculent, qui mêle dans ses propos l'espagnol et le français, qu'elle écorche le plus souvent de manière délicieuse. À partir des souvenirs de sa mère, en partie défaillants, et aussi grâce à un travail fouillé de recherches, l'auteure essaie de perpétuer sa mémoire. 75 ans après, elle évoque les conflits familiaux provoqués par les prises de position opposées des nationalistes, partisans de Franco, et des "mauvais pauvres" qui se rebellent, partisans d'une insurrection libertaire et/ ou communiste. Au milieu de de ces conflits, la grand-mère encore toute jeune, suit son frère José, fervent idéaliste, dans une insurrection organisée et tombe amoureuse … et enceinte d'un Français, qu'elle ne reverra jamais. Ce sera le seul souvenir de sa vie, car ensuite, malgré toutes les péripéties qui jalonneront sa vie, elle ne se souviendra de rien d'autre.
Le grand plaisir de ce livre, c'est la langue et le style qui bousculent le lecteur et mêlent les langues dans un dosage explosif... lire la suite.
Les arpenteurs du monde de Daniel Kehlmann
Les arpenteurs du monde, succès littéraire mondial (traduit dans une trentaine de pays) brosse l'histoire de deux génies scientifiques allemands de la fin du XIXème siècle, Alexander von Humboldt, naturaliste, géographe et explorateur, et Gauss, le grand mathématicien, tous les deux complètement voués à leurs recherches, au point d'en devenir dans la vie quotidienne des monstres d'égoïsme, de goujaterie, voire d'inhumanité. Tout dans ce roman repose sur des faits historiques, les travers particuliers de leur caractère ont été aussi relatés en leur temps. Mais c'est le point de vue de l'auteur qui est novateur et passionnant : la mise en parallèle de deux génies scientifiques, deux arpenteurs du monde, opposés dans leur façon de fonctionner. Deux parallèles qui vont se rejoindre, bien entendu, comme l'aurait prévu Gauss, puisqu'il y aura une rencontre entre ces deux grands savants. Alexander von Humboldt, hyperactif, esprit curieux et inventif, va au bout de ses possibilités physiques et au bout du monde pour poursuivre son but : savoir, inventorier, classer, recenser, mesurer … mais aussi pour le plaisir d'être le premier à livrer ces recherches au monde et plus spécialement aux puissants de ce monde Il n'est pas conscient de vivre dangereusement et ne se glorifie pas de ses aventures, mais en livre des chiffres, un savoir communicable en chiffres, cartes, formules chimiques.

Ses exploits racontés par Daniel Kehlmann se lisent comme un roman d'aventures auxquelles le héros n'attache pas d'importance. Son but n'est pas d'explorer le monde mais de l'arpenter, pour que ce monde se mette à exister vraiment aux yeux de tous: "A présent, le canal existait vraiment" p. 133. C'est l'aube de la recherche scientifique moderne et de ses méthodes d'investigation et de classement, la lutte contre les entraves culturelles et l'ignorance, mais aussi la dépendance des savants à l'égard des pouvoirs politiques en lutte entre eux. Gauss, génie précoce, Prince des mathématiques, surfe sur ses intuitions, il explore le monde de son bureau à travers des formules mathématiques, et s'il est aussi arpenteur, c'est seulement en Allemagne.
Dans ce roman, ou plutôt ce conte à la Voltaire, l'auteur joue le rôle d'un Candide amusé qui décrit de manière ironique et concrète la multitude d'aventures cocasses ou dangereuses vécues par Humboldt ou les déboires de Gauss qui, lui, a horreur de voyager hors de ses frontières.
"Qui des deux est allé le plus loin ?" La question est posée dans l'avant-dernier chapitre de ce conte finalement philosophique
... lire la suite

Claire

Ce que j'aime dans le groupe ce sont les liens...

Quand quelqu'un renvoie dans son avis à un autre livre, spontanément et non par pédanterie, et encore plus quand il renvoie à un livre que nous avons lu ensemble.
Quand des liens sont possibles avec un film ou une pièce dont on voit l'adaptation ; ou encore avec une exposition.
Quand l'année dernière, sans que la programmation en fût délibérée, un lien s'est dessiné au fur et à mesure entre Anima de Wajdi Mouawad, Rue des voleurs de Mathias Enard, Rue Darwin de Boualem Sansal, Le pain nu de Choukri, Les soleils des indépendances de Kourouma... : un lien géographique, mais pas seulement.
Les 4 livres que j'ai choisis et que je présente ensemble ne me semblent pas des "chefs-d'œuvre", mais les lire ensemble est une expérience tout à fait particulière : ils sont en effet à lire par deux. Il s'agit de deux duos d'écrivains qui ont fait un voyage ensemble et qui au retour écrivent chacun un livre dont le matériau littéraire est leur voyage.

En plus, tous deux sont publiés
dans la "Petite Bibliothèque Payot"
La voie cruelle d'Ella Maillart
Toutes deux sont de grandes voyageuses, photographes et journalistes. Ella Maillard avait déjà visité en 1937 l'Afghanistan en autobus... Elles partent toutes deux en voiture en 1939, franchissent ce qui était alors la Perse. À la fin du voyage, rompant le contrat, Annemarie Schwarzenbach retombera dans la drogue.
L'odeur de l'Inde de Pier Paolo Pasolini

En 1961, Pasolini fait un voyage en Inde
avec Alberto Moravia et sa femme Elsa Morante.

Comme pour le duo précédent, les deux diffèrent complètement quant à l'écriture, l'approche du pays, la composition du livre... Et ce qui est surprenant est que, dans chaque duo, l'un des deux mentionne volontiers son compagnon ou sa compagne de voyage (Pasolini, Ella Maillard) tandis que l'autre (Moravia et Schwarzenbach) donne l'impression de voyager seul(e) ! C'est passionnant donc de voir ce que deux écrivains font d'une même expérience.
J'ai donc choisi ces livres pour nous inviter dans le groupe à multiplier les liens tissés entre les livres programmés...

Danièle

Pour qui aime les liens, un thème semble faire mouche, à savoir la confrontation de deux personnalités historiques :

Un tour de table à chaud

Nous n'avons pas entendu toutes les propositions, mais parmi celles que nous avons entendues, quelles sont celles qui nous attirent ?

Annick L Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
Histoire d'une vie
d'Aharon APPELFELD
Valérie Aucun ne m'a donné envie, pas dans ma sphère de lecture.
Françoise H Prière à l'esprit de l'eau de Patricia SARNE
Flavia American Darling de Russel BANKS
Claire Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
Mémoire des cellules
de Marc AGRON
François Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
M Train
de Patti SMITH
Une certaine idée de l’Inde d'Alberto MORAVIA
Nathalie R La femme changée en renard de David GARNETT
Les arpenteurs du monde de Daniel KEHLMANN
Les Onze de Pierre MICHON
Denis Il me faudrait la liste sous les yeux.
Nathalie B Les arpenteurs du monde de Daniel KEHLMANN
Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
L'aveuglement
de José SARAMAGO
Fanny La femme changée en renard de David GARNETT
Les huit montagnes de Paolo COGNETTI
Philemon de FRED
Julius Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
Le fracas du temps
de Julian BARNES
Algèbre : éléments de la vie d'Alexandre Grothendieck de Yann PRADEAU
Geneviève Les arpenteurs du monde de Daniel KEHLMANN
L'enfer d'Alighieri DANTE
Deux messieurs sur la plage de Michael KÖHLMEIER
Silence de Shûsaku ENDÔ
Danièle Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
La femme changée en renard de David GARNETT
Le fracas du temps de Julian BARNES
Monique S Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
Le Seigneur vous le rendra
de Mahi BINEBINE

Mémoires d'Hadrien de Marguerite YOURCENAR
Jacqueline

Mémoires d'Hadrien de Marguerite YOURCENAR
La femme changée en renard de David GARNETT
Sao Vandi de Jean AJALBERT
Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

Manuel Les huit montagnes de Paolo COGNETTI
Le neveu de Rameau de Denis DIDEROT
Dans l'attente de toi d'Alexis JENNI
Les livres d'art présentés par Monique
Brigitte Les Onze de Pierre MICHON
Le fracas du temps de Julian BARNES
Deux messieurs sur la plage de Michael KÖHLMEIER
Ana-Cristina La grande peur dans la montagne de Charles-Ferdinand RAMUZ
Ramon de Dominique FERNANDEZ
Le fracas du temps de Julian BARNES
Rozenn Je suis dans l'incapacité de dire.

 

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