Quatrième
de couverture :
La carrière de Gérard Fulmard n'a pas assez
retenu l'attention du public. Peut-être était-il temps qu'on
en dresse les grandes lignes.
Après des expériences diverses et peu couronnées
de succès, Fulmard s'est retrouvé enrôlé au
titre d'homme de main dans un parti politique mineur où s'aiguisent,
comme partout, les complots et les passions.
Autant dire qu'il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l'a
fait, qu'il est tombé là par hasard, c'est oublier que le
hasard est souvent l'ignorance des causes.
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Jean Echenoz
Vie de Gérard Fulmard
Le
groupe de Tenerife a lu ce livre en juin 2020.
Nous avions
lu Envoyée
spéciale en 2018,
Je
m'en vais en 2000, Cherokee
en 1990 et Ravel
en
2006, lu
également en
2018 par le nouveau groupe parisien.
José Luis
Autant j'avais aimé son de Jean Echenoz 14,
sur la "Grande Guerre", que j'avais lu dans un bonheur absolu
de la première à la dernière ligne, autant la lecture
de cette Vie de Gérard Fulmard m'a profondément agacé
du début à la fin. Celui-là m'avait paru un chef-d'uvre ;
celle-ci, un livre médiocre, ou, en tout cas, un texte très
mineur. Il se peut bien que :
a) mon amour du premier s'explique par mon admiration pour le très
réussi exercice d'écriture flaubertienne qui y était
à l'uvre, étant moi convaincu que l'uvre de
Flaubert est "le comble de l'art"
b) mon jugement à l'emporte-pièce concernant le second se
fonde, inconsciemment, sur le peu d'intérêt que suscite en
moi le roman noir.
Toujours est-il qu'en lisant ce livre, je me suis ennuyé. J'ai,
naturellement, abstraitement admiré la technique de l'auteur et
j'ai entrevu le malin plaisir qu'il a sans doute eu à jouer et
déjouer avec les codes du genre. Parce que tout y est, évidemment,
mais avec une distance bien soulignée, pleine d'ironie et d'humour
noir. C'est comme si, à tout instant, Echenoz, s'adressait au lecteur,
pour lui dire : "Et maintenant, pour rester fidèle
à la grammaire du polar, il doit se passer ceci. Vérifions
ensemble si cela marche". Ce n'est finalement qu'une parodie
du genre, quoi qu'il en soit des faits très réels qui sous-tendent
le récit. Une parodie et, peut-être, un travail alimentaire.
Mais, j'insiste, je n'ai pas marché. À aucun moment.
Nieves
C'est une lecture que je vais certainement oublier dans quelques jours.
Elle a tous les ingrédients d'un polar : un détective
privé (Gérard Fulmard), une morte découverte par
hasard dans un cagibi dont on ne connaît jamais l'identité,
une morte à cause d'une attaque de requin (Louise Tourneur), une
disparition déguisée d'enlèvement (celle de la secrétaire
nationale du parti Fédération Populaire indépendante,
revenue chez elle dans l'indifférence la plus absolue). Cependant,
tous ces épisodes typiques du genre polard sont ici traités
sur un ton railleur.
D'abord, les personnages me semblent tous des caricatures, des stéréotypes
des riches, des personnages bien placés dans la société
parisienne, qui habitent des quartiers surveillés par des gardes
du corps, des gens qui vivent dans un univers hors mesure (des voitures
et des maisons de luxe dans une enclave fortifiée et surveillée,
des gardes du corps, des vacances exotiques), tous sauf Gérard
Fulmard dont la maladresse et la naïveté peuvent le rendre
des fois sympathique ("je
ressemble à n'importe qui en moins bien", autrement
dit : "je dispose
de fort peu d'atouts, peu d'avantages ni de moyens").
À mon avis il a, en effet, un côté plus humain que
les autres comme détective nul, manipulé par la seule personne
qui devrait l'aider, M. Bardot, son psychiatre.
D'autre part, je trouve que l'intrigue est une excuse pour faire un jeu,
jeu avec cette bande de marionnettes que l'écrivain manipule avec
détachement, jeu avec les épisodes qu'il décrit de
la rue Erlanger, enrichis avec la chute du satellite soviétique.
Pourtant, rue Erlanger mise à part, il décrit aussi très
minutieusement la rue Javel, rue Boucicaut, une tour du Front de Seine
ou une partie de Pigalle, donc, autant de vrais endroits de la ville.
Les lieux existent et sont réels, on dirait qu'il leur accorde
plus de protagonisme (descriptions minutieuses s'attardant des fois dans
le style architectural du lieu : rue Javel, par exemple), qu'aux
personnages, ceux-ci devenant ainsi encore plus anodins.
Pour conclure, j'ai eu le sentiment de lire un scénario tout prêt
à être filmé ou dessiné en BD, un scénario
non dépourvu d'un certain esprit critique envers la classe politique,
les moyens de communication et un mode de vie apparemment très
puissant mais en réalité dérisoire. Le parti où
milite cette tribu de nantis n'existe que pour les luttes intestines de
ses membres, capables de tuer un des représentants (ici la secrétaire
générale), rien que pour gratter un peu plus de pouvoir
dans le parti, qui d'autre part, n'a aucune envergure politique.
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