Livres évoquant l'art
Nous avons préparé
(dans le plus grand secret...) pendant
l'été 2019
notre choix et, lors
de la séance de rentrée de septembre,
nous avons chacun présenté un ou plusieurs livres ayant
pour thème lart.
CLIQUEZ pour
découvrir qui a présenté quoi :
Ana-Cristina
Anne-Marie Annick L
Audrey Catherine
Chantal Christine
Cindy Claire Claude
Danièle Denis
Édith Etienne
Fanny Faustine
François Françoise D
Françoise H Jacqueline
Jean Lina Lisa
Manon
Manuel Marguerite
Marie-Odile Marie-Thé
Monique L Monique M
Nathalie B Nathalie R
Rozenn Séverine
Suzanne Valérie
Yolaine
(37 lecteurs des trois groupes
Voix au chapitre)
Les
17 lecteurs de l'ancien groupe : Annick L
Catherine Claire
Danièle Denis
Etienne Fanny
Françoise D Jacqueline
Lisa
Manon Manuel Monique L
Nathalie R Rozenn
Séverine
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J'espère que vous
allez bien et que vous profitez du vin et du fromage qui se trouveront
sûrement sur la table ce soir la quasi absence de fromage
ici est un peu dure à vivre pour la cheese addict que je suis !
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Lorsque le livre Charlotte,
de David Foenkinos, est sorti, nous en avons tellement entendu parler
que je l'avais glissé dans ma liste de lecture, mais sans
enthousiasme. Les choses dont on finit par trop parler ne me donnent
aucun envie de les vivre...
La programmation de cet été m'a fait penser à
ce livre et je me suis dit : pourquoi pas ! Et j'ai eu
raison : je ne connaissais rien à la vie et à
l'uvre de Charlotte Salomon et après le livre j'ai
eu envie de tout voir, tout savoir sur ce personnage si fort !
Tout au long du roman se pose la question de sa supposée
folie et la notion de frontière entre folie et génie
m'a toujours intéressée pour paraphraser
Kanye West,
interrogé il y a peu à ce propos du fait de sa bipolarité :
"si on dit cette uvre est folle, c'est qu'on sous-entend
bien que celui qui l'a créée l'est aussi !"
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J'ai relu Nos
richesses de Kaouther Adimi : il s'agit de la vie d'Edmond
Charlot, libraire à Alger mais pas seulement, pendant l'Algérie
française et la guerre d'Algérie.
Relu car la première fois j'étais trop envahie par
l'émotion, trop fascinée pour tout voir, tout saisir !
Je reste en extase devant ce livre ! On y croise Saint-Exupéry,
Camus... On y comprend beaucoup de choses de l'Algérie d'aujourd'hui,
on se rend compte que la France a laissé tomber cet homme
dans l'oubli et que cette auteure algérienne le fait revivre
pour toujours ! Bref, on adore !
Si je devais vous supplier
de ne programmer qu'un seul livre il s'agirait de Nos richesses,
j'ai rarement lu de livres qui m'ont autant marquée !
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Un livre en amenant un autre, j'ai également lu Les
passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui. Il s'agit
d'un reportage à distance impossible de rejoindre
Daraya pour l'auteur sur la création d'une bibliothèque
en pleine guerre syrienne. L'auteure essaie de faire la part des
choses entre ce que nous savons, nous Occidentaux, de ces gens terroristes
selon le régime et des alliés et ceux
qu'ils sont vraiment des rebelles souhaitant goûter
à la liberté et le faisant à travers les livres.
Il revient souvent l'idée qu'avant la guerre ils ne lisaient
pas, les livres étaient ceux contrôlés par le
régime et qu'avec la guerre ils ont pu avoir accès
à des livres interdits, découvrir la littérature
et s'évader de leur enfer grâce à elle. Un reportage
très intéressant !
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Autre style, une plongée dans le 7e art avec Tu
t'appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider : il
s agit ici plus d'une histoire de famille qu'une biographie de Maria
Schneider puisque l'auteure est en réalité la petite
cousine de la comédienne. Très difficile à
définir, très difficile d'émettre un avis.
Nous apprenons beaucoup sur le destin terrible de l'artiste mais
aussi sur les années 70-80 la drogue, les grandes
stars hollywoodiennes, le mouvement hippie, l'ultragauche française...
On croise Brando, bien sûr, mais aussi Patti
Smith que le club lecture connaît bien ! Le véritable
intérêt du livre vient, selon moi, du fait que j'ai
lu ce livre après le mouvement #metoo et tout ce qui s'est
ensuivi, notamment dans le monde du cinéma. Cela donne une
force encore plus grande au récit sur Maria Schneider.
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Sigma
de Julia Deck, sur lequel je ne m'étendrai pas, c'est un
1984 un peu raté : l'art est subversif, nous
devons donc le contrôler grâce à des espions
qui suivront des personnalités du monde de l'art et tenteront
de les influencer selon nos desiderata.
Bon, honnêtement, ça n'a pas fonctionné pour
moi. J'ai trouve ça long, complexe et j'ai envie de dire :
tout ça pour ça..., on passe !
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J'adore Maylis de Kerangal et j'étais vraiment enthousiaste
à l'idée de me plonger dans le monde de la peinture
de décor avec Un
monde à portée de main.
Pour les descriptions des marbres, des bois, du travail des artistes,
cela vaut 1000 fois le détour ! L'écriture de
la reproduction de la grotte de Lascaux est une prouesse.
Malheureusement, toutes ces descriptions sur l'art sont parasitées
par l'histoire des personnages que j'ai trouvée longue et
sans grand intérêt ! Il n'y a finalement pas assez
d'art dans ce livre !
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On ne présente plus Michel Pastoureau et ce n'est pas galvaudé !
J'ai adoré Bleu
: histoire d'une couleur !
Tout savoir sur la couleur bleu, ses symboles, sa place dans la vie
quotidienne, dans l'art... : vraiment très intéressant,
car bien écrit et accessible pour les profanes ! A lire ! |
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Manet,
le secret de Sophie Chauveau : j'ai choisi ce livre en
premier, car Manet est l'un de mes peintres préférés,
et même l'un de ceux que j'ai aimé dès mon adolescence.
Plus tard, j'ai appris qu'il était subversif, sans que je comprenne
pourquoi. Ma première découverte, avec cette biographie
romancée, c'est que Manet ne comprenait pas non plus ce qu'on
trouvait de subversif dans son uvre, lui qui estimait peindre
la réalité, sans plus... et ce fut un très grand
plaisir de partager avec lui cette incompréhension. En fait
ce livre, mieux que n'importe quel cours de l'école du Louvre,
m'a fait comprendre son état d'esprit, et montre comment sa
biographie, son secret - que je ne vous dirai pas-, a eu une influence
sur son uvre. Pour moi qui ne lis jamais de biographie, à
part celles de Stefan Zweig, ce fut une découverte, non seulement
de littérature, mais aussi d'histoire de l'art. La lecture
a ravivé tous les tableaux de lui que j'aimais. Et surprise !
je me suis intéressée pour la première fois à
la guerre de 1870 contre les Prussiens, grâce aux descriptions
réalistes de ces événements.
Je ne suis pas sûre que ce livre soit un livre pour le groupe
de lecture, mais plutôt un livre pour ceux qui aiment ce peintre
et l'histoire des idées. |
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Je
n'ai donc pas hésité à choisir de nouveau une
biographie d'un peintre que j'aimais, avec Les
démons de Jérôme Bosch d'Alexandra Strauss
a choisi de pénétrer, sans doute de manière très
romancée, dans l'atmosphère familiale, religieuse et
rigide, et dans les rêves de Bosch, censés se développer
sous cette influence. La peur de l'enfer, présente toute sa
vie, est expliquée ainsi de manière très crédible.
À travers les descriptions de ses rêves ou de ses fantasmes,
l'amateur de ses peintures reconnaîtra dans le détail
les figures familières de ses tableaux sans que ce soit explicitement
mentionné. La fin traîne un peu en longueur, mais sans
empêcher de garder un souvenir positif de cette biographie,
qui, j'allais oublier de le dire, est supposée être narrée
par son épouse, femme de lettres érudite de l'époque.
Une belle promenade dans l'univers de Bosch. |
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Les
Onze de Pierre Michon
Désolée, mais je n'ai pas pu entrer dans ce livre.
En sautant le début, j'ai pu être happée par
quelques tournures, mais décidément non, je n'ai pas
pu prolonger ma lecture, malgré de multiples essais. Certes,
j'ai vaguement pensé parfois à du Pascal Quignard,
mais sans son souffle. Je ne conseillerais à personne ce
livre. J'attends qu'on m'en donne la clé.
Jai un vague souvenir de Vers
la beauté de David Foenkinos, lu au début
des vacances. Je ne comprends pas comment on peut parler de "roman
puissant qui vous dévore" (4e de couverture). Je
parlerais plutôt dune aimable lecture, un genre de thriller,
sur une idée qui aurait pu être puissante: un professeur
de lécole des Beaux-Arts qui décide de tout
quitter pour un poste de gardien de musée.
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On
ny voit rien
de Daniel Arasse
J'ai beaucoup aimé ce livre, lu il y
a longtemps déjà.
C'est une conversation entre Daniel Arasse, l'historien d'art bien
connu, et une jeune fille, Carla, sous forme d'essais.
Si l'on passe le côté un peu didactique et le ton parfois
un peu supérieur de cet homme érudit, on a plaisir
à prendre un cours de lecture d'images.
Apprendre à voir une uvre d'art, c'est le but de ces
essais et je trouve que ce n'est pas rien. J'ai beaucoup appris.
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Je crois bien
que les " livres de l'été " me posent problème...
sans prescription précise, la thématique se révèle
large et en réfléchissant, certains incontournables-à-mes-yeux
ont déjà été lus.
J'ai donc pris l'option facile de me procurer deux
livres proposés lors du "speedbooking"
:
-
Le
fracas du temps de Julian Barnes sur les rapports entre
l'art et l'État : j'ai commencé à le lire avec
plaisir, mais plus j'avançais et plus je me suis demandé
pour quelle raison je m'imposais de lire ça ! J'avais l'impression
de me torturer volontairement alors que c'était un si bel
été. Que pouvait m'apporter un livre aussi sombre
sur les rapports entre la création et la subordination à
un état totalitaire et autoritaire, abscons et violent ?
Combien de livres avions-nous déjà lus sur ce thème
? Quelle différence ? Un artiste plutôt qu'un autre
? Soumis à l'autorité pour pouvoir continuer à
créer ? Je ne crois déjà pas beaucoup en l'espèce
humaine et quel espoir pourrait me procurer cette lecture ? J'ai
donc laissé tomber ! Et si je ferme, ce n'est pas pour une
absence de qualité mais bel et bien parce que j'en ai assez
de m'imposer des lectures aussi négatives.
Je me suis donc repliée
sur un premier roman qui avait eu un écho très chaleureux
lors du speed-booking. Las, si l'idée était intéressante
de prime abord, le contenu m'a laissée sur ma faim.
- Mémoire des cellules de Marc Agron : Un homme intrigué
par un aquarium recelant de l'eau trouble et puante, décide
d'interchanger la notice explicative originale par celle qu'il a
conçue dans une tonalité tout aussi absurde et insignifiante
(au sens propre). Il observe ensuite les visiteurs qui s'arrêtent,
lisent et repartent sans percevoir la supercherie. Il se met en
quête de l'artiste qui a conçu l'uvre et en tombe
follement amoureux.
Je pense que le propos est intéressant mais qu'il n'est pas
du tout approfondi et que pour certains, il porte des évidences.
Il aurait fallu aller plus loin, et pour moi, ne pas créer
ce deuxième fil amoureux. Bref, je ferme, non par manque
de respect pour l'écrivain mais juste parce que je me suis
ennuyée ferme et que je n'ai rien appris et encore moins
vibré !
J'ai alors pris au hasard un autre roman, Mr
Gwyn d'Alessandro Baricco, et j'ai eu beaucoup de plaisir
à le lire (de toute façon, je suis une inconditionnelle
de Baricco).
C'est l'histoire d'un écrivain qui envoie à un journal
célèbre les 52 choses qu'il ne fera plus jamais, dont
celle d'écrire. Mais qu'est-ce qu'un écrivain qui
n'écrit plus ? Très vite, il réalise qu'il
lui est nécessaire de poursuivre ce qu'il est "écrivain"
et il se met en tête de réaliser des "portraits"
artistiques picturaux, mais sans matière autre que celle
de son regard. Il se met en tête de trouver et organiser un
lieu unique dans lequel il fait entrer son modèle, une femme
qui ne correspond en rien aux critères de beauté canoniques.
C'est un livre très beau, très poétique qui
ouvre notre imaginaire. Je l'ouvre aux ¾ simplement parce
qu'aux deux tiers du roman, la tension retombe et met en place une
sorte de flottement.
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Je n'ai rien lu pendant l'été,
excepté un livre d'un mathématicien que j'ai trouvé
amusant (des goûts et des couleurs...), L'art
de ne pas dire n'importe quoi de Jordan Ellenberg. Il
traite, avec la précision que permettent les chiffres, des
questions qui nous étonnent, par exemple : observant qu'un
tirage de 6 chiffres au loto a été identique deux semaines
de suite, cela implique-t-il tricherie ? Autrement dit, des événements
surprenants et très peu probables sont-ils pour autant impossibles ?
Comment peut-on les interpréter sans dire trop de bêtises ?
Quant au thème proposé pour cette rentrée, j'avoue
qu'il m'a laissé assez sec. Le seul livre
qui soit revenu dans mes souvenirs, à part Dorian
Gray, ou Le
Chef-d'uvre inconnu de Balzac, ou encore Edgar Poe (Le
portrait ovale), est : Je
m'appelle Asher Lev de Chaïm Potok (1929-2002). Le
personnage, qui est aussi le narrateur, est un Juif très doué
en dessin, mais du fait de l'interdit religieux de la représentation,
s'ensuit un conflit ; se pose la question de la peinture abstraite,
celle de l'image de la femme nue. C'est un livre très intense. |
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Pour jouer à
l'intellectuel, je pourrais dire que ce qui m'intéresse dans
les rapports entre l'art et la littérature, c'est l'expression
par un autre langage. Comme par exemple Lolita
de Nabokov au cinéma. Et le livre du mathématicien
Ellenberg me fait cet effet, si l'on veut bien considérer la
modélisation mathématique comme un art.
De retour chez moi, où je mets des livres en cartons pour cause
de peinture (moi aussi), voilà-t-il pas qu'il me tombe sous
la main un vieux numéro de la revue
Europe intitulé "Jazz et littérature".
Or je suis grand amateur de jazz depuis xxx années, et je lisais
Kerouac il y a peu, dont le style est réputé jazzy.
Echenoz, que j'aime beaucoup comme écrivain, expose dans la
revue Europe son rapport au jazz : ça ne m'étonne
pas de lui. Cherokee est un thème de jazz bien connu,
qui a donné lieu à des variations hallucinantes par
Charlie Parker et Dizzy Gillespie.
Comment se fait-il que je n'aie pas fait ce rapprochement avant la
réunion ?
J'ouvre aux ¾ Potok, et c'est un livre que je propose de lire
dans le groupe. |
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Le
thème de l'été m'a perturbée et j'ai eu
beaucoup de mal à choisir un livre. Je m'y suis mise il y a
deux semaines et suis allée chez mon libraire dont j'ai suivi
les conseils. |
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Le
bleu du lac
de Jean Mattern : il s'agit d'une musicienne très célèbre
dont l'amant est mort. C'est un très beau livre qui se déroule
pendant le trajet qui la conduit au lieu des funérailles.
Il s'agit d'un monologue intérieur sur la mort, sa célébrité,
ses concerts, son amant, etc. Je propose ce livre au groupe, notamment
pour la semaine lecture.
Station
eleven d'Emily St. John Mandel est un roman post-apocalyptique
où une petite troupe itinérante joue du Shakespeare.
La civilisation a été presque anéantie par
une grippe foudroyante. Les survivants, 20 ans après, s'organisent
comme ils peuvent, sans électricité, sans pétrole.
On suit une troupe itinérante qui considère l'art
comme leur seul espoir parce que "survivre ne suffit pas".
J'ouvre en grand !
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J'ai ensuite choisi la facilité avec
une biographie : La
veuve des Van Gogh de Camilo Sánchez.
On suit ici la veuve de Van Gogh, qui a ensuite cohabité
avec Théo. L'ambiance n'est pas joyeuse. La vie n'est pas
simple pour cette femme. On découvre comment, après
la mort des deux frères, elle s'est battue pour essayer de
faire reconnaître l'uvre de feu son mari. C'est romancé,
j'ouvre à moitié, le sujet m'intéressait, mais
c'est assez plat et j'ai eu du mal à rentrer dans le livre.
J'ai voulu en savoir plus sur Hemingway et ses quatre mariages.
Bien
que l'homme soit plus que décevant, j'ouvre
Mrs Hemingway de Naomi Wood aux ¾.
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Rien n'est noir
d'Anne Berest raconte l'histoire de Frida Kahlo et de Diego Rivera.
Je ne connaissais rien à leur histoire. j'ai été
déçue. j'entends toujours parler de Frida Kahlo, icône
féministe. Ce livre m'a montré une femme amoureuse,
capable de tout pardonner par amour, même les humiliations,
les tromperies. Ce n'est rien qu'une pauvre meuf amoureuse.
Rozenn
Pléonasme !
Annick
L
Elle a créé quand même...
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Virginia
d'Emmanuelle
Favier,
sur Virginia Woolf, parce que pseudo poétique, m'a bien déplu.
Le livre ne traite que l'enfance et l'adolescence de Virginia.
J'ai aimé l'ambiance pesante et froide. J'ai été
transportée dans le Londres victorien.
Mais l'écriture m'a gênée.
J'ouvre
quand même à moitié.
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Jolis
jolis monstres de Julien Dufresne-Lamy
est un roman sur les drag-queens et l'art, donc, du transformisme.
Une drag-queen raconte son histoire, des débuts de la scène
drag à New York pendant les années 80 et 90.
Les soirées, les fêtes, la démesure, mais aussi
l'apparition du VIH, le "cancer gay", les meurtres.
Depuis la soirée, j'ai fini le livre qui est un immense coup
de cur et que j'ouvre en grand !
Le roman est construit comme un dialogue entre deux personnes, le
"tu" est souvent utilisé pour de longs monologues.
Cela m'a gênée au début mais je m'y suis habituée.
COUP
DE CUR
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Le
premier livre auquel j'ai pensé est
Le temps où nous chantions
de Richard Powers, mais je voulais découvrir autre chose,
et je te le laisse Manuel...
Art de Yasmina Reza est une construction intellectuelle.
C'est une lecture intéressante, qui traite du rapport à
l'art dans une approche assez sociologique. Il s'agit de ce que
peut représenter l'investissement d'une uvre d'art
d'un point de vue financier, mais également affectif. Cela
traite également de l'image de soi et du rapport aux proches.
Malgré l'intérêt porté à cette
pièce de théâtre, j'avais envie de présenter
une lecture qui ait une portée plus "affective".
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Lorsque
j'étais
une uvre d'art
d'Éric-Emmanuel Schmitt :
un homme
est transformé en uvre d'art, c'est TRÈS MAUVAIS
!
L'auteur a parfois tendance à surfer sur sa
notoriété et produire des romans accrocheurs mais
de piètre qualité, à d'autres moments il sait
faire preuve de créativité et susciter les émotions.
Pour celui-ci, je n'ai pas ressenti d'empathie pour le personnage
principal, seulement du malaise face à sa transformation
physique. J'ai trouve l'intrigue mièvre et le style quelconque.
J'ai fait comme Lisa et suis
allée fin juillet chez mon libraire.
J'ai donc lu Le
chardonneret de Donna Tartt (la bouteille de vin que j'ai
apportée a elle aussi un chardonneret...). C'est un pavé,
mais les pages se tournent toutes seules. Il y a bien quelques longueurs.
Le jeune personnage est avec sa mère dans une expo quand il
y a un attentat, sa mère meurt. Sur une impulsion, il vole
le tableau "Le
Chardonneret". Ce tableau le poursuit jusqu'à sa vie
d'adulte. Un autre rapport avec l'art est sa vie chez un vieux monsieur
antiquaire. Passion qu'il partage avec lui. C'est un vrai plaisir
de lecture : j'ai plongé dans le fil narratif tout du long.
À certains moments, le tableau reste à l'arrière-plan,
on pourrait presque croire qu'il va disparaître du roman. En
tant que lectrice, j'ai trouvé cela un peu dommage, j'aurais
aimé aussi que le rapport du personnage principal au tableau
soit parfois plus présent. Mais je pense en fait que cela reflète
sa vie, au cours de laquelle ce tableau l'accompagne, mais de manière
plus lointaine. Dans les dernières pages, je trouve que le
rapport à l'uvre d'art se déploie pleinement. |
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Un
monde à portée de main
de
Maylis de Kerangal :
je ferme ce
livre
qui a déclenché un ennui profond.
Même manque d'enthousiasme
pour
Vers
la beauté de David Foenkinos
J'ai
lu ce livre il y a un peu plus d'un an.
Je me souviens avoir pris du plaisir, mais il ne m'en reste absolument
rien aujourd'hui.
Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive avec les
romans de Foenkinos.
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Le
thème m'embarrassait. Il est vaste ; je crois qu'il vient
de notre lecture de Houellebecq, que j'avais très présent
à l'esprit notamment dans ma lecture d'Aragon.
Il y a aussi un art de la lecture que nous pratiquons ici.
Avec Une
culture générale de la peinture d'Anne Kieffer,
je me suis un peu cultivée sur l'art préhistorique,
l'Antiquité et la Renaissance ! La peinture est pour moi
plus abordable que la musique mais je préfère me cultiver
en lisant des romans !!!
J'ai lu aussi un roman policier avec pour personnage une fille de
peintre, mais j'ai oublié le titre et l'auteur...
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Quand nous avions lu Éric
Vuillard, j'avais beaucoup aimé Tristesse
de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody.
Et j'ai donc lu Rosa
Bonheur et Buffalo Bill, une amitié admirable
de Natacha Henry : c'est très documenté,
avec une écriture factuelle, sans point de vue.
Mais ça vaut le coup de le lire pour cette rencontre réelle
et étonnante.
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Après
Constantinople, de Sophie Van der Linden, est un très
joli et assez court roman d'une auteure spécialiste en arts
visuels.
Elle dépeint avec un vrai bonheur et par petites touches
sensibles paysages et situations : le héros est un peintre
qui voyage en orient au 19e siècle. Venu de France, il quitte
Constantinople, où son séjour pourrait figurer dans
la correspondance de Flaubert ! Il abandonne ses compagnons
pour retrouver les secrets d'un vêtement local séduisant.
Un peu comme le psychiatre Clérambault
qui lui aussi aimait les étoffes.
C'est alors une véritable aventure dans un monde isolé
et dangereux où règne une étrange reine noire...
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La
mise à mort d'Aragon, c'est le livre dont j'aurais
aimé vous parler. |
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C'est l'art du roman qui est le sujet de ce
livre, l'avant-dernier roman avant la mort d'Aragon. Ce livre est
une somme sur l'histoire du roman depuis ses origines, avec des
jeux de miroirs entre l'auteur, son personnage romancier Anthoine
Célèbre et le personnage que ce dernier a créé,
sans compter évidemment la femme que chacun aime... C'est
aussi un kaléidoscope, avec des informations historiques
sur le roman, trois nouvelles récentes construites comme
des romans de diverses époques, les souvenirs prêtés
au personnage et qui pourraient être ceux d'Aragon :
un jeune médecin pendant la guerre de 14... les obsèques
officielles de Gorki dont le récit vaut son pesant d'or...
Le titre "la mise à mort " :
- s'agit-il de celle du romancier ?
- s'agit-il de celle du roman ? (on est à l'époque
du nouveau roman)
- s'agit-il de celle du personnage ? (autre référence
au nouveau roman) mais effectivement le personnage auteur et le
personnage qu'il a créé envisagent bien de s'entre-tuer...
Pas simple mais très intéressant.
J'ouvre à moitié, ou aux 2/3...
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J'ai été
un peu embêté par le thème. Je ne savais pas véritablement
de quel côté attaquer le sujet. J'ai commencé
par faire quelques recherches sur internet, mais l'impression de tomber
systématiquement sur cet énorme fond de commerce qu'est
la biographie de peintre, ce dont j'ignorais l'existence, m'a un peu
découragé (comment choisir ?). J'ai donc moi aussi
recouru au libraire qui a eu l'air assez décontenancé
et après presque une heure de discussion je suis reparti avec
Tout
ce que j'aimais et Ravel
sous le bras pour me rendre compte en rentrant que le groupe les avaient
déjà lus. Caramba, encore raté !
Mathias
Enard m'est ensuite tombé dans les mains par pur hasard
en pleine rue, puis motivé par le challenge de la lecture d'un
essai, je me laissai tenter par celui de Kandinsky.
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Tout
ce que j'aimais de Siri Hustvedt
N'ayant jamais rien lu d'Hustvedt, je dois avouer que j'étais
assez curieux de découvrir son univers, puisqu'il paraît
qu'elle règne en maîtresse sur le roman psychologique.
Il en résulte finalement un récit qui se lit très
bien, mais assez inégal toutefois. De notables efforts sont
fournis pour expliquer le processus de création artistique
et surtout l'interprétation d'une uvre d'art moderne
via le travail de Bill. Cependant plusieurs points m'ont dérangés :
tout paraît un peu trop factice, les deux couples inséparables :
l'universitaire/l'artiste maudit ; un peu comme dans un film
hollywoodien, chacun est dans une case. Ensuite, mais c'est plus
un souhait personnel, j'aurais aimé ressentir le processus
de création "de l'intérieur", avec Bill.
Finalement, le roman prend son envol dès qu'il vire au thriller
psychologique à sa moitié. Sur cette seconde partie,
j'ouvre aux ¾ car j'ai rarement lu un portrait de sociopathe
aussi réussi et glaçant. Mais on est un peu hors sujet
par rapport à l'art non ?
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2/3Une
réussite indéniable que ce Ravel
d'Echenoz.
Quelle délectation que ces éclairages
inattendus sur da priori insignifiants détails de vie
et qui progressivement vous dépeignent magistralement une
existence.
Tout cela est en plus saupoudré dhumour subtil, que
demander de plus ?
Eh bien peut-être dans notre cas, plus de lien avec le processus
artistique. Véridique ou pas, cest la seule chose qui
a eu du mal à passer : oser la comparaison entre le
sanguin boléro et des bruissements de machine d'usine ma
rendu un peu sceptique. Ce livre aurait pu sappeler Clemenceau
ou Suzanne
Lenglenn, il aurait été écrit de la même
façon...
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1/3
ou 1/4 Sigma
de Julia Deck
Un roman un peu loufoque qui ne semble pas du
tout se prendre au sérieux et où le banquier suisse
est un caricature de banquier suisse, la galeriste une caricature
de galeriste, le scientifique de renom une
Et où tout le monde espionne
son voisin pour le compte dune mystérieuse organisation
secrète dont le but ultime est de neutraliser les uvres
dart qui pourraient éveiller spirituellement la foule
et la subvertir (tremblez !).
Une écriture truculente, mais un manque criant de profondeur
et de surprise. Idéal pour un vol en jet Paris-Zurich.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
de Mathias Enard
Le chouchou de ma liste, trouvé
dans une boîte à livres en bonus.
Il s'agit d'une courte exofiction de la période de la vie
de Michel-Ange au moment où le sultan Bayazid II lui proposa
de concevoir les plans d'un pont reliant Constantinople à
la Corne d'or alors que le peintre n'est plus dans les petits papiers
du pape Jules II.
Tout y est : les doutes de l'artiste, la panne d'inspiration,
la vanité, la lumière qui surgit enfin.
Le tout dans une ambiance orientale érudite et enivrante
très réussie.
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1/2
ou 1/3
Du Spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier
de Wassily Kandinsky
Un livre beaucoup plus difficile d'accès
que je ne le pensais. Kandinsky est inspiré et a beaucoup
choses à dire sur son travail et l'art en général.
Mais
il y a un problème de compréhension pour
moi, ce n'est pas du tout didactique. Que veut-il dire par "extériorité",
"intériorité", "concentrique",
"excentrique" en parlant des couleurs ? Il y a beau
y avoir de jolis schémas, cela reste assez cryptique. Le
jaune est une couleur "aiguë" et, tiens !, le
cri du canari qui est jaune est aussi aigu. Je caricature, mais
en fait nous sommes dans le domaine du ressenti et l'absence de
notes explicatives de bas de page se font cruellement ressentir.
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Venise
à double tour de Jean-Paul Kauffmann
(un livre pourtant lu cet été que j'avais oublié
d'évoquer et qui, cité pendant la soirée, m'est
revenu en mémoire)
Mi-essai mi-enquête, Kauffmann narre
ses quelques mois obsessionnels à Venise où il essaya
méthodiquement de se faire ouvrir des églises fermées
au public auprès de la curie vénitienne. Nous sommes
assez rapidement prévenus, il sagit dun MacGuffin
où sentremêleront le questionnement de son rapport
au sacré et de sa foi, lépineuse question de
la gestion du patrimoine religieux et plus largement notre rapport
aux inévitables ravages du temps (quel meilleur symbole que
Venise ?). Cela ma beaucoup plu et donne évidemment
furieusement envie darpenter les venelles de la cité
lacustre, accompagné de Corto Maltese par une journée
brumeuse.
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Moi non plus je n'avais
pas très bien compris ce qu'il fallait lire. Et puis à
la librairie
ICI (boulevard Poissonnière), ce
petit livre sur Rothko m'a sauté aux yeux et s'est imposé
à moi. |
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Il faut dire que j'ai eu cette chance d'habiter
à Houston et de découvrir la chapelle
qui porte son nom et qui renferme huit toiles qu'il a créées
spécialement pour cette salle octogonale, construite selon
ses instructions :
Et je dois dire que ce fut une véritable révélation
pour moi qui ne suis pas a priori très sensible à
l'abstrait. J'y suis retournée une fois et si ce n'était
pas si loin donc si cher j'y retournerais
tous les ans, ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut
ressentir dans un musée.
J'ai vu une exposition
à la Tate. Rothko
a été influencé par Matisse et par son éducation
religieuse. La prégnance de la couleur s'inscrit dans une
démarche mystique. Dans la chapelle, les noirs ne sont pas
des noirs, il faut s'en imprégner et découvrir la
couleur selon l'éclairage qui vient d'en haut. Rothko
a fait partie du mouvement colorfield.
Concernant le livre, il a le mérite de faire comprendre la
démarche de Rothko et de bien parler de la chapelle que tout
le monde n'a pas les moyens de visiter. Mais j'aurais souhaité
que l'auteur s'efface plus.
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J'ai été perturbée
aussi car, me centrant sur la peinture, je ne voulais pas lire de
biographies, ni de critiques d'art qui m'ennuient. J'avais pensé
au Chardonneret
et également à À
son image de Jérôme Ferrari dont le personnage
est une photographe.
J'en ai lu deux qui proposent des approches
vraiment originales.
Le premier c'est Dans
l'attente de toi d'Alexandre Jenni, présenté
par Fanny lors du speedbooking
que l'ai lu avec beaucoup d'intérêt. Son approche sensuelle,
très subjective (le regard comme une façon de toucher)
de la peinture et des peintres (de Bonnard au Titien en passant
par Bacon, en s'appuyant sur de nombreuses reproductions), m'a permis
de redécouvrir certaines uvres, pourtant bien connues,
voire de commencer à apprécier certains peintres que
je n'aimais pas du tout comme Picasso. Mais j'ai vite été
lassée par l'alternance de ces chapitres avec ceux qui sont
consacrés à l'érotisation du corps de La femme
aimée. Le procédé m'a paru trop systématique !
J'ai donc plutôt retenu ce petit livre de
156 pages paru chez Actes Sud, au titre intriguant, L'affaire
Arnolfini : les secrets du tableau de Van Eyck de Jean-Philippe
Postel. En couverture, une reproduction en couleur du célèbre
tableau de Jan Van Eyck, peint au XVe siècle, "Les Époux
Arnolfini", le premier portrait d'un couple saisi dans son intimité.
Une belle édition qui propose aussi, dans les rabats, des reproductions
de détails significatifs, sans compter les nombreuses illustrations
en noir et blanc à l'intérieur, en appui du propos.
L'auteur, qui n'est qu'un amateur d'art éclairé, nous
invite, d'indice en indice, de symbole en symbole, d'interprétation
en interprétation au fil des siècles (19 pages de références
en annexe), à une traversée des apparences, pour découvrir
le(s) sens caché(s) de cette uvre énigmatique.
Non pas à la façon d'un essai érudit d'histoire
de l'art mais comme dans un "roman d'investigation". La
curiosité du lecteur est savamment entretenue jusqu'aux révélations
finales et on n'a plus qu'une envie : se précipiter à
la National
Gallery pour regarder ce tableau avec un il tout neuf !
Passionnant ! |
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J'ai
choisi ce livre car la sculpture de Giacometti m'a toujours fascinée. |
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L'auteure,
tout d'abord réticente, se laisse enfermer une nuit dans le
musée Picasso pour se confronter à la sculpture de "l'homme
qui marche". Contrairement à ses attentes, l'uvre
ne suscite aucune émotion chez elle. Elle reste hermétique
à toutes les uvres accumulées dans cette exposition.
Elle mène alors un questionnement sur la place de l'art sur
le milieu artistique et ses institutions. Elle essaie d'analyser comment
s'est construit son propre rapport à la culture. Elle y critique
les musées qui selon elle enferment les uvres plutôt
que les valoriser aux yeux du plus grand nombre. Elle insiste sur
le côté intimidant du monde de la culture pour les personnes
moins intégrées, pour les personnes issues de l'immigration
comme elle-même. Elle y épingle le monde de l'art :
l'entre soi d'une certaine élite culturelle, le pouvoir de
l'argent dans l'art. J'apprécie son ton corrosif, sa colère.
Une fois rentrée chez elle, l'auteure se renseigne et continue
sa réflexion sur Giacometti. Elle nous livre un portrait intéressant
de Giacometti, de son regard sur le monde, de ses rencontres (Beckett,
Picasso qu'il n'aimait guère mais aussi le rôle de son
frère). Elle loue principalement son humilité. |
Elle
finit par voir dans cette sculpture l'homme qui fait face à
la mort, qui fait face à sa condition humaine et dont la seule
élévation est due à son âme. "L'Art
ne vaut rien et rien ne vaut l'Art." C'est en fait un texte
très personnel. J'ouvre aux ¾.
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Le chef-d'uvre inconnu,
qui fait partie des "Études philosophiques" de La
condition humaine, est une réflexion sur l'Art et l'artiste.
Un peintre, Frenhofer, va tellement loin dans sa recherche de la perfection
qu'il en perd la raison et la vie. Cet artiste met 10 ans à
terminer son tableau "La Belle Noiseuse" ; lorsqu'il
le montre enfin à ses amis, ils n'y voient que du chaos. L'artiste
en meurt.
La conception de l'art de Frenhofer, est tellement moderne, qu'on
pourrait penser que c'est d'art contemporain de notre époque
dont parle l'auteur. Les questions posées par Balzac :
Qu'est-ce que l'art ? Qu'est-ce que le beau ? Qu'est-ce
qu'une uvre d'art ? Que recherche l'artiste ? Où
se situent les limites ? Il aborde des thèmes tels que
l'abstraction, la subjectivité et l'incompréhension
du spectateur. Ce petit texte (une nouvelle) est très intéressant
et montre la clairvoyance de Balzac sur les controverses futures autour
de l'art. J'ouvre à ½. |
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Il s'agit d'une biographie romancée, pas
toujours crédible, mais qui a le mérite de nous faire
vivre à Florence au début du XVe siècle.
Lippi croque à pleine dents les joies de la vie et transgresse
les règles et usages. Il ne se laissera jamais dompter. Placé
au couvent des Carmes par Cosme de Médicis qui a découvert
son talent dans les rues de Florence, Lippi rejoindra régulièrement
les prostituées dont il est le petit prince, qui lui fournissent
la tendresse dont il a été privé, sans oublier
les plaisirs charnels dont il est avide. Elles lui servent de modèles
pour ses vierges et autres personnages féminins. La vie de
Lippi est pleine de péripéties : il s'enfuit avec
une carmélite qu'il a séduite. A la fin de sa vie il
est l'amant de Paola Orsini
Quant à l'art dans tout ça ? Lippi est un peintre de
génie protégé par Cosme de Médicis. Les
uvres de Lippi sont décrites avec finesse et nous incitent
à aller les contempler en Italie.
Les rapports entre les artistes entre eux et avec les "grandi"
est assez bien décrite dans une Italie foisonnante et principalement
à Florence.
Lippi aurait aidé les artistes à passer du statut d'artisans
estimés à celui d'artistes reconnus.
Je n'ai pas aimé du tout l'écriture
ni le ton du livre. Certains passages sans intérêts
sont, à mon avis, exagérément longs. J'ouvre
au ¼.
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Le thème ne m'a pas posé de problème
et me plaisait.
Pour moi c'est Proust le sommet, pour le ressenti de l'art.
J'ouvre en grand les trois livres
suivants :
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Le
temps où nous chantions de
Richard Powers est l'histoire d'une fratrie noire qui a à
imposer le fait, de la part d'un Noir, d'aimer l'art aussi.
Richard Powers avec ce roman de près
de 1000 pages embrasse lhistoire des US des années
40 aux années aux années 80. Nous suivons le destin
des trois enfants de Delia Daley et David Strom. Jonah Strom est
ténor. Cest un livre que jai lu il y a longtemps
qui ma laissé un excellent souvenir. La musique devient
le refuge de cette famille pas banale (un professeur de physique
qui se marie avec une femme noire dans lAmérique raciste).
La musique devient acte de résistance. Jai le souvenir
de pages sublimes sur les lieder de Schubert ou la musique ancienne.
Jai le souvenir dun New York, dune Amérique
au tournant des années 60 en pleine révolution. On
y croise Malcom X, Martin Luther King. Je me souviens également
dun passage dans les Cloîtres avec la surprise de Joseph,
le narrateur, découvrant cet endroit magique et écoutant
son frère chantant parmi les tapisseries de la Licorne. Jouvre
en grand !
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La
création du monde de Miguel
Torga, un auteur portugais mort en 1980, emprisonné sous
Salazar.
Miguel Torga a écrit La
création du monde sur plusieurs
années. Le livre regroupe les 6 tomes dune chronique
portugaise, mais également européenne.
Torga rêve de découvrir les trésors artistiques
qui ne sont pas à sa portée au Portugal. La guerre
et lexil vont être les occasions pour Torga de découvrir
lart en Italie et en Grèce. Lart est pour lui
une découverte qui se fait en solitaire. Il désespère
en découvrant les uvres des grands maîtres italiens :
il ny aurait pas de grand peintre portugais. Il est émerveillé
par le Moïse de Michel Ange ou la Vénus de Cyrène.
Il nous donne à ressentir luvre dans sa chair
et dans sa foi avec une certaine ironie : "Je
regardais la Chapelle Sixtine dans léblouissement et
laffliction à la fois. Cétait extraordinaire,
réellement, La Création, là-haut, au plafond
de la chapelle, et magnifique, surtout Le Jugement dernier, sur
le mur du fond, avec le visage lancinant de lauteur, dans
la peau écorchée de Saint Barthélémy.
Mais le simple fait de penser que le stuc crevassé finirait
par tomber, et que la peinture serait réduite en poussière
tôt ou tard, mettait je ne sais quelle note éphémère
dans ce prétendu sanctuaire de limpérissable".
Jouvre en grand !
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Tabucchi, qui a vécu au Portugal, évoque
dans Requiem
un tryptique de Bosch.
C'est une journée caniculaire
au Portugal, un homme a rendez-vous à minuit avec Pessoa.
Est-ce un songe ? En fin d'après-midi, au musée
des arts anciens à Lisbonne, l'homme tombe en arrêt
devant le retable de Jérôme Bosch : La
Tentation de Saint Antoine... mais le musée va fermer.
Il décide de revenir, mais le gardien du musée l'invite
à rencontrer un copiste qui travaille pendant la fermeture
du musée. Il exécute depuis des années la commande
d'un riche Américain : des agrandissements de détails
du retable de Bosch. J'ai imaginé le travail fou du copiste.
Il devient la personne à connaître le mieux le retable.
C'est la rencontre du profane et du sacré. L'uvre est
adorée pour ce qu'elle est : le rêve et les visions
de Bosch peints sur des planches de bois. Tabucchi a crée
une belle invention littéraire : "art monomaniac".
J'ouvre
en grand ce petit livre.
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2/3
Le fracas du temps de Julian Barnes
Contrairement à Nathalie, j'ai apprécié.
J'ai été très intéressée par
cette histoire de Chostakovitch, dont je connais la musique mais
dont j'ignorais à peu près tout par ailleurs. Le livre
est construit en 3 parties, qui correspondent à 3 moments
clefs de la vie de l'artiste, sous la dictature communiste, stalinienne
en particulier. Ça n'est effectivement pas une histoire très
gaie, puisqu'il a vécu toute sa vie dans la peur et a accepté
tous les compromis, toutes les humiliations, pour l'amour de la
musique. C'est une réflexion sur les rapports en l'art et
le pouvoir, sur le courage. J'ai trouvé ça assez poignant.
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Marcher
jusqu'au soir de Lydie Salvayre
J'ai trouvé un peu longue la première partie et ses
diatribes sur le monde de l'art et les musées. Son rapport
compliqué avec l'art est l'occasion d'une réflexion
sur son histoire personnelles et ses origines sociales. C'est intéressant,
mais je trouve que cela prend une place trop importante dans le
livre. J'ai aimé en revanche les passages consacrés
à Giacometti, sa passion des visages, son humilité,
son insatisfaction permanente face à ses uvres.
Monique
La construction est intéressante.
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J'ai par contre relu Ravel
d'Echenoz.
J'aime
beaucoup ce livre, assez différent des autres livres d'Echenoz
que j'ai lus, l'évocation des dernières années
de la vie de Ravel, de ce personnage très singulier, et extrêmement
solitaire, de sa maison de Montfort-l'Amaury, de son voyage aux
USA, de la création du Boléro.
Etienne
Je n'ai pas évoqué le fait que je trouve ça
froid et sec.
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J'ai aimé le style d'Un
artiste du monde flottant de Kazuo Ishiguro.
Avec l'histoire de ce peintre renommé,
qui passe au fil des années de la peinture des geishas dans
l'atelier de son maître à un art militant, qui lui
est ensuite reproché, on parcourt l'histoire du Japon après
la Deuxième Guerre mondiale. C'est un livre subtil qui procède
par petites touches, avec des allers et retours permanents en temps
présent et souvenirs. C'est une réflexion sur l'évolution
du Japon, les rapports entre les générations, la liberté
des artistes et le sens d'un uvre d'art.
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2/3
Polina
de Bastien Vivès, que j'avais offert à ma
fille, raconte l'histoire d'une danseuse russe qui devient une danseuse
étoile.
C'est surtout intéressant par le graphisme : c'est un
album entièrement en noir et blanc ; les visages ne
sont qu'esquissés mais le dessin suggère extrêmement
bien la danse, les mouvements des ballerines. De ce point de vue-là,
il est très réussi.
Françoise
Oui, l'histoire c'est bof.
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L'AFFAIRE
ARNOLFINI :
les secrets du tableau de Van Eyck
de Jean-Philippe Postel
préface de Daniel Pennac
On
apprend plein de choses.
Quand on a les codes, on ne voit pas de la même façon.
Et c'est d'une lecture agréable.
Cest plutôt ludique :
on se prend au jeu de vouloir décrypter le tableau
et lauteur sait très bien entretenir lintérêt.
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Evguénie
Sokolov est
une fable scatologique
de Serge Gainsbourg. Cest drôle, loufoque et bien écrit
avec une recherche de vocabulaire autour du pet très recherchée !
Et je trouve que cest assez ironique sur lart contemporain
et comment on peut devenir une star de la peinture grâce à
des pets intempestifs
Le
peintre dévorant la femme
de Kamel Daoud
est paru dans
la même collection
que le livre de Lydie Salvayre car c'est la même expérience :
un
écrivain enfermé une nuit avec des tableaux.
Dans la logique du travail que fait Daoud (que jadore), il
réfléchit sur les différences entre Occident
et Orient : à travers la vision de la femme que propose
Picasso, il livre des réflexions sur le monde musulman et
son rapport au corps et au désir. C'est un peu délayé,
j'aurais ouvert en entier si ça avait été plus
ramassé.
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Ravel
de Jean Echenoz
J'ai
adoré ce livre.
Il naborde que dix ans de la vie de Ravel,
mais je trouve que lauteur arrive
à donner une vision
de qui était le personnage de ce compositeur.
Ça ma donné envie den savoir plus sur
lui
et surtout daller visiter sa maison !
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la maison de Ravel
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J'ai
apprécié Un
regard unique sur l'impressionnisme de Félix Fénéon.
Chaque texte est un petit bijou : lécriture est ciselée.
Lobjet livre est mignon avec la représentation du tableau
associée au texte.
En ce qui concerne Histoires
d'images de Robert Walser, je suis moins fan au niveau de
lécriture que pour Fénéon mais là
aussi lobjet est intéressant et lexercice qui
consiste à parler sur une uvre ou une expo et dadapter
à chaque fois la forme décriture : mini
essai, poème, etc.
Entreet
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-
Un pas de chat sauvage de Marie NDiaye
dans lequel la narratrice essaie de retrouver qui était cette
modèle noire si célèbre et dont on sait finalement
si peu.
- Et de Abd al Malik Le
jeune noir à l'épée
(avec un CD)
C'est le titre d'une peinture de
Pierre Puvis de Chavannes.
Abd al Malik a écrit plusieurs chansons en rapport avec ce
tableau et surtout ce quil évoque en termes dimage
des "noirs", sur ce que cela veut dire aujourdhui.
Il confronte cela à son travail de poète. Chaque chanson/poème
est en regard dun poème de Baudelaire. Belle découverte
pour moi qui ne connais rien au rap : cest très
bien écrit !
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Ce
que j'ai beaucoup aimé, c'est au gré des rencontres
d'aller d'un genre à un autre. Je commencerai par les biographies.
J'ai lu Berthe
Morisot : le secret de la femme en noir de Dominique Bonat,
parce qu'il y a en ce moment une
exposition à Orsay sur Berthe Morisot. J'ai été
enthousiasmée par cette biographie rigoureuse, qui est
celle de tout le groupe des impressionnistes et de cette femme,
habitée par sa passion de la peinture.
Parce que j'ai eu l'occasion de visiter la demeure
des Caillebotte qui vaut le bref voyage à Yerres (91), j'ai
lu avant d'y aller cette agréable BD Gustave
Caillebotte de Laurent Colonnier, et ai découvert cette
collection (BD suivi d'un dossier biographique plus classique)
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Une exposition se
tenait au début de l'été à Paris sur
l'illustratrice Jacqueline Duhême ; j'ai relu son autobiographie
graphique que j'avais adorée, Une
vie en crobards.
J'ai fait l'acquisition
du catalogue,
Jacqueline Duhême, limagière,
une sorte de biographie illustrée, bien,
mais moins bien que l'autobiographie.
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Non
loin du musée Jacquemart-André où se tient
alors une exposition sur "Hammershøi,
le maître de la peinture danoise", je tombe rue de
Courcelles sur une pagode stupéfiante de 4 étages
construite en 1926 pour un marchand chinois.
Je découvre l'histoire de cet homme, grâce à
un livre fabuleux, Monsieur
Loo : le roman dun marchand dart asiatique de
Géraldine Lenain. Il s'agit d'une véritable enquête,
serrée, pleine de suspense, révélant au passage
d'où viennent des collections de grands musées américains
ou du musée Guimet, et retraçant une vie rocambolesque.
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Le nouveau groupe parisien a choisi en plus
des choix personnels une lecture commune, Les
Onze de Pierre Michon, ce qui m'a donné envie de
le lire : j'ai détesté ce livre qui m'a semblé
prétentieux (tant par son thème que son écriture
suffisante) et qui m'est tombé des mains. Nous avions déjà
lu un Michon
sur la peinture que d'aucunes avaient aaaaadddoooré,
moi non...
Le thème d'un essai Esthétique
de la rencontre : l'énigme de l'art contemporain
m'a d'emblée attirée : "qu'est-ce qui
fait que quelque chose se passe devant une uvre - ou qu'il
ne se passe rien ?" Un peu répétitif
mais éclairant quand même. Les propos sur Malcom
Lowry sont rigolos. (Baptiste Morizot est maître de conférences
en philosophie et Estelle Zhong Mengual est historienne de l'art,
charmant duo...)
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J'ai fait un petit tour vers la
nouvelle et les classiques un tantinet fantastiques.
Beaucoup aimé Le
portrait de Gogol et La
bonne peinture Marcel Aymé, le premier tragique qui
définit ce qu'est la voie pure de l'artiste par opposition
avec les compromissions de la recherche du succès avec un
personnage très fort et les sketches comiques de Marcel Aymé
avec des SDF qui découvrent qu'à regarder certaines
peintures, elle les nourrit et ils n'ont plus besoin de manger...
Tous deux ouverts aux
¾
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Je passe maintenant à la
littérature contemporaine dont j'attends évidemment
beaucoup.
Tout comme Manon, j'ai été déçue
par le Kerangal, Un
monde à portée de main, mais pour des raisons
un peu différentes : les descriptions m'ont barbée
et y avait "pas assez de narratif", avec cependant un
beau sujet (l'art du trompe-l'il).
Et comme Manon, j'ai lu un Foenkinos, Vers
la beauté, mais avec un avis contraire au sien :
alors que le thème m'enchantait (un prof aux Beaux-Arts devient
gardien au musée d'Orsay), les personnages et l'intrigue
s'avèrent souvent invraisemblables. L'écriture ?
Rien ne rattrape pour moi le naufrage.
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Je me suis récemment
entichée de Chantal Thomas, j'adore l'entendre parler, j'adore
sa liberté, sa jeunesse de fond. East
village blues est un livre objet (papier glacé, images)
qui évoque l'époque de Patti Smith qu'elle a connue ;
j'aime son ton, ses aventures et la façon dont elle les raconte ;
mais des va-et-vient entre ce temps-là et aujourd'hui
et les illustrations abstraites qui semblent inutiles m'ont un peu
déçue. J'ouvre ½ pour le livre et ¾
par groupisme.
J'ai eu un plaisir jubilatoire avec Marcher
jusqu'au soir de Lydie Salvayre qui
a accepté à contrecur de passer une nuit dans
le musée Picasso avec des uvres de Giacometti et qui,
en râlant, avec une écriture qui donne vraiment du
plaisir, réfléchit à l'art. J'ouvre aux ¾
en raison d'un tout petit peu trop de jeu peut-être...
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Je garde pour la fin les auteurs
qui pourraient mériter Voix
au chapitre... :
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- Gaëlle Josse dont j'ai lu
Une
femme en contre-jour à partir de la photographe Vivian
Maier - ce n'est pas une biographie pourtant - belle écriture,
sensibilité, personnage au destin étonnant : elle
a photographié toute sa vie, n'a pas publié une photo
de son vivant, elle est célèbre aujourd'hui ;
elle vivait aux USA, mais avait une ascendance française
- je suis du coup allée cet été dans le Champsaur
sur ses traces...
- Gyrðir Elíasson, islandais,
dont j'ai lu Au
bord de la Sandá : un peintre, dans la nature plus
que sauvage, avec sans cesse des textes d'artiste dans cet univers
solitaire, j'ai été fascinée; j'ai même
commencé à lire des nouvelles de lui, Entre
les arbres
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Ont été proposés au groupe pendant
l'année :
-
Nos richesses de Kaouther Adimi
-
Je m'appelle Asher Lev de Chaïm Potok
- Un Gaëlle
Josse
A été proposé pour la Semaine Lecture :
-
Le bleu du lac
de Jean Mattern
A été décidé pour l'été
:
-
Le temps où nous chantions de Richard Powers
Compte rendu des
LECTURES DU GROUPE BRETON
(réuni le 5 septembre 2019 près de Vannes)
rédigé par Yolaine, suivi par quelques comptes rendus personnels
Ces ouvrages très divers nous ont
éclairés sur les liens très étroits
qu'entretiennent les écrivains avec les artistes et tout particulièrement
les peintres.
Ils sont animés par la même passion créatrice et les
mêmes angoisses métaphysiques.
Ce fut l'occasion de lectures enthousiasmantes.
Les
10 lecteurs du groupe breton : Chantal Christine Cindy Claude
Édith
Jean Marie-Odile
Marie-Thé Suzanne
Yolaine
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Suzanne
nous a fait découvrir un classique de la littérature
allemande,
La leçon d'allemand de Siegfried Lenz, roman qui se
déroule pendant la seconde guerre mondiale sur une île
au large de Hambourg et qui comporte de nombreux éléments
autobiographiques.
Le personnage principal, Siggi Jepsen, est enfermé dans une
maison de correction pour avoir rendu une copie blanche à une
rédaction sur "les joies du devoir". Il se met à
rédiger dans ce contexte ses souvenirs d'enfance, et la façon
dont son père policier, obsédé par le sens du
devoir, dut apporter à son ancien ami le peintre Nansen une
lettre l'informant que le régime nazi lui interdisait de peindre.
Siggi, qui prit le parti du peintre, fut le seul à être
accepté dans son atelier.
Dans ce récit écrit dans un style très talentueux,
la peinture est omniprésente. Siggi est également une
sorte de double de Siegfried Lenz, l'auteur, et dans sa description
de la peinture et des paysages de cette région proche de la
mer du Nord, l'écrivain écrit comme s'il peignait.
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Christine
ayant passé son été à visiter les musées
de Washington et de Philadelphie n'a pas eu le temps de lire. Elle
est allée chercher dans ses souvenirs une biographie de Camille
Claudel (sans se souvenir de son auteur), et nous a fait part de son
intérêt pour les biographies (c'est vrai qu'on en lit
peu). Dans la vie de Camille Claudel, elle a été séduite
par le torrent des sentiments et de la passion, et le basculement
de la passion à la folie, thème récurrent dans
les vies d'artistes.
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Le meurtre du commandeur
de Murakami
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Jean
et Cindy ont partagé l'univers fantastique et cauchemardesque
d'Haruki Murakami, dont le personnage principal est peut-être
le tableau intitulé "Le meurtre du commandeur",
découvert dans les combles d'une maison où il s'est
réfugié en solitaire par un portraitiste en mal d'inspiration
après un divorce. La maison a autrefois appartenu à
un célèbre peintre japonais. Ce roman policier avec
des intrigues à tiroirs décrit une réalité
ordinaire qui bascule progressivement dans un univers insaisissable
de conte de fées (genre Alice au pays des merveilles).
C'est aussi une immersion dans la peinture japonaise où s'animent
des tableaux invisibles. Là encore, on peut remarquer les
correspondances entre les doutes existentiels de l'écrivain
Murakami et du portraitiste. Une réflexion sur l'art profonde
et intéressante.
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Cindy
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Marcher
jusqu'au soir
de Lydie Salvayre
Cindy a également
été séduite par "L'homme qui marche",
célèbre tableau de Giacometti étudié
par Lydie Salvayre, qui s'imagine enfermée une nuit dans
un musée.
C'est l'occasion d'un retour sur son enfance et sa vie, et d'une
méditation sur la mort, dans un style très incisif.
Les souffrances de Giacometti font une nouvelle fois écho
aux colères intimes de Lydie Salvayre.
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Charles Juliet, l'auteur
de Giacometti,
est un "écrivain", un vrai. En prologue un très
beau poème sur l'uvre de Giacometti qui résume
tout : |
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"uvres austères
abruptes
crevassées par les doutes
interrogations
déchirements et échecs
qui les ont engendrées"
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Le livre est construit en très
courts chapitres, mêlant la biographie de l'artiste, ses doutes
constants, sa recherche de toute une vie, "le tourment issu
du besoin et de l'impossibilité de pénétrer la
réalité", par un jeu constant biographie/citations
du peintre/sentiments de Juliet : il nous fait entrer dans les
affres de l'artiste qui, pendant 25 ans, sans cesser de travailler
(dessin, peinture, sculpture) n'arrive pas à créer ce
qu'il pressent comme la réalité.
Les exemples cités, détaillés, sont nombreux
et saisissants, notamment celui où Giacometti est désespéré
et se sent comme un chien : il sculpte donc un chien famélique,
presque mort mais... qui avance ! Il y a une omniprésence
de la mort, mais aussi la vie qui continue vaille que vaille. Tout
est beau dans ce livre, beau et touchant, quel talent d'écriture !
À recommander++. Je l'ouvre en très grand. |
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d'un essayiste : un livre qui
mêle aussi biographie/citations de l'artiste/témoignages/interprétations
de l'auteur ; c'est un livre d'intellectuel.
Là aussi, c'est la souffrance de cet artiste qui, lui, connaît
très vite le succès, avec des commandes continues des
États-Unis, qui travaille d'arrache-pied-pied (800 tableaux
en 3 ans !!), mais qui se trouve déchiré entre
sa famille qu'il quitte, et sa passion pour une femme qui se joue
de lui, ce dont il est parfaitement conscient, mais cette passion
va le détruire. À 40 ans, en 1955, après avoir
assisté à Paris à des concerts de Webern et de
Schönberg, il rentre à Antibes, en quelques jours peint
un immense tableau de 3,50 m x 6 m, "Le concert",
puis se jette de la terrasse de son atelier ; le tableau est
reproduit dans le livre et fait l'objet d'une longue analyse de l'auteur,
qui émet l'hypothèse que les instruments dans ce tableau
sont les personnages de sa vie : lui, sa femme-piano, sa maîtresse-contrebasse,
et l'impossibilité de les concilier. Livre très intéressant,
écriture : ... ?? Je l'ouvre ¾. |
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J'ai lu trop vite
La madone Sixtine" de Vassili Grossman : il s'agit
des réflexions de l'auteur "regardeur" de ce tableau
de Raphaël (1514), tableau emporté de Dresde à
Moscou par l'armée soviétique pendant la guerre. En
1955, les Russes ont 90 jours pour voir ce tableau avant qu'il soit
restitué au musée de Dresde.
Et là, l'auteur "voit" l'immortalité de l'uvre
de Raphaël : cette madone et son enfant, ce sont toutes
celles à travers les siècles passés et à
venir, celles de Treblinka, des camps nazis et communistes, qui, dans
toute leur fragilité continueront d'avancer, de faire triompher
la vie. Et dans ces millions de "regardeurs" de ce tableau
il y a aussi Hitler, Staline...
... Et le talent de Grossman écrivain, et quel talent !
À retenir (livre très court suivi d'une autre nouvelle
courte) : je l'ouvre en grand. |
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Les
Onze
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J'ai adoré ce mélange d'Histoire et de fiction, celle-ci
se nourrissant de celle-là et celle-là s'éclairant
de celle-ci. L'écriture crée le tableau qui la justifie,
crée les généalogies dont elle met en doute l'intérêt,
crée les commentaires de Michelet, etc. Magie de l'écriture
qui fait du faux avec du vrai et du vrai avec du faux !
J'ai aimé la première
partie, bien ancrée dans l'histoire des "grands travaux
de fleuves et de canaux", dans la volonté mais quasi impossibilité
parce que "Dieu est un chien" d'échapper à
sa condition de maçon limousin ou de s'élever vers les
lettres ("La chaîne des générations était
trop serrée et l'étrangla").
La seconde partie m'a plongée
dans l'Histoire de la Révolution. Le fait d'imaginer un tableau
là où il manque, dans ce contexte historique, tableau
à double interprétation en fonction de la suite possible
des événements, m'a paru génial.
Pour moi, l'uvre d'art présente ici n'est pas le tableau
de Corentin, bien sûr, mais le texte de Pierre Michon qui le
fait exister, lui donne corps au fil des pages à coup de phrases
magistrales, concises, compactes, rythmées. |
Pour moi, tout est tableau
dans ce texte, tout donne à voir. Je pense particulièrement
à la scène magnifique où l'enfant s'enfuit vers
le canal, suivi de deux robes, deux femmes, mère et mère
de la mère. (Curieusement cela m'a fait penser au tableau,
plus immobile celui-là de Léonard de Vinci représentant
Sainte-Anne, la Vierge
et l'enfant : un enfant, deux femmes aussi..)
Je pense à la scène de commande du tableau avec les
portraits mais aussi les presque natures mortes : les os, les
pièces d'or, le buste de Marat, la lanterne, la lumière
et les ombres donc, puis le pain et le vin de cette "cène
laïque".
Je pense aux notations de couleur partout présentes :
"la houppelande couleur de fumée d'enfer",
la chaise jaune de Couthon...
Je pense à l'importance du point de vue et du regard porté
sur les différentes scènes. "Michelet n'est
plus maître de sa fiction, cette fable si juste qui vient de
sortir de son esprit l'enivre, l'emporte, et il l'enfourche sans ambages".
Lisant ceci, j'ai pensé à Pierre Michon et à
son uvre qui l'emporte et le lecteur avec lui, avec bonheur.
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Je voudrais aussi parler des chevaux, jamais
vus, toujours entendus dans leurs souffles et hennissements, scandant
le récit jusqu'aux dernières pages qui constituent
une sorte de galop littéraire et mythologique reliant les
Onze aux grandes chevauchées de l'Histoire pour remonter
jusqu'à Lascaux !
Suite à la lecture de ce texte
court qui m'a paru inépuisable, j'aimerais approfondir les
liens entre Histoire, peinture, littérature... "Les
Onze ne sont pas de la peinture d'Histoire, c'est l'Histoire."
J'ouvre ce texte en très grand,
ainsi que Dieu
ne finit pas et Fie-toi
à ce signe, qui parlent aussi d'art et d'artistes
(Goya, un disciple de Piero della Francesca).
Ce que j'aime surtout chez Michon, c'est ce style qui m'a, un temps,
rendu impossible la lecture d'un autre que lui.
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J'ouvre Un
été avec Geneviève Asse de Silvia Baron
Supervielle aux ¾. En cet été
où je n'ai pas réussi à choisir "Le Livre"
sur l'art, cet entretien de Silvia Baron Supervielle avec Geneviève
Asse est venu jusqu'à moi... Malgré quelques passages
difficiles sur le travail de peintre et de graveur de Geneviève
Asse, j'ai beaucoup aimé ce recueil où Silvia Baron
Supervielle, avec beaucoup de délicatesse et d'admiration,
fait parler une grande artiste.
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Je connaissais
G. Asse par ses tableaux exposés au musée
de La Cohue à Vannes, tableaux que je n'avais pas aimés
lorsque je les avais découverts : incompréhensibles
pour moi. Avec le temps et pas mal d'imagination, j'ai découvert
dans le "bleu Asse" des merveilles. Avec
ce livre, je remonte à l'origine de l'uvre, origine que
je connaissais un peu, mais pas tant que cela, et je suis comblée.
Émouvante évocation de l'enfance bretonne du peintre,
le petit verger et la maison de la grand-mère à la campagne,
l'émerveillement devant "les choses simples",
la nature... "Le silence autour de nous me rendit observatrice."
A cela il faut ajouter la proximité de la mer : "Je
suis née avec elle." D'une "famille de rêveurs"
émergeait une grand-mère humaniste, altruiste, cultivée.
"Elle fut féministe d'une façon intelligente."
Son importante bibliothèque donne à l'enfant, élevée
"dans une liberté complète", la passion
des livres. "Autrefois pour la lecture, maintenant plutôt
pour le papier, la gravure, la poésie ; tout ce qui fait parler
les beaux livres." J'ai adoré ce chemin dans l'enfance
qui a conduit G. Asse vers la peinture, la gravure ou d'autres
formes d'expression, et aussi plus tard sa découverte de Paris,
ses rencontres avec des intellectuels, des peintres (Braque, Picasso,
Nicolas de Staël....), son émerveillement pour certains :
"Matisse signifiait pour moi la beauté suprême." |
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Les passages "imprégnés"
de la couleur bleue ont bien sûr retenu toute mon attention :
"Je ne fais qu'un avec cette couleur... C'est un langage."
"Cette couleur qui circule aujourd'hui autour de nous, à
l'Ile aux Moines", remarque Silvia Baron Supervielle.
Enfin, ces réflexions du peintre sur le marché de l'art
: "Peut-être aujourd'hui, les amateurs se laissent influencer
par la critique ou le prix des tableaux." Et : "Les
musées sont, comme le reste, sous l'emprise de la mode, de
la rentabilité, des entrées... De plus autrefois il
y avait des mécènes, à présent il y a
des sponsors." A méditer...
Je pense beaucoup à Pierre Soulages, "ce maître
du noir et de la lumière" évoquant comme Geneviève
Asse l'importance de la lumière dans ses tableaux, et ce lien
entre l'espace et la lumière, et cette verticalité...
Leurs façons de travailler se ressemblent, font penser à
un travail d'écriture. uvres originales chez l'un comme
chez l'autre : "Je suis une marginale." dit
G. Asse, "Mes tableaux tranchaient à chaque fois avec
ceux des autres... Les mouvements qui obéissent à une
théorie ne m'intéressent pas." dit Pierre Soulages
(cf. Télérama,
n° 3626, juillet 2019). J'aime rapprocher deux peintres dont
la vie aussi me fascine : G. Asse a 96 ans, Pierre Soulages aura
100 ans la veille de Noël. Tous deux ont été élevés
par des femmes leur ayant laissé une grande liberté...
Cet été, j'ai quand même été capable
de parcourir un beau livre, avec des images :
Les
femmes qui lisent sont dangereuses de Laure Adler et Stefan
Bollmann. |
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Toute
une histoire, le titre en dit long... C'est magnifiquement illustré,
des peintres de toutes les époques ont représenté
des femmes en train de lire, Rembrandt, Vermeer, Fragonard, Manet,
Matisse, Hopper... A admirer.
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Et enfin, voici deux
livres que j'ai aimés lus à
Voix au chapitre : Autobiographie
d'Alice Toklas de Gertrude Stein et surtout Maîtres
et serviteurs de Pierre Michon.
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Cette longue lettre, qui est la
forme que l'auteur a choisie, raconte au lendemain de l'enterrement
de Schumann, les années de "fièvre" vécues
par Clara Schumann et son mari Robert, avec le lien profond qui unit
le très jeune Brahms à chacun des deux autres. Un livre
grand ouvert pour moi. |
Cette vie de Zadkine (1890-1967)
à travers le regard d'un enfant au XXe siècle, je l'ai
lue il y a deux ans et reparcourue pour l'occasion.
Grand ouvert pour le style et le mélange des situations : l'enfant
acteur principal et les "grands" de l'art au XIXe et XXe
siècle. Poétique et nostalgique. |
Beau petit livre précieux
à découper comme autrefois page par page...
Un entretien simple dans sa forme, les questions sont directes et
lumineuses de sens, comme est le style de Charles Juliet que j'ai
déjà un peu lu. Grand ouvert aussi.
Donc pas de déception pour les trois livres... |
Compte rendu des
LECTURES DU NOUVEAU GROUPE PARISIEN
(réuni le 6 septembre 2019 )
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Le
mystère de la création artistique
de Stefan ZWEIG
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Une
très bonne introduction à notre thématique.
Ce petit texte est celui qu'a lu Stefan ZWEIG lors d'une conférence
à New York. Il porte les illustrations en noir et blanc des
références de l'auteur. Très bel objet de la
collection Pagine d'Arte.
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Nouvelles
de Balzac : "Le chef-d'uvre inconnu", "Gambara",
"Massimilia Doni"
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Dans "Le Chef-d'uvre inconnu", le personnage du vieux
peintre rendu fou par son désir de perfection est inoubliable.
J'ai toujours trouvé que l'écriture de Balzac était
envoûtante. Cette nouvelle me le prouve une fois encore.
Dans les deux autres nouvelles, la magie opère moins. Balzac
a inventé ces histoires (comme celle du "Chef-d'uvre
inconnu") afin de servir ses propos philosophiques sur l'art,
mais c'est un romancier jusqu'au bout des ongles. Le romanesque se
trouve à l'étroit ici, poussé contre les murs
en quelque sorte afin de faire de la place aux analyses plus philosophiques.
Il réclame de l'air. Dommage que Balzac n'en ait pas fait des
romans, mêlant de façon plus fine, comme il sait très
bien le faire, idées et sentiments. |
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Terrasse
à Rome de Pascal QUIGNARD
J'oublie souvent assez vite les livres que je lis. J'ai lu Terrasse
à Rome dans les premiers jours de juillet. Que me reste-t-il
de ce roman ? Une atmosphère, un mode de pensée,
une façon de percevoir les êtres et les choses d'une
façon particulière. C'est la moindre des choses pour
un roman. Mais là, vraiment, cet aspect devait être
suffisamment fort pour que cela soit la première chose qui
me vienne au sujet de ce livre.
J'ai quitté le XXIe siècle, pour le XVIIe siècle.
Oui, c'est cela, un changement de siècle ! Je me souviens
avoir fait un voyage dans le temps. Je ne peux voyager que dans
le passé quand je lis (p. 54) : "Meaume
(c'est le nom du personnage central) regarda les fruits que Marie
au Perreux mettait en tas dans le compotier. Il approchait la chandelle
de la grosse nappe de grains de raisin violets."
J'ai aussi trempé pendant ma lecture dans un bain de sensualité.
Pour vous en donner une idée je poursuis ma lecture :
"Meaume, quant à lui,
se tenait autant que possible la face complètement dérobée
dans le noir. Il avait trente-cinq ans. Son visage était
bruni, ses plaies moins. Il approchait la chandelle et touchait
les grains violets. Il touchait le reflet de lumière sur
les grains avec le bout des doigts. Il se tourna vers Marie."
(p. 15)
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Sensualité et
même parfois érotisme. Se souvenant du deuxième
rendez-vous avec une jeune vierge, le personnage du roman peut dire
:
"Chacun suit
le fragment de nuit où il sombre.
Un grain de raisin gonfle et se déchire.
Au début de l'été toutes les
prunes reines-claudes se fendent.
Quel homme n'aime
quand l'enfance crève ?"
(p. 15)
Puis, un peu plus loin : "Elle
lui dit que sa fleur, toujours ouverte, désormais toujours
odorante, est toujours trempée."
(p. 16)
On comprend que le regard que porta cette jeune fille sur notre personnage
quand ils se virent pour la première fois, que :
"Ce regard sur
lui, toute sa vie, vécut en lui."
(p. 11)
Mais qui est ce Meaume ? Meaume est un graveur qui a vécu,
entre autre ville, à Rome.
Quignard nous raconte la vie de ce Meaume, artiste, et nous fait bien
comprendre et ressentir à quel point toute l' uvre gravée
de son personnage porte la trace de la passion qu'il a eu pour une
jeune fille, cette Marie dont j'ai parlée tout à l'heure.
Je me souviens aussi d'avoir lu de belles descriptions de gravures.
En voici une : "Sur la cinquième
gravure noire ils repartent. Ils redescendent dans la vallée.
La chaleur est torride, les feuilles des arbres immobiles, le silence
serré. L'air ne bouge plus. C'est presque un miel ou un lait
épais, pâteux de silence. C'est une masse blanchâtre
sans un signe." (p. 41)
L'uvre de cet artiste est bien en adéquation avec sa
vie. Ses sensations passent à travers son burin de graveur,
son outil devient bien le prolongement de sa main, de tout son corps,
de sa mémoire sensorielle.
Le livre est composé de chapitres courts. Et je me rends compte,
en le feuilletant pour écrire cet avis, que chaque chapitre
peut se lire pour lui-même. Les différentes parties peuvent
se lire dans le désordre. Et je crois que c'est une lecture
qui convient parfaitement à cette narration brodée de
poésie. Pas "poétique" mais bien "brodée
de poésie". Pourquoi ? Parce que cette expression
rend bien compte de l'aspect raffiné (peut-être un peu
trop parfois) de cette écriture d'une grande précision.
Ces uvres : j'y croyais ! J'avais très envie de les voir.
Quand je me suis rendu compte qu'elles n'existaient pas, que ce Meaume
était un personnage de pure invention, quelle surprise ! Peut-être
inspiré de tel ou tel peintre, mais une invention tout de même.
Mais si je n'avais pas les gravures j'avais de belles descriptions,
des fragments de littérature très beaux à lire,
non pas à voir mais à imaginer
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Novecento
: pianiste d'Alexandro BARICCO
Je vais commencer par vous lire la première page, jusqu'à
Amérique.
Je trouve ce début très beau. C'est une confidence.
Une confidence faite à un public de théâtre,
mais qui pourrait tout aussi bien être adressée à
un simple auditeur ou à un lecteur. Ce qui me rappelle qu'un
lecteur est de tout de façon, à des degrés
divers et selon son tempérament, aussi un auditeur et un
spectateur.
La didascalie "adagio et lentissimo" (lentement et très
lentement) m'annonce que je vais chalouper sur l'océan sur
un air de musique. La musique sera celle du rythme de l'écriture
ou plus simplement sera celle jouée sur le navire. Donc j'ai
un navire sur l'océan et de la musique sur un bateau.
J'ai aussi un narrateur, appelé "le comédien",
qui est le trompettiste du bateau. C'est lui qui me racontera la
vie, non seulement de Novecento considéré comme le
plus grand des pianistes jouant au milieu de l'océan, mais
aussi de celui qui est devenu son ami. Ce texte est aussi une belle
histoire d'amitié.
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Voici un extrait qui nous montre
bien son talent de pianiste. Novecento vient de jouer. Voici la réaction
du public :
"Bon.
Le public avala tout ça sans respirer. En apnée. Les
yeux vissés sur le piano et la bouche ouverte, comme de parfaits
imbéciles. Et ils restèrent là, sans rien dire,
complètement éberlués, même après
cette dernière charge meurtrière d'accords, qui avait
l'air d'être jouée à cinquante mains, on aurait
cru que le piano allait exploser. Et dans ce silence de folie, Novecento
se leva, prit ma cigarette, se pencha un peu vers le piano, par-dessus
le clavier, et approcha la cigarette des cordes.
Un grésillement léger."
Je reviens à l'incipit. Qu'est-ce qu'il raconte ? Il raconte
la découverte de l'Amérique par un des passagers, en
arrivant à Ellis Island, la vision d' un avenir plein de promesses
Il faut se souvenir de cette première page car Novecento, lui,
refusera cet avenir.
C'est bien l'histoire d'un homme qui a choisi pour maison un navire,
pour horizon celui que forme l'océan avec le ciel et pour destin
celui que lui offre les 88 touches de son piano, la musique. Je vous
lis les paroles de Novecento qui exprime bien cela. Il s'adresse à
son ami : "Imagine maintenant :
un piano. Les touches ont un début. Et les touches ont une
fin. Toi, tu sais qu'il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus
personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles. Mais toi,
tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer elle
est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini.
Voilà ce qui me plaît. Ça, c'est quelque chose
qu'on peut vivre".
Est-ce que ce livre m'a plu ? Je n'ai pas ressenti de fol enthousiasme
à sa lecture malgré de beaux moments. Je ne pense vraiment
pas que ce soit un grand texte, mais je crois qu'il vaut la peine
d'être lu, ce n'est pas du temps perdu
l'effet de la lecture
ne s'estompe pas une fois le livre fermé. |
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La
Cathédrale de J-K HUYSMANS : ce roman fait partie de
"la trilogie de la conversion", après En
route , avant
L'Oblat.
Lire ce livre c'est comme entrer chez un brocanteur. On y trouve de
tout, des objets sans aucun intérêt, des objets curieux
qui éveillent la curiosité, des objets fantaisistes,
bizarres, qui font sourire, mais aussi de beaux objets agréables
à regarder et de vrais chefs-d'uvre.
Ce roman est centré sur le personnage de Durtal (Durtal est
Huysmans). Je dirai que c'est une épopée spirituelle.
Je l'ai lu avec beaucoup de patience car dès les premières
pages, j'ai eu le coup de foudre pour l'écriture de Huysmans.
Le début est magnifique. On suit le personnage dans la rue,
à l'aube, le vent souffle. Il pousse une porte et entre dans
une forêt. Cette forêt, c'est l'intérieur d'une
cathédrale. Durtal est rentré dans une cathédrale.
J'ai littéralement vu la cathédrale se détacher
de l'image de la forêt, comme dans un fondu enchaîné
dans un diaporama. Durtal est à Chartres. Il est converti au
catholicisme. C'est une chose acquise.
Son occupation principale est d'observer la cathédrale et de
compléter ses connaissances sur l'art du Moyen-Âge. Il
décrit abondamment, de façon organisée et précise
la cathédrale de Chartres. |
Certaines pages sont
parfois comparables à des inventaires, où Huysmans semble
viser l'exhaustivité. Mais ces inventaires sont parties intégrantes
de ce drôle de livre. Des inventaires qui sont certes parfois
un peu longs, mais si j'arrête de considérer ma lecture
comme une course avec une arrivée dans un temps imparti, ils
deviennent des étapes inattendues, étranges et reposantes.
Ils regorgent de mots inconnus, de noms qui traînent derrière
eux tout un imaginaire. Chaque terme est comme une perle. De plus,
quand Huysmans enfile ces perles, il ne perd jamais le fil et ses
phrases restent impeccables.
Je peux dire qu'il soigne son style dans n'importe quelle circonstance
!
Le narrateur transcrit ce que voit Durtal et les résultats
de ses recherches concernant, entre autres choses, la symbolique religieuse
des animaux, des couleurs, de la flore, des odeurs, etc. Mais Durtal
revient toujours à lui, à son indécision quant
à son entrée dans un monastère. Il tient beaucoup
à son indépendance d'esprit et à sa liberté
de création. En d'autres termes, il veut bien s'isoler du monde,
cela ne lui pose aucun problème, mais se priver de la liberté
d'écrire, de lire, et de continuer ses recherches, c'est une
autre histoire.
Cela m'a plu de savoir ce qui se passe dans la tête de cet homme
qui a la foi et qui arrive à parler de sa croyance sans aucune
mièvrerie, avec intelligence, parfois avec drôlerie,
et toujours de façon très libre. Voici un exemple de
l'humour de Huysmans. Il explique que, tout comme il existe un patron
des pêcheurs, il existe aussi un patron des imbéciles.
C'est Saint Columban. Durtal dit à son propos : "en
tous cas [
], il serait bien inutile de lui édifier une
chapelle, puisqu'elle serait à jamais vide. Personne ne viendrait
le prier, le pauvre saint, car le propre de l'imbécile est
de croire qu'il ne l'est pas !"
Et voici un extrait où j'ai pu apprécier la beauté
du style de Huysmans, fluide et imagé. Durtal est dans un train,
en haute montagne, en compagnie de son ami l'abbé Grévesin
(p. 53), soudain il aperçoit un torrent : "Et
subitement, les pics s'étaient écartés, une énorme
éclaircie avait inondé le train de lueurs ; le paysage
avait surgi, terrible, de toutes parts.
Le Drac ! s'était écrié l'abbé Grévesin,
montrant au fond du précipice, un serpent liquide qui rampait
et se tordait, colossal, entre des rocs, ainsi qu'entre les crocs
d'un gouffre "jusque" une peau de sable sec." |
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Tous
les matins du monde de Pascal QUIGNARD
Bien sûr prix Goncourt en 2002
pour Les
Ombres Errantes, que je n'ai pas lu, mais avec cela qu'a-t-on
dit ? À peu près rien, si ce n'est que l'on a déjà
aplati l'auteur avec son prix, comme si d'emblée le prix disait
déjà tout.
De Pascal Quignard, je connais Le
nom sur le bout de la langue, cette affaire des mots qui nous
échappent, dans la volatilité d'une note qui insiste
et déjà n'est plus là. Je connais également
Villa Amalia et la farouche détermination d'élargir
l'horizon, grâce au piano et aux grandes orgues des courants
de l'océan, de faire un pied de nez à la médiocrité
d'une réalité qui sans arrêt s'accroche à
nos souliers. Et enfin, Une
journée de bonheur où l'auteur s'attarde sur
ce vers "Carpe Diem, cueille le jour, je veux comprendre
ce si beau vers mystérieux, pourquoi songer à ceuillir
le jour ?". Ces trois lectures s'étirent en heures
de délices dans mon souvenir, auxquelles s'ajoutent désormais
comme un nouveau bouquet : Tous
les matins du monde. |
Musique encore dont le phrasé
de la viole se faufile dans une sourdine dès lors qu'au printemps
de 1650 meurt Madame de Sainte Colombe en laissant ses deux filles
Madeleine et Toinette au bon soins de son époux, musicien.
Au fond de son jardin, près de la rivière, les émotions
de Monsieur de Sainte Colombe, retirés avec lui dans une cabane,
se joueront désormais à la viole, et lors des concerts
à trois qu'il improvise avec ses filles. Ils résonnent
ce concerts, jusqu'aux oreilles du Roi qui mande le musicien ; il
se refuse et Quignard choisit ses mots : "Mes amis sont
les souvenirs- insiste Monsieur de Sainte Colombe- Ma cour, ce sont
les saules qui sont là, l'eau qui court, les chevesnes, les
goujons et les fleurs de sureau. Vous direz à sa Majesté
que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté
au feu roi son père il ya trente cinq ans de cela."
Tout le récit est ainsi ciselé. Ce complexe de Diogène
laisse la petite famille en paix, vivre de la musique près
de l'eau. Les courants de la rivière, les tonneaux de la cave,
le vin dans les verres et la fraicheur de l'eau sont les seule sentes
qu'il emprunte pour jouer et recomposer les chants élaborés
pour son épouse. Il les rejoue ; sur le seuil, son épouse
revient. Tandis que le Roi oublie Monsieur de Saint Colombe, que l'épouse
remonte de l'ombre, avec cette épiphanie la vie va s'assombrir
avec une musique "qui est aussi langue humaine"
; les mélodies seront celle d'un bonheur très amer,
jusqu'à rejoindre "Les Pleurs" et "La Barque
de Charon", deux Arias qu'il consent enfin à transmettre.
La musique, eh bien Pascal Quignard trouve dans les mots, l'art de
dire qu'elle est "un abreuvoir pour ceux que le langage
a déserté (
) Pour les états qui précèdent
l'enfance. Quand on était sans souffle. Quand on était
sans lumière". Cet écrivain tisse le silence
dans sa langue et chacune de ses lecture est la naissance d'une fleur
dont les pétales frémissent, un éphémère
qui s'imprime dans l'éternité d'un rêve. |
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Monsieur
Proust : souvenirs recueillis par Georges Belmont de
Céleste ALBARET |
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Il s'agit du témoignage
de Céleste Albaret, la servante de Proust, recueilli par George
Belmont. On a d'ailleurs retrouvé très récemment
les 49 heures d'audition de cette femme alors âgée de
82 ans qui raconte Proust (je renvoie à l'émission de
France Culture que vraiment je conseille, Grande
traversée).
Ce livre m'a beaucoup touchée, m'accompagnant tout l'été.
C'est un livre émouvant qui entre moins dans l'uvre de
Proust que chez lui, chez l'auteur : on pénètre dans
sa chambre, dans son lit, dans son linge, dans sa salle de bain ;
on y voit et on y comprend, au travers du regard d'une femme qui fut
sa servante extrêmement proche, la fabrication de son uvre.
On comprend, et c'est passionnant, comment il se nourrit pour son
uvre ; non pas de nourriture, son uvre n'en n'a pas besoin,
il ne mange pas !!
Mais par ses sorties, ses rencontres, on apprend qu'il a des indics,
par exemple le directeur du Ritz qu'il paye pour observer et lui rapporter
des détails. Tout ce qu'il voit, quand il sort, est matière
à compléter son travail. |
Et puis on va au cur
d'une relation étonnante, celle Proust et Céleste, cette
femme entre soumission et insoumission (elle ne mâche pas toujours
ses mots et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense). Elle
fait preuve d'une admiration sans borne qui l'a conduite à
un dévouement, un don de soi, un accompagnement dans la création
jusqu'à la mort.
C'est donc moins un livre sur l'art peut-être, que sur l'uvre
en train de s'écrire, du côté de ceux qui permettent
qu'elle s'écrive, et sur le contexte de la création.
C'est magnifique, très surprenant et très touchant.
J'ouvre entièrement. |
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Le nouveau groupe parisien s'est ajouté une contrainte :
outre la présentation d'un ou plusieurs livres lus sur
l'art,
chacun a lu un même livre, Les
Onze de Pierre Michon
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Audrey
J'ai eu le sentiment que ce livre avait un livre de "l'entre-deux",
entre deux périodes, entre deux univers, deux milieux. Mais
aussi deux manières de se positionner en tant qu'écrivain.
L'introduction, pour commencer, me laissait l'impression d'un auteur
qui se délecte de ses beaux mots, érudit, prétentieux,
une expression fine et subtile cette, mais où le mot à
entendre est sous-entendu, où l'on sent le plaisir de l'évoqué,
du non-dit, du convoqué sur le principe du bon "au bon
entendeur"... un livre pour l'académie en somme ! Je m'en
sens donc parfois exclue. Et cela me donne l'impression d'être
méprisée en tant que lectrice, ce qui est désagréable.
Cette intro se présente comme un texte qui exclut une certaine
partie de ses lecteurs, de même qu'une société
exclurait une partie ses membres... A bon entendeur...
Puis au milieu du livre, c'est l'inverse. On quitte le langage sophistiqué,
l'évocation, le bel esprit, la connivence, le suggéré
ou les belles envolées : l'auteur devient pédagogue,
la langue se fait concrète, explicative, pragmatique, éclaircissante.
Comme si le narrateur passait d'un interlocuteur à l'autre.
Au début, il semble ne s'adresser qu'au seul bel esprit, puis
ensuite, il s'adresse à Monsieur Tout le Monde.
Par ailleurs, comme en écho,
le peintre dont il nous raconte la vie se situe à la croisée
de deux milieux, entre-deux mondes qui se sont croisés furtivement.
Il est issu de deux familles fort différentes : d'un côté
les Limousins, avec la crasse, la saleté, le dur labeur, la
brutalité, le travail pénible ; de l'autre du côté
de sa mère, le raffinement, le bel esprit, la douceur, la beauté,
l'argent, la curiosité, les salons littéraires
Il nous décrit très bien ces deux familles. Je trouve
que cela est très central dans cette uvre. Il y a un
très beau passage où ces deux mondes se croisent : la
mère riche dans ses belles robes et sa blondeur, qui sur le
pont regarde en bas un homme dans la plus simple et dégradante
misère. L'auteur invite son interlocuteur à comprendre
l'autre monde : "Descendez
en esprit dans la boue
"
(p. 71). Le peintre naît de ces deux mondes qui se croisent. |
|
François
C'est un passage très important. Ce qui évoque la rivalité
dipienne qui coupera des têtes. |
|
Audrey
J'ai voulu savoir qui était cet auteur. Il balaie un éventail
de situations, d'expressions larges. Lui-même est quelqu'un
issu des Limousins, qui a frôlé une certaine misère
et qui, aujourd'hui, fréquente le milieu littéraire,
a changé de milieu.
Ce ne me semble pas anodin qu'il choisisse de parler de la Révolution.
Période de l'entre-deux par excellence, période de
basculement : on passe un jour de la gloire à la chute, de
l'estrade à l'échafaud, du doute au changement d'avis,
changement de position, reniement. On y voit des hommes qui balancent...
et se balancent les uns les autres ! Des hommes, des clans, des
clubs, des milieux qui s'opposent.
J'y vois donc un livre au regard juste
sur deux milieux, deux univers et une période qui bascule.
Peint et dépeint par celui qui descend de ces deux mondes.
On peut y voir l'écho de ce que l'auteur peut mettre de lui.
J'ouvre à moitié.
|
Anne-Marie
J'ai trouvé dans ce livre un verbe évocateur, puissant,
lyrique et foisonnant plutôt académique.
Il y a un torrent de mots, une frénésie de mots. En
1793 ça bascule on ne sait plus où on est. Tout le monde
a peur, c'est un tournant dans la révolution, il y a confiscation.
L'évocation des limousins c'est le symbole du peuple et Michon
lui voit ça comme une trahison. C'est la terreur, c'est Carrier,
les noyades à Nantes etc., des monstruosités au nom
du peuple rarement évoquées ! Il raconte bien ce foisonnement
on ne sait plus de quel côté on est, le rythme est très
bien vu.
Après, je trouve qu'il ne parle pas beaucoup d'art. On sait
que le tableau a été commandé à des fins
très politiques mais je reste un peu sur ma faim, en fait.
Il me manque la suite, le tableau existe certes et alors que devient
ce tableau ? Ça m'aurait intéressée de le
savoir. |
Ana-Cristina
Je rebondis sur ce qu'a dit Audrey sur le texte qui s'adresse à
plusieurs publics. Pour moi, dit l'auteur, la révolution est
une sorte de tableau épique où "j'aime tout le
monde". Il refuse de se positionner, il se pose en spectateur.
Je n'ai tout d'abord rien compris à l'incipit. Je ne sais pas
combien de fois j'ai relu ce début, oubliant que la première
page d'un roman n'a pas pour vocation de tout révéler,
tout de suite. Premier mot : "Il" : qui était
ce "Il" ? De qui parlait-on ? De Tiepolo ? Oui,
j'ai même pensé que c'était un livre sur Tiepolo!.
Pour avoir une chance d'apprécier ce roman, je devais le lire
avec précaution, sans mon impatience initiale. C'est un récit
à embûches. Puis j'ai remarqué avec un grand soulagement
que je n'étais pas abandonnée à moi-même
car je serai accompagnée d'un guide et que je serai ce "Monsieur"
qui est apostrophé tout au long du livre. Très bien.
Pierre Michon s'autorise tout en matière de style : moderne
("has been") ou bien précieux ("les
mains vives"). J'ai l'intuition que Michon exprime à
sa façon la révolution par le biais de son style. |
|
François
D'accord avec ça, on est dans l'incertitude. Le Comité
de salut public ce sont des ombres. L'auteur joue avec cette incertitude
ontologique et c'est le sujet du livre : lien entre la philosophie
et l'histoire. |
|
Ana-Cristina
J'ai préféré la seconde partie au style plus
limpide, privée des arabesques et des répétitions
du début. J'ai suivi avec plaisir Michelet (p. 121) dans
"cette sacristie" où se serait déroulée
la transaction : de l'or contre un tableau. J'ai aimé lire
comment, lors de cette "nuit du 15", sans doute vers "onze
heures" trois "sans-culottes", qui grelottaient dans
leurs guenilles" réveillèrent Corentin et lui
demandèrent de les suivre (78-79), comment eut lieu la transaction,
le lieu où elle se fit, comment Pierre Michon a réalisé
un tableau de cet instant, choisissant la lumière, les couleurs,
les sons, organisant l'espace.
J'ai aimé l'ironie, par exemple, p 81 : "[Corentin]
connaissait l'endroit, il y était venu en voisin,
en peintre, en citoyen aussi puisque c'était ce masque-là
qu'on portait alors, et qu'il avait bien voulu s'en affubler, comme
tout le monde."
J'ai accepté de rentrer dans cet univers historico-fictionnel,
de croire au peintre François-Elie Corentin et à son
tableau grand format. Néanmoins, malgré des pages
magnifiques, parfois très poétiques, j'ai avancé
cahin-caha dans ce récit, parfois même "à
grand ahan" (comme l'écrirait sans sourciller Pierre
Michon). Mais comme cette histoire ne m'a jamais laissée
indifférente, j'ouvre le livre au trois quarts.
|
François
J'ai été fasciné par cet auteur. Il y a deux
points dans le livre : la vie de ce peintre imaginaire , mais il fait
vrai et nous transporte, et le conflit avec la réalité
. L'histoire de cette commande va permettre à Michon de réfléchir
sur l'Histoire. Il invente cette histoire de Michelet et on découvre
que ce peintre n'existe pas, il y a donc un balancement entre le vrai
et le faux. Au fond, la vérité c'est Lascaux et aussi
l'apocalypse. En même temps j'ai été agacé
tout en sentant quelque chose de profond dans ce livre, quelque chose
comme la recherche du père de cet enfant élevé
par des femmes. Michon est un narrateur très curieux. Il fait
réfléchir à la fiction et à l'incertitude. |
|
Faustine
J 'ai lu plusieurs livres de Michon, mais pas les Onze. Je
rebondis sur ces autres livres de lui, j'en ai lu trois : des récits
très courts , où les sujets choisis sont des gens du
peuple. Il utilise un vocabulaire fourni et érudit pour parler
de personnes simples. |
|
Nathalie
Oui c'est un auteur qui est sur l'exigence en matière de vocabulaire,
de syntaxe à l'égard de tous. Il vient d'un milieu modeste
mais instruit. Sa mère était institutrice de la 3ème
république. Ce qui implique une exigence envers tout un chacun
et notamment envers les milieux populaires qu'il convient d'élever
à l'instruction. |
|
Audrey
Il décrit le rôle de l'écrivain qui illumine. |
|
Faustine
Je ne le perçois en tous cas pas comme arrogant. Mais c'est
un auteur qui sort d'un milieu modeste et a tout de même un
vocabulaire très riche. |
|
Ana-Cristina
En fait l'auteur s'amuse de ce décalage entre l'impression
d'arrogance et les expressions populaires. Il joue.
|
Valérie
Je ne sais pas... j'ai un regret... l'impression d'être passée
à côté du livre. Et je ne vois pas quel lien peut
avoir ce roman avec l'art. Il s'agit plutôt de politique que
d'art. C'est bien cela le but du tableau dont il est question dans
ce livre. C'est bien pour une raison politique qu'il est peint. De
plus, la Révolution française n'est vraiment pas un
sujet qui m'intéresse.
Au début je croyais que l'auteur parlait de Tiepolo. Et ce
"Monsieur" ! Qui est-ce ? Je ne me sentais pas du tout concernée.
Cet artifice d'écrivain ne m'a pas convaincue, ne m'a pas intéressée.
Ce qui m'a plu ? L'histoire de famille dans la première partie
que je trouve bien écrite. Dans la seconde, l'évocation
du passé de Collot : il faisait du théâtre, montait
du Shakespeare tandis que Corentin s'occupait des décors et
des costumes, et l'évocation de leurs liens étroits
pendant les prémices de la Révolutions. Oui, cela j'aime
bien !
J'imagine très bien ce roman adapté au cinéma.
Je ne rejette pas l'auteur. J'ai envie de lire Vies
minuscules. |
Lina
J'ai la curiosité de lire d'autres livres de cet auteur. J'ai
été déçue par le thème du livre,
pas de véritable lien avec l'art à mon avis. La première
partie est très compliquée, on est perdu. Peut-être
faut-il lire ce livre avec un autre état d'esprit, pas d'un
côté artistique. J'ai trouvé que certains passages
du livre étaient très beaux, un certain lyrisme. J'ai
été déçue par l'histoire, je ne l'ai pas
fini, lu jusqu'à la moitié. Je ne le finirais pas mais
j'en lirais d'autres de cet auteur. |
Monique
M
J'ai eu moi aussi du mal avec la première partie du livre que
j'ai dû relire plusieurs fois pour comprendre ; depuis, après
avoir lu le livre, je l'ai relue avec délectation. Cette introduction
marque le temps d'avant, celui d'avant la Terreur. Elle oppose la
douceur, l'élégance des fresques décoratives
de Tiepolo, la présence de la monarchie inscrite dans le temps
depuis des siècles, à la violence à venir.
Pierre Michon nous raconte une histoire truffée de faits réels
ou imaginaires qui s'inscrivent dans la grande Histoire. J'ai été
impressionnée par l'érudition, le style, la puissance
imaginative de l'auteur ; cette façon qu'il a de situer, contextualiser
dans l'époque, la vie de Corentin, peintre imaginaire des Onze,
et celle des personnages du tableau. Par la magie du texte, ces personnages
descendent du tableau, s'animent, déploient leurs stratagèmes,
leurs antagonismes, leurs ambitions. On les voit. Ils sont proches
tout en restant de leur temps, de leurs murs, de leur époque.
On entre dans le jeu de l'auteur, on est happé par le texte.
C'est prenant, fascinant.
Nous vivons cette histoire comme si nous y étions. On côtoie
à la fois Tiepolo et les acteurs de la Terreur ; Colbert et
Louvois, avec le grand père qui a fait fortune dans les grands
travaux des fleuves et canaux, où les bataillons de Limousins
font le gros uvre ; on évoque aussi Richelieu, le cordonnier
Simon, bourreau et bouffon du petit Louis XVII au Temple ; on est
à la fois au Louvre et dans la France profonde. Rien n'échappe
à l'auteur, c'est romancé, extrapolé, mais très
bien documenté. C'est une échappée dans l'Histoire
comme j'aimerai en vivre plus souvent dans les livres.
Tout est vivant, documenté, imagé
:
On court avec Corentin dans les jardins de son enfance, à Combleux,
sur les rives de la Loire, où il vit dans les jupes de sa mère,
tout en tentant d'échapper à cette femme toute de douceur,
de blondeur, de féminité et d'amour fou pour l'enfant
adulé qu'il a été.
On ressent (p. 72, 73,74) la grande compassion de l'auteur pour
les Limousins, ces ouvriers bâtisseurs du canal de Montargis
à Orléans, corvéables à merci, tels à
l'époque, les prisonniers des galères du roi ou les
nègres d'Amérique ; avec comme le dit l'auteur : "leur
misère faite de trop de désir et si peu de justice".
On sent ce décalage entre les deux mondes dans ce passage où
les Limousins curent le canal et où l'enfant est sur la rive
avec sa mère, l'auteur imagine un échange d'une intense
volupté entre la mère dont le regard se pose sur un
jeune Limousin plein d'ardeur qui s'enflamme à la vue de cette
apparition de blondeur. Pierre Michon peint avec une grande subtilité
les émotions des deux protagonistes qui se rencontrent un instant
et aussitôt se détournent, enfermés dans leurs
conditions respectives.
La visite (p. 78) des trois sans-culotte la nuit du 15 nivôse
au domicile de Corentin est également très évocatrice.
Convoqué à la section, il porte sa houppelande couleur
de fumée d'enfer, il marche avec eux dans la nuit glaciale,
il gèle à pierre fendre, les étoiles claires
brillaient dans la nuit noire. Ils atteignent l'église St Nicolas
où se trouve la section, elle est transformée pour partie
en écurie, la sacristie en taverne ; à l'entrée
les cloches ont été descendues pour être fondues
Corentin entre, attend le bon vouloir des jacobins qui passent commande
du tableau
On revit ce qu'on imagine aurait pu être l'Histoire.
On sent le regard ironique de Michon sur la Terreur (p. 94) "ces
gens ont des excuses Monsieur
Ils dormaient trois heures par
nuit depuis 4 ans et travaillaient somnambuliquement à la félicité
du genre humain".
Et (p. 112) : "Un tableau comme un joker : Mise à
mort ou apothéose de Robespierre Onze tigres altérés
de sang ou onze Représentants magnanimes". Et plus loin
: "Onze loups partis glapir avec leur meute".
Intéressant le parallèle entre Collot, le bourreau de
Lyon, et Macbeth, entre de la plaine des Brotteaux et la lande de
Macbeth.
L'acmé de l'affabulation du récit est peut-être
la visite de Michelet à St Nicolas. Un Michelet que Michon
imagine arrivant à la tombée de la nuit, "homme
pale et frémissant, aux cheveux prématurément
blancs, entrant (lui aussi) avec un effet de houppelande dans cette
sacristie dont décidément nous ne pouvons sortir".
Et cette fin flamboyante où les Onze deviennent : "onze
formes semblables à des chevaux, onze créateurs d'effroi
et d'emportement comme en ont sculptés les Assyriens de Ninive
dans les chasses équestres, onze formes galopant vers les damnés
que nous sommes"
Cette galopade de chevaux cabrés, que Michon fait aller
de L'Apocalypse de St Jean à Lascaux, où ils sont peints
sur les murs des cavernes, cette galopade de l'Histoire, est à
l'image de ce grand souffle qu'imprime Michon dans ce livre fascinant,
jouissif, au vocabulaire savant ,précis, recherché,
qui retrace de façon vibrante, fantaisiste, imagée,
un morceau de notre Histoire, un morceau de l'âme humaine qui
comme celle de Collot, "porte en elle la main tendue et
le meurtre, la table hospitalière et la plaine de Brotteaux,
Nivôse et avril dans le même homme". |
Françoise
H
C'est un livre très touffu, complexe, ardu à lire. Une
première lecture "en soupirant" et une seconde "par
bout". J'ai eu la nécessité de "reculer"
pour mieux voir ; on a besoin de la fin pour connaître et comprendre
le chemin qu'il nous faut mener. Le livre allie le souffle épique
de la révolution (scène de l'église : fébrilité
et tension) et les origines de la révolution avec ses hommes
frustrés envers le clergé et les nobles (scène
du regard du limousin posé sur la femme). Il n'y a que la fiction
qui peut rendre compte de la réalité, de ce que fut
notre passé, de donner de l'incarnation à des idées. |
Nathalie
B
C'est ma deuxième lecture de ce roman que j'avais présenté
lors du speedbooking. J'avoue que le début avait été
difficile. Je n'arrivais pas à savoir qui parlait, de qui il
parlait (ce il ?), à qui le narrateur était censé
parler. Donc ce fut très déroutant. D'ailleurs, je m'y
suis reprise à plusieurs fois. Je me suis accrochée
parce que j'ai entendu parler pour la première fois de cet
auteur par Henri
BAUCHAU dont j'ai souvent parlé ici. Il l'estimait beaucoup.
J'ai donc poursuivi. Et une fois qu'enfin j'ai réussi à
y entrer, j'ai été subjuguée. Personnellement,
bien que ce tableau n'existe pas, il existe pour moi. Je le vois,
ce tableau représentant les onze membres du Comité de
salut public. Je sens l'époque. Je suis dans l'église
qui sert d'écurie où il a été peint. Je
sens même la peinture. Je ne comprends pas que pour certaines,
il n'ait pas été vu le rapport à l'art. Nous
voyons sous nos yeux comment se compose un tableau qui comporte plusieurs
personnes. Au temps d'une période trouble. Nous parlons d'art
mais chaque fois qu'un tableau est peint, le peintre ne se dit pas
"je fais de l'art". En tout cas, ce n'est pas ce qu'il pensait
à cette époque. C'était un artisan à qui
on commandait une uvre, qui devait respecter un certain nombre
de critères. Et qui ne sait pas comment cette période
pour le moins houleuse de l'Histoire va se finir. D'autant que peindre
un tableau pouvait prendre plusieurs années.
Goya dont je vous ai parlé a eu le même problème
à une époque où il peint la famille royale. La
deuxième lecture pour notre rencontre a été encore
plus fascinante. Il fait partie de ces livres où l'on découvre
chaque fois d'avantage à sa relecture. |
Marguerite
(avis transmis)
Le Grand prix de l'Académie salue en 2009 ce récit de
Pierre Michon, ce qui n'est pas rien, et mon libraire frétille
de bonheur lorsque je lui commande le livre. Que ne ferai-je pour
Pierre Michon, me dit-elle, aller jusqu'à en conserver sans
les vendre des exemplaires dans mes étagères, tant il
excelle ! Ah fort bien ! Je ne connais pas cet écrivain
et me réjouis donc. De la belle littérature pensé-je.
Hélas, trois fois hélas, le frétillement aura
peu duré tant j'ai peu aimé ce livre.
Mais avant d'évoquer mes goûts et mes dégoûts,
je salue une fiction dans les règles les plus classiques de
l'art et le pari si difficile pour la littérature d'aborder
la peinture. Surtout lorsque ni le peintre, Corentin, ni l'uvre
- un portrait des onze parricides de la royauté française,
membre du Comité de sûreté générale
reconduits de mois en mois - n'ont existé. L'un et l'autre
sont pure fiction.
Le récit s'ouvre tout entier sur une absence. Un manque, un
creux de l'histoire que l'auteur entend réparer. Ce vide au
panthéon de la peinture française concerne le portrait
de ces hommes qui ont pourtant consacré le palais royal, musée
national et propriété collective des ci-devant citoyens.
1793 est l'année croisée de l'institution de la Terreur,
de l'inauguration du Musée du Louvre et de l'exécution
de Louis XVI et Marie Antoinette. Donner à voir en littérature
ce qui n'a jamais été ni commandé, ni peint est
une proposition audacieuse et puissante. D'autant que cette peinture,
bien plus encore qu'une peinture d'histoire représenterait
l'Histoire. Les onze, selon l'auteur seraient "l'Histoire
(
) dans l'effroi, car l'Histoire est une pure Terreur."
Portraiturer l'Histoire, rien de moins.
Pour tenir le défi de la fiction, pour suspendre notre légendaire
méfiance et croire ce que l'on nous raconte, l'auteur va donc
fortement l'arrimer au vraisemblable, l'accrocher à ce que
de l'histoire nous paraîtra relever du réel. Nous aurons
d'abord la filiation du peintre et le sang et les viscères
de sa généalogie : alors la glaise, la boue des rives
de la Loire où s'engloutissent les corps des Limousins qui
la creusent et s'y enfoncent. Une plèbe au travail
Puis
viennent l'opiniâtreté et la farouche détermination
du père de Corentin. A grand peine extrait de ses racines fangeuses
par un latin auquel il s'essaye, plutôt bien d'ailleurs, mais
hélas un latin qui parlera si peu à son sang qu'il sera
piètre homme de lettres, le bougre. Une naissance, ça
ne s'invente pas, et lui n'a pas de nom. Nous aurons alors la rencontre
avec le ventre fécond des femmes un peu nées, un peu
nobles, ceci fera mieux l'affaire et voilà père et mère
prolongés par un marmouset entrelardé dans des jupons
bavards qui vont "le tuer d'amour". Naissance
du grand homme. Il sera mis sous les ordres du grand David, qui d'ailleurs
ira dans ces pages jusqu'à le craindre
,Puis viendra une
biographie de ce peintre majeur, suivi d'un portrait au vitriol de
chacun des Onze. Sous le vent et la froidure de nivôse, nous
irons avec Corentin dans l'église hennissante, remisée
en écurie et de l'écurie aux stalles, où le narrateur
hallucinera dans l'il des chevaux une galerie des trognes des
ci-devant gardiens du Comité de sûreté générale
: là, surgit la commande qui n'eut jamais lieu. Le regard en
fulgurance des sanguinaires.
Ancré solidement au temps, la fiction est chevillée
de surcroît à ce moment où le monde bascule, où
"Dieu changeait de nid en quelque sorte",
magnifique formule. Mais des lumières d'une écriture
rutilantes, naquirent aussi des "ratés" de la plume,
dixit chacun des onze. Le bal des ratés est ouvert par le père
du peintre. Les belles pages sur ce qu'était l'écrivain
des Lumières ("une puissante machine à augmenter
le bonheur des hommes
même s'ils avaient la pénible
certitude d'être une taupe sortant le nez d'une cour de cave.")
ne seront qu'un préambule à un écrasant dédain
- "Car s'il arrive que les Limousins choisissent les lettres,
elles ne choisissent pas les Limousins."
"Les onze" ratés de l'écriture suivent, pauvres
et médiocres en poésie, en théâtre, en
histoire. Ainsi, les frustrés de l'Art produiraient les plus
grands sanguinaires : "Et ils sont surpris peut-être
que la Gloire leur soit venue par ce biais ; surpris que le métier
d'homme soit commissaire - et non pas auteur". L'un fait
couler la sensibilité pour "un public de basalte",
Robespierre, "on ne (le) commente pas", il passe
ainsi à la trappe, un autre enfin, serait "quelque chose
comme un second Molière." L'argument est si usé
! Il est aussi de sinistre mémoire pour oser s'en servir davantage.
Le pari ardu de combler l'absence d'une petite histoire dans la grande
contraint l'écrivain à traiter d'un temps si politique
qu'il nous échappe encore, et si sanglant qu'il nous aveugle,
toujours.
C'est ici que je craque, face à ce qui me semble être
autant d'images d'Épinal qui auraient besoin d'une plume plus
trempée pour les décrasser et non pour les enfoncer
définitivement dans ma cervelle. Et bien pire que les lieux
communs, il y a un tel mépris qui se dégage de ces pages,
un mépris ciselé dans l'écriture. Quelques exemples,
allez : "Il avait eu dans la fille à sang bleu
la satisfaction irrévocable, la trace exultante en forme de
petite fille", ce pauvre Corentin la marche "sceau
d'infamie ou de noblesse comme on voudra", pour qui les
désinences latines ne seront jamais celles de Monseigneur le
Dauphin de France. Pour lui, elles seront "le triomphe
magistral de ce qui est, et la négation de lui-même,
qui n'est pas." Et plus loin encore "ce que
par courtoisie on appelle une femme". Il y a encore, "Le
beau couteau de saint Just", les fatras de gueux, les
jeux d'osselets humains des hommes de la terreur par cette nuit de
Nivôse, anthropophages politiques de bas étage, et ce
que le peintre Corentin "se sentait prêt à
expédier en deux jours quelque mégère Fraternité
et Égalité". Cette église de nivôse
enfin, "ce vaisseau vide" et enfin cette commande
formulée comme un trophée de "saints, des
tyrans, des larrons, de princes
", bref, tout ce
qui précisément était sensé avoir été
renversé. Une Terreur qui devient au fil des pages une palpitation
organique, ornée d'oripeaux et des concepts politiques qui
tintinnabulent comme des clochettes accrochées au chapeau des
bouffons, c'en est trop.
Si la seule intrigue tient dans cette fausse adresse d'un narrateur
surplombant l'histoire avec Michelet, vers un "Monsieur"
qui pourrait être, vous, moi, qui sais-je, pauvre lecteur, là,
j'abandonne.
Enfin pour ce qu'il en est de vouloir faire de la littérature
sur la peinture, et à propos de Léonard de Vinci, le
philosophe Darriulat évoquait sur France Culture, récemment,
ce fait : Simonie (premier héros à avoir chanté
les hommes), poète de l'antiquité, voulait que "la
peinture soit une poésie muette et la poésie une peinture
parlante". Cela déplut à Léonard
qui trouvait la peinture supérieure à la poésie.
Il tourna alors la formule : "la poésie est
une peinture aveugle et la peinture elle, elle ouvre les yeux."
Alors que dire d'une poésie qui bavarde à propos d'une
peinture qui n'existe pas ? |
Pour
mémoire : nous avions choisi pendant l'été de
lire
DES LIVRES AYANT POUR THÈME L'ART
L'art
? Quel que soit le domaine.
Les livres ? Quel que soit leur genre (le
roman bien sûr, la biographie, l'autobiographie, l'essai littéraire,
la BD, etc.)
Le nombre de livres présentés ? Sans
limitation, du moment quon tient pour en parler dans le temps
fixé...
La présentation ? Qui donne envie de
découvrir le livre, voire de le programmer, ou au contraire qui
permet de dire "un de moins à lire"...
Voici trois exemples de livres de ce type, présentés
lors de notre speedbooking en
2018 :
- par Ana-Cristina
: Mémoire des cellules de Marc Agron
- par Fanny
: Dans l'attente de toi d'Alexis Jenni
- par Geneviève
: Le fracas du temps de Julian Barnes.
Et voilà des livres que nous avons lus dans le passé qui
entrent dans cet ensemble (donc de préférence à ne
pas choisir...) :
- La
carte et le territoire de Michel Houellebecq (lu en 2019)
- Être
ici est une splendeur de Marie Darrieussecq (2017)
- La raconteuse de
films de Hernán Rivera Letelier (2016)
- Autoportrait
(à l'étranger) de Jean-Philippe Toussaint (2014)
- Autobiographie
dAlice Toklas de Gertrude Stein (2012)
- Les
couleurs de nos souvenirs de Michel Pastoureau (2010)
- Maîtres
et serviteurs de Pierre Michon (2008)
-
Danseur de Colum McCann (2007)
- Passagère
du silence de Fabienne Verdier (2006)
- Un
artiste du monde flottant de Kazuo Ishiguro (2004)
- Narcisse
et Goldmund de Hermann Hesse (2004)
- Comédien
de Pierre Charras (2003)
- La
jeune fille à la perle de Tracy Chevalier (2002)
- La
demande de Michèle Desbordes (2000)
- Lettres
à son frère Théo de Vincent Van Gogh (1997)
- Maîtres
anciens de Thomas Bernhard (1991)
Un rappel de "formules dété"
passées :
- un livre particulièrement volumineux :
Le
quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durrell (1050 p.), Vie
et destin de Grossman (1170 p.)
- un
auteur dont on lit plusieurs livres au choix : Mishima,
Klaus
Mann
- des
livres d'un pays : la
Chine continentale
- un
groupe d'écrivains : au choix parmi les auteurs du groupe
de Bloomsbury
- une
collection : au choix des ouvrages de la collection "Terre
Humaine"
Un thème unissant les livres lus est donc une
première !
Nos cotes
d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie - beaucoup-
moyennement - un peu - pas du tout
grand ouvert - ¾
ouvert - à moitié
- ouvert ¼
- fermé !
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