L'Express
2017


Points
, 216 p.

Quatrième
de couverture :

Début des années trente. Une jeune fille enchaîne les longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles, sous l’œil ahuri des jardiniers. Nager, c’est tout ce qui compte pour Jackie. Nager pour fuir les contraintes, pour préserver sa fantaisie. Toute sa vie, elle parcourt des kilomètres pour se baigner. Cet amour pour l’eau, sa fille Chantal en a hérité. Comme sa mère, elle nage pour être libre.

Chantal Thomas (née en 1945)
Souvenirs de la marée basse (2017)

Nous avons lu ce livre en novembre 2019. Nous avions lu La Reine scélérate en 2006.

En bas de page, des infos sur Chantal Thomas : œuvres, prix, livres portés à l'écran ou à la scène, interviews à la radio, en vidéo, parcours, livres à la veine autobiographique (pourquoi le livre est-il sous-titré "roman" ?)
Nos 16 cotes d'amour, de l'enthousiasme esseulé au vif rejet :

Fanny(avis transmis)
J'avais hâte de lire ce livre, la présentation de Geneviève ayant piqué ma curiosité. Je suis un peu déçue dans l'ensemble, peut-être en lien avec mes attentes.
Dès les premières pages, j'ai été gênée par le style, je trouve que Chantal Thomas verse dans un côté lyrique parfois un peu facile. Elle semble surfer sur de grands auteurs qu'elle se plaît à citer alors qu'elle n'a pas le même talent. Je trouve aussi qu'il y a parfois trop d'adjectifs qui alourdissent le style. J'ai été également un peu agacée par certaines phrases assenées, je trouve, de façon maladroite. Elle aurait gagné en simplicité avec une écriture plus épurée.
Et c'est dommage, parce que j'ai aimé l'histoire et j'ai été touchée par les différents protagonistes et par cette relation mère-fille qui mêle distance et proximité tout au long de leur vie. Le rapport à la mer qui est également un personnage central m'a moins émue, je pense que c'est en lien avec les descriptions que j'ai souvent trouvées redondantes.
J'ai également apprécié la construction du roman avec ses deux principales parties qui reflètent les deux phases de vie de Jackie, avec émotion et mélancolie.
Pour toutes ces raisons je pense qu'il me restera des traces de la lecture de ce livre. J'ouvre à moitié.

Denis (avis transmis)
Je ne suis pas arrivé à m'intéresser à ce livre. Je l'ai même trouvé assez déplaisant, à ressasser "ma mère ci, ma mère ça..."
Je n'aime guère la natation et je m'ennuie à la plage, et ce livre ne m'a pas fait changer de sentiment.
Je trouve l'écriture plate, sans tension, sans verve, sans humour. Passée l'histoire – drôle mais rapportée platement 
du bassin de Versailles, je me suis ennuyé ferme. Le personnage de la mère ne m'a aucunement touché, et j'en ai eu vite assez. Je suis attristé par la banalité de ces vies et je ne vois guère d'intérêt à leur publication. En conclusion, je n'ouvre pas.
Catherine(avis transmis)
Tout d'abord, ce livre a été reposant après Cosmos et Orlando. Il se lit facilement ; ça a été un plaisir de lecture pour moi, avant tout je pense parce que je partage le même amour de la mer, de la plage, de la natation en pleine mer et du bassin d'Arcachon... J'ai eu très souvent aussi envie de nager dans le Grand Canal de Versailles, mais sans passer à l'acte pour l'instant... A part ça, pas grand chose, je ne garderai sans doute pas un souvenir éternel de ce livre et n'ai pas été réellement touchée par les personnages ; j'ai trouvé l'écriture assez agréable sans plus. Je l'ouvre à moitié.

Nathalie
J'avais ce livre dans ma pile depuis plusieurs mois déjà. Je crois me souvenir qu'on me l'a offert et je l'avais vu comme un "petit roman" à lire sans conséquences.
La dernière fois que je suis venue au groupe, j'ai annoncé de façon ostentatoire qu'il était trop facile et qu'en deux heures la lecture aurait été faite, que ce n'était pas vraiment un livre pour le groupe lecture.

Etienne
Ce que Geneviève avait dit aussi !
Nathalie
En réalité, j'ai mis plus d'un mois à le lire, mais pas à cause de sa complexité. Je n'ai pas aimé cette lecture, elle m'a été pénible à plusieurs égards.
Tout d'abord sa
forme  : j'ai trouvé que le roman était mal construit, qu'il y avait des dissonances dans le contenu, des passages trop développés, d'autres pas assez. Que l'auteure se contentait d'affleurer la texture des choses, que le monde qu'elle nous décrivait n'était ni une vision de l'enfant, ni une vision de la femme écrivain. J'ai eu une impression désagréable de fragments notés, puis développés, sans raison particulière.
Et puis son contenu : elle nous parle du lien avec la mère, sans réussir à en faire une figure mémorable. Il me semble que l'auteure n'a pas réussi à donner à sa mère une envergure. Elle en a fait un portrait restreint qui, pour moi, ne lui rend pas la place de femme que cette femme a dû avoir dans sa vie. Et puis, soudain au détour d'une page, elle nous laisse entendre que ce serait le père, le plus important "mais mon père, ce jeune mort, m'a légué pour héritage le silence. C'est de cette matière mate et sourde, de ce tombeau d'avant l'heure, que je dois extraire mes propres mots" (p. 136). Je ne comprends pas ce passage.
De la même façon que je trouve pénibles toutes les formules clichés sur l'amitié, sur la mort, comme "je crois que la vie, la vraie vie, ne veut pas de la mort, d'aucune façon, sous aucun déguisement. Elle est son ennemie absolue" (à la même page).
Je trouve qu'il y a des facilités agaçantes sur le travail des souvenirs comme le travail sur des mots mer/mère, résigné/résinier (p. 118). C'est du déjà vu ou lu. Sans parler de la construction des phrases, avec des accumulations pénibles qui étouffent le texte de même que les phrases à rallonge de huit à neuf lignes très nombreuses très très pénibles.
J'ai ressenti certaines contradictions : par exemple, dans le passage à l'été prochain, la narratrice évoque les grandes conversations des filles – "nos perpétuelles messes basses" (p. 105) – et puis tout à coup elle laisse entendre que la séparation "leur tombe dessus" comme si elles ne savaient pas que l'une allait partir, que l'été allait se terminer alors qu'elles passent leur temps à parler. Pour moi, c'est quelque chose d'artificiel. Les récupérations d'autres passages d'écrivains m'ont également agacée.
Et enfin, je n'ai pas réussi à entrer dans cet Arcachon qu'elle évoque livré à la lorgnette de l'enfance.
Pour tout ceci, je ferme le livre.

Jacqueline

Je l'ai lu il y a 15 jours, très vite mais, au contraire, avec beaucoup de plaisir. Je regrette d'avoir un peu oublié beaucoup de choses. Loin d'être agacée par le style, j'ai aimé les descriptions, en particulier de la lumière. En fait, il me reste surtout une impression très apaisée, sans doute le plaisir de l'eau, de la natation.
J'ai été émue par l'histoire du père. C'est un livre où la narratrice fait un récit très apaisé et absolument libre de tout reproche à l'égard de cette mère.
L'auteure sait nous faire vivre les sensations de la jeune fille insouciante des codes et j'ai aimé l'apparition des fantômes d'un autre temps pour évoquer l'évolution de Versailles et des mœurs. J'ai aimé aussi l'ancrage du récit dans l'histoire et l'évocation du Front populaire. J'ouvre aux ¾.
Etienne

C'est un livre sympathique, agréable. La description de l'eau, de la mer, est très réussie, même si c'est un peu trop chargé, avec un peu de remplissage, en particulier l'évocation d'autres auteurs, Sévigné, Proust… On la met en lien avec Annie Ernaux et ce n'est pas à son avantage. Quant aux troubles mnésiques de sa mère qu'elle évoque à la fin, c'est trop ou pas assez. J'ouvre à moitié.
Annick A

J'ai trouvé ce livre sans grand intérêt. J'ai passé de nombreuses vacances enfant en bord de mer, mais je n'ai ressenti aucune émotion en lisant ce livre dont l'écriture n'a pas su rendre ces moments magiques de l'enfance. Toute la première partie m'a beaucoup ennuyée. Dans la seconde partie la relation mère-fille est abordée avec davantage de finesse. Le personnage de la mère est plus intéressant et la perte de ses facultés décrite avec une bonne distance et délicatesse. Mais bon ! Cela ne suffit pas en faire un bon livre. Je l'ouvre ¼.
Danièle

J'ai aimé le début du livre qui me rappelait celui de Maylis de Kerangal dans Réparer les vivants. que nous avions lu en 2016. J'ai cru un moment y retrouver le rapport à la mer du surfeur, cette envie de se fondre dans un milieu naturel plus ou moins hostile, de le maîtriser, le plaisir et la sensation de puissance que cela procure. Mais la comparaison n'a pas tenu trop longtemps, je n'ai pas éprouvé le même envoûtement avec ce roman-ci. J'ai mis un peu de temps à comprendre qu'en fait ce livre traitait de la relation mère-fille plus ou moins habilement amenée par leur différence d'attitude face aux plaisirs de la mer. Au-delà de leur passion commune pour l'eau, leur attente différente révèle l'ambivalence de leurs relations (admiration/crispation, rivalité/complicité) et l'opposition de caractère entre une mère volontaire, compétitrice, impatiente, et une fille rebelle, rêveuse, sensible, contemplative. Là encore, je trouve l'idée intéressante, mais maladroitement traitée. Dans toute la première partie, on sent l'exercice de style dans les descriptions. Elle cite Proust p. 84. Alors je comprends ces phrases un peu longues : peut-être a-t-elle voulu faire du Proust ?...
La deuxième partie est toute différente. Sans passer par des artifices de style, elle dit tout simplement : "Ma mère m'a crispée comme elle seule sait me crisper" (p. 153). Un autre ton est donné. J'ai trouvé cette partie plus sobre et plus émouvante. Dans la description de sa mère vieillissante, j'ai même pensé alors à Annie Ernaux. Amusants aussi les commentaires sur l'usage des cartes postales, qui aplanissent les rapports entre des personnes qui ne pourraient en fait pas communiquer au quotidien. J'ai trouvé ces passages intéressants, tout en me faisant la réflexion que les SMS actuels ont souvent la même fonction...
J'ouvre à moitié.
Annick L
Au début, c'était sympa, sensuel, puis j'ai eu marre de l'eau. Je n'aime pas cette écriture qui est artificielle, elle pose à l'écrivain. J'ai mis du temps à lire le livre. L'amitié enfantine est décrite de façon creuse. La deuxième partie, avec la relation à la mère reconstruite, est bien réussie et subtile cette relation compliquée et à distance. Mais qui cela peut-il intéresser ? J'aime Annie Ernaux, mais elle c'est un grand écrivain. Chantal Thomas n'est jamais touchante, elle me laisse froide. J'ouvre un quart.
Brigitte

J'avais déjà lu avec le groupe le livre sur Marie-Antoinette et les pamphlets dont je ne me souvenais pas.
L'auteure connaît bien son métier. Elle sait très bien décrire les sentiments, les impressions, le vécu subjectif de deux fillettes de dix ans, vivant sur une plage, en dehors de toutes contraintes. Elle sait se mettre à la hauteur de ces jeunes filles, déjà assez autonomes, mais vivant dans le monde imaginaire de l'enfance.
J'ai particulièrement apprécié le passage où Chantal et Lucile passent des heures à explorer, fascinées, les mouvements de l'eau autour des piliers rouillés de la jetée.
Mais, à la longue, on se lasse. Mon intérêt s'éveille à nouveau quand la narratrice évoque la capacité de résilience de sa mère, et aussi quand elle traite avec beaucoup de subtilité la difficile relation mère-fille. En voici une citation : "la trouée d'un cri définitivement inaudible" (p. 168).
Cependant, je pense qu'il n'y a pas ici matière à écrire un livre, j'aurais préféré qu'elle opte pour la forme de la nouvelle. J'ouvre ce livre à moitié.
Monique L

C'est pour moi un livre plein de pudeur et de délicatesse sur une relation entre une mère-enfant et sa fille et sur le rôle de la mer et la natation vécues comme lieux de liberté, de légèreté et d'insouciance.
C'est agréable à lire, c'est pas mal écrit. L'évocation des plaisirs de l'enfance à la plage a fait resurgir des souvenirs de mes vacances passées sur les plages de la côte atlantique. J'
y ai remarqué des passages très évocateurs, comme la description de la famille Leçon ou des plages d'Arcachon avec leurs baïnes, leurs algues. L'histoire de la Reine des mers est intéressante pour évoquer les mondes imaginaires que l'on invente pendant l'enfance, bien que je l'aie trouvée trop élaborée pour des enfants de cet âge (il est vrai que c'est rapporté après coup par une adulte).
Ce récit en courts chapitres décline le champ lexical de la mer et de l'océan. J'y vois un exercice intéressant et assez réussi, mais qui ne m'a pas réellement touchée. Les rapports mère-fille sont discrets, maladroits et pudiques. C'est ce qui m'a le plus intéressée. J'ai été plus séduite par la fin du roman que j'ai trouvé plus subtile et mélancolique et qui m'a émue.
Je n'ai pas réellement de critiques à faire. C'est un texte qui a provoqué en moi une certaine nostalgie, mais qui ne va pas laisser beaucoup de traces. Je l'ouvre qu'à moitié.
Séverine
J'avais repéré ce livre en pensant à ma sœur passionnée de natation. J'ai eu du mal à lire la première partie. Tout me coulait dessus sans faire de mauvais jeux de mots. J'ai été intriguée par l'histoire de la mère se baignant à Versailles et puis ensuite plus rien… zéro intérêt. Si je n’avais pas eu à faire un trajet de deux heures en train sans autre livre sous la main que celui-ci, je pense que j’aurais stoppé ma lecture. Et ça aurait été dommage car la seconde partie rattrape un peu l’affaire. Le portrait de la mère est intéressant. La façon dont elles gèrent leur relation aussi : le coup des cartes postales, j’ai trouvé que c’était un "modus vivandi" entre elles qui ne manquait pas de charme. J’aurais eu envie d’en savoir plus sur cette sorte de "Desperate housewife" qui s’est retrouvée du jour au lendemain veuve avec toute sa liberté à gérer. J'ouvre ¼. J'ai commencé
L'échange des princesses, mais je peine et ne vais sans doute pas le terminer. Et je ne suis pas sûre d'offrir ce livre à ma sœur nageuse...

Etienne
C'est intéressant cette mère qui est athlète sans être compétitrice.

Lisa

Ce livre : oui, et… ? So what ? Quel intérêt ? Je n'ai aimé ni Cosmos ni Orlando. Pour celui-ci, j'ai voulu chercher du positif : ça se lit bien, j'ai aimé la princesse du palais des mers, les châteaux de sable. Le passage à la vie adulte se fait trop rapidement. Je n'ai pas aimé la deuxième partie, l'histoire avec la mère. À cause de la quatrième de couverture, je m'attendais à l'histoire d'une grande sportive très reconnue. J'ouvre ¼.
Claire

Je souffre pour Geneviève qui a aimé ce livre qu'elle avait évoqué sans d'ailleurs proposer de le programmer, et j'étais très partante pour le lire. Je suis séduite par Chantal Thomas qui a une œuvre protéiforme dont j'apprécie la diversité des facettes.
Comme Lisa, je formule le positif : il y a priori un
beau personnage, original, la mère ; deux moments tragiques : là où elle travaille à Lyon à la Maison des sciences de l'homme se trouvait une salle de torture qu'elle fait revivre, c'est parfait, sans un commentaire (p. 43) et la scène horrible dans une prison de femmes où l'on fait coudre nue une femme (p. 178). Pas mal la comparaison entre marcher-flotter et le Sprechgesang (p. 74). Je conserve aussi la jolie caricature de la famille Leçon et la mère de Lucile prof de lettres qui parle comme une dictée, mais… c'est tout.
En découvrant l'avis de Denis, je me suis dit "bienvenue au club", tout en trouvant injustifié de parler de la banalité de vies dont il ne voit pas d'intérêt à la publication, car on peut être génial avec du banal. Mais je le rejoins dans l'ennui : à peu près tout le récit m'a barbée, au point que j'ai sauté de nombreux passages que je trouvais sans intérêt.
Pour moi, tout cela est dû à l'écriture : j'ai été déçue dès la première page qui commence avec une description que je taxe exprès de débandante (une blancheur qui va "s'épanouir dans le pur éclat d'une transparence dorée") car arrive très vite le mot "jouir" comme un programme (non tenu...)
Alors que rien ne contredit l'aspect biographique du livre, le sous-titre "roman" m'exaspère, pour "faire littérature", et sa réponse à Laure Adler, qui lui demande pourquoi "roman", ne fait que l'enfoncer.
Ce qui contribue aussi à me laisser sur le chemin, c'est qu'elle dit au lieu de faire sentir ("show, don't tell" c'est le conseil aux écrivains débutants qu'il faudrait lui appliquer...) : quand elle évoque "la grâce de l'instant", elle ferait mieux de me le faire sentir au lieu de blablater.
Alors qu'elle s'affirme féministe, mettant dès qu'elle le peut la chambre à soi de Virginia Woolf en avant, je la prends sur le fait d'un essentialisme sans aucun recul : "les hommes ont tendance à s'enferrer dans le silence, tandis que les femmes s'affolent dans le non-sens, disent n'importe quoi".
Et voilà tout à coup un jeu de mots, pof, qui tombe à plat : "Je n'ai pas de raison de substituer des bains de ferveur aux bains de langueur". C'est affecté, comme disait Annick, elle pose à l'écrivain.
Elle raconte l'arrivée à la gare d'Arcachon de son père que sa mère vient chercher
(p. 43) : "Il étreint sa jeune femme, caresse son épaule nue, pose un baiser sur ses lèvres roses" : le pire de la biographie romancée, bien cucul !
Et quand elle évoque un moment important, elle parle de conversion quand son regard sur sa mère change, ça devrait être fort : tout tombe à plat pour moi quand je lis
(p. 172) "j'avais été traversée par la force mystérieuse de l'amour" : pitié !
Françoise
J'ai eu beaucoup d'agacement dans cette lecture. Soit elle en dit trop, soit elle en dit pas assez : je n'ai pas réussi à comprendre qui était sa mère, car elle est complètement elliptique.

Annick L
C'était une mère-enfant.

Françoise
J'ai été frustrée du début à la fin. La construction est bancale. C'est dû à son écriture. L'évocation de la mère n'est pas convaincante. La fin sauve un peu le livre. J'ouvre ¼.
Geneviève

J'avais dit que ce n'était pas un livre pour le groupe lecture, même si je l'avais bien aimé.
J'ai en effet apprécié ce livre tout au long. C'est une pure question de sensibilité et nos sensibilités sont toutes différentes. J'ouvre en grand.

(Discussion à nouveau sur ce qu'est un livre-pour-le-groupe-lecture ou, plutôt, ce qu'est un livre-pas-pour-le-groupe-lecture. Nous tombons tous d'accord sur le fait que ce livre n'était pas pour le groupe, y compris celle qui l'a aimé et qui l'avait justement précisé quand elle a évoqué le livre. Ce n'est pas le fait de ne pas aimer le livre de façon majoritaire qui attribue ce qualificatif littérairement infâmant et toujours indéfinissable... : pas pour le groupe lecture !)

Séverine
Je n'ai pas aimé Cosmos et je pense que c'est pourtant un livre pour le groupe lecture.

(Assentiment des nombreux lecteurs n'ayant pas aimé le livre)

Claire (à Nathalie qui, au cours du tour de table, a envoyé plein de piques au livre)
Et pourquoi tu étais si agressive ?...

Nathalie
Parce que si ce n'était pas Chantal Thomas, le livre ne serait pas publié.

Claire (étalant sa vie avec Chantal Thomas...)
J'ai lu plusieurs livres de Chantal Thomas : son dernier East Village Blues dont j'ai aimé l'évocation de l'époque de Patti Smith à New York, et qui comporte des illustrations qui n'apportent rien du tout, c'est comme "pourquoi ce sous-titre de roman". J'avais lu avec le groupe La Reine scélérate : Marie-Antoinette dans les pamphlets, parcouru son livre sur Thomas Bernhard quand nous avions lu des livres de lui dans le groupe il y a 20 ans. J'ai retrouvé aussi Comment supporter sa liberté au joli titre. J'avais lu L'Île flottante et vu l'adaptation rigolote d'Alfredo Arias au théâtre de Chaillot en 2008 où pendant toute la pièce était mitonnée une recette du chef Alain Passard qu'on mangeait à la fin de la représentation.
J'avais vu le film adapté par Benoît Jacquot de son livre Les Adieux à la reine qui évoque la lectrice de Marie-Antoinette. J'ai aimé le film qu'elle a écrit sur Roland Barthes, un film d'amour.
Je l'ai écoutée à l'Odéon sur Casanova, à la Maison de la poésie sur son dernier livre et ces temps-ci pour mieux la cerner, j'ai écouté environ plus 4 heures d'entretiens à la radio (masterclasse à la BNF comprise).

Annick L
C'est vrai qu'elle est extrêmement agréable à écouter.

Claire
J'emploie exprès le terme de séduite (je suis séduite) avec le mauvais côté de la séduction...

Une fine psychologue
De la poudre aux yeux !

Claire
Hélas... Et là je suis bien déçue. Le charme de Chantal Thomas, c'est la légèreté, le papillonnage ; son défaut c'est la superficialité. Par exemple, j'ai lu hier son tout petit livre L'Esprit de conversation sur trois salons (Mme de Rambouillet, Mme du Deffand, Mme de Staël) : c'est une vraie gourmandise qu'elle écrit à partir d'études sérieuses (des autres..., qu'elle cite).
Dans son petit livre Souffrir que j'ai parcouru ces jours-ci et qui relève plus de l'essai, elle mêle des éléments autobiographiques, c'est bien mieux réussi (et j'y ai d'ailleurs lu cette phrase bienvenue : "ma souffrance n'intéresse personne"). Quant elle s'attaque à un sujet aussi casse-gueule que la relation mère-fille, elle adopte un joli angle de vue, limité parfaitement, mais le ton, le contenu, et l'écriture ça pardonne pas, laissent sur leur faim, elle tient pas la route.

J'ai pensé aussi à un livre que nous avions lu ici en 2001 et dont l'auteure était présente avec nous, Entre mère et fille : un ravage de Marie-Madeleine Lessana, qui analysait des couples célèbres (Madame de Sévigné et sa fille Madame de Grignan, Marlène Dietrich et sa fille, Camille Claudel et sa mère, Lol V. Stein et sa mère, Les sœurs Papin…).

Françoise
Je pense aussi au livre de Pierre Fleutiaux Des phrases courtes, ma chérie sur sa mère.

Claire
Ah oui !
Par ailleurs, Nathalie depuis Nantes m'a pompé l'air cette semaine avec un livre de Vivian Gornick Attachement féroce que j'ai fini par lire sur son insistance. Même duo mère-fille, même mère peu aimante, même petit livre : je n'ai pas sauté une seule page...


(Les deux exemplaires de Nathalie et de Claire s'arrachent...)

Voir aussi "Tout sur leur mère"...
dossier du Magazine littéraire, mai 2014



DOC SUR CHANTAL THOMAS ET SES LIVRES
- Œuvres
- Prix

- Livres portés à l'écran ou à la scène
- Interviews à la radio, en vidéo
- Parcours
- Livres à la veine autobiographique

ŒUVRES : des essais, récits, romans, nouvelles, pièces, un film, une exposition
- 1978 : Sade, l'œil de la lettre, Payot ; rééd. Sade, La dissertation et l'orgie, Rivages Poche, 2002
- 1985 : Casanova, un voyage libertin, Denoël ; rééd. Casanova : un voyage libertin, Poche Folio, 1998
- 1987 : (avec Claude Bonnange) Don Juan ou Pavlov : essai sur la communication publicitaire, Seuil ; Poche Points Essais, 1991
- 1989 : La Reine scélérate : Marie-Antoinette dans les pamphlets (essai littéraire), Seuil ; Poche Points, 2003
- 1990 : Thomas Bernhard, Seuil ; rééd. Thomas Bernhard : le briseur de silence, Seuil, 2006
- 1994 : Sade, Seuil
- 1995 : La Vie réelle des petites filles, Gallimard, coll. "Haute enfance" ; Poche Folio, 2010 (édition revue par l'auteure)
- 1998 : Comment supporter sa liberté, Payot ; Rivages Poche, 2000
- 2002 : Les Adieux à la reine (roman), Seuil ; Poche Points, 2006, Prix Femina 2002
- 2003 : Souffrir, Payot ; Rivages poche, 2018
- 2003 : La Lectrice-adjointe suivi de Marie-Antoinette et le théâtre (théâtre), Mercure de France. Cette pièce avait fait l'objet d'une commande de France Culture (2001) et de lectures-spectacles à la Comédie-Française.
- 2004 : L'Île flottante (nouvelle), Mercure de France ; adaptation théâtrale par Alfredo Arias au théâtre de Chaillot en 2008
- 2005 : Apolline ou l'École de la providence (nouvelle), Poche Points
- 2005 : Le Palais de la reine (théâtre), Actes Sud-Papiers. Pièce créée en 2004 en Argentine, reprise en France de 2005 à 2007.
- 2006 : Les Noces de l'Enfant Roi, conte écrit pour Alfredo Arias à l'occasion des Fêtes de Nuit de Versailles
- 2006 : Chemins de sable : conversation avec Claude Plettner, éd. Bayard ; Poche Points, 2008
- 2006 : Jardinière Arlequin : conversations avec Alain Passard, Mercure de France
- 2008 : Cafés de la mémoire (récit), Seuil ; rééd. Poche Points 2017
- 2010 : Le Testament d'Olympe (roman), Seuil ; rééd. Poche Points, 2011
- 2011 : L'Esprit de conversation, Rivages poche
- 2012 : co-commissaire de l'exposition Casanova : la passion de la liberté à la BNF
- 2013 : L'Échange des princesses (roman), Seuil ; Poche Points 2014 
- 2014 : Un air de liberté : variations sur l'esprit du XVIIIe siècle, Payot
- 2015 : Pour Roland Barthes, Seuil.
- 2015 : Documentaire Roland Barthes 1915-1980, le théâtre du langage, écrit par Chantal Thomas et réalisé par son frère Thierry Thomas, ARTE France, Les Films d’ici 2, INA, 52 min, en ligne ici
- 2017 : Souvenirs de la marée basse, Seuil ; Poche Points 2018
- 2019 : East Village Blues, photographies de Allen S. Weiss, Seuil

Prix
- 2002 : prix Femina pour son premier roman Les adieux à la Reine
- 2014 : prix de l’Essai de l'académie française pour Un air de liberté : variations sur l’esprit du XVIIIe siècle et l’ensemble de ses écrits sur le XVIIIe siècle
- 2014 : grand Prix de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre et prix Roger Caillois auteurs d'expression française
- 2018 : Prix Jean Monnet de littérature européenne pour Souvenirs de la marée basse

- Actuellement membre du Jury du prix Femina et du prix Marguerite Duras

Livres portés à l'écran ou à la scène
- 2005 : au théâtre Le Palais de la Reine, par Alfredo Arias
- 2008 : au théâtre L'île flottante, par Alfredo Arias
- 2012 : au cinéma Les Adieux à la reine par Benoît Jacquot
- 2017 : au cinéma L'Échange des princesses par Marc Dugain

Radio
- 2013 : France Culture, A voix nue, par Perrine Kervran, 5 émissions de 28 min : 1-Une enfance au bord de la mer 2-Une étudiante libre dans les cafés de Bordeaux 3-L'apprentissage de la liberté à travers Sade et Casanova 4-Les romans de Versailles 5-Une autobiographie par fragments
- 2017 : France Inter, L'Heure Bleue de Laure Adler, Le goût de nager de Chantal Thomas, 52 min
- 2018 : Masterclasse à la BNF, avec Raphaël Bourgois, retransmise à France Culture "la lecture comme lieu d'enchantement", 59 min.

Vidéo
- 2017 : Chantal Thomas présente son livre elle-même sur le site de la librairie Mollat et se réfère à un recueil d'estampes, Souvenirs de la marée basse du peintre Kitagawa Utamaro ; on peut feuilleter ICI ce livre de 1790 et en voici deux pages :

Dans une interview dans la même librairie, elle se réfère à Colette (et sa mère Sido).

Parcours
- Née en 1945 à Lyon, vit jusqu'à 17 ans à Arcachon. École religieuse puis lycée, bac philo. Lectures de jeunesse : Tintin, Comtesse de Ségur, Claudine à l'école, L'attrape-cœur, Dostoïevski, Simone de Beauvoir
- 1963-1968 : année d'hypokhâgne à Bordeaux en internat pénible où elle découvre Sade que le garçon dont elle est amoureuse alors lui fait connaître. Puis études de philosophie à l'université. Partage une chambre d'étudiante avec une amie. Découvre Lévi-Strauss, Violette Leduc, Genet et le cinéma (dont Godard qu'elle voit au ciné-club). Avortement (elle se retrouve dans le livre d'Annie Ernaux L'événement). À Aix-en-Provence vit avec d'autres à un moment. Maîtrise sur "Art et nature, Rousseau et Le Corbusier" (ira en Inde voir Chandigarh, la cité conçue par l'architecte).
- 1970-1975 : chambres de bonne à Paris. Suit le séminaire de Roland Barthes à l'École pratique des Hautes Études.
- 1976 : thèse de 3e cycle sous la direction de Roland Barthes sur Sade, qui deviendra un livre, Sade, l'œil de la lettre (Payot, 1978)
- 1977-1984 : vit à New York. Enseigne le français et la littérature dans différentes universités aux USA.
- 1986 : entre au CNRS à Lyon
- 1991 : thèse de doctorat en littérature française sur Marie-Antoinette sous la direction de Pierre Rétat à Lyon 2 (qui dirigea pendant plus de 20 ans le Centre d'étude du XVIIIe siècle) : une thèse dont Chantal Thomas ne parle jamais, alors qu'elle évoque dès que possible celle de 3e cycle avec Roland Barthes...

Veine autobiographique
- 1995 : La Vie réelle des petites filles
- 1998 : Comment supporter sa liberté
- 2006 : Chemins de sable
- 2017 : Souvenirs de la marée basse
- 2019 : East Village Blues
À propos de sa propre "autobiographie indirecte" que constituent ces livres, Chantal Thomas se réfère au livre de Roland Barthes La chambre claire
(concernant sa mère).

Souvenirs de la marée basse est sous-titré "roman" : pourquoi ?
Dans son interview à la radio au moment de la sortie du livre, Laure Adler l'interroge une première fois et Chantal Thomas ne répond pas. Laure Adler y revient en toute fin d'émission et Chantal Thomas n'y coupe pas cette fois :

Laure Adler : — Ce très beau livre est intitulé roman, pourquoi ?
Chantal Thomas : — Parce qu'il y a un fond autobiographique absolument sûr, mais tout un travail de mise en scène pour le faire exister.
Mise en scène ?
Théâtre de la mémoire, oui.
— Mais tout est vrai.
Tout est vrai, mais pas sur le mode contrat de vérité factuelle qu'implique un récit je pense.
— C'est pas de l'autofiction comme on dit ?
Franchement je ne sais pas, ce n'est pas vraiment décisif non ?
— C'est votre voix en tout cas.
Oui.
— Et votre histoire et c'est pour ça que le livre est si bouleversant, c'est une histoire qui nous touche tous, donc quand la littérature devient quelque chose qui à partir d'une histoire personnelle peut s'universaliser, on peut dire que c'est de la grande littérature.


 

 

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

 

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