Quatrième
Début des années trente. Une jeune fille enchaîne les longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles, sous lil ahuri des jardiniers. Nager, cest tout ce qui compte pour Jackie. Nager pour fuir les contraintes, pour préserver sa fantaisie. Toute sa vie, elle parcourt des kilomètres pour se baigner. Cet amour pour leau, sa fille Chantal en a hérité. Comme sa mère, elle nage pour être libre. |
Chantal Thomas (née en 1945)
|
Nos 16
cotes d'amour, de l'enthousiasme esseulé
au vif rejet :
|
Fanny(avis
transmis)
J'avais hâte de lire ce livre, la présentation
de Geneviève ayant piqué ma curiosité. Je suis un
peu déçue dans l'ensemble, peut-être en lien avec
mes attentes.
Dès les premières pages, j'ai été gênée
par le style, je trouve que Chantal Thomas verse dans un côté
lyrique parfois un peu facile. Elle semble surfer sur de grands auteurs
qu'elle se plaît à citer alors qu'elle n'a pas le même
talent. Je trouve aussi qu'il y a parfois trop d'adjectifs qui alourdissent
le style. J'ai été également un peu agacée
par certaines phrases assenées, je trouve, de façon maladroite.
Elle aurait gagné en simplicité avec une écriture
plus épurée.
Et c'est dommage, parce que j'ai aimé l'histoire et j'ai été
touchée par les différents protagonistes et par cette relation
mère-fille qui mêle distance et proximité tout au
long de leur vie. Le rapport à la mer qui est également
un personnage central m'a moins émue, je pense que c'est en lien
avec les descriptions que j'ai souvent trouvées redondantes.
J'ai également apprécié la construction du roman
avec ses deux principales parties qui reflètent les deux phases
de vie de Jackie, avec émotion et mélancolie.
Pour toutes ces raisons je pense qu'il me restera des traces de la lecture
de ce livre. J'ouvre à moitié.
Denis
(avis
transmis)
Je ne suis pas arrivé à m'intéresser à ce
livre. Je l'ai même trouvé assez déplaisant, à
ressasser "ma mère ci, ma mère ça..."
Je n'aime guère la natation et je m'ennuie à la plage, et
ce livre ne m'a pas fait changer de sentiment.
Je trouve l'écriture plate, sans tension, sans verve, sans humour.
Passée l'histoire drôle mais rapportée
platement
du bassin de Versailles, je me suis ennuyé ferme. Le personnage
de la mère ne m'a aucunement touché, et j'en ai eu vite
assez. Je suis attristé par la banalité de ces vies et je
ne vois guère d'intérêt à leur publication.
En conclusion, je n'ouvre pas.
Catherine(avis
transmis)
Tout d'abord, ce livre a été reposant après Cosmos
et Orlando. Il se lit facilement ;
ça a été un plaisir de lecture pour moi, avant tout
je pense parce que je partage le même amour de la mer, de la plage,
de la natation en pleine mer et du bassin d'Arcachon... J'ai eu très
souvent aussi envie de nager dans le Grand Canal de Versailles, mais sans
passer à l'acte pour l'instant... A part ça, pas grand chose,
je ne garderai sans doute pas un souvenir éternel de ce livre et
n'ai pas été réellement touchée par les personnages ;
j'ai trouvé l'écriture assez agréable sans plus.
Je l'ouvre à moitié.
Nathalie
J'avais ce livre dans ma pile depuis plusieurs mois déjà.
Je crois me souvenir qu'on me l'a offert et je l'avais vu comme un "petit
roman" à lire sans conséquences.
La dernière fois que je suis venue au groupe, j'ai annoncé
de façon ostentatoire qu'il était trop facile et qu'en deux
heures la lecture aurait été faite, que ce n'était
pas vraiment un livre pour le groupe lecture.
Etienne
Ce que Geneviève avait dit aussi !
Nathalie
En réalité, j'ai mis plus d'un mois à le lire, mais
pas à cause de sa complexité. Je n'ai pas aimé cette
lecture, elle m'a été pénible à plusieurs
égards.
Tout d'abord sa forme : j'ai trouvé
que le roman était mal construit, qu'il y avait des dissonances
dans le contenu, des passages trop développés, d'autres
pas assez. Que l'auteure se contentait d'affleurer la texture des choses,
que le monde qu'elle nous décrivait n'était ni une vision
de l'enfant, ni une vision de la femme écrivain. J'ai eu une impression
désagréable de fragments notés, puis développés,
sans raison particulière.
Et puis son contenu : elle nous parle du lien avec la mère, sans
réussir à en faire une figure mémorable. Il me semble
que l'auteure n'a pas réussi à donner à sa mère
une envergure. Elle en a fait un portrait restreint qui, pour moi, ne
lui rend pas la place de femme que cette femme a dû avoir dans sa
vie. Et puis, soudain au détour d'une page, elle nous laisse entendre
que ce serait le père, le plus important "mais
mon père, ce jeune mort, m'a légué pour héritage
le silence. C'est de cette matière mate et sourde, de ce tombeau
d'avant l'heure, que je dois extraire mes propres mots"
(p. 136). Je ne comprends pas ce passage.
De
la même façon que je trouve pénibles toutes les formules
clichés sur l'amitié, sur la mort, comme
"je
crois que la vie, la vraie vie, ne veut pas de la mort, d'aucune façon,
sous aucun déguisement. Elle est son ennemie absolue"
(à
la même page).
Je
trouve qu'il y a des facilités agaçantes sur le travail
des souvenirs comme le travail sur des mots mer/mère, résigné/résinier
(p. 118).
C'est du déjà vu ou lu. Sans
parler de la construction des phrases, avec des accumulations pénibles
qui étouffent le texte de même que les phrases à rallonge
de huit à neuf lignes très nombreuses très très
pénibles.
J'ai
ressenti certaines contradictions : par exemple, dans le passage à
l'été prochain, la narratrice évoque les grandes
conversations des filles "nos
perpétuelles messes basses" (p. 105)
et puis tout à coup elle laisse entendre que la séparation
"leur tombe dessus" comme si elles ne savaient pas que l'une
allait partir, que l'été allait se terminer alors qu'elles
passent leur temps à parler. Pour moi, c'est quelque chose d'artificiel.
Les récupérations d'autres passages d'écrivains m'ont
également agacée.
Et enfin, je n'ai pas réussi à entrer dans cet Arcachon
qu'elle évoque livré à la lorgnette de l'enfance.
Pour tout ceci, je ferme le livre.
Jacqueline
Je
l'ai lu il y a 15 jours, très vite mais, au contraire, avec beaucoup
de plaisir. Je regrette d'avoir un peu oublié beaucoup de choses.
Loin d'être agacée par le style, j'ai aimé les descriptions,
en particulier de la lumière. En fait, il me reste surtout une
impression très apaisée, sans doute le plaisir de l'eau,
de la natation.
J'ai été émue par l'histoire du père. C'est
un livre où la narratrice fait un récit très apaisé
et absolument libre de tout reproche à l'égard de cette
mère.
L'auteure sait nous faire vivre les sensations de la jeune fille insouciante
des codes et j'ai aimé l'apparition des fantômes d'un autre
temps pour évoquer l'évolution de Versailles et des murs.
J'ai aimé aussi l'ancrage du récit dans l'histoire et l'évocation
du Front populaire. J'ouvre aux ¾.
Etienne
C'est un livre sympathique, agréable. La description de l'eau,
de la mer, est très réussie, même si c'est un peu
trop chargé, avec un peu de remplissage, en particulier l'évocation
d'autres auteurs, Sévigné, Proust
On la met en lien
avec Annie Ernaux et ce n'est pas à son avantage. Quant aux troubles
mnésiques de sa mère qu'elle évoque à la fin,
c'est trop ou pas assez. J'ouvre à moitié.
Annick A
J'ai trouvé ce livre sans grand intérêt. J'ai passé
de nombreuses vacances enfant en bord de mer, mais je n'ai ressenti aucune
émotion en lisant ce livre dont l'écriture n'a pas su rendre
ces moments magiques de l'enfance. Toute la première partie m'a
beaucoup ennuyée. Dans la seconde partie la relation mère-fille
est abordée avec davantage de finesse. Le personnage de la mère
est plus intéressant et la perte de ses facultés décrite
avec une bonne distance et délicatesse. Mais bon ! Cela ne suffit
pas en faire un bon livre. Je l'ouvre ¼.
Danièle
J'ai aimé le début du livre qui me rappelait celui de Maylis
de Kerangal dans Réparer
les vivants. que nous avions lu en 2016. J'ai cru un moment y
retrouver le rapport à la mer du surfeur, cette envie de se fondre
dans un milieu naturel plus ou moins hostile, de le maîtriser, le
plaisir et la sensation de puissance que cela procure. Mais la comparaison
n'a pas tenu trop longtemps, je n'ai pas éprouvé le même
envoûtement avec ce roman-ci. J'ai mis un peu de temps à
comprendre qu'en fait ce livre traitait de la relation mère-fille
plus ou moins habilement amenée par leur différence d'attitude
face aux plaisirs de la mer. Au-delà de leur passion commune pour
l'eau, leur attente différente révèle l'ambivalence
de leurs relations (admiration/crispation, rivalité/complicité)
et l'opposition de caractère entre une mère volontaire,
compétitrice, impatiente, et une fille rebelle, rêveuse,
sensible, contemplative. Là encore, je trouve l'idée intéressante,
mais maladroitement traitée. Dans toute la première partie,
on sent l'exercice de style dans les descriptions. Elle cite Proust p.
84. Alors je comprends ces phrases un peu longues : peut-être
a-t-elle voulu faire du Proust ?...
La deuxième partie est toute différente. Sans passer par
des artifices de style, elle dit tout simplement : "Ma
mère m'a crispée comme elle seule sait me crisper"
(p. 153). Un autre ton est donné. J'ai
trouvé cette partie plus sobre et plus émouvante. Dans la
description de sa mère vieillissante, j'ai même pensé
alors à Annie
Ernaux. Amusants aussi les commentaires sur l'usage des cartes postales,
qui aplanissent les rapports entre des personnes qui ne pourraient en
fait pas communiquer au quotidien. J'ai trouvé ces passages intéressants,
tout en me faisant la réflexion que les SMS actuels ont souvent
la même fonction...
J'ouvre à moitié.
Annick
L
Au début, c'était sympa, sensuel, puis j'ai eu marre de
l'eau. Je n'aime pas cette écriture qui est artificielle, elle
pose à l'écrivain. J'ai mis du temps à lire le livre.
L'amitié enfantine est décrite de façon creuse. La
deuxième partie, avec la relation à la mère reconstruite,
est bien réussie et subtile cette relation compliquée et
à distance. Mais qui cela peut-il intéresser ? J'aime
Annie Ernaux, mais elle c'est un grand écrivain. Chantal Thomas
n'est jamais touchante, elle me laisse froide. J'ouvre un quart.
Brigitte
J'avais déjà lu avec le groupe le livre sur Marie-Antoinette
et les pamphlets dont je ne me souvenais pas.
L'auteure connaît bien son métier. Elle sait très
bien décrire les sentiments, les impressions, le vécu subjectif
de deux fillettes de dix ans, vivant sur une plage, en dehors de toutes
contraintes. Elle sait se mettre à la hauteur de ces jeunes filles,
déjà assez autonomes, mais vivant dans le monde imaginaire
de l'enfance.
J'ai particulièrement apprécié le passage où
Chantal et Lucile passent des heures à explorer, fascinées,
les mouvements de l'eau autour des piliers rouillés de la jetée.
Mais, à la longue, on se lasse. Mon intérêt s'éveille
à nouveau quand la narratrice évoque la capacité
de résilience de sa mère, et aussi quand elle traite avec
beaucoup de subtilité la difficile relation mère-fille.
En voici une citation : "la
trouée d'un cri définitivement inaudible"
(p. 168).
Cependant, je pense qu'il n'y a pas ici matière à écrire
un livre, j'aurais préféré qu'elle opte pour la forme
de la nouvelle. J'ouvre ce livre à moitié.
Monique L
C'est pour moi un livre plein de pudeur et de délicatesse sur une
relation entre une mère-enfant et sa fille et sur le rôle
de la mer et la natation vécues comme lieux de liberté,
de légèreté et d'insouciance.
C'est agréable à lire, c'est pas mal écrit. L'évocation
des plaisirs de l'enfance à la plage a fait resurgir des souvenirs
de mes vacances passées sur les plages de la côte atlantique.
J'y ai remarqué des passages très
évocateurs, comme la description de la famille Leçon ou
des plages d'Arcachon avec leurs baïnes, leurs algues. L'histoire
de la Reine des mers est intéressante pour évoquer les mondes
imaginaires que l'on invente pendant l'enfance, bien que je l'aie trouvée
trop élaborée pour des enfants de cet âge (il est
vrai que c'est rapporté après coup par une adulte).
Ce récit en courts chapitres décline le champ lexical de
la mer et de l'océan. J'y vois un exercice intéressant et
assez réussi, mais qui ne m'a pas réellement touchée.
Les rapports mère-fille sont discrets, maladroits et pudiques.
C'est ce qui m'a le plus intéressée. J'ai été
plus séduite par la fin du roman que j'ai trouvé plus subtile
et mélancolique et qui m'a émue.
Je n'ai pas réellement de critiques à faire. C'est un texte
qui a provoqué en moi une certaine nostalgie, mais qui ne va pas
laisser beaucoup de traces. Je l'ouvre qu'à moitié.
Séverine
J'avais repéré ce livre en pensant à ma sur
passionnée de natation. J'ai eu du mal à lire la première
partie. Tout me coulait dessus sans faire de mauvais jeux de mots. J'ai
été intriguée par l'histoire de la mère se
baignant à Versailles et puis ensuite plus rien
zéro
intérêt. Si je navais pas eu à faire un trajet
de deux heures en train sans autre livre sous la main que celui-ci, je
pense que jaurais stoppé ma lecture. Et ça aurait
été dommage car la seconde partie rattrape un peu laffaire.
Le portrait de la mère est intéressant. La façon
dont elles gèrent leur relation aussi : le coup des cartes
postales, jai trouvé que cétait un "modus
vivandi" entre elles qui ne manquait pas de charme. Jaurais
eu envie den savoir plus sur cette sorte de "Desperate housewife"
qui sest retrouvée du jour au lendemain veuve avec toute
sa liberté à gérer. J'ouvre ¼. J'ai commencé
L'échange
des princesses,
mais je peine et ne vais sans doute pas le terminer. Et je ne suis pas
sûre d'offrir ce livre à ma sur nageuse...
Etienne
C'est intéressant cette mère qui est athlète sans
être compétitrice.
Lisa
Ce livre : oui, et
? So what ? Quel intérêt ?
Je n'ai aimé ni Cosmos ni Orlando.
Pour celui-ci, j'ai voulu chercher du positif : ça se lit
bien, j'ai aimé la princesse du palais des mers, les châteaux
de sable. Le passage à la vie adulte se fait trop rapidement. Je
n'ai pas aimé la deuxième partie, l'histoire avec la mère.
À cause de la quatrième de couverture, je m'attendais à
l'histoire d'une grande sportive très reconnue. J'ouvre ¼.
Claire
Je souffre pour Geneviève qui a aimé ce livre qu'elle avait
évoqué sans d'ailleurs proposer de le programmer, et j'étais
très partante pour le lire. Je suis séduite par Chantal
Thomas qui a une uvre protéiforme dont j'apprécie
la diversité des facettes.
Comme Lisa, je formule le positif : il y a priori un beau
personnage, original,
la mère ; deux moments tragiques : là où
elle travaille à Lyon à la Maison des sciences de l'homme
se trouvait une salle de torture qu'elle fait revivre, c'est parfait,
sans un commentaire (p. 43) et la scène
horrible dans une prison de femmes où l'on fait coudre nue une
femme (p. 178).
Pas mal la comparaison entre marcher-flotter et le Sprechgesang
(p. 74).
Je conserve aussi la jolie caricature de la famille Leçon et la
mère de Lucile prof de lettres qui parle comme une dictée,
mais
c'est tout.
En découvrant l'avis de Denis, je me suis dit "bienvenue au
club", tout en trouvant injustifié de parler de la banalité
de vies dont il ne voit pas d'intérêt à la publication,
car on peut être génial avec du banal. Mais je le rejoins
dans l'ennui : à peu près tout le récit m'a
barbée, au point que j'ai sauté de nombreux passages que
je trouvais sans intérêt.
Pour moi, tout cela est dû à l'écriture : j'ai
été déçue dès la première page
qui commence avec une description que je taxe exprès de débandante
(une blancheur qui va "s'épanouir
dans le pur éclat d'une transparence dorée")
car arrive très vite le mot "jouir" comme un programme
(non tenu...)
Alors que rien ne contredit l'aspect biographique du livre, le sous-titre
"roman" m'exaspère, pour "faire littérature",
et sa réponse à Laure Adler, qui lui
demande pourquoi "roman", ne fait que l'enfoncer.
Ce qui contribue aussi à me laisser sur le chemin, c'est qu'elle
dit au lieu de faire sentir ("show, don't tell"
c'est le conseil aux écrivains débutants qu'il faudrait
lui appliquer...) : quand elle évoque "la
grâce de l'instant", elle ferait mieux de me le
faire sentir au lieu de blablater.
Alors qu'elle s'affirme féministe, mettant dès qu'elle le
peut la chambre à soi de Virginia Woolf en avant, je la prends
sur le fait d'un essentialisme sans aucun recul : "les
hommes ont tendance à s'enferrer dans le silence, tandis que les
femmes s'affolent dans le non-sens, disent n'importe quoi".
Et voilà tout à coup un jeu de mots, pof, qui tombe à
plat : "Je n'ai pas
de raison de substituer des bains de ferveur aux bains de langueur".
C'est affecté, comme disait Annick, elle pose à l'écrivain.
Elle raconte l'arrivée à la gare d'Arcachon de son père
que sa mère vient chercher
(p. 43) :
"Il étreint sa
jeune femme, caresse son épaule nue, pose un baiser sur ses lèvres
roses" : le pire de la biographie romancée, bien
cucul !
Et quand elle évoque un moment important, elle parle de conversion
quand son regard sur sa mère change, ça devrait être
fort : tout tombe à plat pour moi quand je lis (p. 172)
"j'avais
été traversée par la force mystérieuse de
l'amour" : pitié !
Françoise
J'ai eu beaucoup d'agacement dans cette lecture. Soit elle en dit trop,
soit elle en dit pas assez : je n'ai pas réussi à comprendre
qui était sa mère, car elle est complètement elliptique.
Annick
L
C'était une mère-enfant.
Françoise
J'ai été frustrée du début à la fin.
La construction est bancale. C'est dû à son écriture.
L'évocation de la mère n'est pas convaincante. La fin sauve
un peu le livre. J'ouvre ¼.
Geneviève
J'avais dit que ce n'était pas un livre pour le groupe lecture,
même si je l'avais bien aimé.
J'ai en effet apprécié ce livre tout au long. C'est une
pure question de sensibilité et nos sensibilités sont toutes
différentes. J'ouvre en grand.
(Discussion à nouveau sur ce qu'est un livre-pour-le-groupe-lecture ou, plutôt, ce qu'est un livre-pas-pour-le-groupe-lecture. Nous tombons tous d'accord sur le fait que ce livre n'était pas pour le groupe, y compris celle qui l'a aimé et qui l'avait justement précisé quand elle a évoqué le livre. Ce n'est pas le fait de ne pas aimer le livre de façon majoritaire qui attribue ce qualificatif littérairement infâmant et toujours indéfinissable... : pas pour le groupe lecture !)
Séverine
Je n'ai pas aimé Cosmos
et je pense que c'est pourtant un livre pour le groupe lecture.
(Assentiment des nombreux lecteurs n'ayant pas aimé le livre)
Claire
(à Nathalie qui, au cours du tour de table, a envoyé
plein de piques au livre)
Et pourquoi tu étais si agressive ?...
Nathalie
Parce que si ce n'était pas Chantal Thomas, le livre ne serait
pas publié.
Claire
(étalant sa vie avec Chantal Thomas...)
J'ai
lu plusieurs livres de Chantal Thomas : son dernier East
Village Blues dont j'ai aimé l'évocation
de l'époque de Patti Smith à New York, et qui comporte des
illustrations qui n'apportent rien du tout, c'est comme "pourquoi
ce sous-titre de roman". J'avais lu avec le groupe
La Reine scélérate : Marie-Antoinette dans les pamphlets,
parcouru son livre sur Thomas
Bernhard quand nous avions lu des livres de lui dans le groupe
il y a 20 ans. J'ai retrouvé aussi Comment
supporter sa liberté au joli titre. J'avais lu L'Île
flottante et vu l'adaptation rigolote d'Alfredo Arias au théâtre
de Chaillot en 2008 où pendant toute la pièce était
mitonnée une recette du chef Alain Passard qu'on mangeait à
la fin de la représentation.
J'avais vu le film adapté par Benoît Jacquot de son livre
Les
Adieux à la reine
qui évoque la lectrice de Marie-Antoinette. J'ai aimé
le film qu'elle a écrit
sur Roland Barthes, un film d'amour.
Je l'ai écoutée à
l'Odéon sur Casanova, à
la Maison de la poésie sur son dernier livre et ces temps-ci
pour mieux la cerner, j'ai écouté environ plus 4 heures
d'entretiens à la radio (masterclasse à
la BNF comprise).
Annick L
C'est vrai qu'elle est extrêmement agréable à écouter.
Claire
J'emploie exprès le terme de séduite (je suis séduite)
avec le mauvais côté de la séduction...
Une fine psychologue
De la poudre aux yeux !
Claire
Hélas... Et là je suis bien déçue. Le
charme de Chantal Thomas, c'est la légèreté, le papillonnage ;
son défaut c'est la superficialité. Par exemple, j'ai lu
hier son tout petit livre L'Esprit
de conversation sur trois salons (Mme de Rambouillet, Mme du Deffand,
Mme de Staël) : c'est une vraie gourmandise qu'elle écrit
à partir d'études sérieuses (des autres..., qu'elle
cite).
Dans son petit livre Souffrir
que j'ai parcouru ces jours-ci et qui relève plus de l'essai, elle
mêle des éléments autobiographiques, c'est bien mieux
réussi (et j'y ai d'ailleurs lu cette phrase bienvenue : "ma
souffrance n'intéresse personne"). Quant elle s'attaque
à un sujet aussi casse-gueule que la relation mère-fille,
elle adopte un joli angle de vue, limité parfaitement, mais le
ton, le contenu, et l'écriture ça pardonne pas, laissent
sur leur faim, elle tient pas la route.
J'ai pensé aussi à un livre que nous avions lu ici en 2001
et dont l'auteure était présente avec nous, Entre
mère et fille : un ravage de Marie-Madeleine Lessana, qui
analysait des couples célèbres (Madame de Sévigné
et sa fille Madame de Grignan, Marlène Dietrich et sa fille, Camille
Claudel et sa mère, Lol V. Stein et sa mère, Les surs
Papin
).
Françoise
Je pense aussi au livre de Pierre Fleutiaux Des
phrases courtes, ma chérie sur sa mère.
Claire
Ah oui !
Par ailleurs, Nathalie depuis Nantes m'a pompé l'air cette semaine
avec un livre de Vivian Gornick
Attachement féroce que j'ai fini par lire sur son insistance.
Même duo mère-fille, même mère peu aimante,
même petit livre : je n'ai pas sauté une seule page...
(Les deux exemplaires de Nathalie et de Claire s'arrachent...)
Voir aussi "Tout sur leur mère"...
dossier du Magazine
littéraire, mai 2014
DOC SUR CHANTAL THOMAS ET SES LIVRES
- uvres
- Prix
- Livres portés à l'écran ou à la scène
- Interviews à la radio, en vidéo
- Parcours
- Livres à la veine autobiographique
UVRES :
des essais, récits, romans, nouvelles, pièces, un film,
une exposition
- 1978 : Sade,
l'il de la lettre, Payot ; rééd. Sade,
La dissertation et l'orgie, Rivages Poche, 2002
- 1985 : Casanova,
un voyage libertin, Denoël ; rééd. Casanova
: un voyage libertin, Poche Folio, 1998
- 1987 : (avec Claude Bonnange) Don
Juan ou Pavlov : essai sur la communication publicitaire, Seuil
; Poche Points Essais,
1991
- 1989 : La
Reine scélérate : Marie-Antoinette dans les pamphlets
(essai littéraire), Seuil ; Poche
Points, 2003
- 1990 : Thomas Bernhard,
Seuil ; rééd. Thomas
Bernhard : le briseur de silence, Seuil, 2006
- 1994 : Sade,
Seuil
- 1995 : La
Vie réelle des petites filles, Gallimard, coll. "Haute
enfance" ;
Poche Folio, 2010 (édition revue par l'auteure)
- 1998 :
Comment supporter sa liberté, Payot ; Rivages
Poche, 2000
- 2002 : Les
Adieux à la reine (roman), Seuil ; Poche
Points, 2006, Prix Femina 2002
- 2003 : Souffrir,
Payot ; Rivages
poche, 2018
- 2003 : La
Lectrice-adjointe suivi de Marie-Antoinette et le théâtre
(théâtre), Mercure de France. Cette pièce avait fait
l'objet d'une commande de France Culture (2001) et de lectures-spectacles
à la Comédie-Française.
- 2004 : L'Île flottante
(nouvelle), Mercure de France ; adaptation théâtrale
par Alfredo Arias au théâtre de Chaillot en 2008
- 2005 : Apolline ou l'École de la providence (nouvelle),
Poche Points
- 2005 : Le Palais
de la reine (théâtre), Actes Sud-Papiers. Pièce
créée en 2004 en Argentine, reprise en France de 2005 à
2007.
- 2006 : Les
Noces de l'Enfant Roi, conte écrit pour Alfredo Arias à
l'occasion des Fêtes de Nuit de Versailles
- 2006 : Chemins
de sable : conversation avec Claude Plettner, éd. Bayard
; Poche Points, 2008
- 2006 : Jardinière
Arlequin : conversations avec Alain Passard, Mercure de France
- 2008 : Cafés
de la mémoire (récit), Seuil ; rééd.
Poche
Points 2017
- 2010 : Le
Testament d'Olympe (roman), Seuil ; rééd. Poche
Points, 2011
- 2011 : L'Esprit
de conversation, Rivages poche
- 2012 : co-commissaire de l'exposition Casanova :
la passion de la liberté à la BNF
- 2013 : L'Échange
des princesses (roman), Seuil ; Poche
Points 2014
- 2014 : Un
air de liberté : variations sur l'esprit du XVIIIe siècle,
Payot
- 2015 : Pour
Roland Barthes, Seuil.
- 2015 : Documentaire Roland Barthes 1915-1980, le théâtre
du langage, écrit par Chantal Thomas et réalisé
par son frère Thierry Thomas, ARTE France, Les Films dici
2, INA, 52 min, en ligne ici
- 2017 : Souvenirs
de la marée basse, Seuil ;
Poche Points 2018
- 2019 : East
Village Blues, photographies de Allen S. Weiss, Seuil
Prix
- 2002 : prix Femina pour son premier roman Les adieux à la
Reine
- 2014 : prix de lEssai de l'académie française pour
Un air de liberté : variations sur lesprit du XVIIIe
siècle et lensemble de ses écrits sur le XVIIIe
siècle
- 2014 : grand Prix de la Société des gens de lettres
pour lensemble de son uvre et prix Roger Caillois auteurs
d'expression française
- 2018 : Prix Jean Monnet de littérature européenne pour
Souvenirs de la marée basse
- Actuellement membre du Jury du prix Femina et du prix Marguerite Duras
Livres portés
à l'écran ou à la scène
- 2005 : au théâtre Le
Palais de la Reine, par Alfredo Arias
- 2008 : au théâtre
L'île flottante, par Alfredo Arias
- 2012 : au cinéma Les
Adieux à la reine
par Benoît Jacquot
- 2017 : au cinéma L'Échange
des princesses
par Marc Dugain
Radio
- 2013 : France Culture, A voix nue, par Perrine Kervran, 5 émissions
de 28 min : 1-Une
enfance au bord de la mer 2-Une
étudiante libre dans les cafés de Bordeaux 3-L'apprentissage
de la liberté à travers Sade et Casanova 4-Les
romans de Versailles 5-Une
autobiographie par fragments
- 2017 : France Inter, L'Heure Bleue de Laure Adler, Le
goût de nager de Chantal Thomas, 52 min
- 2018 : Masterclasse à la BNF, avec Raphaël Bourgois, retransmise
à France Culture "la
lecture comme lieu d'enchantement", 59 min.
Vidéo
- 2017 : Chantal Thomas présente son livre elle-même sur
le site de la librairie
Mollat et se réfère à un recueil d'estampes,
Souvenirs
de la marée basse du peintre Kitagawa Utamaro ; on
peut feuilleter
ICI ce livre de 1790 et en voici deux pages :
Dans une interview
dans la même librairie, elle se réfère à Colette
(et sa mère Sido).
Parcours
- Née en 1945 à Lyon, vit jusqu'à 17 ans à
Arcachon. École religieuse puis lycée, bac philo. Lectures
de jeunesse : Tintin, Comtesse de Ségur, Claudine à l'école,
L'attrape-cur, Dostoïevski, Simone de Beauvoir
- 1963-1968 : année d'hypokhâgne à Bordeaux en internat
pénible où elle découvre Sade que le garçon
dont elle est amoureuse alors lui fait connaître. Puis études
de philosophie à l'université. Partage une chambre d'étudiante
avec une amie. Découvre Lévi-Strauss, Violette Leduc, Genet
et le cinéma (dont Godard qu'elle voit au ciné-club). Avortement
(elle se retrouve dans le livre d'Annie Ernaux L'événement).
À Aix-en-Provence vit avec d'autres à un moment. Maîtrise
sur "Art et nature, Rousseau et Le Corbusier" (ira en Inde voir
Chandigarh, la cité conçue par l'architecte).
- 1970-1975 : chambres de bonne à Paris. Suit le séminaire
de Roland Barthes à l'École pratique des Hautes Études.
- 1976 : thèse de 3e cycle sous la direction de Roland Barthes
sur Sade, qui deviendra un livre, Sade,
l'il de la lettre (Payot, 1978)
- 1977-1984 : vit à New York. Enseigne le français et la
littérature dans différentes universités aux USA.
- 1986 : entre au CNRS à Lyon
- 1991 : thèse de doctorat en littérature française
sur Marie-Antoinette sous la direction de Pierre Rétat à
Lyon 2 (qui dirigea pendant plus de 20 ans le Centre
d'étude du XVIIIe siècle) : une thèse dont
Chantal Thomas ne parle jamais, alors qu'elle évoque dès
que possible celle de 3e cycle avec Roland Barthes...
Veine autobiographique
- 1995 : La
Vie réelle des petites filles
- 1998 :
Comment supporter sa liberté
- 2006 : Chemins de
sable
- 2017 : Souvenirs
de la marée basse
- 2019 : East
Village Blues
À propos de sa propre "autobiographie indirecte" que
constituent ces livres, Chantal Thomas se réfère au livre
de Roland Barthes
La chambre claire (concernant sa mère).
Souvenirs de la marée
basse est sous-titré "roman" : pourquoi ?
Dans son interview
à la radio au moment de la sortie du livre, Laure Adler l'interroge
une première fois et Chantal Thomas ne répond pas. Laure
Adler y revient en toute fin d'émission et Chantal Thomas n'y coupe
pas cette fois :
Laure Adler : Ce très beau livre est intitulé
roman, pourquoi ?
Chantal Thomas : Parce qu'il y a un fond autobiographique
absolument sûr, mais tout un travail de mise en scène pour
le faire exister.
Mise en scène ?
Théâtre de la mémoire, oui.
Mais tout est vrai.
Tout est vrai, mais pas sur le mode contrat de vérité
factuelle qu'implique un récit je pense.
C'est pas de l'autofiction comme on dit ?
Franchement je ne sais pas, ce n'est pas vraiment décisif
non ?
C'est votre voix en tout cas.
Oui.
Et votre histoire et c'est pour ça que le livre est si bouleversant,
c'est une histoire qui nous touche tous, donc quand la littérature
devient quelque chose qui à partir d'une histoire personnelle peut
s'universaliser, on peut dire que c'est de la grande littérature.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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