Quatrième de couverture : "Perdu, couvert de sueur, je sentais
à mes pieds la terre noire et nue. Là, entre les branches,
il y avait quelque chose qui dépassait, quelque chose d'autre,
d'étrange, d'imprécis. Et mon compagnon aussi regardait
cela.
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Witold Gombrowicz (1904-1969)
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Voici
nos 30 réactions fort diverses...
Ana-Cristina Anne Annick A Audrey Christine David François Françoise H Henri Marguerite Monique M DanièleAnlon Claire Édith Katherine Yolaine Catherine Etienne Fanny Jacqueline Manuel Monique L Nathalie R Séverine Entre etFaustine Françoise D Lisa Nathalie B Richard |
Lisa
J'avais un a priori négatif, d'autant qu'il n'y avait pas de résumé
sur la quatrième de couverture. J'aime savoir dans quoi je m'embarque
!
J'en suis à la page 32 : je ne le lirai pas. Je n'aime pas du tout.
C'est forcé. Je n'aime pas ce style. Je vais tenter de l'imiter :
"J'ai essayé
de lire ce livre. Tristesse. Ennui. Langueur. Ennui."
Je trouve ça insupportable à lire. Je n'ai pas envie de
m'infliger ça, même pour le groupe. Je ferme le livre.
Françoise
Tout pareil ! Sauf que je l'ai lu jusqu'au bout. Plus maso tu meurs !
Et pourquoi je vais jusqu'au bout ?! Il n'y a rien, ça tombe à
plat. C'est sadique gratuitement, je n'ai pas aimé. Je ferme.
Richard
Je l'ai lu jusqu'au bout ! Mais je me suis endormi à trois reprises !
Je me disais que je n'étais pas assez instruit, je ne comprenais
pas : comme quelqu'un qui n'a jamais fréquenté que
l'art classique et qui se trouve tout à coup dans une exposition
d'art contemporain. Je n'ai pas adhéré au style. On lit
mais on n'intègre pas. Souvent, je ne donne pas un avis très
positif aux livres que nous lisons, mais là, c'est livre fermé
!
Fanny
Les premières pages m'ont plu mais l'ennui et pour moi aussi l'endormissement
m'ont vite rattrapée. Je n'ai rien compris ! Je pensais que c'était
un polar comme annoncé dans la préface, mais il n'y a pas
d'intrigue. Il y avait en plus les caractères typographiques qui
étaient pénibles à lire.
Le chur
Ah ouiiii !
Fanny
Je reconnais une originalité et une ambiance mais pour le reste
rien, et surtout pas de plaisir de lecture. J'ouvre au quart.
Claire
J'avais lu Feydidurke avec le groupe et n'en avais aucun
souvenir. Dès la première page, j'ai été fascinée,
quelle accroche ! La forme m'a plu, par exemple le rythme avec les
énumérations, des néologismes (il en dansait presque,
"coquetant dans cette
joie médiocre"), la langue inventée mais
qu'on comprend qui m'a rappelé Novarina.
Les énumérations, très nombreuses, fournissent des
descriptions pas banales : "A
mes pieds l'herbe - et encore l'herbe - avec ses tiges, ses brindilles,
dont les diverses situations, les torsions, inclinaisons, brisures, isolements,
écrasements, dessèchements, m'apparaissait fugitivement,
absorbés par l'ensemble de cette végétation qui s'étendait
sans trêve jusqu'aux montages, mais était déjà
fermée à clef, abattue, condamnée à elle-même",
mais aussi des sortes d'enivrements, comme à propos de la fameuse
bouche qui renvoie "à
des contradictions comme une virginité débauchée,
une timidité brutale, une honte cynique, une chaleur froide, une
ivresse sobre".
J'aime des points de vue savoureux :
- devant la maison : "Nous
sortîmes en observant les précautions habituelles à
l'égard de la maison qui regardait toujours
de toutes ses vitres"
- devant Lena : "Je
reçus le
choc de sa nudité ; la poitrine, les épaules. Cette
nudité se mit à enlever ses bas"
- devant le paysage : "il
faut avoir vu ça. Cette
phénoménalité liée à la guirlande des
beautés naturelles, la rêvosité des arbres, des herbes
et des fleurs, et une sorte de jaillissement murmure poétiquement
parmi les élévations montagnardes et collinardes dans un
fond de vert sombre mais avec une majesté majestueuse et unique,
tontaine tonton, grand Dieu, tutti frutti, à s'en léchouiller
les babinibus !"
C'est parfois profond pour dire :
- la non-pensée : "Les
mains dans les poches, tête baissée, réfléchissant
au plus profond de moi-même, mais sans une seule pensée -
comme si on me les avait toutes prises"
- la non-relation : "la
gaîté à l'usage des réunions, lorsque chacun
se montrer joyeux pour ne pas gâcher le plaisir d'autrui".
J'applaudis mais malheureusement, tout ça n'est que fragments,
pour le tout, et quand même assez vite, mon avis a fait bouboum
papapoum. Cette forme a pour moi tourné à vide. J'ai sauté
les pages du livre pour voir ce qui se passait. J'ai trouvé cela
vain, ça ne tient pas la route pour moi. L'ennui est là.
J'ai vu dans la semaine une pièce de Gombrowicz au théâtre
Le mariage, même impression de performance et de vacuité.
Quant au film, tout pareil ! Je l'ai trouvé visuellement extraordinaire,
une forme remarquable comme pour le livre (les images, le jeu des acteurs),
mais suscitant une impression de vide. J'ouvre à moitié
cet ovni.
Danièle
J'ai trouvé ce roman original, inclassable, foisonnant.
J'ai aimé le cheminement : la mise en relation de faits objectivement
insignifiants, mais auxquels le narrateur prête une possible signification,
dans un délire obsessionnel qui conduit le récit. J'ai aimé
les glissements permanents et inattendus de descriptions de détails
anodins, qui par des interprétations folles ou absurdes (étonnamment,
le mot absurde n'a pas été prononcé, je crois, dans
nos avis), deviennent suspects ou dangereux. C'est ainsi que l'histoire
avance, c'est en quelque sorte le moteur de l'action, car il n'y a pas
vraiment de trame narrative qu'il faudrait essayer de comprendre. C'est
plutôt un thriller introspectif, qui, dans un rythme effréné,
place le lecteur dans un étonnement permanent. On côtoie
la folie. Ou plutôt, on y entre.
Si d'habitude la folie enferme dans une bulle, ici, chose étonnante,
elle s'alimente à deux entre le narrateur et Fuchs avec leurs interprétations
abusives, puis devient collective (et amusante) quand tous les protagonistes
adhèrent à l'enquête à partir de tous ces détails.
J'ai aimé la plongée inattendue et progressive dans un monde
de connotations sexuelles qui sont en fait à la base de la folie
du narrateur. Cela commence par l'emploi ambigu des mots : la scène
d'effraction chez Catherette avec tout le vocabulaire du viol p. 81,
la scène de voyeurisme p. 89 avec la mention de la théière
("il la prit").
En plein délire d'enquête, on tombe en plein délire
à connotation sexuelle, qui devient omniprésent à
travers le texte, avec par exemple, comme élément récurrent
et obsessionnel, les mains, instruments de communication voulue ou non
voulue, de plaisir, de pulsion de mort (étranglement du chat, et,
en pensée de Léna) et devient même envahissant à
la fin du texte.
On pense qu'il ne sait pas comment se sortir de ce roman, mais la fin
est en fait très intéressante. Elle marque à mon
avis enfin la véritable coupure entre l'auteur et le narrateur.
Les six dernières lignes n'ont rien à voir avec le style
du reste du roman. Il (pour moi l'auteur) mange sa poule et son riz et
doit continuer de supporter ses problèmes personnels. Cette histoire
n'est pas un vrai drame ni une intrigue policière, mais une farce
absurde. Rien n'est grave, finalement. D'ailleurs, l'épisode Berg
annonçait quelque part ce revirement, à mon avis. Nous nous
sommes bien amusés, semble penser l'auteur.
Certes, je me suis lassée de temps en temps, à la fin, me
demandant si ça ne devenait pas creux, mais j'ouvre aux trois quarts.
Manuel
Jai mis peu de temps à "rentrer" dans le livre.
Jétais disponible pour la découverte et pour me laisser
emporter par ce livre délirant pendant le voyage
au Portugal. Je nai pas eu un plaisir de lecture : il y
trop de tics, de répétions. Jai trouvé le livre
daté. Mais je crois quil men restera beaucoup de choses.
Cest un livre sur lobsession. Obsession du détail,
des connexions entre des événements, des objets. On ressent
que Gombrowicz est un auteur de théâtre. Plusieurs chapitres
sont des scènes de comédie. Jai beaucoup ri, entre
autres avec la fin que jai pris pour un pied de nez. Je pense quil
faut le lire dune traite pour ressentir loppression de Witold
et Fusch. Mais jai eu limpression davoir perdu mon temps...
Javais hâte de connaître lavis dHenri qui
a proposé le livre.
Etienne
J'annonce que je vais l'ouvrir au quart. En raison de l'humour, j'ai bien
rigolé : Berg ! Berg ! Berg ! Tralali lalou donne un côté
un peu troll. J'ai trouvé à peu près réussie
la façon de capter la manière dont l'esprit peut se canaliser
sur quelque chose d'insignifiant et tourner en boucle : j'ai trouvé
ça bien retranscrit. Mais après, j'ai été
gêné par l'aspect hermétique des personnages, comme
une forteresse. J'ai ressenti la même chose que par rapport à
American
psycho.
Il y a quelque chose de très théâtral, cela me semble
tout à fait adaptable au théâtre, ce côté
grandiloquent. Mais je reproche l'absence de construction narrative. Il
a réussi à faire passer son petit côté folie,
mais après il n'y a plus rien. Pourquoi la forêt par exemple
? Je l'ouvre un quart.
Nathalie
Il est des lectures qui forment comme des chemins de montagne qu'on observe
d'un il circonspect et qui nous semblent infranchissables par le
peu d'entraînement que nous avons. Ce sont les mêmes, parfois,
qu'on a fierté à avoir accomplies quand bien même
la vue ne s'est pas révélée à couper le souffle.
Quand j'ai commencé Cosmos, j'ai su tout de suite qu'il
n'arriverait pas grand-chose. Cela m'a tout de suite rappelé plusieurs
choses. Une thèse abordée au cours de mes études
: La nouvelle au tournant
du siècle de Florence Goyet (présentation ICI
de la thèse publiée
aux PUF), des idées flottantes sur l'arbitraire des signifiants,
des jeux de gosses et d'adolescent où tout "devenait signe"
et où tout devait être décodé.
En ce qui concerne la première référence, c'était
pour moi important car le texte me semblait être une longue nouvelle
et non un roman. Pour Florence Goyet, la mutation tient à ce que
la nouvelle devient, au tournant du siècle, longue et non narrative,
qu'elle abonde en descriptions et digressions qui semblent a
priori ne pas avoir de sens par rapport au récit, que
l'univers tout entier est placé sous le signe de l'excès
et de l'outrance, que le texte est le texte de la folie et de la fin des
certitudes.
Claire
De quels auteurs de nouvelles il s'agit ?
Nathalie
Je pense à Pirandello. Tout autant d'éléments que
l'on retrouve dans ce roman (dont je n'avais pas regardé la date
d'écriture au moment de ma lecture). Pour Florence Goyet, il existe
une nouvelle remise en cause du sujet comme entité stable, mais
aussi et surtout une remise en cause des certitudes qui passe par "la
réhabilitation d'autres visions du monde" et donc un "levier
pour dénoncer les limites de la vision normale".
Qui suis-je pour savoir ce qui est normal ? Anormal ? Sinon
par ce que j'ai appris au fur et à mesure de ma vie en percevant
le monde dans lequel j'ai été immergée.
Je crois à la finesse de la paroi entre l'état de norme
et celui de folie. Pour moi, dans le roman, c'est l'ennui des deux hommes
qui déclenche l'interprétation des signes, de même
qu'une forme de pauvreté sexuelle qui fait que tout le roman est
profondément axé sur un rapport sexuel au monde, dont les
signes les plus violents sont les doigts enfoncés dans les méduses,
mais aussi dans la bouche du cadavre et cette envie permanente de cracher
dans la bouche de l'autre.
Bouche qui dit le monde contrairement à ce qu'eux voient ou bouche
qui déforme le langage "berg" (bien avant les Schtroumpfs)
et qui permet de remettre en cause l'arbitraire du langage. Il existe
des théories intéressantes là-dessus dont celle de
l'indulgence (voir "L'indulgence
dans la compréhension du langage et des signes").
Il y a ce que je vois, ce que je comprends, entre les deux, il faut la
possibilité de mettre du sens. Et je ne peux mettre du sens qu'à
partir de ce que j'ai déjà appréhendé.
Un rapport donc entre "cela me semble vrai" et "cela est
vrai". On ne peut nier la différence entre les deux.
C'est un donc un livre sur l'obsession et j'ai eu l'impression que malgré
sa difficulté, je n'avais pas envie de le lâcher et je suis
fière d'être arrivée au bout.
Je n'ai rien lu sur lui, je pense aussi que nous avons oublié de
contextualiser le texte dans l'histoire (comment dire le monde quand ce
dernier nous est incompréhensible : génocide, guerres,
bombe atomique).
Bref, j'ouvre au quart mais je suis contente de l'avoir lu même
si je n'ai personne à qui l'offrir.
Monique L
Pour une fois je n'ai rien écrit avant de venir car quand je me
suis mise devant mon ordinateur, je n'avais rien à écrire.
J'attendais donc la séance...
Je me suis laissé prendre au début, puis je me suis perdue.
J'ai cherché des interprétations, mais j'ai trouvé
que c'était un méli-mélo survolant beaucoup de choses.
Au bout d'un moment, je me suis ennuyée et je me suis forcé
à finir. Je suis restée dans le flou avec ces histoires
de bouche, de pendus
On peut comprendre les obsessions, mais cela
mène à quoi ? On a tous des obsessions, mais de là
à en écrire un livre
Même sur le côté
sexuel, j'ai eu du mal à voir. J'ai essayé de me laisser
mener sans comprendre
J'ouvre au quart car j'ai pu piocher des moments
intéressants qui faisaient sens.
Annick A
C'est un livre au bord du gouffre entre la réalité et la
folie. Witold (prénom de l'auteur) et Fuchs sont tous deux en position
de fragilité : l'un fuit son milieu familial et notamment
son père avec lequel il est en conflit, l'autre son employeur.
Ils luttent contre leur chaos intérieur en essayant de lui donner
sens, en l'extériorisant et en l'agissant dans le réel.
Witold, confronté à l'angoisse de ses désirs inconscients
par la découverte de l'oiseau mort pendu, va chercher à
se dégager de ses fantasmes en les introduisant dans le réel.
C'est clairement dit à la fin du livre après la découverte
de Lucien pendu : "c'était
comme si j'avais introduit mes chimères dans le monde réel.
Je me sentis plus alerte"
(p. 216 en Folio). On y retrouve tous les mécanismes
de la névrose obsessionnelle : les idées obsédantes
qui s'imposent de façon contraignante et compulsionnelle et poussent
à commettre des actes non intentionnels, ainsi que le lien entre
mort et sexualité. Witold établit d'emblée ce lien
en associant le moineau pendu à la bouche de Catherette dans un
fantasme où le désir et l'acte sexuel sont vécus
dans la culpabilité et le dégoût : "Ce
que j'avais remarqué chez cette personne était un étrange
défaut sur sa bouche d'honnête femme de ménage aux
petits yeux clairs : cette bouche était comme trop fendue d'un
côté, et allongée ainsi imperceptiblement, d'un millimètre,
sa lèvre supérieure débordait, fuyant en avant ou
glissant presque à la façon d'un reptile, et ce glissement
latéral, fugitif, avait une froideur repoussante de serpent, de
batraciens, mais pourtant il m'échauffa, il m'enflamma sur le champ,
car il était comme une obscure transition venant à son lit,
à un péché glissant et humide
"
(p. 17)
et "Et
une profonde satisfaction de voir qu'enfin 'la bouche' s'était
unie à la pendaison. C'est moi qui les avais unies ! Enfin.
Comme si j'avais rempli ma tâche"
(p. 212)
De même dans sa relation à Lena dont il se dit amoureux,
on ne ressent pas cet amour car il tient son désir à distance,
trop dangereux, trop angoissant, l'annule en quelque sorte jusqu'à
se dire qu'il va lui être nécessaire de pendre Léna.
C'est un livre remarquable qui arrive de par son écriture répétitive
et obsédante à nous faire ressentir ce monde intérieur
de la folie en nous plongeant dans un monde étrange et absurde
et en nous emprisonnant dans un mode de lecture obsédant. Je l'ouvre
en entier.
Par contre je
n'ai pas aimé le film, on est tout de suite dans la folie, ce qui
ne rend pas la richesse du livre.
Danièle
L'intérêt, c'est la progression, d'un détail à
un autre vers les obsessions et les connotations sexuelles.
Jacqueline(qui
avait cuisiné pour nous de délicieuses pattes de moineau,
voir la photo
ambiance gombrowiczienne destroy)
Je
l'ai lu jusqu'au bout tout en trouvant cela très vain malgré
l'atmosphère. J'ai apprécié les ritournelles et les
phrases nominales qu'on m'avait fortement découragé d'employer
à mon adolescence ("C'est
le verbe le centre. Il donne sa force au récit !").
Je pensais fermer le livre, n'ayant pas vu son intérêt. Après
l'avoir fini, je me suis aperçue qu'il m'en restait des choses,
notamment une impression de solitude adolescente et de non implication
des deux pensionnaires. La pension du début me renvoyait à
celle du Père
Goriot, notamment dans ce qu'elle
montre de tristesse sordide. Cette ville de Pologne aurait pu être
anglaise et la pension m'évoquait un cottage dans une nouvelle
de Roald
Dahl. Il me reste aussi la même atmosphère glauque
de l'excursion en forêt. J'ignorais cet aspect montagneux de la
Pologne. Ce livre m'a ennuyée et je ne vois pas à quoi il
rime? ni à quoi il peut servir... je l'ouvre cependant au quart
pour les impressions qui m'en restent.
Séverine
J'en ai lu la moitié avant le voyage
au Portugal. Puis j'ai tout repris au retour. J'étais intéressée
par l'aspect huis clos et policier. J'ai passé mon temps à
essayer d'interpréter et je suis intéressée par la
lecture psychanalytique. J'ai été jusqu'au bout pour chercher
à comprendre, mais il n'y a rien à comprendre. J'ai aimé
les personnages. Dans le film, j'ai trouvé que les acteurs les
incarnaient bien. Je ne sais pas dire comment je l'ouvre. Je ne pense
pas que je le conseillerais. Je pense que je n'oublierai pas ce livre.
J'ouvre au quart finalement.
Catherine
Le livre m'a beaucoup fatiguée. Je l'ai commencé au retour
du
Portugal. J'ai eu l'impression de ne pas
quitter Sainte-Anne et venir voir le
film a été au-dessus de mes forces... J'ai
aimé le début et été intéressée
par tous les signes et leur interprétation un peu délirante
des protagonistes. Au moment du chat, j'ai pensé que l'univers
allait vraiment basculer. Le style s'accorde bien aux obsessions et à
l'univers de folie. Je le conseillerais peut-être aux psychiatres...
Je n'ai pas compris le titre. Ce nest pas du tout un livre nul,
mais je nai pas vraiment aimé au total et ça na
pas été un plaisir de lecture. J'ouvre un quart.
Henri(qui
a proposé la lecture de Gombrowicz)
Vous êtes obsédés ! Obsédés de vouloir
comprendre, obsédés par le fil narratif et obsédés
par le désir d'avoir de l'empathie pour les personnages. Un ami
me l'avait donné à lire en me disant "c'est un chef-d'uvre"
et j'ai trouvé que c'est un chef-d'uvre. Le style m'a touché
ainsi que le rapport sexualité/mort et les obsessions sur certaines
difformités. Pour moi ce n'est pas de la folie, mais l'expression
de ce qu'il peut y avoir au fond de nous-mêmes. J'ai aimé
les manières dans les éléments sont mélangés
dans une sorte de bouillie. Il y a beaucoup de matière, un écho
à ce qui bouillonne en nous. J'ai écrit un roman qui fait
qui est un hommage à Cosmos (Henri nous lit des passages).
Au fait, si on se fie au fait de recommander le livre pour ouvrir ou fermer,
c'est limitatif. (Claire s'agite pour
exprimer de vives protestations dans le sens d'Henri.)
J'ai lu La
Pornographie : il s'agit aussi d'obsession de voyeurisme mais
cela n'a rien de pornographique. Je ne sais pas pourquoi le titre "Cosmos"
: dans le rapport aux signes qui se renvoient à l'infini ?
Fanny
Kenzaburô Ôé aussi c'était fou, et j'ai
aimé.
Oui à ton interprétation, Annick. Mais pour moi rien n'a
fait sens.
Nathalie
Je vois deux axes, celui de l'enfance et de l'adolescence où nous
jouons à nous raconter des histoires avec les signes surinterprétés
que l'on manipule à loisir en fonction de ses désirs les
plus secrets et de ses intentions ; et quelque chose que j'ai du mal à
expliquer : cette idée que le cerveau accumule pendant l'enfance
des connaissances empiriques ou pas qui permettent de donner du sens au
monde.
Henri
Il y a une volonté de montrer qu'on reste infantile.
Claire
J'ai trouvé ce qu'a dit Richard éclairant. Certains d'entre
nous sont pareils à des habitués de l'art classique qui
se trouveraient devant une uvre contemporaine abstraite. J'ai regardé
comment ce roman avait été reçu en 1965 dans
certains journaux : très bien ; quand Manuel tu dis que c'est
daté, cela pourrait-il vouloir dire qu'il y a 55 ans, l'uvre
passait mieux ?...
NETTES
DIFFÉRENCES ENTRE LES 15 AVIS DE L'ANCIEN GROUPE...
|
Ana-Cristina
Anne
Audrey Christine
David Entre etFaustineAnlon Nathalie B |
Françoise H
Je l'ai lu il y a 10 ans et en gardais un très bon souvenir. À
sa relecture, j'ai trouvé cela hilarant. Le personnage me fait
penser au personnage de Deume dans Belle
du Seigneur. C'est un mélange de trivialité et de
cosmogonie. Ce n'est pas le réel qui intéresse le narrateur,
mais ce qu'on laisse après avoir quitté cette terre. Pour
Witold, ce qui compte, c'est l'essence de l'essence, mais c'est très
dur à restituer car ce qui et suffocant prend l'avantage. L'essence
de l'essence avec en contrepoint la pourriture. Ce qu'on retrouve également
dans Belle du Seigneur. C'est de la grande littérature.
Audrey
Pour moi, cela a été un choc de littérature.
Ce roman nous permet d'aller sur cette exploration de l'obsession de l'esprit
un peu malade. Il raconte le vide, l'ennui que l'esprit humain réussit
à combler à partir de discussions centrées sur le
sexe et la mort. Moi, cela m'a fait penser à Beckett, l'absurde
et l'abstraction des choses. Cela a été une surprise littéraire
comme lorsque j'ai lu Beckett. Et Proust, car il parle de l'humain comme
peu de personnes peuvent le faire. Il arrive à nous montrer, à
entrer dans le tréfonds d'une âme en dysfonctionnement. L'obsession
semble recouvrir le réel. Peut-être y-a-t-il un sens, que
la réalité s'instaure quand il tue le chat ; quelque
chose se passe. Là il y a un acte ; les signes deviennent
concrets. Dans la 2e partie du roman, la surprise de la forme s'estompe.
Le récit ne prend-il pas corps à partir de ces pendaisons ?
C'est un livre qui parle du silence et des non-dits. Il y a un moment
où les choses se disent : lors de la rencontre sur le tronc
d'arbre de Witold et Léon, où ils échangent ces "Berg" !
Quelque chose se dit et un secret se révèle. Autour de cela,
si l'obsession se déroule autant, c'est avec cette parole qui ne
prend pas sa place. C'est un grand livre.
Faustine : entre et
Je suis un peu embêtée par ce livre. Je peux dire que je
l'ai trouvé
chiant. Étant moi-même obsessionnelle,
sa lecture m'a angoissée ! Je me lisais dans un stade ultime !
Un miroir déformant. Donc une lecture compliquée. C'est
désagréable à vivre comme lorsqu'on regarde les vidéos
de cette psychanalyste sur You Tube. Donc je n'aime pas.
Mais en prenant de la distance, je peux avoir un autre ressenti. Il n'y
a pas d'histoire au sens classique et réussir à construire
un livre sur cette façon de voir le monde, ce n'est pas si chiant.
Je sais que je rate des choses mais l'affect est trop fort. C'est un grand
livre mais je n'y ai pas accès. Entre fermé et ¾.
David
C'est un énorme plaisir du point de vue de la litanie, la répétition.
Tout ce qu'il invente renvoie à la constellation, au cosmos. Compte
tenu des répétitions, ce n'est pas grave si on saute des
pages parce qu'on tourne en rond. Cela me plaît d'un point de vue
littéraire. C'est un jeu très ludique.
On est en même temps dans le cosmos, mais en même temps dans
l'infra. Ainsi le nombre de fois où on s'intéresse à
des fourmis, des bouts de bois
Cela me parle beaucoup. Chaque événement
est important. Et pourquoi pas ce côté un peu surnaturel,
paranormal, entre une vision microscopique et un monde infernal. Étonnant
comme manière d'écrire. J'avais vu
le film de Zulawski : il m'avait complètement désarçonné.
On cherche un sens. Avec la 2e partie, il y a une rupture de ton, une
tentative d'explication. Je me suis demandé Gombrowicz devait vraiment
aller au-delà de 150 pages. Je n'ai pas vu la cohérence,
mais cela reste un exercice incroyable. Ce livre a une réputation
fantastique. C'est quelque chose de bizarre qui nous touche. Si ces discussions
nous touchent, c'est que nous sommes sans doute tous obsessionnels.
Audrey
Il nous fait voir ce qui est incongru.
David
Il le fait avec une grande poésie. Mais je ne sais pas si l'auteur
se décrit ou non.
Christine
Je ne connaissais pas. J'ai commencé par lire sa bio
et à
lire quelques contes qui sont sa première parution où apparaît
déjà une distorsion de la réalité. Du coup,
je n'ai pas fini ; j'en suis au début du voyage. Cosmos
est un tout organisé. Or le héros est dans une totale désorganisation
et plus rien ne fait sens. C'est comme s'il se désincarnait, cherchait
à prendre de la hauteur, où il ne perçoit que des
signes dans lesquels il veut donner de la cohérence. Il y a cette
fixation sur l'oiseau pendu, avec toutes ses pensées saugrenues,
jusqu'au passage à l'acte de la pendaison du chat. Ce qui rajoute
un signe qu'il a lui-même créé. Et qui fait cohérence.
Ce qui m'a beaucoup interpellée, c'est cette impression de dédoublement.
Quoi qu'il en soit, d'après son journal, l'auteur ne semble pas
être lui-même victime d'obsessions.
Anlon
Je ne l'ai commencé qu'aujourd'hui et n'en ai lu que 35%. Il a
un style. Je n'ai pas vu ce point de vue omniscient. Quand je lis, je
regarde à travers le narrateur. Je n'ai pas vu l'association avec
Proust. J'associerai pour ma part son style à celui de James Joyce
tel qu'on le lit dans Ulysse. Ou à Picasso. Pour moi, c'est
très différent de Proust qui écrit de très
longues et très belles phrases avec une vraie psychologie de chacun
de ses personnages. En revanche, dans ce roman, aucune psychologie pour
tous les autres protagonistes en dehors du personnage narrateur. Ce n'est
pas de la grande littérature.
François
Le hasard a fait que j'ai lu Cosmos juste après avoir vu
l'exposition "Bacon
en toutes lettres" au centre Pompidou, et que je n'ai pas pu
m'empêcher à tort ou à raison de faire quelques rapprochements
avec le livre.
Il ne faut pas se cacher ce qu'il peut y avoir de déconcertant
dans la lecture de Gombrowicz. Ceci explique sans doute le rejet radical
qu'il peut inspirer (comme Bacon) ! C'est vrai qu'il faut accepter
de le suivre dans des chemins sur lesquels on se perd un peu. Le mieux
est de s'accrocher aux détails qui reviennent de façon lancinante.
Ce qui obnubile le narrateur ("hallucine" diraient nos jeunes)
est aussi le fil conducteur d'un livre dont l'épaisseur fantasmatique
est la caractéristique principale. Le récit est placé
sous le signe d'un mélange d'attraction répulsion auquel
personne n'échappe. Les détails qui le prouvent abondent,
je n'y reviens pas. La conscience du narrateur est envahie par ces détails
souvent visuels qui tissent tout un réseau d'obsessions dans lesquels
tous les personnages s'engluent. Cosmos est le roman d'un engluement
tragi- comique (qui nous menace tous). On pense à La
nausée de Jean-Paul Sartre et à son héros
écuré par la comédie sociale et la viscosité
du monde. Mais dans le roman de Gombrowicz, il y a un registre comique
et une écriture haletante et syncopée qui en fait toute
la force. J'ai beaucoup pensé en le lisant au théâtre
de l'absurde et en particulier à Ionesco pour ce qui est de la
régression verbale et contagieuse dans laquelle sombrent les personnages.
Peut-être pas un hasard si tous les deux sont originaires de pays
qui ont connu la férule du stalinisme. Mais fantasme pour fantasme,
Cosmos par son atmosphère lugubre rappelle aussi un autre
artiste polonais : le Polanski du Locataire.
A noter qu'on y trouve tout aussi bien la trace du rejet viscéral
de la bigoterie de la Pologne catholique dans laquelle Gombrowicz a été
élevé.
Mais ce que ce roman montre le mieux, c'est que le fantasme collectif
dans lequel baignent tous les personnages est aussi l'envers d'un vide
abyssal qui, pour Gombrowicz, est souvent le propre de nos sociétés.
Car c'est bien de notre perception de la réalité qu'il est
question dans Cosmos : Gombrowicz montre bien comment les
associations de pensées les plus délirantes viennent combler
ce vide. Les personnages n'en finissent pas d'étaler et de ressasser
jusqu'à l'écurement leurs manies et leurs idées
fixe qui sont celles d'un milieu petit-bourgeois qui est vraiment la bête
noire de Gombrowicz. Mais cette dérision qui s'installe un peu
partout, comme dans certains délires surréalistes, n'est
pas gratuite et dépourvue de signification. Le narrateur et le
personnage inoubliable du taulier sont un reflet des idées de Gombrowicz
qui n'a pas cessé de décrire l'insurmontable contradiction
(sinon par l'écriture) de l'être humain tiraillé entre
le chaos des pulsions et les exigences de la civilisation. Gombrowicz
est un champion de l'oxymore quand il s'agit d'étaler sur un mode
quasiment fantastique les contradictions qui nous habitent. C'est ainsi
qu'il peut évoquer "une
virginité débauchée une timidité brutale,
une honte cynique, une chaleur froide, une ivresse sobre..."
pour décrire Léna.
Autre signification essentielle qui saute littéralement à
la gorge du narrateur qui va de déceptions en déceptions,
c'est que le fantasme à la peau tenace (c'est peut-être même
sa caractéristique essentielle). Dans la chambre de Léna
qu'il scrute et inspecte avec une frénésie de voyeur-né,
le narrateur ne trouvera qu'une théière pour satisfaire
son désir, et elle reviendra jusqu'à la fin comme un fétiche
indestructible : "Je
m'attendais à tout. Mais pas à une théière".
Pour autant, il ne renoncera pas à sa quête dérisoire
et à se laisser emporter par sa dangereuse manie. Quitte à
se livrer ensuite à une confession publique et bouffonne à
la Dostoïevski, auteur que Gombrowicz semble vénérer.
Mais c'est sur tout le petit groupe que le soupçon va s'étendre
sur des bases qui aboutissent à une totale confusion des pensées
et des propos qui pourront se réduire à quelques borborygmes
dignes encore une fois de la Cantatrice
chauve ou de certains personnages de Beckett. L'expédition
finale sur les lieux où l'ancêtre, qui rappelle les grands
fous de Shakespeare, a connu la seule joie érotique de sa vie et
sa seule aventure extra-conjugale, est à elle seule un petit chef-d'uvre
d'humour et de saine dérision. L'écriture se fait presque
stéréophonique pour reproduire le discours en lambeaux,
et qui va devenir contagieux, du vieil hurluberlu.
Moralité : je vous laisse le soin de la découvrir.
Seule certitude : Gombrowicz n'est sans doute pas un auteur facile,
mais il est un immense écrivain.
Anne
Quel spectacle ! Oui, depuis le début il
s'agit d'un spectacle incompréhensible dans un décor sublime,
mystérieux, ténébreux, merveilleux, terrifiant, surréaliste,
photographique, étrangement sensuel, mais rien ne vient recouvrir
la mort. Elle est dans la bouche, cavité noire suspendue, sexe
menaçant, où la main peut être avalée, vie
psychique fragmentée. La mort et les chimères sont équivalentes
à des traumatismes laissant le personnage sidéré,
sans pensée, agité par des états émotionnels
innommables et une sexualité pervertie. Sa seule issue, agir comme
un enquêteur, avec son double, Fuchs. C'est aussi un livre sur la
célébration de la violence, de la mort, que Gombrowicz nous
contraint de regarder en face sans la comprendre. En cela, j'ai trouvé
ce livre détestable et il m'a pourtant tenue au corps, même
si j'ai eu à plusieurs reprises, sinon l'envie, du moins le besoin
de le lâcher, juste le temps de reprendre ma respiration. Et le
reprendre, vite le reprendre. Comprendre le suspense. Mais encore m'éloigner
un instant de cette folie harcelante, obsessionnelle, un peu schizo paranoïde
et dont certains mécanismes proposent une sorte d'état religieux
perverti.
Et puis l'imbécillité est saisissante : loulou doudou hihihihi
tralalala, j'en pouvais plus, j'avais envie de dire foutez le camp les
mômes et enfin arrive un mot énigmatique, onirique, "Berg",
d'où sort-il celui-là ? Mot qui permettra pourtant une complicité
absurde mais en profondeur, dans le non-dit, avec Léon. J'ai trouvé
ce moment très fort et j'ai espéré que cela sorte
notre personnage de ses obsessions et le structure quelque peu, mais cette
complicité n'est pas structurante et s'avère vite décevante
car décidemment Léon est un con fini, j'ai été
en colère contre lui : il trahit en introduisant un tiers
sur un mode puéril. Illusion éphémère des
relations de complicité tordues. Représentation d'un père
inconsistant et vain. Répétition sans doute de ce qui amène
les deux jeunes gens à se trouver là, tous deux fuyant un
père ou chef de bureau dont nous ne savons rien de plus. Ce livre
est repoussant et passionnant.
Mais je n'ai pas encore parlé de la Poésie. Constante, prédominante,
superbe écriture. Même la mise en page des phrases est surprenante.
Tout cela m'a traversée comme un grand vent sauvage et j'ai eu
le sentiment d'assister à un spectacle chanté, joué,
avec en fond de toile la tragédie shakespearienne du meurtre, mais
où les relations de pouvoir sont anéanties avant d'avoir
pris naissance, en raison de la prédominante mélancolie.
La disparition, la perte, la mort, surviennent come la répétition
d'un sonnet dans une drôle de ballade. Je me suis sentie aussi assister
à la tragique comédie d'En
attendant Godot. Cette écriture m'a laissée avec
le sentiment d'avoir atteint des lieux profonds, des lieux émouvants,
et persiste encore longtemps après la lecture. Cependant j'ai été
obligée d'intégrer ce texte par morceaux tant il est coriace,
épais, dégoûtant, fabuleux, poétique, paradoxal.
L'auteur m'a fait ressentir le personnage de l'intérieur, c'est
à peine s'il lui a donné un nom ou un âge. Il pourrait
donner l'impression d'un tout petit enfant, d'un adolescent, d'un jeune
adulte en crise existentielle, en passe de devenir psychotique et luttant
obsessionnellement contre cet effondrement. J'ai ressenti les sensations,
les émotions, les perceptions qui le définissent, sa dépression,
sa non-forme. Personne au demeurant n'est bien défini dans ce récit
dans la mesure où chacun est une partie d'un groupe mouvant, excité,
infantile, cacophonique. J'ai suivi, émue, page après page,
les tribulations malencontreuses du héros déprimé,
dégoûtant, pervers, mais qui évolue dans la beauté
de paysages saisissants et dans ce contexte j'ai attendu, "suspendue"
à la tension qui monte, qui monte, qui monte, dans la hâte
de savoir ce qu'allait devenir sa pulsion meurtrière labyrinthique
et serpentine, demeurant captive d'une sexualité informe, il ne
s'agit ni d'amour, ni d'érotisme, ni de tendresse, c'est juste
une étrange pulsion qui habite le héros.
Et puis j'ai été intéressée par l'identification
au meurtrier. Que faire d'autre, quand on est inconsciemment coupable
d'une faute irreprésentable, que de devenir réellement coupable
d'une victime représentable
Mais aussi faut-il indéfiniment
rechercher des coupables partout. La fragmentation de la culpabilité
entre l'intérieur et l'extérieur est magnifiquement représentée
dans ce texte où tout est vécu comme dans un cauchemar.
Le sens échappe sans cesse...
Marguerite
Merci de m'avoir fait connaître ce livre. Je ne connaissais de cet
auteur que la pièce de théâtre Yvonne,
princesse de Bourgogne. Les extraits de
son journal qui sont repris au début du livre donnent les clés.
Gombrowicz me déconstruit mon cosmos, il met à nu la trame
et montre comment se conduit un cosmos où le vide, qu'il appelle
aussi le fatras, a une grande importance. Il construit le cosmos avec
le narrateur, il construit un cadre avec des obsessions. Cette construction
en boucle, j'ai adoré. Il tire des fils à partir de rien
et cherche à trouver un sens. Il le tricote et donne à voir
comment cela se tricote. C'est une hallucination ce livre. J'ai adoré.
Cela me fait rire. On passe à l'interprétation, la conjecture
jusqu'à l'action. Tout se construit en couple. Le narrateur viole
Catherette, du moins son intimité, par le biais de la lampe de
poche. Juste après, il tue le chat et le pend, ce qui fait le pendant
de la pendaison du moineau. J'ai adoré les multiples voix des uns
et des autres, même si certaines sont plus présentes que
d'autres. On est dans un babil inversé. J'ai trouvé cela
incroyable. Et puis j'ai été saisie d'un dégoût
terrible à partir de la mort du chat. J'ai arrêté
et n'ai pas pu reprendre. Ce livre m'a pourtant tourneboulée par
ce cheminement d'écriture. Mais je crois que nos échanges
vont me permettre de poursuivre sa lecture.
François
Je serais curieux d'avoir l'avis d'un Polonais sur la traduction.
Christine
Gombrowicz a supervisé la traduction. Il parlait très bien
français.
Marguerite
J'ai parcouru la Pologne. Tu fais 5, 10, 100 km, tu as toujours l'impression
d'être au même endroit, où que tu te trouves, tu es
au centre de tout. Et je trouve que son écriture ressemble à
cela. C'est de la très grande littérature.
Ana-Cristina
Quand j'ai commencé la lecture j'ai aussi, comme François,
penser tout de suite à Topor.
L'effet que m'a fait ce livre ? J'ai eu l'impression d'être
au bord d'une falaise. De ressentir le vertige face au vide mais sans
la peur paralysante de la mort. La sensation de l'espace sans le résultat
de la chute.
Ensuite, ce qui m'est passé par la tête en lisant ce roman
?
"Personne ne pourra
jamais rendre le bredouillement incessant de l'instant qui naît"
écrit Witold Gombrowicz. Il pourrait ajouter s'il n'aimait pas
autant jouer au chat et à la souris, sauf le romancier. Sauf lui-même,
qui, en grand technicien de l'écriture romanesque parvient à
rendre parfaitement ce "bredouillement de l'instant qui naît."
ou, comme l'a dit Françoise, qui parvient à
"tirer le point vers l'infini."
"Chaque pulsation de
notre vie se décompose en milliards de fragments, que faire ?".
Que faire ? Comment faire ? Eh bien Cosmos répond
à cette question : écrire. Écrire, c'est choisir.
N'est-ce pas ce que fait le romancier : choisir parmi des milliers de
possibilités. Les agencer.
"Seuls les objets peuvent
être regardés vraiment": comme c'est juste !
Il ne faut toutefois pas les considérer inertes, prévient
l'auteur. La matière a sa vie propre. Elle a un pouvoir. L'auteur
nous le répète tout au long du livre. Exemple : "Je
regardai la table et vis une carafe sur une soucoupe, le ramasse-miettes
en forme de croissant, les lunettes de Léon et d'autres objets,
avachis, comme s'ils avaient exhalés leur dernier souffle - et
indifférents." La façon de considérer
l'objet renvoie aussi à l'idée du mannequin (Voir Bruno
Schultz qui a fait partie, comme Gombrowicz, de l'avant-garde polonaise).
François
Un artiste polonais, autre acteur important de cette avant-garde, Tadeusz
Kantor, plus particulièrement dans La
Classe morte, a travaillé avec des mannequins qu'il a installés
sur la scène au côté des acteurs pendant toute la
durée du spectacle.
Ana-Cristina
Je reviens à l'idée de choix. Sommes-nous le résultat
de la somme de nos choix ? Je ne crois pas. Je crois que nous sommes
heureusement plus complexes. L'auteur ne dit pas autre chose. En revanche,
je pense que les personnages, les mannequins de papier en quelque sorte,
sont le résultat de la somme de leurs choix, enfin des choix de
leur créateur bien sûr ! Gombrowicz glisse vers cette
idée : les personnages et les objets d'un roman : même
existence. Question.
Les personnages de Gombrowicz (ainsi que nous, êtres de chair et
de sang) sont dans un perpétuel va-et-vient entre présence
et dissolution. La présence, sa force, naît dans l'instant
du choix, dans la possibilité de choisir, dans l'effort à
accomplir pour choisir. Et la dissolution, elle, naîtrait plutôt
de l'impossibilité de choisir, de cet instant flottant.
Un élément qui guide ordinairement notre lecture :
la quête de sens. Ici, c'est la quête elle-même qui
est mise en évidence. Ce que l'auteur met en évidence :
une impossibilité de fixer un sens, une fois pour toute. Cela me
donne le vertige.
Quand j'ai lu ce roman, j'ai vu l'écrivain au travail, qui écrit.
Et qui écrit de façon à ce que je le vois agir. Il
me donne à voir exactement ce qu'il a décidé. Ma
lecture jubilatoire est le résultat d'une manipulation diabolique.
Ce livre rappelle bien que tout livre, s'il est bien écrit, est
une manipulation du lecteur par l'auteur. L'originalité ici ?
L'auteur ne cache pas les ressorts de son jeu, ce qui renforce, me semble-t-il,
paradoxalement cette impression de manipulation.
J'aime ses descriptions. Gombrowicz les fait exister en y ajoutant une
pulsation : un "papillon"
qui s'envole "soudain",
le "grondement d'un
camion qui passe"
Christine
Pour moi, il s'agit de la réalité qui parvient.
Ana-Cristina
Un seul mot pour rendre compte de ma lecture : éblouissement.
Ou quelques mots de Gombrowicz lui-même : "des
entassements, des éboulements tout à fait nouveaux, un nouveau
bouillonnement d'un vert et d'un silence merveilleux, mélèze,
sombre, pin sombre, bleu rêve."
J'ouvre le livre très grand.
Monique M
Au départ j'ai pensé : c'est glauque, mais c'était
étrange, prenant, et j'ai avancé dans la lecture, et c'est
tout à la fin que j'ai mesuré l'importance de ce livre,
la quête existentielle de l'auteur, son questionnement sur le sens
de la vie et la construction si brillante du livre.
Ce livre est surprenant. Il ne ressemble à aucun autre ; c'est
fantasmé, mystérieux, onirique. Il y a un érotisme
latent, suspendu, qui explose à la fin du livre de façon
hallucinante, avec l'expédition de Léon sur les lieux de
sa grande bamboche, qu'il veut reproduire avec sa bergcérémonie.
Tout est inversé dans ce livre. Les romans policiers commencent
par un crime ; là non, pas de crime, à part celui du
chat au milieu du livre. Tout commence par un moineau, quelque chose de
ténu, presque insignifiant, qu'il enveloppe d'un énorme
mystère. Un moineau pendu dans les broussailles. Par qui ?
On ne sait. Et ce moineau, ces broussailles, cet enchevêtrement
de faits, de gestes, de paroles, s'enroulent sur eux-mêmes, se mêlent
à toutes sortes de personnages, se répètent interminablement,
comme une logorrhée, une interrogation ou une longue plainte sur
la condition humaine, l'existence, le sens de la vie.
C'est très bien écrit, parfois un peu lassant, tiré
par les cheveux, comme cette histoire de timon orienté vers la
chambre de Catherette. En revanche, ce qui est génial dans ce passage,
c'est d'avoir passé à la lanterne le rôle de détective.
Partout le texte explose, souvent en passages savoureux, ou d'une grande
beauté descriptive ; comme ce passage lu par Anne p. 209
ou celui-ci p. 215 : "Je
les suivais. Ils jouaient avec leurs lanternes. Au cinéma, on voit
parfois dans une séquence comique, un chasseur qui avance avec
prudence, prêt à tirer, tandis que juste derrière,
marche, le suivant pas à pas, un terrible fauve, un ours énorme,
un gorille géant. C'était le prêtre. Il marchait juste
derrière moi, un peu de côté, visiblement il restait
à la traîne, sans savoir où il allait ni pourquoi,
peut-être avait-il eu peur de rester tout seul à la maison.
Au début, je ne l'avais pas remarqué, il s'était
fourré là je ne sais comment, avec ses gros doigts paysans
qui remuaient. Avec sa soutane. Le ciel et l'enfer. Le péché.
La Sainte Eglise Catholique notre mère. Le froid du confessionnal.
Le péché.
In scula sculorum.
L'Église. Le froid du confessionnal. L'Église et le Pape.
Le péché. La damnation. La soutane. Le ciel et l'enfer.
Ite missa est. Le péché. La vertu. Le froid du confessionnal.
Sequentia sancti
L'Église. L'enfer. La soutane. Le péché
Le
froid du confessionnal. Je le poussais fortement et il chancela."
Il y a aussi cette obsession maladive des bouches, celles de Catherette
et Lena qu'il rapproche de façon étrange, lubrique, fantasmée,
comme un appel au sexe et prolonge avec son envie de crachat ou celle
d'y plonger le doigt (évocation du pénis). Doigt qu'il plonge
successivement dans la bouche de Lucien mort, pendu, puis dans celle du
prêtre. Actes de provocation macabre, iconoclaste, qui donnent le
frisson et que j'ai ressentis de façon encore plus grave et inquiétante
que s'il y avait eu meurtre.
La progression du récit est admirable. Au début, il y a
cette marche avec la chaleur, la fatigue, les pieds qui se traînent
dans la poussière, le trajet qui n'en finit pas, la recherche avec
Fuchs personnage un peu poisseux, d'une pension bon marché ; le
moineau, les hôtes dans leur étrange singularité,
puis cette succession de signes : moineau, lèvres, flèche,
clou, bout de bois, théière
qui s'enchaînent,
semblent se compléter tout en étant sans issue. On tourne
en rond comme dans Beckett. On cherche du sens là où il
n'y en a pas. Ça devient une question de vie ou de mort.
J'ai aimé l'écriture haletante, saccadée, cohérente
avec le chaos environnant, l'intrigue et la façon dont il campe
les personnages, échantillon de l'humanité avec ses défauts,
ses illusions, ses attentes, ses désirs : Léon
le facétieux, joue avec les mots comme avec ses boulettes de pain
pour passer le temps tout en étant sans illusion sur la vie :
Vous parlez comme
si vous n'aviez jamais travaillé.
Travaillé ? Et bien vous ! Oh la la ! Et comment ! La banque !
la banquoche ! la grosse banque qui me gli-gli-gli dans le ventre. Une
baleine. Hum. Trente-sept ans ! Et quoi ? Rien !
Il réfléchit et souffla sur sa main.
Ça a fui.
Qu'est-ce qui a fui ?
Il répondit d'une voix nasale, monotone :
Les années se dissolvent
en mois, les mois en jours, les jours en heures, en minutes et en secondes,
et les secondes fuient. On ne peut pas les attraper. Ça fuit. Que
suis-je ? Je suis une certaine quantité de secondes qui
ont fui. Résultat : rien. Rien." (p. 155)
Bouboule, personnage rabelaisien avec
ses excès de nourriture. Le
prêtre, caricature d'une religion que l'auteur apparemment exècre.
Les jeunes mariés, symbole du
départ dans une vie pleine de promesses. Léna,
incarnation de la beauté, pure, candide, confiante. Lucien
l'homme solide, premier à perdre pied. Catherette
la servante au service des autres qui ne songe pas à réparer
sa disgrâce, ne participe pas à l'excursion ; gardienne
de ce qui a précédé, elle reste à la maison.
Tous les autres sont embarqués
par Léon dans cette expédition symbolique du grand voyage
de la vie dont l'auteur (Witold) cherche
à comprendre le sens.
La fin du livre peut être vue comme une forme de rédemption
avec la pluie violente qui tombe soudain, lave le rituel orgiaque de Léon,
orchestré par Witold avec son berg, mais aussi tous les fantasmes :
les bouches, les mains aux gestes troubles et tout le reste.
Je l'ouvre en grand.
Nathalie B
Et bien moi, je n'ai pas aimé. J'ai trouvé ce roman ennuyeux.
Je ne l'ai lu que jusqu'à la moitié, commencé après
mon retour de voyage
au Portugal. Je le lirai quand même jusqu'au bout, mais il ne
m'intéresse pas. Je suis encore prise dans la littérature
portugaise. Là, franchement l'énigme du moineau pendu ne
m'a vraiment pas passionnée. Intellectuellement, je comprends la
volonté de l'auteur, qui se comprend très bien par les extraits
de son journal qu'il nous donne en amorce. Ok, il veut montrer la volonté
de l'Homme à mettre en ordre, à créer du sens dans
un monde où tout peut être vu éparpillé, fait
de bric et de broc. Il le fait bien. Intellectuellement, j'entends parfaitement
le projet. Mais ça m'emmerde. J'avoue ne pas voir ce qui serait
drôle dans ce récit. Ce n'est pas du tout mon type d'humour.
Je crois qu'en fait à la minute où il parle de Catherette
et de sa bouche blessure, il m'a perdue. Je n'aime pas la façon
dont le narrateur réduit ce personnage féminin à
son sourire disgracieux. Ça m'est en fait insupportable. Ses fantasmes
sordides de jeune homme ne m'intéressent pas d'avantage. Bref,
vraiment non, je ferme. Aucun intérêt pour moi.
Katherine
(pour l'instant internaute, mais qui va intégrer le nouveau groupe)
Je n'ai pas beaucoup aimé la lecture de Cosmos. Il n'y a
pas de véritable histoire ni d'intrigue, et il est difficile de
suivre la narration du personnage principal car on se perd dans ses digressions
et ses raisonnements qui ne font aucun sens... J'aurais pu apprécier
une lecture plus courte de ce style, mais j'ai trouvé cela trop
lourd sur 220 pages.
Néanmoins, je salue la qualité de l'écriture de l'auteur,
qui nous fait véritablement entrer dans la tête du personnage
principal et ressentir sa folie. Je suis admirative de l'imagination qu'il
a fallu pour écrire un tel roman !
Je n'ouvre qu'à moitié, pour la virtuosité de l'auteur.
Yolaine
(du groupe breton dont la séance de novembre a été
annulée)
Encore un auteur découvert grâce
à notre club de lecture préféré. Dommage pour
les Bretons qui ont lu cet étrange ouvrage que nous n'ayons pu
échanger nos avis cette fois-ci, car cela nous a demandé
quand même un peu de persévérance ; nous aurions
aimé rentabiliser les efforts accomplis.
Pour ma part, je suis passée par divers états d'âme,
de l'endormissement à la révolte, et je ne sais pas ce qui
m'a fait tenir le fil, du moineau à la flèche en passant
par le chat et les bouches de Léna et de Catherette
Sans
doute la fascination vertigineuse d'une forme de folie sous-jacente. En
feuilletant ces pages dont la lecture fut pourtant laborieuse et agaçante,
c'est la qualité musicale et poétique de l'écriture
de Gombrowicz qui m'apparaît avec évidence. Je croyais lire
un roman, mais celui-ci n'a ni queue ni tête. Je n'ai pas réussi
à supporter le
film adapté de ce texte plus d'un quart d'heure, mais les personnages
de ce huit-clos dans une pension de famille de Zakopane auraient leur
place sur la scène d'un théâtre.
J'en conclus donc que cette uvre difficile recèle des beautés
cachées qui méritent une approche différente.
Je n'adhère toutefois qu'à moitié à cette
drôle d'histoire. Le caractère absurde et déprimant
du quotidien des protagonistes est probablement influencé par le
contexte politique de la Pologne des années 60, mais il donne une
sensation d'étouffement. Il émane également de ce
texte une grande sensualité, mais elle est gâtée par
un terrible sentiment de culpabilité. Oppressant.
Édith
(du groupe breton)
OUF, je suis arrivée au bout de la lecture
Je savais cet auteur très particulier j'avais lu Ferdydurke
il y a plus de 30 ans sur les conseils d'un ami polonais, fan de cet auteur
(et psychanalyste
amateur par sa fonction d'associations libres
et artiste peintre
). Aucun souvenir, sinon celui d'une lecture pénible
avec l'absurde des situations
Il faudrait que j'aie le courage d'y
revenir ? Qui sait ?
Donc j'ai traversé ce livre (trop) rapidement pour m'en débarrasser
d'autres plus séduisants m'attendaient. Il me faut au
moment de ces notes de "mémoire"
y revenir vraiment. Que dire ?
Par moment, je lisais à haute voix pour des effets de sonorité
et pour saisir ce qui pouvait en être d'une pensée qui file,
et qui associe des situations décrites sans logique apparente,
avec le discours des protagonistes qui semblent quant à eux tout
à fait à l'aise dans la situation décrite.
Peut-on parler de surréalisme ? Bien qu'ayant lu et relu après
lecture de Cosmos les notes de du journal de l'auteur, cela ne
m'éclaire pas vraiment.
Bon, ceci dit, que me reste-t-il de la lecture ? Un malaise fait
d'incompréhension. Je sais bien que l'auteur n'est pas aliéné,
alors qu'est-ce que cette recherche de syntaxe ?
L'étrange répulsion-attirance du narrateur pour la lèvre
de Catherette
L'étrange lien qui unit Léon aux autres
comparses. Sa folie douce et son langage inventé ?
Et le MOINEAU suspendu : détail morbide qui frappe et va introduire
toute une chaîne de suppositions associations : moineau, lèvres,
flèches, enfoncements
Chat étranglé par le
narrateur et c'est le chat de Léna
déplacement.
Quant au décès par pendaison de Lucien, est- ce le résultat
d'un suicide ? D'une chaîne d'étrangetés ?
Mais pour quelle logique ? Le désir de meurtre ?
En fait, j'ai lu ce livre (vite) par acquis de conscience pour Voix au chapitre
que je remercie, mais oui !!!
Mais aussi, et surtout, dans l'attente d'un échange et peut-être
des réponses, des lumières ou des éclats de rire
ou d'indignation. Je m'attends à tout.
Ce texte a reçu à sa parution en 1967 le Prix international
des éditeurs. C'est aussi le temps en littérature des recherches
de narrations et d'écritures différentes. Est-ce une raison ?
Ce livre me marquera. Mais je ne l'aurais pas lu jusqu'au bout sans le
groupe. Comme je le disais précédemment.
J'ai visionné le
film très fidèle
à la découpe du livre. Cela ne m'a pas plus donné
de sens. J'ai apprécié l'ambiance humide verte des lieux
et l'exubérance des comédiens, les gros plans sur les lèvres,
les yeux. Bref
sentiment d'étrangeté. J'ai écouté
aussi l'entretien de Gombrowicz au sujet de ses années argentines.
Rien à en dire.
"UN PEU" DE DOCUMENTATION | |
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La publication
- 1961 : Le roman est commencé à Buenos Aires
- 1964 de Paris à son éditeur : "Cosmos
est encore à la dactylographie et il manque même la fin,
car c'est à cet endroit que la maladie m'a saisi",
puis : "la
dactylo prend 1fr.50 par page normalisée. Le pire, c'est qu'il
n'y a à Paris qu'une seule dactylo, surchargée de travail,
elle ne peut donc s'engager à fournir le texte que pour la fin
janvier"...
- 1965 : Cosmos est achevé en France à Vence.
- 1965 : Le roman est publié en polonais à Paris en
1965 par LInstitut
littéraire, la maison dédition des émigrés
polonais de Paris.
- 1966 : La première traduction de Cosmos est celle du polonais
en français, par Georges Sédir, publiée par Maurice
Nadeau en 1966 dans la collection qu'il dirigeait chez Denoël, "Les
Lettres nouvelles". Contrairement à ses habitudes, Witold
Gombrowicz na apporté aucune modification à son texte
à loccasion de cette traduction. En guise de préface,
il insère un extrait de son Journal...
- 1967 : Cosmos reçoit le Prix international de Littérature
(Prix Formentor).
- 1969 : mort de Gombrowicz ; il ne verra pas son livre publié
en Pologne.
- 1986 : Cosmos paraît en Pologne, 21 ans après sa
1ère publication en polonais à Paris.
Le traducteur, un personnage romanesque
- Georges Sédir était traducteur de Gombrowicz, Milosz,
Bruno Schulz (dont nous avons lu Les
Boutiques de cannelle). Il était aussi poète, romancier,
essayiste, critique littéraire ET diplomate. Georges Sédir,
pseudonyme de Georges Sidre (1927-2005), fit des études de langues
(en parla jusqu'à neuf), puis entra par concours au quai d'Orsay.
Il occupa de nombreux postes diplomatiques en Pologne (il devient attaché
d'ambassade à Varsovie, derrière le rideau de fer, juste
après la guerre), au Vietnam, en Thaïlande, au Luxembourg,
au Brésil et en Birmanie où il fut ambassadeur (1987-90)
en pleine guerre civile, gardant son franc-parler et affichant son opposition
au régime, diplomate atypique, le seul parler couramment le pali,
la langue sacrée du bouddhisme.
- A propos de la traduction, évoquons les
aventures du roman Ferdydurke vers l'espagnol, d'abord traduit
à peu près par l'auteur en espagnol, puis amélioré
dans un café par des Sud-Américains, jusqu'à une
dizaine certains jours raconte Gombrowicz ; puis traduit vers le
français à partir de cette version espagnole avec l'aide
d'un professeur de l'Alliance française de Buenos Aires pour aboutir
à ce qui deviendra la première édition française
de Ferdydurke publiée par Maurice Nadeau en 1958 (voir les
relations de Nadeau avec Gombrowicz
ICI).
Des articles
(réception de l'époque, 53 ans avant
que nous le lisions...)
- "L'homme
par le bas", Madeleine Chapsal, L'Express, 2 mai 1966
- "A l'enseigne de l'oiseau
pendu", Hubert Juin, Les Lettres françaises, 19
mai 1966
- "Cosmos,
de Witold Gombrowicz", Jacqueline Piatier, Le Monde, 27
août 1966.
Ce que dit Gombrowicz de Cosmos
Paraît en 1968 un livre d'entretiens
avec Dominique De Roux. Un chapitre est consacré au roman Cosmos,
À LIRE ICI. Les questions
ne ménagent pas l'auteur, par exemple :
- C'est un livre austère, vous vous y amusez beaucoup moins que
dans vos autres uvres ?
- Vous ne paraissez pas tellement sûr que les lecteurs assimilent
pleinement Cosmos ?
- Est-ce que ce n'est pas de votre attitude ambivalente envers la Forme,
que découlent les opinions contradictoires sur Cosmos ?
Il faut avouer que vous vous débrouillez toujours pour naviguer
entre deux eaux...
Dans un dialogue avec François Bondy, Gombrowicz parle de
la forme dans Cosmos : À
LIRE ICI.
Adaptation au cinéma |
Joris
Mathieu a monté Cosmos en 2013 => |
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Voir la bande annonce
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Voir la bande annonce
|
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Précisons que d'autres uvres ont été adaptées au cinéma, voire à l'opéra : Ferdydurke, La Pornographie, Opérette et Yvonne, princesse de Bourgogne. |
Romans
et nouvelles
- 1933 : Mémoires du temps de l'immaturité, contes
(non traduits).
- 1937 : Ferdydurke,
trad. Brone, Julliard, 1958 ; trad. Georges Sédir, Christian
Bourgois, 1973.
- 1939 : Les
Envoûtés, trad. Kinga Fiatkowska-Callebat, Albert
Mailles et Hélène Wlodarczyk, présentation de Rita
Gombrowicz.
- 1953 : Trans-Atlantique,
trad. Constantin Jelenski et Geneviève Serreau.
- 1957 :
Bakakaï, trad. Allan Kosko et Georges Sédir - Le
Festin chez la comtesse Fritouille et autres nouvelles, extraites
de Bakakaï.
- 1960 : La
Pornographie, trad. Georges Lisowski.
- 1964 : Cosmos,
trad. Georges Sédir. Il obtient le Prix
international de littérature en 1967 par
12 voix contre 9 à Mishima ; créé en 1960
par des éditeurs de différents pays, il est décerné
par un jury de critiques appartenant aux pays représentés ;
lauréats précédents : Beckett, Borges, Uwe Johnson,
Carlo Gadda, Nathalie Sarraute, Saül Bellow.
Sous le titre Moi
et mon double, sont réunis les romans Bakakaï,
Ferdydurke, Les Envoûtés, Trans-Atlantique, La Pornographie,
Cosmos, Gallimard, coll. "Quarto", 1996 ; rééd.
en 2018 par Gallimard sous le titre Contes
et romans, comprenant "Moi et ma Pologne" extraits de
Souvenirs de Pologne, Bakakaï, Ferdydurke, Les Envoûtés,
Trans-Atlantique, La Pornographie, Cosmos.
Théâtre
- 1938 : Yvonne,
princesse de Bourgogne, achevée en 1935, publiée
en 1938 et créée en 1957 à Varsovie.
- 1953 : Le
Mariage.
- 1967 : Opérette.
Pièces regroupées en
un volume en Folio, trad. Koukou Chanska, Constantin Jelenski, Georges
Sédir et Geneviève Serreau, édition de Rita Gombrowicz.
Autres textes
: essais, entretiens,
articles, journal, etc.
- Entretiens
avec Dominique de Roux, trad. Koukou Chanska et François
Marié, Belfond, 1968 (entretiens écrits et non oraux), rééd.
Testament
: entretiens avec Dominique de Roux, Folio essais, 1996.
- Cours
de philosophie en six heures un quart, 1969.
- Varia
I, trad. Allan Kosko, 1995 - Varia
II, trad. Christophe Jezewski, Dominique Autrand, Marie Bouvard
et Constantin Jelenski, 1989.
- La
Patience du papier, trad. collective, éd. Christian Bourgois,
2019 (des critiques littéraires).
- Chroniques pour la radio : Souvenirs
de Pologne, trad. Christophe Jezewski et Dominique Autrand, Christian
Bourgois, 1984, et Pérégrinations
argentines, trad. Allan Kosko, Christian Bourgois, 1994 (chaque
texte correspond à une émission radiophonique
dune quinzaine de minutes).
- Correspondances : Correspondance
de Jean Dubuffet et Witold Gombrowicz, Gallimard, 1995 -
Correspondance 1950-1969 de Jerzy Giedroyc et Witold Gombrowicz,
Fayard, 2004.
- Le Journal, d'abord publié en polonais
par Kultura
en feuilleton, est paru
aux éditions Christian
Bourgois : Journal t. 1 (1953-1956), trad. Allan Kosko, 1981
- Journal t. 2 (1957-1960), trad. Christophe Jezewski et Dominique
Autrand, 1981 - Journal Paris Berlin 1963-1964, trad. Allan Kosko,
1994 - Journal Paris-Berlin - Tome III bis - 1963-1964, trad. Allan
Kosko, 2004.
Et en deux tomes en Folio :
tome I : 1953-1958 et tome
II : 1959-1969 ("6
octobre 1962. La semaine a sept jours, qui ont fini par me lasser").
Et le journal resté secret après sa mort en 1969 :
Kronos,
trad. Malgorzata Smorag-Goldberg, préface
de Yann Moix, introduction de Rita Gombrowicz.
- Un texte inédit de Gombrowicz :
"Contre la poésie",
Le Monde, 30 novembre 1981 (ce texte a son
origine dans une conférence que donna Gombrowicz en 1957 dans une
galerie d'art en Argentine, mais cette causerie provoqua un tel scandale
qu'il dut partir par la fenêtre pour fuir la colère de ses
auditeurs...).
- Pour la curiosité : ce que pense Gombrowicz
d'Ulysse de Joyce (en 1937)...
Influences littéraires
"Quelles sont les uvres littéraires
qui ont exercé sur vous la plus grande influence ?
- Parmi les écrivains polonais : Mickiewicz, Pasek (ses Mémoires)
- Écrivains français : Montaigne, Rabelais, Alfred Jarry
; les Surréalistes (indirectement plutôt comme atmosphère)
- Écrivains anglais : Shakespeare, le Pickwick Club de Dickens
- Écrivain russe : Dostoïevski
- Écrivains allemands : Gthe, Thomas Mann.
- Ajoutez encore quelques auteurs classiques comme Cervantès et
quelques philosophes, au sens artistique du terme, comme Schopenhauer
et Nietzche qui ont influencé surtout mon style." (Entretiens
avec Dominique de Roux, 1968)
VIDÉOS
- Witold
Gombrowicz et la célébrité, INA, 12 octobre 1969,
2 min 08.
- Witold
Gombrowicz dans la collection "Un siècle d'écrivains",
film de Andrzej Wolski, 2000, 52 min (INA, 3,50€ la location).
RADIO
- Entretiens avec Witold Gombrowicz avec Gilbert-Maurice Duprez, enregistrés
en 1967, 1ère diffusion en 1970 - 1/5
39 min (l'entretien proprement dit commence à la 7e minute) - 2/5
19 min - 3/5
20 min - 4/5
20 min - 5/5
20 min.
- Nuits
magnétiques, par Didier Cahen, 1ère diffusion en 1984,
avec Jorge Lavelli, Marcelin Pleynet, Michel Bernard, Severo Sarduy, Rita
Gombrowicz et Konstanty A. Jelenski, France Culture, 1h30.
- Une
vie une uvre, par Christine Lecerf, 1ère diffusion en
2007, France Culture, 59 min (le ministre de l'éducation
nationale polonais vient de retirer les livres de Gombrowicz des programmes
scolaires...).
PRESSE ÉCRITE
- Gombrowicz,
Cahiers de L'Herne, dir. Constantin Jelenski et Dominique de Roux,
1971.
- Rencontres avec Gombrowicz,
un savoureux article d'Ernesto Sabato (dont nous avons lu Le
Tunnel), trad. Michel Bibard, Le Monde, 27 juillet 1979.
- Le Magazine littéraire, dossier
de 50 pages sur Witold Gombrowicz, n° 287, avril 1991.
- Un entretien avec Rita
Gombrowicz, propos recueillis par Marion Van Renterghem, Le Monde,
9 décembre 1995 ("Depuis la disparition, en 1969, de Witold
Gombrowicz, avec qui vous avez vécu pendant les cinq dernières
années de sa vie, vous êtes devenue à la fois la gardienne
et l'otage de son uvre"...).
-
Rita Gombrowicz : "Witold pouvait jouer des tours pendables",
Philippe Lançon, Libération, 26 avril 2019.
SITES
Sites de référence (d'une grande
richesse) dont les contenus appartiennent à Rita Gombrowicz : witoldgombrowicz.eu/
et witoldgombrowicz.com
PARCOURS
(Cliquez
sur les liens pour voir des images sur les sites dont les contenus appartiennent
à l'épouse de Gombrowicz.)
ENFANCE
(1904-1910)
- 1904 : Naissance de Witold Marian Gombrowicz dans une famille de la
noblesse terrienne, à 200 km de Varsovie. Son père est d'origine
lituanienne, sa mère fille de propriétaires terriens de
la Pologne centrale.
- Deux frères, une sur. Il est élevé dans la
religion catholique, par des gouvernantes française et suisse allemande
qui lui apprennent leur langue : "En
ces temps proustiens, il y avait abondance de domestiques, la gouvernante
française s'occupait des enfants et le rôle de ma mère
se bornait à donner des ordres au cuisinier ou au jardinier. (...)
À mes moments
de liberté, j'aime lire Spencer et Fichte, affirmait-elle en
toute sincérité, bien que les uvres de ces philosophes
encombrassent les rayons inférieurs de la bibliothèque où
ils resplendissaient de leurs pages non coupées."
(Entretiens
avec Dominique de Roux).
JEUNESSE
(1911-1928)
- 1911 : La famille Gombrowicz sinstalle à Varsovie dans
un quartier élégant, près du parc de Lazienki.
- 1914 : À la déclaration de la Première Guerre mondiale,
les Gombrowicz sont retenus à la campagne car la région
est le théâtre d'opérations militaires.
- 1915 : Witold entre au "très aristocratique" lycée
catholique Saint-Stanislas-Kostka de Varsovie. A ladolescence, le
sentiment détrangeté par rapport à son propre
milieu grandit. La problématique infériorité/supériorité
le ronge : cette expérience existentielle deviendra un des thèmes
majeurs de son uvre.
- 1923-1927 : Études à la faculté de droit de l'université
de Varsovie ; il prétend s'être fait remplacer aux cours
par son valet plus distingué que lui....
- 1928 : Son père l'envoie en France pour continuer ses études.
Il sinscrit à lInstitut des hautes études internationales
à Paris mais ne fréquente pas les cours. "Certes,
le visage de la Joconde est beau ! Mais quel profit en tirons-nous
? Il est beau, mais il rend affreux les visages de ses admirateurs. Sur
le tableau : beauté - mais devant le tableau : snobisme, bêtises,
effort hébété pour saisir quelque chose de cette
beauté puisquon vous a informé que beauté il
y a." (Souvenirs
de Pologne). Il passe plusieurs mois dans les Pyrénées.
ENTRÉE
EN LITTÉRATURE à Varsovie (1929-1939)
- 1929 : A son retour en Pologne, il fait un stage comme
secrétaire au tribunal de Varsovie.
- 1930 : Sa candidature rejetée au tribunal à Varsovie,
il abandonne la carrière d'avocat. Il fréquente les cafés
littéraires de Varsovie, dont le célèbre café
Ziemianska. Jeune dandy, il séjourne à Zakopane, dans les
montagnes des Tatras, lieu de villégiature des artistes et intellectuels
"à la page".
- 1933 : Parution à 24 ans du recueil de contes Mémoires
du temps de l'immaturité, aux éditions Roj de Varsovie.
Le père de Witold décède, Witold hérite de
la moitié du domaine et bénéficie dune part
des revenus provenant des immeubles de rapport. Remarqué par la
presse, lécrivain débutant commence à collaborer
régulièrement comme critique littéraire à
plusieurs journaux de Varsovie. Il écrit son premier drame Yvonne,
princesse de Bourgogne.
- 1937 : Parution de son premier roman Ferdydurke, éd. Roj,
Varsovie.
- 1938 : Publication de sa première pièce de théâtre
Yvonne, princesse de Bourgogne, dans la revue Skamander de
Varsovie. Voyage en Italie et en Autriche.
- 1939 : Son roman, Les Envoûtés, est publié
en feuilleton dans deux journaux polonais. (L'ouvrage ne sera édité
en volume qu'en 1973 et sa version complète, avec deux épisodes
retrouvés, en 1990)
ARGENTINE
(1939-1963)
=> Exaltation
et misère de lexil (1939-1946)
- 1939 : Invité pour une croisière inaugurant le transatlantique
Chrobry, il arrive en Argentine ; pendant son bref séjour, la guerre
éclate. Coupé de la Pologne, son séjour se prolongera
24 ans. Il vit ses premières années d'exil à Buenos
Aires dans la misère, publiant sous pseudonyme quelques articles
dans des revues.
- 1946 : Traduction collective de Ferdydurke en espagnol avec des
amis au Café Rex aux éditions Argos de Buenos Aires. Il
écrit une pièce, Le Mariage, puis commence un roman,
Trans-Atlantique, situé à Buenos Aires.
=> Écrivain
et employé (1947-1955)
- 1947 : Parution en espagnol de Ferdydurke aux éditions
Argos de Buenos Aires, grâce au soutien financier de la mécène
Cecilia
Benedit de Debenedetti. Entre comme employé au Banco Polaco
de Buenos Aires où il travaillera huit ans.
- 1948 : Le Mariage est publié en espagnol.
- 1951: Il entre en contact avec Kultura,
la revue de l'Institut littéraire de Jerzy Giedroyc installé
à Maisons-Laffitte, près de Paris. Il y publie une introduction
et des extraits de Trans-Atlantique, puis des textes polémiques
et des fragments du Journal qu'il y publiera jusqu'à sa
mort. Ce foyer important de la culture polonaise en émigration
deviendra le principal éditeur de son uvre en polonais,
assurant ainsi sa survie littéraire.
- 1953 : Avec son roman Trans-Atlantique et sa pièce Le
Mariage, réunis en un volume, débute la collection de
la "Bibliothèque de Kultura" de l'Institut Littéraire.
Elle publie ensuite C. Milosz et des traductions : G. Orwell, A. Koestler,
R. Aron, A. Camus, S. Weil, etc.
- 1955 : Gombrowicz quitte la banque où il aura travaillé
sept ans.
=> Vers
la renommée (1956-1963)
- Il vivra désormais, d'abord modestement, de ses droits d'auteur,
de l'aide de quelques amis et d'une petite pension de Radio Free Europe
de Munich pour laquelle il écrira des textes entre 1959 et 1961,
publiés après sa mort sous le titre Souvenirs de Pologne
et Pérégrinations argentines.
- 1957 : Parution en polonais du premier volume de son Journal
(1953-1956), à l'Institut Littéraire, Paris. Ferdydurke,
Trans-Atlantique, Le Mariage et Yvonne princesse de Bourgogne paraissent
pour la première fois en Pologne depuis la guerre. L'édition
augmentée des contes des Mémoires du temps de l'immaturité
paraît sous le titre de Bakakaï. Le court dégel
politique cessera rapidement l'année suivante, et son uvre
sera interdite jusqu'en 1986.
- 1958 : Première édition d'une uvre de Witold Gombrowicz
en Europe : Ferdydurke en français, aux éditions
Julliard, dans la collection "Les Lettres nouvelles" dirigée
par Maurice Nadeau. Les traductions commencent dans d'autres pays, à
l'exception des pays de l'Est.
- 1960 : Publication en polonais de son roman La Pornographie aux
éditions de l'Institut littéraire à Paris.
- 1962 : Publication du deuxième volume du Journal (1957-1961)
aux éditions de l'Institut littéraire à Paris.
Ses amis argentins témoignent dans un long film ICI
sur youtube.
L'EUROPE
(1963-1969)
=>A
deux pas de la Pologne : Berlin (1963-1964)
- 1963 : Invité par la Fondation Ford à passer une année
à Berlin, Gombrowicz quitte l'Argentine. Il ne retournera jamais
en Amérique latine. Après Paris, il arrive à Berlin-Ouest
où il séjournera un an comme invité de la Fondation
Ford et du Sénat de Berlin.
- 1964 : Le Mariage mis en scène par Jorge Lavelli, récompensé
par le prix des Jeunes Compagnies, est représenté au théâtre
Récamier de Paris. C'est le début de la carrière
de Witold Gombrowicz au théâtre. Ses pièces ne cesseront
d'être jouées en Europe.
=> La
France : Royaumont et Vence (1964-1969)
- Quitte Berlin-Ouest pour la France. Il est invité dans une résidence
pour les écrivains à Royaumont et y rencontre une jeune
étudiante canadienne. Il s'installe à Vence avec elle et
y habitera jusqu'à sa mort.
- 1966 : Publication en polonais du troisième volume du Journal
(1961-1966) avec Opérette aux éditions de l'Institut
littéraire, Paris.
- 1967 : Le Prix international des éditeurs (Formentor) couronne
la carrière internationale de son uvre qui connaît
un nombre croissant de traductions (en français, allemand, italien,
anglais, suédois, néerlandais et japonais). Publication
en polonais d'Opérette aux éditions de l'Institut
littéraire.
- 1968 : Publication des Entretiens
avec Witold Gombrowicz, de Dominique de Roux en français
aux éditions Pierre Belfond, rédigé pour l'essentiel
par Witold Gombrowicz. Il épouse Rita Labrosse, sa compagne depuis
cinq ans.
- 1969 : Meurt à Vence. Publication en polonais des Entretiens
avec Dominique de Roux aux éditions de l'Institut littéraire,
Paris. Jusqu'à l'arrêt de la collection en 2000, parmi les
512 ouvrages de l'Institut Littéraire figureront plusieurs rééditions
des uvres complètes de Witold Gombrowicz.
22 juillet (deux jours avant sa mort) : Gombrowicz regarde fasciné
les premiers pas de l'homme sur la Lune à la télévision
(biographie à partir du site witoldgombrowicz.com)
MUSÉES
- En France, il existe dans sa dernière demeure à Vence
un "espace muséal". Voir
la visite virtuelle ICI
- En Pologne, le musée
Gombrowicz se trouve dans le Manoir
de Wsola, près de Radom.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet : | ||||
grand ouvert |
¾
ouvert
|
ouvert à moitié
|
ouvert ¼
|
fermé
!
|
passionnément
|
beaucoup
|
moyennement
|
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peu
|
pas du tout
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