Witold Gombrowicz
à Vence en 1960



Cosmos
, Folio, 224 p.
trad. du polonais Georges Sédir

Quatrième de couverture :

"Perdu, couvert de sueur, je sentais à mes pieds la terre noire et nue. Là, entre les branches, il y avait quelque chose qui dépassait, quelque chose d'autre, d'étrange, d'imprécis. Et mon compagnon aussi regardait cela.
- Un moineau.
- Ouais.
C'était un moineau. Un moineau à l'extrémité d'un fil de fer. Pendu. Avec sa petite tête inclinée et son petit bec ouvert. Il pendait à un mince fil de fer accroché à une branche. Bizarre."




Folio, 1973



Denoël, 1988

Denoël, 1966


L'édition espagnole avec un dessin de Topor (1974)

L'édition américaine Grove Press/Atlantic Monthly Press, United States (2011)

Witold Gombrowicz (1904-1969)
Cosmos (publié en 1965, traduit en français en 1966)
Il faut bien reconnaître
que l'ennui en littérature
s'intensifie de manière effrayante.

(Gombrowicz, "Écrivains d'en haut, écrivains d'en bas")

Nous avons lu ce livre en octobre 2019.
Nous avions lu Ferdydurke en 1989 (mais en cette lointaine époque, nous n'avions pas de site et ne prenions même pas nos avis en note...)

Visionnage possible du film Cosmos d'Andrzej Zulawski (Léopard meilleur prix de la réalisation au Festival international du film de Locarno 2015, avec Sabine Azéma et Jean-François Balmer, adapté du livre Cosmos) car le film est visible en ligne ICI.

DOCUMENTATION en bas de page sur Gombrowicz, ses œuvres et donc sur Cosmos (articles, long entretien avec Gombrowicz sur Cosmos)



Lisa
J'avais un a priori négatif, d'autant qu'il n'y avait pas de résumé sur la quatrième de couverture. J'aime savoir dans quoi je m'embarque !
J'en suis à la page 32 : je ne le lirai pas. Je n'aime pas du tout. C'est forcé. Je n'aime pas ce style. Je vais tenter de l'imiter : "J'ai essayé de lire ce livre. Tristesse. Ennui. Langueur. Ennui."
Je trouve ça insupportable à lire. Je n'ai pas envie de m'infliger ça, même pour le groupe. Je ferme le livre.
Françoise
Tout pareil ! Sauf que je l'ai lu jusqu'au bout. Plus maso tu meurs ! Et pourquoi je vais jusqu'au bout ?! Il n'y a rien, ça tombe à plat. C'est sadique gratuitement, je n'ai pas aimé. Je ferme.
Richard
Je l'ai lu jusqu'au bout ! Mais je me suis endormi à trois reprises ! Je me disais que je n'étais pas assez instruit, je ne comprenais pas : comme quelqu'un qui n'a jamais fréquenté que l'art classique et qui se trouve tout à coup dans une exposition d'art contemporain. Je n'ai pas adhéré au style. On lit mais on n'intègre pas. Souvent, je ne donne pas un avis très positif aux livres que nous lisons, mais là, c'est livre fermé !

Fanny
Les premières pages m'ont plu mais l'ennui et pour moi aussi l'endormissement m'ont vite rattrapée. Je n'ai rien compris ! Je pensais que c'était un polar comme annoncé dans la préface, mais il n'y a pas d'intrigue. Il y avait en plus les caractères typographiques qui étaient pénibles à lire.

Le chœur
Ah ouiiii !
Fanny
Je reconnais une originalité et une ambiance mais pour le reste… rien, et surtout pas de plaisir de lecture. J'ouvre au quart.
Claire
J'avais lu Feydidurke avec le groupe et n'en avais aucun souvenir. Dès la première page, j'ai été fascinée, quelle accroche ! La forme m'a plu, par exemple le rythme avec les énumérations, des néologismes (il en dansait presque, "coquetant dans cette joie médiocre"), la langue inventée mais qu'on comprend qui m'a rappelé Novarina.
Les énumérations, très nombreuses, fournissent des descriptions pas banales : "A mes pieds l'herbe - et encore l'herbe - avec ses tiges, ses brindilles, dont les diverses situations, les torsions, inclinaisons, brisures, isolements, écrasements, dessèchements, m'apparaissait fugitivement, absorbés par l'ensemble de cette végétation qui s'étendait sans trêve jusqu'aux montages, mais était déjà fermée à clef, abattue, condamnée à elle-même", mais aussi des sortes d'enivrements, comme à propos de la fameuse bouche qui renvoie "à des contradictions comme une virginité débauchée, une timidité brutale, une honte cynique, une chaleur froide, une ivresse sobre".
J'aime des points de vue savoureux :
- devant la maison : "Nous sortîmes en observant les précautions habituelles à l'égard de la maison qui regardait toujours de toutes ses vitres"
- devant Lena : "Je reçus le choc de sa nudité ; la poitrine, les épaules. Cette nudité se mit à enlever ses bas"
- devant le paysage : "il faut avoir vu ça. Cette phénoménalité liée à la guirlande des beautés naturelles, la rêvosité des arbres, des herbes et des fleurs, et une sorte de jaillissement murmure poétiquement parmi les élévations montagnardes et collinardes dans un fond de vert sombre mais avec une majesté majestueuse et unique, tontaine tonton, grand Dieu, tutti frutti, à s'en léchouiller les babinibus !"
C'est parfois profond pour dire :
- la non-pensée : "Les mains dans les poches, tête baissée, réfléchissant au plus profond de moi-même, mais sans une seule pensée - comme si on me les avait toutes prises"
- la non-relation : "la gaîté à l'usage des réunions, lorsque chacun se montrer joyeux pour ne pas gâcher le plaisir d'autrui".
J'applaudis mais malheureusement, tout ça n'est que fragments, pour le tout, et quand même assez vite, mon avis a fait bouboum papapoum. Cette forme a pour moi tourné à vide. J'ai sauté les pages du livre pour voir ce qui se passait. J'ai trouvé cela vain, ça ne tient pas la route pour moi. L'ennui est là.
J'ai vu dans la semaine une pièce de Gombrowicz au théâtre Le mariage, même impression de performance et de vacuité. Quant au film, tout pareil ! Je l'ai trouvé visuellement extraordinaire, une forme remarquable comme pour le livre (les images, le jeu des acteurs), mais suscitant une impression de vide. J'ouvre à moitié cet ovni.
Danièle
J'ai trouvé ce roman original, inclassable, foisonnant.
J'ai aimé le cheminement : la mise en relation de faits objectivement insignifiants, mais auxquels le narrateur prête une possible signification, dans un délire obsessionnel qui conduit le récit. J'ai aimé les glissements permanents et inattendus de descriptions de détails anodins, qui par des interprétations folles ou absurdes (étonnamment, le mot absurde n'a pas été prononcé, je crois, dans nos avis), deviennent suspects ou dangereux. C'est ainsi que l'histoire avance, c'est en quelque sorte le moteur de l'action, car il n'y a pas vraiment de trame narrative qu'il faudrait essayer de comprendre. C'est plutôt un thriller introspectif, qui, dans un rythme effréné, place le lecteur dans un étonnement permanent. On côtoie la folie. Ou plutôt, on y entre.
Si d'habitude la folie enferme dans une bulle, ici, chose étonnante, elle s'alimente à deux entre le narrateur et Fuchs avec leurs interprétations abusives, puis devient collective (et amusante) quand tous les protagonistes adhèrent à l'enquête à partir de tous ces détails.
J'ai aimé la plongée inattendue et progressive dans un monde de connotations sexuelles qui sont en fait à la base de la folie du narrateur. Cela commence par l'emploi ambigu des mots : la scène d'effraction chez Catherette avec tout le vocabulaire du viol p. 81, la scène de voyeurisme p. 89 avec la mention de la théière ("il la prit"). En plein délire d'enquête, on tombe en plein délire à connotation sexuelle, qui devient omniprésent à travers le texte, avec par exemple, comme élément récurrent et obsessionnel, les mains, instruments de communication voulue ou non voulue, de plaisir, de pulsion de mort (étranglement du chat, et, en pensée de Léna) et devient même envahissant à la fin du texte.
On pense qu'il ne sait pas comment se sortir de ce roman, mais la fin est en fait très intéressante. Elle marque à mon avis enfin la véritable coupure entre l'auteur et le narrateur. Les six dernières lignes n'ont rien à voir avec le style du reste du roman. Il (pour moi l'auteur) mange sa poule et son riz et doit continuer de supporter ses problèmes personnels. Cette histoire n'est pas un vrai drame ni une intrigue policière, mais une farce absurde. Rien n'est grave, finalement. D'ailleurs, l'épisode Berg annonçait quelque part ce revirement, à mon avis. Nous nous sommes bien amusés, semble penser l'auteur.
Certes, je me suis lassée de temps en temps, à la fin, me demandant si ça ne devenait pas creux, mais j'ouvre aux trois quarts.
Manuel
J’ai mis peu de temps à "rentrer" dans le livre. J’étais disponible pour la découverte et pour me laisser emporter par ce livre délirant pendant le voyage au Portugal. Je n’ai pas eu un plaisir de lecture : il y trop de tics, de répétions. J’ai trouvé le livre daté. Mais je crois qu’il m’en restera beaucoup de choses. C’est un livre sur l’obsession. Obsession du détail, des connexions entre des événements, des objets. On ressent que Gombrowicz est un auteur de théâtre. Plusieurs chapitres sont des scènes de comédie. J’ai beaucoup ri, entre autres avec la fin que j’ai pris pour un pied de nez. Je pense qu’il faut le lire d’une traite pour ressentir l’oppression de Witold et Fusch. Mais j’ai eu l’impression d’avoir perdu mon temps... J’avais hâte de connaître l’avis d’Henri qui a proposé le livre.
Etienne
J'annonce que je vais l'ouvrir au quart. En raison de l'humour, j'ai bien rigolé : Berg ! Berg ! Berg ! Tralali lalou donne un côté un peu troll. J'ai trouvé à peu près réussie la façon de capter la manière dont l'esprit peut se canaliser sur quelque chose d'insignifiant et tourner en boucle : j'ai trouvé ça bien retranscrit. Mais après, j'ai été gêné par l'aspect hermétique des personnages, comme une forteresse. J'ai ressenti la même chose que par rapport à American psycho.
Il y a quelque chose de très théâtral, cela me semble tout à fait adaptable au théâtre, ce côté grandiloquent. Mais je reproche l'absence de construction narrative. Il a réussi à faire passer son petit côté folie, mais après il n'y a plus rien. Pourquoi la forêt par exemple ? Je l'ouvre un quart.
Nathalie
Il est des lectures qui forment comme des chemins de montagne qu'on observe d'un œil circonspect et qui nous semblent infranchissables par le peu d'entraînement que nous avons. Ce sont les mêmes, parfois, qu'on a fierté à avoir accomplies quand bien même la vue ne s'est pas révélée à couper le souffle.
Quand j'ai commencé Cosmos, j'ai su tout de suite qu'il n'arriverait pas grand-chose. Cela m'a tout de suite rappelé plusieurs choses. Une thèse abordée au cours de mes études : La nouvelle au tournant du siècle de Florence Goyet (présentation ICI de la thèse publiée aux PUF), des idées flottantes sur l'arbitraire des signifiants, des jeux de gosses et d'adolescent où tout "devenait signe" et où tout devait être décodé.
En ce qui concerne la première référence, c'était pour moi important car le texte me semblait être une longue nouvelle et non un roman. Pour Florence Goyet, la mutation tient à ce que la nouvelle devient, au tournant du siècle, longue et non narrative, qu'elle abonde en descriptions et digressions qui semblent — a priori — ne pas avoir de sens par rapport au récit, que l'univers tout entier est placé sous le signe de l'excès et de l'outrance, que le texte est le texte de la folie et de la fin des certitudes.

Claire
De quels auteurs de nouvelles il s'agit ?

Nathalie
Je pense à Pirandello. Tout autant d'éléments que l'on retrouve dans ce roman (dont je n'avais pas regardé la date d'écriture au moment de ma lecture). Pour Florence Goyet, il existe une nouvelle remise en cause du sujet comme entité stable, mais aussi et surtout une remise en cause des certitudes qui passe par "la réhabilitation d'autres visions du monde" et donc un "levier pour dénoncer les limites de la vision normale".
Qui suis-je pour savoir ce qui est normal ? Anormal ? Sinon par ce que j'ai appris au fur et à mesure de ma vie en percevant le monde dans lequel j'ai été immergée.
Je crois à la finesse de la paroi entre l'état de norme et celui de folie. Pour moi, dans le roman, c'est l'ennui des deux hommes qui déclenche l'interprétation des signes, de même qu'une forme de pauvreté sexuelle qui fait que tout le roman est profondément axé sur un rapport sexuel au monde, dont les signes les plus violents sont les doigts enfoncés dans les méduses, mais aussi dans la bouche du cadavre et cette envie permanente de cracher dans la bouche de l'autre.
Bouche qui dit le monde contrairement à ce qu'eux voient ou bouche qui déforme le langage "berg" (bien avant les Schtroumpfs) et qui permet de remettre en cause l'arbitraire du langage. Il existe des théories intéressantes là-dessus dont celle de l'indulgence (voir "L'indulgence dans la compréhension du langage et des signes").
Il y a ce que je vois, ce que je comprends, entre les deux, il faut la possibilité de mettre du sens. Et je ne peux mettre du sens qu'à partir de ce que j'ai déjà appréhendé.
Un rapport donc entre "cela me semble vrai" et "cela est vrai". On ne peut nier la différence entre les deux.
C'est un donc un livre sur l'obsession et j'ai eu l'impression que malgré sa difficulté, je n'avais pas envie de le lâcher et je suis fière d'être arrivée au bout.
Je n'ai rien lu sur lui, je pense aussi que nous avons oublié de contextualiser le texte dans l'histoire (comment dire le monde quand ce dernier nous est incompréhensible : génocide, guerres, bombe atomique).
Bref, j'ouvre au quart mais je suis contente de l'avoir lu même si je n'ai personne à qui l'offrir.

Monique L
Pour une fois je n'ai rien écrit avant de venir car quand je me suis mise devant mon ordinateur, je n'avais rien à écrire. J'attendais donc la séance...
Je me suis laissé prendre au début, puis je me suis perdue. J'ai cherché des interprétations, mais j'ai trouvé que c'était un méli-mélo survolant beaucoup de choses. Au bout d'un moment, je me suis ennuyée et je me suis forcé à finir. Je suis restée dans le flou avec ces histoires de bouche, de pendus… On peut comprendre les obsessions, mais cela mène à quoi ? On a tous des obsessions, mais de là à en écrire un livre… Même sur le côté sexuel, j'ai eu du mal à voir. J'ai essayé de me laisser mener sans comprendre… J'ouvre au quart car j'ai pu piocher des moments intéressants qui faisaient sens.

Annick A

C'est un livre au bord du gouffre entre la réalité et la folie. Witold (prénom de l'auteur) et Fuchs sont tous deux en position de fragilité : l'un fuit son milieu familial et notamment son père avec lequel il est en conflit, l'autre son employeur. Ils luttent contre leur chaos intérieur en essayant de lui donner sens, en l'extériorisant et en l'agissant dans le réel. Witold, confronté à l'angoisse de ses désirs inconscients par la découverte de l'oiseau mort pendu, va chercher à se dégager de ses fantasmes en les introduisant dans le réel. C'est clairement dit à la fin du livre après la découverte de Lucien pendu : "c'était comme si j'avais introduit mes chimères dans le monde réel. Je me sentis plus alerte" (p. 216 en Folio). On y retrouve tous les mécanismes de la névrose obsessionnelle : les idées obsédantes qui s'imposent de façon contraignante et compulsionnelle et poussent à commettre des actes non intentionnels, ainsi que le lien entre mort et sexualité. Witold établit d'emblée ce lien en associant le moineau pendu à la bouche de Catherette dans un fantasme où le désir et l'acte sexuel sont vécus dans la culpabilité et le dégoût : "Ce que j'avais remarqué chez cette personne était un étrange défaut sur sa bouche d'honnête femme de ménage aux petits yeux clairs : cette bouche était comme trop fendue d'un côté, et allongée ainsi imperceptiblement, d'un millimètre, sa lèvre supérieure débordait, fuyant en avant ou glissant presque à la façon d'un reptile, et ce glissement latéral, fugitif, avait une froideur repoussante de serpent, de batraciens, mais pourtant il m'échauffa, il m'enflamma sur le champ, car il était comme une obscure transition venant à son lit, à un péché glissant et humide…" (p. 17) et "Et une profonde satisfaction de voir qu'enfin 'la bouche' s'était unie à la pendaison. C'est moi qui les avais unies ! Enfin. Comme si j'avais rempli ma tâche" (p. 212)
De même dans sa relation à Lena dont il se dit amoureux, on ne ressent pas cet amour car il tient son désir à distance, trop dangereux, trop angoissant, l'annule en quelque sorte jusqu'à se dire qu'il va lui être nécessaire de pendre Léna.
C'est un livre remarquable qui arrive de par son écriture répétitive et obsédante à nous faire ressentir ce monde intérieur de la folie en nous plongeant dans un monde étrange et absurde et en nous emprisonnant dans un mode de lecture obsédant. Je l'ouvre en entier.
Par contre je n'ai pas aimé le film, on est tout de suite dans la folie, ce qui ne rend pas la richesse du livre.

Danièle
L'intérêt, c'est la progression, d'un détail à un autre vers les obsessions et les connotations sexuelles.
Jacqueline(qui avait cuisiné pour nous de délicieuses pattes de moineau, voir la photo ambiance gombrowiczienne destroy)
Je l'ai lu jusqu'au bout tout en trouvant cela très vain malgré l'atmosphère. J'ai apprécié les ritournelles et les phrases nominales qu'on m'avait fortement découragé d'employer à mon adolescence ("C'est le verbe le centre. Il donne sa force au récit !"). Je pensais fermer le livre, n'ayant pas vu son intérêt. Après l'avoir fini, je me suis aperçue qu'il m'en restait des choses, notamment une impression de solitude adolescente et de non implication des deux pensionnaires. La pension du début me renvoyait à celle du Père Goriot, notamment dans ce qu'elle montre de tristesse sordide. Cette ville de Pologne aurait pu être anglaise et la pension m'évoquait un cottage dans une nouvelle de Roald Dahl. Il me reste aussi la même atmosphère glauque de l'excursion en forêt. J'ignorais cet aspect montagneux de la Pologne. Ce livre m'a ennuyée et je ne vois pas à quoi il rime? ni à quoi il peut servir... je l'ouvre cependant au quart pour les impressions qui m'en restent.
Séverine
J'en ai lu la moitié avant le voyage au Portugal. Puis j'ai tout repris au retour. J'étais intéressée par l'aspect huis clos et policier. J'ai passé mon temps à essayer d'interpréter et je suis intéressée par la lecture psychanalytique. J'ai été jusqu'au bout pour chercher à comprendre, mais il n'y a rien à comprendre. J'ai aimé les personnages. Dans le film, j'ai trouvé que les acteurs les incarnaient bien. Je ne sais pas dire comment je l'ouvre. Je ne pense pas que je le conseillerais. Je pense que je n'oublierai pas ce livre. J'ouvre au quart finalement.
Catherine

Le livre m'a beaucoup fatiguée. Je l'ai commencé au retour du Portugal. J'ai eu l'impression de ne pas quitter Sainte-Anne et venir voir le film a été au-dessus de mes forces...
J'ai aimé le début et été intéressée par tous les signes et leur interprétation un peu délirante des protagonistes. Au moment du chat, j'ai pensé que l'univers allait vraiment basculer. Le style s'accorde bien aux obsessions et à l'univers de folie. Je le conseillerais peut-être aux psychiatres... Je n'ai pas compris le titre. Ce n’est pas du tout un livre nul, mais je n’ai pas vraiment aimé au total et ça n’a pas été un plaisir de lecture. J'ouvre un quart.
Henri
(qui a proposé la lecture de Gombrowicz)
Vous êtes obsédés ! Obsédés de vouloir comprendre, obsédés par le fil narratif et obsédés par le désir d'avoir de l'empathie pour les personnages. Un ami me l'avait donné à lire en me disant "c'est un chef-d'œuvre" et j'ai trouvé que c'est un chef-d'œuvre. Le style m'a touché ainsi que le rapport sexualité/mort et les obsessions sur certaines difformités. Pour moi ce n'est pas de la folie, mais l'expression de ce qu'il peut y avoir au fond de nous-mêmes. J'ai aimé les manières dans les éléments sont mélangés dans une sorte de bouillie. Il y a beaucoup de matière, un écho à ce qui bouillonne en nous. J'ai écrit un roman qui fait qui est un hommage à Cosmos (Henri nous lit des passages).
Au fait, si on se fie au fait de recommander le livre pour ouvrir ou fermer, c'est limitatif.
(Claire s'agite pour exprimer de vives protestations dans le sens d'Henri.)
J'ai lu La Pornographie : il s'agit aussi d'obsession de voyeurisme mais cela n'a rien de pornographique. Je ne sais pas pourquoi le titre "Cosmos" : dans le rapport aux signes qui se renvoient à l'infini ?

Fanny
Kenzaburô Ôé
aussi c'était fou, et j'ai aimé.
Oui à ton interprétation, Annick. Mais pour moi rien n'a fait sens.

Nathalie
Je vois deux axes, celui de l'enfance et de l'adolescence où nous jouons à nous raconter des histoires avec les signes surinterprétés que l'on manipule à loisir en fonction de ses désirs les plus secrets et de ses intentions ; et quelque chose que j'ai du mal à expliquer : cette idée que le cerveau accumule pendant l'enfance des connaissances empiriques ou pas qui permettent de donner du sens au monde.

Henri
Il y a une volonté de montrer qu'on reste infantile.

Claire
J'ai trouvé ce qu'a dit Richard éclairant. Certains d'entre nous sont pareils à des habitués de l'art classique qui se trouveraient devant une œuvre contemporaine abstraite. J'ai regardé comment ce roman avait été reçu en 1965 dans certains journaux : très bien ; quand Manuel tu dis que c'est daté, cela pourrait-il vouloir dire qu'il y a 55 ans, l'œuvre passait mieux ?...

 

NETTES DIFFÉRENCES ENTRE LES 15 AVIS DE L'ANCIEN GROUPE...
...ET LES 12 AVIS DU NOUVEAU GROUPE PARISIEN

Françoise H
Je l'ai lu il y a 10 ans et en gardais un très bon souvenir. À sa relecture, j'ai trouvé cela hilarant. Le personnage me fait penser au personnage de Deume dans Belle du Seigneur. C'est un mélange de trivialité et de cosmogonie. Ce n'est pas le réel qui intéresse le narrateur, mais ce qu'on laisse après avoir quitté cette terre. Pour Witold, ce qui compte, c'est l'essence de l'essence, mais c'est très dur à restituer car ce qui et suffocant prend l'avantage. L'essence de l'essence avec en contrepoint la pourriture. Ce qu'on retrouve également dans Belle du Seigneur. C'est de la grande littérature.
Audrey
Pour moi, cela a été un choc de littérature. Ce roman nous permet d'aller sur cette exploration de l'obsession de l'esprit un peu malade. Il raconte le vide, l'ennui que l'esprit humain réussit à combler à partir de discussions centrées sur le sexe et la mort. Moi, cela m'a fait penser à Beckett, l'absurde et l'abstraction des choses. Cela a été une surprise littéraire comme lorsque j'ai lu Beckett. Et Proust, car il parle de l'humain comme peu de personnes peuvent le faire. Il arrive à nous montrer, à entrer dans le tréfonds d'une âme en dysfonctionnement. L'obsession semble recouvrir le réel. Peut-être y-a-t-il un sens, que la réalité s'instaure quand il tue le chat ; quelque chose se passe. Là il y a un acte ; les signes deviennent concrets. Dans la 2e partie du roman, la surprise de la forme s'estompe. Le récit ne prend-il pas corps à partir de ces pendaisons ? C'est un livre qui parle du silence et des non-dits. Il y a un moment où les choses se disent : lors de la rencontre sur le tronc d'arbre de Witold et Léon, où ils échangent ces "Berg" ! Quelque chose se dit et un secret se révèle. Autour de cela, si l'obsession se déroule autant, c'est avec cette parole qui ne prend pas sa place. C'est un grand livre.
Faustine : entre
et
Je suis un peu embêtée par ce livre. Je peux dire que je l'ai trouvé… chiant. Étant moi-même obsessionnelle, sa lecture m'a angoissée ! Je me lisais dans un stade ultime ! Un miroir déformant. Donc une lecture compliquée. C'est désagréable à vivre comme lorsqu'on regarde les vidéos de cette psychanalyste sur You Tube. Donc je n'aime pas.
Mais en prenant de la distance, je peux avoir un autre ressenti. Il n'y a pas d'histoire au sens classique et réussir à construire un livre sur cette façon de voir le monde, ce n'est pas si chiant. Je sais que je rate des choses mais l'affect est trop fort. C'est un grand livre mais je n'y ai pas accès. Entre fermé et ¾.
David

C'est un énorme plaisir du point de vue de la litanie, la répétition. Tout ce qu'il invente renvoie à la constellation, au cosmos. Compte tenu des répétitions, ce n'est pas grave si on saute des pages parce qu'on tourne en rond. Cela me plaît d'un point de vue littéraire. C'est un jeu très ludique.
On est en même temps dans le cosmos, mais en même temps dans l'infra. Ainsi le nombre de fois où on s'intéresse à des fourmis, des bouts de bois… Cela me parle beaucoup. Chaque événement est important. Et pourquoi pas ce côté un peu surnaturel, paranormal, entre une vision microscopique et un monde infernal. Étonnant comme manière d'écrire. J'avais vu le film de Zulawski : il m'avait complètement désarçonné. On cherche un sens. Avec la 2e partie, il y a une rupture de ton, une tentative d'explication. Je me suis demandé Gombrowicz devait vraiment aller au-delà de 150 pages. Je n'ai pas vu la cohérence, mais cela reste un exercice incroyable. Ce livre a une réputation fantastique. C'est quelque chose de bizarre qui nous touche. Si ces discussions nous touchent, c'est que nous sommes sans doute tous obsessionnels.

Audrey
Il nous fait voir ce qui est incongru.

David
Il le fait avec une grande poésie. Mais je ne sais pas si l'auteur se décrit ou non.
Christine

Je ne connaissais pas. J'ai commencé par lire sa bio… et à lire quelques contes qui sont sa première parution où apparaît déjà une distorsion de la réalité. Du coup, je n'ai pas fini ; j'en suis au début du voyage. Cosmos est un tout organisé. Or le héros est dans une totale désorganisation et plus rien ne fait sens. C'est comme s'il se désincarnait, cherchait à prendre de la hauteur, où il ne perçoit que des signes dans lesquels il veut donner de la cohérence. Il y a cette fixation sur l'oiseau pendu, avec toutes ses pensées saugrenues, jusqu'au passage à l'acte de la pendaison du chat. Ce qui rajoute un signe qu'il a lui-même créé. Et qui fait cohérence. Ce qui m'a beaucoup interpellée, c'est cette impression de dédoublement. Quoi qu'il en soit, d'après son journal, l'auteur ne semble pas être lui-même victime d'obsessions.
Anlon

Je ne l'ai commencé qu'aujourd'hui et n'en ai lu que 35%. Il a un style. Je n'ai pas vu ce point de vue omniscient. Quand je lis, je regarde à travers le narrateur. Je n'ai pas vu l'association avec Proust. J'associerai pour ma part son style à celui de James Joyce tel qu'on le lit dans Ulysse. Ou à Picasso. Pour moi, c'est très différent de Proust qui écrit de très longues et très belles phrases avec une vraie psychologie de chacun de ses personnages. En revanche, dans ce roman, aucune psychologie pour tous les autres protagonistes en dehors du personnage narrateur. Ce n'est pas de la grande littérature.
François

Le hasard a fait que j'ai lu Cosmos juste après avoir vu l'exposition "Bacon en toutes lettres" au centre Pompidou, et que je n'ai pas pu m'empêcher à tort ou à raison de faire quelques rapprochements avec le livre.
Il ne faut pas se cacher ce qu'il peut y avoir de déconcertant dans la lecture de Gombrowicz. Ceci explique sans doute le rejet radical qu'il peut inspirer (comme Bacon) ! C'est vrai qu'il faut accepter de le suivre dans des chemins sur lesquels on se perd un peu. Le mieux est de s'accrocher aux détails qui reviennent de façon lancinante. Ce qui obnubile le narrateur ("hallucine" diraient nos jeunes) est aussi le fil conducteur d'un livre dont l'épaisseur fantasmatique est la caractéristique principale. Le récit est placé sous le signe d'un mélange d'attraction répulsion auquel personne n'échappe. Les détails qui le prouvent abondent, je n'y reviens pas. La conscience du narrateur est envahie par ces détails souvent visuels qui tissent tout un réseau d'obsessions dans lesquels tous les personnages s'engluent. Cosmos est le roman d'un engluement tragi- comique (qui nous menace tous). On pense à La nausée de Jean-Paul Sartre et à son héros écœuré par la comédie sociale et la viscosité du monde. Mais dans le roman de Gombrowicz, il y a un registre comique et une écriture haletante et syncopée qui en fait toute la force. J'ai beaucoup pensé en le lisant au théâtre de l'absurde et en particulier à Ionesco pour ce qui est de la régression verbale et contagieuse dans laquelle sombrent les personnages. Peut-être pas un hasard si tous les deux sont originaires de pays qui ont connu la férule du stalinisme. Mais fantasme pour fantasme, Cosmos par son atmosphère lugubre rappelle aussi un autre artiste polonais : le Polanski du Locataire. A noter qu'on y trouve tout aussi bien la trace du rejet viscéral de la bigoterie de la Pologne catholique dans laquelle Gombrowicz a été élevé.
Mais ce que ce roman montre le mieux, c'est que le fantasme collectif dans lequel baignent tous les personnages est aussi l'envers d'un vide abyssal qui, pour Gombrowicz, est souvent le propre de nos sociétés. Car c'est bien de notre perception de la réalité qu'il est question dans Cosmos : Gombrowicz montre bien comment les associations de pensées les plus délirantes viennent combler ce vide. Les personnages n'en finissent pas d'étaler et de ressasser jusqu'à l'écœurement leurs manies et leurs idées fixe qui sont celles d'un milieu petit-bourgeois qui est vraiment la bête noire de Gombrowicz. Mais cette dérision qui s'installe un peu partout, comme dans certains délires surréalistes, n'est pas gratuite et dépourvue de signification. Le narrateur et le personnage inoubliable du taulier sont un reflet des idées de Gombrowicz qui n'a pas cessé de décrire l'insurmontable contradiction (sinon par l'écriture) de l'être humain tiraillé entre le chaos des pulsions et les exigences de la civilisation. Gombrowicz est un champion de l'oxymore quand il s'agit d'étaler sur un mode quasiment fantastique les contradictions qui nous habitent. C'est ainsi qu'il peut évoquer "une virginité débauchée une timidité brutale, une honte cynique, une chaleur froide, une ivresse sobre..." pour décrire Léna.
Autre signification essentielle qui saute littéralement à la gorge du narrateur qui va de déceptions en déceptions, c'est que le fantasme à la peau tenace (c'est peut-être même sa caractéristique essentielle). Dans la chambre de Léna qu'il scrute et inspecte avec une frénésie de voyeur-né, le narrateur ne trouvera qu'une théière pour satisfaire son désir, et elle reviendra jusqu'à la fin comme un fétiche indestructible : "Je m'attendais à tout. Mais pas à une théière". Pour autant, il ne renoncera pas à sa quête dérisoire et à se laisser emporter par sa dangereuse manie. Quitte à se livrer ensuite à une confession publique et bouffonne à la Dostoïevski, auteur que Gombrowicz semble vénérer. Mais c'est sur tout le petit groupe que le soupçon va s'étendre sur des bases qui aboutissent à une totale confusion des pensées et des propos qui pourront se réduire à quelques borborygmes dignes encore une fois de la Cantatrice chauve ou de certains personnages de Beckett. L'expédition finale sur les lieux où l'ancêtre, qui rappelle les grands fous de Shakespeare, a connu la seule joie érotique de sa vie et sa seule aventure extra-conjugale, est à elle seule un petit chef-d'œuvre d'humour et de saine dérision. L'écriture se fait presque stéréophonique pour reproduire le discours en lambeaux, et qui va devenir contagieux, du vieil hurluberlu.
Moralité : je vous laisse le soin de la découvrir. Seule certitude : Gombrowicz n'est sans doute pas un auteur facile, mais il est un immense écrivain.
Anne

Quel spectacle ! Oui, depuis le début il s'agit d'un spectacle incompréhensible dans un décor sublime, mystérieux, ténébreux, merveilleux, terrifiant, surréaliste, photographique, étrangement sensuel, mais rien ne vient recouvrir la mort. Elle est dans la bouche, cavité noire suspendue, sexe menaçant, où la main peut être avalée, vie psychique fragmentée. La mort et les chimères sont équivalentes à des traumatismes laissant le personnage sidéré, sans pensée, agité par des états émotionnels innommables et une sexualité pervertie. Sa seule issue, agir comme un enquêteur, avec son double, Fuchs. C'est aussi un livre sur la célébration de la violence, de la mort, que Gombrowicz nous contraint de regarder en face sans la comprendre. En cela, j'ai trouvé ce livre détestable et il m'a pourtant tenue au corps, même si j'ai eu à plusieurs reprises, sinon l'envie, du moins le besoin de le lâcher, juste le temps de reprendre ma respiration. Et le reprendre, vite le reprendre. Comprendre le suspense. Mais encore m'éloigner un instant de cette folie harcelante, obsessionnelle, un peu schizo paranoïde et dont certains mécanismes proposent une sorte d'état religieux perverti.
Et puis l'imbécillité est saisissante : loulou doudou hihihihi tralalala, j'en pouvais plus, j'avais envie de dire foutez le camp les mômes et enfin arrive un mot énigmatique, onirique, "Berg", d'où sort-il celui-là ? Mot qui permettra pourtant une complicité absurde mais en profondeur, dans le non-dit, avec Léon. J'ai trouvé ce moment très fort et j'ai espéré que cela sorte notre personnage de ses obsessions et le structure quelque peu, mais cette complicité n'est pas structurante et s'avère vite décevante car décidemment Léon est un con fini, j'ai été en colère contre lui : il trahit en introduisant un tiers sur un mode puéril. Illusion éphémère des relations de complicité tordues. Représentation d'un père inconsistant et vain. Répétition sans doute de ce qui amène les deux jeunes gens à se trouver là, tous deux fuyant un père ou chef de bureau dont nous ne savons rien de plus. Ce livre est repoussant et passionnant.
Mais je n'ai pas encore parlé de la Poésie. Constante, prédominante, superbe écriture. Même la mise en page des phrases est surprenante. Tout cela m'a traversée comme un grand vent sauvage et j'ai eu le sentiment d'assister à un spectacle chanté, joué, avec en fond de toile la tragédie shakespearienne du meurtre, mais où les relations de pouvoir sont anéanties avant d'avoir pris naissance, en raison de la prédominante mélancolie. La disparition, la perte, la mort, surviennent come la répétition d'un sonnet dans une drôle de ballade. Je me suis sentie aussi assister à la tragique comédie d'En attendant Godot. Cette écriture m'a laissée avec le sentiment d'avoir atteint des lieux profonds, des lieux émouvants, et persiste encore longtemps après la lecture. Cependant j'ai été obligée d'intégrer ce texte par morceaux tant il est coriace, épais, dégoûtant, fabuleux, poétique, paradoxal. L'auteur m'a fait ressentir le personnage de l'intérieur, c'est à peine s'il lui a donné un nom ou un âge. Il pourrait donner l'impression d'un tout petit enfant, d'un adolescent, d'un jeune adulte en crise existentielle, en passe de devenir psychotique et luttant obsessionnellement contre cet effondrement. J'ai ressenti les sensations, les émotions, les perceptions qui le définissent, sa dépression, sa non-forme. Personne au demeurant n'est bien défini dans ce récit dans la mesure où chacun est une partie d'un groupe mouvant, excité, infantile, cacophonique. J'ai suivi, émue, page après page, les tribulations malencontreuses du héros déprimé, dégoûtant, pervers, mais qui évolue dans la beauté de paysages saisissants et dans ce contexte j'ai attendu, "suspendue" à la tension qui monte, qui monte, qui monte, dans la hâte de savoir ce qu'allait devenir sa pulsion meurtrière labyrinthique et serpentine, demeurant captive d'une sexualité informe, il ne s'agit ni d'amour, ni d'érotisme, ni de tendresse, c'est juste une étrange pulsion qui habite le héros.
Et puis j'ai été intéressée par l'identification au meurtrier. Que faire d'autre, quand on est inconsciemment coupable d'une faute irreprésentable, que de devenir réellement coupable d'une victime représentable… Mais aussi faut-il indéfiniment rechercher des coupables partout. La fragmentation de la culpabilité entre l'intérieur et l'extérieur est magnifiquement représentée dans ce texte où tout est vécu comme dans un cauchemar. Le sens échappe sans cesse...
Marguerite
Merci de m'avoir fait connaître ce livre. Je ne connaissais de cet auteur que la pièce de théâtre
Yvonne, princesse de Bourgogne. Les extraits de son journal qui sont repris au début du livre donnent les clés. Gombrowicz me déconstruit mon cosmos, il met à nu la trame et montre comment se conduit un cosmos où le vide, qu'il appelle aussi le fatras, a une grande importance. Il construit le cosmos avec le narrateur, il construit un cadre avec des obsessions. Cette construction en boucle, j'ai adoré. Il tire des fils à partir de rien et cherche à trouver un sens. Il le tricote et donne à voir comment cela se tricote. C'est une hallucination ce livre. J'ai adoré. Cela me fait rire. On passe à l'interprétation, la conjecture jusqu'à l'action. Tout se construit en couple. Le narrateur viole Catherette, du moins son intimité, par le biais de la lampe de poche. Juste après, il tue le chat et le pend, ce qui fait le pendant de la pendaison du moineau. J'ai adoré les multiples voix des uns et des autres, même si certaines sont plus présentes que d'autres. On est dans un babil inversé. J'ai trouvé cela incroyable. Et puis j'ai été saisie d'un dégoût terrible à partir de la mort du chat. J'ai arrêté et n'ai pas pu reprendre. Ce livre m'a pourtant tourneboulée par ce cheminement d'écriture. Mais je crois que nos échanges vont me permettre de poursuivre sa lecture.

François
Je serais curieux d'avoir l'avis d'un Polonais sur la traduction.

Christine
Gombrowicz a supervisé la traduction. Il parlait très bien français.

Marguerite
J'ai parcouru la Pologne. Tu fais 5, 10, 100 km, tu as toujours l'impression d'être au même endroit, où que tu te trouves, tu es au centre de tout. Et je trouve que son écriture ressemble à cela. C'est de la très grande littérature.

Ana-Cristina
Quand j'ai commencé la lecture j'ai aussi, comme François, penser tout de suite à Topor.
L'effet que m'a fait ce livre ? J'ai eu l'impression d'être au bord d'une falaise. De ressentir le vertige face au vide mais sans la peur paralysante de la mort. La sensation de l'espace sans le résultat de la chute.
Ensuite, ce qui m'est passé par la tête en lisant ce roman ?
"Personne ne pourra jamais rendre le bredouillement incessant de l'instant qui naît" écrit Witold Gombrowicz. Il pourrait ajouter s'il n'aimait pas autant jouer au chat et à la souris, sauf le romancier. Sauf lui-même, qui, en grand technicien de l'écriture romanesque parvient à rendre parfaitement ce "bredouillement de l'instant qui naît." ou, comme l'a dit Françoise, qui parvient à "tirer le point vers l'infini."
"Chaque pulsation de notre vie se décompose en milliards de fragments, que faire ?". Que faire ? Comment faire ? Eh bien Cosmos répond à cette question : écrire. Écrire, c'est choisir. N'est-ce pas ce que fait le romancier : choisir parmi des milliers de possibilités. Les agencer.
"Seuls les objets peuvent être regardés vraiment": comme c'est juste ! Il ne faut toutefois pas les considérer inertes, prévient l'auteur. La matière a sa vie propre. Elle a un pouvoir. L'auteur nous le répète tout au long du livre. Exemple : "Je regardai la table et vis une carafe sur une soucoupe, le ramasse-miettes en forme de croissant, les lunettes de Léon et d'autres objets, avachis, comme s'ils avaient exhalés leur dernier souffle - et indifférents." La façon de considérer l'objet renvoie aussi à l'idée du mannequin (Voir Bruno Schultz qui a fait partie, comme Gombrowicz, de l'avant-garde polonaise).

François
Un artiste polonais, autre acteur important de cette avant-garde, Tadeusz Kantor, plus particulièrement dans La Classe morte, a travaillé avec des mannequins qu'il a installés sur la scène au côté des acteurs pendant toute la durée du spectacle.
Ana-Cristina
Je reviens à l'idée de choix. Sommes-nous le résultat de la somme de nos choix ? Je ne crois pas. Je crois que nous sommes heureusement plus complexes. L'auteur ne dit pas autre chose. En revanche, je pense que les personnages, les mannequins de papier en quelque sorte, sont le résultat de la somme de leurs choix, enfin des choix de leur créateur bien sûr ! Gombrowicz glisse vers cette idée : les personnages et les objets d'un roman : même existence. Question.
Les personnages de Gombrowicz (ainsi que nous, êtres de chair et de sang) sont dans un perpétuel va-et-vient entre présence et dissolution. La présence, sa force, naît dans l'instant du choix, dans la possibilité de choisir, dans l'effort à accomplir pour choisir. Et la dissolution, elle, naîtrait plutôt de l'impossibilité de choisir, de cet instant flottant.
Un élément qui guide ordinairement notre lecture : la quête de sens. Ici, c'est la quête elle-même qui est mise en évidence. Ce que l'auteur met en évidence : une impossibilité de fixer un sens, une fois pour toute. Cela me donne le vertige.
Quand j'ai lu ce roman, j'ai vu l'écrivain au travail, qui écrit. Et qui écrit de façon à ce que je le vois agir. Il me donne à voir exactement ce qu'il a décidé. Ma lecture jubilatoire est le résultat d'une manipulation diabolique. Ce livre rappelle bien que tout livre, s'il est bien écrit, est une manipulation du lecteur par l'auteur. L'originalité ici ? L'auteur ne cache pas les ressorts de son jeu, ce qui renforce, me semble-t-il, paradoxalement cette impression de manipulation.
J'aime ses descriptions. Gombrowicz les fait exister en y ajoutant une pulsation : un "papillon" qui s'envole "soudain", le "grondement d'un camion qui passe"…

Christine
Pour moi, il s'agit de la réalité qui parvient.
Ana-Cristina
Un seul mot pour rendre compte de ma lecture : éblouissement.
Ou quelques mots de Gombrowicz lui-même : "des entassements, des éboulements tout à fait nouveaux, un nouveau bouillonnement d'un vert et d'un silence merveilleux, mélèze, sombre, pin sombre, bleu rêve."
J'ouvre le livre très grand.
Monique M
Au départ j'ai pensé : c'est glauque, mais c'était étrange, prenant, et j'ai avancé dans la lecture, et c'est tout à la fin que j'ai mesuré l'importance de ce livre, la quête existentielle de l'auteur, son questionnement sur le sens de la vie et la construction si brillante du livre.
Ce livre est surprenant. Il ne ressemble à aucun autre ; c'est fantasmé, mystérieux, onirique. Il y a un érotisme latent, suspendu, qui explose à la fin du livre de façon hallucinante, avec l'expédition de Léon sur les lieux de sa grande bamboche, qu'il veut reproduire avec sa bergcérémonie.
Tout est inversé dans ce livre. Les romans policiers commencent par un crime ; là non, pas de crime, à part celui du chat au milieu du livre. Tout commence par un moineau, quelque chose de ténu, presque insignifiant, qu'il enveloppe d'un énorme mystère. Un moineau pendu dans les broussailles. Par qui ? On ne sait. Et ce moineau, ces broussailles, cet enchevêtrement de faits, de gestes, de paroles, s'enroulent sur eux-mêmes, se mêlent à toutes sortes de personnages, se répètent interminablement, comme une logorrhée, une interrogation ou une longue plainte sur la condition humaine, l'existence, le sens de la vie.
C'est très bien écrit, parfois un peu lassant, tiré par les cheveux, comme cette histoire de timon orienté vers la chambre de Catherette. En revanche, ce qui est génial dans ce passage, c'est d'avoir passé à la lanterne le rôle de détective. Partout le texte explose, souvent en passages savoureux, ou d'une grande beauté descriptive ; comme ce passage lu par Anne p. 209 ou celui-ci p. 215 : "Je les suivais. Ils jouaient avec leurs lanternes. Au cinéma, on voit parfois dans une séquence comique, un chasseur qui avance avec prudence, prêt à tirer, tandis que juste derrière, marche, le suivant pas à pas, un terrible fauve, un ours énorme, un gorille géant. C'était le prêtre. Il marchait juste derrière moi, un peu de côté, visiblement il restait à la traîne, sans savoir où il allait ni pourquoi, peut-être avait-il eu peur de rester tout seul à la maison. Au début, je ne l'avais pas remarqué, il s'était fourré là je ne sais comment, avec ses gros doigts paysans qui remuaient. Avec sa soutane. Le ciel et l'enfer. Le péché. La Sainte Eglise Catholique notre mère. Le froid du confessionnal. Le péché. In sœcula culorum. L'Église. Le froid du confessionnal. L'Église et le Pape. Le péché. La damnation. La soutane. Le ciel et l'enfer. Ite missa est. Le péché. La vertu. Le froid du confessionnal. Sequentia sancti… L'Église. L'enfer. La soutane. Le péché… Le froid du confessionnal. Je le poussais fortement et il chancela."
Il y a aussi cette obsession maladive des bouches, celles de Catherette et Lena qu'il rapproche de façon étrange, lubrique, fantasmée, comme un appel au sexe et prolonge avec son envie de crachat ou celle d'y plonger le doigt (évocation du pénis). Doigt qu'il plonge successivement dans la bouche de Lucien mort, pendu, puis dans celle du prêtre. Actes de provocation macabre, iconoclaste, qui donnent le frisson et que j'ai ressentis de façon encore plus grave et inquiétante que s'il y avait eu meurtre.
La progression du récit est admirable. Au début, il y a cette marche avec la chaleur, la fatigue, les pieds qui se traînent dans la poussière, le trajet qui n'en finit pas, la recherche avec Fuchs personnage un peu poisseux, d'une pension bon marché ; le moineau, les hôtes dans leur étrange singularité, puis cette succession de signes : moineau, lèvres, flèche, clou, bout de bois, théière… qui s'enchaînent, semblent se compléter tout en étant sans issue. On tourne en rond comme dans Beckett. On cherche du sens là où il n'y en a pas. Ça devient une question de vie ou de mort.
J'ai aimé l'écriture haletante, saccadée, cohérente avec le chaos environnant, l'intrigue et la façon dont il campe les personnages, échantillon de l'humanité avec ses défauts, ses illusions, ses attentes, ses désirs : Léon le facétieux, joue avec les mots comme avec ses boulettes de pain pour passer le temps tout en étant sans illusion sur la vie :
– Vous parlez comme si vous n'aviez jamais travaillé.
Travaillé ? Et bien vous ! Oh la la ! Et comment ! La banque ! la banquoche ! la grosse banque qui me gli-gli-gli dans le ventre. Une baleine. Hum. Trente-sept ans ! Et quoi ? Rien !
Il réfléchit et souffla sur sa main.

Ça a fui.
Qu'est-ce qui a fui ?
Il répondit d'une voix nasale, monotone :
Les années se dissolvent en mois, les mois en jours, les jours en heures, en minutes et en secondes, et les secondes fuient. On ne peut pas les attraper. Ça fuit. Que suis-je ? Je suis une certaine quantité de secondes — qui ont fui. Résultat : rien. Rien." (p. 155)
Bouboule, personnage rabelaisien avec ses excès de nourriture. Le prêtre, caricature d'une religion que l'auteur apparemment exècre. Les jeunes mariés, symbole du départ dans une vie pleine de promesses. Léna, incarnation de la beauté, pure, candide, confiante. Lucien l'homme solide, premier à perdre pied. Catherette la servante au service des autres qui ne songe pas à réparer sa disgrâce, ne participe pas à l'excursion ; gardienne de ce qui a précédé, elle reste à la maison. Tous les autres sont embarqués par Léon dans cette expédition symbolique du grand voyage de la vie dont l'auteur (Witold) cherche à comprendre le sens.
La fin du livre peut être vue comme une forme de rédemption avec la pluie violente qui tombe soudain, lave le rituel orgiaque de Léon, orchestré par Witold avec son berg, mais aussi tous les fantasmes : les bouches, les mains aux gestes troubles et tout le reste.
Je l'ouvre en grand.
Nathalie B

Et bien moi, je n'ai pas aimé. J'ai trouvé ce roman ennuyeux. Je ne l'ai lu que jusqu'à la moitié, commencé après mon retour de voyage au Portugal. Je le lirai quand même jusqu'au bout, mais il ne m'intéresse pas. Je suis encore prise dans la littérature portugaise. Là, franchement l'énigme du moineau pendu ne m'a vraiment pas passionnée. Intellectuellement, je comprends la volonté de l'auteur, qui se comprend très bien par les extraits de son journal qu'il nous donne en amorce. Ok, il veut montrer la volonté de l'Homme à mettre en ordre, à créer du sens dans un monde où tout peut être vu éparpillé, fait de bric et de broc. Il le fait bien. Intellectuellement, j'entends parfaitement le projet. Mais ça m'emmerde. J'avoue ne pas voir ce qui serait drôle dans ce récit. Ce n'est pas du tout mon type d'humour. Je crois qu'en fait à la minute où il parle de Catherette et de sa bouche blessure, il m'a perdue. Je n'aime pas la façon dont le narrateur réduit ce personnage féminin à son sourire disgracieux. Ça m'est en fait insupportable. Ses fantasmes sordides de jeune homme ne m'intéressent pas d'avantage. Bref, vraiment non, je ferme. Aucun intérêt pour moi.
Katherine (pour l'instant internaute, mais qui va intégrer le nouveau groupe)
Je n'ai pas beaucoup aimé la lecture de Cosmos. Il n'y a pas de véritable histoire ni d'intrigue, et il est difficile de suivre la narration du personnage principal car on se perd dans ses digressions et ses raisonnements qui ne font aucun sens... J'aurais pu apprécier une lecture plus courte de ce style, mais j'ai trouvé cela trop lourd sur 220 pages.
Néanmoins, je salue la qualité de l'écriture de l'auteur, qui nous fait véritablement entrer dans la tête du personnage principal et ressentir sa folie. Je suis admirative de l'imagination qu'il a fallu pour écrire un tel roman !
Je n'ouvre qu'à moitié, pour la virtuosité de l'auteur.


Yolaine (du groupe breton dont la séance de novembre a été annulée)
Encore un auteur découvert grâce à notre club de lecture préféré. Dommage pour les Bretons qui ont lu cet étrange ouvrage que nous n'ayons pu échanger nos avis cette fois-ci, car cela nous a demandé quand même un peu de persévérance ; nous aurions aimé rentabiliser les efforts accomplis.
Pour ma part, je suis passée par divers états d'âme, de l'endormissement à la révolte, et je ne sais pas ce qui m'a fait tenir le fil, du moineau à la flèche en passant par le chat et les bouches de Léna et de Catherette… Sans doute la fascination vertigineuse d'une forme de folie sous-jacente. En feuilletant ces pages dont la lecture fut pourtant laborieuse et agaçante, c'est la qualité musicale et poétique de l'écriture de Gombrowicz qui m'apparaît avec évidence. Je croyais lire un roman, mais celui-ci n'a ni queue ni tête. Je n'ai pas réussi à supporter le film adapté de ce texte plus d'un quart d'heure, mais les personnages de ce huit-clos dans une pension de famille de Zakopane auraient leur place sur la scène d'un théâtre. J'en conclus donc que cette œuvre difficile recèle des beautés cachées qui méritent une approche différente.
Je n'adhère toutefois qu'à moitié à cette drôle d'histoire. Le caractère absurde et déprimant du quotidien des protagonistes est probablement influencé par le contexte politique de la Pologne des années 60, mais il donne une sensation d'étouffement. Il émane également de ce texte une grande sensualité, mais elle est gâtée par un terrible sentiment de culpabilité. Oppressant.
Édith
(du groupe breton)
OUF, je suis arrivée au bout de la lecture…
Je savais cet auteur très particulier j'avais lu
Ferdydurke il y a plus de 30 ans sur les conseils d'un ami polonais, fan de cet auteur (et psychanalyste… amateur par sa fonction d'associations libres et artiste peintre…). Aucun souvenir, sinon celui d'une lecture pénible avec l'absurde des situations… Il faudrait que j'aie le courage d'y revenir ? Qui sait ?
Donc j'ai traversé ce livre (trop) rapidement pour m'en débarrasser… d'autres plus séduisants m'attendaient. Il me faut — au moment de ces notes de "mémoire" 
y revenir vraiment. Que dire ?
Par moment, je lisais à haute voix pour des effets de sonorité et pour saisir ce qui pouvait en être d'une pensée qui file, et qui associe des situations décrites sans logique apparente, avec le discours des protagonistes qui semblent quant à eux tout à fait à l'aise dans la situation décrite.
Peut-on parler de surréalisme ? Bien qu'ayant lu et relu après lecture de Cosmos les notes de du journal de l'auteur, cela ne m'éclaire pas vraiment.
Bon, ceci dit, que me reste-t-il de la lecture ? Un malaise fait d'incompréhension. Je sais bien que l'auteur n'est pas aliéné, alors qu'est-ce que cette recherche de syntaxe ?
L'étrange répulsion-attirance du narrateur pour la lèvre de Catherette… L'étrange lien qui unit Léon aux autres comparses. Sa folie douce et son langage inventé ?
Et le MOINEAU suspendu : détail morbide qui frappe et va introduire toute une chaîne de suppositions associations : moineau, lèvres, flèches, enfoncements… Chat étranglé par le narrateur et c'est le chat de Léna… déplacement.
Quant au décès par pendaison de Lucien, est- ce le résultat d'un suicide ? D'une chaîne d'étrangetés ? Mais pour quelle logique ? Le désir de meurtre ?
En fait, j'ai lu ce livre (vite) par acquis de conscience pour Voix au chapitre que je remercie, mais oui !!!
Mais aussi, et surtout, dans l'attente d'un échange et peut-être des réponses, des lumières ou des éclats de rire ou d'indignation. Je m'attends à tout.
Ce texte a reçu à sa parution en 1967 le Prix international des éditeurs. C'est aussi le temps en littérature des recherches de narrations et d'écritures différentes. Est-ce une raison ?
Ce livre me marquera. Mais je ne l'aurais pas lu jusqu'au bout sans le groupe. Comme je le disais précédemment.
J'ai visionné
le film très fidèle à la découpe du livre. Cela ne m'a pas plus donné de sens. J'ai apprécié l'ambiance humide verte des lieux… et l'exubérance des comédiens, les gros plans sur les lèvres, les yeux. Bref… sentiment d'étrangeté. J'ai écouté aussi l'entretien de Gombrowicz au sujet de ses années argentines. Rien à en dire.



"UN PEU" DE DOCUMENTATION
  LE ROMAN COSMOS
    - La publication
    - Le traducteur
    - Des articles
    - Ce que dit Gombrowicz de Cosmos
    - Adaptation au cinéma et a
u théâtre
ŒUVRES DE GOMBROWICZ

    - Romans et nouvelles
    - Théâtre
    - Autres textes : essais, entretiens, articles, journal, etc.
    - Influences littéraires

VIDÉOS - RADIO - PRESSE ÉCRITE - SITES
PARCOURS
    - Enfance (1904-1910)
    - Jeunesse (1911-1928)
    - Entrée en littérature à Varsovie (1929-1939)
    - Argentine (1939-1963)
    - L'Europe (1963-1969)
MUSÉES


LE ROMAN COSMOS

La publication
- 1961 : Le roman est commencé à Buenos Aires
- 1964 de Paris à son éditeur : "Cosmos est encore à la dactylographie et il manque même la fin, car c'est à cet endroit que la maladie m'a saisi", puis : "la dactylo prend 1fr.50 par page normalisée. Le pire, c'est qu'il n'y a à Paris qu'une seule dactylo, surchargée de travail, elle ne peut donc s'engager à fournir le texte que pour la fin janvier"...
- 1965 : Cosmos est achevé en France à Vence.
-
1965 : Le roman est publié en polonais à Paris en 1965 par L’Institut littéraire, la maison d’édition des émigrés polonais de Paris.

- 1966 : La première traduction de Cosmos est celle du polonais en français, par Georges Sédir, publiée par Maurice Nadeau en 1966 dans la collection qu'il dirigeait chez Denoël, "Les Lettres nouvelles". Contrairement à ses habitudes, Witold Gombrowicz n’a apporté aucune modification à son texte à l’occasion de cette traduction. En guise de préface, il insère un extrait de son Journal...
- 1967 : Cosmos reçoit le Prix international de Littérature (Prix Formentor).
- 1969 : mort de Gombrowicz ; il ne verra pas son livre publié en Pologne.
- 1986 : Cosmos paraît en Pologne, 21 ans après sa 1ère publication en polonais à Paris.

Le traducteur, un personnage romanesque
- Georges Sédir était traducteur de Gombrowicz, Milosz, Bruno Schulz (dont nous avons lu Les Boutiques de cannelle). Il était aussi poète, romancier, essayiste, critique littéraire ET diplomate. Georges Sédir, pseudonyme de Georges Sidre (1927-2005), fit des études de langues (en parla jusqu'à neuf), puis entra par concours au quai d'Orsay. Il occupa de nombreux postes diplomatiques en Pologne (il devient attaché d'ambassade à Varsovie, derrière le rideau de fer, juste après la guerre), au Vietnam, en Thaïlande, au Luxembourg, au Brésil et en Birmanie où il fut ambassadeur (1987-90) en pleine guerre civile, gardant son franc-parler et affichant son opposition au régime, diplomate atypique, le seul parler couramment le pali, la langue sacrée du bouddhisme.
- A propos de la traduction, évoquons les aventures du roman Ferdydurke vers l'espagnol, d'abord traduit à peu près par l'auteur en espagnol, puis amélioré dans un café par des Sud-Américains, jusqu'à une dizaine certains jours raconte Gombrowicz ; puis traduit vers le français à partir de cette version espagnole avec l'aide d'un professeur de l'Alliance française de Buenos Aires pour aboutir à ce qui deviendra la première édition française de Ferdydurke publiée par Maurice Nadeau en 1958 (voir les relations de Nadeau avec Gombrowicz ICI).

Des articles (réception de l'époque, 53 ans avant que nous le lisions...)
- "L'homme par le bas", Madeleine Chapsal, L'Express, 2 mai 1966
- "A l'enseigne de l'oiseau pendu", Hubert Juin, Les Lettres françaises, 19 mai 1966
- "Cosmos, de Witold Gombrowicz", Jacqueline Piatier, Le Monde, 27 août 1966.

Ce que dit Gombrowicz de Cosmos
• Paraît en 1968 un livre d'entretiens avec Dominique De Roux. Un chapitre est consacré au roman Cosmos, À LIRE ICI. Les questions ne ménagent pas l'auteur, par exemple :
- C'est un livre austère, vous vous y amusez beaucoup moins que dans vos autres œuvres ?
- Vous ne paraissez pas tellement sûr que les lecteurs assimilent pleinement Cosmos ?
- Est-ce que ce n'est pas de votre attitude ambivalente envers la Forme, que découlent les opinions contradictoires sur Cosmos ? Il faut avouer que vous vous débrouillez toujours pour naviguer entre deux eaux...
• Dans un dialogue avec François Bondy, Gombrowicz parle de la forme dans Cosmos : À LIRE ICI.

Adaptation au cinéma

Joris Mathieu a monté Cosmos en 2013 =>
au Théâtre Montfort avec sa Compagnie Haut et Court. Voir :
- présentation filmée
- dossier de présentation
.................................
<=Cosmos d'Andrzej Zulawski, Léopard meilleur prix de la réalisation au Festival international du film de Locarno 2015, avec Sabine Azéma et Jean-François Balmer.

Adaptation au théâtre
Voir la bande annonce
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Précisons que d'autres œuvres ont été adaptées au cinéma, voire à l'opéra : Ferdydurke, La Pornographie, Opérette et Yvonne, princesse de Bourgogne.

ŒUVRES DE GOMBROWICZ

Romans et nouvelles
- 1933 : Mémoires du temps de l'immaturité, contes (non traduits).
- 1937 : Ferdydurke, trad. Brone, Julliard, 1958 ; trad. Georges Sédir, Christian Bourgois, 1973.
- 1939 : Les Envoûtés, trad. Kinga Fiatkowska-Callebat, Albert Mailles et Hélène Wlodarczyk, présentation de Rita Gombrowicz.
- 1953 : Trans-Atlantique, trad. Constantin Jelenski et Geneviève Serreau.
- 1957 : Bakakaï, trad. Allan Kosko et Georges Sédir - Le Festin chez la comtesse Fritouille et autres nouvelles, extraites de Bakakaï.
- 1960 : La Pornographie, trad. Georges Lisowski.
- 1964 : Cosmos, trad. Georges Sédir. Il obtient le Prix international de littérature en 1967 par 12 voix contre 9 à Mishima ; créé en 1960 par des éditeurs de différents pays, il est décerné par un jury de critiques appartenant aux pays représentés ; lauréats précédents : Beckett, Borges, Uwe Johnson, Carlo Gadda, Nathalie Sarraute, Saül Bellow.
Sous le titre Moi et mon double, sont réunis les romans Bakakaï, Ferdydurke, Les Envoûtés, Trans-Atlantique, La Pornographie, Cosmos, Gallimard, coll. "Quarto", 1996 ; rééd. en 2018 par Gallimard sous le titre
Contes et romans, comprenant "Moi et ma Pologne" extraits de Souvenirs de Pologne, Bakakaï, Ferdydurke, Les Envoûtés, Trans-Atlantique, La Pornographie, Cosmos.

Théâtre
- 1938 : Yvonne, princesse de Bourgogne, achevée en 1935, publiée en 1938 et créée en 1957 à Varsovie.
- 1953 : Le Mariage.
- 1967 : Opérette.
Pièces regroupées en un volume en Folio, trad. Koukou Chanska, Constantin Jelenski, Georges Sédir et Geneviève Serreau, édition de Rita Gombrowicz.

Autres textes : essais, entretiens, articles, journal, etc.
- Entretiens avec Dominique de Roux, trad. Koukou Chanska et François Marié, Belfond, 1968 (entretiens écrits et non oraux), rééd. Testament : entretiens avec Dominique de Roux, Folio essais, 1996.
- Cours de philosophie en six heures un quart, 1969.
- Varia I, trad. Allan Kosko, 1995 - Varia II, trad. Christophe Jezewski, Dominique Autrand, Marie Bouvard et Constantin Jelenski, 1989.
- La Patience du papier, trad. collective, éd. Christian Bourgois, 2019 (des critiques littéraires).
- Chroniques pour la radio : Souvenirs de Pologne, trad. Christophe Jezewski et Dominique Autrand, Christian Bourgois, 1984, et Pérégrinations argentines, trad. Allan Kosko, Christian Bourgois, 1994 (chaque texte correspond à une émission radiophonique d’une quinzaine de minutes).
- Correspondances :
Correspondance de Jean Dubuffet et Witold Gombrowicz, Gallimard, 1995 - Correspondance 1950-1969 de Jerzy Giedroyc et Witold Gombrowicz, Fayard, 2004.
- Le Journal, d'abord publié en polonais par Kultura en feuilleton,
est paru aux éditions Christian Bourgois : Journal t. 1 (1953-1956), trad. Allan Kosko, 1981 - Journal t. 2 (1957-1960), trad. Christophe Jezewski et Dominique Autrand, 1981 - Journal Paris Berlin 1963-1964, trad. Allan Kosko, 1994 - Journal Paris-Berlin - Tome III bis - 1963-1964, trad. Allan Kosko, 2004.
Et en deux tomes en Folio : tome I : 1953-1958 et tome II : 1959-1969 ("6 octobre 1962. La semaine a sept jours, qui ont fini par me lasser").
Et le journal resté secret après sa mort en 1969 : Kronos, trad. Malgorzata Smorag-Goldberg, préface de Yann Moix, introduction de Rita Gombrowicz.
- Un texte inédit de Gombrowicz : "Contre la poésie", Le Monde, 30 novembre 1981 (ce texte a son origine dans une conférence que donna Gombrowicz en 1957 dans une galerie d'art en Argentine, mais cette causerie provoqua un tel scandale qu'il dut partir par la fenêtre pour fuir la colère de ses auditeurs...).
- Pour la curiosité : ce que pense Gombrowicz d'Ulysse de Joyce (en 1937)...

Influences littéraires
"Quelles sont les œuvres littéraires qui ont exercé sur vous la plus grande influence ?
- Parmi les écrivains polonais : Mickiewicz, Pasek (ses Mémoires)
- Écrivains français : Montaigne, Rabelais, Alfred Jarry ; les Surréalistes (indirectement plutôt comme atmosphère)
- Écrivains anglais : Shakespeare, le Pickwick Club de Dickens
- Écrivain russe : Dostoïevski
- Écrivains allemands : Gœthe, Thomas Mann.
- Ajoutez encore quelques auteurs classiques comme Cervantès et quelques philosophes, au sens artistique du terme, comme Schopenhauer et Nietzche qui ont influencé surtout mon style." (Entretiens avec Dominique de Roux, 1968)

VIDÉOS
- Witold Gombrowicz et la célébrité, INA, 12 octobre 1969, 2 min 08.
- Witold Gombrowicz dans la collection "Un siècle d'écrivains", film de Andrzej Wolski, 2000, 52 min (INA, 3,50€ la location).

RADIO
- Entretiens avec Witold Gombrowicz avec Gilbert-Maurice Duprez, enregistrés en 1967, 1ère diffusion en 1970 - 1/5 39 min (l'entretien proprement dit commence à la 7e minute) -
2/5 19 min - 3/5 20 min - 4/5 20 min - 5/5 20 min.
- Nuits magnétiques, par Didier Cahen, 1ère diffusion en 1984, avec Jorge Lavelli, Marcelin Pleynet, Michel Bernard, Severo Sarduy, Rita Gombrowicz et Konstanty A. Jelenski, France Culture, 1h30.
- Une vie une œuvre, par Christine Lecerf, 1ère diffusion en 2007, France Culture, 59 min
(le ministre de l'éducation nationale polonais vient de retirer les livres de Gombrowicz des programmes scolaires...).

PRESSE ÉCRITE
- Gombrowicz, Cahiers de L'Herne, dir. Constantin Jelenski et Dominique de Roux, 1971.
- Rencontres avec Gombrowicz, un savoureux article d'Ernesto Sabato (dont nous avons lu Le Tunnel), trad. Michel Bibard, Le Monde, 27 juillet 1979.
- Le Magazine littéraire, dossier de 50 pages sur Witold Gombrowicz, n° 287, avril 1991.
- Un entretien avec Rita Gombrowicz, propos recueillis par Marion Van Renterghem, Le Monde, 9 décembre 1995 ("Depuis la disparition, en 1969, de Witold Gombrowicz, avec qui vous avez vécu pendant les cinq dernières années de sa vie, vous êtes devenue à la fois la gardienne et l'otage de son œuvre"...).
- Rita Gombrowicz : "Witold pouvait jouer des tours pendables", Philippe Lançon, Libération, 26 avril 2019.

SITES
Sites de référence (d'une grande richesse) dont les contenus appartiennent à Rita Gombrowicz : witoldgombrowicz.eu/ et witoldgombrowicz.com

PARCOURS
(Cliquez sur les liens pour voir des images sur les sites dont les contenus appartiennent à l'épouse de Gombrowicz.)
ENFANCE (1904-1910)
- 1904 : Naissance de Witold Marian Gombrowicz dans une famille de la noblesse terrienne, à 200 km de Varsovie. Son père est d'origine lituanienne, sa mère fille de propriétaires terriens de la Pologne centrale.
- Deux frères, une sœur. Il est élevé dans la religion catholique, par des gouvernantes française et suisse allemande qui lui apprennent leur langue : "En ces temps proustiens, il y avait abondance de domestiques, la gouvernante française s'occupait des enfants et le rôle de ma mère se bornait à donner des ordres au cuisinier ou au jardinier. (...) À mes moments de liberté, j'aime lire Spencer et Fichte, affirmait-elle en toute sincérité, bien que les œuvres de ces philosophes encombrassent les rayons inférieurs de la bibliothèque où ils resplendissaient de leurs pages non coupées." (Entretiens avec Dominique de Roux).

JEUNESSE (1911-1928)
- 1911 : La famille Gombrowicz s’installe à Varsovie dans un quartier élégant, près du parc de Lazienki.
- 1914 : À la déclaration de la Première Guerre mondiale, les Gombrowicz sont retenus à la campagne car la région est le théâtre d'opérations militaires.
- 1915 : Witold entre au "très aristocratique" lycée catholique Saint-Stanislas-Kostka de Varsovie. A l’adolescence, le sentiment d’étrangeté par rapport à son propre milieu grandit. La problématique infériorité/supériorité le ronge : cette expérience existentielle deviendra un des thèmes majeurs de son œuvre.
- 1923-1927 : Études à la faculté de droit de l'université de Varsovie ; il prétend s'être fait remplacer aux cours par son valet plus distingué que lui....
- 1928 : Son père l'envoie en France pour continuer ses études. Il s’inscrit à l’Institut des hautes études internationales à Paris mais ne fréquente pas les cours. "Certes, le visage de la Joconde est beau ! Mais quel profit en tirons-nous ? Il est beau, mais il rend affreux les visages de ses admirateurs. Sur le tableau : beauté - mais devant le tableau : snobisme, bêtises, effort hébété pour saisir quelque chose de cette beauté puisqu’on vous a informé que beauté il y a." (Souvenirs de Pologne). Il passe plusieurs mois dans les Pyrénées.

ENTRÉE EN LITTÉRATURE à Varsovie (1929-1939)
   - 1929 : A son retour en Pologne, il fait un stage comme secrétaire au tribunal de Varsovie.
- 1930 : Sa candidature rejetée au tribunal à Varsovie, il abandonne la carrière d'avocat. Il fréquente les cafés littéraires de Varsovie, dont le célèbre café Ziemianska. Jeune dandy, il séjourne à Zakopane, dans les montagnes des Tatras, lieu de villégiature des artistes et intellectuels "à la page".
- 1933 : Parution à 24 ans du recueil de contes Mémoires du temps de l'immaturité, aux éditions Roj de Varsovie. Le père de Witold décède, Witold hérite de la moitié du domaine et bénéficie d’une part des revenus provenant des immeubles de rapport. Remarqué par la presse, l’écrivain débutant commence à collaborer régulièrement comme critique littéraire à plusieurs journaux de Varsovie. Il écrit son premier drame Yvonne, princesse de Bourgogne.
- 1937 : Parution de son premier roman Ferdydurke, éd. Roj, Varsovie.
- 1938 : Publication de sa première pièce de théâtre Yvonne, princesse de Bourgogne, dans la revue Skamander de Varsovie. Voyage en Italie et en Autriche.
- 1939 : Son roman, Les Envoûtés, est publié en feuilleton dans deux journaux polonais. (L'ouvrage ne sera édité en volume qu'en 1973 et sa version complète, avec deux épisodes retrouvés, en 1990)

ARGENTINE (1939-1963)
=> Exaltation et misère de l’exil (1939-1946)
- 1939 : Invité pour une croisière inaugurant le transatlantique Chrobry, il arrive en Argentine ; pendant son bref séjour, la guerre éclate. Coupé de la Pologne, son séjour se prolongera 24 ans. Il vit ses premières années d'exil à Buenos Aires dans la misère, publiant sous pseudonyme quelques articles dans des revues.
- 1946 : Traduction collective de Ferdydurke en espagnol avec des amis au Café Rex aux éditions Argos de Buenos Aires. Il écrit une pièce, Le Mariage, puis commence un roman, Trans-Atlantique, situé à Buenos Aires.
=> Écrivain et employé (1947-1955)
- 1947 : Parution en espagnol de Ferdydurke aux éditions Argos de Buenos Aires, grâce au soutien financier de la mécène Cecilia Benedit de Debenedetti. Entre comme employé au Banco Polaco de Buenos Aires où il travaillera huit ans.
- 1948 : Le Mariage est publié en espagnol.
- 1951: Il entre en contact avec Kultura, la revue de l'Institut littéraire de Jerzy Giedroyc installé à Maisons-Laffitte, près de Paris. Il y publie une introduction et des extraits de Trans-Atlantique, puis des textes polémiques et des fragments du Journal qu'il y publiera jusqu'à sa mort. Ce foyer important de la culture polonaise en émigration deviendra le principal éditeur de son œuvre en polonais, assurant ainsi sa survie littéraire.
- 1953 : Avec son roman Trans-Atlantique et sa pièce Le Mariage, réunis en un volume, débute la collection de la "Bibliothèque de Kultura" de l'Institut Littéraire. Elle publie ensuite C. Milosz et des traductions : G. Orwell, A. Koestler, R. Aron, A. Camus, S. Weil, etc.
- 1955 : Gombrowicz quitte la banque où il aura travaillé sept ans.
=> Vers la renommée (1956-1963)
- Il vivra désormais, d'abord modestement, de ses droits d'auteur, de l'aide de quelques amis et d'une petite pension de Radio Free Europe de Munich pour laquelle il écrira des textes entre 1959 et 1961, publiés après sa mort sous le titre Souvenirs de Pologne et Pérégrinations argentines.
- 1957 : Parution en polonais du premier volume de son Journal (1953-1956), à l'Institut Littéraire, Paris. Ferdydurke, Trans-Atlantique, Le Mariage et Yvonne princesse de Bourgogne paraissent pour la première fois en Pologne depuis la guerre. L'édition augmentée des contes des Mémoires du temps de l'immaturité paraît sous le titre de Bakakaï. Le court dégel politique cessera rapidement l'année suivante, et son œuvre sera interdite jusqu'en 1986.
- 1958 : Première édition d'une œuvre de Witold Gombrowicz en Europe : Ferdydurke en français, aux éditions Julliard, dans la collection "Les Lettres nouvelles" dirigée par Maurice Nadeau. Les traductions commencent dans d'autres pays, à l'exception des pays de l'Est.
- 1960 : Publication en polonais de son roman La Pornographie aux éditions de l'Institut littéraire à Paris.
- 1962 : Publication du deuxième volume du Journal (1957-1961) aux éditions de l'Institut littéraire à Paris.
Ses amis argentins témoignent dans un long film ICI sur youtube.

L'EUROPE (1963-1969)
=>A deux pas de la Pologne : Berlin (1963-1964)
- 1963 : Invité par la Fondation Ford à passer une année à Berlin, Gombrowicz quitte l'Argentine. Il ne retournera jamais en Amérique latine. Après Paris, il arrive à Berlin-Ouest où il séjournera un an comme invité de la Fondation Ford et du Sénat de Berlin.
- 1964 : Le Mariage mis en scène par Jorge Lavelli, récompensé par le prix des Jeunes Compagnies, est représenté au théâtre Récamier de Paris. C'est le début de la carrière de Witold Gombrowicz au théâtre. Ses pièces ne cesseront d'être jouées en Europe.
=> La France : Royaumont et Vence (1964-1969)
- Quitte Berlin-Ouest pour la France. Il est invité dans une résidence pour les écrivains à Royaumont et y rencontre une jeune étudiante canadienne. Il s'installe à Vence avec elle et y habitera jusqu'à sa mort.
- 1966 : Publication en polonais du troisième volume du Journal (1961-1966) avec Opérette aux éditions de l'Institut littéraire, Paris.
- 1967 : Le Prix international des éditeurs (Formentor) couronne la carrière internationale de son œuvre qui connaît un nombre croissant de traductions (en français, allemand, italien, anglais, suédois, néerlandais et japonais). Publication en polonais d'Opérette aux éditions de l'Institut littéraire.
- 1968 : Publication des Entretiens avec Witold Gombrowicz, de Dominique de Roux en français aux éditions Pierre Belfond, rédigé pour l'essentiel par Witold Gombrowicz. Il épouse Rita Labrosse, sa compagne depuis cinq ans.
- 1969 : Meurt à Vence. Publication en polonais des Entretiens avec Dominique de Roux aux éditions de l'Institut littéraire, Paris. Jusqu'à l'arrêt de la collection en 2000, parmi les 512 ouvrages de l'Institut Littéraire figureront plusieurs rééditions des œuvres complètes de Witold Gombrowicz.
22 juillet (deux jours avant sa mort) : Gombrowicz regarde fasciné les premiers pas de l'homme sur la Lune à la télévision (biographie à partir du site witoldgombrowicz.com)

MUSÉES
- En France, il existe dans sa dernière demeure à Vence un "espace muséal". Voir la visite virtuelle ICI
- En Pologne, le musée Gombrowicz se trouve dans le Manoir de Wsola, près de Radom.

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

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