Cycle
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Cycle
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Cycle
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Aki Shimazaki
Nous avons lu pour le 9 janvier un livre
au choix, ou mieux encore, un cycle de 5 romans
courts. Le groupe breton se réunit le 21 janvier. Tous
les échanges ont lieu à distance...
16
ROMANS EN 20 ANS, tous publiés chez Léméac
au Québec et Actes
Sud. |
Premier cycle
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Deuxième cycle
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Troisième cycle
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Quatrième
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cycle
(un titre publié actuellement)
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- 2019 : Suzuran
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Annick L (avis
transmis)
Je regrette beaucoup de ne pas partager ce moment avec vous, d'autant
que j'ai un véritable coup de cur pour cette uvre romanesque
singulière. J'ai dévoré les dix premiers tomes des
deux coffrets (Le
poids des secrets, Au cur
du Yamato) et je viens d'acheter les cinq derniers que je suis
impatiente d'ouvrir. Cette Japonaise qui a quitté son pays pour
vivre au Japon y a consacré 20 ans de sa vie : le premier
tome est paru en 1999 et le dernier en 2019 ! Et cette fresque balaie
presque tout le 20e siècle : la première histoire remonte
aux années 1920 avec ces Coréens qui ont fui leur pays colonisé
par le Japon. La composition de cette saga est tout à fait originale,
chaque coffret de 5 titres a une unité thématique et se
lit comme la reconstitution d'une histoire à travers les points
de vue contrastés des différents protagonistes ou témoins.
Le premier autour des traumatismes liés à l'histoire belliqueuse
et impérialiste du Japon, à l'extérieur et à
l'intérieur de ses frontières. Le second, qui se situe après-guerre,
est centré sur les contraintes que subissent les individus de la
part de leurs entreprises, ou de la société plus largement,
au détriment de leur vie personnelle et familiale. Mais ces thèmes
ne sont jamais développés de façon abstraite :
ils sont illustrés par des récits de vie. Et j'adore cette
façon de nous raconter toutes ces histoires individuelles, dont
les pièces s'imbriquent comme un puzzle. Tout cela constitue en
soi déjà une initiation très vivante et contrastée
(puisque les personnages se positionnent de façon différente)
à la culture et à la société japonaise.
Mais ce qui m'a fait plonger de façon addictive dans cette série
de petits romans faciles à lire c'est le talent de l'auteure. J'adore
cette façon de raconter des histoires, toujours d'un point de vue
subjectif, d'un Je à l'autre, d'un protagoniste à l'autre,
sans interférence de commentaires ou d'analyses surplombant le
récit. Si bien que le lecteur, en quête de sens sur les enjeux
historiques ou sociétaux, progresse pas à pas, volume après
volume, dans une sorte de compréhension intime des drames évoqués.
Un art de la polyphonie vraiment remarquable !
Et puis j'aime ce genre d'écriture dépouillée, fluide,
mais jamais désincarnée qui me fait penser à Annie
Ernaux. Une simplicité apparente qui est le fruit d'un travail
littéraire indéniable. Avec une petite note exotique, très
japonaise dans l'évocation de la nature, du passage des saisons,
de la symbolique poétique des fleurs et des plantes qui a donné
naissance aux titres des romans, rattachés aux personnages. Saluons
d'ailleurs au passage la beauté de ces coffrets et des couvertures
qui feront de jolis cadeaux !
Ce que je trouve extraordinaire enfin, c'est la portée universelle
de ces histoires humaines, qui dépasse le contexte spécifique
de ce pays : tensions entre la vie professionnelle et la vie familiale,
entre le désir et l'habitude dans le couple, hypocrisie et pression
des conventions bourgeoises, etc.
Peut-être cela tient-il à la distance qu'a prise Aki Shumazaki
pour observer son pays d'origine depuis le Québec. Sans oublier
la langue française qu'elle a choisie pour écrire son uvre.
Trois fois ouvert !!!
Je vous souhaite des échanges passionnants autour de cette pépite.
Et je remercie le groupe pour cette découverte.
Nathalie
(avis transmis)
J'ai lu les deux premiers textes de la série du Poids
des secrets. J'ai aimé lire le
premier. J'ai poursuivi avec plaisir. L'écriture transmet à
petites touches, la douleur, le manque et la perte. Elle sait nous donner
accès à l'intime sans développement. Elle est pour
moi toute de grâce et de légèreté et laisse
voir plus qu'elle ne dit. C'est très suggestif et cela permet facilement
à la lectrice que je suis de "voyager" à l'arrêt.
J'ai été très émue par ces personnages, par
l'alternance des duos, des trios, par ces vies mêlées, entremêlées
et ces alliances qui se forment ou ne se forment pas, au gré des
interdits sociaux (la jeune mère à laquelle on refuse le
mariage parce qu'elle est d'origine douteuse, l'amour impossible entre
le frère et la sur..., le rapprochement des deux familles
par le biais des maisons mitoyennes), par l'évocation de la catastrophe
nucléaire. J'ai réalisé que ma fille était
née exactement 50 ans après l'explosion de Nagasaki. Je
me suis dit que ce jour-là, j'avais sûrement dû entendre
parler de ce terrible anniversaire, mais je ne m'en souviens plus. Le
parti pris du changement de points de vue donne terriblement envie de
se procurer les trois autres de la série (ce que je ne manquerai
pas de faire dès que j'aurai du temps de libre).
J'ai également beaucoup aimé l'évocation de l'intimité
des couples (les scènes sont très pures et très visuelles).
La beauté des corps enlacés, la blancheur des peaux, la
précision des gestes amoureux. Il y a quelque chose de l'ordre
du conte dans ce texte. Les apparences ne sont pas ce que l'on croit,
les transgressions sont nombreuses (amour incestueux, présence
des témoins silencieux qui épient et accèdent à
des informations interdites..). Bref, c'est une belle découverte.
Katell
Sur les conseils de Claire, j'ai lu cet été trois ou quatre
(je ne me souviens plus...) livres du cycle Le poids
des secrets. J'ai profité d'un séjour à Arles
pour aller les acheter dans la librairie Actes Sud : ce sont de jolis
objets avec des couvertures très réussies. Mais à
plus de six mois de lecture, hélas, il ne m'en reste pas grand
chose... Je me souviens d'une écriture simple mais pas simpliste,
assez fluide, étonnante même dans sa simplicité. Que
chaque roman prenait le point de vue d'un.e protagoniste et que l'action
se situait pendant Hiroshima. Au même moment, Arte diffusait un
documentaire sur Hiroshima,
qui me permettait de mettre des images sur les événements
du livre. Je me souviens d'avoir apprécié ma lecture et
que j'ai pu la recommander et/ou prêter les livres. Mais ce sont
les seuls souvenirs qu'il me reste. Alors j'ouvre à moitié.
Fanny
(avis transmis)
Voici mon avis histoire de vous accompagner à distance. Bel échange
à vous en attente de vous lire.
J'ai lu les trois premiers du cycle 1 : Tsubaki,
Hamaguri
et Tsubame.
Au tout début de ma lecture, je dois dire que j'ai eu un peu de
mal à entrer dans le roman. Ce n'est pas la première fois
que je constate cet effet avec la littérature japonaise, comme
si pour moi le décalage culturel venait freiner ma capacité
à m'imprégner de récit, à me sentir en quelque
sorte concernée par l'histoire. Ce premier mouvement est assez
limitatif j'en ai conscience, pourquoi faudrait-il se sentir culturellement
proche pour éprouver de la curiosité, de l'intérêt,
et de l'empathie ?
Assez vite cependant j'ai été prise par ma lecture, et j'ai
d'ailleurs lu le troisième quasiment d'une traite.
La lecture a été pour ma part instructive sur l'histoire
du Japon et de la Corée, avec une vue de l'intérieur mêlant
les différents protagonistes dans une vision qui m'est apparue
comme n'étant pas manichéenne.
J'ai été touchée par les différents personnages,
peut-être en particulier par la mère de Yukio à travers
son dilemme et son choix de taire ses origines. J'ai trouvé très
émouvante sa rencontre avec la vieille dame à qui elle se
confie.
Enfin sur le plan de la construction, j'aime bien cette composition en
mosaïque où les histoires au fil des générations
viennent s'imbriquer. Il y a l'effet de surprise à chaque commencement,
de qui va y-on découvrir l'histoire cette fois-ci ? Tout comme
dans
Le quatuor d'Alexandrie, j'aime aussi ce procédé
qui permet de découvrir une même trame à travers le
regard singulier de chacun des protagonistes.
J'ouvre aux ¾. Je vais me plonger dans André
Breton pour les jours à venir, mais avec l'envie de revenir
ensuite sur la fin de ce premier cycle.
Marie-Christine
(avis
transmis)
J'ai lu Zakuro...
délicat et magnifique.
Quelle découverte cette Aki Shimazaki !
Une immersion dans un Japon de tradition et de modernité..., j'ai
adoré !
Danièle (avis
transmis)
Contrairement au dernier livre de Martin Walser
lu dans le groupe, où je narrêtais pas de noter des
citations tellement le livre était foisonnant et bien écrit,
pour ce livre-ci (Hotaru
dans Le poids des secrets) pas une seule citation à se mettre
sous la dent, sauf, bien sûr, limage symbolique et fil conducteur
du roman : je vais te raconter lhistoire dune luciole
tombée dans leau sucrée (p. 33). Pas beaucoup
de trouvailles poétiques donc, mais une petite musique tout le
long du roman, sur un rythme équilibré, sans rupture de
style, comme un haïku. Cest une confidence à voix basse,
de la grand-mère à sa petite fille, toujours sur le même
rythme de phrases très simples, une confession sur un sujet tabou
ou honteux. La grand mère, dans sa jeunesse, avant dépouser
lhomme qui sera son époux pour la vie, a eu un enfant dun
homme marié, et a continué, plus ou moins contre sa volonté,
dentretenir encore un certain temps des rapports avec le père
de son fils. (Un peu compliqué, quand même, à la première
lecture !). Personne dans la famille nest au courant, même
pas le fils en question, père de la narratrice. Autrement dit,
maintenant, cest la narratrice qui se trouve dépositaire
de ce secret qui va perdurer. Cest une confidence qui arrive en
fin de vie pour dissuader la petite fille de se laisser tenter par leau
sucrée elle aussi. Cest donc plus quune confidence,
cest une mise en garde.... à lusage des jeunes filles !!!
Je ne sais pas si je dois me laisser bercer par le charme de la petite
musique de cette Annie Ernaux japonaise (du point de vue du style), de
cette linéarité obsédante et envoûtante qui
exprime une sorte de fatalité. Cest un drame familial (ou
éprouvé comme tel par la grand-mère) dans le contexte
de lhistoire tragique de Nagasaki, raconté tout aussi sobrement.
J'ouvre aux ¾.
Jacqueline (tranchant
avec ces avis)
Il y a quelques mois, en fait quand il a été programmé,
j'ai lu la première série Le poids des
secrets et la troisième, L'ombre du chardon.
Cela se lit extrêmement vite et facilement. La deuxième n'était
pas libre dans les bibliothèques proches : visiblement ces
livres ont un grand succès. Depuis, il ne me reste pas grand chose
de ce que j'avais lu et je n'ai guère trouvé le courage
de le relire ou de lire la deuxième série. Pour ce qui est
des thèmes, ils m'ont paru très "littérature
féminine" dans le mauvais sens du terme. Je me souviens que
dans le groupe, il y a longtemps, il avait été question
de lire un "Harlequin'' et
au fond, je m'imagine un peu les Harlequin comme cela. Parler de Nagasaki
pour en faire l'occasion d'un crime parfait ou dans la troisième
série faire jouer les bons sentiments avec le racisme anticoréen
ou les missionnaires dévoués, parsemer les textes de termes
japonais, ne suffisent pas à être à la hauteur de
ce que Pearl Buck
a pu faire avec la Chine ancienne. Shimazaki me paraît avoir créé
une forme effectivement à part, sinon réellement originale.
Les phrases sont très simples, les chapitres courts pour des livres
a minima. Une narratrice (parfois un narrateur) s'exprime comme dans les
"histoires vécues" que l'on trouve parfois dans la presse
féminine. Le principe de la série est, un peu transposé,
de celui des feuilletons, des mangas ou des bandes dessinées. Il
me semble que ces petits livres sont très bien adaptés au
succès commercial qui est le leur. En même temps il faut
au moins un coffret complet pour un voyage en train, tant cela se lit
vite ! J'ouvre un tout petit quart puisque j'ai lu deux séries
(Voir ci-dessous
une réaction à la Pearl Buck citée par Jacqueline.)
Séverine
J'ai lu Suzuran
que j'ai trouvé gnangnan : cette histoire d'amour c'est pas mon
truc, je reconnais le côté Harlequin dont parle Jacqueline.
Quant au style de l'auteure, est-il simple dans le style haïku où
est parce que ce n'est pas sa langue ? Car j'ai l'impression de lire un
texte dont l'auteur n'écrit pas dans sa langue.
Mais mon avis a évolué en lisant le cycle Au
cur du Yamato que j'ai lu en entier sauf le 5e, Yamabuki.
Si je n'avais lu que le premier livre, Suzuran,
j'aurais "fermé".
J'ai eu plaisir à replonger dans cette culture. J'ai appris sur
l'histoire du Japon, la Sibérie par exemple. Ma lecture est donc
meilleure.
Mais quand même l'histoire d'amour de Tsukushi
est cousue de fil blanc. Mais je dois dire que je me suis prise au
truc. J'ouvre à moitié.
Mais quand j'ai lu le premier livre, je me suis dit c'est quoi cette blague ?
Et le style me pose question. Je ne sais pas si c'est une uvre littéraire
ou un texte pour découvrir le Japon. J'ouvre à moitié.
Mais ce sont de beaux objets avec de belles couvertures et l'évocation
des saisons.
Etienne, entre et 
Ce fut donc une lecture plutôt mitigée de mon côté.
Certes, je reconnais une indéniable qualité d'accroche de
ses pentalogies. On retrouve avec plaisir un personnage laissé
au tome précédent, une nouvelle facette apparaît
L'univers dépeint est instructif pour celui qui veut un premier
contact avec la culture japonaise et les thèmes abordés
témoignent d'un souci de profondeur. Mais cela n'a pas suffi pour
ma part, je me suis rapidement ennuyé de la simplicité de
la langue, des répétitions, d'une impression de remplissage
parfois. M'est venue l'idée que Shimazaki avait construit ses personnages
comme ses coffrets : élégants, épurés,
gonflés de symboles, mais qu'en fin de compte ce qui reste est
assez mince. Les protagonistes me semblaient, au détour d'une page,
joués par des robots. Choc culturel ? Peut-être, mais l'explication
régulièrement avancer serait trop simple, puisque j'adhère
complètement à la narration de Yoko
Ogawa ou Endo.
J'ouvre et je coupe la grenade en deux ou plutôt entre ¼
et ½.
Lisa
J'ai commencé ce matin le cycle Le poids des secrets
avec Tsubaki.
J'ai aussitôt eu envie de lire le suivant, j'ai mis mon manteau
et je suis allée à la librairie : il ne l'avait pas. Tant
pis.
Je l'ai lu très rapidement, j'ai été intéressée
sans plus. C'est un thème qu'on retrouve dans la littérature,
ce secret, un secret pas si terrible.
Claire
Le secret, c'est quand même la mère qui avoue à sa
fille qu'elle a tué son père...
Lisa
Elle a tué son père parce qu'il a une maîtresse, pourquoi
? Si tous les enfants dont les parents ont une liaison les tuaient, il
ne resterait pas grand monde... Je ne comprends pas cette histoire de
secret déjà vu et revu dans les films, rien de nouveau sous
le soleil.
Quant à la première partie où la grand-mère
parle avec son petit-fils, leurs réflexions sur la guerre ne m'intéressaient
pas du tout. Quant aux dialogues - est-ce parce que ce n'est pas sa langue
? - ils m'ont paru invraisemblables par exemple page 27, entre le fils
et sa mère qui rentre chez elle :
"- Je viens d'aller chez l'avocat. Il faisait froid ce matin,
je me suis mouillée.
- Je crains que tu n'attrapes froid. Je peux te faire du thé."
Ça manque de naturel, j'étais morte de rire.
Mais ça se lit facilement, avec des phrases courtes, on peut penser
à Yoshimura, non
mais rien à voir, je préfère de loin Yoshimura. J'ouvre
à moitié parce que dès que j'avais fini j'avais envie
de lire le second. Je ne sais pas ce qui m'en restera, si j'en garderai
grand-chose.
Monique L
J'ai dévoré ces 5 petits livres.
Bien que le procédé ne soit pas nouveau, j'ai apprécié
que la même tranche de vie nous soit racontée successivement
par les divers protagonistes et à des époques différentes.
La manière dont l'auteur dévoile petit à petit les
différents secrets qui touchent tous les personnages, chacun en
détenant et en confiant un petit fragment m'a plu.
La façon dont les destins et les révélations s'entremêlent
est intéressante. Un bémol : je me demande s'il est plausible
que l'on ne reconnaisse pas une personne que l'on a fréquemment
rencontrée quelques 10 ans après ?
Un roman tout en nuances qui conte les drames d'une famille en parallèle
des grands drames de l'Histoire : le tremblement de terre de 1923 à
Tokyo, la guerre, la déportation, la bombe de Nagasaki.
J'ai apprécié que ce regard soit sans complaisance pour
le Japon en notant ses exactions commises en Asie, notamment à
Nankin.
J'ai découvert une société aux codes plus rigides
que je ne le savais et surtout l'exclusion des coréens et sans
doute de tout étranger.
Les personnages sont attachants et ont beaucoup de pudeur.
Le style est simple avec des phrases courtes. L'écriture délicate,
lumineuse, parfois poétique, s'accorde bien à la sobriété
japonaise. Une écriture juste mais qui ne porte pas de jugement.
C'est sobre et pudique, tout est en retenue, en touches subtiles. Je ne
me suis pas sentie voyeuriste mais en empathie avec les différents
narrateurs.
Les titres des 5 fascicules sont eux-mêmes dépaysants et
symboliques. J'ai préféré le premier et le quatrième :
Tsubaki
(Camélia), raconté par Yukiko
Hamaguri
(coquillage), raconté par Yukio
Tsubame
(hirondelle), raconté par Mariko
Wasurenagusa
(myosotis), raconté par Kenji
Hotaru
(luciole) raconté par Tsubaki petite-fille de Mariko.
Ce fut une lecture très agréable, mais que m'en restera-t-il
si ce n'est une ambiance ? J'ouvre à ½.
Rozenn
J'ai dévoré ça comme une série, j'ai adoré.
J'en ai lu 10 d'affilée, donc 2 × 5 livres. C'était
magnifique de lire des petits livres aussi jolis et pas sur Kindle comme
je lis d'habitude.
Après le premier, j'étais très déçue
et il ne faut vraiment pas s'en tenir à un seul. Surtout que le
premier du Poids des secrets commence par un long
truc historique un peu long et après c'est trop léger, les
personnages sont simplement esquissés et ils n'ont pas le temps
d'exister : ils arrivent à exister par le croisement et l'effet
kaléidoscope des différents livres.
Je crois vraiment qu'il faut continuer à en lire un deuxième,
Lisa.
Lisa
OK, en plus ça se lit vite.
Rozenn
Ça se lit très vite. Quant
au style, oui, ça se lit vite, c'est simple, facile, avec quelque
chose d'un peu trop systématique, comme les couvertures, comme
le choix d'un symbole pour chaque livre.
J'ai eu l'impression d'apprendre beaucoup sur l'histoire du Japon, de
vivre dans un univers complètement différent : je crevais
d'envie d'aller acheter de la bouffe japonaise, mais je ne sors pas de
chez moi, bon mais ce soir je crois que je vais craquer.
J'ai trouvé très intéressants les rapports familiaux
et hiérarchiques, tout est très codé, tout doit être
respectueux et forcément on arrive aux mensonges, c'est inéluctable.
Avant de lire L'ombre du chardon, j'aurais voulu
voir avec Suzuran
ce que ça donne si elle fait un roman, est-ce
que les personnages ont plus d'existence ?
Séverine
Mais il est de la taille des autres, c'est que, comme c'est le dernier,
il n'est pas encore en poche et semble plus gros.
Rozenn
Là il n'y a de nuances que dans le décalage, pas à
l'intérieur du personnage, c'est la limite que je pense.
Ceci dit, je ne boude pas mon plaisir et je l'ouvre en TRÈS grand.
Françoise
Je n'avais pas du tout compris qu'il y avait des séries... Katell
m'avait prêté Tsubaki.
Puis j'ai pioché dans ce que Claire avait envoyé, j'ai pris
au hasard.
Claire
Je les avais numérotés...
Françoise
Ftttt, ça m'est passé au dessus de la tête.
Avec le premier que j'ai lu, je n'ai pas imaginé qu'il y avait
une suite : le demi-frère caché, l'assassinat du père
par sa fille..., encore que on ne sait pas vraiment si elle l'a empoisonné.
Rozenn
Tu le sauras si tu lis la suite !
Monique L
Faut lire les autres, Françoise !
Claire
Tu te réjouiras qu'il soit tué !
Françoise
J'ai donc lu Azami,
puis Hôzuki
: je n'y ai rien lu concernant la Corée, la Sibérie.
Le style est très simple, très tac-tac-tac. C'est au présent,
à la première personne, très factuel comme récit
: je fais ci, lalali lalala. Comme Séverine, je me demande s'il
s'agit d'un style maîtrisé, voulu ou pas. Certaines expressions
interrogent, mais c'est sans doute du français canadien ;
ça ne m'a pas outre mesure gênée.
Heureusement, ce sont des récits courts, sinon je pense que ce
style (?) m'aurait lassée.
Hôzuki m'a semblé la suite d'Azami avec l'entraîneuse
qui a ouvert une librairie et qui a un enfant sourd-muet qu'elle a trouvé
et qui rencontre la mère biologique, ce qui m'a paru totalement
invraisemblable. À moins qu'on considère que c'est un conte.
La lecture est agréable, ça se lit bien, c'est court. Mais
je n'ai pas trouvé qu'on pénétrait vraiment ni dans
la culture japonaise ni dans l'histoire du Japon, sauf avec le bombardement
de Nagasaki.
J'ouvre à moitié. Ça se lit bien, mais cela ne me
donne pas envie d'en dire plus, je rejoins Lisa, ça m'a suffi.
Monique S
J'ai commencé par deux livres du premier groupe "Le
Poids des secrets".
Tsubaki
raconte l'histoire d'une grand-mère survivante à l'explosion
de Nagasaki et qui cache un lourd secret, car son père n'est pas
mort ce matin-là de la bombe comme on le supposait, mais de son
parricide à elle, par vengeance. Ce livre m'a semblé un
exposé un peu trop pédagogique et un peu simple des faits
historiques autour de la bombe. Longtemps, les Japonais n'ont pas pu parler
de leur version des choses, ni des souffrances vécues par la bombe.
Les Américains ont occupé le Japon durant dix ans et interdisaient
toute expression dans la presse, ou les livres sur le ressenti japonais,
leur instillant dans la tête l'idée qu'ils étaient
"coupables", "mauvais", et devaient taire cette terrible
"humiliation" méritée. Je pense que les premiers
Japonais à oser déterrer les non-dits ont été
ceux qui vivaient à l'étranger...
J'ai lu ensuite Tsubame,
où une vieille femme cache ses origines coréennes, après
avoir été nationalisée japonaise comme orpheline
de guerre. Jusqu'à sa mort, elle ne dira rien, même à
son mari et à ses enfants. Mais dans ses derniers jours, elle retrace
l'histoire des Coréens au Japon dont personne n'avait intérêt
à parler, ni les Japonais ni les Américains. Même
impression d'un livre un peu pédagogique, doucettement engagé.
Et puis j'ai lu deux livres du dernier cycle L'ombre
du chardon, et j'ai beaucoup aimé. Shimazaki délaisse
l'Histoire, et s'attache à décrire les ressorts des relations
humaines, et de la psychologie. C'est un changement de regard total aussi
par rapport à la culture japonaise ; on n'est plus dans ce
qui rattache le groupe social, les conventions. Mais certains personnages
approfondissent leur individualité, développent un chemin
personnel, au risque de laisser sur le bas-côté d'autres
personnes de la famille et du groupe, qui n'ont pas compris que les états
d'esprit ont changé, et qui restent empêtrés dans
les rôles conventionnels qui n'ont plus leur place.
J'ai aimé Suisen,
où un homme narcissique et manipulateur considère sa femme,
ses collègues, ses enfants, ses maîtresses, comme de simples
objets à sa disposition, pour le mettre en valeur. Au fur et à
mesure du livre, sans qu'il ne se rende compte (ni nous lecteurs d'ailleurs),
toutes les personnes qui l'entourent évoluent, prennent conscience
de leur exploitation, et prennent de la distance en le laissant seul sur
le carreau. On explique, on comprend son comportement, ses blocages, sur
des bases d'analyse psychologique. Mais aucune "convention"
ne tient plus, chacun est responsable de ses actes, de ses choix ;
et chacun est libre, contrairement au passé.
Mon livre préféré est Hôzuki.
J'ai beaucoup aimé l'esquisse de cette femme libre, qui ne veut
pas se marier, ne veut pas dépendre d'un homme, ne veut pas d'enfants,
se cultive autant qu'elle peut, devient libraire réputée,
et travaille comme entraîneuse pour élever un enfant "trouvé".
On est hors conventions, mais aussi hors bons sentiments. On surfe sur
la ligne déontologique ténue entre liberté et transgression...
(n'a-t-elle pas volé cet enfant ?)
Pour conclure :
Il y a toujours dans les livres de Shimazaki : du secret,
de fausses apparences, un silence concerté du groupe, jusqu'à
l'explosion finale des ressentiments.
Ce qui est particulier aussi dans ses livres, c'est
qu'on retrouve des personnages principaux ou lointains, comme en ombre
chinoise, d'un récit à l'autre. Copie peut-être sur
la mode des sagas et séries du cinéma ? Cela donne en tout
cas l'impression d'un monde "petit", d'une île ? où
tout le monde retrouve tout le monde.
Shimazaki dépeint très bien ses personnages,
au scalpel, sans sentimentalité. Ses récits sont très
travaillés, tous les détails s'agglomèrent au fil
du livre, rien n'est superflu. Le personnage du narcissique Gorô
dans Suisen,
par exemple, est digne d'un Caractère de la Bruyère.
J'ouvre aux¾. Lecture plaisante ; je suis contente
d'avoir découvert cette auteure, mais je ne sais pas si j'aurais
envie de relire ces livres dans dix ans, vingt ans ; on surfe peut-être
sur des partis-pris à la mode du moment, faits pour plaire. Je
ne pense pas être en face d'une écriture et d'un univers
personnel de grand créateur.
Catherine, entre et 
J'ai lu les trois premiers du premier cycle. Je suis
restée sur ma faim après le premier livre : cela me paraissait
un peu simple, des phrases courtes tout le monde l'a dit, des personnages
ébauchés, pas approfondis. J'ai lu le deuxième et
le troisième et, certes, le procédé (changement de
narrateur) est connu, mais il donne de l'intérêt à
l'histoire vue par d'autres personnages.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Je vais finir cette
série. Monique et Françoise m'ont donné envie de
lire le cycle 3 où il semble que les personnages
prennent plus d'épaisseur.
Par petites touches, on apprend des choses sur le Japon : à propos
de l'occupation en Manchourie et sur la Corée, on ne connaît
pas forcément.
On est frappé par les rapports dans les familles fondés
sur une économie de la relation. L'écriture le rend assez
bien.
J'ai eu un plaisir de lecture. C'est vrai qu'il y a un effet de mode avec
le procédé, mais c'est intéressant. J'ai lu peu d'auteurs
japonais et j'étais contente de lire ça : c'est une lecture
de vacances et j'avais justement quelques jours de vacances. En en lisant
d'autres, je pense que je prendrai sans doute plus d'intérêt
à l'ensemble. J'ouvre entre moitié et ¾, plus
proche de la moitié et peut-être plus après...
Renée
Comme Lisa avec le premier livre, j'ai ressenti quelque chose d'assez
addictif, je n'avais qu'une envie en lire d'autres en lire d'autres, mais
en effet ça ne laisse pas trace indélébile. J'en
ai lu une dizaine, mais dans le désordre, car j'ai emprunté
à la médiathèque de Narbonne ceux qui s'y trouvaient
; ensuite, comme l'auteure me plaisait, j'en ai fait des cadeaux pour
Noël que je lisais avant de faire le paquet cadeau
J'ai trouvé poétiques des phrases très simples, par
exemple, suspendant le temps : "Elle
coupe le bout d'un rameau avec des ciseaux ; je suis des yeux le
mouvement de ses mains".
J'ai été touchée par la cérémonie du
thé dont j'ignorais tout et d'apprendre que des gens vivent de
ça m'a semblé extraordinaire.
Elle décrit les traditions familiales et de l'entreprise et la
modernité avec les jeunes qui veulent se libérer.
À propos du bébé trouvé dans une consigne,
j'ai pensé à un livre que j'ai adoré Les
Bébés de la consigne automatique : très
fort, très violent. Je ne sais pas s'il y a un autre pays où
l'on abandonne les bébés dans une consigne automatique.
Claire
C'est pratique.
Etienne
On les déposait dans les églises chez nous.
Monique
Quand j'ai travaillé dans l'aide sociale à l'enfance à
Paris, on trouvait des bébés dans des sacs plastiques Monoprix
dans le caniveau
Renée
Les plus vivaces survivaient. Je crois que j'en ai trop lu. Comme Séverine
qui a commencé par Suzuran,
moi j'ai fini par celui-là, que j'ai trouvé ridicule.
Séverine
Aaaahhhh !
Renée
Absolument ridicule. Très manichéen, avec deux surs
dont une dévoreuse d'hommes, ça ne tient pas debout, c'est
cucul la praline au possible, j'ai détesté ce livre. C'est
dommage parce que j'avais bien aimé tout le reste.
Ce qui m'a beaucoup plus intéressée, c'est notamment la
pression de l'entreprise sur la vie des gens, quelque chose qu'on ne connaît
pas à ce point en France.
J'ouvre ¾ si ce n'est pas en entier, car j'ai eu beaucoup de plaisir.
C'est vrai qu'il y a un peu un système ; je trouve que l'auteure
est une coquine, parce qu'elle a des ficelles qu'elle reprend ; Suzuran
m'a fait voir les défauts des autres ; par exemple, elle aime bien
répéter, ça fait des lignes... Mais j'ai presque
atteint l'overdose.
Françoise
À propos de la cérémonie du thé, je vous invite
à voir le film magnifique Dans
un jardin qu'on dirait éternel, où on découvre
cette cérémonie, c'est une merveille (plusieurs acquiescent
- à
louer sur Arte pour
4,99€).
Renée
J'ai été étonnée d'apprendre qu'on ne prend
que deux gorgées, une telle cérémonie pour deux gorgées
!...
Muriel 
Je suis là surtout pour écouter les avis des autres car
j'ai lu des livres, quatre je crois, il y a plusieurs mois. J'ai été
malade et j'ai perdu la boule, ce qui fait que je m'en souviens encore
moins.
Mais j'ai été très accrochée par le style.
S'il est vrai que c'est toujours sujet-verbe-complément et que
j'ai attribué ça au fait que c'est une Japonaise qui écrit
en français, j'ai trouvé ça très accrocheur.
C'est une lecture qui m'a beaucoup plu, qui m'a intéressée,
je ne pouvais plus lâcher les livres, tant pour le style que pour
les personnages. Je n'en dirai pas plus car je ne m'en souviens pas très
bien, me rappelant juste mon intérêt pour ce que j'ai lu.
J'ouvre donc aux ¾.
Claire
Tu as vraiment perdu la boule car tu en as lu 7 que je t'ai prêtés
dont un cycle entier
Laura
Au cur de l'uvre "fleuve" de l'autrice, j'ai décidé
de lire Azami et
peut-être d'autres par la suite. Néanmoins, j'avoue que ce
n'était pas un vraiment un choix
j'ai ouvert le premier Epub
(merci beaucoup d'ailleurs) qui est tombé sous ma souris, et c'est
tout
Donc, je n'avais aucune connaissance du sujet abordé,
et je m'y suis lancée comme dans une aventure inconnue. 79 pages,
j'ai été très étonnée. Comment l'autrice
pouvait-elle développer un thème, une idée, ou simplement
une histoire, en moins de 80 pages, et que ce texte soit considéré
comme un roman ? Mais je ne connais pas les critères il est
vrai. Alors je me suis lancée. Spoil : je n'ai pas aimé
du tout, pour plusieurs raisons.
1) Tout le bouquin est écrit au présent. Je crois que cet
argument est celui que j'appelle le plus à ma rescousse pour expliquer
mon désarroi
Pourtant, c'est bien réel, je déteste
les écrits au présent, je n'y trouve pas de profondeur,
c'est plat, c'est sec (dit celle qui écrit cette phrase au présent
mais moi je parle en termes de présent de vérité
générale ! Bref.). Donc, avec moi, le présent, ça
ne fonctionne pas
Du moins pas encore. J'ai pourtant tenté
de trouver des bons côtés, parfois je trouvais des rythmes
et poésies agréables. Toutefois, et voici le
2) Je me suis ennuyée. Les phrases sont terriblement courtes, et
n'exposent que des descriptions de faits. Dans mon esprit, le résumé
du livre pourrait être "Demain, je prends le train à
9h". J'ai vraiment été très sceptique au
cours de ma lecture, ponctuée de petites grimaces ; et j'ai
eu la sensation que le personnage était incapable de réflexion.
À un moment, le personnage a "les yeux levés vers
le ciel sans étoiles, [il est] plongé dans [ses] réflexions"
(p. 10). Bien, mais encore ? J'attends ! Quelles réflexions
? Rien. Page blanche et nouveau chapitre. Shimazaki sait parfaitement
me frustrer
3) J'ai été très étonnée des rapports
entre les femmes et les hommes, rapportés par l'autrice. Il est
vrai qu'elle a vécu 26 ans au Japon, alors, peut-être que
certains comportements sont pour elle normaux. Pourtant, le regard que
le personnage porte sur les femmes était vraiment
je n'ai
pas de mot. Manifestement, selon mon interprétation, aux yeux du
personnage les femmes sont soit des mères soit des putes (employons
le terme que Shimazaki se refuse à écrire), et il n'y a
pas vraiment d'entre-deux. Sauf peut-être lors de sa liaison avec
Mitsuko. Sa femme n'est plus sa femme, elle est la mère de ses
enfants, et, comme il se plaît à le répéter,
le couple est "sexless". Il ôte donc tout pouvoir séducteur
à sa femme, il lui ôte même le pouvoir d'être
une femme, sous-entendu, réelle. Mais réelle pour lui, selon
sa vision. Et, ce que j'ai cru comprendre, c'est qu'une femme, selon ce
qui lui apparaît comme bon ou normal, ne se maquille pas, ne s'apprête
pas, est libre à tout heure de la journée ou de la nuit
pour assouvir ses désirs sexuels, et elle se tait ; "Elle
est bavarde ce soir" (p. 52) : j'ai trouvé que cette
pensée était d'une grande violence. Pour lui, elle ne peut
pas être à la fois femme et mère, et elle ne peut
encore moins faire ce qui lui chante, comme planter des légumes
seule à la campagne. S'il semble l'accepter ouvertement, il est
assez remarquable qu'il se sente abandonné, ce qui culpabilise
le rôle de la femme, qui devrait presque être doublement mère.
Donc la femme est soit mère, soit pute. Et la prostituée
est Mitsuko. Je fais référence au fameux passage du vol
de sac à main : Mitsuko se promène en belle robe blanche,
talons hauts, fume. Et, de suite "Une prostituée ? pensé-je."
(p. 36). Mitsuko n'est plus la femme qu'il imaginait. Immédiatement,
elle se voit dégradée, et ce n'est qu'en retrouvant une
apparence prude et sage qu'elle remontera dans son estime. Bon, donc à
travers ces divers exemples, j'ai essayé de mettre en avant le
fait que l'autrice, en écrivant l'histoire, mettait en lumière
une vision très masculiniste de la société (l'homme
est celui qui est toujours déçu et abandonné, cf.
le départ de Mitsuko), malgré les quelques et faibles appels
féministes (une prostituée paye ses impôts comme les
autres).
Claire
Tu n'aimes pas le livre parce que le personnage est vilain...
Laura
J'ai en fait une lecture un peu ambiguë : soit Shimazaki est vraiment
matricée et il n'y avait aucun but à l'histoire ; soit
l'autrice décide volontairement de pointer un problème de
la société japonaise de notre époque. Je n'ai pas
de réponse. Mais, dans tous les cas, j'ai été impressionnée
par son talent à développer un personnage principal masculin.
Un quart ouvert.
Claire
Quant à la femme dont tu déplores qu'elle soit prude et
sage, je te signale qu'elle va s'éclater érotiquement, mais
il faut que tu attendes le tome
4 de ce cycle...
Geneviève
Je voulais sauter la séance, toujours prise par mon polar
passionnant, quand cet après-midi je me suis dit ils sont courts,
je vais en lire un, ce fut au hasard Tonbo
: ça se lit vite et bien.
Je n'avais pas vu que c'était écrit en français et
très vite j'ai repéré des problèmes de traduction,
par exemple on ne dirait pas "dans un tel endroit", qui est
la traductrice... j'ai alors vu que c'était écrit en français !
Le livre m'a quand même intéressée pour ce qui concerne
la culture japonaise, par exemple le système de scolarité
avec l'école de soir, spécifique ; le rapport au suicide
aussi.
Je suis partisane des écritures plates... mais là c'est
vraiment très plat.
Mais ce n'est pas inintéressant. Et si j'en lis un autre, ce serait
pour la culture japonaise, étrangeté absolue pour moi, par
rapport à des cultures qui m'attirent, africaine, maghrébine.
Le rapport à l'anglais aurait pu m'intéresser, avec la domination
de l'anglais.
Ce fut une expérience pas désagréable, mais par une
révélation.
Ce n'est pas si étrange que ce que nous avions lu d'Ogawa.
Claire (qui
avait proposé cette lecture, appuyée par Katell)
Il me semble que lire un livre et un cycle complet, c'est une lecture
assez différente.
Pour moi qui contrairement à vous tous ne regarde jamais de série,
je reprends le mot de Renée : addictifs, tels ont été
pour moi ces livres. J'ai lu tous les livres d'Aki Shimazaki... (n'en
revenant pas)...
les 16 publiés...
Le plaisir vient de retrouver des constantes : dans les 16 livres on a
systématiquement un narrateur à la première personne
(homme, femme, enfant, vieillard, sympathique, odieux...), avec un univers
japonais et son lexique à la fin, qui n'est pas le même pour
chaque volume. Tout est bref : le lexique, le livre, les phrases... Et
la retenue de mise, pas d'émotions exprimées, elles sont
sous les mots.
La composition du cycle n'est pas une simple succession de monologues
tournants et simultanés (comme dans Tandis que j'agonise
de Faulkner que nous avions lu jadis), mais on voyage dans le temps ;
de même, oui on est en permanence au présent que tu n'aimes
pas Laura, qui fait coller au récit, mais au sein d'un même
livre, on voyage dans le temps, avec des flashbacks, des enchâssement
de récits, et l'enfance ou la jeunesse du personnage qui surgit
à travers un personnage qui fait irruption dans le récit.
Toujours dans le jeu des temps, l'âge joue : il y a souvent un enfant
qui joue un rôle pour rapprocher ou éloigner les adultes
et l'enfant est souvent extraordinaire ; la relation entre enfants est
parfois centrale quand elle n'est pas incestueuse. De même, les
plantes qui donnent leur titre aux livres sont liées aux saisons,
au temps qui passe.
Ça, ce sont des ingrédients, mais le goût, c'est une
tension, douce mais ferme (ce qui crée l'addiction), donnant pour
moi un vrai suspense, dû à un mystère entretenu, des
secrets, des révélations.
L'opposition tradition/modernité a été évoquée
: on la retrouve au sujet des couples aux modalités diverses et
souvent non conformistes par rapport à la tradition des mariages
arrangés, bien présente : couples sexless, bisexualité,
amours de jeunesse réactivées, attirances passionnelles.
Il y a de nombreuses femmes fortes, non conformistes. Le rôle de
la création est également fréquent, comme si elle
correspondait à une émancipation, à une voie personnelle
hors des sentiers battus. Ces ressorts ont contribué pour moi au
plaisir, me persuadant également que l'auteure n'est pas moins
libre, non conventionnelle. Certains ont soupçonné un savoir-faire
commercial (une recette, à laquelle s'ajoute le coffret aguicheur)
; si Aki Shimazaki au tout début de ses publications remarquées
a donné quelques interviews, elle a rapidement cessé, "à
la Elena Ferrante", mettant en avant ses livres, point final ; ça
n'est pas très commercial.
J'ai une deux réserves et une question : une petite réserve
concernant les symboles liés aux titres - je suis d'accord avec
Rozenn ou Etienne, c'est un peu too much... et une réserve qui
concerne le récit sur des coïncidences (une fois ça
va, mais dix foix ça peut se sentir). Et je m'interroge sur le
travail avec l'éditeur : intervient-il sur la langue ou laisse-t-il
ce qui peut nous paraître bizarre, limite correct ; mais je me suis
laissé avoir plusieurs fois, croyant que c'était une maladresse,
par exemple : il me suffoque qui est en fait une tournure transitive vieillie.
Françoise
Et peut-être du français du Québec.
Claire
J'ai aimé aussi voir l'évolution d'un cycle à l'autre
: d'abord le contexte de l'Histoire, puis du monde de l'entreprise, sur
lequel se tissent les relations qu'on suit, et puis on se dégage
de ces contextes pour se centrer uniquement sur les relations, avec une
place de plus en plus grande au rôle de la création.
Plusieurs ont dit il ne me restera pas grand chose. Pour ma part, j'ai
eu un réel plaisir (qui m'oblige à ouvrir en grand...) :
et s'il m'en reste rien après, et alors ?!
Pour finir, Monique S (qui est japonophile avertie et a gagné
plusieurs concours de haïkus au Japon, voir ICI
les écrits de Monique) nous parle de Ryoko Sekiguchi, dont nous
avions lu La
voix sombre.
Elle évoque ses livres écrits en français : Nagori
: la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter et Manger
fantôme, d'une auteure d'aujourd'hui plus "japonaise",
au sens où elle nous introduit plus dans "une pensée
japonaise qui nous échappe". Mais ce sont plus des essais
littéraires que des récits.
Elle rappelle aussi le coffret de Yôko Ogawa, trouvé par
hasard dans une librairie à Bruxelles, qu'elle avait fait lire
au groupe lecture - avec une dimension fantastique.
Nous recensons les livres japonais que nous avons lus dans le groupe.
Brigitte Duzan (sinologue qui est venue plusieurs
fois dans le groupe et qui suit toutes nos lectures et avis, pour se distraire
de ses chinoiseries)
J'ai failli m'étrangler en lisant de la part de Jacqueline une
apologie de Pearl Buck donnée en exemple pour sa peinture authentique
de la Chine : rien de plus artificiellement faussement chinois que Pearl
Buck !...
DES INFOS à
propos d'Aki Shimazaki et ses 16 romans en 20 ans
QUELQUES
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
- Aki Shimazaki est née en 1954 au Japon à
Gifu, un village montagneux. Elle est la cadette des trois surs
et "se voit comme un mouton noir", rêvant "d'être
seule et reconnue pour ce que j'étais et ce que je faisais".
- Titulaire d'un diplôme de pédagogie, elle travaille au
Japon pendant 5 ans comme enseignante d'une école maternelle (ou
l'équivalent au Japon) ; elle donne également des leçons
de grammaire anglaise dans une école du soir.
- À 25 ans, elle demande un visa dimmigration à plusieurs
pays. "Cest le Canada qui ma choisie", dira-t-elle.
- Elle vit 11 ans au Canada anglais à Vancouver à partir
de 1981 où elle travaille pour une société d'informatique,
puis à Toronto, avant de s'installer à Montréal,
attirée par l'"ambiance artistique", sans connaître
un mot de français.
- À l'âge de 40 ans, elle commence à apprendre le
français en autodidacte, puis dans une école de langue.
- Elle vit à Montréal depuis 1991, enseigne le japonais
et publie depuis 1999. Shimazaki est son pseudo littéraire.
Une fois ces éléments connus, voir la présentation
désopilante de l'auteure par deux booktubeuses sur leur chaîne
"Personnel
à tout le monde".
CE QU'AKI SHIMAZAKI DIT DE SON ÉCRITURE
Sauf précision, les citations qui suivent sont
extraites de l'entretien approfondi avec Linda Amyot, "Aki
Shimazaki : ce quon ne peut pas dire", Nuit blanche,
2007.
Aki Shimazaki a joué le jeu des médias au début de
sa carrière puis les a fuis : "Beaucoup d'écrivains
rêvent d'être connus. Moi, c'est le contraire. Pour moi, un
écrivain, ça écrit." ("Aki
Shimazaki : la méthode Shimazaki", Josée Lapointe,
La Presse, 15 novembre 2015)
Quand et comment êtes-vous venue
à la littérature ?
"Entre 13 et 18 ans, j'ai écrit des
nouvelles pour m'amuser ou montrer à mes amies. Mes temps libres
étaient consacrés à la lecture de romans et de
biographies d'écrivains dont la vie était hors de l'ordinaire,
comme celle d'Osamu Dazai. Après 18 ans, j'ai écrit des
essais dans une revue littéraire éditée par ma
sur, celle qui m'avait donné A Little Princess.
Cette revue était subventionnée par le comité départemental
de l'Instruction publique.
Auriez-vous tout de même écrit
dans votre langue maternelle si vous n'aviez pas choisi d'immigrer ici
?
"J'aurais certainement continué à
écrire. En fait, en 1994, j'ai écrit un petit roman (feuilleton
de 11 semaines) pour le journal japonais hebdomadaire de Toronto.
En vous installant au Québec,
vous avez décidé d'écrire directement en français.
Je suis vraiment retombée dans mon rêve
d'enfance de devenir romancière à l'époque où
j'étudiais le français à Katimavik, une école
pour immigrants. Notre professeur nous a fait lire le roman d'Agota
Kristof, Le
grand cahier
(le premier volet de sa trilogie). J'ai été frappée
par son histoire profonde et puissante et son écriture très
simple et directe. J'ai tout de suite lu le reste de cette trilogie.
Je voulais moi aussi écrire des romans en français, dans
un style similaire.
J'ai alors commencé à écrire mon premier roman,
Tsubaki, dans la langue que j'étais en train d'apprendre.
L'idée d'une histoire d'amour entre un demi-frère et une
demi-sur m'est venue en lisant Le
troisième mensonge (le dernier volet de cette trilogie)."
"Comme j'ai commencé à écrire
en même temps que j'ai commencé à apprendre le français,
c'était très difficile. J'avais constamment la tête
dans le dictionnaire. Mon ami me disait que mon roman serait un collage
du dictionnaire. Et maintenant, écrire des romans en français,
c'est ma passion." ("Du
pur, du vrai Aki Shimazaki", Danielle Laurin, Le Devoir,
7 février 2009)
"Le français m'a apporté la clarté
et la précision, ce qui est à l'opposé de la mentalité
japonaise" ("Le français, langue d'accueil de tous
les écrivains du monde", Françoise Dargent, Le
Figaro, 8 janvier 2009)
Une critique disait encore tout récemment
que vous écriviez "en français des romans très
très japonais".
"On a raison de dire que j'écris 'en
français des romans très très japonais'. J'ai
vécu au Japon jusqu'à l'âge de 26 ans et je n'avais
jamais été à l'étranger avant cet âge.
Je suis contente de pouvoir conserver mes origines japonaises à
travers mes romans. En même temps, quand j'écris un roman,
ce qui est important, c'est que mon histoire touche le cur du
lecteur. Je raconte la vie d'individus, ce qui est universel. La société
japonaise ou des événements historiques du Japon que j'utilise
ne sont qu'une toile de fond ou bien un thème secondaire. J'ai
lu une critique sur mes romans qui dit : 'C'est tragique et doux,
léger et profond, universel et parfaitement japonais'. Je
suis contente des mots : universel et profond."
Écrivez-vous différemment
en japonais ?
"Totalement. En japonais, mes phrases sont
plus longues. En français, c'est beaucoup plus minimaliste."
("Aki Shimazaki : la méthode Shimazaki",
La Presse, 2015)
"J'aime écrire très simplement,
les phrases courtes et concentrées comme les haïkus en japonais."
("Du pur, du vrai Aki Shimazaki", Danielle Laurin, Le
Devoir, 7 février 2009)
"Mon style minimaliste, simple et direct est
assez éloigné de la plupart des uvres littéraires
japonaises. Les écrivains japonais écrivent de manière
plus détournée. On ne dit pas les choses directement au
Japon. Une écrivaine telle Yoko Ogawa, par exemple, qui a aussi
un style simple et très direct, se démarque tout à
fait par rapport à l'ensemble de la production littéraire
nipponne."
Avant de choisir un personnage, Aki Shimazaki
choisit un titre - un seul mot, en japonais, qui est souvent un nom d'objet,
de plante ou de fleur :
"Je vois comment il sonne à mon oreille.
Comme pour Hôzuki [le physalis] et Mitsuko, le personnage.
Je médite alors sur ce que je peux faire avec les deux ensemble."
("Aki Shimazaki : la méthode Shimazaki",
La Presse, 2015)
"Quel est le sens d'écrire ? Je le trouve moi-même
en écrivant, car je ne connais pas la fin. Je crois que si je
déterminais le sujet d'abord, ce serait moins profond, même
un peu ennuyant." ("Aki Shimazaki : la méthode
Shimazaki", Josée Lapointe, La
Presse, 2015)
Concrètement, comment travaillez-vous
? Faites-vous plusieurs versions ? Savez-vous déjà à
l'avance que votre roman fera telle ou telle longueur ?
"Je travaille généralement tous
les jours, tard en fin de soirée. Parfois, j'écris une
seule ligne ; d'autres fois, ça va bien et j'écris plusieurs
pages. Dans l'après-midi, je vais marcher ou je vais au café ;
c'est souvent à ce moment que les idées me viennent. Je
fais plusieurs versions - cinq, six peut-être - avant de faire
parvenir le manuscrit à mon éditeur. La première
version du deuxième roman, Hamaguri, faisait plus de 200
pages. Je me suis rendu compte que je voulais y mettre trop de choses.
Je l'ai donc beaucoup élagué avant de le montrer à
mon éditeur. De façon naturelle, ma version la plus achevée
tourne toujours entre 100 et 150 pages, pas plus."
"Quand je comprends ce que javais à
dire, je recommence du début à la fin. Il y a vraiment
beaucoup de différences entre la première et la dernière
version ! Je me psychanalyse moi-même." ("Aki Shimazaki
: la méthode Shimazaki", Josée Lapointe, La
Presse, 2015)
"C'est toujours en terminant un roman que m'arrive
l'idée pour la suite. Au bout du
compte, j'ai fini avec une pentalogie, mais j'aurais pu écrire
un cycle de dix romans. Je suis en train d'écrire le deuxième
volet d'un nouveau cycle, débuté avec Mitsuba,
mais je ne sais pas encore le nombre de romans qu'il comptera. C'est
en écrivant que je le découvrirai."
Traduisez-vous vous-même vos romans
en japonais ?
"Honnêtement, je pense écrire
des romans seulement en français. Alors, quand une Japonaise
de Tokyo, Megumi Suzuki, m'a demandé de traduire Tsubaki,
j'ai accepté. Sa traduction fut excellente. Elle l'a faite de
façon sérieuse, avec passion et respect. J'en étais
très contente. J'apprécie beaucoup cette traductrice,
qui a parfaitement respecté le style minimaliste qui est le mien
en français.
Le métier de traducteur est différent de celui de l'écrivain.
Si je devais traduire moi-même mon roman en japonais, je le récrirais
entièrement. Quand j'écris dans ma langue maternelle,
mon écriture n'est pas la même qu'en français. Mes
phrases sont plus longues, mon style plus lourd."
Vous avez reçu le prix du Gouverneur
général pour Hotaru qui clôt votre premier
cycle romanesque. Que représente cette consécration pour
vous ?
"Ça a été un choc pour
moi de recevoir ce prix. Je n'en revenais pas. Mais je vous dirais que,
pour moi, la véritable consécration a été
de recevoir le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec.
Moi, qui ne suis pas née au Québec et qui écris
des romans qui se déroulent au Japon, je recevais un prix qui
me reconnaissait comme faisant partie intégrante de la littérature
québécoise ! Ce prix m'a vraiment beaucoup touchée."
SES INFLUENCES LITTÉRAIRES
- Frances
Hodgson Burnett, auteure de La
Petite Princesse, dont une
statue a été placée en 1936 dans Central Park
à New-York :
"Lorsque j'avais onze ans, j'ai reçu
un livre en cadeau de l'une de mes surs aînées. Le
titre était Shôkôjo (A Little Princess). C'était
un roman de Frances Elisa Hodgson Burnett, une Américaine d'origine
anglaise (1849-1924). Ce roman m'a tellement fascinée que depuis
lors je rêvais de devenir romancière." ("Aki
Shimazaki : ce quon ne peut pas dire", Linda Amyot, Nuit
blanche, 2007).
- L'écrivaine hongroise, puis suisse, Agota
Kristof, auteure de la trilogie Le
Grand Cahier (1986) écrit en français qui n'est
pas sa langue natale ; elle a été un modèle
particulier d'inspiration et de motivation pour Aki Shimazaki :
"J'ai été fascinée par
son style très simple et son histoire si profonde. À cette
époque, j'avais déjà des idées pour mon
roman Tsubaki. Alors j'ai décidé de l'écrire
directement en français. Il m'a fallu trois ans pour l'achever."
(Le
Figaro, 8 janvier 2009)
"J'ai été passionnée par les romans d'Agota
Kristof, mais cela ne veut pas dire que mes influences se trouvent du
côté de l'Europe. Comme vous le savez, Agota Kristof est
aussi une immigrante qui écrit directement en français.
Sa façon de survivre à l'étranger en tant que romancière
m'a influencée." ("Aki Shimazaki : ce quon
ne peut pas dire", Linda Amyot, Nuit
blanche, 2007).
- Osamu
Dazai, écrivain japonais connu pour le style appelé
Watakushi shishosetsu : c'est un genre littéraire japonais
où le roman est centré sur la vie intérieure d'un
héros souvent assimilé à l'auteur, sur le mode de
la confession ; comme l'autofiction, il incorpore donc des éléments
d'autobiographie ; il est souvent écrit à la première
personne.
- Les haïkus : "Tous
vos titres sont des éléments de la nature {Tsubaki,
"camélia" ; Hamaguri, "palourde" ; Tsubame,
"hirondelle" ; Wasurenagusa, "myosotis" ; Hotaru,
"luciole" ; Mitsuba, "trèfle") ; ils
symbolisent des nuds essentiels de vos romans. La référence
à la nature et son lien avec les étapes de la vie humaine
ou les états d'âme des personnes sont très fréquents
dans les haïkus. Est-ce là chez vous justement un héritage
de la littérature nipponne ?
"J'aime le style du haïku, ce court poème
japonais de dix-sept syllabes. Si l'on trouve chez moi un héritage
de la littérature nipponne comme les haïkus, j'en serais
honorée. J'ai tenté d'écrire de ces poèmes
quand j'étais étudiante, mais sans grand succès.
Pour moi, c'était plus difficile que d'écrire des romans."
("Aki Shimazaki : ce quon ne peut pas dire", Linda
Amyot, Nuit
blanche, 2007)
LE
JAPON D'AUJOURD'HUI et AKI
SHIMAZAKI
Le Japon, ancien Empire du Soleil levant,
n'arrive pas à vraiment implanter la démocratie souhaitée
par plusieurs personnages de vos romans ?
"On pourrait dire que la compagnie
a remplacé l'Empereur et que ses employés sont les nouveaux
soldats".
"Si l'on n'arrive pas encore à y implanter un esprit
démocratique, malgré ces efforts, c'est à cause
de la hiérarchie psychologique qui domine, depuis des siècles,
dans les relations humaines de cette société. Cette
hiérarchie est basée sur la pensée confucianiste :
respecter les aînés, par exemple. L'ordre d'ancienneté
est très important dans n'importe quel contexte. Les gens n'osent
pas s'opposer à ceux qui sont en position d'autorité
ou de pouvoir, que ce pouvoir soit familial, professionnel, social,
politique, etc. 'Le clou qui dépasse se fait taper dessus.'
Voilà le dicton qui représente le mieux la mentalité
japonaise. Autrement dit, il faut être très fort pour
se battre contre les injustices et il faut aussi, en conséquence,
accepter de devenir ce clou."
"Quand je rends visite à ma famille
- mes trois surs et mon père - je n'ai pas assez de temps
pour voyager et observer les changements qui ont eu lieu depuis mon
départ en 1981 (se déplacer coûte très
cher là-bas). C'est plutôt par des revues, des magazines
et des journaux japonais que je suis au courant de l'actualité
au Japon. À mon avis, pour ce qui est de la mentalité,
il n'y a pas une grande différence entre les deux époques.
Les gens sont toujours polis, conservateurs, conformistes... et les
vieilles traditions ou coutumes jouent un grand rôle, bon gré
mal gré. Par exemple, il existe encore des mariages arrangés.
Qu'en penser ? Certains mariages d'amour finissent en divorce alors
que des mariages arrangés durent harmonieusement. Quant aux
Japonais de la nouvelle génération, il me semble qu'ils
sont sans but surtout après le dégonflement de la bulle
économique. Je m'inquiète pour l'avenir du Japon."
("Aki Shimazaki : ce quon ne peut pas dire", Linda
Amyot, Nuit
blanche, 2007).
"Quand j'habitais encore au Japon, je condamnais
constamment la société japonaise. J'envoyais des lettres
aux journaux, par exemple, pour critiquer le système scolaire.
Une fois, mon opinion a suscité un certain intérêt
parmi des étudiants et des professeurs. Au lapon, à
cause de la hiérarchie psychologique, on est très souvent
confronté à de l'injustice. Je devais me battre constamment
contre des traitements injustes, venant des gens au pouvoir. J'en
étais très fatiguée. Bien sûr, le fait
que je vis maintenant à l'étranger me permet de regarder
la société japonaise plus objectivement. Pourtant, je
ne peux pas arrêter de la critiquer parce que je n'y habite
plus. En même temps, n'oublions pas que l'injustice est omniprésente,
dans n'importe quelle société. C'est un thème
universel, comme la plupart des thèmes que j'explore dans mes
romans.
En général, la plupart des Japonais sont réceptifs
aux critiques négatives de leur société, provenant
de qui que ce soit. À la différence des Américains,
les Japonais sont curieux de savoir ce que les gens à l'étranger
pensent d'eux. Tsubaki est traduit en japonais et j'ai reçu
des lettres de certains lecteurs du Japon qui me félicitaient
d'avoir écrit ainsi sur les problèmes du pays durant
la guerre, d'avoir abordé la question de la bombe nucléaire
de la façon dont je l'ai fait."
PRESSE
ET ANALYSES
Ce que dit la presse généraliste, puis place aux analyses
universitaires...
sur les romans
un
entretien de fond (rare
car l'auteure ne se prête pas au jeu des médias)
des travaux universitaires
Sur
les romans : quelques exemples, mais les articles
sont innombrables...
Sur le premier cycle
- "Tsubame"
et "Wasurenagusa",
Linda Amyot, Nuit blanche, 14 janvier 2003
- "Littérature
: Aki Shimazaki, lauréate du Prix du gouverneur général
pour son roman Hotaru", Frédérique Doyon,
Le Devoir, 17 novembre 2005
- "Mitsuba"
et "Zakuro",
Michel Nareau, Nuit blanche, 14 décembre 2008
- "Du
pur, du vrai Aki Shimazaki", Danielle Laurin, Le Devoir,
7 février 2009
- "Tsukushi
:
pudeur émouvante", Josée Lapointe, La Presse,
24 février 2012
- "Yamabuki
:
le roman le plus bouleversant de l'année", Josée
Lapointe, La Presse, 16 décembre 2013
- "Azami
: premier épisode du nouveau cycle romanesque d'Aki Shimazaki",
Laurence Houot, France Info, 4 janvier 2015
- "Aki
Shimazaki, des petits romans comme des bulles", Alice Monard,
Journal du Japon, 5 février 2015
- "Azami
ou ennemi : le nouveau cycle dAki Shimazaki", Virginie
Bloch-Lainé, Libération, 19 juin 2015
-"Aki
Shimazaki : la méthode Shimazaki", Josée Lapointe,
La Presse, 15 novembre 2015
- "Amour
maternel", Thierry Guinhut, Le Matricule des Anges, n° 174
, juin 2016
- "Suisen
:
cours de lucidité", Josée Lapointe, La Presse,
7 décembre 2016
- "Aki
Shimazaki : Suisen", Libération, 17 mars
2017
-
"Suisen dAki Shimazaki ou le désarroi du narcisse",
Le Temps, 9 juin 2017
- "Suisen",
Pierre Boivin, Nuit blanche, 22 juin 2017.
Sur Maïma
- "Maïmaï
:
histoires de famille", Luc Boulanger, La Presse, 14 novembre
2018
- "Maïma",
Télérama, Martine Landrot, 2 avril 2019
- "Lélégance
cachottière de lescargot", Le Temps, 7 avril
2019
- "Maïma,
le dernier roman d'Aki Shimazaki, reine de la "pentalogie",
Laurence Houot, France Info,27 avril 2019
- "Suzuran
: état contemplatif", Iris Gagnon-Paradis, La Presse,
10 octobre 2019
Sur Fuki-no-tô
- "Un
univers japonais sans surprise", La Liberté, 17
juillet 2018
- "Aki
Shimazaki : Fuki-no-tô, des amours emmêlées comme un
champ de bambous", Laurence Houot, France Info, 26 avril
2018
- Lecture d'un extrait "Les
lectures d'Alexandra Lemasson", avril 2018, 2 min 23
- "Fuki-no-tô
: l'amour comme un bosquet de bambous", Laila Maalouf, La
Presse, 11 octobre 2017
- Télérama,
Martine Landrot, 22 mai 2018
Un entretien de fond
"Aki
Shimazaki : ce quon ne peut pas dire", entrevue réalisée
par Linda Amyot, revue québécoise Nuit blanche, n° 108,
automne 2007.
Des travaux universitaires (pour des
fanas qui voudraient approfondir...) :
- Un mémoire de maîtrise Poétique
du secret dans la saga dAki Shimazaki, Marie-Hélène
Lemieux, Université de Montréal, 2004
- "De
la mémoire vive au dire atténué : l'écriture
d'Aki Shimazaki", Lucie Lequin, revue Voix et images : littérature
québecoise, volume 31, n° 1, automne 2005, "Figures
et contre-figures de l'orientalisme"
- "Le fardeau
des identités dans Tsubane dAki Shimazaki", Fred
Dervin, Dialogues francophones, n°15, 2009
- Le poids des identités :
mémoire et traumatisme chez Aki Shimazaki, dir. Frédéric
Dervin, Editions universitaires européennes, 2010 (premier livre
sur cette auteure)
- "Le
mythe du bilinguisme littéraire cas dAki Shimazaki",
Yukiko Kano, Communication au 53e congrès annuel du Conseil
International d'Etudes Francophones (CIEF) à Aix-en-Provence, le
30 mai 2011
- "L'influence
des cultures chez Aki Shimazaki", Marie-Claire Pharand, Revue
du Cavalier Bleu, février 2013
- Une thèse de philosophie de Ziyan YANG : Pour
désorienter une autoethnographie orientale : une étude
des représentations identitaires chez quatre écrivains québécois
d'origine asiatique (dont Aki Shimazaki), Halifax, Dalhousie University,
2014
- Le
traumatisme, la culture, et l'identité chez Aki Shimazaki : Le
poids des secrets et les défauts de la société
japonaise (mémoire de licence en lettres) Devon Michael John
Robert Morgan, Halifax, Canada, 2014
- "Savourer le
Japon d'Aki Shimazaki", Marie-Christine Lambert-Perreault, Cuizine
: la revue des cultures culinaires au Canada, n°1, 2019
- "Le
déchirement du 'wa' japonais : histoire (s) d'Aki Shimazaki",
Peter Schulman, Chimères,
revue des littératures et cultures françaises et francophones,
University of Kansas, printemps 2020.
SES
UVRES PUBLIÉES (présentations de l'éditeur)
Premier
cycle de 5 romans courts :
Le
poids des secrets |
 |
Tsubaki,
1999
Prix
de la Société des écrivains canadiens
Quatrième de couverture
: À la mort de sa mère, survivante de la bombe atomique
de Nagasaki, Namiko se voit remettre deux enveloppes. La première
est adressée à un oncle maternel dont elle ignorait
lexistence et quelle est chargée de retrouver.
La seconde contient une lettre en forme de confession à sa
fille, sans laquelle elle naurait pu partir en paix. Elle y
raconte son quotidien pendant la guerre, son premier amour, et révèle
le secret qui la poussée à commettre lindicible. |
 |
Hamaguri,
2000
Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec
Quatrième de couverture
: Enfant illégitime, Yukio est très
attaché à une petite fille avec laquelle il joue quand
elle vient au parc avec son père. Le jour où sa mère
se marie, ils quittent Tokyo pour Nagasaki. Une autre vie commence,
avec enfin une figure paternelle, mais Yukio reste dun naturel
solitaire. Il pense souvent à la fillette qui lavait
demandé en mariage et dont il garde un souvenir aussi doux
que vague. À ladolescence, pendant la Seconde Guerre
mondiale, il tombe amoureux de sa nouvelle voisine mais ne peut
oublier sa promesse denfant
|
 |
Tsubame,
2001
Quatrième de couverture
: La jeune Yonhi vit à Tokyo avec sa mère et son oncle,
venus de Corée avant sa naissance. Afin de la protéger
démeutes contre leur communauté, à la
suite du tremblement de terre qui a dévasté le Kanto
en 1923, sa mère la confie à un prêtre catholique,
qui la met à labri dans son orphelinat. Désormais
cachée sous un nom japonais, coupée de son histoire
familiale, Yonhi ne découvrira que des années plus
tard le secret de ses racines.
|
 |
Wasurenagusa,
2003
Prix
littéraire Canada-Japon du Conseil des Arts du Canada
Quatrième de couverture
: Héritier dune noble famille de la cour impériale,
Kenji Takahashi a divorcé, au grand dam de ses parents qui
ne songent quà #F8FFF2le remarier à une femme
de bonne lignée. Mais il est stérile et préférerait
garder ce secret pour lui. Lorsquil tombe amoureux de Mariko,
orpheline et mère célibataire, il sait que ses projets
risquent de se heurter à la volonté parentale. Il
puise son courage dans le souvenir de Sono, la nurse qui sest
occupée de lui et à laquelle il reste très
attaché, mais qui sest exilée en Mandchourie.
|
 |
Hotaru,
2004
Prix
du Gouverneur général du Canada
Quatrième de couverture
: Létudiante en archéologie Tsubaki aime tendrement
sa grand-mère Mariko, à qui elle a toujours confié
ses tourments intimes et amoureux. Depuis une commotion cérébrale,
la vieille dame désormais veuve semble victime dhallucinations,
et ses jours sont comptés. De la confusion de ses propos
se détache pourtant une histoire dinnocence abusée
qui concerne la jeune fille quelle était.
|
Deuxième
cycle de 5 romans courts : Au
cur du Yamato |
|
Mitsuba,
2006
Premier Prix de l'Algue
d'Or en France
Quatrième de couverture
: Le bientôt trentenaire Takashi Aoki, employé dans
la compagnie dimport-export Goshima de Tokyo, est appelé
à un brillant avenir professionnel. Ne manque à son
bonheur quune épouse avec laquelle fonder une famille.
Il résiste aux propositions de mariage arrangé quon
lui présente car il est très attiré par la
réceptionniste de sa société. Alors quil
parvient à obtenir un rendez-vous avec elle, son supérieur
lui annonce quon lui offre un poste important dans une succursale
à létranger.
|
 |
Zakuro,
2008
Quatrième de couverture
: Voilà vingt-cinq ans que Bânzo Toda est porté
disparu depuis sa déportation dans un camp de travaux
forcés en Sibérie, à la fin de la guerre. Sa
femme, atteinte de la maladie dAlzheimer, na jamais
perdu lespoir de le revoir. Quand leur fils Tsuyoshi découvre
que son père vit depuis des années dans une ville
toute proche, quil a changé de nom et sest remarié,
il veut comprendre.
|
 |
Tonbo,
2010
Quatrième de couverture
: Après avoir travaillé sept ans pour la grande compagnie
Goshima de Tokyo, Nobu sest trouvé contraint de démissionner.
Il a alors ouvert un juku, où il donne des cours complémentaires
pour collégiens. Il réalise ainsi le rêve de
son père, professeur de lycée passionné par
son métier, qui sest suicidé il y a quinze ans.
Un jour, lun des anciens élèves de celui-ci
le contacte et insiste pour le rencontre
|
 |
Tsukushi,
2012
Quatrième de couverture
: Quand, à la surprise générale, Yûko
sest fiancée avec un riche héritier, encore
célibataire à trente-cinq ans, elle venait dapprendre
quelle était enceinte dun autre. Son futur mari
a accueilli la nouvelle avec discrétion et sérénité,
et il sest montré un père exemplaire pour la
petite fille. Alors que celle-ci fête ses treize ans, Yûko
découvre que leur secret parental en cache un autre, de nature
à ébranler lharmonie familiale et son bonheur
conjugal
|
 |
Yamabuki,
2013
Prix
littéraire de l'Asie de l'Association des écrivains
de langue française (ADELF)
Quatrième de couverture
: Il y a près de cinquante-six ans, Aïko sunissait
à celui dont elle était tombée amoureuse au
premier regard échangé dans un train. Après
un mariage raté conclu par un divorce, elle nespérait
pas vivre une histoire aussi passionnée quharmonieuse.
Pour sa petite-nièce, qui va bientôt se marier et sinterroge
sur la pérennité du lien conjugal, elle se remémore
un demi-siècle damour profond au côté
de son samurai.
|
 |
Troisième
cycle de 5 romans courts : L'ombre
du chardon |
 |
Azami,
2014
Quatrième de couverture
: Mitsuo Kawano, trentenaire, est installé dans une vie qui
lui convient. Père dun garçon et dune
fille, il sest habitué à son couple sans surprise
mais sans problème. Rédacteur culturel, il envisage
de fonder sa propre revue dhistoire. Un soir quil accompagne
dans un bar très sélect un camarade décole
primaire croisé par hasard, il est surpris dy retrouver
la belle Mitsuko, son premier amour denfance, qui travaille
là comme entraîneuse.
|
 |
Hôzuki,
2015
Quatrième de couverture
: Mitsuko tient une librairie doccasion. Elle vit au-dessus
de sa boutique avec sa mère et son fils de bientôt
sept ans, Tarô, un métis sourd-muet. Chaque vendredi
soir, cette femme séduisante et cultivée travaille
comme entraîneuse dans un bar chic où cadres, intellectuels
et chefs dentreprise apprécient sa conversation. Cette
activité insolite garantit sa précieuse indépendance.
Un jour, une cliente de la librairie dont la petite fille sest
spontanément liée damitié avec Tarô
les invite chez elle.
|
 |
Suisen,
2016
Quatrième de couverture
: Chef dune prospère entreprise dimportation
dalcools, mari et père de famille, Gorô est plutôt
fier de lui. Ses seuls soucis concernent ses premiers cheveux gris,
et lorganisation de son temps privé à partager
entre épouse et maîtresses. Il accorde une grande importance
à largent et au pouvoir, signes incontestables de réussite.
Il veut pouvoir compter sur la docilité de ses femmes et
prétend peser sur les choix détudes et de vie
de ses enfants. Il se considère comme un modèle à
suivre, mais certaines circonstances vont lobliger à
se regarder en face.
|
 |
Fuki-no-tô,
2017
Quatrième de couverture
: Après des années passées en ville, Atsuko
sest installée avec sa famille dans le village où
elle avait fondé une petite ferme biologique. Une amie de
jeunesse, brusquement perdue de vue à lépoque,
resurgit dans sa vie.
|
 |
Maïmaï,
2018
Quatrième de couverture :
Tarô, artiste sourd-muet et métis, vient de perdre
subitement sa mère. Une jeune fille venue lui présenter
ses condoléances suscite en lui un trouble profond, comme
un amour naissant, comme un précieux souvenir.
|
Quatrième
cycle (un
titre publié actuellement) |
|
Suzuran,
2019
Quatrième de couverture
: Anzu est céramiste. Elle habite
seule avec son fils depuis son divorce et ne souhaite pas se remarier.
Elle sépanouit pleinement dans un quotidien calme rythmé
par la pratique de son art. Sa douceur nature#F8FFF2lle est à
limage de sa vie, dans une petite ville au bord de la mer
du Japon et au pied du mont Daisen. Sa sur aînée,
célibataire et séductrice impénitente qui vient
de se fiancer, annonce quelle viendra de Tokyo présenter
à sa famille lheureux élu.
|
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