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"J'ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s'attacher, mais qu'il ne saurait être question de se soumettre. J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer."
Quatrième de couverture : "Je n'ai dessein de relater, en marge du récit que je vais entreprendre, que les épisodes les plus marquants de ma vie telle que je peux la concevoir hors de son plan organique, soit dans la mesure même où elle est livrée aux hasards, au plus petit comme au plus grand, où regimbant contre l'idée commune que je m'en fais, elle m'introduit dans un monde comme défendu qui est celui des rapprochements soudains, des pétrifiantes coïncidences, des réflexes primant tout autre essor du mental, des accords plaqués comme au piano, des éclairs qui feraient voir, mais alors voir, s'ils n'étaient encore plus rapides que les autres."
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André Breton (1896-1966)
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Radio Vidéos uvres d'André Breton Expositions Sites Les photos dans Nadja Des analyses de Nadja (y compris de Patti Smith et Annie Ernaux...) Qui est Nadja ? Genèse de Nadja André Breton : repères biographiques Des livres centrés sur Nadja |
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![]() 4e et 1ère de couverture par Pierre Faucheux de Nadja (Livre de Poche 1964) et quelques pages intérieures |
![]() Le "mur de latelier dAndré Breton" évoque une pièce de son appartement 42 rue Fontaine à Paris près de la place Blanche qu'il occupa de 1922 à sa mort en 1966 (au Centre Georges Pompidou, voir la présentation filmée ICI). |
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Radio
- 4 émissions d'une heure, La Compagnie
des auteurs, par Matthieu Garrigou-Lagrange, France Culture, du 6
au 9 mai 2019 :
1/4
L'or du temps : parcours dans la vie d'André Breton, "mage"
autoritaire à la personnalité complexe.
2/4
Lire enfin André Breton : le surréalisme, théorisé
dans les manifestes et mis en uvre par André Breton, au cur
de son art.
3/4
La magie de l'art : les rapports d'André Breton aux arts plastiques,
toutes époques confondues, dans une étroite connivence avec
la littérature et la vie....
4/4
Nadja et Chance : "Nadja" sous deux angles différents,
celui du roman et celui de la psychanalyse.
- André Breton (1896-1966),
la recherche du point sublime, Une Vie, une uvre, par
Colette Fellous et Jean-Claude Loiseau, France Culture, 12 décembre
1985, 1h 26, avec André Pieyre de Mandiargues, Jean Shuster, François-René
Simon, René Alleau, Jean-Jacques Lebel, Julien Gracq, Annie Lebrun,
Joyce Mansour, Roger Blin, Jean Shuster, Radovan Ivsic, qui pour la plupart
ont rencontré André Breton.
- Le
Dictionnaire André Breton, Tire ta langue, par Antoine
Perraud, France Culture, 12 mai 2013, 29 min.
-
André Breton et les pois sauteurs, par François Sureau,
France Culture, 24 juillet 2020, 8 min.
Vidéos (en ordre chronologique, dont
certaines constituent de véritables documents historiques)
- Interview d'André
Breton par Judith Jasmin dans son atelier, Premier plan, Radio Canada,
27 février 1961 : la journaliste demande d'entrée de jeu
à l'écrivain de lui définir le surréalisme,
26 min.
- Entretien
avec Philippe Soupault : Breton et les origines du surréalisme,
Panorama, ORTF, 30 septembre 1966, 5 min 30.
- Entretien avec Julien Gracq
à propos de Breton, ORTF, 19 avril 1970, 5 min 39. Nota
bene : Gracq est l'auteur de André
Breton, éd. José Corti, 1948. Voir aussi son article
"Revenir à Breton"
après sa mort en
1996.
- Passage Breton,
documentaire de Robert Benayoun, produit par Michel Polac, ORTF, 19 avril
1970, avec Salvador Dalí, Jean-Christophe Averty, Julien Gracq,
André Pieyre de Mandiargues, Jean Schuster, José Pierre,
Jacques Baron, Robert Lebel, Roberto Matta, Joyce Mansour, René
Alleau et Man Ray, 1h 19.
- Maison André Breton
à Saint-Cirq-Lapopie, Terre d'Artistes, France 2, 29 mars
2016, 5 min. Maison d'André
Breton, Collection Maisons d'écrivains, Librairie Mollat, 22
décembre 2016. Voir le site
de la maison ici.
- La véritable
histoire de "Nadja" de Breton, Art et création, par
Camille Renard, 9 janvier 2020 : après la découverte de
manuscrits, de lettres et de carnets de Breton, 5 min 40.
- Nadja,
André Breton, avec Saphia Richou. ESCE (École supérieure
du commerce extérieur), Forum des Humanités, 10 janvier
2020, 20 min.
- Trésors
de Richelieu : Le manuscrit de Nadja dAndré Breton
acquis en 2017 : présentation Jacqueline Chénieux-Gendron
(CNRS) et Olivier Wagner (BnF), 25 février 2020, 1h.
Les uvres d'André Breton (actuellement
disponibles)
Signalons que Breton a publie trois textes illustrés
de photographies : Nadja
en 1928, puis 1955 : Les
vases communicants en 1932, et L'amour
fou en 1937.
Aux Éditions Gallimard : les poèmes,essais
et autres textes
- 1919 : LES
CHAMPS MAGNÉTIQUES (en collaboration avec Philippe Soupault,
voir le fac-similé), suivi de VOUS M'OUBLIEREZ et de
S'IL VOUS PLAÎT (Poésie/Gallimard)
- 1924 : LES
PAS PERDUS (L'Imaginaire)
- 1927 : INTRODUCTION
AU DISCOURS SUR LE PEU DE RÉALITÉ (Tirages restreints)
- 1928 : LE
SURRÉALISME ET LA PEINTURE (Folio essais)
- 1928 : NADJA
(Folio)
- 1932 : LES
VASES COMMUNICANTS (Folio essais)
-
1934 : POINT
DU JOUR (Folio essais)
- 1937 : L'AMOUR
FOU (Folio)
- 1949 : POÈMES
(Reliures d'éditeur)
- 1952 : ENTRETIENS
(1913-1952) (Idées/Gallimard) : un extrait
audio de 2 min 52 avec André Parinaud
- 1967 : MANIFESTES
DU SURRÉALISME (Folio essais) Manifeste du surréalisme.
Poisson soluble, éd.
du Sagittaire, 1924 (le
texte ici) - Second manifeste du surréalisme, éd.
Kra, 1930 - Manifestes
du surréalisme (Idées/Gallimard, 1963) - Poisson
soluble (préfacé par Julien Gracq, Poésie/Gallimard,
1996, à l'origine préfacé par le Manifeste du
surréalisme)
- 1966 : CLAIR
DE TERRE, précédé de MONT DE PIÉTÉ,
suivi de LE REVOLVER À CHEVEUX BLANCS et de L'AIR DE
L'EAU (Poésie/Gallimard)
- 1968 : SIGNE
ASCENDANT, suivi de FATA MORGANA, de LES ÉTATS
GÉNÉRAUX, de DES ÉPINGLES TREMBLANTES,
de XÉNOPHILES, L'ODE À CHARLES FOURIER, de CONSTELLATIONS,
et de LE LA, illustrations de Joan Miró (Poésie/Gallimard)
- 1970 : PERSPECTIVE
CAVALIÈRE (L'Imaginaire)
- 1991 : JE
VOIS, J'IMAGINE : poèmes-objets, préface
d'Octavio Paz (coll. Livres d'Art) : 143 uvres plastiques d'André
Breton.
Aux Éditions Gallimard, coll. Bibliothèque de La
Pléiade : UVRES
COMPLÈTES, I (1988), II (1992), III (1999), IV (2008)
Aux Éditions Gallimard : les correspondances
- 2009 : LETTRES
À AUBE (1938-1966) (coll. Blanche) : Aube est la fille
d'André Breton
- 2011 : LETTRES
À ANDRÉ BRETON (1918-1931) Aragon
(coll. Blanche)
- 2016 :
LETTRES À JACQUES DOUCET (1920-1926) (coll. Blanche)
- 2016 :
LETTRES À SIMONE KAHN (1920-1960) (coll. Blanche)
- 2017 : CORRESPONDANCE
(1920-1959) André Breton, Benjamin Péret (coll.
Blanche)
- 2017 : CORRESPONDANCE
AVEC TRISTAN TZARA ET FRANCIS PICABIA (1919-1934) (coll. Blanche)
- 2019 : CORRESPONDANCE
(1919-1938) André Breton, Paul Éluard
Le Livre de poche
- 1935 : POSITION
POLITIQUE DU SURRÉALISME, éd.
du Sagittaire
- 1944 :
ARCANE 17
- 1950 : ANTHOLOGIE
DE L'HUMOUR NOIR, éd. du Sagittaire
- Une exposition à la BNF "LInvention
du surréalisme : des Champs magnétiques à Nadja"
du 15 décembre 2020 au 14 mars 2021 (impossible à voir à
cause de la pandémie ; dossier de presse ici,
bibliographie André Breton là).
- Antérieurement, une exposition au Centre Pompidou "Le
Surréalisme et l'objet" du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014
(programme
ici, dossier de presse là).
En cette saison confinée, certains d'entre nous ont réussi à voir peu avant trois expositions d'artistes liés au surréalisme (où Breton ne manque pas d'être cité, voire représenté) : | |
- au Musée dart moderne à partir du 18 septembre 2020 : "Victor Brauner. Je suis le rêve. Je suis l'inspiration" - au Musée du Luxembourg à partir du 23 septembre 2020 : "Man Ray et la mode" -
au Musée de l'Orangerie à partir du 16 septembre 2020
: "Giorgio
de Chirico. La peinture métaphysique" Voir l'article "Giorgio de Chirico et la 'Bande Breton' 1918-1928", Gerd Roos et Martin Weidlich, revue Ligeia, janvier-juin, 2020 |
![]() Portrait d'AndréBreton, Victor Bauner, 1934 ![]() Le Revenant (Le Cerveau de lenfant), De Chirico |
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![]() Portrait photographique d'André Breton par Man Ray devant le tableau en 1922 |
Et à la cinémathèque : une rétrospective Luis Buñuel, réalisateur surréaliste, à partir du 30 septembre 2020. |
Sites
- Le site André Breton, très rigoureux
: www.andrebreton.fr ; Jacqueline
Chénieux-Gendron, directrice de recherche émérite
au CNRS, membre du conseil
scientifique du site andrebreton.fr, auteure de nombreux ouvrages
sur le surréalisme, est aussi conseillère scientifique de
l'exposition à la BNF.
- Tout sur Nadja : www.site-magister.com/nadjan
Plus du quart
du livre est composé de photos. De photos
de quoi ?
Lieux, objets, statues, portraits, tableaux, affiches, textes, dessins :
voir le détail ici.
Des analyses de Najda
Ce qu'en disent André Breton lui-même, Patti Smith, Annie
Ernaux, Maurice Blanchot, Antoine Compagnon et d'autres...
Ce que dit André Breton
André Parinaud : "Il semble que vous prêtiez, au moins
dans l'état actuel des connaissances, une sorte de vertu magique
à la rencontre. Est-ce qu'un ouvrage comme Nadja ne constitue
pas, à cet égard, la meilleure illustration de votre pensée
?
Une sorte de vertu magique, oui, d'autant que pour moi le plus haut période que pouvait atteindre cette idée de rencontre et la chance de son accomplissement suprême résidait, naturellement, dans l'amour. Il n'était même pas de révélation sur un autre plan qui pût tenir à côté de lui. Peut-être était-ce lui et lui seul, parfois sous un déguisement, qui était l'objet de cette quête dont je parlais. Il me semble, en effet, qu'un ouvrage comme Nadja est pour l'établir clairement. L'héroïne de ce livre dispose de tous les moyens voulus, on peut vraiment dire qu'elle est faite pour centrer sur elle tout l'appétit de merveilleux. Et pourtant, toutes les séductions qu'elle exerce sur moi restent d'ordre intellectuel, ne se résolvent pas en amour. C'est une magicienne, dont tous les prestiges jetés dans la balance pèseront peu en regard de l'amour pur et simple qu'une femme comme celle qu'on voit passer à la fin du livre peut m'inspirer. Il se peut, d'ailleurs, que les prestiges dont s'entoure Nadja constituent la revanche de l'esprit sur la défaite du cur. On a assisté à quelque chose d'analogue dans le cas du fameux médium Hélène Smith, dont les merveilleuses pérégrinations de planète en planète, consignées dans Des Indes à la planète Mars et dans Nouvelles observations sur un cas de somnambulisme, semblent avoir pour objet de concentrer sur elle seule, coûte que coûte, l'attention de Théodore Flournoy, qui l'observait et dont elle n'avait pu se faire aimer." (Entretiens)
Ce que dit Patti Smith (que nous avons lue)
"J'ai lu Nadja, d'André Breton, très jeune, et je m'étais toujours dit que j'aimerais écrire un livre comme ça, qui aurait des photographies, même si les miennes ne sont pas celles de Man Ray." (Écrire sans destination : rencontre avec Patti Smith, par Elisabeth Franck-Dumas, Libération, 22 avril 2016)
Ce que dit Annie Ernaux (que nous avons lue)
"C'est donc au travers de l'écriture d'André Breton que j'ai reçu l'empreinte d'idées, de refus et de positions définissant le mouvement certainement le plus déterminant du XXème siècle dans l'art et sur la sensibilité" (voir la suite)
Antoine Compagnon, dans son cours au Collège de France, "Écrire la vie" en 2009, il examine dans la séance "Le récit en question" les partis pris qui ont alimenté le débat sur la question de l'écriture de vie depuis les années quatre-vingt. Malgré les critiques et les préjugés formulés contre elle, certains écrivains ont uvré à sa relégitimation, en usant de différentes tactiques de contournement dont il retient trois exemples (des auteurs que nous avons lus), présentés à rebours de la chronologie :
- L'entreprise autobiographico-romanesque d'Alain Robbe-Grillet dans Le Miroir qui revient (1983) fournit l'exemple d'une reconversion du Nouveau Roman à la littérature personnelle - de même que L'Amant (1984) et La Douleur (1985) de Marguerite Duras, ou encore Enfance (1983) de Nathalie Sarraute, dont le prologue répond aux griefs adressés par ses contemporains à la littérature personnelle.
- Une autre voie entre la résignation à raconter une "vie reçue" et le parti pris de la fiction mise au service de la vérité du souvenir est incarnée par l'entreprise menée dans Roland Barthes par Roland Barthes, dont la mise en garde liminaire "Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman"
- Le troisième exemple de contournement des dangers supposés de l'écriture de vie est celui de Nadja d'André Breton (1927-1928), qui constitue un jalon important dans l'histoire du renouveau des pratiques de la littérature personnelle au XXe siècle, depuis le défi relevé par le roman proustien de rassembler tous les fragments d'une vie jusqu'aux écritures de vie contemporaines privilégiant l'ébauche, la lacune, la juxtaposition (voir la suite ici).
Trois tactiques de réhabilitation du récit de vie sont ainsi dégagées par Antoine Compagnon :
- le recours à la fable prôné par Robbe-Grillet
- le recours au fragment utilisé par Barthes
- le recours à la photographie comme moyen dauthentification chez Breton.
Maurice Blanchot (dont nous avons lu Thomas l'Obscur...), souligne en 1967, l'importance de ce livre :
En refusant le genre romanesque, coupable d'inventer sans invention d'une part, d'autre part en refusant tous les autres genres coupables de ne pas inventer sans dire vrai, ce n'est pas à une préoccupation esthétique qu'André Breton veut répondre, c'est une mutation bien plus décisive qu'il a en vue. Nadja est en ce sens la grande aventure dont nous sommes loin d'avoir considéré tout ce qu'elle nous demande, tout ce qu'elle nous promet.
Il y a d'abord cette difficulté : le texte (appelons-le récit) est de l'ordre de la constatation. Ce qui s'y passe s'est effectivement passé. Quelque chose a lieu qui a eu lieu dans un temps parfois précisé par une date (comme on arrache une feuille à un calendrier) et dans des endroits que les photographies rendent présents (en les soustrayant à la fluctuation verbale). Le récit exclut la fiction, il fait partie de ces livres qu'on laisse battant comme des portes et desquels on n'a pas à chercher la clef. (voir la suite ici)
Magali Nachtergael est l'auteure de :
- "Nadja.
Images, désir et sacrifice", Revue
Postures, Université du Québec à Montréal,
n° 7, 2005, 17 p.
- une thèse :
Esthétique
des mythologies individuelles : le dispositif
photographique de Nadja à Sophie Calle, Université
Paris-Diderot - Paris VII, 2008, 514 p.
Approche psy à propos de la "confrontation avec la toute-puissance de la pensée dé-lirante" : "Plus de magie : la pensée de Nadja. Un aperçu analytique", Livio Boni, Cliniques méditerranéennes, n° 85, 2012.
"Des incipit qui ne commencent pas. Le "je", la "rencontre" et l"envie" de Breton", Licia Taverna, Revue Synergies des pays riverains de la baltique, GERFLINT (Groupe détudes et de recherches pour le français langue internationale), n° 11, 2017, 18 p.
Licia Taverna discerne trois aspects :
- une structure apparemment éclatée, en partie abolie en faveur dune progression discontinue et fluctuante quant au style, aux sujets traités...
- un genre littéraire qui est à la fois un récit de vie, un roman, un journal, un traité philosophique, un manifeste théorique, le récit de la faillite dun amour et un dialogue damour...
- un dialogue intertextuel entre Nadja et le Manifeste du Surréalisme.
Pour les amoureux de Marguerite Duras : "Dialectiques du sujet dans Nadja d'André Breton et L'amant de Marguerite Duras", thèse de Juliana Duarte, Texas Tech University, 2012.
"Nadja, Breton à la folie" par Frédérique Roussel, Libération, 9 août 2019 : enfin un article reposant, simple à lire.
"Images de l'Amour dans Nadja d'André Breton", Pierre Taminiaux, Revue des lettres et de traduction, n° 13, 2008.
Pourquoi ne pas voir en Nadja, en dépit des indications d'André Breton, seulement une uvre de fiction ?
"La personne qui s'était elle-même nommée Nadja a pourtant bien existé, mais on ne saurait dire si elle a été le modèle, l'égérie, ou l'occasion du récit.
Léona Delcourt est née dans le nord de la France en 1902 d'une famille modeste. Elle arrive à Paris vers 1923, après avoir laissé à sa mère une fille née en 1920. À Paris, elle fréquente les milieux du spectacle et vit de façon précaire, au gré de liaisons avec des "amis" ou de rencontres tarifées. Cette jeune femme attire par son charme étrange plus que par sa beauté. Et c'est ce charme d'énigme qu'André Breton va percevoir, explorer et pousser sans doute à son paroxysme dans sa rencontre avec elle, par hasard, pendant neuf jours, du 4 au 13 octobre 1926. Leurs rendez-vous sont marqués, d'emblée, par une passion amoureuse totale de la part de Nadja et par une réserve certaine de la part de Breton qui, pourtant, manifestait une attirance irrépressible vers ce qui lui semblait en elle un savoir essentiel. Il lui faisait lire quelques- uns de ses textes et l'amena même auprès de ses amis surréalistes. Elle lui écrivit des lettres où l'amour et la plainte se tissent avec des phrases parfois poétiques au creux d'une fragmentation insolite des textes du poète. Au lendemain d'une nuit à Saint-Germain, dont nous ne savons rien, Breton essaie de rompre et espace ces rencontres. Le désespoir de la jeune femme atteint des abîmes qui lui font rejoindre par un délire manifeste une fragilité et un malheur qui existaient déjà à bas bruit. Breton la voit de moins en moins, essaie pourtant de l'aider financièrement. Elle écrit et dessine, et envoie à Breton ses messages. Au début de l'année 1927, en proie à des hallucinations, elle est internée à l'hôpital Sainte-Anne puis à l'hôpital Perray-Vaucluse. Ses parents facilitent un transfert dans un hôpital proche de chez eux, où, malade, elle meurt le 15 janvier 1941." (Christiane Lacôte-Destribats, Passage par Nadja, éd. Galilée, 2015)"Me trouvant dans le Nord, à Bailleul, dans le cadre d'une célébration de Marguerite Yourcenar - qui, elle, m'est absolument lointaine - j'ai été abordée par une jeune écrivaine, Amina Danton. Comme une messagère inespérée, elle m'a proposé de me conduire au cimetière municipal sur la tombe de Nadja, qu'elle avait trouvée en se rendant à la Mairie et où elle venait d'aller. J'avais lu que Nadja était morte dans un asile, je ne savais pas que c'était à Bailleul, la ville même où Bruno Dumont a tourné ses premiers, sombres, films. Devant la tombe - juste un carré de terre avec une bordure en ciment et l'inscription "Léona Delcourt 1902-1941" - je pensais à ses paroles : "André ? André ? Tu écriras un roman sur moi. De nous il faut que quelque chose reste ". Je pensais que nous étions dans ce cimetière sous un soleil de plomb par le pouvoir d'un livre, la grâce agissante de la littérature." (Annie Ernaux, 2018, site annie-ernaux.org)
Genèse de Nadja (ça mijote...)
- Le manuscrit
- Contexte amoureux
- Contexte politique
- Contexte littéraire
- Composition
- Édition
- Réédition
André Breton : repères chronologiques (ça mijote...)
un parcours très
compliqué et intéressant, en cours de repérage...
L'appartement de Breton
Hôtel des Grands Hommes près du Panthéon
Des livres centrés sur Nadja
Étonnants, tous ces livres, qui mettent
en scène Nadja...
Jaimerai André Breton de Serge Filippini, Phébus, 2018 : l'héroïne du livre venue par hasard à Saint-Cirq-Lapopie où habite Breton, rencontre un poète qui lui offre un exemplaire de Nadja : une relation se noue avec l'auteur...
"Elle avait gardé toute la nuit Nadja serré entre les cuisses comme si elle avait attribué à ce livre un pouvoir magique. Mais le petit volume à présent lui comprimait le ventre.
Elle lavait toujours à la main quand elle sest levée pour aller aux toilettes. Elle a pris au passage, sur la table, un Bic noir appartenant à lauberge. Dans le cabinet, elle a ouvert Nadja sur ses genoux à la page de titre et écrit méticuleusement Jaimerai au-dessus du nom de lauteur, en script du même corps. Elle a tracé avec art toutes ses lettres afin que la mention nouvellement composée soit bien unifiée, et que ses propres caractères paraissent eux-mêmes sortir de limprimerie."
Passage par Nadja, Christiane Lacôte-Destribats, éd. Galilée, 2015, reproductions de dessins et de lettres de Nadja ; l'auteure est psychanalyste à Paris, a été membre de lÉcole freudienne de Paris et présidente de lAssociation lacanienne internationale ; extrait ici ; en vidéo, débat autour du livre organisée par l'EPHEP (École pratique des hautes études en psychopathologies) et l'ALI (Association lacanienne internationale), 1h35.
Nadja et breton : un amour juste avant la folie, Julien Bogousslavsky, éd. L'Esprit du Temps, 2012 ; l'auteur, suisse, est professeur de neurologie, fils d'un faux monnayeur qui s'illustra par le vol d'un Watteau au Louvre, lui-même jugé pour avoir détourné des millions dans son hôpital pour acheter des livres anciens..., c'est d'un romanesque...
Léona, héroïne du surréalisme, Hester Albach, trad. Arlette Ounanian, Actes Sud, 2009, extrait ici : la romancière néerlandaise lit par hasard Nadja, lecture qui la lance dans une enquête (qui est Nadja ?), dont cet ouvrage est à la fois le récit et le résultat.
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Pour finir et rire jaune, on peut lire le Troisième manifeste du surréalisme de 1930, écrit par Robert Desnos,
assassinant André Breton...
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
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