"Le jour où je me suis emparé
de la langue française, jai perdu le japonais pour toujours
dans sa pureté originelle. Ma langue dorigine a perdu son
statut de langue dorigine. Jai appris à parler comme
un étranger dans ma propre langue. Mon errance entre les deux langues
a commencé
Je ne suis donc ni japonais ni français.
Je ne cesse finalement de me rendre étranger à moi-même
dans les deux langues, en allant et en revenant de lune à
lautre, pour me sentir toujours décalé, hors de
place. Mais, justement, cest de ce lieu écarté
que jaccède à la parole ; cest de ce lieu
ou plutôt de ce non-lieu que jexprime tout mon amour du français,
tout mon attachement au japonais.
Quatrième de couverture : Tokyo, 1938. Quatre musiciens amateurs
passionnés de musique classique occidentale se réunissent
régulièrement au Centre culturel pour répéter.
Autour du Japonais Yu, professeur danglais, trois étudiants
chinois, Yanfen, Cheng et Kang, restés au Japon, malgré
la guerre dans laquelle la politique expansionniste de lEmpire est
en train de plonger lAsie.
Quatrième de couverture : "Rei éprouva comme une brûlure destomac, une chaleur acide, à la fois intense et diffuse, qui vous monte à la gorge. Un énorme bloc démotions glacées se mettait à fondre peu à peu sous leffet de cette chaleur intérieure dormante. Le temps se défossilisait, recommençait à trembler." Tokyo, 1938. En pleine guerre entre le Japon et la Chine, quatre violonistes amateurs se réunissent régulièrement pour répéter. Un jour, ils sont interrompus par des soldats, soupçonnés de comploter contre le pays. Caché dans une armoire, Rei assiste à larrestation de son père. Cet événement constitue pour lui la blessure première qui déterminera son destin... Mais le passé peut-il être réparé ? |
Akira Mizubayashi (né en 1951 au Japon)
|
Pennac
préfacier, Pontalis éditeur : comment est né
ce livre ?
Pourquoi ce titre "Une langue venue d'ailleurs" ? Publications d'Akira Mizubayashi Presse : critiques, interviews |
Nos
cotes d'amour
|
Avis TRANSMIS, lus en début de séance
Laura
(Une langue venue d'ailleurs)
Pour le dire très honnêtement, je n'ai sincèrement
pas aimé le livre, mais alors, vraiment pas. Je l'ai quand même
terminé, donc il ne peut pas prétendre à une place
sur le podium de ces livres qui me rapprochent malencontreusement de la
mort. Mais, si je l'ai terminé, c'est que j'avais au cours d'un
dernier voyage 12h de bus à subir, et que je n'avais rien d'autre
à lire : autant dire que je l'ai lu à mon insu. Je
suis actuellement de nouveau en voyage et n'ai pas le livre sur moi, donc
si je parle de certains passages, je ne pourrai pas en mentionner la page.
Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte que je n'ai
RIEN aimé, du protagoniste/auteur aux citations de Rousseau. Déjà,
d'où sort cette manie de vouloir dévoiler sa vie aux yeux
de tous ? Bon, Annie Ernaux fait bien de même, mais il y a
une certaine fureur de vivre chez elle que Mizubayashi n'a pas. Lui, il
est ennuyeux. Et orgueilleux. Et narcissique. Blabla que mon papa m'a
offert ceci après un an d'économie, comme je suis chanceux.
Blabla que je suis tellement doué que j'ai une bourse pour Montpellier.
Blabla l'ENS. Blabla Althusser qui a étranglé sa femme,
mais il est tout de même un homme extraordinaire, la mort de sa
femme n'est qu'un fait divers commenté par des imbéciles.
Pour dire tout cela plus sérieusement, je n'ai pas trouvé
l'intérêt de l'ouvrage : bien qu'il partage une expérience
peu commune aux lecteurs et lectrices, j'ai surtout eu la sensation que
l'auteur prenait un malin plaisir à s'encenser tout en se diminuant
à la fois. Je pense par exemple au début de l'ouvrage, qui
est une accumulation des hontes qu'Akira à pu ressentir une fois
arrivé en France (par exemple : "merci beaucoup, monsieur"
au lieu de "madame"). Ce qui est étonnant, c'est que
je n'ai pas trouvé cela spécialement drôle, j'ai plutôt
eu l'impression que tout dans cet ouvrage sonnait faux, bien que tout
puisse être vrai, je ne le nie pas. Mais plus encore, lui qui proclame
que le personnage principal de son livre est la langue française,
je garde cette croyance que c'est bien sa vie exposée au grand
jour qui l'est. Il proclame son amour pour le français, pour Rousseau,
pour Mozart, pour les femmes suzannesques. Mais il semble surtout amoureux
d'un idéal (des femmes, de l'écriture, de la musique), et
de sa propre gloire à travers le français.
Autre point qui m'a énervée et qu'il me paraît nécessaire
de mentionner : appeler Rousseau et Mozart par leurs prénoms, et
croire qu'en tant que littéraire, il a tout compris à Rousseau.
Dans son Discours sur les sciences et les arts, Rousseau parle
de l'être et du paraître, bien, mais il ne considère
pas en premier lieu que les arts peuvent sauver l'humanité. Bien
au contraire, Rousseau propose une argumentation circulaire pour expliquer
la cause des vices des hommes et donner une solution. Ce sont les arts,
qui mènent au luxe et qui détournent du travail (aux champs,
dans les batailles) qui créent en premier lieu les vices des hommes.
Plus il y a d'arts, plus il y a de vices. Mais, pour Rousseau, le seul
remède à ces vices, ce sont les arts eux-mêmes, des
arts policés (à la manière des poètes de la
cité idéale de Platon, voir La République,
ou encore de Proudhon, voir Du principe de l'art et de sa destination
sociale), autant dire qu'il s'agit presque de soigner le mal par le
mal. Bref, ce n'est pas ce qu'Akira semble avoir compris de Rousseau.
Un second point sur Rousseau : Mizubayashi pense que la langue française
est une langue chantante, musicale (c'est en partie pour cela qu'il l'aime),
et que Rousseau soutient cette thèse. Or, ce n'est pas le cas.
C'est au chapitre XX de son Essai sur l'origine des langues que
Rousseau parle des langues chantantes. Pour lui, toutes les langues étaient
chantantes à l'origine, c'est ce qui permettait de faire naître
l'amour entre les citoyens, c'est ce qui était la condition de
la liberté du peuple et de la démocratie. Or, pour Rousseau,
peu de langues sont restées chantantes à son époque,
et certaines comme le français, seraient devenues simplement utilitaires.
Bref, même si l'auteur a rédigé son mémoire
sur Rousseau, on ne me la fait pas.
Je n'ai pas grand-chose d'autre à dire, mis à part que je
me demande : pourquoi une sorte d'autobiographie pour le club ? Je
ferme complètement.
Séverine
(Une langue venue dailleurs)
Mon avis va être succinct. Parce que jai lu ce livre de façon
si décousue que mon esprit en est confus et surtout parce que sans
avoir détesté, je ne peux pas dire que ça mait
vraiment séduite. Jai été de prime abord intéressée
car tout ce qui touche au Japon ma toujours interpellée,
même si je ne connaissais pas cet auteur. Je tiens à saluer
sa prouesse décriture du seul fait que le français
nest pas sa langue maternelle. Je dirai ensuite que ça nest
pas tant laspect littéraire du livre qui a retenu (un peu)
mon attention que laspect sociologique. Alors oui, il parle très
bien de la difficulté à sapproprier une langue mais
ce que je retiens cest ce temps formidable (?) de lavant-digital
où ce passionné demande à un professeur de français
de lui enregistrer la lecture dun texte pour pouvoir le réécouter,
où il écrit à la main les textes pour se les approprier
Je trouve fascinant ce culte de leffort qui commence à faire
défaut dans nos sociétés modernes. Il témoigne
bien de la patience quil faut pour apprendre une langue (de façon
imparfaite même sil semble vraiment bien se débrouiller !!!),
à limage de la musique. Bref, je ne peux pas dire que ce
livre mait coulé dessus, même si toutes les références
littéraires mont parfois fatiguée
même
(bis) si certaines mont rappelé ma jeunesse universitaire.
Donc, jouvre un quart.
Jacqueline(Une
langue venue d'ailleurs)
Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir venir ce soir, je suis curieuse
de vos avis. J'avais lu le livre il y a trois semaines et je regrette
aussi qu'un emploi du temps très chargé m'ait empêchée
de le relire plus attentivement pour étayer ce que je peux dire.
Ce livre m'a laissé le souvenir d'une lecture facile dans un bon
français classique, dans un style standard avec quelque chose d'un
peu naïf... Certains m'ont parfois amusée, ou intriguée,
comme le fait de trouver stéréotypée la langue de
la contestation de 68 pour se réfugier dans le long travail d'apprentissage
du français ou comme la découverte de son parcours universitaire...
C'est un récit de vie, distancé et lisse, qui m'a paru un
peu convenu sans que je puisse dire si cela tient à la pudeur du
narrateur ou au style... Une première lecture qui me laisse dubitative.
J'ai trouvé beaucoup de fraîcheur à ce qu'il dit de
son rapport à la langue. Cependant est-ce vraiment original ? Je
suis dubitative. J'ouvre à moitié.
Renée(Une
langue venue d'ailleurs)
Ce roman autobiographique d'un rêveur qui ne se reconnaît
pas dans la langue japonaise et qui, attiré par la France du siècle
des Lumières, décide d'apprendre le français, est
un bel hommage à la langue française qu'il compare à
de la musique. D'après Haruki Murakami (Des
hommes sans femmes), "la
langue que nous parlons nous constitue en tant que personnes".
Pour lui, les Japonais, ayant encore récemment des dialectes pratiqués
journellement, ont l'impression de changer de personnalité en changeant
de langue.
En dépit de quelques belles pages de méditation, d'envie
d'ailleurs, je me suis profondément ennuyée à cette
lecture.
On retrouve l'abnégation des parents japonais qui se sacrifient
pour l'éducation de leur progéniture : achat d'un piano,
d'un magnétophone et de nombreux livres. J'ouvre ½.
Renée(Âme
brisée)
Cette très belle histoire d'un enfant japonais qui perd son père
violoniste, le voit emmené par la police et ne garde de lui qu'un
violon dont l'âme est brisée, comporte quelques superbes
pages sur la musique d'Alban Berg et Bach.
Je reste insensible aux retrouvailles d'Yanfen et Jacques/Rei, ainsi qu'à
la rencontre avec la descendante du lieutenant Kurokami, qui me semble
un peu tardive et artificielle.
J'ai pris plaisir à lire ce livre, mais je ne l'ouvre qu'aux ¾
(hésitation avec ½ !) car je m'ennuie toujours un peu
avec cet auteur.
Etienne(Une
langue venue d'ailleurs)
Je ne vous parlerai que d'Une langue venue d'ailleurs car, aillant
hésité au départ à lire Âme brisée
dans un premier temps après les chaudes recommandations du groupe,
je me suis finalement ravisé.
Ma lecture a bien débuté, ponctuée par ce sentiment
d'admiration envers quelqu'un qui maîtrise aussi bien notre langue
surtout venant d'une culture aussi éloignée ; j'étais
tout de même abasourdi qu'on puisse arriver à intégrer
à ce point une langue pour la faire sienne. Le déroulé
est plaisant et a tout du récit initiatique sympathique. Mais...
Peu à peu mon sentiment s'est transformé en une lassitude
puis une gêne et sur la fin par un franc ras-le-bol. Cette déférence
maladive à outrance envers les lettres et l'"art de vivre"
français m'ont mis mal à l'aise. Ce côté premier
de la classe, un peu tête à claque... Et puis ces longs passages
enamourés et brouillons sur la langue française, j'y ai
ressenti une forme de stérilité créative : du
remplissage. Un gloubi-boulga indigeste autosatisfait.
Il aurait pu parler de l'immission de la structure grammaticale de la
langue française sur sa pensée lors de son retour au Japon
et comment cela cohabite, de la façon dont il communique avec sa
femme ou sa fille (quelques lignes...) ; mais non, il passe sous
silence le plus intéressant et préfère nous parler
de ses analyses de textes de Rousseau (ça demande moins d'effort).
Non, Akira Mizubayachi ne m'a pas convaincu et j'ai l'impression que ce
livre a été publié par complaisance. Je ne lirai
donc pas son roman et ferme ce livre.
À bientôt pour une rencontre réjouissante autour d'Ibsen
!
Avis EN DIRECT, en présence ou à l'écran
Nathalie(Âme
brisée)
J'ai lu ce livre à la façon d'un conte, très doux,
plutôt lent.
Peu de surprises, de nombreux passages explicatifs un peu pénibles
par le biais des passages dialogués, très souvent plus que
plats. "Bon appétit,
Hélène"/"Merci,
bon appétit à toi aussi"...
L'écriture soignée cherche parfois tout à
coup à faire "français" comme par exemple "sous
le parasol du bistrot". Le
style reste conventionnel, assez ennuyeux. Pourtant, p. 181,
une seule phrase pour un chapitre, m'a fait penser à une
banderole d'idéogrammes. Ça aurait été
joli de le faire apparaître sous cette forme, puisque des portées
de notes ont été également insérées.
La musique est très présente : cela ne m'a pas intéressée,
excepté la réflexion sur la valeur des musiques militaires.
J'ai relevé deux réflexions qui m'ont plu : "La
mélancolie est un mode de résistance" (p. 39)
et "Mon individualité
est tout de même autre chose que ce si est défini par le
hasard de la naissance" (p. 43),
mais elles me semblent jetées dans le récit sans
être illustrées.
J'ai beaucoup aimé la scène d'ouverture, très intense.
Le lecteur peut s'identifier facilement à cet enfant - témoin
silencieux - envahi peu à peu par la peur et l'incompréhension
des événements qui se jouent à ses oreilles d'enfant.
Certains artifices narratifs n'ont pas fonctionné avec moi, par
exemple l'épisode du chien qui le suit et ce choix non explicité
que tous les chiens de sa vie porteront le même nom. Cela m'a fait
penser à un livre d'Elizabeth von Arnim qui s'appelle Tous
les chiens de ma vie, considéré par certains comme
un petit bijou et que j'ai lu avec plaisir.
Le roman fonctionne par scènes, cela devient vite un peu gênant.
Je n'aime pas quand la trame narrative est trop perceptible.
Quant au personnage de Jacques et à sa vie affective, cela m'a
laissée circonspecte. Je trouve le récit de la rencontre
de Jacques et Hélène complètement décalé
avec l'époque. Cette rencontre amoureuse n'en finit pas de s'étaler
dans le temps de façon démesurée et si faiblement
passionnelle, c'est peu de le dire ! "Des
jours passèrent, puis des semaines et des semaines",
"le souvenir même
de leur rencontre éphémère fut bientôt enfoui"
(p. 105), "deux
années passèrent encore"
(p. 110) et enfin ils s'embrassent (p. 116) !
Le summum selon moi étant qu'après tous ces longs
mois à la fréquenter le narrateur énonce : "Le
jeune homme fut surpris par la beauté discrète d'Hélène"
(p. 112). C'est Jacques qui choisit la brasserie
et l'écrivain son nom "Au buisson ardent" ! Tu parles !
Le personnage de Jacques en amour aurait tendance à me donner des
boutons. Il passe son temps à se tromper en présentant Hélène,
la présentant plusieurs fois comme sa femme, puis aussitôt
rectifiant et la présentant comme sa compagne. Ça en devient
un peu grotesque. Et le lecteur peut s'étonner qu'ils ne se marient
pas.
À cette vision très décalée, on peut ajouter
qu'Hélène sent le besoin d'être casée : "Elle
prenait conscience que les années passaient et qu'elle atteignait
elle aussi un âge où le mariage se profile à la conscience
des jeunes filles" (p. 111) .
C'est un personnage effacé, au service de son compagnon. Les femmes
n'ont pas beaucoup la parole dans le récit, c'est le moins que
l'on puisse dire. Même Midori, à laquelle Jacques offre le
violon restauré, se trouve "privée
de parole" (p. 175). De même,
pour l'épouse qui se plaint de son taiseux de mari mais qui l'accepte :
"Ma mère se plaignait
du caractère taciturne et renfermé de mon père"
mais elle disait "il
faut le comprendre" (p. 150).
C'est une belle histoire, mais l'écriture en est décevante.
Ça ne fonctionne pas pour moi.
Pour conclure, ce n'est pas le livre de l'année, mais j'aurai plaisir
à l'offrir à d'aucunes qui aiment les histoires douces et
sirupeuses. Je l'ouvre ¼.
Brigitte à l'écran(Âme
brisée)
Les premiers avis exprimés ne m'ont pas donné envie de lire
Une langue venue d'ailleurs... Les prochains seront peut-être
plus convaincants !
Dans Âme brisée, tout m'a semblé trop parfait.
Il y a un seul méchant, très méchant : le sous-officier
de la scène initiale. Les autres personnages n'ont aucun défaut,
ils sont honnêtes, patients, travailleurs, généreux
,
musiciens bien sûr. On ne construit pas un roman avec ça.
Selon moi, nous sommes en présence d'un récit mythique,
issu de la culture japonaise. C'est l'histoire du bien confronté
au mal absolu.
La langue, elle aussi, est un peu trop parfaite.
Toute cette perfection me tient à distance des personnages et m'empêche
de m'identifier à aucun d'entre eux.
Heureusement, l'omniprésence de la musique m'a permis de cheminer
jusqu'au bout avec Mizubayashi.
Ce texte tellement travaillé m'apparaissait comme l'exercice abouti
d'un excellent élève ; mais la lecture des avis de José
Luis et de Nieves a fait évoluer mon point
de vue. Elle m'a obligée à décaler ma position de
française "native" pour m'ouvrir à celle des lecteurs
dont le français n'est pas la langue maternelle. Je trouve très
émouvante leur "passion" pour notre langue. Nous, Français,
réagissons peut-être un peu trop souvent comme des enfants
gâtés, toujours insatisfaits, et peu aptes à nous
regarder de l'extérieur.
Je terminerai quand-même en disant que, si je n'avais pas su que
Mizubayashi écrit en français, j'aurais volontiers cru que
Âme brisée était un récit très
bien traduit du japonais.
Ce fut néanmoins une lecture très intéressante. J'ouvre
à moitié.
Fanny(Une
langue venue d'ailleurs)
Je suis assez mitigée.
J'ai bien aimé le parallèle entre l'apprentissage de la
langue et de la musique.
J'ai trouvé le récit authentique, je l'ai lu facilement.
Mais je rejoins Laura quand il se met en avant en s'autoflagellant.
C'est surtout son style
je suis certes admirative qu'il écrive
en français. Il lui manque les mots d'émotion et de la langue
parlée, explique-t-il, c'est intéressant. Mais c'est ampoulé
sur la théorie. Oui, comme dit Brigitte, c'est un devoir, travaillé.
Il y a une alternance entre sa vie et la théorie avec des citations
qui me perdaient - références et façons de s'exprimer,
qui m'ont ennuyée.
La fin avec la naissance de sa fille, c'est intéressant, mais pourtant
j'ai été rapidement perdue, ne voyant pas où ils
vivent, et ça tourne en longueur, je pense à ma mère
à la mort
je n'y comprenais plus rien, c'est indigeste et
ça apporte peu.
Bref, j'ouvre ½ pour cette lecture contrastée, intéressante
sur la manière de s'approprier une langue.
Françoise(Une
langue venue d'ailleurs)
Je l'ai commencé, j'ai cru l'avoir déjà lu et j'ai
été extrêmement déçue. J'attendais autre
chose de cet auteur qui s'est si bien approprié la langue. Finalement,
j'attendais plutôt un essai sur son approche de la langue française,
sa comparaison avec le japonais, etc., qu'une autobiographie qui m'a lassée
au bout d'un moment, car je n'ai ressenti aucune empathie. Alors je l'ai
laissé tomber. J'ouvre ¼.
Françoise(Âme
brisée)
Je l'ai lu en entier et c'est vraiment un roman. Le commencement accroche,
alors que la suite traîne. Mais j'ai trouvé qu'il y avait
des passages émouvants, notamment sur la musique et cela sauve
le livre.
Le retour vers le passé se découvre petit à petit,
c'est un peu en dents de scie. S'il avait davantage ramassé son
récit avec moitié moins de pages, cela aurait été
plus percutant. C'est un peu la berceuse. Je rejoins Brigitte sur les
auteurs qui n'écrivant pas dans leur langue maternelle et qui dégagent
une écriture avec plus d'ampleur, Makine par exemple. J'admire
cet acquis, mais pour moi ce n'est pas un bon auteur. J'ouvre ½.
J'avais lu Mélodie
mais ne le lisez pas ça vous agacera si vous n'avez pas (eu) de
chien ; moi, cela m'a touchée et je l'ouvre aux ¾.
J'avais également bien aimé un livre très court,
Petit
éloge de l'errance.
Catherine entre et(Une
langue venue d'ailleurs)
J'ai été intéressée par l'apprentissage de
la langue, notamment lorsqu'il dit quil se sentait enfermé
dans la langue japonaise, trop rigide. J'ai aimé tout ce qui concerne
la musique et j'ai tout écouté en même temps. J'ai
aimé aussi lorsquil détaille les différences
entre les deux langues, par exemple la langue française qui utilise
les expressions appellatives.
C'est par contre noyé dans des références littéraires
que je n'ai pas.
J'ai été scotchée qu'il soit tombé amoureux
de la langue française en lisant Rousseau dont je ne suis jamais
arrivée à finir un livre... Mais ensuite c'est trop bien
écrit, c'est scolaire, ça manque de relief, de souffle.
Et c'est incroyable de l'entendre parler français sans accent -
c'est une performance.
Catherine entre et(Âme
brisée)
Pour moi, ça a marché, c'est une très jolie histoire,
un peu trop jolie même. J'ai beaucoup aimé le début
avec l'enfant dans le placard, ce quil raconte de son père,
de lapprentissage du violon de son frère, les voyages en
train pour ses leçons, lachat du magnétophone. Et
aussi le passé de son père. L'histoire d'amour ensuite est
surréaliste, il s'est trompé au moins d'un siècle
et demi.... La fin est un peu too much.
J'ouvre les deux livres entre ½ et ¾ car j'ai eu un plaisir
de lecture indéniable.
Annick L à l'écran(Une
langue venue d'ailleurs)
Dans la foulée de Catherine, je vous trouve assez sévères
pour ce livre-témoignage
Je partage l'intérêt de l'auteur-narrateur pour les langues
étrangères, ayant poussé mes études en anglais
et en allemand jusqu'en fac, pour le plaisir de m'ouvrir à d'autres
cultures et de pouvoir élargir mes possibilités de communication.
Mais j'ai été surprise par le rapport que Mizubayashi instaure
avec le français : un engagement total qui l'amène
à quitter le Japon (et sa famille), à y consacrer sa vie.
Cette rupture s'accompagne d'un rejet profond de sa langue maternelle
de sa culture d'origine : une démarche singulière par ce
désir de se construire une nouvelle identité dans cette
langue choisie. Il nous donne quelques clefs pour comprendre les raisons
de son malaise, entre autres à travers l'histoire de son père
(auquel il rend un hommage émouvant) qui a subi les contraintes
de la société japonaise nationaliste et impérialiste
de son époque (le mythe de la France terre de liberté et
des droits ?).
J'ai beaucoup aimé les parallèles entre la musicalité
du français et la musique créée par certains compositeurs
(Mozart par exemple). J'ai été intéressée
également par la dimension sociologique de son analyse comparative
des deux langues, par exemple dans l'usage de la
fonction appellative, absente du japonais. Une caractéristique
que j'ai découverte ! J'ai été touchée par
ses maladresses en société, en France, comme au Japon, comme
s'il restait un peu étranger dans l'un comme dans l'autre pays.
Mais je me suis beaucoup ennuyée tout au long de l'évocation
de son parcours universitaire, bourré de références
un peu pédantes. Et je ne partage pas sa passion pour Rousseau...
J'ouvre aux ¾.
Annick L(Âme
brisée)
Le livre commence très fort avec la scène inaugurale dans
l'armoire, puis la plongée dans le monde de la musique, comme une
forme de thérapie, de résilience. Mais, à partir
de la rencontre de Jacques/Rei avec Hélène, qui aurait pu
nous entraîner dans une belle romance, j'ai décroché,
à cause de son style que je trouve vieillot et ampoulé.
On n'écrit plus ainsi aujourd'hui :
"Une simple baguette en bois de pernambouc s'était transformée en un bel objet d'une mystérieuse beauté qui faisait penser à un navire céleste voguant sur les flots argentés des nuages"
"Ni Hélène, ni Jacques ne pensaient plus l'un à l'autre sans pour autant que l'empreinte du sourire échangé se fossilisât au fond du puits ténébreux de leur mémoire""Un énorme bloc d'émotions glacées se mettait à fondre peu à peu sous l'effet de cette chaleur intérieure, semblable à celle d'un ours noir d'Amérique en somnolence hivernale, s'éveillant lentement"
Ces maladresses d'écriture m'ont empêchée
d'apprécier le reste de l'histoire. J'ouvre au ¼.
Monique L
(Une langue venue d'ailleurs)
Le fait d'adopter une autre langue que sa langue maternelle pour écrire
m'a toujours fascinée. Je me suis donc lancée dans la lecture
avec intérêt.
C'est un livre difficile à classer, entre le récit autobiographique
et l'essai. Il s'agit d'un texte exigeant rédigé par un
intellectuel cultivé qui manie la langue française à
la perfection, dans un style classique très rousseauiste.
L'auteur se lance dans l'étude du français parce qu'insatisfait
de sa propre langue. Ce passionné de musique et de Mozart est attiré
par la musicalité de la langue française. Il est comme amoureux
de cette langue et son discours dithyrambique en devient souvent lassant.
Il y a des passages très intéressants mais noyés
dans cet éloge de la langue et de ses maîtres ou intellectuels
rencontrés auxquels il porte une véritable dévotion.
Par exemple, lorsqu'il développe l'idée que parler une langue
n'est pas seulement prononcer des mots, mais également adopter
une manière de réfléchir et de penser. Le passage
où il évoque sa difficulté à saluer les gens
inconnus a été une découverte et j'aurais aimé
plus de révélations de ce genre.
Il développe une réflexion intéressante sur le bilinguisme.
Il cherche l'accord parfait de l'être et du paraître à
travers la langue. Il cherche à parler au plus juste. Tout cela
aurait pu me passionner mais cela n'a pas été le cas. Cet
apprentissage forcené du français m'a gênée,
voire agacée. J'ai même trouvé cela assez ennuyeux.
Cette lecture m'a été fastidieuse, sans doute à cause
du caractère obsessionnel de l'auteur dont les erreurs de français
auraient pu être, par exemple, abordées par l'humour. J'ouvre
à ½.
Monique L
(Âme brisée)
Un roman que j'ai lu sans déplaisir mais sans beaucoup de passion
non plus.
Le début du roman était prometteur, mais j'ai eu du mal
par la suite. La description de la rencontre du luthier et de l'archetière
m'a paru inutilement longue. Je n'ai pas été émue
car j'ai trouvé cette histoire artificielle, malgré le tragique
du thème initial. L'enchaînement est difficile à croire -
le pull rose miraculeusement conservé entre autres.
Ce récit est une suite de bons sentiments, des coïncidences
incroyables et de hasards qui font bien les choses. Cela m'a paru laborieux.
Je suis restée à distance des personnages qui à mon
avis manquent de profondeur et sont trop lisses. Les dialogues sont assez
plats et creux.
Heureusement il y a la musique. J'ai réécouté les
morceaux évoqués :
- Schubert : Rosamunde
- Bach : Partita pour violon
seul nº 3 - Gavotte
en Rondeau
- Beethoven : Symphonie
n°7
- Alban Berg : Concerto
à la mémoire d'un ange.
Les commentaires de l'auteur sont parfois poétiques, d'autres trop
didactiques et c'est dommage.
Je me suis renseignée sur les livres et auteurs que je ne connaissais
pas : Le
bateau-usine de Kobayashi et Dites-moi comment vous allez vivre
(Et
vous comment vivrez-vous ?) de Yoshino. C'est dommage que
l'auteur n'en ait rien dit alors que ces livres pour moi inconnus sont
très importants pour les Japonais et surtout ne sont pas neutres.
Je pense que ce qui m'a gênée, c'est le côté
japonisant d'une écriture toute en retenue, qui décrit sans
entrer dans la psychologie des personnages. Le récit m'a paru tout
plat, sans saveur, ne parvenant pas à faire surgir une quelconque
émotion, alors que j'ai l'impression que c'est le contraire de
ce que recherchait l'auteur. Il n'y a pas d'élan, juste des faits
exposés les uns à la suite des autres. Certaines envolées
lyriques m'ont agacée.
Pourtant la construction du roman est intéressante avec les reprises
de la scène initiale relatée suivant des points de vue différents.
J'ouvre à ½.
Muriel (Une
langue venue d'ailleurs)
Ça m'a barbée, je l'ai rapidement fermé.
Muriel entre et(Âme
brisée)
Dès le début du livre, j'ai pensé à une histoire
vraie : un enfant enfermé dans un placard avec sa mère,
tandis que son père est emporté... non... ça ne vous
dit rien ? Serge Klarsfeld !
Comme je joue du violoncelle, l'archetière et ce milieu de luthiers,
ça m'a plu. Et l'histoire m'a intéressée, avec des
ruptures temporelles : on saute dans le temps, 20 ans plus tard, et hop
ça passe très bien. L'histoire de cet adopté m'a
touchée. J'ouvre entre ½ et ¾ ce livre d'un Japonais
qui écrit si bien le français.
Maëva, pour sa première séance
dans le groupe(Une
langue venue d'ailleurs)
Mon impression générale, en sortant de ce livre : ni
enthousiaste ni exaltée, mais intéressée par les
réflexions qui me rappelaient, en parallèle de ma lecture,
mon expérience personnelle à létranger avec
langlais en Australie et lespagnol au Chili. À mes
yeux, le rapport à la langue est profondément marqué
par la communication et la création du lien social, à limage
de la relation quentretient la femme de lauteur pour le japonais
dans le livre. Jétais donc intriguée par lobsession
pour le français quAkira Mizubayashi pouvait entretenir,
à mille lieues dun intérêt pour le pays, sa
culture ou son patrimoine, mais simplement pour la subtilité de
sa linguistique.
Lauteur a véritablement un amour de la langue, mais cet engouement
ne le conduit pas vers un désir de sintégrer ou de
simmerger. Lobjectif de son apprentissage est de se rapprocher
des auteurs quil admire, de saisir les nuances de la littérature
et de réfléchir par cet intermédiaire, en saffranchissant
des limites de sa propre langue. Lidée nest pas déchanger
ou de comprendre un territoire et cette manière de procéder
ma questionnée. Comme disait Catherine, il y a quelque chose
de l'ordre de la performance dans le récit, à la fois dans
son engagement et dans son écriture.
Malgré ces questionnements intéressants, je suis restée
extérieure à louvrage, comme si jobservais cette
passion charnelle derrière une vitre : simple spectatrice, mais
sans une réelle implication. Jai apprécié les
anecdotes sur les différences qui marquent toujours une frontière
et qui rappellent cette question de lidentité. Cependant,
jaurais aimé davantage de développement de ces parties
puisquelles restent de lordre de lanecdote au milieu
des extraits littéraires sans fin.
Dans la construction des phrases, les parenthèses dont parlait
Nathalie m'ont également frappée, tout comme le surgissement
impromptu dun terme familier au milieu dune langue soutenue.
En bref, malgré des réflexions intéressantes sur
la langue, je ne peux pas nier mêtre ennuyée
Claire(Une
langue venue d'ailleurs)
Lu avant le roman, ce livre m'a plu davantage car je l'ai trouvé
plus original, même s'il m'a rappelé Nord
perdu de Nancy Huston que je n'aime pas tellement - je remarque
d'ailleurs que Mizubayashi cite l'auteure sans même citer le titre
du livre et le fait qu'elle a eu un projet analogue au sien - et bien
plus fort d'Etel Adnan Écrire
dans une langue étrangère, subtil, étonnant,
passionnant.
Tout en étant très légèrement irritée
presque constamment, j'ai lu avec un intérêt constant ce
gloubi-boulga autosatisfait de premier de la classe : j'ai trouvé
extraordinaires le rôle du père par rapport à ses
deux fils - la mère est absente... grrr - l'effort dingue
sur le long terme genre travail de bénédictin, le rapport
à la langue familière - cette langue qu'il aime est corsetée,
celle du Bon usage, et le rôle du chien. Ce qui m'irritait relève
d'un zeste d'affectation voire d'afféterie (du genre "évidence
irréfragable", "il
était hors de question que je ne me le procurasse pas")
ou de cucuchonnerie ("mon
amour du français avait des ailes d'ange") et de
suffisance (j'ai "eu
l'occasion, à l'Élysée, de donner des conseils à
François Mitterrand") ou de propos qui ne peuvent
qu'exclure ("la célèbre
polémique qui avait opposé Roland Barthes à Raymond
Picard"). Les rencontres ont été pour moi
des temps romanesques dans le livre, comme l'enseignant qui lui offre
le Grevisse. Ce qu'on perçoit du Japon ajoute à l'intérêt
(l'enseignement bourrage de crâne, le fait que faire visiter son
appartement ne se fait pas du tout car du domaine d'une trop grande intimité,
son incapacité, dit-il, à placer des appellatifs :
"ma bibiche", "mon cher cousin"...) - fonction du
français que plusieurs ont déjà relevée.
Je trouvais utile de compléter cette sorte d'essai autobiographique
par un roman, pour voir "de quoi il était capable" :
je ne sais pas si je suis avancée. Le goût de la musique
dans le premier livre comme dans le deuxième ne m'ont pas touchée
- comme si c'était une approche peu sensible.
Claire(Âme
brisée)
Je dois avouer qu'à partir de la rencontre à Tokyo entre
la violoniste et le Rei/Jacques, j'ai été vraiment très
émue. Mais le livre m'a rappelé les livres de Aki
Shimazaki que nous avions lue l'an dernier : une Japonaise écrivant
en français et ayant appris cette langue tard, des secrets de famille
orientant la vie professionnelle et qui se dévoilent au fur et
à mesure du roman, et un côté coïncidence. Mais
chez Shimazaki, c'est plus sobre, épurée et plus envoûtant
(à mon goût). Ici, j'ai trouvé trop d'artifice, d'application
et j'ai lu le livre à grands traits. J'ouvre quand même à
moitié en souvenir de Shimazaki...
J'attire votre attention sur les réactions - contrairement à nous dans l'ensemble - extrêmement positives de nos amis de Tenerife qui, comme Mizubayashi, vivent aussi dans une langue venue d'ailleurs. Leurs réactions sont donc bien moins légères que les nôtres, puisqu'ils se retrouvent en grande partie dans l'expérience de l'auteur. En les lisant, j'en viendrai presque à déplorer de traiter ses livres par-dessus la jambe... Les voici :
LE GROUPE
DE TENERIFE a lu
Une langue venue d'ailleurs pour le 8 mars
et Âme brisée
pour le 5 avril 2022
(seuls Nieves et José Luis ont rédigé leurs réactions,
mais qui semblent à l'unisson avec les autres lecteurs du groupe)
"une mélodie langoureuse qui glissait tout doucement sur le clapotement régulier de notes graves"
"Ses yeux étaient comme des bijoux renversés reflétant tous azimuts le doux rayon du soleil matinal."
"Ses lèvres sans rouge bougeaient comme des feuilles vertes frémissant au gré du vent tiède de printemps."
C'est comme si les mots représentaient un tableau qu'on regarde
et immédiatement on attrape son image dans notre cur
on est devant un récit qui nous emmène avec lui sans avoir
envie de le lâcher et dans lequel on aperçoit aussi ce que
pour les Occidentaux peut définir l'esprit japonais (délicatesse,
discrétion, intériorisation
)
Deuxièmement, on revient à la passion pour la musique déjà
présente dans Une langue venue d'ailleurs. Pourtant ce n'est
pas un roman sur la musique, mais la musique est présente du début
à la fin du récit. C'est la musique qui aide l'enfant Rei,
dont le père, violoniste, a été enlevé par
des soldats qui l'on arraché brutalement de sa vie, à ne
pas oublier, ce que l'auteur nomme "mémoire fantôme",
un traumatisme qu'on n'oublie jamais. Alors, à cause de cela, l'enfant
consacre toute sa vie à un métier musical, la lutherie,
s'entourant en même temps de musique et de musiciens, y compris
sa femme qui est archetière.
Cependant, son grand projet musical, sous-jacent jusqu'à la fin,
a été la reconstruction du violon de son père, détruit
par un des soldats : "toute
votre carrière de luthier sest construite autour du violon
de Yu" lui dit Yanfen. Or, le moment le plus beau arrive
quand l'instrument finalement reconstruit retrouve sa sonorité
joué par Midori, la jeune violoniste, petite fille du militaire
qui lui a rendu le violon cassé. Et son art de luthier "entièrement
dévoué au service des émotions humaines n'était
rien d'autre que la tentative d'apaisement de la douleur traumatique issue
de la destruction foudroyante de ce qui vous attache le plus intensément
au monde et à la vie".
La raison pour laquelle cette histoire appelle tout le temps aux sentiments
se trouve dans le fait que la musique constitue un langage qui, remuant
les émotions, facilite la communication des êtres humains
par-dessus les différences et ce roman suit le parcours d'une composition
musicale dont les différents tempos introduisent les quatre parties
du roman selon les états d'âme du narrateur.
Et à cause de la musique, on revient au pays, parce que derrière
ce roman, magnifique concert littéraire, Mizubayashi ne cache pas
la violence et l'oppression où est soumis son pays à ce
moment là. Certes, il défend dans son texte les idées
qui lui sont très chères comme le rejet du nationalisme,
ou l'appel à la récupération de la raison et d'un
monde passé "plus
paisible et serein, plus harmonieux que celui d'aujourd'hui".
Il est très lucide à cet égard : "ça
a du sens (...) Schubert
, alors
que le pays entier tombé dans ses obsessions bellicistes semble
être dévoré par le cancer nationaliste divisant les
individus entre un nous et un eux" (je me sens très
proche de cette façon de penser vu la montée imparable et
inquiétante des nationalismes à l'heure actuelle).
Puis, parallèlement au violon et à la musique, pour Rei
il y a aussi ce livre "qui,
constamment, lui a parlé
depuis la place du père absent" et qu'il a réussi
à traduire en français : Dites-moi comme vous allez
vivre. À un moment donné, il se dit qu'avec cette lecture
"Je crois que mon père
voulait faire de moi un jeune homme capable de garder sa lucidité
en toute situation, de ne pas succomber à la folie collective et
de s'insurger contre les aberrations..." C'est peut-être
le message le plus important qui nous laisse ce roman.
José Luis(Une
langue venue d'ailleurs)
Après la lecture de Nord
perdu, de Nancy Huston, dont l'uvre m'a toujours intéressée,
entrer dans le monde singulier de l'écrivain d'origine japonais
Akira Mizubayashi, qui m'était entièrement inconnu, m'a
semblé une heureuse prolongation naturelle pour continuer à
établir le long dialogue intérieur que je mène depuis
longtemps pour essayer de comprendre les rapports existants - en
général, mais plus spécialement dans mon cas personnel -
entre ma langue-culture maternelle et la langue-culture étrangère,
le français, en l'occurrence. D'autres livres m'ont marqué
par le passé dans cette trajectoire réflexive : La
traversée des fleuves de Georges-Arthur Goldschmidt, et
Le testament français d'Andreï Makine, parmi eux.
Avec Une langue venue d'ailleurs, Mizubayashi, fait son propre
éloge de la langue française, non point, bien sûr,
à la manière de Rivarol,
mais la présentant, en quelque sorte, comme la réalité
qui, pourrait-on dire, lui a donné ou sauvé la vie. Cette
réalité il l'a découverte grâce à la
rencontre avec le philosophe et essayiste Ariamasa Mori, auquel il rend
hommage à plusieurs reprises, comme ici : "L'apparition
devant moi du français, à travers ce médiateur exceptionnel
qu'était Mori, constitua l'occasion et la possibilité qui
m'étaient subitement offertes de recommencer ma vie à peine
commencée, de refaire mon existence entamée, de retisser
les liens avec les visages et les paysages, de remodeler et reconstruire
l'ensemble de mes rapports à l'autre, bref de remettre à
neuf mon être au monde".
Peut-on mieux que cela exprimer ce que pour beaucoup de nous (je parle
de ma génération, en Espagne) a signifié la rencontre
avec la langue-culture française ? En tout cas, moi - qui
ai l'habitude de dire, en détournant les vers d'Aragon, qu'elle
m'a tout appris de moi pour ce qui me concerne, au point que je ne sais
pas ce que j'aurais été sans toi qui vins à ma rencontre -
je ne peux qu'avouer mon entière coïncidence avec cette citation
de Mizubayashi, et même si je ne peux pas dire comme lui que le
français est une langue que j'ai choisie, puisque ma rencontre
avec lui a été plutôt le fait du hasard, d'abord,
et de la nécessité, après, et que, donc, je n'ai
pas prise la décision de dédier entièrement ma vie
à elle, mais que c'est elle qui m'a choisie, les bienfaits qu'elle
m'a apportés le long de ma vie, aussi bien du point de vue personnel
que professionnel sont du même ordre. Et le résultat affectif
a aussi été le même : le français, qui m'a
adopté, a été pour moi une véritable passion.
D'autres points communs existent encore, et tout d'abord cette affirmation
qui peut sembler surprenante : comme pour l'auteur, "le
français est ma langue paternelle", mais pas pour
les mêmes raisons : pour lui le français, par des chemins
un peu détournés, c'est un don de son père, tandis
que pour moi c'est lui-même qui a accompli des fonctions proprement
paternelles à mon égard et, en cela faisant, m'a constitué
en tant que père par rapport à mes étudiants, auxquels
j'ai toujours essayé de transmettre ma passion pour la langue-culture
de Flaubert. Disons le avec ses - de Mizubayashi - propres paroles
: "Ma passion pour le
français, pour l'appropriation du français, se transmuait
sans hiatus en une passion pédagogique".
Je me sens aussi près de l'auteur quand il établit des liens
très étroits entre le français et la musique, bien
que de manière bien moins élaborée et savante. Si,
pour lui, il y a un dialogue constant entre la musique classique, notamment
Mozart, et le français - merveilleusement formulé du
point de vue technique et littéraire, à chaque fois qu'il
revient sur le sujet -, pour moi c'est, d'un côté, la
musique des grands chansonniers et, de l'autre, celle même du français,
la sonorité de la langue, sa réalité phonique énoncée
dans la pluralité des accents de l'hexagone, qui m'ont toujours
attiré et causé un plaisir supplémentaire dans la
tâche impossible de maîtrise de cette langue. C'est pourtant
un aspect auquel il n'est point pourtant insensible, au contraire : "Le
français était un instrument de musique - et il l'est
toujours - que j'essayais que de faire chanter et résonner
au gré de mes émotions quotidiennes".
De cette impossibilité de maîtrise de la langue que je viens
de pointer ci-dessus, parle aussi Mizubayashi, dans le chapitre 12 de
la deuxième partie où il apporte maints exemples pour démontrer
ce qu'il affirme d'emblée : "Tout
ne s'apprend pas, tout ne se maîtrise pas dans une langue, même
dans notre langue maternelle. Une langue étrangère, à
plus forte raison, vous restera extérieure, dans une mesure certes
variable, mais fatalement irréductible. [
] Bref, il y des
choses qui résistent à l'apprentissage".
De quoi se consoler de ses propres limitations bien plus larges et profondes
que les siennes !
À propos de ces résistances, une observation pour finir :
le français utilisé pas Akira Mizubayashi est sans doute
d'une perfection absolue ; un universitaire ou un écrivain français
n'auraient rien à y corriger, mais cet humble et oublieux apprenti
que je suis a eu souvent l'impression que, sous la langue parfaitement
polie de l'auteur - peut-être même trop polie -,
le japonais, langue maternelle de celui-ci, n'arrivait pas à se
dissimuler entièrement. L'impression - mon impression -
était souvent qu'un Français d'origine n'aurait pas écrit
les choses de la même manière, ni, évidemment - mais
cela est une autre question - les mêmes choses. J'avais l'impression
de lire une traduction en français d'une très haute qualité,
mais où la langue d'origine se refusait d'être domptée,
de disparaître. Une imperfection ? Non : une richesse,
puisque en faisant cela, de manière consciente ou pas, Mizubayashi
contribue à renouveler la langue française, notamment son
écriture.
C'est donc un livre plein d'intérêt que celui-ci, sur lequel,
j'aurais encore beaucoup de choses à dire. Mais il est bien temps
d'arrêter ce commentaire.
José Luis(Âme
brisée)
Il est bien rare que l'ensemble des participants dans nos réunions
tombions d'accord pour aimer, admirer et applaudir le texte objet de commentaire
dans chacune de nos séances mensuelles. Or, cela a été
bien le cas lors de notre dernière rencontre autour d'Âme
brisée, roman d'Akira Mizubayashi, dont nous avions lu le mois
précédent son Une langue venue d'ailleurs.
Plusieurs sont, à mon avis, les causes qui expliquent cet accord
entre nous. D'un côté, me semble-t-il, l'écriture :
simple, limpide, éloignée de toute tentation de faire
- c'est-à-dire de surfaire - de la littérature,
mais teintée toujours d'une poésie particulière,
laquelle est peut-être débitrice de la langue-culture originaire
de l'auteur, que, tel que je l'avais déjà fait remarquer
en commentant l'uvre précédente, marque, dans son
effort pour s'occulter, son français écrit d'une singularité
unique. D'un autre côté, l'émotion, qui découle
et de l'écriture et du récit, qui nous accompagne de la
première à la dernière page du texte. En troisième
lieu, les rebondissements que presque chaque chapitre apporte et qui tiennent
en haleine le lecteur, lui dévoilant petit à petit le mystère
et les suites du terrible événement racontée au début
du livre, lequel événement ne semblait pas pouvoir être
chargée de la richesse et complexité vitale que le lecteur
découvrira dans le processus de lecture avec étonnement.
Enfin, le dialogue constant entre écriture et musique que nos avions
déjà rencontré dans Une langue venue d'ailleurs,
lequel tient lieu - pour moi en tout cas, qui ai peu réfléchi
sur la nature et le pouvoir de la musique classique, que j'aime pourtant
beaucoup - de leçon que j'ai reçue avec gratitude.
Cette référence à la musique savante ne doit pas
occulter l'importance que l'auteur octroie à la musique des mots
comme composante essentielle de l'uvre littéraire, point
de vue que je partage entièrement : "Dévoreur
de livres, Jacques, avait passé deux ans à la Sorbonne,
après le baccalauréat, pour entreprendre des études
de lettres, mais il n'avait pas réussi à s'y épanouir.
La manière savante d'aborder la littérature, à force
de s'attacher à l'auteur, lui avait
semblé manquer l'essentiel : le vaste champ des résonances
des mots formant la réalité première et tangible
de chaque uvre" (c'est moi qui souligne).
Mais, de quoi s'agit-il dans ce roman ? Du récit d'une appropriation
de l'enfance, seule manière d'arriver, dans ce cas, et à
un âge déjà très avancé, 70 ans, à
la maturité et à la paix. "Je
descends lentement le sombre escalier du temps" écrit
le héros du livre presque au début de son récit,
mais il aurait aussi pu dire "je
remonte lentement le sombre escalier du temps",
parce que c'est cela qu'il fait en réalité en descendant
vers la vieillesse : remonter le temps jusqu'à retrouver
les clés de son enfance, ou plutôt, de l'événement
tragique qui avait dynamité son enfance.
C'est pour accompagner, dans ce voyage à contre courant, à
Rei/Jacques, qui lui a pris toute sa vie, qu'Akira Mizubayashi nous invite
dans son livre, et l'aventure, je vous l'assure, est pleine de péripéties
et des connaissances, comme le voyage à Ithaque chanté
par Kavafis.
Pennac
préfacier, Pontalis éditeur : comment est né
ce livre ?
Pourquoi ce titre "Une langue venue d'ailleurs" ? Publications d'Akira Mizubayashi Presse : critiques, interviews |
PENNAC PRÉFACIER, PONTALIS ÉDITEUR : comment est né ce livre ? |
Pourquoi une préface de Daniel
Pennac ? Pourquoi un livre écrit en français et non en japonais
? Pourquoi publié dans la collection "L'un
et l'autre" dirigé par
Jean-Bertrand Pontalis (1924-2013) ?
À l'origine de ce livre, il y a une rencontre très importante.
C'est la rencontre avec Daniel Pennac. Il se trouve que je suis le traducteur
de Chagrin
d'école de Daniel Pennac. Et le travail de traduction m'a
souvent conduit à le rencontrer chez lui à Paris. J'ai ainsi
longuement discuté à maintes reprises au sujet de Chagrin
d'école, au sujet de ma traduction de ce livre, et au sujet
de bien d'autres choses. Nous avons aimé cette collaboration et
nous sommes devenus très amis.
Ce qui est extraordinaire, c'est que cette amitié
en a suscité une autre ! Un jour j'étais chez Daniel,
je regardais sa bibliothèque et mon regard s'est posé sur
un livre de J.B. Pontalis.
Je connaissais ce psychanalyste et essayiste surtout pour la brillante
préface qu'il avait écrite pour Les
Confessions de Rousseau dans la collection Folio. Là-dessus
Daniel Pennac arrive et me dit : "tu connais cet auteur ?"
Je lui raconte alors mes souvenirs de lecteur ainsi que d'auditeur, car
lors d'une
émission de France culture dédiée à Jean
Starobinski dont je parle longuement dans mon livre ; le premier invité
était J.B. Pontalis. Pennac me dit alors "Très bien,
je vais l'inviter demain soir. On va organiser un dîner."
C'est ainsi que je me suis retrouvé le lendemain à dîner
en compagnie de Daniel Pennac et de J.B. Pontalis. Et après une
longue discussion sur toutes sortes de sujets, J.B. Pontalis me pose la
même question que m'avait posée bien des années auparavant
Maurice Pinguet : "Pourquoi parlez-vous le français de
cette manière ?". Je lui ai donc parlé de
mon amour de la langue française, de l'importance pour moi de Rousseau
et du rôle fondamental qu'a joué Starobinski dans mon évolution
personnelle. Alors J.B. - car maintenant je l'appelle ainsi - me dit :
"Il y a là sans doute la matière d'un livre à
écrire !" C'est ainsi que l'idée de ce livre est
née. Un livre qui, selon lui, devait trouver place dans la collection
"L'un et l'autre" qu'il dirige chez Gallimard.
Pourquoi ce titre et non pas, par exemple,
"un homme d'ailleurs" ?
Pour être honnête, je dois vous avouer que je n'ai pas imaginé
ce titre moi-même. Personnellement, j'avais d'abord pensé
à "Maux de langue et mots d'amour", puisque, vous vous
en serez peut-être rendu compte, le personnage principal de mon
livre, en fait, c'est la langue française elle-même. Il y
a la langue dans laquelle je me sentais mal, puis celle que j'ai aimée
et que je continue d'aimer. Mais le directeur de la collection pour laquelle
ce livre a été pensé, J.B. Pontalis, trouvait ce
titre un peu trop journalistique. J'avais initialement imaginé
une série de figures binaires à partir du titre de la collection
"L'un et l'autre" : "le français et le japonais",
"Rousseau et Mozart", "Jacques Proust et Jean Starobinski".
Il y a même une phrase dans laquelle s'insère l'expression
"l'un et l'autre". Enfin, J.B. Pontalis m'a proposé :
"Une langue venue d'ailleurs" puisque le personnage le plus
important, finalement, c'est cette langue venue d'ailleurs qu'est le français.
Ce titre m'a immédiatement séduit. Nous l'avons dès
lors choisi ensemble sans aucune hésitation. (Réponses extraites
de "20
questions à Akira Mizubayashi")
La collection "L'un et l'autre"
est ainsi définie sur le texte de rabat présent sur tous
les livres de la collection :
Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination
les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs,
à mille lieues de la biographie traditionnelle.
L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son
modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un
autre et l'autoportrait, où placer la frontière ?
Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat
le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que
sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages
oubliés, noms effacés, profils perdus.
Pour une analyse poussée de la collection sur le site "Écritures
contemporaines" voir
ici
Nous avions lu de Pontalis Le
songe de Monomotapa.
PUBLICATIONS d'Akira Mizubayashi (et prix) |
Tous les livres sont édités par Gallimard, sauf le livre sur le bain chez Arléa.
Romans
- Un
amour de Mille-Ans, 2017 - Folio,
2018
- Âme
brisée, 2019 - Folio,
2021
- Reine
de cur, 2022
Non fiction
- Une
langue venue d'ailleurs, préface de Daniel Pennac, 2011
- Folio,
2013 (Prix littéraire
de l'Asie 2011, Prix
de lAcadémie française du Rayonnement de la langue
et de la littérature françaises 2011, Prix
littéraire Richelieu de la francophonie 2013)
- Mélodie
: chronique d'une passion, préface de Roger Grenier, 2013 -
Folio
2014 (Prix
littéraire 30 Millions d'amis 2013, Prix
littéraire de la Société Centrale Canine 2013)
- Petit
éloge de l'errance, Folio 2 euros, 2014
- Dans les eaux
profondes : le bain japonais, Arléa, 2018 - Poche,
2021
Site personnel : www.mizubayashi.net
PRESSE |
Presse sur Une langue venue d'ailleurs
Critiques
- "Fan de Rousseau, fou des
Lumières", Thierry Clermont, Le Figaro, 20 avril
2011
- "Les
langues du Contrat social : lecture de Une langue venue d'ailleurs
de Akira Mizubayashi", Christophe Premat (homme
politique), Revue Internationale Sens public, novembre 2012
- Quand
un Japonais écoute Mozart en français, Robert Solé,
Le Monde, 6 janvier 2011
- "Entrer dans la langue",
Tiphaine Samoyault, La Quinzaine littéraire, 1er mars 2011
- "Appropriation des langues
et singularité énonciative : écrire dans la langue
de lautre pour Akira Mizubayashi", Rose-Marie Volle, Carnets,
revue électronique dÉtudes françaises, juillet
2016
Entretiens
Sur le livre :
- "20
questions à Akira Mizubayashi", Institut français
de Tokyo, 11 février 2012
Plus généralement :
- "Au
Japon, on fait partie dune communauté de destins",
propos recueillis par Anne Diatkine, Libération, 26 mars
2011
- "Akira
Mizubayashi, étranger à sa langue", propos recueillis
par Georgia Makhlouf, L'Orient littéraire, juin 2012
Radio : "Akira
Mizubayashi en amant transi du français", par Antoine
Perraud, Tire ta langue, France Culture, 6 mai 2012
Vidéo :
Présentation par l'auteur de son livre, site de la Librairie
Mollat, 28 mars 2011, 6 min 21
Presse sur Âme brisée
Critiques
- "Akira
Mizubayashi, Prix des libraires 2020", lu par Tahar Ben Jelloun,
Le Point, 25 août 2019
- "Âme
brisée d'Akira Mizubayashi, la musique comme garde-fou",
Antoine Perraud, La Croix, 18 septembre 2019
- Âme
brisée d'Akira Mizubayashi : les partitions d'une vie",
Stéphanie Loré, Profession spectacle, 19 septembre
2019
- "Requiem
pour un violon" : la petite musique dAkira Mizubayashi
remporte le Prix des Libraires 2020 Jérôme Garcin, Nouvel
Obs, 20 septembre 2019
Entretiens
- Vidéo : Interview
d'Akira Mizubayashi, Babelio, 18 octobre 2019, 5 min 46
- Radio : "Akira
Mizubayashi : la musique des mots", La Grande Table culture,
Olivia Gesbert, 18 juin 2020, 28 min.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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