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Dorothy Parker (1893-1967)
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Nous avons lu en priorité l'un de ces deux recueils : | ||
La
vie à deux Comme
une valse |
NOS
15 COTES D'AMOUR
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Annick
L Fanny Laura
Séverine
Brigitte Catherine Claire Danièle Denis Monique L Nathalie Rozenn Jacqueline EtienneFrançoise Toujours notre triple formule inaugurée en septembre 2021 : lecture des réactions transmises, alternance entre les avis des présents et de ceux simultanément à l'écran... |
Françoise(avis
transmis)
Avec Angela Carter ou Sylvia Plath (La
Cloche), j'avais eu un a priori plutôt négatif, une
appréhension (Sylvia Plath s'est suicidée), et finalement
j'ai aimé ce que j'ai lu de ces deux écrivaines.
Et avec Dorothy Parker c'est tout l'inverse, moi confiante au début
(bien que je n'aime pas les nouvelles ah ah), j'ai vite déchanté.
Tout d'abord je me suis dit qu'elle était très très
anti-mecs, mais finalement ses portraits de femmes ne sont pas mieux.
Quel pessimisme, quelle vision négative de l'humain. Jamais ils
ne sont rachetés. Elle nous restitue une société
fermée, confite dans des principes rigides, raciste évidemment.
Au début j'ai aimé l'humour noir et mordant, la justesse
de la réflexion, les portraits sans concession, mais au bout d'un
moment j'ai crié au secours trop c'est trop. Jamais une petite
lumière. C'est désespérant. Quand j'ai compris que
toutes les nouvelles étaient du même tonneau, j'ai arrêté
pour cause d'overdose.
La Dorothy Parker
de Prince n'a rien à voir avec l'écrivaine. La sienne elle
est serveuse, et un peu plus fofolle.
Je l'ouvre un quart pour la découverte de cette Dorothy que je
ne connaissais pas.
Nathalie(avis
transmis)
Jai lu mais je suis charrette pour rédiger ma contribution !
Jouvre aux ¾ ! Très très
méchante mais jouissive ! Un peu dépassé ! Mais le
plaisir est là : on se demande à quel endroit le javelot
empoisonné va porter sa plaie !!!
Claire
Pourquoi "dépassé", Nathalie (qui n'a plus que
des points d'exclamation pour évoquer Dorothy Parker) ?
Nathalie
Parce que les situations semblent parfois très décalées
de nos vies actives contemporaines (par exemple la femme qui attend son
mari de retour de permission et qui a anticipé en achetant une
nuisette).
Claire
Jai quantité de situations analogues dans le
livre que je lis...
Etienne
C'est avec délectation qu'on lit ses petites nouvelles très
(trop ?) sarcastiques qui n'ont pas pris une ride tant les dynamiques
qui régissent nos rapports humains au sens large (le couple n'est
pas le seul, et loin de là, à être égratigné)
semblent immuables. Certes il y a plus d'égalité homme/femme
et la société est probablement moins patriarcale que celle
des États-Unis des années 20, mais j'ai l'impression que
le propos de Dorothy Parker dépasse ça. Je suis persuadé
qu'elle pourrait trouver exactement les mêmes types de dialogues
dans autant de situations. À ce titre, elle a vraiment un esprit
journalistique ou humoristique, c'est-à-dire celui d'observateur.
Les dialogues sont faussement banals et millimétrés, et
le format des nouvelles est parfaitement adapté : on prend
une petite dose de cruauté et ça repart. Je pense qu'un
roman intégral sur ce rythme se serait essoufflé (encore
qu'il existe bien Belle
du Seigneur
)
Il est question de nos mesquineries, de nos égoïsmes, nos
hypocrisies, bref de la facette que l'on n'est pas vraiment fier de montrer.
Dans l'esprit, elle me fait penser aux personnages de Riad
Satouff ou d'Albert Cohen donc : jamais franchement méchants,
mais vraiment tous montrés sous l'angle de leur médiocrité
la plus profonde.
Ma nouvelle préférée fut "Vêtir ceux qui
sont nus" parce qu'on entrevoit un peu de lumière (l'amour
inconditionnel de Big Lannie pour Raymond) et que les sujets abordés
(la pauvreté, le racisme, le handicap) sont un peu moins "frivoles"
que celui de la discussion plate et atterrante d'un couple qui vient de
se marier. C'est probablement là que Dorothy Parker prend plus
d'ampleur et dépasse son costume d'ancienne journaliste de Vogue.
Je l'ouvre à moitié.
Monique L
L'absence de communication est le thème principal de ces nouvelles,
soit parce qu'on a rien à se dire, soit que l'on attribue un sens
désagréable à toute parole de l'autre ou soit encore
que l'on n'écoute pas l'autre, persuadé que l'on a raison.
Ce qui est étonnant, c'est que chacune de ces nouvelles - bien
que le sujet soit pour ainsi dire identique - est intéressante.
Elles sont plus variées que je ne l'imaginais. Toutes sont originales,
étonnantes, poignantes.
La première nouvelle, "Quel dommage !", est celle
qui m'a sans doute le plus touchée. L'absence d'échanges
dans le couple est telle que chacun s'accommode d'un environnement qui
lui déplaît, car il pense que cela plaît à l'autre.
C'est cruel, ironique et cela m'a réellement interpellée.
La nouvelle "Le coup de téléphone" qui se résume
en un monologue est désopilante et également très
réussie. La nouvelle "Les bonnes amies" où la
bonne amie qui rend visite à son amie malade et dépressive
et ne lui laisse jamais la parole est tragi-comique.
L'auteure se montre féroce et impitoyable, mais on sent malgré
tout de la compréhension et de l'humanité.
Toutes ces tranches de vie sont réalistes. Certaines de ces femmes
pénibles, d'autres sont par contre attachantes comme l'ancienne
reine de beauté ("La grande blonde"), et d'autres sont
franchement antipathiques comme celle qui a adopté un enfant ("Le
petit Curtis"). Ce qui est souvent présent c'est l'importance
du paraître.
Ces nouvelles sont bien construites avec énormément de talent.
La plume est toujours acide. L'auteure manie à merveille la dérision
et fait preuve d' un grand sens du rythme. Ce sont de petites merveilles
ni trop courtes, ni trop longues. J'ouvre aux ¾.
Jacqueline
J'ai commencé par lire le recueil Mauvaise
journée demain
dont le titre m'enchantait.
J'ai été assez amusée par cette lecture dont je garde
une impression de facilité un peu vaine, sans doute due au milieu
un peu vide et restreint qui est décrit. J'avais aussi le sentiment
que c'était toujours un peu la même chose même si les
personnages et les situations variaient
En lisant la biographie que Claire nous avait
donnée, j'ai été frappée par la contemporanéité
et le parallèle que l'on pourrait établir avec Hemingway.
J'avais déjà pensé à lui et au style de certaines
de ses nouvelles où les sentiments ne sont montrés
que par les actions des personnages ou au travers de leurs dialogues.
Mais alors qu'Hemingway suscite l'empathie avec ses personnages, il me
semble que la forme et le sujet des nouvelles de Dorothy Parker étaient
tout à fait adéquats au public des revues qui les ont publiées,
un peu comme les chansonniers dont le succès reposaient sur leur
capacité à se moquer des spectateurs venus pour ça
Il me semble, aussi, que ce type de nouvelles ne gagnent pas à
être lues d'une traite, comme je l'ai fait en enchaînant avec
La
vie à deux et Comme
une valse, mais qu'il serait mieux de les déguster
semaine après semaine dans un magazine
Dans le recueil Comme une valse, j'ai apprécié de
trouver des notes, des dates et le titre anglais des nouvelles. J'ai pu
les situer en référence à la biographie qui donne
les titres anglais des recueils.
L'ombre d'Hemingway planait encore pour moi sur "Soldats de la république",
la dernière nouvelle parue de Dorothy Parker. Elle raconte la rencontre,
à une terrasse de Valence je crois, entre la narratrice accompagnée
d'une journaliste nordique et des soldats de la République espagnole
en brève permission
Je ne doute pas des faits rapportés,
mais je n'ai guère ressenti d'empathie, sinon le sentiment d'extériorité
de la narratrice. J'ai été très étonnée,
cependant, de découvrir à cette occasion que la Guerre d'Espagne
avait aussi été une guerre de tranchées ! À
cause de cela, j'ouvrirai à moitié
Danièle
J'ai lu La
vie à deux. C'est une critique de la société
de l'époque qui serait valable en partie encore pour la nôtre,
et c'est une analyse de caractère. Finalement, c'est une sorte
de comédie humaine en plusieurs volets.
Mais quelle noirceur ! Rien n'échappe à la critique
acerbe de Dorothy Parker. Certaines nouvelles m'ont carrément mise
mal à l'aise. D'une part parce qu'elle touche à certains
points faibles que j'ai reconnus en moi ou chez les autres : la jalousie,
les idées noires qui vous bouffent, les difficultés de contact
avec les personnes différentes, par exemple pour moi une personne
défigurée que je côtoie. Elle met le doigt là
où ça fait mal. D'autre part, au contraire, parce que j'ai
du mal à imaginer une telle noirceur chez certains des personnages,
méchants, hypocrites, égoïstes ou radins.
Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai constaté que, contrairement
aux apparences, il y avait une grande diversité de thèmes.
En tout cas, le thème récurrent, la difficulté de
communiquer, en particulier dans la vie à deux, est très
bien représenté par la couverture du livre représentant
un tableau de Hopper :
c'est bien l'atmosphère d'incommunicabilité, avec les souffrances
que cela implique, particulièrement bien rendues dans la première
nouvelle "Quel dommage !" : un couple qui semble parfait
vu de l'extérieur, mais qui s'ennuie et se joue la comédie
depuis de longues années, décide enfin de divorcer. Est-ce
vraiment aussi dommage que le pense leur entourage bien-pensant, demande
allusivement Dorothy Parker...
Le coup de téléphone illustre les affres de l'attente d'un
coup de fil d'une personne qui, elle, a déjà fait sa vie
ailleurs et n'éprouve aucun besoin de communiquer.
Un autre thème traverse les nouvelles : ces gens qui font
croire qu'ils font le bien autour d'eux, alors qu'en fait ils ne pensent
qu'à leur intérêt. On trouve ce thème dans
"Le merveilleux Vieux Monsieur" : M. et Mme Bain s'occupent
du Vieux Monsieur, mais c'est la sur de Mme Bain qui s'arrange pour
avoir tous les sous du Vieux Monsieur à sa mort. De même,
dans "Vêtir ceux qui sont nus", Big Lannie, la maman de
Raymond le petit aveugle, est accablée par toutes sortes de malheurs,
mais, par dignité, n'en parle pas, et perd ses emplois. Ses anciens
employeurs, enfermés dans leurs idées préconçues
vis-à-vis des domestiques, noirs de surcroît, estiment qu'ils
font preuve de trop de générosité en lui accordant
quelques miettes.
La jalousie des femmes délaissées, dans le calme avant la
tempête, ou dans "Les sexes", fait ses ravages, qu'elle
soit justifiée ou non. Dans "Sentimentalité",
le personnage féminin, dont pour une fois on ne connaît pas
le nom, essaie de sauver les apparences, de paraître heureuse alors
qu'elle est défoncée par la tristesse. "Le rouge,
c'est la couleur du deuil, rouge écarlate pour un amour mort !"
Autre thème dans deux nouvelles très différentes :
les personnes qui jugent les autres d'après leur apparence. Dans
"La jument", Mme Wilmaert, au faciès de jument, est victime
de sa laideur. Jamais le couple qui emploie cette infirmière n'essaiera
de la connaître au-delà de cette apparence. Toute communication
est coupée de ce fait. Dans "Arrangement en noir et blanc",
c'est la difficulté pour certains, victimes de leur pensées
racistes, surtout à l'époque de Dorothy Parker, mais encore
maintenant dans certains milieux, de communiquer sans arrière-pensée
avec des gens de couleur.
Finalement, Dorothée Parker divise les personnages en deux catégories :
les dominants : cyniques, profiteurs et égoïstes, catégorie
largement représentée par ses personnages masculins, mais
aussi par ces femmes d'une certaine classe sociale
bourgeoise, décrites dans leur intérieur qui est à
leur image ;
et les dominés : personnages gentils, sentimentaux et naïfs,
largement représentés par des femmes qui se font délaisser
par les hommes.
Dans "Monsieur Durant", ce personnage est l'exemple parfait
d'un égoïsme masculin mais aussi de classe. "Pas le
moindre mot de consolation pour la jeune fille" (enceinte de
lui). Il peut régler ces "ennuis" avec de l'argent.
Dorothy Parker ne semble avoir aucune tendresse pour les personnages qu'elle
critique, ou plutôt qu'elle torpille avec jubilation. Souvent nous
jubilons avec elle, par exemple dans certaines descriptions : "[l'expression
de son visage] ne servait qu'à mettre en évidence l'étrange
ressemblance qui pesait sur elle depuis ses jeunes années: son
visage ne prenait vraiment son sens qu'accompagné de ce regard
d'affection mélancolique qui est particulier à notre frère
le cheval". Ou encore : "Il était large d'épaules
et de torse, mais étroit de partout ailleurs". Tout est
dans la chute, procédé que Dorothy Parker affectionne.
Dernière phrase du recueil : "Venez faire une piqûre
calmante à Madame. Je l'ai trouvée dans un état !",
alors que c'est elle, sa bonne amie présumée, qui l'a mise
dans cet état.
Son style acerbe et concis, qui joue sur les sous-entendus et sur l'humour
noir, ses flèches bien ajustées et la portée de ses
critiques font pour moi l'intérêt de ce recueil que j'ouvre
finalement aux ¾, après avoir été dans un
premier temps gênée par la noirceur de l'ambiance générale.
Brigitte
Je n'ai pas été bonne élève, car je n'ai lu
que les trois nouvelles du petit livre Monsieur
Durant et autres histoires de couple, publié par Sillage,
éditeur près de chez moi.
C'est surtout la première que je retiens, "Monsieur Durant",
que j'ai trouvée magistrale. J'avais écouté une conférence
analysant l'ouvrage d'Alain Cugno La
séduction du diable : réflexions sur la question du mal
et cette nouvelle en est une illustration : M. Durant fait des choses
horribles en refoulant (volontairement?) toute prise de conscience de
ses actes. Jamais il ne laisse émerger le moindre mot critiquable.
Le mal est innommable ! Il y a là une dimension universelle : le
mal dans la vie quotidienne, insidieux, caché, jamais désigné
comme tel. J'ai trouvé ce texte absolument magnifique, d'une économie
d'écriture, d'une justesse, d'une finesse admirables. C'est une
illustration parfaite du fait que la décision de faire le mal (ou
le bien) se joue au plus intime de chacun de nous, à la limite
de l'indicible. J'ouvre aux ¾.
Catherine
J'ai lu La
vie à deux que j'avais déjà lu il y a plus
de 30 ans, mais dont j'avais oublié le contenu et jusqu'à
l'existence, Comme
une valse que j'ai presque fini et une nouvelle de Mauvaise
journée demain.
J'ai tout d'abord bien aimé la plupart des nouvelles sur le couple,
et particulièrement la première : c'est très noir,
cruel mais très bien vu.
C'est bien écrit, bien construit, condensé, avec un vrai
sens des formules. Dorothy Parker crée, en quelques pages, l'atmosphère,
le décor, les personnages, on est dedans. C'est drôle, méchant,
on n'est pas forcément ému.e, mais on est dedans.
C'est une peinture très caustique de la société new-yorkaise
de son époque, mais ça ne se limite pas à ça,
ça reste au fond très actuel. D'autres thèmes sont
abordés, outre le couple : les rapports sociaux, qui sont
parfois très violents, le racisme, l'hypocrisie d'une bourgeoisie
bien pensante. Je suis d'accord avec Danièle : on se dit,
c'est très juste, on se reconnaît, c'est assez universel.
Certaines nouvelles sont horribles ("La jument", "Monsieur
Durand". Les personnages féminins ne sont pas gâtés,
mais les hommes non plus, même s'ils sont assez en arrière-plan.
C'est une vision très noire de la société, on comprend
qu'elle ait pu abuser de l'alcool.
J'ai eu malgré tout un peu un sentiment de répétition,
bien qu'aucune nouvelle ne soit semblable. Comme
une valse aborde d'autres thèmes, la guerre par exemple,
avec des nouvelles comme "La jolie permission". J'ai beaucoup
aimé aussi le premier texte sur l'insomnie du matin ! On imagine
que l'auteur a bien connu ce qu'elle fait vivre à son personnage.
J'ai aussi écouté sur France
Culture les poèmes
Hymnes à la haine : c'est très drôle,
d'un humour décapant.
Dorothy Parker est un personnage hors norme, ça a été
une découverte et un plaisir de lecture. J'ouvre aux ¾.
Rozenn
Ce n'est pas une découverte. Je me souvenais que j'aimais beaucoup.
Mais je ne me souvenais pas des nouvelles, c'est étonnant.
J'aime beaucoup la méchanceté. On se reconnaît. J'ouvre
aux ¾.
Annick L
J'ai adoré ce recueil de nouvelles et j'ai pris grand plaisir à
les lire, voire à les relire. Quelle plume acérée
pour camper ces petites scénettes d'une vie quotidienne assez triviale.
Une vision désenchantée des relations amoureuses, du couple,
de la famille bourgeoise conformiste et arrogante ("Le Petit Curtis",
"Monsieur Durant"), mais aussi des rapports entre maîtres
et domestiques, qu'ils soient noirs ou blancs ("La Jument",
"Vêtir ceux qui sont nus"), du racisme ordinaire ("Arrangement
en noir et blanc"). Une peinture de l'âme humaine et de la
société qui fait fortement écho en nous, au-delà
des détails liés à l'époque.
Lorsqu'elle met en scène, de façon théâtrale
et directe, toutes les impasses de la vie à deux, Dorothy Parker
(qui n'est pas franchement féministe !) n'épargne ni
les femmes (les soumises comme l'ancienne starlette déchue, les
amoureuses délaissées, mais aussi les épouses acariâtres,
la bourgeoise cynique qui a adopté un enfant pour le dresser et
le formater comme un petit animal de compagnie, etc.), ni les hommes (le
plus souvent lâches, menteurs, cyniques et cruels), le plus horrible
étant ce Monsieur Durant qui non seulement se débarrasse
de sa secrétaire-maîtresse d'un jour comme d'un objet encombrant
("voilà une bonne chose de faite"), mais tyrannise
aussi sa femme et ses enfants sans état d'âme. Des personnages
caricaturaux, parfois, mais qui marquent l'esprit.
Et, lorsqu'on commence à se lasser de toutes ces histoires sentimentales
lamentables, on découvre, vers la fin du recueil, quelques nouvelles
qui dénoncent le mépris de classe, les inégalités
sociales et raciales, des sujets plus graves.
Mais le plus remarquable chez cette auteure, c'est la diversité
des formes empruntées : la première nouvelle commence
par un échange entre deux commères sur un couple qui se
sépare, puis l'on plonge de façon abrupte dans la vie de
ce couple : "de quoi pouvaient bien parler les gens mariés
quand ils se retrouvent seuls ensemble". Ennui, difficulté
à communiquer, solitude à deux, c'est saisissant !
Solitude que l'on retrouve dans la deuxième nouvelle sous la forme
d'un monologue désespéré, ou dans un autre, "New-York-Détroit"
sous la forme d'un dialogue de sourds au téléphone
Variété des formes, variété des points de
vue
: cette galerie de portraits s'anime ainsi au fil des pages,
riche de ces personnages, très humains, tantôt ridicules,
tantôt pathétiques, tantôt vraiment détestables.
Un talent que Dorothy Parker a sûrement cultivé comme scénariste,
mais qui supposait chez elle une formidable capacité d'observation
de nos travers humains, de nos conformismes et de nos préjugés.
J'ouvre en grand.
Claire
Je n'avais jamais entendu parler de cette auteure, ne suis apparemment
pas seule, et suis donc ravie que Fanny, encouragée par Rozenn,
nous l'ait fait connaître. Je rage de n'avoir pas vu la
pièce Dorothy que Fanny a vue il y a quelques mois de
et avec Zabou Breitman.
Je ne suis pas portée sur les nouvelles, mais j'apprécie
que nous en lisions (nouvelles iraniennes
l'an dernier, anglaises
à Noël).
J'étais contente de rencontrer la plume de Benoîte Groult,
deux fois préfacière et traductrice (j'ignorais qu'elle
l'ait été, et les remarques ultérieures
sur la traduction auront épargné ma lecture).
C'est l'univers des nouvelles qui m'a sidérée : constant
et sans cesse renouvelé. Atroce et humoristique. Tragique et distanciée.
Des tragi-comédies.
Je me suis procuré les 4 livres de nouvelles disponibles (Comme
une valse, La
vie à deux, Monsieur
Durant et autres histoires de couple, Mauvaise
journée demain) et celui de poésie (Hymnes
à la haine), et ai "presque" tout lu. Je ne m'en
suis pas lassée. C'est un autre plaisir que le roman vraiment.
C'est du théâtre en permanence, avec une très grande
variété de procédés.
Quand on sait son legs à Martin Luther King "Arrangement en
noir et blanc" est un bel exemple de racisme subtil subtilement dénoncé,
parfaitement d'actualité.
La nouvelle "Les sexes" est une magnifique scène de ménage,
d'ailleurs entièrement en dialogue : jouissive !
Quant aux poèmes, ils sont tordants de haine.
Quel sens de la mise en scène et du détail qui tue, quelle
cruauté ! J'ouvre aux ¾.
Laura
J'ai lu trois ouvrages de Dorothy Parker, dans l'ordre chronologique de
ma lecture : Comme
une valse, Hymnes
à la haine, La
vie à deux. Et j'ai complètement adoré ;
si ce n'avait pas été le cas je n'en aurais pas lu autant
Alors, en premier lieu, j'adore le format "nouvelles", c'est
ce qui m'a permis de ne pas être constamment coupée au cours
de ma lecture, en plein milieu d'un chapitre. Et plus encore, ça
m'a permis de me pousser à terminer les nouvelles dès que
je les commençais. Mon aventure dans Parker a bien débuté
dès la toute première nouvelle de Comme une valse :
"Les heures blêmes". Je l'ai lue avant d'aller me coucher,
et j'ai bien ri de cette fille qui se réveille à 4h du matin
sans parvenir à se rendormir, se moquant d'elle-même, et
ruminant ses pensées. Résultat, c'est moi qui me suis réveillée
cette même nuit à 4h, et j'ai bien ri. Je ne pourrai pas
me souvenir de toutes les nouvelles, mais certaines m'ont particulièrement
marquée : je pense notamment à "La foudre narguée",
où j'ai perçu la fin comme un véritable retournement
de situation (diable ! finalement la plus détestable n'est
pas celle que j'imaginais) ; "La grande blonde", qui était
particulièrement atroce, et pourtant je ne lâchais pas le
livre ; "Le petit Curtis", où je me dis que sincèrement,
il y a des gens qui ne devraient pas avoir d'enfants, et qui ne devraient
pas forcer le destin pour en avoir ; "Vêtir ceux qui sont
nus", pour laquelle j'ai versé une larme ; "La jument",
qui m'a a la fois fascinée et repoussée etc. De même,
les articles qui closent Comme une valse sont d'un mordant extrême,
particulièrement "Les bonnes âmes". Bref, voici
un panel de mes préférés.
Donc la seconde raison de mon amour, c'est le style de Parker. Je qualifierais
son style de piquant, direct et juste. En gros, chaque attaque est maîtrisée,
ce qui rend les récits extrêmement vivants. Presque à
chaque fois, j'ai eu la sensation que les personnages prenaient vraiment
vie dans mon esprit.
L'écriture donc, mais aussi les thématiques, et le fait
que le personnage principal soit (presque) toujours une femme, et une
femme de tous les types. C'est fou, comme Parker parvient à construire
un panel aussi large des caractères des femmes de son époque,
qui sont encore valables aujourd'hui à mes yeux. J'ai la sensation
que Parker a tout compris, tout perçu, tout cerné, et qu'elle
décrit chaque comportement avec son lot d'ironie. C'est d'ailleurs
l'ironie qui me semble la plus forte dans ses poèmes.
La seule chose que je regrette peut-être, c'est que l'autrice semble
avoir trouvé son style assez rapidement, mais ne s'en est, du moins
il me semble, jamais échappée : les deux recueils de nouvelles
sont dans le même style d'écriture et de thématiques
(l'amour, l'alcool, l'admiration, la déchéance), et même
si le style poésie est nécessairement différent,
la thématique ne m'étonne pas. Mais cela n'empêche
en rien que ce soit un style que j'adore, avec des thématiques
qui touchent toutes les couches sociales. Grand ouvert.
Denis
Ne sachant rien de Dorothy Parker (même pas regardé le dossier,
faute de temps), j'ai trouvé que la première nouvelle de
La
vie à deux commençait très fort et drôlement
bien. Quelle ironie, quelle habileté dans les descriptions des
petits gestes, de la direction des regards par exemple, des échanges
de paroles maladroites... un régal. Et puis, le phénomène
des anticipations croisées ("je ferai ce que tu veux - ah
non, faisons ce que toi, tu veux, etc.") est très amusant.
Dorothy utilise d'ailleurs plusieurs fois le procédé.
Puis vient la nouvelle "Le coup de téléphone",
très habile dans l'analyse du débat intérieur, mais
absolument pathétique. Cette femme est vraiment trop bête,
non ?
Annick
Elles sont bêtement amoureuses. Et demeure le problème de
la solitude. Plutôt s'accrocher que se retrouver seule.
Denis
Puis c'est "La grande blonde", tellement affligeante que je
n'ai pas pu tout lire (la nouvelle est assez longue). Une nausée
a commencé à me saisir après trois ou quatre nouvelles,
je n'en pouvais plus. J'ai consulté la table des matières
et j'ai choisi les plus courtes.
Laura
Les plus longues sont les mieux.
Denis
Heureusement, "Une soirée formidable" donne dans le burlesque
et vient apporter une touche d'amusement.
Je ne vais pas tout passer en revue. Dorothy Parker a un talent incontestable,
mais quelle noirceur ! Plusieurs de ces nouvelles m'ont évoqué
la série Alfred
Hitchcock Presents, qui met en scène la société
américaine "middle class", mais en ajoutant une touche
de gaîté et chez Hitchcock, il y a une tension, des chutes
brutales, là on reste un peu frustré...
Catherine
Pas assez de morts !
Annick
Un petit coup de poison
Denis
Ou, pour des portraits très fins des dames de la bonne société,
j'ai pensé au film de Mankiewicz A
Letter to Three Wives (Chaînes conjugales, 1949).
Tous ces portraits de femmes vachardes, hypocrites, racistes, imbues d'elles-mêmes
("est-ce que les femmes sont vraiment comme ça ?" me
demandais-je), j'étais très curieux de voir comment ils
seraient reçus dans le groupe : avec indignation ("mais
non, les femmes ne sont pas comme ça", "ce sont des caricatures",
etc.) ? De ce point de vue, j'ai trouvé la discussion passionnante,
quelques personnes estimant que ces portraits pouvaient toucher des points
sensibles. Bien sûr, les mêmes observations et questions s'appliquent
aux hommes dépeints par Dorothy Parker, qui ne valent pas mieux,
mais elles ne me révèlent rien que je ne sache déjà.
(après la séance) Dans
un premier mouvement, j'ai ouvert à moitié, ne supportant
pas tant de noirceur, mais a posteriori, ayant digéré, je
reconnais le très grand talent de l'écrivaine et j'ouvre
aux ¾.
Fanny
J'avais été invitée à la
pièce de Zabou Breitman, un seule-en-scène extra qui
mêlait des nouvelles et la vie de l'auteure et où il était
difficile de voir ce qui relevait de la fiction, comme si les deux univers
étaient parallèles. J'ai eu envie d'en savoir plus et c'est
pour cela que j'ai lu Comme
une valse. J'ai lu pour ce soir en partie La
vie à deux.
Je rejoins le bémol exprimé, quant au fait qu'on ne se rappelle
pas les nouvelles ; mais quand vous les évoquez, tout me revient.
J'en lisais plusieurs à la suite, puis je laissais le livre, ce
qui me donnait envie de continuer et à chaque fois, c'était
le même plaisir. C'est à la fois un portrait d'une société
et celui d'individus dans lesquels je ne me suis pas reconnue
Le style est parfois très descriptif, sans fioriture ; par exemple
Monsieur Durant pense à ce qu'il va trouver chez lui, par ordre
d'importance : son dîner, ses enfants et sa femme
(citation sa mère n'avait jamais su dire non)
Mais les critiques de l'auteure existent sans qu'elles soient explicites
; l'avortement n'est pas nommé non plus.
On est avec le personnage tout le temps, l'auteure nous embarque.
Je suis contente d'avoir entendu la diversité des avis. Car je
me disais : tout le monde va aimer point final...
Séverine(avis
transmis deux semaines plus tard)
Mieux vaut tard que jamais pour Dorothy Parker
j'ai pris mon temps
car pas facile de lire des nouvelles à la queue leu leu.
Alors le nom de Dorothy Parker m'évoquait le monde du cinéma.
Je n'aurais pas pensé qu'elle était écrivaine. Ensuite,
lire des nouvelles est rarement de mon initiative. J'ai un peu de mal
avec les histoires qui ne me tiennent pas en haleine pendant un certain
temps. Et bien, là je revois mon jugement et je le dis sans attendre
: j'ouvre en GRAND Comme
une valse. J'hésite à comparer ces textes à
de petits bijoux finement ciselés ou à d'excellentes friandises !
À chaque fois, je me suis délectée (alors, ça
sera plutôt des friandises) de ces histoires qui pour certaines
auraient pu être vraiment montées sur scène, notamment
en woman show
Les dialogues et les monologues sont savoureux. C'est
à la fois drôle et pathétique, acide, méchant
et plein d'empathie. Même si elle est une pince-sans-rire de premier
ordre, je pense qu'elle doit sacrément les aimer ses personnages
plein d'humanité et, en tout cas, elle sait nous les rendre sympathiques.
Elle maîtrise à la perfection l'art de la nouvelle : tout
y est, l'intrigue, les descriptions
et on ne reste pas sur sa faim.
Je pense que je vais relire régulièrement les nouvelles
de cet ouvrage. Je reste, en revanche, plus partagée sur les quatre
articles proposés en fin de mon édition. Et comme j'ai tellement
aimé Comme une valse, j'ai commandé La
vie à deux (d'ailleurs Comme une valse aurait aussi
pu porter ce titre car il y est tout de même souvent question de
couples
et la valse, c'est un moment de vie à deux )
et Mauvaise
journée demain.
Des
remarques en fin de séance
sur l'échange à propos de nouvelles et la traduction
NOUVELLES : L'échange rapproché sur les nouvelles de Carter puis Parker..., nous a amenés à constater quelques différences. L'approche du récit diffère puisqu'autant de récits que de nouvelles, c'est une des raisons d'ailleurs de la mémoire narrative moins forte : on ne souvient pas d'un coup de toutes les histoires, on se les remémore quand on les évoque. C'est peut-être plus difficile de faire une synthèse de ses propres réactions car elles ont pu différer selon les nouvelles. Remarques à suivre avec d'autres nouvelles à programmer...
TRADUCTION
: "Monsieur Durant" étant une nouvelle marquante, présente
dans deux recueils, traduits à 60 ans de distance, nous lisons
le premier paragraphe et sommes stupéfaits des différences
entre les deux traductions. Reportons-nous au paragraphe anglais :
Traduction
par Benoîte Groult, Denoël,
1960, puis 10/18 Il y avait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti aussi heureux. Il se complut dans ce bien-être avec la sensation de s'allonger entre des draps frais et lisses. Dieu, avec qui M. Durant entretenait des rapports de bon voisinage, régnait de nouveau dans son paradis et chaque chose avait repris sa place dans l'univers. |
||
Traduction
Martial Doré, éd.
Sillage, 2021 Cela faisait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti l'esprit aussi léger. Il s'abandonna à la douce chaleur du calme retrouvé, comme il se serait voluptueusement emmitouflé dans un luxueux manteau neuf. Dieu pour Qui M. Durant éprouvait une bienveillante affection, était en Son paradis, et tout allait de nouveau pour le mieux dans le monde de M. Durant. |
||
Not for some ten days had Mr. Durant known any such ease of mind. He gave himself up to it, wrapped himself, warm and soft, as in a new and an expensive cloak. God, for Whom Mr. Durant entertained a good-humored affection, was in His heaven, and all was again well with Mr. Durant's world. | ||
Il se trouve que tout le début de la nouvelle est analysé par Xavier Lachazette, maître de conférences, dans le cadre de la préparation à lagrégation danglais, qui fait une série de critiques à la traduction de Benoîte Groult et conclut que le jury d'agrégation lui attribuerait une sale note... | ||
Sont appréciés
: - "Il y avait bien dix jours" - "régnait de nouveau dans son paradis et chaque chose avait repris sa place" (mais il manque la fin de la phrase) |
Sont jugés désolants
: - "heureux" pour ease of mind - "s'allonger entre des draps frais et lisses" (transposition lointaine où warm devient "frais" et cloak "draps") - "rapports de bon voisinage" pour good-humored affection - les majuscules attribuées à l'initiale du pronom et du déterminant possessif se référant à Dieu ne sont pas conservées |
|
Il est vrai que la littérature et l'agrégation relèvent de plaisirs différents, mais Benoîte exagère quand même |
Biographie |
Une anecdote ? Dorothy Parker assistait seule à une soirée où elle sennuyait ferme. Dès quune vague connaissance sapprochait delle en demandant "Comment allez-vous ? Que faites-vous ces temps-ci ?", elle répondait : "Je viens de tuer mon mari avec une hache et tout va très bien." Parce quelle disait ces mots avec lintonation réservée aux badinages de salon, ses interlocuteurs souriaient en hochant la tête avant de séloigner, pas le moins du monde décontenancés (raconte Anne Karpf). |
Sa vie est d'un romanesque ! En
voici le début :
- 1893 : quatrième enfant de Jacob Henry Rothschild, riche
tailleur juif, et dElizabeth, protestante dorigine écossaise.
Dorothy grandira à New York, dans le très chic Upper West
Side.
- 1897 : Décès de sa mère
- 1900 : Son père se remarie
- 1903 : Décès de sa belle-mère
- 1908 : Inscrite dans une école privée pour y poursuivre
ses études, elle les arrête rapidement sans avoir obtenu
le moindre diplôme.
- 1912 : Décès de son oncle,
Martin Rothschild, dans le naufrage du Titanic.
- 1913 : Décès de son père,
presque ruiné. Dorothy Parker doit subvenir seule à ses
besoins. Elle devient pianiste pour une école de danse et commence
à écrire.
Lisez la suite détaillée ici
jusqu'à sa mort en
1967 : pourquoi lègue-t-elle lensemble de ses droits dauteur
à Martin Luther King ?...
Et la toute
fin :
- 2020 : L'urne funéraire contenant ses cendres qui avait passé
plusieurs décennies, oubliée, au crématorium, puis
dans un cabinet d'avocats, a rejoint enfin New York qu'elle considérait
comme sa ville natale.
Trois articles
la présentent sous un angle particulier
- "Dorothy Parker retrouvée
à Manhattan", Nathalie Crom, Télérama,
8 juillet 2011 : elle appartenait au "Cercle vicieux", réuni
à l'hôtel Algonquin, qui régnait dans les années
1920 sur la vie intellectuelle et mondaine new-yorkaise.
- "Dorothy Parker, la mort en sursis",
François Forestier, Nouvel Obs, 23 octobre 2014 : un portrait
savoureux et sans pitié de notre héroïne alcoolique,
suicidaire et langue de vipère...
- "Style Parker",
par Claire Devarrieux, Libération, 6 mai 1999.
Voici deux biographies
- L'extravagante
Dorothy Parker de Dominique de Saint-Pern, Grasset, 1994
- Les
traversées de Dorothy Parker de Camille Mancy, éd.
Prisma, 2020, qui nous montrent sa binette entre deux âges :
Et un site
Dorothy Parker
Society, le site officiel de Dorothy Parker depuis 1998, présente
par exemple :
- des interviews, par exemple "L'art
de la fiction", interview par Marion Capon, The Paris Review,
n°13, été 1956
- ses maisons : homes
- les lieux qu'elle fréquenta : haunts
- des tatouages inspirés de Dorothy (!) : tattoos
En vidéo ou audio
- Sur les traces de Dorothy en anglais : Remembering the Legacy of
Dorothy Parker, vidéos : part
I; 6 min et part
II, 4 min.
- Bette Davies
fit une lecture incroyable de Dorothy Parker, The Hollywood Palace : Dramatic
Reader, 5 février 1966, vidéo, 7 min.
- La voix de Dorothy Parker dit ici "Afternoon"
et là "Perfect
rose".
Le club dont elle fit partie...
Dorothy Parker fit partie de "L'Algonquin Round Table", un groupe
d'écrivains et acteurs américains qui se réunissait
dans les années 1920 à l'Hôtel Algonquin à
Manhattan :
- un documentaire américain retrace l'histoire de ce groupe : The
Ten-Year Lunch d'Aviva Slesin, récompensé par un Oscar
en 1987 (en ligne
ici).
- Mrs Parker et le Cercle vicieux, film de Alan Rudolph, sorti
en 1994, en sélection officielle au festival de Cannes, présente
la vie de Dorothy Parker dans le New York des années 1920 dans
le cercle littéraire de la table ronde de l'Algonquin : bande
annonce ici.
- Il a aussi inspiré Le
cercle des plumes assassines : une enquête de Dorothy Parker
de J. J. Murphy, éd.
Bakerstreet 2015, puis Folio
policier 2016.
Dorothy Parker scénariste |
Nous avons visionné, avant notre
séance sur les nouvelles, L'Éventail
de Lady Windermere d'Otto Preminger, dont elle a co-signé
le scénario. Un éventail qui a une histoire :
- 1892 : L'Éventail de Lady Windermere (Lady Windermere's
Fan), pièce d'Oscar Wilde ; créée à Paris
en 1909 (texte en
anglais ici, résumé en
français là) : Lady Windermere et son mari, un jeune
couple pépère, sont confrontés à une femme
entre deux âges d'une grande beauté, réputée
amorale...
- 1925 : adaptation par Lubitsch ; on peut voir ce film
muet ici.
- 1949 : adaptation d'Otto Preminger (The Fan).
Quelques repères sur sa carrière
- 1934 : Dorothy Parker épouse
Alan Campbell, acteur et écrivain ; ils emménagent à
Hollywood et travaillent ensemble à des scénarios pour de
grandes sociétés de production, notamment la Paramount.
Elle participe à la création du premier syndicat de scénaristes,
la Screen Writers Guild. Elle travaille essentiellement pour des films
très commerciaux, pour lesquels elle est très bien payée.
- 1937 : On lui confie un scénario qui a déjà été
ravaudé par 16 auteurs différents, qu'elle reprend avec
son mari : c'est A
star is born, avec Janet Gaynor et Fredric March (en
ligne ici en vo) Le film sera nommé pour sept oscars. Il en
obtiendra deux : "Meilleure histoire" et "Images Technicolor".
C'est le triomphe pour le couple Parker.
- 1938 : Elle co-écrit le scénario de Sweetbearts
de W. S. Van Dyke et de deux autres films grand public : The
Cowboy and The Lady de H. C. Potter, et Trade
Winds de Tay Garnett.
- 1941 : Elle travaille sur le scénario de Week-end
for Three, de Irving Reis, et sur les dialogues de The
Little Foxes de William Wyler.
- 1947 : Nouvelle nomination aux Oscars, dans la catégorie du meilleur
scénario, avec le film Smash
Up : The Story of a Woman de Stuart Heisler.
- 1949 : Écriture de son dernier scénario, pour un film
d'Otto Preminger, The Fan, adaptation de la pièce d'Oscar
Wilde L'Éventail de Lady Windermere. Dorothy Parker est
mise sur la liste noire de la Motion Picture Association of America, qui
depuis 1947 refuse d'employer des membres du Parti communiste ou des activistes
de gauche...
Portée au théâtre |
Dorothy Parker inspire en France les
gens de théâtre - et cette liste n'est pas exhaustive...
:
- 1982 : Quelle
belle vie ! Quelle belle mort !, Théâtre 14, mise
en scène Andréas Voutsinas
- 1999 : La
Vie à deux, mise en scène Dominique Lardenois
- 2000 :
Journal d'une new-yorkaise, mise en scène Hélène
Darche, Théâtre de l'Opprimé
- 2004 : Assez
de corde pour se pendre, mise en scène Hélène
Dedryvère, Toulouse
- 2006 : Hôtel
Dorothy Parker, Théâtre de Déchargeurs, puis
théâtre La Bruyère, mise en scène Rachel Salik
- 2008 : Mauvaise
journée demain, mise en scène Alain Prioul
- 2010 : DesAmours,
mise en scène Cassandre Vittu de Kerraoul
- 2013 : Dorothy
Parker, mise en scène Arnaud Selignac, avec Natalia Dontcheva,
Théâtre du Lucernaire. Extrait et
interview ici.
- 2017 : Night
and Day, mise en scène Gaëlle Lebert. Détails
ici.
- 2021 : La
valse, Marie Strehaiano, Théâtre du Passeur au Mans
(trois nouvelles)
- 2021 : Dorothy,
écrit, mis en scène
et interprété par Zabou Breitman, au Théâtre
du Chêne noir à Avignon et au Théâtre de la
Porte Saint-Martin. Beaucoup de presse sur ce spectacle : voir par exemple
dans 28 minutes.
Le dossier
de la pièce. Interview dans La
Terrasse. Extrait ici.
Avec Léa Salamé sur France Inter ici.
Jean-Luc Seigle publié Excusez-moi pour la poussière : le testament joyeux de Dorothy Parker, pièce en huit tableaux, Flammarion, 2016. Pièce jouée en 2013 et 2017.
Autre scène que celle du théâtre, celle de la chanson : en 1987, Prince chante la "Ballad of Dorothy Parker" dans son album Sign O The Times : lhistoire dun flirt avec Dorothy Parker, serveuse rencontrée sur un boulevard... (à écouter en studio ou live).
Ses livres |
UVRES
EN ANGLAIS Pièces de théâtre |
UVRES TRADUITES (7 livres, 6 traducteurs : Benoîte Groult, Michèle Valencia, Martial Doré, Patrick Reumaux, Hélène Fillières) | |
La vie à deux, préface et traduction par Benoîte Groult, publié d'abord sous le titre Comme ils sont (Here We Are), Denoël, 1960 ; réédition sous le titre La Vie à deux, Union générale d'éditions, 1983 ; réédition 10/18, 2011, 256 p. (16 nouvelles) | |
- Quel dommage ! (publié
dans un autre livre) - Le coup de téléphone - La grande blonde - Quelle soirée formidable ! - Le merveilleux Vieux Monsieur - Monsieur Durant (publié dans un autre livre) - Le calme avant la tempête - Le petit Curtis - La vie à deux - Vêtir ceux qui sont nus - New York - Detroit - Les sexes - La jument - Sentimentalité - Arrangement en noir et blanc - Les bonnes amies |
|
Comme
une valse, trad. Michèle Valencia, 10/18, 1992,
288 p. (19 nouvelles et 4 articles) |
|
- Une question de standing |
|
Mauvaise journée demain, trad. Hélène Fillières*, éd. Christian Bourgois, 2010, 192 p. (16 nouvelles) | |
- Quel
joli petit tableau (publié dans un autre
livre) - La jarretière - La chape de compliments - Une journée horrible, demain - Récit de voyage - Retour à la maison - Oh ! Il est charmant - Miss Carrington et Miss Crane - Une femme particulière - Une jeune femme en dentelle verte - Conversation à trois heures du matin - Le berceau de la civilisation - Mais celui à ma droite - Conseils à la petite Peyron - Le dîner de corbeau - Le jeu |
|
Monsieur Durant et autres histoires de couple, trad. Martial Doré, éd. Sillage, 2021, 80 p. (3 nouvelles précédées de repères bio puis bibliographiques) | |
- Monsieur
Durant (publié aussi dans le recueil La
vie à deux) - Quel dommage ! (publié aussi dans le recueil La vie à deux) - Un si joli petit tableau (publié aussi dans le recueil Mauvaise journée demain) |
Par
ailleurs, sont aussi publiés :
De poèmes : Hymnes
à la haine, préface de Benoîte
Groult, trad. Patrick Reumaux, Phébus, coll. Libretto, 2010, 112 p.
Des articles : Articles
et critiques, trad. Hélène
Fillières*, éd. Christian Bourgois, 2002, 294 p.
*L'actrice Hélène Fillières évoque ses traductions de deux livres de Dorothy Parker dans une 'interview : "L'attrape-curs", par Olivier Nicklaus, Les Inrocks, 27 février 2001.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
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à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |