Quatrième de couverture : Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d'autres lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d'une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d'étudiante américaine, des amours qu'elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour finir, l'espoir. Esther est à la fois "patiente"dans l'univers hospitalier et observatrice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l'Amérique des années 1950.
Quatrième de couverture : La comédienne Rachida Brakni évoque avec admiration la relation particulière qui unit Sylvia Plath à l'héroïne de son unique roman. Sélectionnée pour un stage dété
dans un prestigieux magazine, Esther Greenwood sétourdit
dans le New York des années 50. Entre les cocktails, la rédaction
darticles et les robes à la mode, elle est censée
samuser comme jamais. Pourtant, elle est assaillie par des pensées
morbides. Je me rendais bien compte que, cet été, quelque chose ne collait pas en moi. Je ne faisais que me répéter tous ces petits succès que javais joyeusement accumulés à luniversité se réduisaient à néant devant les façades en verre et en marbre lisse et brillant de Madison Avenue. |
Sylvia PLATH
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DOC
autour du livre en bas de page
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Nos
15 cotes d'amour sur le livre
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Pour
la première fois, nous recourons
à une triple formule d'échanges : - certains sont présents en chair et en os - d'autres nous parlent et nous voient par zoom - enfin, nous commençons par lire les avis écrits de ceux qui ne sont ni connectés ni présents. |
Denis
Je randonne en Corse et n'ai pas pu terminer le bouquin, encore moins
écrire un commentaire. J'en suis à la moitié quand
cela commence à se corser...
Danièle
Je ne suis pas libre ce soir. Donc ni sur place ni à distance !
Je lirai vos avis avec curiosité car le livre ne ma pas vraiment
plu, et je ne lai pas fini. La première partie me paraît
futile. Peut-être aurais-je dû persévérer
Je le saurai en vous lisant. Bonne soirée à tous.
Lisa(avis
transmis)
Jai appris lexistence de Sylvia Plath lorsque nous avons lu
Sept
femmes de Lydie Salvayre. Je me souviens davoir alors été
curieuse mais comme impressionnée par cette autrice : je ne
lis que très peu de poésie et de la savoir poétesse
mimpressionnait. Javais "peur" de tomber sur un
roman très poétique. Je ne lavais donc jamais lu.
Jai commencé la lecture presque à reculons et pourtant
au bout de deux pages jétais subjuguée. Jaime
son écriture, ses métaphores et même son humour :
page 14 "je ne pouvais
penser quaux Rosenberg ou comme javais été idiote
dacheter tous ces vêtements inconfortables et chers qui pendaient
comme des poissons morts dans mon placard". Page 87 : "il
possédait ce quaucun américain de ma connaissance
na jamais possédé : de lintuition".
Les descriptions sont criantes de réalisme : lors de ma lecture
jétais totalement immergée dans son univers. Cest
assez dérangeant, presque perturbant mais en même temps je
ne pouvais pas quitter ce livre.
Le vertige intérieur de la narratrice transpire dans chaque épisode
raconté. La dépression est bien racontée.
Je ne lai pas tout à fait fini mais je peux dores et
déjà dire que cest un immense coup de cur grâce
à son style. Je louvre en grand. Et je vais le relire.
Passez une bonne soirée.
Fanny
(avis transmis)
J'ai oublié le livre sur mon bureau en partant hier soir, ce qui
fait qu'il me reste une trentaine de pages. Heureusement je les aurai
lues avant de lire vos avis.
J'ai bien aimé cette lecture et je suis curieuse de découvrir
le dénouement. La quatrième de couverture parle d'espoir
sur la fin, c'est troublant je trouve quand on sait que Sylvia Plath s'est
suicidée après la parution.
J'ai éprouvé tout du long de l'empathie pour cette jeune
fille, tellement en marge, en décalage, en regard de ce qu'elle
perçoit des attentes des autres.
Tout en étant centrée sur la dimension psychologique de
cette jeune fille, je trouve que l'ensemble de roman ne peut pas faire
sens sans cette peinture de la société américaine.
Et justement j'ai apprécié que le portrait qui en est fait
ne soit pas manichéen.
Il aurait été facile de faire une présentation de
la société qui soit uniquement à charge et de dresser
des portraits de personnages antipathiques. Or j'ai trouvé que
ces descriptions et les différents personnages (notamment la mère)
étaient à la fois sans complaisance mais en même temps
humains et attachants (exception faite du fiancé...)
Je trouve que justement la richesse du roman tient dans cette rencontre
entre cette jeune fille et le monde dans lequel elle vit, dans l'entremêlement
des dimensions psychologiques et sociologiques.
J'espère ne pas être déçue par les dernières
pages. J'ouvre en grand. Passez une bonne soirée et à très
bientôt.
Etienne(avis
transmis)
Je n'ai pas eu l'impression, avec La cloche de
détresse, de lire un roman, mais plutôt une sorte de
journal intime romancé. Je me justifie : une écriture
assez fragmentaire, par petit blocs denses où Esther/Sylvia triture
sa perception du réel et nous le retranscrit sans recul. Plutôt
que de flux de pensée, on pourrait parler de flux de morceaux de
réalité qui nous sont envoyés assez brutalement.
La lecture m'a donc demandé une énorme concentration (à
un moment où paradoxalement j'en avais moins : mes vacances) et
je me suis parfois retrouvé dans une sensation presque anesthésiée,
spectateur, où l'impression de ne me plus arriver à lire
me guettait (je relisais 3 ou 4 fois les mêmes passages). J'ai donc
un (tout petit) peu partagé l'expérience d'Esther, si tel
était le souhait de l'auteure, c'est évidemment réussi.
Mes connaissances en psychiatrie sont maintenant lointaines, mais il me
semble que le mal dont est atteint Esther dépasse le syndrome dépressif
classique et je pense qu'un psychiatre en 2021 y verrait un tableau qui
a au moins quelques symptômes du spectre de la schizophrénie
(syndrome paranoïaque dans certains passages, distorsion de la réalité
).
C'est brillamment écrit et bourré d'un humour
féroce (quoique un peu attendu parfois) et j'ai trouvé beaucoup
d'équilibre dans l'ensemble et de finesse dans l'exposition. Sylvia
Plath laisse suffisamment planer le doute sur qui sont véritablement
les protagonistes (la mère, Buddy, Joan, les soignants et surtout
Esther) pour que le roman soit enveloppé de cette espèce
de brume poétique qui recouvre l'ensemble. Je n'y verrai donc pas
un portrait au vitriol de la société américaine des
années 50, ni un roman revendicateur, mais tout simplement une
très belle retranscription poétique de l'expérience
d'un esprit malade qui se débat.
Je suis très heureux de l'avoir lu et le recommanderai : je
l'ouvre à moitié.
Annick
L(avis
transmis)
Une vraie découverte pour moi, que ce roman d'une écrivaine-poète
dont je n'avais jamais entendu parler. J'ai été très
touchée par son récit qui met en scène le personnage
d'Esther Greenwood - alter ego de son auteure, une jeune fille douée
pour la littérature et sûre de son talent, qui tente de faire
reconnaître la singularité de son uvre, à une
époque où la seule place reconnue était celle d'une
épouse, forcément "parfaite", et d'une mère
entièrement dévouée à sa progéniture.
Un livre que je rangerai dans ma bibliothèque personnelle aux côtés
de Virginia Woolf (Une
chambre à soi), Doris Lessing (Le
Carnet d'or) ou Anaïs Nin pour La
cloche de verre). Son
destin tragique (elle s'est suicidée à 31 ans) fait écho
à celui de Virginie Woolf, deux créatrices hyper-sensibles
et fragiles qui ne savaient pas composer avec le réel, ni avec
la société puritaine et conformiste de leur temps. Ce n'est
pas étonnant qu'elle soit devenue une figure iconique des féministes.
Mais je trouve aussi que ce récit est remarquable par le style
et la voix de son auteure, tout à fait singuliers : Sylvia
Plath conserve, tout au long de cette évocation d'une détresse
psychologique et morale profondes qui l'entraîne vers la dépression,
une forme d'ironie et d'autodérision incroyable : par exemple
dans les scènes de tentative de suicide, cherchant un crochet pour
se pendre, tentant de se noyer dans la mer, etc. Ou lorsqu'elle se fait
déflorer. Aucun apitoiement sur soi-même, aucune empathie.
Un regard distancié et caustique que l'on retrouve dans son évocation
de la société qui l'entoure : la mère de famille
nombreuse qui passe sous ses fenêtres, le milieu de la mode à
New-York, le défilé des hommes qui font son initiation amoureuse,
tous si ridicules
des scènes qui font sourire
et qui permettent au lecteur-lectrice de reprendre sa respiration. Le
monde qu'elle côtoie directement est d'ailleurs très féminin :
la relation très conflictuelle avec sa mère, sa mécène,
la rédactrice du magazine, la psychiatre qui va la sauver (momentanément !),
et quelques "amies" (Doreen, Joan). Avec, tout au long, ce point
de vue à la fois idéaliste (la jeunesse) et d'une lucidité
hors d'âge. Quel talent !
Mais le fond est profondément tragique, malgré une fin de
récit ouverte (on ne sait pas si le personnage va pouvoir sortir
de cette spirale autodestructrice). Et j'ai rarement lu, sauf chez des
poètes (Baudelaire, Verlaine qui souffraient aussi d'une forme
de dépression chronique) des pages aussi imagées pour décrire
l'état psychique mortifère du personnage : sentiment
de solitude infinie, de coupure sociale radicale (les murs invisibles),
bouffées d'angoisse asphyxiantes, avec cette lourde cloche qui
se referme sur son esprit (la référence au titre d'Anaïs
Nin est évidente). Des psychanalystes se sont d'ailleurs intéressés
à ce livre pour des raisons cliniques et ont disserté sur
son cas (mort du père dont elle ne s'est jamais remise, etc.).
Peu importent les analyses qui en ont été faites, la part
qui reste au lecteur-lectrice, c'est ce voyage fictionnel bouleversant
au cur d'un drame humain terrible.
Je retiendrai enfin la dénonciation des méthodes employées
à l'époque par les psychiatres pour enfermer et "traiter"
les "malades" qui leur étaient confiés, souvent
par leurs familles. Même si l'une de ces thérapeutes va faire
exception en la considérant comme une personne en souffrance, et
en respectant sa dignité.
J'ouvre en très grand.
Laura(à
l'écran)
À mes yeux, La cloche de détresse est un roman qui
pourrait être découpé entre trois grandes parties.
La première, se déroulant à New-York, remplie de
ses péripéties aussi amusantes que dérangeantes par
leur perversion. La deuxième, ou la déchéance d'Esther
laissée seule, face à elle-même. Enfin la dernière,
ou la tentative de récupérer une presque-suicidée
dans la vie commune (ou plutôt, la détruire, pour mieux la
rejeter de la société). Je ne m'étais absolument
pas renseignée sur le sujet du roman avant la lecture. Je me souvenais
uniquement de bribes de cours de littérature anglaise de l'an dernier,
dans lesquels j'avais étudié un poème de Plath. Alors,
je savais juste que l'autrice s'inspirait grandement de sa vie pour écrire.
Honnêtement, je me demande encore pourquoi. Si moi, petite étudiante,
je me mettais à écrire mes déboires personnels sous
forme de poèmes, et même s'ils étaient de bonne qualité,
j'imagine que tout le monde, ou presque, s'en ficherait totalement. Alors,
je me rends compte que c'est une sorte de mouvement littéraire
qui me dérange : en lisant le roman par exemple, j'aurais préféré
croire que tout était inventé du début à la
fin, ou presque, plutôt que de me dire que Plath a dû vivre
tout cela. Je me sens voyeuriste.
Mis à part ce détail, j'ai sincèrement adoré
le roman. Le style d'écriture est simple et épuré,
sans être pauvre. Ce qui, je trouve, sert énormément
le sujet. Esther n'a pas besoin d'une parole alambiquée, elle me
paraît trop désabusée par la vie pour cela. Désabusée,
et pourtant sans avoir vraiment vécu quoi que ce soit : je pense
à la scène de la tentative de viol qui m'a énormément
marquée. Esther n'est pas tétanisée, elle comprend
ce qui se passe, presque comme si elle l'avait déjà vécu
des centaines de fois, alors que manifestement, c'était la première.
Elle possède une telle froideur face à la vie et ses événements,
comme si elle s'en plaçait en dehors, spectatrice de ses propres
actions, juge de celles des autres. J'ai la sensation qu'Esther possède
un recul fou, et pourtant pas encore assez poussé pour prendre
conscience du ridicule de sa vie et de celle des autres. Chaque scène
semble toujours être justement mise en scène : Doreen
qui est une caricature de la pin up vulgaire avec son Lenny cowboy ou
encore (dans le tragique) le choix de tourner les escarpins vers la mer
avant de tenter de se noyer. J'ai vraiment apprécié la première
partie, pour l'humour surtout, les anecdotes (je pense au caviar, à
l'intoxication alimentaire, au jugement qu'elle porte sur les hommes qu'elle
a pu rencontrer). J'ai pensé à moi, mais c'est passé
vite. Puis, à partir de la deuxième partie plus mélancolique
et dépressive, plus éteinte et plus sourde, j'ai trouvé
un certain confort à la lecture, dans le fait de vivre (ou revivre)
ces émotions. C'était presque comme me glisser sous une
couette bien chaude, et ne pas avoir à en ressortir (heureusement
que ce n'est que métaphorique, je déteste cette sensation
corporelle, mais en la transposant mentalement, c'est tout à fait
réconfortant). Même s'il n'y a rien "d'objectivement"
réconfortant dans ces deux dernières parties. J'ai même
failli m'évanouir plusieurs fois dans le métro en lisant
les tentatives de suicide. Pourtant, cela m'a enveloppée d'une
douceur qui m'a plu, et je ne pourrais pas donner de meilleur argument
pour cela que "je m'y suis retrouvée". Peut-être
est-ce la fameuse image de la littéraire sombre et torturée,
qui sait ?
En bref, j'ai adoré, c'est bien écrit, et rempli de nombreuses
réflexions sur la place des femmes, la place des "fous",
la dépression et l'identité (le changement de nom), etc.
J'ouvre en très grand.
Catherine(à
l'écran)
J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est une découverte, je ne
connaissais pas l'auteure.
J'ai d'abord beaucoup aimé le titre, "la cloche de détresse".
J'ai ensuite aimé le personnage d'Esther, son humour, sa lucidité,
ses talents d'observatrice, notamment dans la première partie.
Cette première partie est très réussie, très
drôle (la scène de l'intoxication alimentaire; la scène
où son copain lui propose de se déshabiller, ce qui lui
évoque un gésier de dindon...).
En même temps, alors que ce séjour à New York, les
défilés, les réceptions, les cadeaux, devraient la
combler, on sent déjà une fêlure ; elle se sent
vide, à côté. À la description de sa vie à
New York, se mêlent des souvenirs d'enfance et de jeunesse, ses
études, ses flirts. J'ai aimé son côté féministe ;
elle refuse de se cantonner dans le rôle d'épouse et de ménagère
qu'on lui propose dans une société américaine encore
très traditionnelle. C'est un personnage très attachant,
brillant et décalé qui ne se sent jamais à sa place.
Les personnages secondaires sont également subtils ; la mère
est difficile à cerner, mais pas manichéenne.
La deuxième partie, c'est l'entrée dans la dépression.
Elle veut écrire mais n'y parvient pas. Ses pulsions de mort deviennent
permanentes et la conduisent vers l'asile et les électrochocs ;
cette partie est poignante et glaçante à la fois ;
on est frappé par la lucidité qu'elle garde jusqu'au bout.
C'est un roman magnifique. Extrêmement bien écrit.
C'est une découverte. J'ouvre en grand.
Monique
L
C'est un livre éprouvant. Il vaut mieux être en forme et
dans une période positive pour le lire ! C'est le récit
d'une dépression sévère et qui pose la question du
sens de la vie.
Esther oscille entre exaltation et désespoir. Elle vit des moments
excitants à New York qu'elle décrit avec beaucoup de justesse
puis s'effondre quand elle rentre chez sa mère.
C'est une jeune fille talentueuse et intelligente qui se sent seule et
cherche son projet de vie. Elle est décalée par rapport
au monde dans lequel elle vit. Elle ne sait pas ce qu'elle veut faire.
Elle se débat avec ses démons et fait preuve d'une lucidité
effrayante.
J'apprécie son humour glacé.
On ressent très rapidement sa profonde angoisse existentielle.
Elle se retrouve dans une prison mentale qui la tétanise. Peu à
peu, l'obsession de la mort s'empare d'elle.
Le ton léger et cynique cache de moins en moins le vertige intérieur.
Ce récit est bien écrit et plein de retenue et de pudeur.
Ce livre m'a bouleversée d'autant plus que j'ai ressenti
de l'empathie pour Esther et comprend ses questionnements et ses désillusions.
J'ai lu des poèmes d'Ariel
traduits par Valérie Rouzeau et une nouvelle de jeunesse : Mary
Ventura et le neuvième voyage que j'ai beaucoup aimée.
J'ouvre le livre en grand.
Renée(à
l'écran)
Comme Laura, je n'aime pas les autobiographies, j'ai l'impression de regarder
par un trou de souris.
Je l'ai lu avec une certaine angoisse pour des raisons personnelles et
en sachant qu'elle s'est suicidée peu de temps après. Il
vaut mieux avoir le moral avant de le lire.
J'ai trouvé l'écriture magnifique, le choix des mots était
parfait.
J'ai revécu les pensées qui me poursuivaient jeune : "pas
du tout envie de suivre le modèle classique d'épouse de
Monsieur Untel, je veux être, moi, Madame Untel".
Et je suis très heureuse d'avoir découvert cette écrivaine.
J'ouvre en entier.
Rozenn(à
l'écran)
C'est pas drôle.
J'ai beaucoup aimé. J'ai commencé ce matin et ai fini ce
soir.
J'ai aimé la distance, la lucidité. Je me suis projetée
comme une bête. Le passage sur la sténo m'a beaucoup plu
(j'ai un diplôme...) J'ai adoré la mère de l'étudiant
en médecine qui tisse un plaid qui
devient paillasson, serpillère. Et le
passage où les Japonais se suicident, elle a l'air d'y croire.
J'ai été saisie par tout ce qui se passe à l'hôpital.
La mère fait ce qu'elle peut (elles dorment dans la même
chambre !). J'ai tout aimé. Tous les problèmes qu'elle
se pose ce sont ceux que je me pose, sur le mariage, sur les enfants :
ça fait se sentir moins seul. J'ouvre en grand !
Françoise
Je suis mitigée, disons que je suis moins dithyrambique. Je n'ai
pas tout à fait terminé. Tout d'abord je pousserai un coup
de gueule sur "la cloche de détresse" : le titre en anglais
c'est "la cloche" et non pas "de détresse".
Et comme à chaque fois, j'ai envie de dire à l'éditeur
"de quoi je me mêle", car du coup je tendais le dos, et
j'ai été agréablement surprise.
Pour ma part j'ai vu deux et non trois parties. À
New York, j'ai adoré l'humour ; elle campe merveilleusement
l'époque ; c'est drôle, c'est bien vu : la "sororité",
l'influence, c'est une Philip Roth en plus rigolo. Avec la deuxième
partie, quand elle rentre chez sa mère, c'est un changement de
ton. Ses remarques sont très pertinentes. L'entourage voit qu'elle
ne va pas bien. Elle est très lucide. Ce n'est pas marqué
par la folie, mais par la lucidité. Quand Sylvia Plath écrit
ce livre, elle n'est pas la jeune fille narratrice
Claire
C'est un roman !
Françoise
C'est un roman. Je suis mitigée quant au style : c'est très
chargé, avec énormément de détails. Au bout
d'un moment, ça alourdit. Raccourci, avec des ellipses, ç'aurait
été plus léger à lire, léger non quant
au récit, mais à l'écriture.
J'ai aimé l'humour ET c'est très émouvant. Elle n'est
pas née au bon moment, quel dommage.
Je ne regrette pas de l'avoir lu. J'ouvre aux ¾, en raison du style
"appuyé".
Nathalie
Je trouve tout d'abord moi aussi que la traduction du titre est plutôt
mal choisie. En effet, la narratrice évoque elle-même la
cloche de verre dans son récit et surtout, le texte exprime plusieurs
fois l'idée qu'elle pourrait être enfermée sous cette
cloche, non seulement par sa dépression, mais par son incompatibilité
au monde. Pour moi, elle est une étoile qui ne correspond pas à
son époque : née au mauvais endroit au mauvais moment. L'entrée
en matière est formidable : la chaise électrique en ouverture
est le pendant des propres électrochocs qu'elle subira à
la fin du récit. L'écriture est formidable, imagée,
travaillée comme de la dentelle. Les images sont fortes : les vêtements
qui pendent comme des poissons morts annoncent également les thèmes
de l'inanité et de la vacuité de toute chose sur terre où
nos vies n'ont pas de sens précis, où nous sommes ballottés
et où nous cahotons comme "un trolleybus engourdi".
Le titre initial en anglais me semble donc mieux correspondre. La narratrice
est en permanence en train d'observer les autres, mais aussi elle-même,
capable de se mettre à distance - "regardez cette fille"
- et de s'assener les conseils inefficaces que l'on pourrait donner à
une personne qui ne va pas bien et qui n'a plus cette alchimie qui nous
pousse à nous lever tous les jours et à accomplir des tâches
souvent vides de sens. De nombreuses métaphores jalonnent également
le texte comme celle de la fenêtre qui ne s'ouvre pas ("je
savais pertinemment que les voitures faisaient du bruit, que les gens
[...] faisaient tous du bruit, que le fleuve aussi faisait du bruit,
mais je ne pouvais rien entendre") : le monde de la nuit
défile sous ses yeux, tout fait du "bruit" mais elle
ne peut rien entendre, de même le silence la déprime son
"propre silence", il y a aussi le couloir de la douleur sans
portes ni fenêtres ("mais dans un recoin secret de son corps
l'attendaient toujours ce couloir noir, sans portes ni fenêtres,
le couloir de la douleur prêt à s'ouvrir de nouveau pour
mieux se refermer sur elle"). La narratrice vit en observatrice
permanente. Elle craint d'être démasquée, peur que
l'on comprenne qu'elle n'est pas celle que tous croient qu'elle est.
Elle projette des rêves qui n'aboutissent pas, imagine que tout
pourrait être différent "j'avais envie d'avoir une
mère comme Jay Lee : alors j'aurais su quoi faire" ou
la fille qu'elle pourrait être si elle visitait l'Europe "que
de changements spectaculaires allaient se produire le jour où elle
franchirait la barrière". Oui, elle a tout (réussite,
succès aux examens), mais rien n'a de sens. J'aime tout dans ce
livre bourré de détails comme celui de la robe de chambre
qui m'a fait tout de suite penser à la série
Aggie
que je dévorais dans mon enfance. J'ai également pensé
au roman
de Carol Oates. Personnellement, j'ai adhéré longtemps
à l'idée que les adolescents ont une prescience du monde
qui nous entoure et des relations complexes qui le régissent ;
ils ont une acuité qui se perd avec les compromis que nous acceptons
de faire. On peut donc imaginer que sa perception du monde est restée
à cette étape et qu'elle est incapable de céder aux
exigences de la vie d'adulte. On peut penser aussi que si elle était
née à notre époque, le personnage aurait eu sa place
en tant que poétesse, aurait été soignée correctement.
En même temps, ce roman n'est pas triste. J'ai beaucoup ri. Souvent.
Et comme nous savons dès le début qu'elle va survivre -
"la semaine dernière, j'ai découpé l'étoile
de mer en plastique de l'étui à lunettes pour
que mon bébé puisse jouer avec" -, on reste
en confiance. Mais quand on apprend la vie de l'auteure, un frisson nous
prend, car il est soudain impossible de séparer auteur et narrateur
et cette sorte d'irruption dans le récit nous bouleverse a posteriori.
J'ouvre en grand.
Brigitte(à
l'écran)
Je suis une rescapée d'il y a 24 ans puisque avec Claire nous sommes
les deux seules à avoir lu La
cloche de détresse qui avait été programmé
alors. Justement ce matin j'ai eu un coup de fil avec Christine
qui a longtemps participé au groupe et à qui j'ai parlé
de notre lecture : eh bien, c'est elle qui l'avait proposé
J'ai vraiment aimé. J'admire cette entrée dans la profonde
dépression. Le mot dépression était alors
utilisé fréquemment. Je suis étonnée qu'elle
ne l'évoque jamais.
J'ai pensé comme Nathalie à Carol
Oates, mais je préfère de beaucoup Sylvia Plath. Elle
analyse avec finesse le monde de la publicité ; j'ai particulièrement
apprécié ce passage où
elle échange avec Hilda sur les Rosenberg : elles emploient les
mêmes mots pour évoquer leur exécution, pour exprimer
des points de vue fondamentalement contraires.
Rentrée chez sa mère, elle plonge dans la maladie. Elle
exprime alors avec une grande subtilité ce qu'elle perçoit
des événements qui se déroulent, en se situant en
permanence à l'extérieur de ce qui lui arrive ; sans
se poser de question sur ce qu'elle vit. Je n'ai pas tout à fait
fini le livre, mais je l'ouvre aux ¾.
Jacqueline
Cet été, j'ai trouvé ce livre dans la belle bibliothèque
dune location de vacances : surprise, je l'ai lu donc assez vite.
Comme javais beaucoup oublié, j'ai voulu le relire, je nai
trouvé à la bibliothèque que les uvres
complètes. Jy ai vu une biographie merveilleuse avec des
photos. Je my suis plongée : elle est très bien
fichue, avec, en regard du texte et pour léclairer, des passages
de son journal ou de lettres à sa mère, des extraits de
La cloche de détresse... Dans cette édition, le titre
est devenu La cloche de verre (titre déjà utilisé
par Anaïs
Nin) et non de détresse. Il me semble que Sous cloche
aurait mieux convenu à ce que j'ai compris du livre. Je navais
peut-être pas très envie de me replonger dans la partie sur
la dépression. Avant de commencer à relire, j'ai lu deux
nouvelles qui mettent aussi en scène des jeunes adolescentes anticonformistes
avec, aussi, des petits détails observés de façon
caustique. Le temps pressant, je suis enfin revenue à La cloche
de verre, jai retrouvé mon plaisir à lévocation
des Rosenberg et j'ai beaucoup aimé la peinture de l'époque
aux États-Unis : j'ai pensé à Salinger qui écrivait
à peu près à la même époque, à
cause du regard décalé et libre de l'adolescence. Même
si, ici, c'est une fille.
Monique
Oui, mais chez Salinger que j'ai aimé, ce n'est pas du tout le
même langage, la même distance, la même élégance.
Jacqueline
Le langage, je ne sais pas et cest loin
mais jen garde
le souvenir de distance et il y a une nouvelle Un
jour rêvé pour le poisson banane qui parle aussi
remarquablement de dépression...
Ce que je trouve intéressant, c'est le travail de l'écrivain
qui, à partir de l'expérience réelle, vécue,
donne romans et nouvelles. Je l'ai lu comme un roman.
Claire
C'est d'ailleurs paru dans la collection
"L'imaginaire"...
Jacqueline
Je ne sais comment louvrir, parce que jai aimé, je
pensais ouvrir au moins aux ¾. Mais j'avais tout oublié,
cest comme si javais eu une certaine réticence à
y revenir et je nai pas réussi à finir avant de venir,
donc j'ouvre à moitié.
Christelle
Je l'ai lu quasiment d'une traite et ne l'ai pas comme d'habitude fini
la veille ou le midi
J'ouvre
en grand !
J'ai beaucoup aimé l'écriture et justement qu'elle fournisse
beaucoup de détails donne envie d'avancer avec cette façon
de décrire, son décalage permanent, par exemple par rapport
à Doreen, on la sent glisser, c'est très bien fait.
Parmi les scènes, la visite au sanatorium, cette non compréhension
avec le pseudo fiancé, m'a marquée. Il y a des passages
sur la dépression moins bien faites, par exemple, concernant le
suicide, je me suis souvenue des questionnements que l'on doit mener en
médecine à propos des scénarios élaborés,
là ce n'est pas très clair.
La construction est bien faite et ce que dit Nathalie de la précision
donnée au début sur le bébé dont je ne
me souvenais pas m'explique pourquoi je ne savais pas comment je savais
qu'elle n'allait pas se suicider...
Claire
J'avais comme Brigitte lu ce livre il y a 24 ans dans
le groupe, où je l'avais aimé. Des émissions
de France cucul d'il y a quelques mois ont ressuscité ce livre
que j'ai donc proposé. J'ai retrouvé dans mon exemplaire
l'avis
transmis sous forme d'une lettre de Françoise Delphy (qui,
entre parenthèses - maintenant que nous nous sommes risqués
à la poésie - est devenue vraiment spécialiste
de la très à la mode et incompréhensible Emily Dickinson,
publiant ses
Poésies complètes (1789 poèmes),
sa Correspondance
(plus de 1000 lettres) et une biographie : Emily
Dickinson poète : dans la poche du kangourou...).
Voilà que j'imite Jacqueline en parlant d'autres livres...
Je ne dirai rien d'original après vous avoir écouté.es.
Je ne me suis pas projetée dans le personnage, mais j'ai
un sentiment d'adhésion : à son regard, sa distance,
son humour ; je me délecte de son humour "glacé",
de son style fait de "fausse naïveté". Elle n'est
jamais dans les clichés ; son humour ravageur est empli de sa liberté.
Sa voix me semble très singulière, son style puissant. Et
je reprends à mon compte ce mot qui a été employé,
décalé : il y a quelque chose de décalé qui
me plaît beaucoup. Je me fiche de l'aspect autobiographique - la
femme c'est autre chose, une autre "histoire" (voir ci-dessous).
J'aurais envie de citer bien des passages, je me contenterai d'une comparaison :
La présence de Jody, Mark et Cal commençait à me taper sur les nerfs, un peu comme un gros morceau de bois qu'on baladerait sur les cordes d'un piano.
LE LIVRE |
The
Bell Jar, 1963, 1ère
édition sous pseudonyme "Victoria
Lucas", ed. Heinemann, Londres
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Création et publication du roman Le roman fut écrit à Londres au cours du printemps 1961 et achevé la même année, durant l'automne qui suivit l'installation de Sylvia Plath et Ted Hughes en août 1961 à Court Green, dans le Devon. C'est le seul roman qui fut publié, mais elle en commença cependant plusieurs, notamment : - la suite de La Cloche de verre, retraçant une histoire d'amour heureuse entre une jeune Américaine en Angleterre et son mari anglais, qu'elle prévoyait d'offrir à Ted Hughes pour son anniversaire au mois d'août 1962, et qu'elle détruisit à l'époque de la crise de leur mariage pendant cet été-là - un autre roman, intitulé Double exposition, racontait l'histoire d'une femme qui découvre l'infidélité de son mari : commencé à la fin de l'automne 1962, il a été retrouvé à la mort de l'auteure, puis perdu ensuite. |
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Publication du roman La Cloche de verre fut publié à Londres, où Sylvia Plath vit séparée de Ted Hughes, au cours du mois de janvier 1963, quelques semaines à peine avant la disparition tragique de son auteure, par l'éditeur anglais Heinemann, qui avait assuré la publication de son premier livre, Le Colosse et autres poèmes. |
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D'abord
publié sous le pseudonyme de Victoria Lucas, La Cloche
de verre paraîtra aux éditions Faber and Faber
sous le vrai nom de Sylvia Plath en 1966, puis sera édité
à nouveau en 1967, avant de connaître régulièrement
plusieurs rééditions dont voici les couvertures de
quelques-unes, dont celle pour le cinquantenaire
de la publication et la dernière de 2019.
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La maison d'édition Faber & Faber, abrégée en Faber, fondée en 1929 à Londres est connue pour publier un nombre important d'ouvrages de poésie et pour avoir compté parmi ses édités plusieurs poètes célèbres : Sylvia Plath en était. Ses différents livres (poésie, correspondance, journal...) sont ICI sur le site de l'éditeur. | |
Ce n'est qu'en 1971 qu'il paraîtra aux États-Unis, aux éditions Harper and Row : la publication fut freinée par Aurélia Plath, la mère de Sylvia, qui n'accepta l'édition américaine du livre qu'en contrepartie de l'autorisation du mari de Sylvia, Ted Hughes, détenteur des droits, de publier des extraits de la correspondance que sa fille avait entretenue avec elle entre 1950 et 1963. Le roman, dès sa parution aux États-Unis, deviendra un best-seller. | |
Le livre est accessible en ligne en anglais ici et en français là. |
SYLVIA PLATH EN QUELQUES DATES |
1932
: née à Boston. Père immigré allemand,
mère aux origines autrichiennes. Père professeur d'allemand
à l'université de Boston et entomologiste spécialisé
dans le domaine des abeilles, mère diplômée en
sténographie qu'elle enseignera lorsqu'elle sera veuve. 1940 : son père meurt quand elle a 8 ans ; sa réaction : "Je ne parlerai plus jamais à Dieu". Un de ses célèbres - et terribles - poèmes s'intitule "Daddy". 1950 : elle entre au Smith College, près de Boston, l'une des plus prestigieuses universités réservées aux femmes aux États-Unis à l'époque. Brillante élève, très précoce en poésie, Sylvia veut très tôt devenir écrivain. Elle écrit des articles pour le magazine Mademoiselle dont elle est invitée, participe aux mondanités de la vie étudiante. Beauté, brio, humour, elle a tout pour elle.... 1953 : dépression qui la mène, après une tentative de suicide, dans une institution psychiatrique. 1955 : diplôme de fin d'études. 1956 : bourse pour l'Angleterre pour étudier à l'université de Cambridge. Elle y fait la connaissance du jeune poète anglais, Ted Hughes, avec qui elle se marie quelques mois plus tard le jour de Bloomsday. De 1957 à 1959 : le couple part vivre aux États-Unis. Elle enseigne dans son ancienne université. Fin 1959, ils retournent à Londres, dans un tout petit appartement 3 Chalcot Square Primrose Hill, London NW1 : |
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Ils
voyagent en France, en Espagne. Avant de s'installer à la campagne, Ted et Sylvia cèdent la location de leur appartement à Primrose Hill au poète canadien David Wevill et à sa femme Assia, avec qui Ted a commencé une liaison secrète. Ils s'installent à Court Green dans le Devon. 1960 : publication en Angleterre de son premier recueil de poèmes, The Colossus. 1960 : premier enfant Frieda (qui publiera le livre de dessins de sa mère). |
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1961
: fausse couche, des poèmes y feront allusion. 1962 : deuxième enfant, Nicholas (souffrant de dépression, il se suicidera par pendaison à son domicile en Alaska, en 2009, à 47 ans). Ted et Sylvia se séparent moins de deux ans après la naissance de leur premier enfant. Ted a une liaison avec l'épouse de l'ami poète David Wevill (Assia se suicidera en 1969, emportant dans la mort leur fille commune). Cette période de colère et de désespoir est très productive dans la vie d'écrivaine de Sylvia Plath. |
Été 1962 : Sylvia avec ses deux enfants |
1962 : Elle retourne s'installer à Londres avec ses enfants. Elle loue un appartement 23 Fitzroy Road, à quelques minutes à pied de Chalcot Square, dans une maison autrefois occupée par le poète irlandais William Butler Yeats, ce qui est pour elle un bon présage. | |
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L'hiver
1962-1963 est l'un des plus rudes du siècle à Londres. 1963 : se suicide à 31 ans dans son appartement à Londres : elle s'allonge dans la cuisine, ouvre le gaz, après avoir pris soin de protéger sa fille et son fils, qui dormaient à l'étage supérieur, en calfeutrant la cuisine. Elle est enterrée au cimetière Saint Thomas Becket dans le Yorkshire (voir sa tombe et la visite filmée émouvante du cimetière, 1 min 30). Ted Hughes devient l'exécuteur testamentaire de l'héritage personnel et littéraire de son épouse. Il supervise la publication de ses manuscrits. 1965 : Ariel est publié. 1982 : le prix Pulitzer de poésie lui est attribué à titre posthume pour Collected Poems, qui a été publié après sa mort ; c'est le cas d'une grande partie de ses textes, dont Ariel qui a eu un grand succès. 1998 : son mari publie Birthday Letters, 35 ans après la disparition de Sylvia Plath : un hommage à la poétesse qui a partagé sa vie pendant sept ans. |
DES LIEUX QUE NOUS CONNAISSONS : Picardie, Paris, Nice... |
20
décembre 1955 : Sylvia quitte Cambridge
pour passer ses vacances de Noël en France, où elle
rêve de se rendre depuis son escale à Cherbroug, et
depuis qu'elle a repris contact avec Richard Sassoon, étudiant
à la Sorbonne. En compagnie de son ancien petit ami, elle
visite Paris.
L'été
1956, elle est seule à Paris dans
un hôtel près de Notre-Dame. Samantha McEwen était
son amie et sa colocataire. En 1961, Sylvia Plath et Ted Hughes passent l'été à Berck, séjour dont elle tirera le long poème "Berck-Plage" dans son recueil Ariel. On peut voir un film ici consacré à Sylvia Plath à Berck, par Marie Bonnard, Arte, 2017,12 min. |
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En 1953 Sylvia
Plath interviewe
Elizabeth Bowen pour Mademoiselle |
En 1956
Sylvia Plath à Paris |
D'autres photos de Sylvia Plath : à voir sur le site du Guardian. |
LES LIVRES DE SYLVIA PLATH |
Nombre des publications datent d'après 1963, et sont donc posthumes.
LES TITRES ANGLAIS
Poésie
(voir ci-dessous des liens pour entendre la voix
de Sylvia Plath lisant certains de ses poèmes)
1960 : The
Colossus
1965 : Ariel 2004
: Ariel
(The Restored Edition)
1968 : Three women
1971 : Crossing
the Water
Winter
Trees
1981 : Collected
Poems
1985 : Selected
Poems
Fiction
1963 : The Bell Jar
1977 : Johnny
Panic and the Bible of Dreams (nouvelles)
Textes autobiographiques
1976 : Letters Home :
correspondence 1950-1963
1982 : Journals
Littérature pour enfants
1976 : The
Bed Book, illustrated by Quentin Blake
1996 : The
It-Doesnt-Matter Suit
2001 : Collected Children's Stories
LES TITRES TRADUITS
Aux éditions Gallimard
- Dimanche
chez les Minton et autres nouvelles
- uvres
: poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux
- Ariel
- Arbres
d'hiver précédé de La Traversée
- Journaux
(1950-1962)
- La
Cloche de détresse
Gallimard Jeunesse
- Le
rêve de Max
- Ça-ne-fait-rien
!
La Table ronde
- Mary
Ventura et le neuvième royaume
- Carnets
intimes
- Le
jour où Mr Prescott est mort
- Dessins
DES LIVRES SUR SYLVIA PLATH |
Dont
certains très personnels
- Sylvie Doizelet, auteure de La
terre des morts est lointaine : Sylvia Plath (Gallimard/L'un et
l'autre, 1996)
- Taïna
Tuhkunen, Sylvia
Plath : une écriture embryonnaire (LHarmattan, 2002)
: une étude de l'écriture de Sylvia Plath
-
Patricia Godi, Sylvia Plath
: mourir pour vivre, biographie (Aden, 2007)
- Gwenaëlle
Aubry, Lazare
mon amour (L'une et l'autre, 2015 ; rééd. de lIconoclaste,
2016)
Deux auteures incluent Sylvia Plath dans
une étude sur quelques autres écrivaines :
- Shoshana
Rappaport-Jaccotet, auteure de Léger
mieux (Le bruit du temps, 2010) : Shoshana Rappaport fait le portrait
de Virginia Woolf, Marina Tsvetaïeva et Sylvia
Plath.
- Lydie Salvayre,
Sept femmes (Perrin, 2013 ; rééd. Points, 2014)
: Lydie Salvayre présente son rapport personnel à Emily
Brontë, Djuna Barnes, Colette, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf,
Ingeborg Bachmann et Sylvia Plath (un livre
lu à Voix au chapitre en
2015).
Des romans autour
du couple de poètes Sylvia et Ted et du mystérieux
destin de Sylvia, morte à 31 ans :
- Kate
Moses, Froidure
(Petit Quai Voltaire, 2004, puis Folio 2006) : l'Américaine recrée
les derniers mois de Sylvia Plath, mêlant les souvenirs de sa vie
avant sa rencontre avec le poète Ted Hughes. Cet hiver 1962 à
Londres est décidément froid, trop froid...
-
Claude Pujade-Renaud, Les
femmes du braconnier (éd. Actes-Sud, 2010) : une biographie
romancée où Ted est un chasseur.
- Oriane
Jeancourt Galignani, Mourir
est un art, comme tout le reste (Albin Michel, 2013) : il s'agit
d'une confession imaginaire de lécrivain.
- Connie
Palmen, Ton histoire
Mon histoire (Actes Sud, 2018) : la romancière néerlandaise
reprend le mythe de lécrivaine en donnant une voix poignante
à son époux et poète, Ted Hughes.
LA TRADUCTION |
Les préfacières des éditions actuelles
sont très différentes, et les préfaces également
:
Denoël
: Rachida Brakni,
née en 1977, comédienne, actrice de cinéma et chanteuse,
metteure en scène, pensionnaire à la Comédie Française
(de 1997 à 2004). LA PRÉFACE =>ICI
insiste sur l'aspect autobiographique du roman.
Imaginaire
Gallimard :
Colette Audry (1906-1990) auteure dramatique, femme de lettres, scénariste
(en particulier du film Olivia
en 1951, dont la réalisatrice est sa sur Jacqueline
Audry...) ; membre du bureau politique du Parti socialiste (1971-1979),
co-fondatrice du Mouvement démocratique féminin au début
des années 60. LA PRÉFACE =>ICI
insiste sur l'écriture.
Quarto
Gallimard : Patricia
Godi,
maîtresse de conférences en poésie américaine,
études des poètes femmes, études féminines
et de genre, à l'Université Clermont Auvergne ; voir sa
considérable bibliographie
sur Sylvia Plath. LA PRÉFACE=>ICI
replace le livre dans l'uvre et le parcours de l'écrivaine
et de la femme.
Adaptation du livre à l'écran
: The
Bell Jar, 1979, de Larry Peerce, avec Marilyn Hassett and Julie
Harris, 1h52 : le film est en
ligne sur youtube mais sans sous-titrages.
Le Dr Jane V. Anderson, psychiatre de Boston, dont Plath
se serait inspirée pour ce personnage dans le roman, a manifesté
son mécontentement par rapport au traitement dont elle faisait
l'objet dans le film, a intenté une action en justice et a été
dédommagée de 150 000 $...
De même, le personnage de Joan, qui fréquente
l'asile en même temps qu'Esther et qui a elle aussi fréquenté
Buddy Willard, se remarque dans le récit par son lesbianisme et
son suicide, alors que la personne réelle dont s'est inspirée
Plath n'était pas lesbienne et n'avait vraisemblablement pas commis
l'irréparable puisqu'elle était en mesure de se manifester
dix ans après l'écriture du roman et vingt après
les événements qui y sont racontés...
Plath se serait inspirée d'un fait divers plutôt
que de la réalité pour mettre en scène la mort du
personnage de Joan. À partir du constat d'une telle déformation
de la réalité, il est difficile de tenir pour acquise la
fiabilité des faits et événements racontés
par Plath dans La cloche de détresse.
Dans le même ordre d'idées, la scène presque cocasse
dans laquelle Buddy Willard demande à Esther si elle a déjà
vu un homme nu avant de se dévêtir se serait produite lors
d'un rendez-vous avec un autre jeune homme que celui dont Plath s'est
inspirée pour le personnage de Buddy (voir le mémoire universitaire
L'expression de
la révolte chez Sylvia Plath dans son journal et The
Bell Jar de Jacinthe Boivin-Moffet, Université de Québec).
En 2016, on annonce que l'actrice et mannequin Kirsten
Dunst ferait ses débuts derrière la caméra avec
une adaptation de La Cloche de détresse avec Dakota
Fanning (remarquée dans le blockbuster de science-fiction La
Guerre des mondes de Steven Spielberg) dans le rôle de Esther
Greenwood. Tout le casting est affiché
ici.
Et finalement, trois ans plus tard, Kirsten Dunst renonce au projet...
Documentaire américain sur Sylvia PLATH, Portrait : Mourir est un art de Lawrence Pitkethly, 1988, 55 min : le film sous-titré est en ligne sur youtube
Biopic britannique : Sylvia
par Christine Jeffs, 2003 : bande
annonce ici.
Frieda Hughes, la fille de Sylvia et Ted, a accusé les réalisateurs
du film de tirer profit de la mort de sa mère.
Interviews
- Interview
de Sylvia Plath et Ted Hughes (en 1961, 20 min, non traduit)
-
Interview
de Sylvia Plath (en 1962, 14 min, non traduit)
Poèmes :
dits par Sylvia Plath elle-même : "Daddy"
(en 1962, avec sous-titres en français, 3 min 35),
"Tulips" (4 min 35, le poème en anglais à
lire ici), "A
Birthday Present" (4 min, avec le texte écrit en anglais),
"Mushrooms"
(en 1959, avec sous-titres en français, 1 min 15, le dessin en
illustration est de la main de Sylvia Plath, ce sont les toits devant
la fenêtre de sa chambre d'hôtel, à Paris, où
elle séjourne en 1956)
Quatre poèmes
extraits d'Ariel
(Gallimard), dits
en français par Lilian Rochat (3 min 46) : "Moutons dans
la brume", "La lune et le cyprès", "Extrémité",
"Les mots"
Pages
arrachées à Sylvia Plath,
France Culture, du 22 au 26 mars 2013, 5 émissions de 25 min,
textes de Sylvia Plath lus par des acteurs.rices :
- 1/5 : La
vie en sonnets et sextines
- 2/5 : Lady
Lazarus
- 3/5 : Lettre
damour
- 4/5 : Ariel
- 5/5 : Ted
Hughes
Témoignage
des derniers jours
- The
Last Days of Sylvia Plath, Witness History, BBC (11 février
2013, 10 min, non traduit)
Série "Sylvia Plath et
le paradis perdu", La Compagnie
des uvres, France Culture, par Matthieu Garrigou-Lagrange,
du 8 au 11 mars 2021, 4 émissions d'une heure, très complètes.
- 1/4 : Une
vie bousillée, avec Patricia Godi, maîtresse de conférences-HDR,
autrice de Sylvia
Plath : mourir pour vivre (Aden, 2007) et responsable de lédition
de ses uvres
dans la collection Quarto de Gallimard (2011). "Dame Lazare"
: c'est ainsi que la poétesse, romancière et essayiste américaine
Sylvia Plath se baptise dans son recueil inachevé Ariel.
L'émission retrace lexistence de cet esprit brillant, précocement
consumé, fondu "en un seul cri".
- 2/4 :
L'indomptable fureur d'écrire, avec Gwenaëlle Aubry auteure
de
Lazare mon amour, reparu en 2016 aux éditions de lIconoclaste,
et Shoshana Rappaport-Jaccotet, auteure de Léger
mieux (Le bruit du temps, 2010). Lorsque Sylvia Plath se donne
la mort le 11 février 1963, La cloche de détresse,
son premier roman, a paru un mois plus tôt. Elle le laisse dans
son sillage, ainsi quun recueil de poésie publié en
1960, "Le Colosse". Son brillant destin littéraire lattend
par-delà la mort.
- 3/4 :
Le livre à venir de Sylvia Plath, avec Taïna Tuhkunen,
professeure de littérature et cinéma nord-américains
à lUniversité dAngers et autrice de Sylvia
Plath : une écriture embryonnaire (LHarmattan, 2002).
L'émission interroge la question du biographique chez Sylvia Plath,
mais également sa conception de lécriture féminine
à la lumière de celle dHélène Cixous,
ainsi que les liens entre sa littérature et le mouvement du Pop-Art.
- 4/4 :
Sylvia et Ted, un cercle magique, avec Sylvie Doizelet, auteure de
La
terre des morts est lointaine : Sylvia Plath (Gallimard/L'un et
l'autre, 1996). Quelle fut la nature de la relation amoureuse et littéraire
des époux Sylvia Plath et Ted Hughes ? Que dire du rapport de Plath
au divin, à la maternité ? L'émission explore ces
questions dans un quatrième et dernier épisode dédié
à lautrice dAriel.
Retour sur l'uvre de la poétesse
et écrivain Sylvia Plath,
La Grande Table, par Caroline Broué, France Culture, 27
octobre 2011, 30
min à partir de la 54e min
Autour de la publication de ses uvres dans la collection
QUARTO, éditions Gallimard, avec Patricia Godi qui a dirigé
louvrage, Valérie Rouzeau traductrice de Sylvia Plath, Claude
Pujade-Renaud nouvelliste et romancière, auteure dune biographie
romancée de Sylvia Plath Les
femmes du braconnier (éd. Actes-Sud, 2010).
Sylvia Plath par Valérie Rouzeau, traductrice de Ariel (Gallimard, 2009), Ça rime à quoi, France Culture, par Sophie Nauleau, 31 octobre 2009, 35 min. Émission intéressante.
Du Jour au lendemain, par Alain Veinstein, France Culture, 15 janvier 2008, avec Patricia Godi, pour sa biographie Sylvia Plath : mourir pour vivre (Aden, 2007), 27 min. Émission lente...
La consultation des titres d'articles sur plus de 20 ans donne une idée de l'image de Sylvia Plath et de son uvre.
- Les
douloureuses lucidités de Sylvia Plath, Michael Peppiatt, Le
Monde, 13 octobre 1972
- Le destin
de Sylvia Plath, Olivier Kaeppelin, Les Nouvelles littéraires,
1er janvier 1985
- Place
à Sylvia Plath, Eric Loret, Libération, 27 septembre
1990
- Panique
Plath, Claire Devarrieux, Libération, 30 septembre 1990
- Plath
perdue, Anne Diatkine, Libération, 7 novembre 1991
- Sylvia
Plath, la Bostonienne, Le Monde, 13 décembre 1991
- L'écrit
de détresse, Jean-Luc Douin, Télérama,
22 janvier 1992
- Sylvia
Plath, la création pour refuge, Geneviève Brisac, Le
Monde, 10 mai 1996
- Sylvia
Plath délivrée du néant, Jean-Luc Douin, Le
Monde, 7 février 1997
- Plath
and love, Libération, 29 janvier 1998
- Une "love
story" très controversée : Ted Hughes et Sylvia Plath
: le couple maudit, Le Figaro, 16 février 1998
- Sylvia
Plath : poète, féministe et victime, Manuel Carcassonne,
Le Figaro, 28 octobre 1999
- La
force singulière de Sylvia Plath, Florence Noiville, Le
Monde, 5 novembre 1999
- Chère
Sylvia, Tiphaine Samoyault, Les Inrocks, 12 juin 2002
- Sylvia
Plath : A Fragmentary Girl, Gérard de Cortanze, dossier du
Magazine littéraire, 1er juillet 2002
- Sylvia
Plath, un galop infatigable, Frédérique Fanchette, Libération,
25 avril 2003
- La légende de Sylvia et Ted,
Jean-Luc Douin,
Le Monde, 23 juin 2006
- L'écrivaine Sylvia Plath le
tour d'une uvre, Nathalie Crom, Télérama,
28 septembre 2011
- Place
à Sylvia Plath : la suicidée de la société
américaine en romans, journaux et poèmes, Eric Loret,
Libération, 8 décembre 2011
- L'icône
: Sylvia Plath, poète disparue, Béline
Dolat, Le Monde, 22 juin 2012
- Par Françoise Neau (approche psy) : Sylvia
Plath et l'urgence d'écrire, Libres cahiers pour la psychanalyse,
n° 30, 2014 et "Vivre
et écrire" dans les Journaux de Sylvia Plath, Le Coq-héron,
n° 219, 2014
-
Sylvia Plath, un trou dans le père : longtemps, je me suis
tué de bonne heure, Yann Diener, Charlie Hebdo, 5 août
2020.
-
Sylvia
Plath : chronique dune stigmatisée, Gil Pressnitzer,
un dossier du site Esprits nomades
- La
cloche de détresse de Sylvia Plath, Gregory Mion, site
Stalker de Juan
Asensio, 20 février 2021.
LES DESSINS DE SYLVIA PLATH |
La fille Frieda Hughes a publié un recueil des encres de sa mère dans un très bel ouvrage Dessins, éd. de la Table ronde, 2016 : ces dessins sont réalisés à la plume lors de voyages en France, en Espagne, aux États-Unis sur une période de deux ans (1955-1957).
Dans sa correspondance et son journal, Plath parle régulièrement de ses uvres picturales. | |
Elle peint et dessine
dès son enfance. Voici son autoportrait à 11 ans, en
1946 : "A War to End Wars" (Une guerre pour en finir avec
les guerres) |
À Washington, la National Portrait Gallery du Smithsonian a consacré une rétrospective à son uvre picturale intitulée "One Life : Sylvia Plath". Voici un portrait qui y était exposé, elle avait 20 ans : "Triple-Face Portrait", 1950-1951 |
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
||||
à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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