Archipoche,
coll. La bibliothèque des classiques Quatrième
de couverture :
Le chien Capi et le singe Joli-Cur, la brave
mère Barberin et le signor Vitalis à la longue barbe blanche,
Lise la petite muette, Mattia le jeune musicien, sans oublier bien sûr
le courageux Remi, lenfant trouvé
Autant de personnages
si attachants quon ne les oublie plus quand on a fait leur connaissance,
et que les générations successives découvrent avec
le même bonheur. Hector MALOT, Sans famille, Le Livre de poche, 424 p. |
Hector Malot (1830-1907)
|
Voir en bas de page de la doc autour du livre : Adapté à l'écran et à la scène L'histoire de la publication du livre Le parcours d'Hector Malot : sa vie, ses uvres Sur les pas d'Hector Malot |
Nos 12 cotes
d'amour
6 le relurent : Annick, Brigitte, Catherine, Jacqueline, Monique, Rozenn 6 le découvrirent : Christelle, Claire, Fanny, Françoise, Manuel, Sabine Christelle Claire Françoise Jacqueline Rozenn Sabine Annick L Brigitte Catherine Manuel Fanny Monique L C'était la séance de Noël, foie gras, Panettone et compagnie. Le quignon de pain, souvent au menu de Rémi, n'était donc pas à l'ordre du jour. Seules Fanny et Claire avaient apporté un lien avec le livre : Fanny avec les crêpes de Mère Barbarin, Claire du champagne Devaux pour la vache... |
Sabine(avis
transmis)
J'ai connu l'existence de Sans famille quand j'ai donné
naissance à mon premier fils , Rémi , en 1998. L'entourage,
bien sûr, faisait référence à Hector Malot
mais je répondais comme un benêt : "Ben non, c'est plutôt
un prénom musical..."
J'ai donc été ravie de découvrir enfin ce roman d'apprentissage
qui se lit facilement, agréablement, avec quelques frissons. Je
situe l'écriture entre George Sand et Zola. C'est très visuel.
Évidemment, l'emploi de l'imparfait du subjonctif totalement maîtrisé
par cet enfant du ruisseau me semble une vraie faute narrative. Mais sans
doute Claire va-t-elle nous expliquer que les méthodes d'apprentissage
étaient bien plus efficaces sous la IIIe République que
sous la Ve agonisante. Si j'ai aimé ces chemins noirs qui, comme
Tesson, ne passaient pas loin de chez moi, j'ai regretté qu'il
n'y ait aucune mention sur les moyens de transport empruntés (sans
doute le livre aurait doublé de volume), rien sur les évènements
qui secouaient la société. Pour finir, j'aime cet hommage
fait au "Maître", à l'éducateur, au tuteur.
Sitôt la lecture finie, j'ai donné le livre à mon
petit voisin de 11 ans, qui semblait ravi du cadeau !
J'ouvre en grand et vous souhaite une belle séance près
du beau sapin qui brille près de la fenêtre.
P.S. Les romans de Charles Dickens (Olivier
Twist, Les grandes espérances lu dans le groupe)
sont d'un tout autre niveau que celui d'Hector Malot.
Claire
Ôte-moi d'un doute Sabine. Tu as bien vu qu'ils marchent ?...
Sabine
Ils auraient pu monter dans une charrette..., sur un dos d'âne...,
dans une barque...
Jacqueline(avis
transmis)
J'ouvre le livre en grand, j'aime la vivacité de son écriture,
les dialogues, la sobriété de ce qui pourrait être
un mélo...
J'ai eu beaucoup de plaisir à le retrouver aussi bien que dans
le souvenir qu'il m'avait laissé. Je l'avais lu, très jeune,
alors que je venais de retrouver ma famille un peu après la guerre...
Ces souvenirs influencent peut-être mon jugement... mais j'ai été
très contente de le relire et aussi bien de redécouvrir
ce que j'avais oublié que de préciser ce qui dans mon souvenir,
pouvait se mélanger avec le Zola de Germinal ou avec Dickens...
J'ai bien aimé le film mais justement les truculents méchants
m'ont paru donner un autre caractère à la sobriété
du livre...
Catherine
J'ai lu Sans famille dans
mon enfance ; je l'avais beaucoup aimé, il m'avait fait rêver;
j'avais gardé un souvenir assez précis des personnages,
Rémi, Capi, Arthur et Vitalis bien sûr. À peu près
à la même époque, j'avais lu Le
tour de la France par deux enfants, plus scolaire
et moralisateur, et aussi le merveilleux Le
merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède.
Sans famille était clairement mon préféré.
C'était un roman assez novateur à l'époque, qui peut
paraître sans doute daté maintenant à certains. Mais
Hector Malot a un vrai talent de conteur, on est touché par ses
personnages qu'on suit sur les routes ; il y a une tension narrative,
des péripéties dramatiques dès le début lorsque
Rémi est arraché à sa mère adoptive, et tout
au long du roman, les loups, l'arrivée chez Garofoli, la mort de
Vitalis, la mine, l'arrivée dans la famille Driscoll. Ça
n'arrête pas, il y en a même sans doute un peu trop et la
crédibilité n'est pas toujours au rendez-vous... Il y a
aussi des moments plus heureux, une vraie douceur de certains personnages,
mère Barberin, Mattia ; des moments cocasses, la vache par
exemple.
C'est évidemment plein de bons sentiments, le roman exalte le courage,
l'honnêteté, l'amitié, la fidélité...,
mais pourquoi pas après tout, et c'est l'esprit de Noël.
C'est aussi une vraie peinture de la société de la fin du
19e en France, des barrières sociales, de la maltraitance des enfants.
Ça n'est pas si loin que ça de nous et certains passages
me parlent particulièrement, par exemple celui sur Etiennette qui
remplace la mère décédée et ne va plus à
l'école, tient la maison, veille sur toute sa famille alors qu'elle
est encore une enfant. Ça me rappelle tout à fait ce que
me racontait ma grand-mère sur son enfance. J'ai aimé l'écriture
aussi, et même les imparfaits du subjonctif. J'ai aimé aussi
la description des villes de l'époque, Toulouse, Bordeaux, Paris
et sa banlieue.
J'ai eu un débat au sujet de ce livre avec une amie prof de français
qui me disait que c'était un livre ringard, devenu sans intérêt
par rapport à tout ce que la littérature jeunesse actuelle
avait produit. Je ne suis pas d'accord, pour moi c'est un roman que l'on
peut encore faire lire aux enfants en 2024. D'ailleurs j'emmène
mes petits-enfants voir la pièce à la Comédie française.
Quant aux films, j'ai nettement préféré celui
d'Allégret à celui
de 2018, il me paraît beaucoup plus en accord avec
l'atmosphère du roman.
J'ouvre aux ¾.
Claire
Je suis d'accord avec tout ce qu'a dit Catherine, mais moi je ne l'avais
pas lu : j'ai adoré !
Je n'ai aucun souvenir d'enfant. Je l'ai lu comme j'aurais lu Proust ou
Marguerite Yourcenar.
Il y a beaucoup de tensions : un drame/un événement heureux.
On souffre/on respire. De la tension naît le suspense. L'art du
feuilleton y est sans doute pour quelque chose. Mais quel savoir-faire,
quel talent narratif ! Et quel plaisir que ces amitiés fortes et
ces vertus ! J'ai eu beaucoup d'émotions de toutes sortes. Les
gentils sont très gentils et les méchants très méchants,
que c'est agréable !
Les imparfaits du subjonctif passent car c'est le narrateur qui s'exprime
J'ai comparé avec L'enfant
multiple d'Andrée Chedid que nous avions envisagé
de lire et qui m'a paru vraiment pour enfants ou jeunes ados, alors que
Sans famille est peut-être pour les enfants (mon livre d'occasion
indique "Jonathan Cammarata 6e 2"- ça m'a fait drôle)
mais parfaitement pour l'adulte qu'apparemment je suis.
J'ai beaucoup aimé le
film de Marc Allégret que nous avons regardé, ainsi
que la
pièce de la Comédie française.
J'ouvre en grand : quel plaisir, quel plaisir, quel plaisir !
Quant à l'auteur, j'ai aimé découvrir le parcours
extraordinaire qui fut le sien et je n'oublierai pas que la femme de Dreyfus
vint le voir avant même de s'adresser à Zola...
Fanny
Je serai plus
nuancée...
Je n'ai lu que la première partie. Je ne l'avais pas lu non plus.
J'ai vu le dessin
animé quand j'étais enfant (Fanny, Christelle et Manuel
se mettent à chanter...)
J'avais les images en tête en lisant. Je ne me rappelais que de
la marche et des représentations avec le singe, les chiens et Vitalis.
Madame Barbarin je ne m'en souvenais pas, ni des loups, ni de la mort
de Joli-Cur, ni de celle de Vitalis. J'ai été surprise
et très émue par ces passages que j'ai trouvés atroces,
d'autant qu'ils sont extrêmement réalistes.
C'est too much dans le style, c'est daté. Côté procédé,
il y a les leçons de géographie, le côté didactique,
j'ai trouvé le mélange un peu lourd.
Ma mère, voyant que je lisais, ce livre me dit : "je suis
surprise quand vous demande de lire ça"... Je pense que j'aurais
eu plaisir à le lire à mes filles quand elles avaient 7
ou 8 ans, la construction narrative avec la série de péripéties
et de rencontres s'y serait, je pense, bien prêtée.
Bon, j'étais contente de le lire, car il y a un vrai plaisir de
lecture, j'ai terminé la première partie en me réveillant
au milieu de la nuit, signe que je suis malgré tout curieuse de
savoir ce qu'il va arriver à Rémi. Mais c'est long... je
vais essayer de lire la seconde partie dans la version abrégée.
Christelle
J'ai hésité à venir ce soir, ne sachant comment trop
expliquer et justifier mon enthousiasme d'adulte pour un roman pour enfant.
Je ne l'avais jamais lu, mais je me souviens d'avoir regardé le
dessin
animé quand j'étais enfant (je n'ai
pas oublié le générique) et le film à la télé
vers 10-11 ans ; à l'époque, l'accident de la mine m'avait
beaucoup marquée.
J'ai plongé dans la lecture de Sans famille, suivi les péripéties,
pleuré tranquillement dans mon lit en lisant
L'écriture sobre et jolie a ajouté à mon plaisir.
Je reste admirative de constater qu'un livre puisse marquer des lecteurs
de plusieurs générations et ce depuis 150 ans. J'essaierai
de le lire à mon fils de 7 ans.
J'ouvre en grand, sans hésitation.
Brigitte(à
l'écran)
Je n'ai pas relu ce livre pour ce soir ; c'est un livre que je connais
bien, que j'ai lu plusieurs fois depuis mon enfance. Cela me permet d'avoir
à la fois mon point de vue d'enfant et mon avis d'adulte.
Je l'ai toujours lu dans l'édition Hetzel : grand livre rouge,
portant le titre en lettres dorées
Mes souvenirs d'enfant, c'est la recette des crêpes de la mère
Barberin ; la mort de Joli-Cur ; les chiens Dolce et Zerbino, qui
n'hésitent pas à faire des bêtises et Capi, le chien
parfait qui fait la quête dans le chapeau de Vitalis et rapporte
fidèlement la recette à son maître ; et surtout la
scène où Barberin vend Rémi à Vitalis. Pour
moi, il était inconcevable qu'on puisse vendre un enfant. Je n'arrivais
absolument pas à comprendre ce que je lisais.
Plus tard, j'ai lu Sans Famille à mes enfants, par morceaux,
pendant les vacances d'été. J'ai fait la même chose
avec mes petits-enfants. À chaque fois, le livre les a passionnés,
surtout la mort de Joli-Cur, qui provoquait beaucoup d'émotion
; on en reparlait le soir
Donc, selon moi, ce livre a la grande qualité de montrer aux enfants
qu'un livre est un objet qui peut ouvrir sur tant de choses. Ce livre
peut contribuer à donner le goût de la lecture.
En dehors du roman de Rémi, Sans Famille a un objectif pédagogique,
qui a marché sur moi, j'ai découvert le maraîchage
en banlieue parisienne, la vie des mineurs, etc.
Je l'ouvre aux ¾.
Monique L
J'ai pris grand plaisir à relire Sans famille. Une lecture
nostalgique !
La première fois que je l'ai lu, je devais avoir une dizaine d'années.
Ça avait été une lecture bouleversante, pleine d'émotion
et m'avait tellement fait pleurer. J'avais suivi avec passion l'alternance
entre des épisodes dramatiques et des moments de douceur, sinon
de bonheur.
Je ne me souvenais pas d'un si beau texte, aussi soigné. C'est
une superbe (re)découverte. C'est un roman touchant qui explore
les thèmes de la pauvreté, de l'injustice sociale et de
la quête d'identité dans une société en pleine
mutation. C'est un témoignage de la réalité sociale
de l'époque, qui met spécialement en lumière les
conditions de vie difficiles des plus démunis. Hector Malot peint
la société de son temps avec passion et apporte un témoignage
essentiel de la vie en France au XIXe siècle, et de ses difficultés.
C'est une traversée de la France à pied et en bateau, avec
détails et justesse sur les itinéraires parcourus.
Rémi est d'une grande résilience et son histoire
est touchante. Ce récit est un véritable hymne à
la persévérance et à la capacité de se relever
et de garder espoir même dans les moments les plus sombres. Mais
avec l'âge, je suis plus critique sur la vraisemblance du personnage
de Rémi et de tous les malheurs qui l'accablent en si peu de temps.
Ça ne marche plus ! Cela ne sonne pas juste.
Que ce soit chez le jardinier ou dans la mine, les explications techniques
prennent trop de place. Elles sont intéressantes et bien documentées,
mais font trop leçon de choses.
J'ai malgré tout bien apprécié tout le périple
avec Vitalis, homme mystérieux et charismatique qui incarne à
la fois la liberté et la sagesse et qui enseigne à Rémi
non seulement les rudiments de la lecture et de la musique, mais aussi
les valeurs essentielles de la vie. J'ai été touché
par la mère Barberin. J'ai apprécié Magister et l'inondation
de la mine.
En résumé, il y a de bons passages, mais c'est le regroupement
dans un seul et même ouvrage qui me gêne. Hector Malot sait
très bien transmettre les émotions, c'est très (trop)
démonstratif, trop moralisant, trop mélo.
Une belle fresque romanesque sur fond historique. J'ouvre à moitié.
Annick L
Mes parents m'avaient emmenée voir une adaptation
cinématographique en noir et blanc de ce roman. Je l'ai lu ensuite
en édition abrégée. Et j'étais contente de
le retrouver dans ma bibliothèque, en édition illustrée
par les images du
film
de 1958 :
Je l'ai lu aussi à mes filles, mais elles se souviennent plutôt
du dessin animé à la télé. Je ne sais pas
si ça peut plaire encore à nos petits-enfants ? En tout
cas on peut dire que ce roman a su accompagner plusieurs générations.
Quant à moi j'ai pris plaisir à le relire, peut-être,
justement, parce que ça m'a replongée dans le monde de l'enfance...,
le plaisir de la réminiscence.
Hector Malot est un formidable raconteur d'histoire, son récit
est bien construit, avec une alternance entre les épisodes dramatiques
et les moments d'apaisement, de bonheur. Il sait évoquer avec talent
des paysages, des scènes de la vie en société, dans
des milieux sociaux différents. La scène de l'inondation
dans la mine est particulièrement impressionnante - elle fait penser
bien sûr à une scène similaire dans le roman de Zola,
Germinal.
Et surtout il a réussi à camper des personnages très
attachants : Rémi, évidemment, mais aussi Vitalis et
sa petite troupe d'animaux (ah la mort des deux petits chiens tués
par les loups !!), plus quelques figures paternelles, ou maternelles,
qui ont sûrement contribué au succès de cette uvre.
Même si la fonction pédagogique alourdit parfois le rythme
du récit...
Un bémol cependant : j'ai complètement décroché
lorsqu'ils arrivent en Angleterre, toute cette séquence, moins
crédible, aurait pu être éliminée (Hector Malot
était-il moins familier de ce cadre ?). Quant au dénouement
il est totalement improbable, mais ce n'est pas grave car on a envie d'y
croire.
Au final, c'est vraiment un beau roman pour la jeunesse, à partager
en famille.
J'ouvre aux ¾.
Rozenn
Ce n'était pas un plaisir de lecture.
C'était un bonheur ! Du bonheur, de retrouver des moments de lecture
d'autrefois.
J'avais une édition odieuse. Je n'ai pas lu le livre. Je l'ai écouté.
J'ai retrouvé chaque péripétie. C'était magique
! Comme si j'étais autrefois en train de le lire.
Je me demandais ce que cela pouvait faire de le découvrir adulte.
Pour moi c'est un grand livre ! Peu importe que cela paraisse impossible
qu'il trouve sa mère
Il la trouve !
Je me demande à quel moment je pourrais le lire à ma petite
fille.
J'ouvre en grand !
Manuel
Vous avez trouvé l'épisode
de la mine effrayant, pour ma part j'ai été saisi par l'arrivée
à Paris et le placement de Rémi chez Garofoli et l'exploitation
des enfants comme mendiant. La scène de punition physique de Ricardo
sur un autre enfant avec les encouragements sadiques de Garofoli est atroce,
un vrai supplice pour le lecteur "sensible" que je suis
Je me suis demandé comment cela tout cela allait se terminer mais
ouf ! Vitali est arrivé pour retirer Rémi des griffes de
Garofoli.
J'ai eu un vrai plaisir de lecture, faisant une pause d'avec la Recherche
: c'est débordant de narratif ! J'ai eu deux lectures de Sans
Famille : dans l'édition revue par Hector Malot (celle disponible
actuellement en poche) pour la première partie et la version
complète pour la deuxième partie :
où j'ai trouvé réussis des passages de description,
comme celui de La Bièvre : "La
Bièvre, que l'on juge trop souvent par ce qu'elle est devenue industriellement
dans le faubourg Saint-Marcel, et non par ce qu'elle était naturellement
à Verrières ou à Rungis, coule là, ou tout
au moins coulait là au temps dont je parle, sous un épais
couvert de saules et de peupliers, et sur ses bords s'étendent
de vertes prairies qui montent doucement jusqu'à des petits coteaux
couronnés de maisons et de jardins. L'herbe est fraîche et
drue au printemps, les pâquerettes émaillent d'étoiles
blanches son tapis d'émeraude, et dans les saules qui feuillissent,
dans les peupliers dont les bourgeons sont enduits d'une résine
visqueuse, les oiseaux, le merle, la fauvette, le pinson, voltigent en
disant par leurs chants qu'on est encore à la campagne et non déjà
à la ville" ou l'origine de l'hôpital Sainte-Anne
: "la ferme Sainte-Anne,
où de pauvres fous qui cultivent la terre passent à côté
de vous souriant d'un sourire idiot, les membres ballants, la bouche mi-ouverte
montrant un bout de langue, avec une vilaine grimace".
J'ai adoré les descriptions des villes (Bordeaux) : à chaque
étape c'est une surprise.
Le roman est le témoignage d'une une époque en France où
les mines étaient encore exploitées, où les enfants
travaillaient. J'ai apprécié la dimension sociale du récit.
Ainsi, j'étais dans la mine.
Mais ma lecture a perdu de son intérêt à partie du
voyage à Londres qui a un côté "fabriqué"
et j'ai trouvé cette partie trop longue et ratée
Les
rebondissements sont improbables et trop nombreux. C'est dommage.
Enfin je ne pouvais pas parler du dessin animé Sans Famille
dont j'ai revu quelques épisodes sur You Tube. Ah le générique
et sa chanson
"Je
suis sans famille et je m'appelle Rémi" : une vraie madeleine.
Françoise
Je suis une inconditionnelle. J'ouvre en grand.
Je ne l'avais pas lu. Je trouve les descriptions, les mouvements, les
personnages, extraordinaires.
On fait des montagnes russes et qu'est-ce que c'est bien !
À propos de l'épisode de la mine, j'attendais de la part
de l'auteur davantage de critiques concernant le travail des enfants.
J'ai marché à fond.
Il y a une petite baisse de régime avec le passage en Angleterre.
J'ai apprécié la fin. J'aime quand on me met les points
sur les I et qu'on m'explique comment tout s'est passé.
Annick
Pas comme dans Les
yeux du Rigel ?...
Françoise
Ah ça oui !
J'ai une amie spécialiste de la littérature jeunesse qui
m'a dit que En
famille est encore mieux.
Catherine
Ce n'est pas mon avis.
Claire
Pour en revenir au regret de Françoise concernant la mine, Hector
Malot a écrit Le roman de mes romans : voici ce qu'il dit
dans le passage sur la mine - mais je laisse ce qui précède
pour voir quelques échanges avec l'éditeur Hetzel qui lui
a fait commande et qui veut lire ce qu'il a écrit.
[Hector Malot est sûr de lui] : "comptant
que mon sujet me permettrait de naviguer au milieu de dangers que
je ne soupçonnais même pas, sans aller m'échouer
sur quelque écueil inconnu. |
Christelle, Fanny et Manuel chantent à nouveau la chanson du dessin animé, "je m'appelle Rémi"...
Rozenn, Manuel et Claire racontent ensuite leur
équipée à La Bouille où se trouve la maison
natale de Hector Malot, mais qui ne se visite pas, car privée.
Cependant, ils eurent la chance de pouvoir y entrer et d'échanger
avec le propriétaire, descendant d'Hector Malot, général.
Et de voir la bibliothèque de l'écrivain, des livres dédicacés
par ses pairs (Zola par exemple), des lettres (de Jules Verne par exemple),
des journaux de voyage minutieux). Ce fut un moment incroyable...
Le général Jean-Michel Thomas (sa grand-mère avait
pour grand-père Hector Malot), sous le charme duquel la délégation
de Voix au chapitre tomba totalement, pense que plus personne ne
lit Hector Malot. Sauf nous !
Et le village de La Bouille vaut vraiment la visite : la preuve, Hugo,
Flaubert, Maupassant, Maurois, Mac Orlan, Delerm, ont écrit sur
le village.
Rozenn lit un extrait de La
vache tachetée d'Octave Mirbeau, qui se moque du goût
pour La Bouille, lieu de villégiature prisée des Rouennais
et des Parisiens au XIXe siècle :
La Bouille est, sur la Basse-Seine, un petit village, fréquenté des Rouennais et des gens dElbeuf. Il na de particulier que cette faveur qui, on ne sait pourquoi, le désigne à la passion des excursionnistes et villégiaturistes départementaux. Par un phénomène inexpliqué, La Bouille leur procure, paraît-il, lillusion dune plage et le rêve dune mer. De Rouen ou dElbeuf, on assiste à cette folie des familles partant pour La Bouille, les petits avec des haveneaux et des paniers où le mot : "crevettes" est brodé en laine rouge ; les grands coiffés de chapeaux à la Stanley, armés de lorgnettes formidables, et tout pleins de cette religieuse attention que donne la promesse des grands horizons maritimes et des bonnes brises salées. Or, à La Bouille, la Seine nest pas plus large quà Vernon ou au Pont-de-lArche. En revanche, elle y est moins accidentée. Elle coule, lente et coutumière, entre deux berges expressément fluviales, que hantent les gardons et les chevennes, poissons terriens sil en fut. Et cependant, pour peu que vous causiez cinq minutes avec un Rouennais de Rouen ou un Elbeuvien dElbeuf, il vous dira "Comment, vous ne connaissez pas La Bouille ! Mais il faut aller à La Bouille, il faut déjeuner à La Bouille ! La Bouille ! La Bouille !" Quand il a dit : La Bouille ! il a tout dit. Quand il est allé à La Bouille, il a tout fait. |
Pour remplacer le privilège que vous n'eûtes point, regardez cette vidéo qui vous permettra aussi de visiter la Bouille et d'entrer chez Hector Malot avec Stéphane Bern, le général et sa sur, dans Le village préféré des Français, 8 min.
Sans famille évoque au passage La Bouille au chapitre XXI lorsque Rémi et Mattia essaie de retrouver le bateau le Cygne :
Par Bayeux, Caen, Pont-l'Évêque
et Pont-Audemer, nous gagnâmes la Seine à La
Bouille. |
Le
groupe
de Tenerife
Nieves,
outre son avis, donne la note d'ambiance. José Luis, quant à lui, exprimera sa déception... |
Nieves
J'avais quelques images très floues du film
de 1958, mais ce n'est pas cela qui m'a poussé à m'enfoncer
dans la lecture de Sans famille. Au départ, l'écriture
de Malot rendait les personnages crédibles et, en particulier,
très humains. J'ai eu le sentiment d'être tombée sur
des personnages qui me faisaient penser à des personnes réelles,
si éloignées pourtant dans le temps.
Le roman, je l'ai senti aussi comme une grande fresque murale, sur laquelle
se montrent les gens que rencontre le petit Rémi, héros
du roman, au long de son parcours à travers la France. Ces personnages
habitent dans de petits villages où la vie est vraiment dure et
où il est souvent difficile d'avoir à manger tous les jours.
Quelques exemples :
- Mme Barberin, la mère adoptive de Rémi, regrette la perte
de sa vache qui lui donnait de quoi manger, et son mari, blessé
à Paris et ayant dû quitter son travail, veut vendre l'enfant
parce qu'il ne peut plus le nourrir : "Il
n'a pas de quoi vivre ; il est estropié ; il ne peut plus travailler,
et il calcule qu'il ne peut pas se laisser mourir de faim pour te nourrir".
- Vitalis, ancien chanteur d'opéra, devient le tuteur de Rémi
après avoir quitté Chabanon, mais étant au chômage,
il est obligé de jouer le cirque dans les rues, mourant de faim
et de froid.
- Arthus, le jardinier perd les fleurs qui nourrissent ses enfants à
cause d'une tempête de grêle, il doit alors dissoudre sa famille
et aller en prison, faute d'argent pour finir de payer son morceau de
terre.
- De même, les familiers où se réfugient ses enfants,
surtout celui qui travaille dans la mine, mènent une vie épouvantable
(ces chapitres sur la mine de Truyères m'ont particulièrement
saisie
)
Il est vrai que vers la fin du livre, plus précisément à
partir des chapitres de la mine, mon enthousiasme du début s'est
un peu affaibli. Je trouve que les personnages commencent à avoir
moins d'intensité, bien qu'on puisse toujours apprécier
les pénuries des gens humbles de l'époque, maltraités
par quelques tyrans qui les mènent souvent à la mort.
Or, en dehors de ce cadre social d'une époque qui commence à
mettre en marche d'autres moyens de survie, comme l'industrie du charbon,
où les travailleurs n'ont aucun droit, ce récit est un exemple
de bonnes et des mauvaises qualités de l'être humain.
Rémi passe des moments très durs, quelquefois cruels pour
un petit enfant ; pourtant son expérience, sa souffrance,
le rendent courageux et lui apprennent à lutter pour se sortir
de mauvais tours qu'il trouve en permanence dès les premiers chapitres
: "Dans la vie j'avais
un but : être utile et faire plaisir à ceux que j'aimais
et qui m'aimaient."
Les émotions sont bien décrites et on ne peut s'empêcher
de s'émouvoir quand Rémi est heureux et le contraire. Son
ami Mattia est aussi un excellent exemple de sagesse et de lutte pour
la vie. Bref, c'est une lecture qu'on peut conseiller dans ces temps où
c'est souvent la frivolité qui régit les relations humaines.
Cependant, la fin du roman "ils
vécurent heureux à jamais" où
les personnages ont grandi et se rencontrent en paix et en harmonie, me
semble moins intéressante. Peut-être l'auteur, en s'adressant
aux enfants, a voulu garder l'espoir et la confiance dans le cur
humain avec un récit où on trouve tous les thèmes
concernant notre espèce : la vie, la mort, l'amour, l'amitié,
la solidarité, mais aussi la méchanceté.
On pourrait conclure en disant que ce récit ressemble un traité
de pédagogie de la vie.
José Luis
On se croirait, en lisant ce livre, devant un conte ou un roman d'un mauvais
Dickens.
Mauvais, parce que c'est un texte qui manque de style ; Dickens, par l'histoire
racontée, qui fait penser à certains des personnages qui
peuplent les uvres de celui-ci. Il y a même une coïncidence
curieuse : si je me souviens bien, dans un des textes de Dickens, un enfant
disparu d'une famille huppée rencontre finalement parents et foyer,
comme il lui arrive à Rémi, l'un des deux héros de
Sans famille.
Quant au manque de style, on se demande quelles ont été
les leçons que Hector Malot a pu tirer de Stendhal, Balzac ou Flaubert.
Les a-t-il au moins lus ? Mais peut-être qu'il n'a jamais cherché
à avoir un style à lui, sinon, simplement, à se situer
dans la lignée facile d'un réalisme social à la recherche
d'un public dont la seule exigence serait de s'émouvoir des disgrâces
des pauvres.
Puis-je dire que je me suis beaucoup ennuyé en lisant ce livre,
qui n'est peut-être qu'un conte pour adolescents ? Le seul
moment où j'ai trouvé un moment de plaisir, cela a été
à la lecture des chapitres dédiés à la mine
de charbon. Non que j'y aie appris quelque chose, mais parce que, d'abord,
le lieu est très bien décrit, ainsi que les périls
pour la vie des travailleurs y impliqués, et, après, parce
que cette description - qui tranche avec tout le reste du roman -
a dû sans doute être une source de connaissance pour au moins
une partie des lecteurs. Une seule chose cloche, dans tout cela, l'ignorance
dont l'auteur fait montre au sujet de l'insalubrité du métier,
qu'il considère du point de vue de la santé bien supérieure
au travail à l'air libre des paysans : "Le
métier de mineur n'est point insalubre, et à part quelques
maladies causées par la privation de l'air et de la lumière,
qui à la longue appauvrit le sang, le mineur est aussi bien portant
que le paysan qui habite un pays sain ; encore a-t-il sur celui-ci l'avantage
d'être à l'abri des intempéries des saisons, de la
pluie, du froid et de l'excès de chaleur".
Cela se passe de commentaires ! Heureusement qu'il ajoute, en se reprenant
en partie : "Pour lui,
le grand danger se trouve dans les éboulements, les explosions
et les inondations ; puis aussi dans les accidents résultant de
son travail, de son imprudence et de sa maladresse".
Une dernière observation avant de finir : le voyage, à travers
la France de deux enfants, n'est pas sans rappeler, il me semble, le célèbre
livre qui a éduqué des générations de petits
enfants français : Le
tour de la France par deux enfants : devoir et patrie d'Augustine
Fouillée (alias G. Bruno). Naturellement, je ne parle que du point
de vue du parcours à travers villes et paysages qui se retrouvent
dans les deux livres.
AUTOUR
DU LIVRE Adapté à l'écran et à la scène L'histoire de la publication du livre Le parcours d'Hector Malot : sa vie, ses uvres Sur les pas d'Hector Malot |
ADAPTÉ À L'ÉCRAN ET À
LA SCÈNE
Un
film
Nous avons pu
visionner Sans
famille, de Marc Allégret (1934), version patrimoniale
préférée à :
- Sans
famille, film franco-italien d'André Michel (1958) avec
Pierre Brasseur, Bernard Blier (en
ligne en version médiocre)
- Sans
famille, mini-série française en trois épisodes,
de Jacques Ertaud (1981), avec Fabrice Josso et Petula Clark, musique
de Charles Trenet (en
ligne sur le site de l'INA).
- Sans
famille, adaptation télévisée franco-allemande
de Jean-Daniel Verhaeghe (2000), avec Pierre Richard (en
ligne).
- Rémi
sans famille, film français d'Antoine Blossier (2018),
avec Daniel Auteuil, Virginie Ledoyen.
Une
pièce
Nous aurons pu voir au théâtre Sans famille, mise en scène par Léna Bréban à la Comédie française (Vieux Colombier), présentée dans le programme ici.
L'HISTOIRE DE LA PUBLICATION DU LIVRE EN DEUX MOTS
Une
idée d'Hetzel abandonnée grâce à la guerre
avec la Prusse ?
Comme il l'a déjà fait
avec d'autres auteurs (Jules Verne, Daudet...), Hetzel
demande en 1869 à Hector Malot d'écrire un roman pour son
Magasin déducation et de récréation,
revue destinée aux enfants, qui aurait pour titre Les enfants
du Tour de France. Hetzel souhaite que Malot décrive les sites
remarquables de la France, à travers le voyage d'un enfant. Mais
Hector Malot supporte mal les directives de son éditeur.
Les choses traînent. La guerre de 70 survient, suivie par la Commune.
Les Prussiens réquisitionnent la maison du romancier à Fontenay-sous-Bois.
Une partie du manuscrit disparaît.
Hetzel finit par rendre sa liberté à l'auteur concernant
la parution dans sa revue : libéré de ces contraintes éditoriales,
Hector Malot réécrit le roman en 1877-1878. Tous les soirs,
il en fait la lecture à sa fille Lucie (10 ans).
Le livre est publié dans le journal Le
Siècle (de décembre 1877 à avril 1878), puis
chez léditeur Dentu
la même année, et enfin chez Hetzel,
illustré, en 1880.
Couronné par l'Académie
française en 1879, il est rapidement diffusé à
l'étranger où il reçoit un accueil remarquable, en
Europe d'abord, puis dans les pays balkaniques, la Russie, le Japon, et
même la Chine...
Il a connu depuis plus de 80 rééditions jusquà
nos jours, sans compter les récits condensés pour les plus
jeunes (la première publication faisait deux volumes), les adaptations
au cinéma (la dernière date de 2018), à la télévision,
en bande dessinée, en spectacles, etc.
On le trouve gratuitement en ligne, avec de belles
gravures d'Emile Bayard, dans la version d'origine=>ici
avant qu'Hetzel en publie une version allégée par Hector
Malot lui-même : c'est l'édition du Livre
de poche actuellement disponible, à ne pas confondre avec une
édition abrégée pour la jeunesse, par exemple en
Folio
junior.
Et
le projet d'origine de 1869, un tour de France de deux enfants ?
Bon, on quitte un peu Hector Malot, mais on va y revenir...
Précisons que la production de romans scolaires racontant l"arpentage"
dun pays par des enfants n'était pas nouvelle, contribuant
à la consolidation du sentiment national.
G. Bruno a déjà publié en 1869 Francinet : principes
généraux de la morale, de lindustrie, du commerce
et de lagriculture.
La perte de l'Alsace et de la Lorraine en 1871 entraîne, dans les
manuels et les romans, un renouveau du nationalisme et donne l'idée
du suivant proposé à Belin : Le
tour de la France par deux enfants : devoir et patrie publié
en 1877 ; les deux enfants sont lorrains... (Gallica ici,
wikisource ici)
Ce n'est qu'en 1899 que la véritable identité de G. Bruno
qui peut faire croire que l'auteur est masculin sera révélée
: le philosophe Alfred
Fouillée signait pour sa femme Augustine ses contrats chez
Belin. Son pseudonyme serait inspiré du philosophe et écrivain
italien Giordano
Bruno.
Le succès du Tour de la France par deux enfants est considérable
: publié en 1877, le roman s'est vendu en 7,4 millions d'exemplaires
en 1914.
Il a connu de multiples rééditions et adaptations. Ainsi
la nouvelle édition en 1906, suite à la séparation
des Églises et de lÉtat, est expurgée de toute
allusion à la religion catholique : le département des Landes
a ainsi disparu, car saint Vincent de Paul y était évoqué !
L'auteure publiera ensuite Le
Tour de lEurope pendant la guerre en 1916, en pleine Première
Guerre mondiale, une suite du Tour de la France reprenant les mêmes
personnages dAndré et Julien Volden avec leurs descendants.
Il sera encore utilisé dans les années 1950. Il est toujours
en vente, chez l'éditeur d'origine, Belin
; l'ouvrage a été réédité, notamment
lors du centenaire en 1977, puis en 2000 par Belin, en 2006 par France
Loisirs, puis en 2012 aux éditions Tallandier. Au total, cet ouvrage
fait l'objet de 500 éditions.
De nombreuses études lui sont consacrées. Citons :
- Jacques et Mona Ozouf, "Le tour de la France par deux enfants
: le petit livre rouge de la République", Les
lieux de mémoire, tome I : La République, dir. Pierre
Nora, Gallimard, 1984.
- Martine Watrelot, "Aux
sources du Tour de la France par deux enfants",
Revue dhistoire moderne et contemporaine, tome 46, n° 2,
avril-juin 1999.
- Patrick Cabanel, Le
Tour de la Nation par deux enfants : romans scolaires et espaces nationaux
(XIXe XXe siècles), Belin, 2007.
LE PARCOURS D'HECTOR MALOT : SA VIE, SES UVRES
Gallica
: une mine comme d'hab
Pour tout savoir et en images, lisez la magnifique réalisation de Gallica à propos d'Hector Malot, sur le site de la BNF.
Une association très active
Le site de l'association des Amis d'Hector Malot mérite la visite : www.amis-hectormalot.fr
Hector Malot : écrivain
célébré, déclassé, puis oublié
C'est un écrivain reconnu jusqu'en 1880. Par la suite, il accumule
les succès populaires, mais les grands auteurs cessent de s'intéresser
à ses romans, considérant que l'écrivain prometteur
est tombé dans la facilité et néglige l'écriture.
On raille ses romans à rallonge publiés en feuilletons dans
les journaux.
Ses romans pour adultes seront lus jusque dans les années 1930.
Puis, considérés comme démodés, ils sont délaissés
et l'auteur est oublié. Malot avait pourtant autant de lecteurs
que Jules Verne et Alexandre Dumas. Seules ses uvres de la littérature
de jeunesse telles Sans famille traversent le XXe siècle (voir
l'article
de 2022 de Chantal Cormont sur le site du Mouvement Européen Seine-Maritime).
Pourtant
Hector Malot est un républicain progressiste
"Avec
ses amis Jules Vallès, le paria de la Commune, et Jules Simon qui
devient ministre de l'Instruction publique sous la IIIe République,
il se montre sensible au sort des enfants. Il défend des causes
dans la presse et surtout dans ses romans. Son levier est le droit. Il
scénarise des situations difficiles, incarnées par des héros
ou des héroïnes victimes d'injustices, montre les limites
des lois existantes et en suggère parfois de nouvelles."
Il demande :
- une reconnaissance de droits pour les enfants naturels et leurs mères
- le droit à l'identité des enfants abandonnés, plaie
du XIXe siècle.
- le rétablissement du divorce, supprimé en 1816.
Il est profondément révolté par les conditions de
travail des enfants, en particulier dans les arts du spectacle, l'industrie
textile, la mine.
Il dénonce également la loi sur l'internement d'office en
asile psychiatrique et les dysfonctionnements de ces asiles.
Il témoigne de l'antisémitisme qui touche des Alsaciens
(voir sur tous ces sujets dans ses romans des détails
dans l'article
de 2023 de Chantal Cormont).
Sur France Bleu Picardie, Jean-Paul Grumez,
de l'association des Amis d'Hector Malot, donne trois interviews de 3
minutes fort intéressantes dans l'émission Pourquoi ?
Comment ? :
- "En quoi l'écrivain Hector Malot
est-il un novateur ?", notamment dans le domaine éducatif,
23 janvier 2019.
- "Pourquoi à nouveau Hector Malot est-il à l'affiche
au cinéma ?", 13 décembre 2018 (à la sortie
du dernier film) ; il est à regretter qu'il soit cantonné
à la littérature jeunesse, bien qu'ayant lu une soixantaine
de romans, dont 5 seulement peuvent être considérés
pour la jeunesse ; une nouvelle adaptation de Sans famille peut
être l'occasion de le découvrir.
- "Comment les écrits d'Hector Malot ont-ils fait évoluer
la société française", 29 janvier 2019 : écrivain
réaliste, il dénonce les abus, combat pour des droits et
contre des injustices, populaire il fait avancer des idées.
On quitte la littérature pour le tourisme littéraire, c'est vrai !
Dans la région de sa jeunesse
- Arte nous permet de découvrir
ces paysages depuis notre canapé : "Sans
famille en Normandie", Invitation au voyage, 15 min.
- Et ce diaporama
de Jacques Calu de 6 min sur youtube nous permet une visite biographique,
également bien au chaud.
- Stéphane Bern choisit La Bouille pour un épisode de son
émission Le
village préféré des Français, 8 min.
- Des touristes japonais viennent à la Bouille (710 habitants en
2021), motivés entre autres par Sans famille (youtube),
preuve de sa célébrité dans le monde entier !
Une petite visite voire une randonnée
? Cliquez sur les liens pour accéder aux descriptifs sous forme
de dépliants :
- dans le village de Bouille
à 20 km de Rouen : Hector Malot n'a jamais situé de romans
dans son village natal, mais il le cite à plusieurs reprises (dans
Sans famille, Complices, Souvenirs d'un blessé...). On
peut trouver des traces de la présence du romancier dans les ruelles
de La Bouille : buste de Chapu dans le square Malot, maison natale avec
une plaque commémorative, étude notariale de son père,
vitrail qu'il a offert dans l'église... ; la balade est prévue
pour certains d'entre nous dans le village aux ruelles moyenâgeuses,
en bord de Seine
- un circuit de 10 km pour les marcheurs
: de circuit sur les pas d'Hector Malot, qui a résidé de
1835 à 1848 à Bosc-Benard-Commin permet de rejoindre Bourgtheroulde
à Bosc-Bénard et de revenir, avec une dizaine de haltes
permettant des lectures d'extraits de romans d'Hector Malot
- un dépliant renvoie à des panneaux illustrés concernant
Malot et l'agglomération rouennaise
- un circuit plus large englobe,
outre La Bouille, Rouen, Elbeuf, Bonsecours
- sur les pas de
Perrine : le roman En famille se situe dans la vallée
de la Somme et s'inspire des usines Saint Frères de Flixecourt
: le dépliant correspond à un parcours balisé dans
les marais de la Somme.
Tout près de Paris où il vivra une grande partie de sa vie
Le long du bois de Vincennes, Hector Malot s'est installé
en 1864 à Fontenay-sous-Bois, 2 avenue de la Dame-Blanche, où
il a habité pendant plus de quarante ans jusqu'à sa mort
en 1907.
Sa maison a été détruite.
Préoccupé par les questions sociales, il s'est investi dans
la vie politique locale, conseiller municipal de 1876 à 1885. Il
est enterré dans ta commune.
Un parcours de de 1,5 km en 10 points d'intérêt, depuis la
gare du RER A de Fontenay-sous-Bois. Dépliant ici.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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