Extrait du site
Chinese short stories


Quatrième de couverture
 : "Xiao Yanqiu a la beauté froide de Chang'E, l'immortelle et solitaire déesse de la lune. Mais dans son coeur brûlent la passion de son art et le regret d'avoir, à l'orée de sa jeunesse, brisé sa carrière d'actrice d'opéra. Vingt ans après, on lui propose de reprendre le rôle de Chang'E dans le célèbre opéra tiré de la légende. Ce récit fort et émouvant nous plonge dans les coulisses de l'opéra de Pékin et dresse le portrait d'une femme qui cherche à aller au-delà d'elle-même en fusionnant avec l'image que lui tend le miroir de l'art."

 

BI Feiyu
L'Opéra de la lune
(publié en Chine en 2000, traduit en France en 2003)

Nous avons lu ce livre, dans le cadre de notre quatrième Semaine Lecture en Bretagne, le 29 juin 2016.

Les activités que nous avons eues ce jour-là, non sans rapport avec le livre, figurent en bas de cette page.

Des informations sur l'auteur, son œuvre et sur L'Opéra de la lune : ICI (7 p.)
Monique L (avis transmis de Paris)
Le récit fort et émouvant de Bi Feiyu nous plonge dans les coulisses de l'opéra de Pékin. Déjà ce cadre m'a intéressée car je ne sais pas si vous avez un jour assisté à un opéra de Pékin, mais que cela soit pour la musique, la tessiture de la chanteuse, les gongs qui rythment l'histoire, le code des couleurs pour le maquillage, la gestuelle, rien ne nous est familier car tout est très codé. Tout n'est pas explicitement évoqué mais cela a influencé ma lecture.
Ce récit dresse avant tout le portrait d'une femme qui incarne à tel point son rôle qu'elle en perd le sens commun par rapport à sa santé, à sa relation à son mari. Ce qui m'a touchée, c'est que l'on soit dans sa tête, que l'on assiste à sa lutte intérieure et que je la comprenne alors que je suis incapable de concevoir la violence de sa passion artistique. Sa lutte pour tenter de dominer les démons qui la hantent, qu'elle ne peut maîtriser et qui lui font perdre pied, me la rend plus proche, voire plus humaine. Le cadre est bien étudié et décrit. Le directeur est prêt à des compromis tellement il est content d'avoir les moyens de faire vivre son théâtre. Le mécène joue un rôle clé dans la mise en œuvre du projet artistique ce qui a pour conséquence la modification du projet (comme souvent hélas).
C'est un roman court mais fort. L'écriture est fluide et légère et le rythme est haletant. J'ouvre aux ¾.
Danièle (avis transmis de Paris)
Un récit qui prend place dans l'univers de l'opéra chinois : pour un occidental, c'est déjà entrer dans un monde difficile d'accès. C'est donc pour moi une prouesse de nous faire entrer assez facilement dans ce monde et de nous y initier. On entre aussi dans le monde plus universel des légendes, qui nous emporte dans sa poésie et qui nous parle de l'inaccessible perfection, des ressorts psychologiques qui poussent les hommes - ici les femmes - à s'estimer et à se haïr, comme les héros grecs. Ici, le personnage de Xiao Yanqiu m'a émue dans ses contradictions : sa dureté envers elle-même et les autres, mais aussi sa fragilité, sa peur de la vieillesse et la perte qu'elle implique, son choix pragmatique d'épouser Joufflu - choix récusé quand elle retrouve sa personnalité. Le monde dans lequel elle évolue n'est finalement pas sans pitié : des hommes lui font confiance, même si l'argent joue un rôle important dans les relations.
Pour un récit aussi court, la présence des personnages est imposante et le fil de l'histoire court sur la durée d'une vie. C'est un récit émouvant. Au total, j'ouvre le livre aux ¾.
Fanny (avis transmis de Paris)
En vous souhaitant au coucher du soleil que la lumière de la lune accompagne la soirée…
J'ai été d'emblée assez déçue par le style de ce roman. J'ai lu dans un article transmis par Claire que l'auteur lui-même pensait que ce livre n'était pas très bien écrit ; je partage en partie ce point de vue, comme s'il y avait quelque chose d'assez inachevé au niveau de son écriture. Les phrases sont généralement assez brèves, plus explicatives que descriptives. Certes cela est instructif, j'ignorais tout de l'opéra de Pékin avant d'ouvrir ce livre ; la lecture est plaisante mais il manque à mon sens une certaine envolée poétique, d'autant plus que le thème s'y prête particulièrement. Ma déception est probablement liée à mes attentes face à cet ouvrage - attentes portées par le titre et le thème. Je n'ai par ailleurs éprouvé ni ennui ni déplaisir à le lire, mais plutôt un sentiment d'insatisfaction par rapport à un roman qui aurait mérité d'être plus abouti.
Cependant, j'ai été sensible aux passages, plus étoffés à partir du deuxième tiers du livre, au cours desquels il parle de Xiao Yanqiu. J'ai alors été touchée par ce personnage féminin : entre espoir de grandeur et crainte de la décadence, elle retrouve à travers le rapport à son propre corps quelque chose qui fait lien avec Chang'E, qu'elle ne fait pas que représenter mais qu'elle pense véritablement incarner. La fin cependant arrive un peu rapidement dans une description je trouve assez manichéenne, qui oppose l'éclosion du talent de la jeune artiste avec la mort annoncée de son professeur. La fin pourrait être poétique mais je trouve pour ma part la description des gouttes de sang noires sur la neige immaculée trop attendue et assez simpliste.
J'ouvre au quart, mais peut-être assez paradoxalement je lirais volontiers un autre ouvrage de Bi Feiyu car j'ai l'impression qu'il peut écrire des livres à mon sens bien plus riches.
Mireille (avis transmis de Nice)
J'ai lu L'Opéra de la lune dans le train. J'ai beaucoup aimé pénétrer dans les coulisses de l'opéra de Pékin, avec la passion de l'art quand l'orgueil et l'âge s'en mêlent et que la domination de l'argent permet de financer un opéra et de s'offrir l'artiste - rituel incontournable pour Xiao Yanqiu. Impressionnante est la scène où elle se donne malgré sa forte personnalité. Cette grande artiste est en lutte perpétuelle avec elle-même pour retrouver le poids de sa jeunesse, taire sa jalousie à l'égard de son élève, faire face aux besoins du mari... La fin est dramatiquement belle. Après la première (sublime séance de maquillage) et les suites de l'avortement s'aggravant et planant, elle joue quatre soirs de suite : non parce qu'elle ne veut pas être remplacée par son élève mais parce qu'elle est devenue Chang'E, elle seule est Chang'E. Et tandis que Chunlai va enfin pouvoir jouer Chang'E, elle se maquille, sort, chante et danse dans le vent et la neige, des gouttelettes de sang marbrent la neige. Je l'ouvre en grand.
Françoise G
Quand j'ai commencé, j'ai aimé l'écriture facile, l'humour pince-sans-rire. On voit l'hypocrisie et la soumission face à celui qui a l'argent. J'ai lu jusqu'au bout, mais je n'ai pas aimé ce personnage féminin, prête à aller jusqu'au bout, je n'ai aucune sympathie pour elle, je ne parviens pas à m'identifier. J'ouvre au quart pour le premier tiers que j'ai aimé.
Nancy
J'ai trouvé du génie dans le style, est-ce dû à la traduction ? J'ai retenu cette opposition entre la Chine traditionnelle et la Chine actuelle, le problème de jalousie du personnage principal. J'ai bien aimé l'humour. Donc je l'ouvre à moitié.
Chantal
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre, mais au fil du temps j'y suis entrée. Les explications sur l'opéra m'ont plu. La description de la société chinoise m'a fait penser à la fin de L'homme rouge. On rejette les traditions pour la télé-réalité, on se soumet à l'argent, et ça c'est bien décrit. J'ai aimé la façon que l'auteur a de décortiquer la psychologie de cette femme, son corps qui ne suit pas son rêve (Tang tang tang tang) : quand elle se rend compte que son corps ne suit pas, elle veut "prendre" physiquement son élève ; elle veut être immortelle. Il y a beaucoup d'humour. Pourquoi le mari s'appelle Joufflu ? J'ouvre aux ¾.
Jacqueline
J'ai eu du mal à rentrer dedans, surtout avec les explications du début. J'ai bien aimé cette histoire, la description de la société : le changement de goût (on aime dorénavant les opéras "prolétariens")  qui coïncide avec le parcours de la chanteuse. Joufflu, c'est le pépère, le gars de la campagne ; elle a choisi cet homme, c'est un renoncement. Elle a droit à une seconde chance grâce à ce mécène. J'ai trouvé le livre très intéressant, sans être émue réellement (je vois que c'est émouvant, mais ça ne me touche pas). La fin est très belle : elle reprend la tradition, pendant quatre jours, elle est Chang'E. J'ouvre aux ¾.
Jane
J'étais très consciente d'être dans un monde inconnu. J'étais mal à l'aise pendant la lecture. Ce fut difficile d'entrer dedans. Je n'ai pas été émue quand elle est jalouse… Les descriptions de l'avortement et du régime sont violentes. Le style est plat, surtout après Violette Leduc. Mais c'est quand même intéressant : il nous montre les problèmes du financement de l'art en Chine. Je n'ai eu aucune empathie avec cette femme. J'ouvre ¼.

Lil
J'ai vu l'Opéra de Pékin à Rennes…

Plusieurs
A Rennes !?!
?...

Lil
J'ai trouvé le style chinois, avec des métaphores qui ne sont pas vraiment occidentales (une note comme le son d'un verrat). La folie consiste à se vouloir une autre : c'est bien fait ; le problème identitaire est bien traité. Le mari est lourdaud, le PDG l'utilise. Il y a beaucoup de pilules : pour l'immortalité, l'avortement. On voit bien l'utilisation des médias, le rôle de l'argent. J'ouvre à moitié.
Marie-Odile
J'ai bien aimé, car c'est un petit livre… C'est reposant par rapport aux autres livres : une vraie histoire, de vrais chapitres. On découvre la société chinoise, les problèmes d'argent, la pesanteur du corps (les régimes…), qui à la fin est magnifié par le maquillage. La scène finale est digne d'un opéra… La sexualité évolue : la libido renaît comme sa carrière, elle paye sa dette envers le PDG, etc. La question du partage se pose : va-t-elle réussir à partager son rôle, comme la pilule d'immortalité qui devait être partagée ? Il y a aussi ce thème de la jalousie. Beaucoup de passages explicatifs, comme si l'auteur s'adressait aux Occidentaux. J'ouvre aux ¾, car c'était facile.
Manon
Je reprends ce qu'a dit Marie-Odile. Mais pour moi, le livre s'adresse à un public chinois qui a oublié ses traditions. Elle se sacrifie pour que les traditions perdurent. Question maquillage, il y a beaucoup de détails ! Le personnage est très complexe : dans une société masculine, "moderne", où le rôle de la femme ne change pas (je pense à cette phrase terrible p. 48 : "Les hommes aiment lutter avec les hommes. Les femmes, tout au long de leur vie, doivent lutter avec elles-mêmes"). Ce n'est pas différent en Occident quand on pense au body shaming. Je ne sais pas si elle m'a émue mais elle m'a fait beaucoup de peine. C'est très bien décrit. J'ai eu une impression de nausée quand on parle du sang. Je trouve que vous êtes trop nombreux à n'ouvrir qu'¼, aussi j'ouvre moi en grand !
Annick A
Je n'ai pas eu le temps de réfléchir au livre… Les personnages sont bien campés, l'histoire m'a emportée. Elle est marquée par le poids de l'argent et de l'administration. On sent encore le poids des politiques. Les querelles entre les femmes dans le monde de l'art sont universelles. Ce qui est écrit sur la vieillesse, c'est dur, c'est tragique : c'est une tragédie bien rendue. C'est drôle (quand tout le monde sourit face au PDG). J'ai été très prise par le livre, c'est pathétique, triste, facile à lire. Je voulais ouvrir ½, mais finalement j'ouvre aux ¾.
Françoise D
Beaucoup de choses ont été dites… Dans un si petit livre, beaucoup de thèmes sont abordés : l'argent, la mort, la vieillesse. Il y a de l'humour, de l'ironie, par exemple p. 102 : "Il comprenait maintenant que le merle avait profité du désarroi de la colombe pour se glisser dans son nid". Il y a une critique en filigrane du nouveau régime, mais sans s'appesantir. Et le directeur qui fait l'amour à l'occidentale parce qu'il a vu des films pornos. Sur un fond tragique, il y a quand même un plaisir de lecture. Et puis l'opéra ! Ce personnage ne veut pas vieillir ; on s'attend à cette fin. J'ouvre aux ¾ car j'ai eu du plaisir à lire et parce que c'est une belle performance pour faire passer tous ces messages.
Annick L
C'est comme Françoise, j'ai eu beaucoup de plaisir. Je suis admirative : un si petit format et une histoire si forte. Les personnages ont une véritable existence. Il y a un vrai talent d'écrivain, je ne boude pas mon plaisir. J'ai trouvé une crudité dans l'écriture, comme dans Mo Yan. C'est très fort et pas du tout plat ! Les images sont très belles, les scènes très belles : celles du maquillage, du pardon à l'hôpital, la fin ; la scène du pardon est d'une finesse psychologique ! Je me suis étonnée qu'un homme puisse ainsi entrer dans la peau d'une femme. J'ouvre en grand !
Édith
J'ouvre moi aussi en grand ! J'ai eu une euphorie dans la lecture ! Pourtant l'opéra de Pékin m'agace, la musique asiatique en général ; pourtant je suis totalement rentrée dans le livre. C'est pour moi un livre occidental. J'ai pensé au livre Une femme, occidental, d'Annie Ernaux. Il y a une crudité du corps. La mort est liée à la maternité : son corps encore jeune aurait pu être mère. Et il y a cette présence des hommes : le PDG, Joufflu. Et beaucoup d'humour ; on trouve aussi le thème de la pilule à propos des écrivains p. 100 : "Toute l'énergie créatrice des écrivains était consacrée à la recherche de noms pour les diverses pilules". L'héroïne se sacrifie pour la transmission.
Marie-Thé
J'ai eu du mal. J'ai beaucoup aimé. J'ai lu des auteurs chinois (Mo Yan). Pour moi il faut aller lentement et nous avions donc un mauvais rythme. J'ai été sensible au thème du destin auquel on ne peut pas échapper, du temps qui passe inexorablement. Je vois aussi le thème yin/yang, avec les oppositions femme/homme, eau/terre, chaud/froid, joie/tristesse. Le souffle est partout et oscille entre les deux forces : le bien/le mal. C'est impossible d'ne parler vite. L'eau revient. J'ouvre ¾ même si je ne sais pas pourquoi.
Claire
J'adhère à tout ce qui a été dit en faveur du livre. J'aime bien que l'objet livre tienne dans la main. Il représente l'étrangeté, mais il a la faculté de ne pas tenir à distance, c'est surprenant, car ce monde très différent est accessible. On reconnaît les relents du maoïsme ("ton niveau de conscience est très élevé"). J'ai trouvé très intéressante l'importance de la position de l'acteur qui "constitue une synthèse de la psychologie de la pièce" (p. 93). Ce qui l'emporte pour moi, c'est un festival question style : les comparaisons ("aussi silencieuse qu'un verre d'eau"), l'humour ("on a le temps d'aller faire tous ses besoins et même de s'essuyer avant qu'elle ait fini de chanter une syllabe"), pour moi c'est un régal, tous ces moments, et il y en a beaucoup. J'avais envie d'applaudir. J'ouvre en grand !
Lisa
J'ai aimé découvrir l'univers de l'opéra que je ne connaissais pas, la société traditionnelle et celle de maintenant, la violence des relations (avec le mari, le PDG). Je ne connais pas le monde des artistes et la faculté de se perdre dans un rôle. Les comparaisons sont réussies. J'ai quelques réserves, par exemple concernant cette phrase : "Nul ne peut lutter contre les ravages du temps" (p. 66) ou "L'être humain est son propre ennemi" (p. 110). Mais ce livre se lit facilement et j'ai envie d'en lire d'autres de cet auteur, donc j'ouvre aux ¾.
Rozenn
J'ouvre en grand ! Je suis enthousiasmée.

Plusieurs
Est-ce qu'on doit te croire ?
(Rozenn, pour Violette Leduc, la veille, a formulé pour jouer un avis exactement inverse au sien…)

Rozenn
Oui ! Quand je m'y suis mise hier soir, je n'en avais aucune envie. Mais c'est extraordinaire ! Il contextualise, c'est bien fait. P. 60, on lit : "Beaucoup de choses peuvent faire souffrir, mais la pire, c'est l'incapacité de se résigner. Le jour de ses trente ans, elle avait su qu'elle était morte. Depuis dix ans, elle se regardait chaque jour dans la glace et elle se voyait chaque jour vieillir un peu plus." Elle a 40 ans, faut pas exagérer !!

Brouhaha...

Rozenn
La peur du vieillissement est liée à son projet. Je n'ai pas compris p. 20 Li Xuefen propose sa façon d'interpréter "une travailleuse de l'ancienne société" et Xiao Yanquiu lui dit qu'elle a oublié "une paire de sandales et un pistolet" : ???? J'ai lu dans la nuit Don Quichotte sur le Yangtsé, l'histoire de sa vie : c'est absolument fabuleux ! Il parle des plantes, des animaux... et ÇA m'intéresse. C'est un auteur fantastique ! Profond, drôle.
Fanfan
Tout a été dit ! Pour moi, ça a été progressif : au début peu d'intérêt, plus ça allait plus j'étais embarquée. Le style m'a moyennement plu. La violence, le rôle de la femme, c'est très intéressant. Ainsi que la course contre le vieillissement. Le parallèle fait entre le conte et la réalité, ça aussi c'est intéressant. C'est en fait un conte d'aujourd'hui. J'ai remarqué aussi le rapport des couleurs : rouge, blanc, noir. J'ouvre à moitié, moitié-¾, non, plutôt ¾. De petites réserves liées au style.
Manu
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le destin de cette femme. Les personnages masculins m'intéressaient plus. L'identification est impossible. Dans les rapports entre art et mécénat, on voit le basculement du rapport de force depuis le début du capitalisme. J'ai été gêné par des images naïves ("son joli minois s'empourpra et prit la couleur du foie de porc"). P. 121, "les néons qui apparaissaient et disparaissaient dans le lointain semblaient parer de leurs couleurs les gros flocons et les transformer en petites prostituées essayant de racoler les immeubles arrogants qui oscillaient dans l'obscurité" c'est cucul mais ça me plaisait. Le livre est bien construit, les flash-backs s'insèrent bien dans le récit. Les codes de l'opéra chinois m'ont intéressé. La scène du maquillage est très réussie. Le thème de la transmission, c'est bien mené. Et il y a beaucoup de thèmes. J'ouvre aux ¾.
Séverine
Je n'ai pas été passionnée du tout ! C'est plaisant à lire, mais c'est très gentillet. Le personnage m'a laissée de marbre : pour une actrice, c'est facile de s'approprier un rôle. Je préfère la version eau de javel-clair de lune de Leduc ! C'est agréable à lire, c'est facile, ça se lit. ¼ parce qu'il y a une histoire.
Muriel
J'ai adoré ! Pour toutes les raisons dites. Je ne me suis pas identifiée à cette femme mais j'ai trouvé ça très bien (s'identifier n'est pas un gage de qualité). Très bien aussi, le côté politique, la tradition opposée à la modernité. Et le style. Et puis c'est très drôle même si c'est tragique (par exemple dans la cuisine quand elle simule l'opéra en faisant de grandes manches avec des torchons). J'ai aimé cette impossibilité à renoncer : quand on aime être sur scène, c'est toute sa vie ! Et cette fille ne peut pas renoncer. La jalousie c'est terrible dans le monde de "notre" opéra aussi. J'ouvre en grand !
Suzanne
Je suis hantée par la couverture. Quand j'ai commencé à lire, je me suis dit l'Occident surgit en Orient et je me suis souvenue de Madame Butterfly. C'est comme dans les arts martiaux, ils y vont à fond, mettant leur vie en péril. C'est pareil dans ce livre, avec une quête de l'absolu. J'ai été touchée par le rôle de cette actrice : elle est engloutie dans l'absolu du rôle, comme dans tous les arts orientaux. J'ai été un peu gênée par la traduction ; le côté comique du foie que citait Manu, les Chinois doivent y être sensibles. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps. Mais il y a une telle démesure que ça m'a passionnée. A la fin, je voulais voir du rouge et pas du noir. J'ouvre à moitié.

Tous
Ah bon !?!

Suzanne
J'ai été engloutie, il n'a pas de prise de distance. Ma passion, c'est pas le bouquin, mais juste ce qu'il a réveillé en moi.
Christophe (qui rattrape le groupe en cours de semaine)
Je m'excuse, j'arrive en cours de route. C'est dur de ne pas répéter. Je suis d'accord avec pas mal de choses. Ce livre est pour moi impressionnant, avec ses nombreux thèmes. Il montre le fonctionnement de tout temps de la création artistique, avec les aspects de financement. J'ai assez vite fait le parallèle entre l'œuvre qui est jouée et la société. Tous les personnages ont leur individualité et le récit fait apparaître les personnalités. Je mets un bémol quant au style, mais probablement dû à la traduction, c'est pourquoi j'ouvre aux ¾.
Nicole
J'ai un problème avec les livres chinois. Je n'ai pas supporté Mo Yan, celui-là non plus. J'ai imaginé que c'étaient les coulisses de l'opéra que j'ai vu, et ça m'a aidée à aller jusqu'au bout. Je ne supporte pas la cruauté, les comparaisons. J'ai considéré le livre comme un documentaire et non pas un roman, ce qui m'a aidée. J'ouvre ¼.

Après le tour de table...

Claire
Parmi ce que j'ai aimé et n'ai pu citer comme métaphore filée : à propos de la neige tombée la nuit sur laquelle le soleil brille "comme sur un immense gâteau recouvert d'une épaisse couche de crème" et au soir "le beau gâteau piétiné ne ressemblait à rien. La fête était finie et les invités avaient quitté la table en laissant la vaisselle sale".

Fanfan
Oh non ! C'est cucul !

Rozenn
Est-ce qu'on ne peut s'identifier qu'à un personnage sympathique ?

Les autres
Non ! Oui !

Des voix plus fortes
Non !

Édith
Ce livre est impudique pour des Occidentaux. La pudeur est différente selon les cultures.

Annick A
J'aime p. 92 "Elle semblait parfaitement heureuse, un peu trop heureuse même, comme si elle avait réussi à mettre le soleil dans son réfrigérateur."

Claire
À plusieurs reprises, j'ai pensé : c'est un homme qui écrit, chapeau !

Annick A et Manon
Que c'est sexiste de dire ça !

Claire
J'éprouve de la sympathie pour l'auteur.

Annick A
Pour moi, un écrivain doit être capable de se mettre dans la peau de n'importe qui.

Claire
D'accord, mais j'aime la façon dont il parle des femmes.

Annick L
Peut-on revenir sur l'écriture ?

Nicole
On ne parle pas chinois, on ne peut donc dire si la traduction est mauvaise !

Jacqueline, Lisa, Claire
Ce n'est pas forcément de l'humour chinois, c'est peut-être simplement l'humour de l'auteur.

Marie-Thé
La nature est partout, c'est vraiment très beau.

(Le lendemain)
Marie-Thé
Finalement, j'ouvre non pas aux ¾ mais en grand.


DÉCOUVERTES DU JOUR, NOTAMMENT AVEC UN RAPPORT CHINOIS AVEC LE LIVRE...

Auteur chinois (BI Feiyu) et contexte de l'intrigue très chinois (l'opéra de Pékin) nous ont amenés sur les lieux d'un sinophile, à Huelgoat (Finistère), là où est enterré le Brestois d'origine Victor Segalen (dont nous avions lu René Leys), qui s'installa à Pékin en 1910 :

Nous avons vu dans la forêt :
- la stèle de Segalen
- le café-librairie L'Autre-Rive
- le chaos rocheux. Flaubert vint à Huelgoat en 1847 avec Maxime Du Camp et ils évoquent la pierre branlante dans leur livre Par les champs et par les grèves.

Attirant les artistes, Huelgoat devient au début du XXe siècle le "Fontainebleau breton", par analogie avec le chaos rocheux de Fontainebleau. L'Hôtel d'Angleterre accueillait les touristes, anglais pour la plupart ; Segalen y résidait quand il mourut en 1919 dans la forêt de façon énigmatique et théâtrale : il fut retrouvé en tenue de médecin de marine, un exemplaire de Shakespeare ouvert à Hamlet près de lui...

Pour en savoir plus sur le passé chinois de Segalen, et notamment la mission archéologique qu'il a conduite en 1914 à la recherche de sépultures de la dynastie Han, rapportant des photos qui témoignent d'une Chine aujourd'hui disparue, on peut visionner un film de 52 min : Segalen. Regard sur la Chine", un documentaire de Maria Zinfert, diffusé le 29 janvier 2011 sur Arte : ICI.

 


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

à la folie, beaucoup, moyennement, un peu, pas du tout


Nous écrire
Accueil | Membres | Calendrier | Nos avis | Rencontres | Sorties | Liens