Quatrième
de couverture :
« Conduit par son frère
aîné à Shanghai, un jeune homme à peine sorti
de lenfance devient violoncelliste.
Au même moment vient de naître, dans une ville nichée
entre mer et montagne, une petite fille qui deviendra "la jeune fille
de la ruelle de la Vallée dor".
Cette jeune fille, légère et futile, redoutable et calculatrice,
papillonne, traite les hommes avec dédain, rêve de celui
qui saura la dominer. Les années vont passer et leurs vies se dérouler
en parallèle, jusquà ce que leurs chemins se croisent
et que tous deux se trouvent pris au piège dune passion irrépressible.
Wang Anyi, élevée dans la Chine des années
de cangue, évoque la poésie poignante des bourgs perdus
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Wang Anyi
Amour sur une colline dénudée
Le nouveau groupe parisien a lu ce livre
pour le 21 septembre 2018.
Voir ICI
les lectures chinoises des deux autres groupes (dont ce livre).
Nathalie
C'est un beau livre, avec beaucoup de poésie.
La musique : les instruments joués par le jeune homme bien
sûr, mais je perçois aussi de façon très sensible
une ligne mélodique marquée par le retour de l'"erhu".
La "petite" phrase "Jour
après jour, on entendait s'élever dans ce bois le chant
plaintif d'un erhu" va s'amplifier, s'enfler. J'entends
le rythme de cette composition.
Les couleurs sont omniprésentes, comme très souvent dans
les romans chinois. Un autre élément qui me semble revenir
dans ces romans : l'inéluctable. En effet, quand tu commences
le livre, tu sais. La fin est inscrite dans le commencement.
Anne-Marie
La fin de l'histoire est prévisible, l'absence de nom a été
pour moi un élément qui m'a déstabilisée,
la façon dont vivent ces personnages m'a interloquée. C'est
vraiment très surprenant ! Tous trouvent "normal"
leur sort. Ils acceptent la misère. Ils acceptent la bureaucratie.
Ils acceptent l'irruption de l'État dans leur vie privée.
A travers les difficultés que doivent surmonter le couple "autorisé",
je vois les rouages de la société chinoise. Je pense, par
exemple, aux nombreuses démarches (qui semblent vraiment compliquées)
que le "jeune homme" et sa femme doivent effectuer quand ils
souhaitent déménager, changer de ville. Je suis déconcertée
par l'autorité (l'omnipotence), non remise en cause, de l'aïeul
(la belle-fille qui se fait battre sans râler par le grand-père).
Ce grand-père reflète pour moi l'aspect impitoyable et étouffant
de cette société. Étouffant, car l'État a
un droit de regard même sur la vie privée. L'adultère,
sujet central du livre, est un acte non seulement "jugé",
mais puni.
Monique
J'ouvre aux ¾ parce que je me suis un peu ennuyée à
la lecture du livre deux.
Ce qui me frappe c'est l'universalité de cette histoire. Ainsi,
les personnages n'ont pas de nom et les sentiments qui s'y expriment sont
identifiables par tous. Nous avons bien là une réflexion
sur la condition humaine.
Et quelle beauté ! Envoûtante, la musique ! Elle
est en même temps l'écho d'une plainte et l'annonce d'une
tragédie. La musique a une présence lancinante : le
violoncelle, l'accordéon, les sirènes des bateaux, les pleurs
et le son de l'erhu qui scande le récit et qui est un écho
de la souffrance du peuple chinois. Magnifique est la rencontre entre
ces êtres. L'auteure n'introduit aucun suspens. Leur destinée
est tracée.
J'ai beaucoup aimé le livre trois, la montée de cette passion
dévastatrice. Le rythme y est haletant. Quelle intensité !
Quelle sensualité ! La musique, les odeurs : "Elle
se sentait caressée par une musique qui l'enveloppait tout entière"
(p. 149). "Elle", "la jeune
fille de la ruelle de la Vallée d'or", n'est pas très
sympathique. Quant à lui, "le cadet", est plutôt
un être insignifiant. Mais ce qui compte, c'est bien la passion
qui va les submerger, les mener à la mort. Avec une universalité
du thème.
Dans ce roman, les descriptions ont pour moi valeur de chronique. Je pense
par exemple à l'évocation de la rééducation
des esprits (les étudiants aux champs) et à celle de la
famine (la scène dans le dortoir). Les descriptions du couple sont
empreintes d'une grande délicatesse. Les autres personnages ne
sont là que pour illustrer la société chinoise de
l'époque. Ils sont des "passeurs". Quelques scènes
sont époustouflantes : la scène de l'incendie, leurs
retrouvailles sur "la plate-forme" et leur ultime étreinte,
leur corps liés "avec la laine" (p. 217).
Ultime étreinte qui sera leur ultime scène jouée
pour un public universel.
Valérie
Ce n'est pas l'évocation de la société chinoise qui
m'a touchée, mais cette histoire d'amour magnifique. J'ai aussi
été très sensible à la présence de
la musique. Le violoncelle, sa présence, sa sonorité qui
rappelle tellement la voix humaine. Quand on entend jouer du violoncelle,
une mélancolie nous envahit aussitôt. La façon dont
on tient cet instrument, tellement sensuelle, est aussi significative.
Je trouve que la société chinoise est beaucoup mieux rendue
dans Le Pousse-pousse de Lao She. Dans Amour sur une colline
dénudée, je n'arrivais pas à croire à
ce que l'auteur en disait (de la société chinoise) :
trop atroce ! La Révolution culturelle est peu présente.
Certes l'auteure en parle mais n'insiste pas sur cet aspect.
La relation entre les deux frères m'a intéressée.
J'ai trouvé très bien construite les rencontres : celle
qui mène au mariage et celle qui mène à la mort.
Il y a une belle progression qui me donnait envie de poursuivre ma lecture.
Pour finir, je dirai que c'est un texte poétique, très bien
écrit. L'auteure a particulièrement bien décrit le
sentiment si complexe de l'amour.
Françoise
J'ai lu ce livre aux 2/3. J'ai trouvé terriblement mièvre
cette histoire, ces premiers pas vers l'amour.
La Révolution culturelle est très présente. Les êtres
(les personnages) sont dans les griffes de ce pouvoir tyrannique. Le droit
à la vie privée n'existe pas et les expériences (les
sentiments) vécues en dehors des balises posées par l'État
sont très risquées.
Anne
Le début m'a un peu ennuyée. Ensuite, j'ai beaucoup aimé.
C'est un roman que je trouve très bien écrit. Chaque partie
est mieux écrite que la précédente.
Au commencement de cette histoire, j'étais perdue. Je ne m'y retrouvais
pas dans les différents personnages (qui était qui ?).
Portée par l'écriture, par la douceur du ton, je ne me doutais
pas de la fin. J'étais transportée comme sur un long fleuve
tranquille.
Je prends conscience du désastre qui s'annonce quand le lis la
scène de l'incendie. Je ne peux alors que me poser cette question :
qu'est-ce qui va flamber ? Cette destruction est emblématique
d'un événement dramatique à venir.
Je trouve que l'écriture est de plus en plus belle, au fur et à
mesure que la relation amoureuse progresse.
La musique si présente est une plainte. Certes, il y a le violoncelle,
mais il sera vite remplacé par un accordéon en mauvaise
état, qui grince, comme cette histoire.
Si la Révolution est présente, elle l'est au travers de
jeunes gens qui travaillent dans les champs avec beaucoup d'enthousiasme.
Cela montre comment des individus déprimés en viennent à
s'investir dans un mouvement politique tyrannique (comme par exemple,
le fascisme).
Ana-Cristina
Avant d'arriver aux environs de la page 75
Je comparais ce texte à un champ de petites fleurs discrètes
que l'on perçoit parmi les hautes herbes. Il s'inscrivait dans
mon horizon littéraire comme le vent dans l'air, le caillou sur
la terre. Il était comme le bruit de la pluie quand je suis à
l'abri, comme la neige qui tombe quand je la regarde tomber de ma fenêtre.
Certaines de ses phrases étaient ces petites fleurs, comme celle,
page 55 : "C'est parce qu'ils étaient
jeunes que les enfants riaient, et non parce qu'ils avaient des raisons
de se réjouir." Phrase belle, délicate et
terrible à la fois qui rend compte de la misère. Mais cette
phrase dit aussi que le dénuement n'était que "matériel",
pas "moral".
L'épisode de l'incendie est certainement celui qui m'a le plus
touchée. Cet acte, vu par le petit bout de la lorgnette, je le
juge avec ma raison. Il m'apparaît comme l'acte d'un dément.
Ce qu'il est, certes. Mais, je pense que l'auteur veut aussi nous montrer
l'aspect sacré de ce geste non dénué de beauté.
Il suffit de lire, page 59 : "Jamais
[leur demeure] ne fut plus magnifique et resplendissante qu'en cet instant
: on eut dit un palais. [
] Sous le ciel bleu nuit, les flammes dessinaient
les contours de la maison, autour de laquelle virevoltaient des cendres
noires, pareilles à des fantômes entamant un requiem silencieux."
J'ai été très émue par la scène dans
laquelle le jeune homme vient de jouer du violoncelle devant un jury.
Il sort et il pleure : "Il
pénétra dans le bois touffu où il vint s'appuyer
contre un petit ailante à l'ombre duquel il se mit à pleurer.
'Oh ! Mon Dieu ! se dit-il en larmes."
J'ai été très sensible à la poésie
de ces pages (la répétition du motif de l'erhu "qui
chantait comme s'il s'il pleurait").
Mais, à la page 75, quand l'histoire d'amour naît, je descends
de mon petit nuage. Il y a pour moi deux livres. Avant et après
cette limite. Avant, j'ai été emportée par une lecture
naïve, très agréable. Ensuite, un seul mot me vient :
ennui !
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Pendant l'été
2018, les
trois groupes Voix au chapitre
ont lu au choix parmi
une sélection proposée
par Brigitte Duzan,
spécialiste de la littérature et du cinéma
chinois :
le premier groupe parisien
a eu sa séance
de rentrée le 14 septembre 2018 en présence de
Brigitte Duzan (compte
rendu ICI)
le deuxième groupe parisien
a consacré deux séances :
- le 7 septembre pour Le Pousse-pousse
de LAO She (compte rendu
ICI)
- le 21 septembre pour Amour sur
une colline dénudée de WANG Anyi (compte
rendu ci-dessus)
le troisième groupe breton
s'est réuni également à deux reprises :
- le 11 octobre autour des livres lus
(compte
rendu ICI).
- le 27 mars
2019 autour de Funérailles
molles de FANG Fang et de Un paradis de SHENG Keyi,
traduits par Brigitte Duzan et en sa présence (compte
rendu ICI, suivi de la
synthèse par Brigitte Duzan des réactions,
avec commentaires et réponses aux questions)
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Nos cotes d'amour
pour le livre, de l'enthousiasme au rejet :
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à
la folie
grand ouvert
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beaucoup
¾ ouvert
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moyennement
à moitié
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un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
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