Extrait du site de
l'éditeur

Points, 2015, 264 p.

Quatrième de couverture :

C’est l’histoire d’Olmène, de Dieudonné et de Cétoute… L’histoire des lignées Lafleur et Mésidor, qui malgré le ressentiment, s’entremêlent. À travers eux, c’est l’histoire d’Haïti, habité par les divinités vaudoues Loko, Agwé, Lasirenn, et mutilé par les débordements de violence. Un jour, sur une plage d’Anse Bleue, leur village où terre et eaux se confondent, Cétoute est retrouvée expirante…

Yanick Lahens vit en Haïti. Dans ses romans, comme dans ses nouvelles et ses essais, elle brosse avec lucidité et sans complaisance la réalité de son île. Elle est notamment l’auteur de La Couleur de l'aube (prix RFO) et de Guillaume et Nathalie.

"Sur fond de prières et de chants entêtants, la romancière dessine une magnifique fresque sur les lignes de failles sociales et culturelles qui traversent Haïti depuis un siècle." Le Monde
Sabine Wespieser, 2014, 280 p.

Présentation de l'éditeur :

Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son agression et de son identité.
Les Lafleur ont toujours vécu à Anse Bleue, un village d’Haïti où la terre et les eaux se confondent. Entre eux et les Mésidor, devenus les seigneurs des lieux, les liens sont anciens, et le ressentiment aussi. Il date du temps où les Mésidor ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor s’arrête comme foudroyé devant l’étal d’Olmène (une Lafleur), l’attirance est réciproque. L’histoire de ces deux-là va s’écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs.
Mais, dans cette île également balayée par les ouragans politiques, des rumeurs de terreur et de mort ne tardent pas à s’élever. Un voile sombre s’abat pour longtemps sur Anse Bleue.
Pour dire le monde nouveau, celui des fratries déchirées, des déprédations, de l’opportunisme politique, Yanick Lahens s’en remet au chœur immémorial des paysans : eux ne sont pas dupes, qui se fient aux seules puissances souterraines.
Leurs mots puissants, magiques, donnent à ce roman magistral une violente beauté.

Yanick Lahens (née en 1953 en Haïti)
Bain de lune (2014)

Nous avons lu ce livre en mai 2019.

Voir en bas de page un peu de documentation : les publications de Yanick Lahens, quelques repères sur son parcours et des échos dans la presse.

Brigitte (avis transmis)
J'avais entendu parler de Yanick Lahens, mais je n'avais rien lu d'elle.
L'écriture rend la lecture de ce livre un peu difficile, mais cela lui apporte de l'étrangeté et nous mène au contact de cette culture à la fois riche, naïve et violente. Syncrétisme entre d'anciens souvenirs de Guinée, culte de la nature et des ancêtres, le vaudou et le christianisme pentecôtisme, cela constitue un ensemble très éloigné du matérialisme de notre civilisation moderne.
J'avais lu il y a quelques mois Mon frère Chilpéric de Paul Murray Kendall, et je retrouve dans Bain de lune ce même genre de civilisation que celle de nos ancêtres mérovingiens.
Je n'ai pas réussi à m'identifier ni à Olmène, ni à Cétoute, ni à Dieudonné…, mais leur histoire m'a intéressée. J'admire la virtuosité de l'auteur qui réussit à nous introduire dans le déroulement de leurs rêves et de leurs préoccupations et nous fait entrer dans l'histoire récente d'Haïti. J'ouvre à moitié.

Denis
Je n'ai pas grand chose à dire sur ce livre car je n'ai pas dépassé le 12e chapitre, et encore, en me forçant. Est-ce parce que je l'ai téléchargé sur Kindle, ce qui m'a empêché de le feuilleter en avant/en arrière comme je fais souvent quand "ça traîne" ? Ou est-ce l'avalanche de noms pittoresques, qui a fini par me lasser complètement ? Il m'aurait fallu prendre des notes, donc remonter le fil des pages... Je n'en ai pas eu le courage, et je n'ai pas non plus envie de passer beaucoup de temps sur ce texte. Donc je vais m'excuser pour ce soir, et j'attends vos avis avec curiosité, comme toujours.

Claire
Tu "ouvres" comment ?

Denis
J'ouvre comment ? Je suis bien gêné pour émettre un avis, puisque j'en ai lu si peu... et que l'action se déploie peut-être par la suite.
Il y a des qualités littéraires certaines : des phrases bien équilibrées, une recherche stylistique. J'aime un peu (référence au code des cotes d'amour), donc j'ouvre ¼.
Lisa
Je ne pense pas venir ce soir non plus : j'ai lu 10 pages et ça ne m'a malheureusement pas plu. J'avais envie d'aimer, de voyager à Haïti. La profusion de noms et de mots créoles m'ont un peu découragée... A la place je lis Sérotonine, j'adore !
Monique S(maintenant Monique "d'Angers")
N'ayant pas trouvé d'emblée Bain de lune j'avais acheté La couleur de l'aube, que j'ai lu, avant de lire ces derniers jours Bain de lune.
On est plongé dans un monde compact, exotique et connu à la fois, où toutes choses s'entremêlent : passé, présent, vaudou et catholicisme, obéissance et rebellion, envie de partir et de rester, vie et mort, école et obscurantisme.
Pour donner une idée de cette vision du monde, Yanick Kahens, dans ces deux livres, utilisent la multiplication des points de vue. Procédé utile mais aussi un peu trop répétitif. Dans La Couleur de l'aube, à chaque chapitre, le récit est porté à tour de rôle par les deux sœurs qui cherchent des nouvelles de leur frère épris de révolution et qui n'est pas rentré la veille au soir ; l'une se montre résignée, n'attend pas grand chose et n'invente rien ; l'autre battante, sauvage, espère encore changer le cours des choses, et par la sexualité arriver à ses fins : trouver de meilleures conditions de vie.
Dans les deux livres, les êtres sont fracassés par la violence omniprésente ; les puissants, d'où qu'ils viennent ne laissent jamais un peu d'air au plus démunis. Et gare à celui qui ose braver cet état de choses.
Yanick Lahens, parce qu'elle connaît ce pays de l'intérieur, réussit à montrer dans sa complexité le calvaire de cette population, et la multitude d'échappatoires qu'ils essaient de se créer : physiques, sexuels, psychologiques, religieux, et intellectuels (très peu encore, si ce n'est le travail d'écriture qu'elle est entrain de mettre en œuvre) pour l'instant sans succès.
Il y a dans Bain de lune un narrateur qui affleure parfois et qui dit "nous", difficile à identifier. J'ai émis au cours de ma lecture plusieurs hypothèses (quelqu'un de la famille d'Olmène ? du village ? Mais cela ne tient pas). Ceci dit, ce "nous", qui reste mystérieux, n'est pas inintéressant ; il est un peu comme la voix d'un peuple.
Ces deux livres m'ont plongée dans la culture haïtienne. J'ai préféré La Couleur de l'aube car le récit se déroule, comme une tragédie, sur 24H. Cette contraction dans la durée rend le double point de vue plus efficace. Pour Bain de lune, ne comprenant rien du lien de la victime qu'on retrouve dans l'eau avec Olmène, j'avoue que j'ai eu du mal à m'intéresser à l'histoire. J'ouvre à moitié.
Catherine
J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ouvre aux ¾. J’ai été intéressée par l’histoire, envoûtée par l’ambiance, touchée par les personnages féminins, Olmène en particulier, mais aussi masculins (Orvil, Dieudonné). L’histoire des personnages se mêle à l’histoire d’Haïti que ce livre m’a permis de mieux connaître.
J’ai aimé la langue, les mots de créole. J’ai aimé la présence permanente des divinités, des invisibles, les cérémonies vaudou. Ça m’a rappelé Bahia de tous les saints de Jorge Amado que j’ai lu cet hiver, dans lequel il y a aussi une cérémonie vaudou pendant laquelle les personnages sont de la même façon envoûtés les uns après les autres par une divinité. On retrouve aussi à Bahia un peu le même mélange avec la religion catholique que ce qui est décrit ici avec une certaine tolérance des prêtres.
J’ai moins aimé l’histoire de Cétoute et la façon dont elle est racontée.
En résumé une belle découverte pour moi car je n’avais jamais rien lu de cette auteure. J'attends avec intérêt vos avis.
Séverine
Je l'ai lu il y a 15 jours et je ne m'en souviens plus. J'ai eu du mal à accrocher, sans le groupe j'aurais peut-être arrêté. L'alternance des deux récits m'a perturbée. J'étais moins intéressée par les passages en italique. L'originalité des prénoms m'a fait sourire. J'ai fait en parallèle un parallèle entre Youza et Fénelon qui prend la place du chefaillon. Il y a un côté universel quant aux conflits et enjeux de pouvoirs. J'ouvre un quart, j'ai été au bout péniblement.
Françoise
D'abord les côtés négatifs :
- le lexique à la fin, c'est chiant, ce serait plus simple en bas de page
- l'arbre généalogique : il serait plus logique d'en disposer au début du livre
- les récits en italique m'ont gênée, cela fait coupure et on ne comprend rien.
- l'histoire d'Haïti est racontée de manière elliptique ; ce n'est pas l'objet de l'auteure de s'y appesantir davantage, mais j'aurais aimé plus de détails ; elle effleure les sujets.
- on comprend dès le départ ce qui se passe.
Pour ce qui est positif : cela se lit bien, on voit l'histoire de la famille. J'aurais aimé savoir ce qu’était devenue Olmène, ce qui lui était arrivé (au début j'ai cru que la femme en italique c'était elle, d'où ma frustration).
Les séquences répétées de vaudou m'ont gonflée, je n'ai pas vu l'intérêt de s'y attarder. Je n'ai pas été très intéressée. J'ouvre à moitié.
Renée
Je trouve le livre un peu agaçant. La construction avec deux époques différentes ne m'a pas gênée, c'est à la mode. L'auteure effleure les choses, mais ne les développe pas. Certaines phrases sont incompréhensibles et mal écrites. D'autres phrases sont magnifiques, avec un langage fleuri employé avec naturel, alors que nous n'osons plus en France : cela me rappelle des auteurs africains. Elle ne défend pas bien ses idées, c'est dommage, ça manque de construction. Cétoute est morte violée pendant un ouragan terrible, il aurait fallu choisir l'une de ces causes… J'ouvre un quart.
Annick L
Moi aussi j'ai vraiment aimé ce roman. J'ai beaucoup lu à une époque des livres d'auteurs antillais, voire haïtiens (René Depestre) qui me procuraient par leur écriture luxuriante, savoureuse, le même plaisir que les Sud-américains avec leur "réalisme magique". Je ne connaissais pas Yanick Lahens, mais j'y ai retrouvé le même style de littérature : les premières pages sont superbes, avec cette écriture imagée, pleine de sensations, de couleurs, souvent poétique. C'est un passionnant voyage dans un ailleurs très étranger à notre culture. Le sujet m'a aussi touchée : une saga familiale, sur quatre générations, de pauvres paysans-pêcheurs soumis à la violence politique des colons, des dictateurs successifs, sans compter les aléas climatiques. Comment peut-on survivre, continuer à se battre jour après jour ? On comprend pourtant ce qui soude cette famille, à travers les personnages forts du père et de la mère, les rituels du quotidien que l'on se transmet et surtout à travers les croyances. Je trouve la peinture de cette société rurale, des aspirations contradictoires des uns et des autres, très fine : Yanick Lahens les décrit de l'intérieur, au plus profond de leur intimité, sans jamais les juger. Mais elle sait aussi camper des scènes mémorables, notamment quand le peuple se rebelle et massacre les petits potentats locaux. J'ai pensé à une scène de Germinal où l'on voit de même le peuple en colère défiler dans la campagne. Bien sûr, j'ai été un peu perdue au début en cherchant à comprendre qui était cette femme échouée sur la plage, son lien avec les autres personnages, mais aussi d'où venait ce "nous" qui porte le récit le plus souvent. Et puis je me suis habituée à cette pluralité des voix. C'est un bel hommage au peuple haïtien, plein de tendresse et de compréhension pour ces gens dont on parle si peu, qui ne sont jamais les héros des histoires. C'est débordant de vie et d'humanité. J'ouvre en très grand.
Fanny
Je suis partagée, embêtée, car j'en suis à la moitié. Problème de temps, mais c'est aussi parce que c'est difficile à lire. Je suis partagée car je rejoins Annick sur l'écriture : c'est beau, on peut en effet prendre certains passages au hasard et les lire pour le plaisir du style. Le glossaire, j'ai trouvé que ce n'était pas la peine, je me suis laissé porter. Je le finirai. Je n'ai pas vu qui était en italique, mais ça ne me gêne pas.
Par contre j'ai du mal avec le fil narratif, je ne comprends pas grand chose. Je lis, j'aime l'écriture, sans bien comprendre. Lorsque je le pose, il faut s'y remettre et c'est dur. Quand même, j'ouvre trois quarts. Je vais le finir. C'était un auteur à découvrir.
Quand j'ai proposé cette auteure et que nous ne savions pas lequel choisir, j'ai lu Failles : c'est d'une violence difficilement soutenable. C'est le même objet qu'ici, mais sous une autre forme. Chaque fois dans ses livres, il semble qu'il y ait ces thèmes : la révolte, le massacre, l'ouragan, une histoire d'amour. Aussi, contrairement à Françoise, je me demande si son pays n'est pas toujours le sujet central de ses livres, décliné de différente manière.

Claire
D'où vient notre choix ? Finalement on a choisi Bain de lune, encouragés par :
- Katell : "C'est un très joli roman (je m’en souviens mieux que Houellebecq...), très joliment écrit..."
- Monique (d'Angers) : "Je suis amie avec Gilles Baudry, un grand poète, qui va au moins une fois par an à Haïti. Il m'a fortement conseillé de lire (les hasards de la vie) Yanick Lahens. Son livre préféré d'elle : Bain de lune. Il a beaucoup entendu parlé d'elle en Haïti, où elle est très active dans de nombreuses associations."
Monique L
J'ai eu du mal avec les deux récits, me demandant : qui parle ? J'ai beaucoup aimé l'écriture. Mais c'est une écriture qui se mérite. Les mots créoles, les prénoms difficiles rendent la lecture difficile. Je n'ai pas compris comment elle est morte, et avec qui se marie Cilianise.

L'une
Avec personne.

L'autre
Avec un esprit.

La troisième
Elle est folle.

La quatrième
Elle jouit quand même.

La cinquième
On peut être folle et jouir.

Monique, imperturbable
J'ai beaucoup aimé l'écriture, les descriptions sont intéressantes. J'ai ainsi ressenti un peu la vie en Haïti, la dureté de la vie, les coutumes, les croyances, les rituels, le fatalisme qui n'empêche pas de danser, aimer, espérer : ça, c'est remarquable. On voit la présence de Duvalier, des Tontons macoutes. On voit ces gens se battre pour survivre, avec des éléments naturels puissants. Le positionnement des deux familles est instructif en ce qui concerne les relations sociales. Elle rend l'ambiguïté de ce pays. J'ouvre aux ¾.
Jacqueline
Je l'ai lu il y a longtemps et j'ai beaucoup oublié les détails. J'ai l'impression d'avoir eu deux lectures, bien que je n'aie lu qu'une fois. Je ne comprenais rien. Mais la construction en italiques j'ai compris. Que lui est-il arrivé ? Elle est violée ? Mais pas morte ?
Il s'agit de "remonter toute la chaîne de mon existence pour comprendre une fois pour toutes... Remettre au monde un à un mes aïeuls et aïeules. Jusqu'à l'aïeul franginen, jusqu'à Bonal Lafleur, jusqu'à Tertulien Mésidor et Anastase, son père. Jusqu'à Ermancia, Orvil et Olmène, au regard d'eau et de feu. Olmène dont je ne connais pas le visage. Olmène qui m'a toujours manqué et me manque encore." : c'est très clair pour moi que le récit suit. Mais par contre j'ai eu des difficultés à comprendre ce qui s'était passé.
On est embarqué dans la vie ces gens, leur malheur. J'ai été séduite, avec l'impression d'être plongée dans le vaudou, qui n'est pas plaqué comme au cinéma. Cela me l'a fait vivre. L'arbre généalogique, qui est matrilinéaire, il faut s'y reporter tout le temps.
J'ai pensé très fort à Kourouma que nous avions lu : c'est tout aussi exotique, mais pourquoi, là, ça m'est pénible ? J'ai compris qu'elle était morte avec la cérémonie du passage. Dans Kourouma, il y a ça aussi.

Françoise
D'ailleurs, elle parle de la Guinée, comme d'un paradis.

Jacqueline
C'est un livre que j'aime beaucoup, mais j'ai du mal à y rentrer.
J'ai lu La couleur de l'aube, c'est très très violent. On est plongé dans le pouvoir de la dictature. Comme dans Bain de lune, les choses sont vues au ras du peuple. Plus accessible ? Je n'en suis pas sûre.
Annick A
J'ai trouvé ce livre très riche et il m'a beaucoup apporté. Contrairement à Françoise, je trouve très bien qu'on ne nous fasse qu'apercevoir le contexte, et ce à partir d'une famille. J'ai beaucoup aimé l'écriture, il faut se laisser prendre. J'ai été plongée dans un monde étranger : l'auteure est parvenue à me le faire vivre. La scène du vaudou est un peu longue, mais elle parvient à nous faire piger ce que c'est. J'ai été bouche bée concernant ce que je découvrais.
Il y a de beaux personnages, comme Orvil, le grand-père. Comment Orvil est arrivé au bout avec une telle souffrance et une telle dignité, c'est miraculeux.
Ils tiennent grâce à la religion. Le rôle des prêtres est intéressant.

Annick L
Ce n'est pas simpliste.

Annick A
Oui, c'est une très belle analyse. Les prêtres sont aimés.

Annick L
Ils font beaucoup de choses.

Françoise
Ils font des enfants...

Annick L.
Un !

Annick A
Ce n'est pas blanc ou noir. Ils ont fait remplacer les prêtres qui font bouger, par d'autres.

Annick L
Il y a eu des prêtres en Amérique du Sud qui soutenaient ainsi le peuple, au nom de la théologie de la libération.

Annick A
C'est d'une grande finesse.
Claire
J'étais très partante. Je n'ai pas aimé ce livre. Comme auteurs haïtiens, nous avions lu Dany Laferrière qui ne m'avait pas emballée et René Depestre qui m'avait déçue. Je n'ai quasiment rien aimé : l'artifice où la pauvre fille agonise, se fait retourner voire maltraiter, tout ça pour que le récit des différentes générations soit déroulé en se traînant, à travers ce je mourant peu vraisemblable. Les mots créoles pouvaient intriguer au début pour le pittoresque ou l'entrée dans la culture haïtienne, les noms propres m'ont saoulée, l'histoire qui aurait pu m'instruire était noyée (à l'origine le livre était une nouvelle parue en 1999, elle aurait pu en rester là). Le pompon pour moi a été les scènes érotiques. J'ai eu une interrogation qui m'a rappelé celle sur la scène de violence du Maître bonsaï : complaisante ou pas ? Là je me suis dit : naïve ou pas ? Complice ou habilement distante, avec une distance qui ne m'apparaît nullement ? On lui dit "les femmes sont soumises" dans votre livre, elle répond dans un entretien qui m'a absolument marrie "ouh la la, c'est une lecture à la Simone de Beauvoir" (voir la suite). Depestre nous avait frappés par son machisme, mais bon c'est un homme... Yanick Lahens décrit les jeux de pouvoir, mais son point de vue... ambigu me gêne. Je ferme le livre car cet aspect achève mon manque d'intérêt littéraire.
Elle rapproche son livre des Mémoires d'un paysan breton que j'avais, comme tous, énormément aimé (en dépit d'ailleurs de la misogynie qui apparaissait...)

 

Nous décidons de lire pour septembre un autre auteur haïtien, Lyonel Trouillot.

 

UN PEU DE DOCUMENTATION

Glossaire à la fin du roman accessible ICI (l'orthographe du créole, est-il précisé, a été simplifiée pour le rendre accessible à tout lecteur francophone).

PUBLICATIONS de Yanick Lahens
•Romans
- Dans la maison du père, éd. Le Serpent à Plume, 2000 ; SW Poche 2015
- La couleur de l'aube, Sabine Wespieser
,2008 ; SW Poche 2016
- Guillaume et Nathalie, Sabine Wespieser,
2013 ; Points 2014
- Bain de lune, Sabine Wespieser
, 2014 (Prix Femina) ; Points 2015
- Douces déroutes, Sabine Wespieser
, 2018
•Récit

- Failles, récit, Sabine Wespieser, 2010 ; SW poche 2017
•Nouvelles
- La petite corruption, huit nouvelles, éd. Mémoire, Port-au-Prince, 1999  ; Mémoire d'encrier, Montréal 2003 ; Legs édition, Port-au-Prince 2014 (republié dans L'Oiseau Parker dans la nuit et autres nouvelles)
- Tante Résia et les dieux, six nouvelles, L'Harmattan, 2000 (republié dans L'Oiseau Parker dans la nuit et autres nouvelles)
- La folie était venue avec la pluie, huit nouvelles, Presses nationales d'Haïti, Port-au-Prince,
2006 ; Legs édition, Port-au-Prince 2015
- L'Oiseau Parker dans la nuit et autres nouvelles, Sabine Wespieser,
2019
•Essai
- L'exil : entre l'ancrage et la fuite : l'écrivain haïtien, éd. Henri Deschamps, Port-au-Prince
, 1990

Ses œuvres sont traduites en allemand, anglais, brésilien, catalan, espagnol, italien, japonais, norvégien.

QUELQUES REPÈRES sur le parcours de Yanick Lahens
- Née en 1953 en Haïti. Études secondaires puis de lettres en France
- Retourne en Haïti en 1977 et enseigne la littérature à l'Université jusqu'en 1995.
- Participe à la mise en place de la réforme qui contribuera, entre autres, à introduire l'enseignement du créole dans les premières années de l'école primaire.
- Anime une émission culturelle, Entre nous, sur Radio Haïti Inter et publie ses premiers articles sur la littérature et la société haïtiennes.
- 1996-1997 : fait partie du cabinet du Ministre de la Culture.
- 1998 : participe à la fondation de l'Association des écrivains haïtiens ; contribue(ra) régulièrement aux revues culturelles haïtiennes et antillaises.
- 1998-2000 :
dirige le projet de la "Route de l'esclavage", qui annonce réflexion et actions intellectuelles, culturelles et artistiques autour de la problématique de l'esclavage dans l'île.
- 2008 : met sur pied une fondation "Action pour le changement" qui encadre des jeunes dans des activités de sensibilisation aux questions sociales ; apporte un appui à des associations qui travaillent à la promotion de la lecture, à l'implantation de bibliothèques et à l'organisation d'événements culturels.
- 2018 : avec comme première titulaire Yanick Lahens, création au Collège de France d'une chaire "Mondes francophones", en partenariat avec l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), avec pour objectif d'illustrer la diversité et la richesse des mondes francophones en donnant une tribune aux chercheurs des pays ayant le français en partage. Créée pour trois ans, cette chaire accueillera chaque année une grande voix de la francophonie issue de différents domaines des lettres, des arts et des sciences. La leçon inaugurale intitulée "Urgence(s) d'écrire, rêve(s) d'habiter" (en ligne ici) s'est tenue en mars 2019, ouvrant une session de cours intitulés "Haïti autrement" consacrés à la littérature haïtienne.

Voir d'autres informations sur Yanick Lahens sur le site très bien fait Île en île qui contient une riche documentation littéraire, présentant des centaines d'auteurs francophones des îles (voir aussi "Écrivains caraïbes : Pointe-à-Pitre, capitale éphémère des lettres caraïbes", Le Monde, 5 décembre 2008, pour le premier Congrès des écrivains de la Caraïbe).

DE NOMBREUX ÉCHOS DANS LA PRESSE

Que dit Yanick Lahens sur Bain de lune ?
- "L'énigme d'habiter", Page des libraires, septembre-octobre 2014
- "Yanick Lahens présente son ouvrage Bain de lune", vidéo, Librairie Mollat, 29 septembre 2014, 4 min
- "Haïti (1/5) : Dans le bain de l'île", Marie Richeux, émission Les Nouvelles Vagues, France Culture, 17 novembre 2014, 58 min.

Yanick Lahens avant Bain de lune
- "Dire ce malheur debout et juste" : entretien avec Yanick Lahens, propos recueillis par Christine Rousseau après le séisme, Le Monde, 13 janvier 2011
- "Failles" de Yanick Lahens : lignes de failles, par Christine Rousseau, Le Monde, 13 janvier 2011
- La tentation du catastrophisme, par Yanick Lahens, Le Monde, 19 mai 2011

Avant le Femina sur Bain de lune
- "Haïti touche", Hubert Artus, Lire, septembre 2014
- "Saga à l'haïtienne par Yanick Lahens", Malo, France-Antilles (Martinique), 12 septembre 2014
- "Crépuscule haïtien", Marianne Payot, L'Express, 24 septembre 2014
- "Yanick Lahens traverse un siècle d'Haïti", Marie Chaudey, La Vie, 16 octobre 2014
- "Saga : Laissés pour conte", Jeanne de Ménibus, Elle, 17 octobre 2014
- "L'amour au temps des dictatures", Lise Gauvin, Le Devoir, 1er novembre 2014

Après le Femina
Les jurées du Femina avaient peu avant refusé de siéger à l'Hôtel Meurice à la suite de la décision du sultan du Brunei, propriétaire de l'hôtel d’instaurer la charia dans son pays (refus relaté par Alain Beuve-Méry, Le Monde, 19 septembre 2014)...
- "Le prix Femina attribué à Yanick Lahens", Le Monde, 3 novembre 2014 (les autres romans en lice ICI)
- "Prix Femina à l'Haïtienne Yanick Lahens pour Bain de lune", Libération, 3 novembre 2014
- "Les prix littéraires commencent par un bain de lune", Philippe Chevilley, Les Echos, 4 novembre 2014
- "Yanick Lahens et Zeruya Shalev, lauréates du Femina", Sabine Audrière, La Croix, 4 novembre 2014
- "Yanick Lahens, Bain de lune sur le Femina", Émile Rabaté, Libération, 4 novembre 2014
- "Le prix Femina distingue l’Haïtienne Yanick Lahens", Mohammed Aïssaoui, Le Figaro, 4 novembre 2014
- "Constellation et bain de lune au firmament des lettres", Muriel Fauriat, Le Pélerin, 6 novembre 2014
- "Prenez un bain de lune", Valérie Marin La Meslée, Le Point, 13 novembre 2014

Après la création de la chaire au Collège de France
- Les "Mondes francophones" font leur entrée au Collège de France, par Gladys Marivat, Le Monde, 6 juillet 2018
- Yanick Lahens : "La littérature commence souvent là où la parole devient impossible", Le Monde, 16 mars 2019
- Yanick Lahens, l'"île-monde" à la source, par Christine Rousseau, Le Monde, 16 mars 2019
- Yanick Lahens : "En Haïti, on ne peut pas être un écrivain dans sa tour d'ivoire", par Gladys Marivat, Le Monde, 22 mars 2019

 

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

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