Catilina DE ERAUSO, La Nonne-soldat, trad. de l'espagnol José-Maria de Heredia, préface de Sophie Rabau, préface de José-Maria de Heredia, éd. Anarchis, Griffe poche, 128 p.

Quatrième de couverture : Née en 1592 dans une famille noble de Biscaye, Catalina de Erauso fut placée toute petite dans un couvent. À l’âge de quinze ans elle s’enfuit et, adoptant des vêtements d’homme qu’elle porta toute sa vie, devint soldat de fortune dans l’empire espagnol.
Elle raconte dans cette autobiographie romanesque ses aventures de fier-à-bras, qui rebondissent du Pays basque à la Castille, de la Castille au Mexique, du Mexique au Pérou, du Pérou au Chili, d’un duel l’autre, d’une insulte à une balafre, d’une algarade à une fuite éperdue dans les pampas argentines.
Ce récit rédigé d’une plume de hussarde possède une telle charge transgressive, introduit un tel trouble dans le genre, qu’il fascine tous les publics depuis trois siècles.


La Nonne Soldat
, avant-propos Elisabeth Burgos, éd. La Différence, coll. "Les Voies du Sud", 1991

Quatrième de couverture : Bien qu'elle ait toute l'allure aventureuse et picaresque d'un roman de cap et d'épée, l'histoire de la Nonne Soldat est une histoire vraie. Catalina de Erauso a vécu, d'une vie exaspérée, comme disent les Espagnols. Le récit qu'elle en écrivit, de sa main plus dextre à manier l'épée que la plume, étonna ses contemporains. C'est une confession hardie, peut-être sincère, qu'elle commença d'écrire ou de dicter le 18 septembre de l'an 1624, alors qu'elle rentrait en Espagne sur le galion le Saint-Joseph. Dans l'inaction forcée, elle se plut à revivre par la pensée les aventures d'autrefois, les courses à cheval à travers les Andes, en quête d'El Dorado, les querelles, les combats, les fuites, la fortune hasardeuse, la vie errante et libre. Elle I'a fait dans une langue nette, concise et mâle. Elle ne parle d'elle au féminin que très rarement, dans les cas désespérés, aux minutes de suprême détresse, alors qu'elle sent la Mort et qu'elle a peur de l'Enfer.
J.M.H.

Catilina DE ERAUSO (1592-1650)
La Nonne-soldat (1829, traduction 1894)

Nous avons lu ce livre le 29 juin 2025 lors de notre septième semaine lecture.

Nos 20 cotes d'amour
Édith
entre et Rozenn
AnnieAnnick ACatherine
Claire Françoise
Katell
Renée

et Jacqueline
ChantalManuel
Annick L Fanfan FannyMonique L Suzanne
entreet Jérémy
DanièleMarie-Thé

Monique L(avis transmis)
Ce récit du genre picaresque m'a fait me poser pas mal de questions : où Catalina a-t-elle pu acquérir une telle dextérité dans le maniement des armes ? Comment expliquer que dans la promiscuité dans laquelle elle a vécu avec des groupes d'hommes personne ne se soit rendu compte de son sexe ?
Est-ce que les nonnes étaient instruites en langues étrangères et en écriture à cette époque ?
Sinon la lecture n'a pas été désagréable. Il y a eu des moments plaisants comme l'épisode du cheval borgne. Ce qui m'a surprise c'est la facilité avec laquelle, elle change de souteneur.
J'attendais plus de réflexions sur le travestissement. L'émotion des personnes qui en ont eu connaissance est surprenante.
Pour moi, c'est une curiosité, une découverte étrange.
Je l'ai lu en ligne.
J'ouvre à ¼.
Fanny(avis transmis)
J'ai trouvé un grand intérêt à découvrir le parcours incroyable de cette personne. Son jeune âge tout d'abord, au moment où elle s'enfuit du couvent : comment une enfant a-t-elle pu survivre dans ces conditions ?
Son identité de genre, à une époque où cela n'était probablement même pas pensé, il y a l'angle du regard extérieur bien sûr, mais également de manière sous-jacente la manière dont il/elle vit son rapport à l'identité et à ses désirs et attirances qu'il/elle nomme d'ailleurs à plusieurs reprises.
Enfin, j'ai également été saisie par la violence permanente de son récit, des morts à coup d'épée parfois plusieurs fois par pages, au point que cela pourrait presque en devenir banal. Incroyable qu'il/elle ait survécu à tous ces affrontements, sans parler des épisodes où il/elle se trouve condamné à mort jusqu'à monter sur la potence.
Seulement, malgré ce réel intérêt je n'ai pas du tout aimé le style ; la lecture, quoique brève, a été pour moi un vrai pensum.
Tout est toujours linéaire, la succession des faits est toujours écrite sur le même style, tout est désespérément plat et sans relief. Cela ne retire bien sûr rien à la portée du témoignage historique de ce récit et au respect profond pour cette personne. Mais sous un angle littéraire, personnellement je me suis ennuyée au point que je n'ai pas palpité comme j'aurais aimé le faire.
Finalement c'est la préface que j'ai trouvé le plus intéressant. J'ouvre ¼.
Marie-Thé
Jacqueline
et(avis transmis)
Quelle aventure ! Un spadassin voyageur du 17e siècle qui est une femme ! Pas facile d'être libre pour une Espagnole du 17e siècle ! Le livre est court et ça tombe bien parce que cela deviendrait vite répétitif : il/elle crève la misère puis trouve à servir un protecteur ou une protectrice, en tout cas un employeur, parfois il s'agit d'un parent (mais c'est toujours sans être reconnu(e) !) Il/elle joue aux cartes avec des comparses, est pris dans une rixe ou bien, plus ou moins commandité(e), exécute un adversaire, se retrouve en prison, risque la peine de mort, mais s'en sort, reprend la route et recommence une cinquantaine de lieues plus loin… Il /elle monte un tout petit peu en grade dans l'armée, se bat contre les Indiens puis, de nouveau sous une menace de mort, n'a d'autre issue que de demander le jugement des matrones pour révéler son sexe ! Elle devient une célébrité et peut s'habiller en homme…
Je suis restée un peu sur ma faim. J'aurai voulu en savoir plus mais c'est peut-être l'effet voulu par l'auteur.
J'ai à peu près suivi ce voyage extraordinaire du Pays basque espagnol jusqu'à travers les colonies espagnoles d'Amérique du Sud (en passant par la Nouvelle Calédonie ? Seul endroit où existerait un Paita alors que Sana qui en est éloignée de soixante lieues, est à trente lieues de Trujillo dans l'actuel Pérou). Parfois, plusieurs villes d'Amérique du Sud portent le même nom hispanique avec une légère variation de transcription.

Merci ! Je viens de recevoir la préface de votre édition ; dans mon édition, outre la présentation de J.M. de Hérédia il y a une préface d'Elisabeth Burgos que j'ai sautée. Par contre, j'ai adoré la démonstration de Sophie Rabeau. Et, en plus, elle est accompagnée de la carte du périple que j'essayais de suivre. Cette carte confirme que Paita est au Pérou (port du nord dans la province de Piura) et que Sana est l'actuelle Zana (avec des tildes). Tant pis pour la nouvelle Calédonie ! Mais quelle importance ?
J'ouvre à moitié mon édition où je m'en serais tenue à une lecture et aux trois quarts celle avec la préface de Sophie Rabeau…
Renée (avis transmis)
Formidable personnage qui écrit comme elle vit : elle fonce, elle avance. Nous avons un genre de squelette de livre : elle cite les faits, sans s'appesantir sur les détails ni sur les sentiments. Elle ferroie avec l'aisance d'un homme sans s'étonner de cette facilité. C'est une héroïne moderne. Je n'ai pas pu terminer le livre, mais je pense que je I'ouvrirai aux ¾ : trop heureuse de connaître ce phénomène, mais bien entendu peu de qualités purement littéraires pour l'ouvrir en grand.

Chantal
Annick A
Édith
Manuel

Rozenn entre et
Catherine
Annie
Danièle

Annick L

Jérémy entre et
Fanfan

Françoise

Suzanne

Katell

Claire

Fanny (après avoir lu la préface de Sophie Rabau)
La préface que j'ai lue est beaucoup plus classique.
Celle-ci me montre que j'ai uniquement lu "les mémoires véridiques d'une drôle de nonne". Cela donnerait presque envie d'écrire 4 avis.
Pour ma part, s'il s'agit du "roman de la nonne", je ferme car j'ai l'impression d'avoir été dupée et je ne trouve plus d'excuses à la platitude du style.
En revanche s'il s'agit de "l'histoire du soldat nonne", je vais saluer la portée militante et l'audace du récit (on va dire que j'ouvre à moitié car mon ennui à la lecture reste le même).
Enfin s'il s'agit des "souvenirs authentiques d'un étrange soldat", je n'avais absolument pas imaginé cette possibilité. Mais mon avis reste le même que pour "les mémoires véridiques d'une drôle de nonne".
En tous les cas, vous avez réussi l'exploit de lire 4 livres en une journée...


QUELQUES INFOS AUTOUR DU LIVRE


DES LIVRES

• des éditions de l'autobiographie rédigée par Catalina de Erauso

- La Nonne Alferez, ill. Daniel Vierge, Alphonse Lemerre éditeur, 1894, en ligne sur gutenberg

- La Nonne Alferez, 20 gravures hors texte coloriées au pochoir et de nombreuses vignettes en noir dans le texte de J. C. Bourcier, éd. France-Editions, 1944.

- La Nonne Alferez Catalina de Erauso (1592-1650), ill. Daniel Vierge, éd. d'Aujourd'hui, 1977.

- La Nonne Soldat, avec un avant-propos d'Elisabeth Burgos, éd. La Différence, coll. Les Voies du Sud, 1991.

- La Nonne Alferez, trad. de José Maria de Heredia, suivi de Une histoire sans fin par Florence Delay, Farrago / Léo Scheer, coll. La bibliothèque retrouvée, 2001.

- Histoire de la nonne porte-enseigne Catalina de Erauso : écrite par elle-même, traduction, commentaires et édition Francis Desvois, 2020.

- La Nonne-soldat, avec une préface de Sophie Rabau, éd. Anarchis, coll. Griffe poche, 2021.

• à propos de Catalina de Erauso

- Un chapitre dans Elles ont conquis le monde : les Grandes Aventurières, 1850-1950, Alexandra Lapierre et Christel Mouchard, Arthaud, 2007.

- Un chapitre dans Insoumises et conquérantes : travesties pour changer le cours de l'Histoire, Hélène Soumet, Dunod, coll. Ekho, 2021.

- La nonne militaire d'Espagne, Thomas de Quincey, préface de Kenneth White, trad. Pierre Schneider, postface de l'auteur, trad. Nicole Tisserand, Mercure de France, 1980 ; rééd. La nonne militaire d'Espagne, Imaginaire Gallimard, 2001.

- Catalina la terrible : la vie extraordinaire de la nonne conquistador, Pierre Gaspard-Huit, (principalement réalisateur et scénariste), Presses de la Cité, 1985, en ligne sur Gallica.

- Catalina : enquête, Florence Delay (de l'Académie française...), Seuil, 1994 ; rééd. Catalina : enquête, Points 2004 : "Catalina de Erauso a vécu une vie d'homme au début du XVIIe siècle et depuis des années elle m'intrigue. J'ai d'abord cru que Thomas De Quincey l'avait inventée jusqu'au jour où son autobiographie m'est tombée sous les yeux. L'auteur anglais de La Nonne militaire d'Espagne n'avait d'ailleurs point lu Catalina par elle-même, il la connaissait de seconde main. Quelle main ? Et comment ? En courant après cette fille j' ai croise pas mal d'hommes mais elle ne s'est jamais laissé prendre. J'ai tenté une biographie - elle l'avait déjà rédigée - une fiction - De Quincey l'avait définitivement écrite -, une pièce de théâtre - quelqu'un m'avait précédée. Toujours elle m'échappait. Dès lors, pour l'attraper, ne restait plus qu'à raconter mon histoire avec elle, les faits la concernant tels qu'ils se sont découverts dans ma vie. M'ayant réduite à cela, je veux croire qu'elle est satisfaite."

UN PORTRAIT

Portrait attribué à Juan van der Hamen, vers 1626

DES CARTES

Carte extraite du livre :

Le périple de Catalina sur wikipedia espagnole :

Dans le livre de Pierre Gaspard-Huit, sur Gallica :

Des noms anciens
précisés dans son livre par Pierre Gaspard-Huit :
- Nombre de Dios = Panama
- Ciudad de Los Reyes = Lima
- Nouvelle Castille = Nord du Pérou
- Terre Ferme = Région du Golfe de Darien (Venezuela)
- El Dorado = les Guyanes
- Nouvelle Andalousie = La Côte colombienne (du Golfe de Darien au Cap de la Vela)
- Nouvelle Estradmadure = Chili
- Nouvelle Grenade = Colombie
- Nouvelle Tolède = Sud du Pérou

DES FILMS
- 1944 : La Monja Alférez fut tourné par le Mexicain Emilio Gómez avec María Felix dans le rôle de Katalina dans une version "féminisée".
- 1986 : La Monja Alférez, plus réaliste, fut tourné par Javier Aguirre, en Espagne.
- 1987 : une version nord-américaine dirigée par Sheila McLaughlin, She Must Be Seeing Things, raconte l’histoire d’un couple de lesbiennes inspirées par Katalina dans le New-York contemporain.

DES HOMMAGES
À Orizaba, un monument rend hommage à la Monja Peregrina el Alferez ("De retour en Espagne, je m'embarquai à nouveau pour les Indes, m'installant en Nouvelle-Espagne en 1630, dans la ville d'Orizaba, où j'établis une entreprise de muletiers entre les villes de Mexico et de Veracruz") :

Dans le parc du Palais Royal de Miramar à San Sebastián, la ville où elle est née :


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !


Nous écrire
Accueil | Membres | Calendrier | Nos avis | Rencontres | Sorties | Liens