François BÉGAUDEAU, L'amour, Verticales, 2023, 96 p.

Quatrième de couverture : J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr.
F. B.

François BÉGAUDEAU (né en 1971)
L'amour (2023)
Nous avons lu ce livre pendant notre septième SEMAINE LECTURE du 28 juin au 5 juillet 2025 en Bretagne (présentation ICI).

Les livres lus pendant la semaine

- Samedi : Sándor MÁRAI, Les étrangers (Hongrie)
- Dimanche : Catilina DE ERAUSO, La Nonne-soldat (Espagne)
- Lundi : Ferdinand VON SAAR, Le lieutenant Burda (Autriche)
- Mardi : HWANG Sok-yong, Monsieur Han (Corée)
- Mercredi : Dorothy ALLISON, Deux ou trois choses dont je suis sûre (USA)
- Jeudi : Claire KEEGAN, Ce genre de petites choses (Irlande)
- Vendredi : François BÉGAUDEAU, L'amour (France)

Et le palmarès ›ici


Un peu de doc autour du livre en bas de page.
Les avis ci-dessous sont en cours de correction par leurs auteurs.
Nos 19 cotes d'amour
Annick A Annie Danièle •Édith
Fanny Jérémy
Annick L FrançoiseMarie-Thé
Suzanne
Claire Jacqueline Manuel
CatherineFanfanKatell
Monique L
Rozenn Chantal


La séance s'est tenue à Pontivy, dans le jardin d'Edith

Monique L(avis transmis)
Pas grand-chose à dire sur ce livre dont le seul intérêt est l'écriture qui permet de continuer la lecture malgré la banalité de la vie des Moreau.
J'ouvre au 1/4.
Jacqueline(avis transmis)
J'avais beaucoup aimé Entre les murs, sans doute parce que j'y retrouvais mes inquiétudes d'enseignante inexpérimentée, confrontée sans préparation à un public inattendu et obligée de faire face avec les moyens du bord… C'était à sa sortie, peu avant 2008 où nous l'avons lu dans le groupe...

Je viens de découvrir avec délices cet autre livre plein d'humour, Antimanuel de littérature (un peu avant que mes petits neveux passent leur bac français, j'aurais bien partagé avec eux le chapitre "à quoi ça sert ?" !)
J'étais donc très curieuse de lire L'amour, d'autant que les critiques paraissent mitigées.
Cela se lit d'un trait. Langage familier, phrases courtes, de temps en temps une plaisanterie autour d'un jeu de mots qui me laisse froide. Ce pourrait être un exercice d'anti-romanesque.
Pour ce qui est du romanesque, le titre est alléchant ! Les personnages sont des plus ordinaires. Ils traversent le temps "sans crise ni événement", me dira l'auteur dans la quatrième de couverture, alors que des événements il y en eut et que chacun s'est accommodé des crises sans qu'elles se résolvent par une rupture.
Le récit est en phrases simples et le langage familier, voire trivial, pourrait être celui des protagonistes. Déjà Entre les murs montrait une attention remarquable au langage parlé. (Ce roman serait-il écrit pour ses anciens élèves ?)
Mais les pensées prêtées à ses héros ne m'ont pas convaincue. Elles me semblent appartenir à l'auteur comme un clin d'œil complice au lecteur et pour moi ça tombe à plat. Ce décalage fait que je suis restée constamment à distance alors que le propre du romanesque est justement d'embarquer le lecteur comme, pour moi, Dorothy Allison a su le faire avec sa rage ou Claire Keegan avec son humanité...
J'ouvre donc à moitié pour la réflexion sur le romanesque qui disparaît dans les livres pour se réfugier dans les séries (marque du temps, on les retrouve dans ce livre !) et je continue à avoir un petit capital de sympathie pour l'auteur…Fanny(avis transmis)
J'ai littéralement dévoré ce livre. Si j'avais pu, je l'aurais lu d'une traite, la construction sans chapitre s'y prête d'ailleurs parfaitement. Il passe trop vite, comme la vie de Jeanne et Jacques.
Tout du long, il y a un enchaînement d'événements plus ou moins décalés dans le temps sans transition, parfois dans une même phrase.
Et au fur et à mesure, j'ai eu le sentiment que le temps s'accélère.
L'amour dans ce court roman se niche à mon sens dans les petites choses du quotidien (par exemple le premier repas chez les parents de Jacques). Il y a l'amour du couple, mais pas seulement, les parents Bill et Boule...
Beaucoup de pudeur dans la manière d'exprimer les émotions sans les nommer directement, pas certaine que le mot amour apparaisse ailleurs que dans le titre.
Les personnages ne sont pas charismatiques et c'est très bien comme ça ; d'ailleurs le bellâtre du debut est vite laissé derrière et oublié.
J'ai aimé leurs répliques du quotidien, toutes simples sans être simplistes et non dénuées d'humour ("Déjà qu'on n'en sait pas beaucoup sur ce qui se passe, comment veux-tu en savoir sur ce qui se passe pas").
L'ensemble sonne juste et résonne d'humanité.
J'ai été très émue à la fin, je n'étais pas loin de verser ma larme.
J'ouvre en grand.
Annick L
C'est pour moi une expérience de lecture assez inédite. En commençant, je me suis dit : c'est nul ! J'étais choquée, je détestais ce regard porté sur les personnages. Puis, au fur et à mesure, je n'ai plus ressenti du mépris, mais une espèce de vérité dans la façon dont le narrateur aborde son récit. J'ai même versé une larme. Quel contraste dans ma lecture entre le début et la fin !
L'amour déborde en fait de cette histoire, même si rien n'est désigné (aucun commentaire, aucune analyse), tout s'y trouve pourtant, à travers les actes des deux personnages, la façon dont ils organisent leur vie ensemble, avec leur fils, avec leurs proches.
Et cette histoire d'une vie simple, faite de petits riens, mais pleine d'attentions et de tendresse, m'a touchée.
Un parti pris réussi. J'ouvre aux ¾.
Catherine
C'est le seul livre que j'avais lu avant qu'il soit choisi et j'avais voté contre car je ne l'avais pas du tout aimé. J'ai ressenti un malaise, quelque chose de l'ordre du rejet, quand elle apprend que son mari l'a trompé par exemple. Sinon j'ai fait une larme.
Je l'ai relu. Et c'est la même impression. Je ne me sens pas bien. On n'a pas accès à leur intériorité.
Vivre ça => et je fais un malaise… cette vie côte à côte, sans aucune communication : non !
La fin est touchante. Avec pathos.
Ce n'est pas un livre nul. D'ailleurs il provoque cette réaction.
J'ouvre au ¼.
Rozenn
Je veux me débarrasser de ce livre.
Ce livre est méprisant. Et méprisable.
C'est un coup ! C'est du toc !
À la fin, j'ai eu une petite émotion.
Pourquoi méprisant ? Parce qu'il ne leur octroie pas le droit d'être un peu plus complexe. Il y a une sorte d'effacement d'eux.
C'est un coup ! C'est un truc ! C'est truqué !
Livre fermé !
Édith Je suis en accord et en total désaccord.
Au 19e siècle dans l'aristocratie on vivait ainsi cote à cote.
Là ce sont des gens simples, sans vocabulaire.
J'ai pensé à Edouard Louis.
Bégaudeau a trouvé une forme, c'est émouvant.
La femme a laissé son imaginaire avec le premier amour.
C'est tout ça une vie, l'amour. Et il n'y a là pas les mots pour dire cette relation de cet homme avec cette femme.
Elle, n'a plus de goût à la vie quand elle meurt.
J'ai adoré ce livre alors qu'au début je le rejetai.
Chantal, dans tous ses états

J'ai lu 20 pages et j'ai reçu une insulte. C'est mon milieu ! C'est vu de haut par rapport à tous les miens et j'ai eu envie de vomir.
C'est un faux style. Il fait comme s'il allait parler peuple.
J'avais pourtant adoré son film.
Je ne ferme même pas. C'est pire que ça.
Fanfan
Au début, j'ai fait gloups.
Ah non c'est pas possible me suis-je dit un peu comme Chantal.
Mais je suis partagée, par rapport à un coté Bidochon, mais je ne vois pas une insulte.
Il décrit une société qui n'est pas la nôtre.
Des passages m'ont fait rire. Le jeu, le talon d'Achille. Mais cela m'apparaît moins puant que pour Chantal. Je ne pense pas que ce soit insultant. Et plus j'avançais, plus j'y voyais de la tendresse.
J'ouvre au ¼.
Jérémy
Je ne connaissais pas, je n'ai rien lu de Bégaudeau. C'est le livre que j'ai préféré de cette semaine.
Ce sont des gens simples. Et ils tiennent le haut du pavé. Je n'ai pas du tout trouvé ça méprisant. Il y a une tendresse au contraire.
L'amour qui dure, pas passionnel, l'amour immarcescible.
Et la place du chien ? Elle existe, très forte, chez des gens très différents.
Non, pas de vocabulaire ? Lui, s'intéresse au cosmos, et elle, elle lit.
J'ai adoré l'ascension sociale ; leur fils fait des études.
C'est très très émouvant. La fin, c'est très beau, j'ai pleuré.
C'est drôle aussi, p. 73 par exemple.
C'est l'amour simple, ordinaire, c'est très beau, j'ouvre en grand.

Annie

Je suis dans la totale lignée de Jérémy. J'ai adoré sans réserve.
J'ai ri. J'ai pleuré.
Il y a quelque chose de simple, de tellement vrai, sans regard condescendant.
Chez ces gens ordinaires, beaucoup d'amour.
Il y a un côté Deschiens.
J'ouvre en très grand. Je suis contente de terminer la semaine avec.
P. 75, on voit le cheminement de vie. J'ai adoré.
C'est un tableau de touches de couleurs.
Françoise

J'avais voté pour. Je l'avais lu avant.
C'est un livre qui a eu beaucoup de succès quand il est sorti. Puis silence radio, ça m'a surprise.
J'avais été déçue à ma première lecture, par rapport aux critiques très élogieuses à sa sortie.
Et à la relecture j'ai ressenti autre chose, une émotion, un attachement à ses personnages. Il y a identification, j'ai pensé à mes parents.
Une masterpiece. Il arrive à faire un récit, tout est suggéré de l'amour. J'aurais intitulé ça Une vie. Ça me rappelle mes parents.
Il y a de l'humour.
J'ouvre aux ¾.

Annick A
J'ai beaucoup aimé ce livre plein d'amour. Et cette fin du livre : "L’épisode en est au générique de fin. La pendulette indique 20 h 26. Bill lèche les pieds nus de Jacques mais ça ne le chatouille pas. Il lui lèche les mains mais ça ne l’agace pas. Il se hisse jusqu’aux joues en posant les pattes sur les cuisses mais ça ne réagit pas. Jacques n’entend pas non plus ses aboiements. Il est trop loin. Il est à quatorze kilomètres, aux côtés de Jeanne sur un chemin creusé d’ornières. Ils s’accompagnent. Elle est sa compagne et lui son compagnon. Depuis le sous-bois qui borde le chemin, un cerf coupé par la luzerne les regarde qui marchent droit devant eux. À mesure qu’ils avancent l’alentour s’efface, la forêt s’efface, les troncs les branches les feuilles les insectes s’effacent, le sol terreux sous leurs pieds s’efface, tout s’efface tout s’éteint et avec ce grand noir autour d’eux on dirait qu’ils flottent dans l’espace."
Manuel

J'ai vu dans Les Inrocks une critique du mépris dans le livre.
Ce livre touche quelque chose de profond.
J'ai du mal avec la "résurrection".
Il y a l'amour des parents, l'amour filial aussi.
Le titre est très bien choisi.
Begaudeau idéalise et ça crée une sorte de gêne.
On pense à Annie Ernaux.
Ce qui m'a le plus touché, c'est quand ce mec se sent tout seul.
Je n'aime pas la fin.
Peut-être qu'il a voulu faire un coup.
J'ouvre à moitié.
Suzanne
Les romans, j'aime bien que ça m'embarque.
Il y a là un putain de style qui sait rendre le réalisme.
Je ne vois pas de mépris, mais une grande vérité.
Il y a des marques de tendresse des parents.
Le style est percutant pour rendre des choses essentielles.
"Et puis il pourra passer le permis, là-bas ils lui chieront pas une pendule pour un oubli de priorité."
J'ai noté l'hyper activité de Jeanne.
Je ne sens pas de mépris.
Le style est efficace.
Pour ce qui est de l'infidélité, j'ai trouvé ça d'une grande finesse, chapeau !
Au sujet de Plus belle la vie, on est dans l'affectif, sa femme est disparue.
Je peux comprendre qu'on ressente du mépris.
Katell

C'est du gros fake.
Avec la façon de faire parler, c'est extrêmement cliché. Eh eh, tu vas voir Plus belle la vie : très cliché ! C'est pas du tout son milieu. Et c'est cliché.
Edouard Louis, Nicolas Mathieu, ils en viennent, c'est autre chose. Lui, c'est du bidonnage, ça se sent. C'est un coup de normalien, et ça se sent. Haneke, ça c'est de l'amour. Mais bon, j'avoue que je regarde une émission de midinette.
Claire

Je suis impressionnée par les réactions aux extrêmes de délire enthousiaste et de rejet hystérique : serais-je moi aussi extrême ?...
Bon, Katell, tu dis que c'est du fake, mais tu as une fake new : Bégaudeau n'est pas normalien, il voulait devenir footballeur ; mais fait des études de lettres à la fac et passe le capes et l'agreg quand même, mais devient journaliste sportif... Bon, ça on s'en fiche.
Plus important : je ne vois pas pourquoi il faudrait être d'origine modeste pour avoir seul le droit d'écrire sur les gens d'origine modeste : hou ! hou ! Pas le droit d'écrire sur les Noirs si on n'est pas noir ! Et même pas le droit de traduire un auteur inuit si on n'a pas du sang indien... : je rêve !
Revenons au texte... Mon impression dominante a été de bien voir - trop voir ? - le projet littéraire, très intéressant : à travers l'histoire de ce couple et notamment des objets, des modes de vie concrets, on parcourt le siècle...

Rozenn
Annie Ernaux l'a fait dans Les années !

Claire
Oui ! Et aussi par le langage : et là on voit l'exercice, mené constamment : "Chaque semaine il ramène une nouvelle greluche en clamant qu’il en est marteau." : ça, ça fait trop - ça "fait" justement. "La pendulette en cuivre donne 7 h 20, Jacques pensait qu’il était plus" : ça, ça passe mieux. Ou encore : "Pour ce que ça la passionne, le bingo." En tout cas, pour moi, ce qui apparaît c'est l'artifice, l'exercice. Et on n'en loupe pas une, pour un "spectacle qui importe à Jacques autant que l’âge de la reine de Suède"
; ça lasse, ça lasse !
Il y en a, des échanges entre Jeanne et Jacques. Mais banaux évidemment (problème habituel : comment éviter la banalité pour le lecteur quand on traite la banalité).
Y a parfois des ratés : "Jacques énerve Jeanne à mettre des cornichons avec tout, à manger la peau du saucisson sec, à remettre un tee-shirt sale, à pas couvrir son crâne d’œuf à la plage, à laisser un rhume traîner plutôt que de prendre des antibiotiques, à dire un espèce de, à dire il mouille plutôt qu’il pleut, à dire car pour bus, à se moucher dans du Sopalin, à se tenir les mains sur les hanches que ça fait ressortir sa bedaine, à lancer les grillades de barbecue trop tôt, à laisser Bill entrer dans la salle d’eau, à piétiner dans la cuisine alors qu’il n’a rien à y faire puisque monsieur n’en fout pas une." : comment peut-elle être énervée par un espèce de et dire que ça fait ressortir sa bedaine : ça colle pas ! Que fait l'éditeur ?!
La scène des aveux m'a paru ne pas tenir la route du tout : Nicole qui a eu une histoire avec son mari vient le dire à Jeanne, il fallait qu'elle vienne lui dire, car ça fait des années que ça lui fait une boule dans le ventre, ah non, Bégaudeau ! Tu me refais ça, j'y crois pas un instant, c'est ridicule !
Par contre, la fin de Jeanne est très réussie.
Ce que j'ai trouvé également réussi, c'est la façon dont on progresse dans le temps, ça coule et c'est très bien fait.
Donc, j'ouvre à moitié "quand même". Et pi voilà.
Marie-Thé
J'ai beaucoup aimé, même si au début j'étais embarrassée.
Je n'ai pas vu de mépris.
Mais je culpabilisais de rigoler... : "D’habitude ils finissent plus tard mais là le patron est d’enterrement." : c
'est savoureux. "Une chaise vient de lâcher, celle de la vieille Clémence tout ébahie de se retrouver le cul par terre." C'est brutal, c'est normal.
J'ai pensé à Robert Guédiguian, à Jacques Brel (Les vieux), Pierre Jouve, à Haneke.
Danièle
Quel rythme ! Mais comment fait l'auteur pour écrire un récit aussi vivant, alors qu'il ne s'agit au fond que de la vie quotidienne de gens simples et sans véritable histoire.
On s'attache bien sûr à Jeanne et Jacques, après avoir connu le suspense avec Leduc. C'est la vie simple de province qui défile à toute allure comme un véritable panorama. Cela m'a fait remonter des souvenirs sur les expressions locales employées, sur les traditions, sur la drague de l'époque entre filles et garçons, sur l'importance du qu'en dira-t-on, sur les choses qu'on a le droit de faire ou pas, sur le nom des enseignes (Monsieur Meuble…), la marque des voitures (2 CV…), avec p. 53 une description précise et évocatrice pour ceux qui ont connu cette évolution, somme toute rapide, en quelques années : les téléphones à touches, les bouteilles en plastique, le radiocassette...
Pas trop de nostalgie en revanche pour cette époque où la violence envers sa femme était normale. Frédéric admet à qu'il est parfois un peu brutal.
"— Brutal comment ?
— Brutal normal.
— C’est pas normal de taper.
— C’est pas toi qui vis avec
."
Puis au fil du livre, c'est la relation entre Jacques et Jeanne qui prend de l'ampleur. François Bégaudeau aborde avec humour (ou réalisme) la vie des vieux couples qui se chamaillent sur des riens. "Félicie s'amuse du numéro qui recommence. Elle connaît les duettistes par cœur".
Mais il nous fait sentir que l'amour est fait de ces riens qui jalonnent la vie commune. Dans la vieillesse vécue ensemble, l'amour semble se fortifier.
L'écriture elle-même est simple et directe. Sans pause, au rythme de la vie qui va.
J'ai été très émue par ce livre qui m'a plongée dans un monde d'avant. C'est cependant un monde en évolution, de même que l'amour que le couple se porte l'un à l'autre, et qui semble s'approfondir avec le temps et rendre sage, jusqu'à la mort de l'un qui laisse l'autre désemparé, sans plus aucun appétit pour la vie. J'ai pleuré...
Ouvert en grand.


QUELQUES INFOS AUTOUR DU LIVRE


PRÉSENTATION DE L'AUTEUR sur ›wikipédia

UN ENTRETIEN : "Deux cœurs simples : entretien avec François Bégaudeau", par Rachid Laïreche, En attendant Nadeau, 13 septembre 2023 : 20 ans exactement après son premier livre (Jouer juste, Verticales, 2003), François Bégaudeau décrit un demi-siècle d’amour vécu par deux "cœurs simples", Jeanne et Jacques. Quelques-unes des questions :

Votre livre, L'amour, est court : 89 pages. Pourquoi un petit livre ?
Pour quelle raison ils ne se disent jamais de mots d'amour durant leurs cinquante années de vie commune ?
Tout au long des pages, vous mettez en avant des expressions, vous les moquez, comme "avoir la main verte" ou "en faire toute une montagne". C'est un egotrip ?
Pourquoi faire un livre sur l'amour alors qu'il est partout ?
Il vous a fallu combien de temps pour ce livre ?

UN ARTICLE À CHARGE : "L'Amour de François Bégaudeau : assurément le livre le plus condescendant de la rentrée", par Nelly Kaprièlian, Les Inrocks, 7 septembre 2023 :

Après Ma cruauté, François Bégaudeau signe L'amour, un roman de 96 pages où le sentiment amoureux est remplacé par de la sociologie de bas étage.
Alors que nombre d'écrivain·es de la rentrée montrent combien l'amour peut être complexe, interrogent la position de chacun·e face à l'autre dans le couple, François Bégaudeau s'est mis en tête de nous prouver que l'amour peut être simple. D'ailleurs, "simple" semble être le meilleur des adjectifs pour définir toute l'entreprise. De son format (moins de cent pages) à son titre, tout simple : L'Amour. Quant à l'écriture, elle est simple à l'envi. Au hasard p. 46 et 47 : "Pour cesser de psychoter Jacques s'occupe", et "l'arrivée de la pièce montée clôt l'incident".
Ce qui est sûr, c'est qu'on ne psychote pas des masses chez Bégaudeau, et qu'il suffit d'une pièce montée - ou d'une tarte, c'est selon - pour clore toutes sortes d'incidents. Parce que c'est bien simple : Jeanne et Jacques s'aiment, se marient, passent leur vie ensemble, s'agacent un peu, mais au final s'aiment. Ah si, quand même, Jacques la trompe à un moment, mais tout est pardonné. Pourquoi psychoter, en effet ?
L'amour, chez Bégaudeau, file comme un fleuve tranquille, voire est plat comme une limande. Il faut quand même saluer sa prouesse : être parvenu à écrire un roman d'amour sans sentiments, sans émotions, sans jalousie, sans doute, sans désespoir, sans névroses, sans même un peu de joie. Et ça, il fallait le faire. C'est qu'il les a remplacés par une foule de signes sociologiques. Parce qu'on est chez des gens simples, ma bonne dame. Et que chez les gens simples, on s'aime simplement, pas comme chez les tordu·es de la bourgeoisie intello.
Tous les accessoires de la petite middle-class sont convoqués jusqu'à la caricature - à l'inévitable apparition du mot "camping car", on a envie de hurler. En privant ses personnages "simples" de psychologie tout en les réduisant à de la sociologie, François Bégaudeau signe l'un des romans les plus condescendants de la rentrée.

ENTRETIEN VIDÉO : François Bégaudeau dialogue sur le livre L'amour avec Sylvie Hazebroucq, 18 octobre 2023, ›Librairie Mollat, 49 min.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !


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