Lirelles

Nous lisons pour le 17 novembre 2024 :

Triste tigre de Neige Sinno

DES INFOS AUTOUR DU LIVRE
Le livre
Les textes de Neige Sinno
Articles et entretiens

Le livre

Quatrième de couverture : J’ai voulu y croire, j’ai voulu rêver que le royaume de la littérature m’accueillerait comme n’importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l’art, on ne peut pas sortir vainqueur de l’abjection. La littérature ne m’a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.

Prix littéraire du Monde,
prix Les Inrockuptibles,
prix Femina,
Prix Blù Jean-Marc Roberts,
prix Strega Europeo
et vingt prix Goncourt

 

 

Voir, concernant ces innombrables prix :

Neige SINNO,
Triste tigre, POL, 288 p.

Triste tigre
,
éd. Voir de Près, 2023

Triste tigre
, lu par Neige Sinno, avec un CD audio, durée d'écoute 7h, Gallimard, coll. Écoutez lire, 2024

Neige Sinno : ses textes

Voici la présentation des deux livres publiés en français avant Triste tigre : un recueil de nouvelles, puis un premier roman.

La vie des rats, Marseille, La Tangente, 2007
La Vie des rats est un recueil de douze nouvelles qui racontent des moments de vies à la dérive se croisant sur les routes du sud de la France et dans les rues de Marseille. Des personnages attendent que quelque chose arrive, se demandant vaguement ce qui est arrivé avant ou ce qui arrivera ensuite, comme si le réel était pour eux dans une brume, impossible à distinguer clairement. Par moments, une combinaison de hasards et d'actes de volonté leur permet d'avoir pour quelques instants le sentiment d'exister, leur révélant alors la présence des autres. Un livre sur la jeunesse et la solitude, ces abîmes dont on ne peut s'échapper qu'en acceptant de se perdre un peu.

Le Camion, Christophe Lucquin éditeur, 2018
C'est l'histoire d'une jeunesse, peut-être la vôtre. C'est l'histoire de jeunes gens qui ont rêvé dans leur enfance, leur adolescence, que le monde serait ouvert pour eux, qu'ils seraient libres, que tout serait possible. Ils se prennent ensuite la crise, la réalité, en pleine face ; le chômage, les frontières, la nature dévastée. On les rencontre à ce moment-là, autour d'un camion qu'on leur a prêté, avant qu'ils ne se lancent chacun de leur côté dans leurs vies, comme dans une attente de vivre.
Ils sont jeunes adultes, frustrés, rêveurs, ambitieux, résignés, tous partagent l'envie d'ailleurs. Pour cela, ils ont un camion. Il ne les transporte pas loin, il tombe souvent en panne, mais il les amène à rêver de destinations lointaines : la Chine, l'Afrique, etc.
Le camion c'est comme leur propre vie, la possibilité de s'échapper, mais l'impossibilité de prendre l'élan. C'est un groupe d'amis qui aimerait voyager loin, mais la vie s'impose et les rêves passent.
Ce n'est pas un livre nostalgique, ni un road book, c'est un roman d'aventures qui se passe dans un camion qui n'avance pas très vite, mais qui va quand même plus loin que prévu.

Ô étonnement concernant Christophe Lucquin, éditeur du roman de Neige Sinno Le Camion ! Voilà Christine Angot qui rapplique, pas sous son meilleur jour...

Cet éditeur a été pris dans une polémique car Christine Angot l'a accusé dans une tribune de Libération de publier "des textes à caractère essentiellement pédophile. De l'avis même des amateurs d'érotisme, ces textes sont un peu limites, un peu lourds et ne rencontrent pas le public".

Libération a publié son droit de réponse =>ici.

Finalement, la cour d’appel de Paris a jugé que l’écrivaine avait publiquement diffamé l’éditeur Christophe Lucquin ainsi que sa maison d’édition. Christine Angot est donc condamnée, civilement et solidairement avec Laurent Joffrin, directeur de la rédaction et de la publication du quotidien Libération.

Auparavant, Neige Sinno avait soutenu une thèse en 2005 à l'Université d'Aix-Marseille 1 : L'écriture de l'inquiétude dans les nouvelles de Raymond Carver, Richard Ford et Tobias Wolff

                                                                                            
Et elle a publié au Mexique un essai sur les figures du lecteur, intitulé Lectores entre líneas: Roberto Bolaño, Ricardo Piglia y Sergio Pito, récompensé en 2010 par le prix Lya Kostakowsky.
                                                     

Voici enfin la présentation de l'album de BD Amatlan d'Edmond Baudoin, L'Association, 2009
Un jour d’octobre 1996, Edmond Baudoin rencontre Neige Sinno à la terrasse d’un café à Nice. Quelques années plus tard et des milliers de kilomètres plus loin, c’est à Amatlan au Mexique que les deux amants se retrouvent.
Amatlan commence comme un carnet, et prend vite une consistance imprévue qui en fait l’un des livres les plus accomplis et les plus touchants d’Edmond Baudoin.
Si Baudoin entreprend dans son carnet de dessiner les paysages d’Amatlan et de ses magnifiques montagnes – où Zapata s’est jadis caché –, il dessine aussi Neige, la bien-aimée qui l’accueille là-bas. Et sa relation avec Neige s’éclaire de façon inattendue au moment où celle-ci, écrivain, décide de rédiger un texte sur le carnet en cours, où Baudoin l’intègre et y réagit en retour.
Ce texte magnifique de Neige pousse le dessinateur dans ses retranchements, et l’ensemble transcende ce carnet en un témoignage unique sur l’amour, au dessin toujours plus magistral.
Si Baudoin fait, selon ses dires, “toujours le même livre”, il va néanmoins toujours un cran plus loin, et atteint avec ce volume-ci une épure contemplative et apaisée, en même temps qu’il témoigne d’un enchevêtrement emblématique de la complexité de nos sentiments.

Articles et entretiens

Rencontres et entretiens
- Le livre est sorti depuis peu : un long entretien avec Johan Faerber dans Diacritik, 28 août 2023. Extraits :

Vous l’avez sans doute remarqué, le texte commence par une phrase qui inclut la mention de me too : moi aussi, mais ce n’est pas pour dire moi aussi j’ai été victime, c’est pour affirmer que moi aussi ce qui me fascine c’est la violence, c’est le monstre : "Car à moi aussi ce qui me semble le plus intéressant c’est ce qui se passe dans la tête du bourreau".

Le caractère presque ludique des passages où sont introduits les articles de journaux me permet de faire raconter la partie la plus terrible de l’histoire par la voix du journaliste qui commente les faits au moment du procès, c’est lui qui titre 7 ans de calvaire pour une fillette, au lieu de devoir prendre en charge cet aspect directement à travers la voix narrative. On ne s’en rend peut-être pas compte à la première lecture mais il y a dans tout le texte des stratégies de ce genre qui me permettent de protéger mon lecteur, de l’épargner un peu, car je pense qu’il n’est pas nécessaire d’aborder les faits trop frontalement.
Cette forme "ma vie comme…" [ma vie comme un film d'horreur, ma vie comme une succession de faits divers] est un clin d’œil à un texte de non-fiction qui a eu son importance pour moi pendant l’écriture,
In the dreamhouse de Carmen María Machado, qui emploie ce procédé pour donner différentes entrées possibles à la maison de rêve, qui devient cauchemar, qu’a été sa relation amoureuse avec une personne toxique.

À noter : Lirelles a déjà programmé ce livre Dans ma maison rêvée. Voir nos impressions =>ici.

- Premier prix littéraire "Le Monde" : "Une petite brèche dans la chape de silence", rencontre, par Raphaëlle Leyris, Le Monde, 6 septembre 2024. Extraits :

Pourquoi le cacher ? Au moment de voter pour le prix littéraire Le Monde 2023, nombre de jurés ont confessé avoir été saisis de crainte en découvrant que Triste tigre, l’un des dix livres en lice, portait sur un inceste.

Si l’idée d’une thérapie individuelle de l’auteur par l’écriture la "dégoûte", elle nous précisait, au printemps, en revanche, espérer en la possibilité d’une forme "collective" de catharsis, qui ferait de la littérature "un espace privilégié, une table sur laquelle on peut poser des choses conscientes et inconscientes qu’on essaie de régler en tant que groupe social".

- Prix Femina 2023 : "Ce qui me rend très fière c’est que ce prix soit rendu par un jury féminin", un entretien avec Aude Ferbos, Sud Ouest, 9 novembre 2023. Extrait :

Le vécu me permet de faire la narration de faits écrits dans ma chair. Mais ce point de vue énonciatif, c’est aussi la lectrice que je suis, moi qui lis des articles de presse, entends des émissions de radio sur l’inceste.
Il y a donc eu un dédoublement permanent qui me permet d’alterner entre la narration et une partie un peu plus spéculative où je ne suis plus seulement la personne à qui il est arrivé ça, mais une conscience, une universitaire, une lectrice…

- Le succès est là : une interview approfondie avec Livres Hebdo, 6 décembre 2023. Extraits :

Je rencontre beaucoup de lecteurs avec lesquels je parle de mon texte, qui est déjà un peu à eux aussi. Je fais des rencontres extraordinaires et à chaque discussion, d'une certaine façon, je suis encore en train d'écrire ce livre.

Il y a des traductions complètement inespérées, comme en coréen. Les Coréens ont écrit une lettre extraordinaire dans laquelle ils expliquent pourquoi ils sont intéressés par ce livre. Ça le sort complètement du contexte, ils y ont perçu des choses inattendues, sur la question de la non-fiction, de la forme notamment. Et sur la façon dont mon texte est spéculatif par le biais de la narration. Ça m'a beaucoup touchée, car ils ont noté par exemple que je fais référence au côté obscur de la Lune, celui qu'on ne voit pas. Ça leur a rappelé des légendes dont j’ignore l’existence, et leur a semblé un filtre intéressant pour réfléchir au sujet du mal, et ça m'a beaucoup interpellée, car au moment où je cherchais un titre au début, je voulais qu’il renvoie à cette image. Je pensais à Lune noire, ou à une formule qui faisait écho à cette obscurité. Pour moi, c'est extraordinaire de voir des lectures différentes qui parfois résonnent en moi. C'est assez mystérieux.

- Parmi "Les 100 livres de l'année", Triste tigre de Neige Sinno, propos recueillis par Margaux Morasso, Lire Magazine, décembre 2023-janvier 2024. Extraits :

J'avais peur qu'en publiant ce livre le fait d'avoir été victime d'inceste soit accolé à mon nom pour toujours. Maintenant, je me dis que ça n'est plus entre mes mains. Je dois continuer mon chemin, écrire ce que j'ai à écrire et qui est sans rapport avec ça.

À la radio, j'ai eu parfois l'impression que les journalistes cherchaient à me faire dire des choses que je n'avais pas écrites, comme si ce que j'avais écrit n'était pas suffisant. Or, si je n'ai pas mis certaines choses dans mon livre, c'est que je n'ai pas envie d'en parler.

Votre livre a été retiré du CDI d'un lycée privé de Bretagne. Quel effet cela vous fait-il ?
J'aimerais comprendre la démarche de la directrice du lycée. J'aimerais qu'il y ait une conversation entre elle et les directeurs d'établissements scolaires qui ont choisi de proposer
Triste tigre aux élèves, qui ont choisi la parole. En parlant le moins possible, on entretient le déni. À qui pense la directrice en retirant le livre ? Qui croit-elle protéger? Elle ne pense pas aux 10 % d'élèves qui sont abusés. Elle pense aux autres. Est-ce par rapport aux scènes de viol ? Il y en a quelques-unes. Peut-être qu'elle se dit que c'est trop pour des jeunes qui découvrent la sexualité, mais c'est ignorer ce à quoi des lycéens de 15-18 ans sont exposés sur Internet. Peut-être qu'elle assimile mon livre à de la dark romance ? Triste tigre n'a rien à voir avec ça. Jamais je ne mets en doute le consentement, quand la dark romance explore une zone grise entre domination et consentement. J'aimerais avoir plus d'éléments afin de réfléchir à cette censure. À vrai dire, je suis surprise qu'il n'y ait pas eu plus de cas. Moi-même, je trouve cela osé d'avoir mis mon texte sur la liste du Goncourt des lycéens.

Voir le détail de cette interdiction au lycée La Mennais de Ploërmel (Morbihan) dans le journal Le Ploërmelais et dans Le Monde.

- Un dialogue entre Neige Sinno et Annie Ernaux, Le Monde, 4 juin 2024. Extraits :

"C’est votre exigence qui m’a saisie, j’ai senti très vite que votre livre allait être quelque chose d’important", confie Annie Ernaux en s’adressant comme en un dialogue exclusif, sans personne autour, à sa consœur. (...) "C’est un grand livre, vous allez jusqu’au bout de l’horreur, mais vous le faites avec des moyens littéraires", poursuit Annie Ernaux, avant de glisser un constat bienveillant, certainement pas une leçon : "Moi, je récuse la question que vous vous posez quand vous doutez que ce soit de la littérature, je la récuse", soutient-elle. Neige Sinno plie sans rompre sous le poids d’un tel compliment. "C’est très émouvant pour moi que ces lectures existent, elles ajoutent du sens à mon travail, souffle-t-elle. Je fais un effort énorme pour m’exposer ainsi et j’ai cette angoisse que ce soit mal réceptionné." Mais oui, être lue et appréciée par Annie Ernaux, bien évidemment, est bouleversant. "Le premier livre que j’ai lu de vous, c’était Les Années, ça a ouvert une porte (…). J’ai lu vos textes pour découvrir des choses que j’étais en train de chercher pour moi-même."

• Revue de presse concernant le livre sur le site de l'éditeur =>ici

• Vidéos
- Neige Sinno commente son livre aux Correspondances de Manosque, diffusion vidéo Librairie Mollat, 22 septembre 2023, 10 min.
E
lle donne des précisions sur le choix du titre "Triste tigre" dans =>cette séquence.
Un rapprochement tiré par les cheveux ? Le titre de la revue Well Well Well, créé en 2014 par Marie Kirschen pour traiter de la culture lesbienne, a été choisi, certes pour montrer qu'"être lesbienne, c'est bien bien bien !", mais aussi en référence au titre d'une chanson du groupe de punk rock américain Le Tigre, proche des milieux militants lesbiens.

- Un entretien vidéo avec les lycéens lors des Rencontres nationales du Goncourt des lycéens dont elle est lauréate, 1er décembre 2023, 23 min.

• L'histoire de la publication du livre
- "Du manuscrit refusé au prix Femina, itinéraire d’un livre inattendu",
Télérama, 6 novembre 2023. Extrait :

J’ai reçu entre quinze et vingt lettres de refus. (...) J’avais donc abandonné les envois, tout en continuant de croire très fort à mon texte – pour ne pas désespérer, et parce que je ne pouvais pas le lâcher, j’avais commencé à le traduire en espagnol. Quand je me suis aperçue, tardivement, que les éditions P.O.L acceptaient de recevoir des manuscrits par mail, je le leur ai quand même adressé, en janvier dernier. Deux jours plus tard, j’avais une réponse.

- "À chacun son poche", Marie-Anne Georges, La Libre (Belgique), 8 août 2024. Extrait :

Après combien de temps un grand format passe-t-il en poche ?
Les titres qui ont bien marché en grand format (ce qui se traduit par des chiffres de vente dépassant les 5000 exemplaires) passent au format poche dans une fourchette comprise entre un et deux ans. Jean-Paul Hirsch (P.O.L) cite ainsi
Triste tigre de Neige Sinno qui, continuant de bien se vendre (on parle alors de long-seller), ne sera pas en poche avant 2025 (sorti en 2023, il a, notamment, reçu le prix Femina et le Goncourt des lycéens). Et paraîtra sans doute en Folio à qui P.O.L cède entre 7 et 10 titres quand #formatpoche en publie 3 ou 4, plus confidentiels.

Lectures de Neige Sinno
- Un article de Neige Sinno sur un livre argentin qu'elle aime offrir (L'Ancêtre de Juan José Saer)


- Un article de Neige Sinno sur un livre de nouvelles argentines (Sept maisons vides, de Samanta Schweblin).


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