Quatrième de couverture : "Le titre
du livre, en lui, ne frappait pas mon imagination, je pensais que c'était
un recueil d'extraits, ce qui me paraissait tout naturel car je savais
qu'il s'était toujours appliqué avec zèle à
ses études. Mais le contenu était tout autre. Il s'agissait
en effet d'un journal, ni plus ni moins, et tenu avec beaucoup de soin ;
et bien que, d'après ce que je savais de lui auparavant, un commentaire
de sa vie ne paraisse pas tout à fait indiqué, je ne peux
pas nier qu'après un premier coup d'il dans ce journal, le
titre n'ait été choisi avec beaucoup de goût et de
compréhension, témoignant, sur lui-même et sur la
situation, d'une véritable supériorité esthétique
et objective. Ce titre est en parfaite harmonie avec le contenu. Sa vie
a été un essai pour réaliser la tâche de vivre
poétiquement. Doué d'une capacité extrêmement
développée pour découvrir ce qui est intéressant
dans la vie, il a su le trouver et, l'ayant trouvé, il a toujours
su reproduire ce qu'il a vécu avec une veine mi-poétique." Éditions de poche précédentes chez Gallimard : Le Journal du séducteur a
paru pour la première fois en 1943 dans Ou
bien... Ou bien... : Le Journal du séducteur
se trouve aussi dans le tome 1 de la Pléiade,
éditiion et trad. par Régis Boyer, 2018
Autre édition, autre traduction du Journal du séducteur : trad. Jean-Jacques Gateau, avant-propos de Georges Perros, Club Français du Livre, 1962 : |
Søren Kierkegaard (1813-1855)
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Kierkegaard
et Pessoa : même jeu de cache-cache ?... |
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Nos 17 réactions
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Réactions transmises avant la séance
Françoise
Je déclare forfait : le livre m'est tombé des mains...
Nathalie
Le livre mest tombé des mains dès la dixième
page et franchement je ne me vois pas mimposer une lecture aussi
ennuyeuse, sexiste et désuète quand bien même elle
passionnerait tous les grands littérateurs et intellectuels de
France !
Quel choix :(
Rozenn
Je n'ai pas fini le livre, complètement exaspérée
:
- tant par l'histoire - en fait il n'y en a pas - que par le personnage :
insupportable, odieux et stupide ; j'admets que je suis très partiale
- que par l'écriture.
Un point positif : l'idée d'insérer les lettres, mais l'idée
me semble guère exploitée.
J'ai tenté le livre
indiqué par Claire sur la même histoire, nous avions déjà
vu ça - donc pas nouveau. Et là aussi, j'ai arrêté.
J'avoue, j'ai préféré me shooter avec la série
Servante écarlate : on peut trouver la saison 4 jusqu'au
quatrième épisode ; il y a de l'action - même un peu
trop violente...
Etienne
Pour commencer, quelle parfaite programmation que d'avoir lu ce grand
livre qu'est Le journal du séducteur quelques mois après
le choix des, non moins grandes, Souffrances du
jeune Werther. Un parfait contrepoint en quelque sorte où
la candeur du jeune Allemand se reflète dans le machiavélisme
du Danois. Cependant on se rappellera peut-être qu'une lecture non
dénuée d'ironie avait pu être faite de l'uvre
de Goethe
Je méconnais parfaitement Kierkegaard et le moins que l'on puisse
dire est que cette uvre m'a donné envie de le découvrir.
J'avais une image d'un philosophe austère, acide et ne savais à
quoi m'attendre en ouvrant cette uvre. J'ai donc été
subjugué dès le départ par le raffinement de sa prose.
Un lyrisme poussé à son paroxysme, qui, il faut être
honnête, frôle parfois l'indigestion. Mais j'imagine que cela
sert parfaitement l'image de ce stade esthétique qu'il a théorisé,
la prose étant ainsi objet pour soi, comme si la forme devenait
plus importante que le fond.
Certes les techniques narratives ont déjà été
éprouvées par Goethe : le récit liminaire de celui
qui découvre les lettres fait écho aux lettres de l'éditeur
de Werther, la forme épistolaire
Cependant je trouve que Kierkegaard va encore plus loin : le génie
de cette uvre est de nous enfermer littéralement dans la
tête du narrateur, de nous faire épouser son délire,
tout y est pensées, échafaudages mentaux, conjonction, comme
si l'extériorité n'avait plus d'importance.
Je dois quand même admettre que certains passages m'ont perdu, mais
qu'importe, cela fait partie du personnage qu'on arrive à suivre
jusqu'à un certain point puis que l'on perd, avant de le retrouver
plus loin. J'ai aussi évidemment beaucoup pensé à
cet autre chef-d'uvre lu l'année dernière : À
rebours.
Je l'ouvre en grand, mettant ainsi fin à une mauvaise série
de mon côté (Ponthus, Pirzâd,
Alameddine).
Manuel
Jai peiné à finir ma lecture. Lemphase de certaine
lettre à Cordelia ma paru puéril : "je
suis amoureux de moi-même, - pourquoi ? parce que je suis épris
de toi.". Johannes a une très haute opinion de
lui-même.
Je me suis ennuyé ferme entre les poncifs sur le mariage, les fiançailles
et la sensibilité des jeunes filles, les vérités
toutes faites sur les hommes, les femmes. Les citations non traduites
Même du grec ! Je me suis senti épuisé par lesthétisme,
lintéressant. La forme est plombante. Je dois passer, sûrement
passer, à côté d'un livre extraordinaire. Je me suis
senti exclu du fond comme de la forme dans de nombreux passages. Jai
regardé Wiki pour maider
Joannes est méchant
avec la tante et ça ma beaucoup fait rire ! De même
que p. 202 sa contribution à la théorie du baiser.
Contrairement à nos lectures récentes, je me sens enfermé
dans ce jeu de dupe. La nature me manque. Johannes n'a aucun panache.
Je vais relire Les Liaisons Dangereuses. La langue y est plus fleurie.
Fanny
Mon avis ne serait être que partiel car j'ai lu pour le moment le
tiers du livre.
Je dois dire que je résiste depuis le début, ayant du mal
à aller au-delà de cette vision de la femme profondément
misogyne. Avec quelques perles, comme par exemple de mentionner que la
femme ne peut vraiment naître que lorsqu'elle se marie.
J'ai bien conscience de poursuivre ma lecture avec un manque de recul
manifeste qui fait que je passe certainement à côté
d'autres dimensions du texte.
Cependant, en m'y plongeant à nouveau ce matin, j'ai trouvé
une forme de curiosité à savoir comment cette histoire allait
se profiler, avec une envie non dissimulée que le narrateur se
prenne un revers de médaille conséquent.
Je ne peux pas dire à ce stade comment j'ouvre le livre. Mais j'ai
hâte de lire vos avis probablement plus ouverts et plus riches que
le mien.
Belle soirée d'échange à vous.
Réactions en direct
Séverine
Je ne peux pas non plus donner d'avis et suis là surtout pour écouter.
J'ai lu une trentaine de pages et me suis dit : je ne vais pas m'infliger
ça. Je l'ai repris dès le début pour ce soir et persiste
dans mon abandon. Ça me paraît daté, les lettres je
n'accroche pas non plus. Je n'ai rien lu au sujet du livre et de l'auteur.
Peut-être je continuerai en fonction de ce que vous allez dire.
Je lis un polar polonais et c'est vraiment mieux. Mais je veux bien persister...
Catherine
Je ne suis pas très loin du non avis de Séverine. J'ai été
tentée d'arrêter ma lecture après quelques pages de
ce discours de pervers narcissique, de manipulateur, que j'ai rapidement
trouvé très ennuyeux. J'ai ensuite écouté
une émission de France Culture sur Le
journal, très intéressante, qui m'a poussée à
reprendre le livre. J'ai au fond trouvé la personnalité
de Kierkegaard, avec ses écrits de la main gauche et de la main
droite, ses hétéronymes... beaucoup plus intéressante
que son livre. Le narrateur du Journal en revanche, même
s'il se considère comme un esthéticien, relève plutôt
de la psychiatrie.
J'ai donc repris le livre en essayant de ne pas en rester à une
lecture au premier degré, mais j'ai été malgré
tout rapidement rebutée par le florilège sur les femmes,
le mariage, la virginité... Il y a quelques moments drôles,
les discussions sur l'économie rurale avec la tante, la description
d'Edouard.
Le personnage du narrateur est assez subtil. C'est certainement très
bien écrit, avec des formulations particulières - la chance
qui m'échait - et les deux façons d'aimer en combattant
cominus ou eminus
Ensuite arrivent les lettres qui redonnent un peu de vie à la narration
mais bon, c'est un procédé assez classique, ça ne
m'a pas transportée
Quant au dernier quart du livre, ffffttt
quel ennui. La fin est assez violente (pour Cordelia), mais elle est annoncée
depuis le début du livre.
Je ne regrette pas d'avoir lu cet ouvrage, mais j'ouvre au quart car pour
moi c'est l'ennui qui a dominé ma lecture. Je sens qu'il y a quelque
chose de plus derrière que je n'ai peut-être pas su apprécier.
Monique L
Je n'ai pas vraiment lu ce livre qui m'est tombé des mains. J'ai
fait plusieurs essais sans succès. Il a eu un effet soporifique.
Ce que j'ai lu m'est apparu long, ennuyeux et vain.
Le style n'y est pour rien. Il y a même des passages poétiques.
J'ai trouvé que c'était daté et je n'ai pas réussi
à accrocher.
Le début m'avait pourtant intéressée. Je pensais
que le fait que le narrateur ne soit pas le séducteur allait créer
une distance intéressante.
Toutes les considérations sur l'esthétisme m'ont paru confuses
(je dois reconnaître mon manque de connaissances philosophiques
à cet égard).
Toutes les généralités sur les femmes et les jeunes
filles m'ont agacée, même si elles correspondent à
la façon de voir de l'époque.
A un moment, je me suis demandée s'il ne fallait pas y voir une
parodie tellement c'était gros.
C'est sans doute une bonne description d'un pervers narcissique, mais
c'est long et ennuyeux. J'ouvre au ¼.
Claire
Je me demandais si Laura allait réussir son coup avec Johannes
comme elle l'avait réussi en nous proposant
Werther...
Je trouvais vraiment chic de lire Kierkegaard. J'avais lu un livre qu'avait
aimé Christian du groupe breton, une sorte de biographie de la
fiancée du maître Tout
dort paisiblement, sauf l'amour de Claude Pujade-Renaud, qui m'avait
plu sans plus, et étais très contente de lire l'objet des
feux en direct. Comme dit Rozenn, on a déjà lu ça
(certains ont beaucoup aimé Le
retour, roman sur la compagne d'un homme célèbre,
moi non...)
J'ai lu l'espèce de présentation de l'auteur de deux pages
en édition folio qui refroidit complètement avant de commencer.
La première page elle-même est un piège à pronoms
: je, celle/la, il. Celle/la est un truc
écrit par il qui s'appelle Commentarius
perpetuus n° 4. Je veux bien jouer le jeu, entre une ambiance
à la Umberto Eco et Chanel n° 5. Le narrateur est sur-le-champ
(peut-être agréablement) tortueux avec ce genre de formulations :
"Cependant, c'est en
vain que je voulu me faire accroire"... La deuxième
page mentionne des situations érotiques et un homme pervers, donc
je suis prête au voyage. La troisième page révèle
de l'humour subtil adressé au lecteur : "Supposez
qu'il soit rentré et m'ait trouvé évanoui, le tiroir
à la main - ah ! une mauvaise conscience peut rendre la vie intéressante."
Ensuite il me faut comprendre que ce que nous lisons, le journal du "il",
mêlé de quelques lettres, est ce que le narrateur a réussi
à se "procurer
en la griffonnant en grande hâte", soit plus de
200 pages... : j'ai un premier doute sur la vraisemblance du griffonnage
qui m'est utile pour adhérer au récit.
L'auteur du journal évoque p. 125 son art de narrer : "je
sais raconter une histoire de telle façon que la pointe ne s'en
perde pas, et n'arrive pas trop tôt. Et ma joie est de tenir in
suspenso ceux qui
m'écoutent, de vérifier par des petits mouvements épisodiques
l'issue qu'on désire à mon récit et de les tromper
pendant son cours. Mon art est d'employer des amphibologies pour qu'on
me comprenne bien dans un sens et qu'on s'aperçoive subitement
que mes paroles peuvent être comprises autrement aussi."
Pour ma part, la pointe s'est perdue très rapidement et l'amphibologie
m'a cassé les pieds (même en y revenant après avoir
lu une longue analyse du livre assez
claire). Et j'ai préféré découvrir Comment
lire des livres qu'on ne comprend pas d'Olivier Haralambon.
Quand on lit la dernière page, il est difficile de ne pas rejoindre
Nathalie, Fanny, Catherine, quant au sexisme du personnage. Ce n'est bien
sûr pas une raison suffisante pour ne pas aimer le livre...
J'ouvre au quart amphibologiquement pour les pages que je n'ai pas lues
et qui auraient pu me captiver.
Danièle
Pour ma part, je ne me suis pas ennuyée. Je suis sortie de cette
lecture toute étourdie. Que devais-je penser du narrateur ?
Quelle était l'intention de l'auteur ? Pendant toute la lecture,
je me perdais en de multiples conjectures.
Dans ce roman très bien construit, dans un souci esthétique
de mise en abyme, avec des lettres sans réponse qui encadrent le
roman, on sait dès le début que Johannes va abandonner Cordelia.
Les lettres écrites par Cordelia sont placées par l'auteur
au début du roman et dévoilent en fait la fin. Cela entraîne
une distanciation qui met le lecteur en éveil. Il ne doit pas tant
s'intéresser à l'histoire qu'au "comment", je
dirais à l'esthétique, pour aller dans le sens des écrits
théoriques que j'ai lus ensuite. Les dernières lettres,
écrites par Johannes, sont apparemment romantiques et correspondent
aux dernières étapes de la stratégie qui doit mener
à la fin, c'est-à-dire à la séduction calculée
de Cordelia. L'originalité de cette correspondance est qu'elle
ne forme pas de véritable échange. Elle traduit très
bien le décalage entre les deux personnages, et permet au lecteur
de percer la véritable personnalité du séducteur,
sous ses apparences d'un amoureux transi. Et pourtant, de temps en temps,
on se prend à croire qu'il est quand même amoureux. Il dit
"Je suis un esthète
qui croit en l'amour". Mais de qui ? De Cordelia ? De
la femme qu'elle représente ? Des femmes en général
? Mais il dit aussi : "Se
connaître soi-même et en aimer le plus grand nombre possible
[
] voilà la jouissance, voilà qui est vivre".
Mais aussi : "Est-ce
que j'aime Cordelia ? Oui, au sens esthétique".
C'est une réponse intellectuelle, peut-être la seule qui
intéresse Kierkegaard ici.
Contrairement à Stendhal, qui décrivait la naissance, la
cristallisation de l'amour, ici il s'agit seulement de la séduction :
il décide a priori de se faire aimer. Étonnamment, jamais
il ne doute de la réussite de sa stratégie. Il est sûr
de lui, c'est un stratège froid et calculateur, sans scrupule,
qui maîtrise la situation au niveau psychologique, un pervers narcissique.
Il avoue aimer "duper les jeunes filles", utilise des métaphores
de chasseur, il cherche "l'intéressant", et non vraiment
l'amour. Il a une approche des femmes segmentée, froide et calculatrice :
"Ce qui était
dispersé [dans plusieurs femmes] se rassemble en une unité,
les parties en un tout... Alors ma passion s'enflamme".
Face à cette personnalité, je me demandais tout le long
de la lecture quelle était l'intention de Kierkegaard. Car le trait
me semblait trop appuyé pour refléter seulement l'attitude
de l'époque face aux femmes.
Kierkegaard lui fait tenir à intervalles réguliers des envolées
dignes du romantisme, et d'ailleurs très bien écrites, à
mon avis. Avec Edouard, le faire valoir de Johannes, il évoque
un personnage des Affinités
électives de Goethe, qui tient un rôle semblable
et porte ce prénom. Mais Johannes est un anti Werther, qui, on
le sait, ne se laisse pas submerger par sa passion. N'a-t-on pas affaire
alors à une parodie ?
Et pour finir de me déboussoler, je naviguais dans les références
que j'entrevoyais. Est-il un Don Juan ? Oui : "En
aimer une seule, c'est trop peu, les aimer toutes, c'est superficiel".
Non, il me semble que Johannes obéit à des impulsions plus
intellectuelles, à une stratégie plus élaborée.
Est-ce un Pygmalion ? Pas tout à fait. Bien sûr, il veut
quelque part la façonner à l'image qu'il veut obtenir d'elle,
en lui proposant des lectures qui devront l'influencer. Mais par ailleurs,
il prétend qu'"elle
doit être libre". Curieuse injonction en contraste
avec le thème de la liberté, de même que l'idée
de "s'efforcer de la
faire tomber dans [ses] bras comme mue par une nécessité
naturelle".
Finalement il revendique le titre, non pas de séducteur (malgré
le titre du roman), mais "d'esthète
qui croit en l'amour [
] et qui se réserve le droit de faire
durer une histoire d'amour au maximum une demi-année."
Et pour finir, il se réjouit que sa "pratique
soit en parfaite harmonie avec sa théorie".
Voilà pourquoi je sors étourdie de cette construction littéraire,
qui nous mène de bout en bout sans dévoiler facilement la
vraie stratégie... de l'auteur.
Richard
J'ai eu le même problème que Séverine, mais je ne
suis pas aussi optimiste.
J'ai lu la moitié. Je suis partagé entre l'ennui et le dédain
pour le personnage, son attitude donjuanesque dépassée aujourd'hui.
Je m'ennuyais, je m'endormais.
OK je ne peux pas être trop hostile. J'aurais préféré
prendre un livre de philosophie plutôt que justifier une fiction.
Je suis très négatif et je l'assume. J'ouvre ¼.
Renée
Kierkegaard imagine que le narrateur a trouvé le journal d'un ami
et que la jeune fille séduite, Cordelia, lui a remis des lettres.
Une attitude envers les femmes typique du 19e siècle ; j'ai beaucoup
ri : "la destinée
la plus profonde de la femme est d'être la compagne de l'homme"
(on retrouve Shulem Deen) ; "Si
je devais imaginer l'idéal d'une jeune fille elle devrait toujours
être toute seule dans le monde [...] livrée à elle-même,
et surtout ne pas avoir d'amies". Il ose dire que la femme
n'a pas d'existence (p. 228), sa vie est végétative : "La
femme est substance, l'homme est réflexion".
Que veut dire "vivre poétiquement" ? Je ne comprends
pas trop. Puis je me suis souvenue que Stefan Zweig a écrit Trois
poètes de leur vie sur Casanova, Stendhal, et Tolstoï,
où il explique qu'ils ont écrit sur leur vie en la façonnant.
Le séducteur veut vivre poétiquement en prenant sa vie et
sa relation avec Cordelia comme un matériau malléable selon
son envie.
Il se veut cruel, cynique, jouisseur. "Il se veut": c'est ce
que disait Sartre, on se choisit... C'est pour cela qu'on dit qu'il est
le premier existentialiste.
À partir de là, il passe à l'attaque avec un vocabulaire
militaire. Comme Dom Juan, il ne rêve que de séduire, puis
lâche sa proie qui ne l'intéresse plus. Je pense qu'il jouit
de l'humiliation qu'il lui inflige. "Elle
est assise sur le sofa, devant la table à thé, je suis assis
à côté d'elle" : la phrase est répétée
quatre fois pour montrer la monotonie de la relation.
Je me suis beaucoup ennuyée au milieu du livre. Je l'ouvre au ¼.
Brigitte
Je n'avais jamais rien lu de Kierkegaard. Pour moi, c'est une découverte.
Avec une mise en abyme, on comprend que le narrateur est un jeune homme
à l'intelligence extrêmement brillante, il analyse avec une
grande subtilité ses sentiments et ceux qu'il suppose être
ressentis par la jeune fille qu'il poursuit. Il prétend l'aimer,
mais son comportement tellement subtil en devient pervers et manipulateur
; est-ce vraiment là aimer quelqu'un ?
Comment Cordelia ne pourrait-elle pas se sentir mal à l'aise, dépossédée,
maltraitée, par cette attitude ambiguë, floue et finalement
irresponsable. De toute façon, on ne sait jamais s'il s'agit d'événements
supposés vrais ou simplement de la description d'une suite d'états
d'âme.
Nous sommes de fait en présence d'un essai philosophique autour
du thème : doit-on choisir de mener une vie esthétique ou
bien une vie éthique, là est la question. La notion d'inconscient
n'était pas encore formulée, mais elle aurait bien trouvé
sa place dans les réflexions du narrateur. En cela, le livre est
très intéressant.
Bien que les questions soulevées soient encore d'actualité
pour nous, ce "récit" nous plonge de façon très
agréable dans un mode de vie vieux de deux siècles.
J'aimerais lire une version de cette séduction transposée
à l'ère du numérique. Il paraît que ce livre
a donné lieu à un film.
Le style est souvent très poétique, on a même parfois
affaire à des poèmes en prose.
Pour résumer : je ne regrette pas cette lecture assez difficile,
mais très intéressante. J'ouvre à moitié.
Denis
Le séducteur m'a laissé de marbre et je n'ai à aucun
moment adhéré à ce personnage. Ce livre m'a donc
paru extrêmement ennuyeux et je n'ai pas eu envie de lui consacrer
beaucoup de temps, d'autant plus que des uvres autrement captivantes
me sont tombées dans les mains (L'anomalie).
Je suis venu à cette réunion dans l'espoir d'entendre des
appréciations plus stimulantes - car le Kierkegaard, c'est quand
même un écrit de qualité qui a probablement demandé
beaucoup de travail. J'avais lu La
reprise il y a longtemps et j'en ai gardé un bon souvenir.
Mais ici, je ne saisis pas les motivations du personnage, ou bien, si
je les saisis, je ne m'y intéresse pas. Il me manque une tension
narrative (Les liaisons dangereuses, autre histoire de séduction,
est passionnant). À quoi vise le projet de séduction ?
Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fiançailles rompues qui
seraient le point culminant de toute l'affaire ? Je n'y ai rien compris.
Certains épisodes sont un tissu d'absurdités ou de gamineries
(pp. 146-147 : "De
loin dans la rue, j'ai vu déjà cette jolie petite tête
bouclée qui se penche aussi loin que possible par la fenêtre.
Voilà trois jours que je la remarque..." etc.).
Grâce à la réunion, j'ai acquis une meilleure compréhension
de ce livre mais il reste selon moi très ennuyeux - et complètement
démodé. J'ouvre un quart au vu du travail littéraire.
Renée
J'ai aussi beaucoup aimé L'anomalie.
Lisa ("auditrice libre" ce soir et qui
n'a pas lu Kierkegaard)
Vous ne me donnez pas envie de le lire.
Laura
Bien évidemment, étant celle qui a proposé l'ouvrage
à la lecture, j'ai adoré. C'était donc, pour moi,
une relecture. Il est vrai que j'aurais pu y porter un regard tout différent,
presque extérieur à mon amour fou pour l'auteur. Mais non.
Si le regard était extérieur, c'était pour mieux
me plonger dans le fond et la forme de l'histoire, et voir à quel
point le tout est prodigieux. Mais plus encore, à quel point j'ai
pu passer à côté de certains détails, certaines
phrases, ou de passages entiers purement philosophiques. Je l'ai lu pour
la première fois l'été dernier, j'en avais quelques
souvenirs positifs, mais je n'étais pas non plus transcendée.
J'aurais préféré proposer La Reprise pour lequel
je ne garde absolument aucun souvenirs (pourtant je l'ai lu deux fois),
mais toujours une impression de ravissement terrible. Mais Le Journal
du Séducteur l'a emporté. Finalement, j'en suis très
heureuse. Il est le reflet, l'explication métaphorique du stade
esthétique kierkegaardien (imaginez ce stade expliqué platement
).
Je ne peux pas dire le "premier" stade, car celui-ci ne rentre
pas dans un ordre, dans une synthèse. Au contraire, pour atteindre
le stade religieux, stade suprême, il faut en passer par le stade
éthique, et accomplir le saut du danseur, être un chevalier
de foi (cf. Crainte
et tremblement). Mais une personne éthique ne sort pas
nécessairement de l'esthétique. Elle peut y tomber, ou s'y
élever en suivant Johannes. Quelques raisons de mon adoration pour
l'ouvrage :
1. Johannes est détestable, et c'est délicieux. Il m'a fait rire tout le long du bouquin par sa recherche exacerbée de la perfection et du détail. Ce qu'il pratique est un art véritable, comme un despote sur lui-même et sur les autres. Après réflexion, il n'est pas vraiment Don Juan. Je comprends la comparaison ou le rapprochement, mais j'ai le sentiment qu'il n'est là que pour donner une vague idée de Johannes. Exception faite de l'épigraphe qui cite Don Giovanni, dont j'ai cherché la traduction : "mais sa passion principale/c'est la jeune débutante". Citation parfaite pour illustrer le personnage, et si on a bien lu le livre, elle n'a pas besoin d'être commentée, elle dit tout par elle-même. Mais bon, je tente d'être philosophe alors je vais esquisser quelque chose : passion est habituellement entendu comme faiblesse de l'âme, du cur, don de soi à la vie sous une instance irréfléchie. Le problème ici, c'est que les exactions du protagoniste ne s'accomplissent jamais sous l'emprise de la passion. Au contraire, séduire est la véritable raison de vivre du personnage. Raison, ici à la fois entendue comme but et comme fin, mais aussi comme réflexion. Ainsi, tout ce que fait Johannes est toujours réfléchi, produit à l'avance, prévisible. Mais ce prévisible, ici, ne sous-entend pas l'ennui ; au contraire, Johannes ne peut vivre sans, il le sait, il l'assume, et il la considère comme une qualité. La raison qui semble se cacher sous la passion est le mode d'être du personnage. Ainsi, ce dernier est de séduire "la jeune débutante", qui est presque une tautologie. Ici, Cordelia, ne débute pas dans le monde, comme on pourrait le croire, mais débute dans l'érotisme. Le chemin destinal qu'elle doit prendre.
Johannes est donc détestable, par ses actions, mais surtout par son caractère qui ne se veut pas narcissique, mais qui l'est fondamentalement : j'ai remarqué qu'à chaque fois qu'un passage avec une jeune fille était relaté, jamais, ou du moins excessivement rarement, les dires de la jeune fille en question n'étaient exposés ; ce sont ceux de Johannes exclusivement. Je pense ici aux passages du musée et de la porte cochère.
2. L'écriture qui est un vrai bijou. Ici il n'y a pas grand-chose à dire, mis à part que Kierkegaard nous donne à voir un authentique et sincère travail poétique. Que ce soit dans la recherche du vocabulaire, les sauts entre le style de Cordelia et celui de Johannes, ou encore le travail rythmique. J'ai plié bin trop de pages pour leurs beauté, exemple : après un long développement, la chute "voilà la jouissance, voilà qui est vivre".
Alors, bien entendu cet ouvrage n'est pas féministe, et va à
l'encontre de toute morale. Il est même particulièrement
choquant par endroits. Mais au fond, un séducteur pareil est-il
féministe ? Un esthéticien est-il moral ? Je ne crois pas.
S'il l'était, il perdrait son essence. Bref, un texte parodique
et drôle que j'ai adoré.
Grand ouvert.
Séverine
Je vais quand même essayer de lire le livre...
Jacqueline(l'avis
de Jacqueline qui a perdu le lien zoom nous arrive à la fin de
la soirée pour finir en questions)
Le livre d'un philosophe, une lecture très longue et souvent interrompue,
serait-il intimidant ? Faut-il en faire une lecture sociologique sur la
situation des femmes et encore plus des jeunes filles à l'époque
de Kierkegaard ? Faut-il y voir un témoignage historique sur des
idées générales qui circulent encore aujourd'hui
(la Nature, la Femme
- la Jeune Fille est plus démodée)
? Faut-il y trouver une occasion de réflexion sur le rapport entre
la volonté, l'action et la fin obtenue ? Faut-il y voir un traité
d'éducation à la manière de l'Émile
ou une satire du genre trois quarts de siècle plus tard ? Faut-il
y voir une réflexion sur les rapports humains, l'amour et la possibilité
de soumettre l'autre ?
C'est ce difficile travail d'interprétation qui pour moi rendait
un peu d'intérêt à un texte qui souvent m'ennuyait
assez. Il est écrit sous la forme de journal (sauf la brève
introduction sur laquelle j'ai vite passé sans y chercher des clés).
Il ne présente que le point de vue du narrateur et de sa folie
de toute puissance. On est plongé dans ce qu'il relate, il semble
agir toujours avec maîtrise et tout semble toujours tourner à
son avantage. On aimerait parfois un autre point de vue ! Les deux
lettres de Cordelia qui figurent dans l'introduction ne sont pas datées,
et j'aurais bien aimé pouvoir les situer clairement dans cette
histoire et donner un sens à ce "je
suis tienne et ta malédiction"
Je n'ai ni eu le temps ni l'envie de relire l'introduction certainement
très éclairante sur le projet de Kierkegaard. J'en suis
restée au premier degré et à quelques impressions
immédiates comme autrefois à la lecture des nouvelles publiées
sous le titre "Le
mur" de Sartre, autre philosophe de la phénoménologie
(j'ignore à peu près le sens de ce mot). Quelques-unes de
ces impressions :
J'ai bien aimé le passage du 2 août où le narrateur
apparaît comme amoureux et où sa description de Cordelia
m'a rappelé celle d'Emma Bovary, sous le regard de Charles et la
plume de Flaubert. Ce même 2 août, Oh
! Nature merveilleuse, profonde et énigmatique, tu donnes la
parole aux hommes, mais l'éloquence du baiser aux jeunes filles
! : cette déclaration m'a bien amusée
et appellerait un commentaire... En général toutes les étapes
de la tentative de séduction m'ont ennuyée et par contre
la fin m'a glacée, je l'ai vraiment ressentie comme un viol même
si rien n'en est décrit et si tout le reste n'avait fait que préparer
à ce qu'il soit consenti
Ce livre rencontrerait-il les luttes actuelles contre le viol et le féminicide
?
J'ouvre à moitié.
Claire, en rajoutant une couche, lit l'avant-dernier paragraphe du livre : "Je ne désire pas me souvenir de nos rapports ; elle est déflorée et nous ne sommes plus au temps où le chagrin d'une jeune fille délaissée la transformait en un héliotrope. Je ne veux pas lui faire mes adieux."
KIERKEGAARD
ET PESSOA : même jeu de cache-cache ?... |
KIERKEGAARD ET PESSOA : même jeu de cache-cache ?... |
- Kierkegaard a varié les genres utilisés
: traités philosophiques, récits, paraboles, aphorismes,
journaux intimes, articles de journaux, discours édifiants, etc.
- Pour en rajouter à la variété, il a donné
la parole à différentes voix en recourant à des pseudonymes.
Il a signé ses discours édifiants (près dune
centaine), quil disait avoir écrits de la main droite, avec
son propre nom, affublé dun titre universitaire, "Magister
Kierkegaard".
Quant à son uvre écrite de la main gauche, elle est
signée par toute une série dauteurs aux noms fantaisistes
: Victor Eremita (pour Le journal du séducteur), lassesseur
Wilhelm, Johannes de Silentio, Constantin Constantius, Vigilius Haufniensis,
Hilarius le Relieur, William Afham, Frater Taciturnus, Johannes Climacus,
et plus tard Anti-Climacus...
Kierkegaard sest même amusé à parfois faire
dialoguer ses auteurs pseudonymes, lun commentant ou critiquant
lautre...
Pour philosopher à ce sujet, voir l'article
"Kierkegaard
et le pseudonyme : une figure de la vérité",
Jean-Daniel Causse (psychanalyste), Études théologiques
et religieuses, 2013.
Jeunesse
- Né en 1813 à Copenhague, au Danemark, dans une famille
de la bourgeoisie aisée qui lui assure une éducation religieuse
stricte. Il naît d'un second mariage de son père qui est
âgé de 56 ans à sa naissance.
- Son enfance est marquée par les nombreux décès
au sein de sa famille : sa mère et cinq frères et surs
; il en gardera un tempérament mélancolique.
- A 18 ans, il s'inscrit à l'Université de Copenhague pour
étudier la théologie et la philosophie.
- A 25 ans, son père meurt, et il ne reste de sa famille originelle
que l'un de ses frères et lui.
Des choix décisifs
- En 1837, il tombe amoureux de Régine Olsen et envisage le mariage.
- En 1840 :
=> il décide finalement de rompre ses fiançailles : une
rupture douloureuse qui le marquera profondément ; mais il garde
la forme :
=> il soutient sa thèse Le Concept d'ironie constamment rapporté
à Socrate.
- En 1841-1842 : il complète sa formation philosophique avec les
cours de Schelling,
à l'Université de Berlin. Déçu, il rentre
au Danemark et commence à écrire ses propres uvres,
vivant de son héritage et ayant choisi le célibat.
Un auteur prolifique
De 1838, année de son premier livre, à 1855, année
de sa mort, Kierkegaard a écrit et publié 34 ouvrages, sans
compter une masse énorme de notes personnelles écrites parallèlement
qui forment 13 volumes dont on a tiré son Journal.
Voici les livres écrits sous divers pseudonymes
et disponibles en français actuellement, sans parler des volumes
d'uvres complètes, aux éditions
de l'Orante (20 volumes publiés entre 1966 et 1986), puis en
2018 dans La Pléiade :
- Ou
bien... Ou bien...
- Crainte
et tremblement
- Les
miettes philosophiques
- Miettes
philosophiques - Le Concept de l'angoisse - Traité du désespoir
-
Post-scriptum aux Miettes philosophiques
- Le
Journal du séducteur
- Riens
philosophiques
- Étapes
sur le chemin de la vie
- La
répétition ou La
reprise
- Johannes
Climacus ou Il faut douter de tout
- Les
stades immédiats de lÉros ou lÉros et
la musique
- La
Crise et une crise dans la vie d'une actrice
- In
vino veritas : un souvenir raconté par Viliam Afham
- La
Dialectique de la communication
- Journal
(nombreux tomes).
Le tournant religieux
- Vers la fin de sa vie, Kierkegaard s'engage dans une dénonciation
radicale de l'Église danoise, au nom d'un christianisme authentique.
Il rédige ainsi des pamphlets qui provoquent une vive émotion.
Il dénonce le christianisme d'État, en des accents de plus
en plus exagérés, allant jusqu'à traiter les pasteurs
de menteurs voire d'anthropophages...
- Épuisé et appauvri, il est confronté à l'hostilité
de ses contemporains.
Fin
et postérité
Lors d'une promenade, il s'effondre et finit par mourir à l'hôpital
de Copenhague, à l'âge de 42 ans en 1855.
- Coup de théâtre ? Son testament fait de Régine
son héritière légale. Elle refusera l'héritage
et ne récupérera que des effets personnels et les lettres
qu'elle lui avait adressées, lettres que vraisemblablement elle
a détruites.
- Il a exercé une profonde influence sur
Heidegger, Sartre et d'autres figures de l'existentialisme, sa pensée
ayant été considérée
comme une première forme d'existentialisme
(Des éléments de cette biographie
sont tirés du site Les
Philosophes.fr qui présente
également les écrits de Kierkegaard
résumés).
LE JOURNAL DU SÉDUCTEUR |
Où le situer ?
- Dans la littérature danoise : "La
littérature scandinave, de Bergman à Kierkegaard",
France Inter, Ça peut pas faire de mal, par Guillaume Gallienne,
19 novembre 2011, 46 min.
- Dans la philosophie : une présentation rigolote du Journal
du séducteur, mais sérieuse quand même, par Guillaume
Terrien sur
son blog Chaaabert !
- Le Journal du séducteur pour les nuls : pour ceux qui
trouvent le livre difficile, voici une présentation et une analyse
ICI.
AU CINÉMA |
Le
journal du séducteur est une adaptation au cinéma
de Danièle Dubroux en 1995, avec Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud,
Hubert Saint-Macary, Mathieu Amalric, Jean-Pierre Léaud, Micheline
Presle, Denis Podalydès, Karin Viard : un jeune homme tente de
séduire une étudiante qui se montre peu intéressée,
fascinée qu'elle est par un jeune philosophe qui a laissé
traîner un livre... Le Journal du séducteur. Le livre
passe de personnage en personnage... ça va mal finir ?
Une analyse détaillée dans la revue québécoise
24 images par Michel
Euvrard et une interview de la réalisatrice font regretter que
le film soit invisible aujourd'hui (voir Critique
et Entretien, 24 images,
n° 85, 1996-1997). Danièle Duroux raconte comment elle a fait
ce film, Le Journal du séducteur, alors qu'elle l'avait
lu à moitié quand elle avait 20 ans et que le livre l'avait
un peu barbée ; c'est plus tard qu'un philosophe lui proposera
d'adapter le livre...
DEUX ROMANS en rapport avec le Journal du séducteur |
- Claude
Pujade-Renaud ressuscite la fameuse fiancée dans Tout
dort paisiblement, sauf l'amour (Actes sud) : aux Antilles
danoises dont son époux est le gouverneur, Regine Olsen apprend
la disparition de Søren Kierkegaard qui laima avec ferveur
et rompit leurs fiançailles. Le roman est nourri des journaux et
de la correspondance de Kierkegaard.
- Vincent Delecroix,
spécialiste de Søren Kierkegaard, est l'auteur de Ce
qui est perdu (Gallimard) : dans ce roman, le narrateur se remet
d'une rupture amoureuse et apprend le danois pour lire Le journal du
séducteur (voir la
présentation ici par l'auteur avec Olivier Barrot).
POUR FAIRE UNE CURE DE KIERKEGAARD |
à la télévision
- Docu-fiction : Kierkegaard
: Pensées subversives, par
Wilfried Hauke, Arte Philosophie,
2013, 59 min.
- "Kierkegaard",
avec Flemming Fleinert-Jensen, pasteur, ancien président de la
Société Kierkegaard, et Hélène Politis, professeure
de philosophie à la Sorbonne, traductrice et spécialiste
de Kierkegaard, émission La Foi prise au mot, chaîne
de télévision catholique KTO, 8 novembre 2015.
à
la radio
- "Selon
Régine Olsen, les Français ne comprendront jamais Kierkegaard"
: à l'ancienne, une causerie de Georges Gusdorf intitulée
"Søren Kierkegaard : le romancier, le poète et le réformateur",
22 mai 1963, France III, diffusée sur France Culture, 26 min.
- Une présentation
et biographie toujours à l'ancienne (comme un conte...) par
le responsable de la première édition des uvres
complètes, Jean
Brun (éd. de l'Orante, 1979), France Culture, Les Chemins
de la connaissance, par Jérôme
Peignot, 30 octobre 1978, 20 min.
- "Kierkegaard,
Le journal du séducteur", France Culture, Les
nouveaux Chemins de la connaissance, par
Adèle Van Reeth avec Vincent Delecroix, 3 octobre 2016, 51 min.
- "Devenir soi avec Kierkegaard", France Culture, Les Chemins
de la philosophie, par Adèle Van Reeth, quatre émissions
d'une heure du 17 au 20 juin 2013 : 1/4.
L'esthète et le séducteur avec Vincent Delecroix - 2/4.
Le mari et le juge avec Philippe Chevallier - 3/4. Le
chevalier de la foi avec Flemming Fleinert-Jensen - 4/4. Son
post-scriptum aux Miettes philosophiques avec Jacques Message.
- "Kierkegaard au secours de lexistence", France Culture,
Les Chemins de la philosophie, par Adèle Van Reeth, trois
émissions d'une heure du 11 au 14 septembre 2017 : 1/3. Pourquoi
croire en Dieu ? - 2/3. Se
marier rend-il plus heureux ? - 3/3. Comment
tromper le désespoir ?
LA TRADUCTION de cette uvre colossale |
- La traduction de Kierkegaard a une
histoire, racontée par Jacques Lafarge : "Kierkegaard
en traduction française".
Elle est interrogée par Hélène Politis dans "Kierkegaard
philosophe : problèmes posés par les traductions françaises".
Ceci dans Traduire les philosophes, éditions de la Sorbonne,
2000.
- Les traductions sont liées à "La
réception de Kierkegaard en France 1930-1960", qu'analyse
Margaret Teboul, Revue des sciences philosophiques et théologiques,
2005.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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