Folio, trad. du danois par Marie-Henriette Guignot et F. et O. Prior

Quatrième de couverture : "Le titre du livre, en lui, ne frappait pas mon imagination, je pensais que c'était un recueil d'extraits, ce qui me paraissait tout naturel car je savais qu'il s'était toujours appliqué avec zèle à ses études. Mais le contenu était tout autre. Il s'agissait en effet d'un journal, ni plus ni moins, et tenu avec beaucoup de soin ; et bien que, d'après ce que je savais de lui auparavant, un commentaire de sa vie ne paraisse pas tout à fait indiqué, je ne peux pas nier qu'après un premier coup d'œil dans ce journal, le titre n'ait été choisi avec beaucoup de goût et de compréhension, témoignant, sur lui-même et sur la situation, d'une véritable supériorité esthétique et objective. Ce titre est en parfaite harmonie avec le contenu. Sa vie a été un essai pour réaliser la tâche de vivre poétiquement. Doué d'une capacité extrêmement développée pour découvrir ce qui est intéressant dans la vie, il a su le trouver et, l'ayant trouvé, il a toujours su reproduire ce qu'il a vécu avec une veine mi-poétique."
Søren Kierkegaard


Éditions de poche précédentes chez Gallimard :

Idées Gallimard


Le Journal du séducteur a paru pour la première fois en 1943 dans Ou bien... Ou bien... :


Le Journal du séducteur se trouve aussi dans le tome 1 de la Pléiade, éditiion et trad. par Régis Boyer, 2018



Collection Bouquins, trad. Paul-Henri et Else-Marie Tisseau, éd. établie par Régis Boyer



Autre édition, autre traduction du Journal du séducteur : trad. Jean-Jacques Gateau, avant-propos de Georges Perros, Club Français du Livre, 1962 :
Søren Kierkegaard (1813-1855)
Le Journal du séducteur (1843, première trad. 1929)

Nous avons lu ce livre pour le 7 mai 2021.

Des infos autour du livre
 

Kierkegaard et Pessoa : même jeu de cache-cache ?...
Quelques repères biographiques 
Le Journal du séducteur : où le situer ?
Au cinéma
Deux romans en rapport avec le Journal du séducteur
Pour faire une cure de Kierkegaard à la télévision et la radio
La traduction de cette œuvre colossale

Nos 17 réactions

 •EtienneLaura
Danièle
BrigitteJacqueline
CatherineClaireDenisManuel
Monique LRenéeRichard

Ont ouvert le livre et l'ont refermé plus ou moins vite :
FannyFrançoise Nathalie RRozennSéverine


Réactions transmises avant la séance

Françoise
Je déclare forfait : le livre m'est tombé des mains...

Nathalie
Le livre m’est tombé des mains dès la dixième page et franchement je ne me vois pas m’imposer une lecture aussi ennuyeuse, sexiste et désuète quand bien même elle passionnerait tous les grands littérateurs et intellectuels de France !
Quel choix :(

Rozenn
Je n'ai pas fini le livre, complètement exaspérée :
- tant par l'histoire - en fait il n'y en a pas - que par le personnage : insupportable, odieux et stupide ; j'admets que je suis très partiale
- que par l'écriture.
Un point positif : l'idée d'insérer les lettres, mais l'idée me semble guère exploitée.
J'ai tenté le livre indiqué par Claire sur la même histoire, nous avions déjà vu ça - donc pas nouveau. Et là aussi, j'ai arrêté.
J'avoue, j'ai préféré me shooter avec la série Servante écarlate : on peut trouver la saison 4 jusqu'au quatrième épisode ; il y a de l'action - même un peu trop violente...
Etienne
Pour commencer, quelle parfaite programmation que d'avoir lu ce grand livre qu'est Le journal du séducteur quelques mois après le choix des, non moins grandes, Souffrances du jeune Werther. Un parfait contrepoint en quelque sorte où la candeur du jeune Allemand se reflète dans le machiavélisme du Danois. Cependant on se rappellera peut-être qu'une lecture non dénuée d'ironie avait pu être faite de l'œuvre de Goethe…
Je méconnais parfaitement Kierkegaard et le moins que l'on puisse dire est que cette œuvre m'a donné envie de le découvrir. J'avais une image d'un philosophe austère, acide et ne savais à quoi m'attendre en ouvrant cette œuvre. J'ai donc été subjugué dès le départ par le raffinement de sa prose. Un lyrisme poussé à son paroxysme, qui, il faut être honnête, frôle parfois l'indigestion. Mais j'imagine que cela sert parfaitement l'image de ce stade esthétique qu'il a théorisé, la prose étant ainsi objet pour soi, comme si la forme devenait plus importante que le fond.
Certes les techniques narratives ont déjà été éprouvées par Goethe : le récit liminaire de celui qui découvre les lettres fait écho aux lettres de l'éditeur de Werther, la forme épistolaire…
Cependant je trouve que Kierkegaard va encore plus loin : le génie de cette œuvre est de nous enfermer littéralement dans la tête du narrateur, de nous faire épouser son délire, tout y est pensées, échafaudages mentaux, conjonction, comme si l'extériorité n'avait plus d'importance.
Je dois quand même admettre que certains passages m'ont perdu, mais qu'importe, cela fait partie du personnage qu'on arrive à suivre jusqu'à un certain point puis que l'on perd, avant de le retrouver plus loin. J'ai aussi évidemment beaucoup pensé à cet autre chef-d'œuvre lu l'année dernière : À rebours.
Je l'ouvre en grand, mettant ainsi fin à une mauvaise série de mon côté (Ponthus, Pirzâd, Alameddine).
Manuel
J’ai peiné à finir ma lecture. L’emphase de certaine lettre à Cordelia m’a paru puéril : "je suis amoureux de moi-même, - pourquoi ? parce que je suis épris de toi.". Johannes a une très haute opinion de lui-même.
Je me suis ennuyé ferme entre les poncifs sur le mariage, les fiançailles et la sensibilité des jeunes filles, les vérités toutes faites sur les hommes, les femmes. Les citations non traduites… Même du grec ! Je me suis senti épuisé par l’esthétisme, l’intéressant. La forme est plombante. Je dois passer, sûrement passer, à côté d'un livre extraordinaire. Je me suis senti exclu du fond comme de la forme dans de nombreux passages. J’ai regardé Wiki pour m’aider… Joannes est méchant avec la tante et ça m’a beaucoup fait rire ! De même que p. 202 sa contribution à la théorie du baiser. Contrairement à nos lectures récentes, je me sens enfermé dans ce jeu de dupe. La nature me manque. Johannes n'a aucun panache. Je vais relire Les Liaisons Dangereuses. La langue y est plus fleurie.

Fanny
Mon avis ne serait être que partiel car j'ai lu pour le moment le tiers du livre.
Je dois dire que je résiste depuis le début, ayant du mal à aller au-delà de cette vision de la femme profondément misogyne. Avec quelques perles, comme par exemple de mentionner que la femme ne peut vraiment naître que lorsqu'elle se marie.
J'ai bien conscience de poursuivre ma lecture avec un manque de recul manifeste qui fait que je passe certainement à côté d'autres dimensions du texte.
Cependant, en m'y plongeant à nouveau ce matin, j'ai trouvé une forme de curiosité à savoir comment cette histoire allait se profiler, avec une envie non dissimulée que le narrateur se prenne un revers de médaille conséquent.
Je ne peux pas dire à ce stade comment j'ouvre le livre. Mais j'ai hâte de lire vos avis probablement plus ouverts et plus riches que le mien.
Belle soirée d'échange à vous.

Réactions en direct

Séverine
Je ne peux pas non plus donner d'avis et suis là surtout pour écouter. J'ai lu une trentaine de pages et me suis dit : je ne vais pas m'infliger ça. Je l'ai repris dès le début pour ce soir et persiste dans mon abandon. Ça me paraît daté, les lettres je n'accroche pas non plus. Je n'ai rien lu au sujet du livre et de l'auteur. Peut-être je continuerai en fonction de ce que vous allez dire. Je lis un polar polonais et c'est vraiment mieux. Mais je veux bien persister...
Catherine   
Je ne suis pas très loin du non avis de Séverine. J'ai été tentée d'arrêter ma lecture après quelques pages de ce discours de pervers narcissique, de manipulateur, que j'ai rapidement trouvé très ennuyeux. J'ai ensuite écouté une émission de France Culture sur Le journal, très intéressante, qui m'a poussée à reprendre le livre. J'ai au fond trouvé la personnalité de Kierkegaard, avec ses écrits de la main gauche et de la main droite, ses hétéronymes... beaucoup plus intéressante que son livre. Le narrateur du Journal en revanche, même s'il se considère comme un esthéticien, relève plutôt de la psychiatrie.
J'ai donc repris le livre en essayant de ne pas en rester à une lecture au premier degré, mais j'ai été malgré tout rapidement rebutée par le florilège sur les femmes, le mariage, la virginité... Il y a quelques moments drôles, les discussions sur l'économie rurale avec la tante, la description d'Edouard.
Le personnage du narrateur est assez subtil. C'est certainement très bien écrit, avec des formulations particulières - la chance qui m'échait - et les deux façons d'aimer en combattant cominus ou eminus
Ensuite arrivent les lettres qui redonnent un peu de vie à la narration mais bon, c'est un procédé assez classique, ça ne m'a pas transportée … Quant au dernier quart du livre, ffffttt quel ennui. La fin est assez violente (pour Cordelia), mais elle est annoncée depuis le début du livre.
Je ne regrette pas d'avoir lu cet ouvrage, mais j'ouvre au quart car pour moi c'est l'ennui qui a dominé ma lecture. Je sens qu'il y a quelque chose de plus derrière que je n'ai peut-être pas su apprécier.
Monique L   
Je n'ai pas vraiment lu ce livre qui m'est tombé des mains. J'ai fait plusieurs essais sans succès. Il a eu un effet soporifique. Ce que j'ai lu m'est apparu long, ennuyeux et vain.
Le style n'y est pour rien. Il y a même des passages poétiques.
J'ai trouvé que c'était daté et je n'ai pas réussi à accrocher.
Le début m'avait pourtant intéressée. Je pensais que le fait que le narrateur ne soit pas le séducteur allait créer une distance intéressante.
Toutes les considérations sur l'esthétisme m'ont paru confuses (je dois reconnaître mon manque de connaissances philosophiques à cet égard).
Toutes les généralités sur les femmes et les jeunes filles m'ont agacée, même si elles correspondent à la façon de voir de l'époque.
A un moment, je me suis demandée s'il ne fallait pas y voir une parodie tellement c'était gros.
C'est sans doute une bonne description d'un pervers narcissique, mais c'est long et ennuyeux. J'ouvre au ¼.
Claire
Je me demandais si Laura allait réussir son coup avec Johannes comme elle l'avait réussi en nous proposant Werther...
Je trouvais vraiment chic de lire Kierkegaard. J'avais lu un livre qu'avait aimé Christian du groupe breton, une sorte de biographie de la fiancée du maître Tout dort paisiblement, sauf l'amour de Claude Pujade-Renaud, qui m'avait plu sans plus, et étais très contente de lire l'objet des feux en direct. Comme dit Rozenn, on a déjà lu ça (certains ont beaucoup aimé Le retour, roman sur la compagne d'un homme célèbre, moi non...)
J'ai lu l'espèce de présentation de l'auteur de deux pages en édition folio qui refroidit complètement avant de commencer. La première page elle-même est un piège à pronoms : je, celle/la, il. Celle/la est un truc écrit par il qui s'appelle Commentarius perpetuus n° 4. Je veux bien jouer le jeu, entre une ambiance à la Umberto Eco et Chanel n° 5. Le narrateur est sur-le-champ (peut-être agréablement) tortueux avec ce genre de formulations : "Cependant, c'est en vain que je voulu me faire accroire"... La deuxième page mentionne des situations érotiques et un homme pervers, donc je suis prête au voyage. La troisième page révèle de l'humour subtil adressé au lecteur : "Supposez qu'il soit rentré et m'ait trouvé évanoui, le tiroir à la main - ah ! une mauvaise conscience peut rendre la vie intéressante."
Ensuite il me faut comprendre que ce que nous lisons, le journal du "il", mêlé de quelques lettres, est ce que le narrateur a réussi à se "procurer en la griffonnant en grande hâte", soit plus de 200 pages... : j'ai un premier doute sur la vraisemblance du griffonnage qui m'est utile pour adhérer au récit.
L'auteur du journal évoque p. 125 son art de narrer : "je sais raconter une histoire de telle façon que la pointe ne s'en perde pas, et n'arrive pas trop tôt. Et ma joie est de tenir in suspenso ceux qui m'écoutent, de vérifier par des petits mouvements épisodiques l'issue qu'on désire à mon récit et de les tromper pendant son cours. Mon art est d'employer des amphibologies pour qu'on me comprenne bien dans un sens et qu'on s'aperçoive subitement que mes paroles peuvent être comprises autrement aussi." Pour ma part, la pointe s'est perdue très rapidement et l'amphibologie m'a cassé les pieds (même en y revenant après avoir lu une longue analyse du livre assez claire). Et j'ai préféré découvrir Comment lire des livres qu'on ne comprend pas d'Olivier Haralambon.
Quand on lit la dernière page, il est difficile de ne pas rejoindre Nathalie, Fanny, Catherine, quant au sexisme du personnage. Ce n'est bien sûr pas une raison suffisante pour ne pas aimer le livre...
J'ouvre au quart amphibologiquement pour les pages que je n'ai pas lues et qui auraient pu me captiver.
Danièle
Pour ma part, je ne me suis pas ennuyée. Je suis sortie de cette lecture toute étourdie. Que devais-je penser du narrateur ? Quelle était l'intention de l'auteur ? Pendant toute la lecture, je me perdais en de multiples conjectures.
Dans ce roman très bien construit, dans un souci esthétique de mise en abyme, avec des lettres sans réponse qui encadrent le roman, on sait dès le début que Johannes va abandonner Cordelia. Les lettres écrites par Cordelia sont placées par l'auteur au début du roman et dévoilent en fait la fin. Cela entraîne une distanciation qui met le lecteur en éveil. Il ne doit pas tant s'intéresser à l'histoire qu'au "comment", je dirais à l'esthétique, pour aller dans le sens des écrits théoriques que j'ai lus ensuite. Les dernières lettres, écrites par Johannes, sont apparemment romantiques et correspondent aux dernières étapes de la stratégie qui doit mener à la fin, c'est-à-dire à la séduction calculée de Cordelia. L'originalité de cette correspondance est qu'elle ne forme pas de véritable échange. Elle traduit très bien le décalage entre les deux personnages, et permet au lecteur de percer la véritable personnalité du séducteur, sous ses apparences d'un amoureux transi. Et pourtant, de temps en temps, on se prend à croire qu'il est quand même amoureux. Il dit "Je suis un esthète qui croit en l'amour". Mais de qui ? De Cordelia ? De la femme qu'elle représente ? Des femmes en général ? Mais il dit aussi : "Se connaître soi-même et en aimer le plus grand nombre possible […] voilà la jouissance, voilà qui est vivre". Mais aussi : "Est-ce que j'aime Cordelia ? Oui, au sens esthétique". C'est une réponse intellectuelle, peut-être la seule qui intéresse Kierkegaard ici.
Contrairement à Stendhal, qui décrivait la naissance, la cristallisation de l'amour, ici il s'agit seulement de la séduction : il décide a priori de se faire aimer. Étonnamment, jamais il ne doute de la réussite de sa stratégie. Il est sûr de lui, c'est un stratège froid et calculateur, sans scrupule, qui maîtrise la situation au niveau psychologique, un pervers narcissique. Il avoue aimer "duper les jeunes filles", utilise des métaphores de chasseur, il cherche "l'intéressant", et non vraiment l'amour. Il a une approche des femmes segmentée, froide et calculatrice : "Ce qui était dispersé [dans plusieurs femmes] se rassemble en une unité, les parties en un tout... Alors ma passion s'enflamme".
Face à cette personnalité, je me demandais tout le long de la lecture quelle était l'intention de Kierkegaard. Car le trait me semblait trop appuyé pour refléter seulement l'attitude de l'époque face aux femmes.
Kierkegaard lui fait tenir à intervalles réguliers des envolées dignes du romantisme, et d'ailleurs très bien écrites, à mon avis. Avec Edouard, le faire valoir de Johannes, il évoque un personnage des Affinités électives de Goethe, qui tient un rôle semblable et porte ce prénom. Mais Johannes est un anti Werther, qui, on le sait, ne se laisse pas submerger par sa passion. N'a-t-on pas affaire alors à une parodie ?
Et pour finir de me déboussoler, je naviguais dans les références que j'entrevoyais. Est-il un Don Juan ? Oui : "En aimer une seule, c'est trop peu, les aimer toutes, c'est superficiel". Non, il me semble que Johannes obéit à des impulsions plus intellectuelles, à une stratégie plus élaborée.
Est-ce un Pygmalion ? Pas tout à fait. Bien sûr, il veut quelque part la façonner à l'image qu'il veut obtenir d'elle, en lui proposant des lectures qui devront l'influencer. Mais par ailleurs, il prétend qu'"elle doit être libre". Curieuse injonction en contraste avec le thème de la liberté, de même que l'idée de "s'efforcer de la faire tomber dans [ses] bras comme mue par une nécessité naturelle".
Finalement il revendique le titre, non pas de séducteur (malgré le titre du roman), mais "d'esthète qui croit en l'amour […] et qui se réserve le droit de faire durer une histoire d'amour au maximum une demi-année." Et pour finir, il se réjouit que sa "pratique soit en parfaite harmonie avec sa théorie".
Voilà pourquoi je sors étourdie de cette construction littéraire, qui nous mène de bout en bout sans dévoiler facilement la vraie stratégie... de l'auteur.
Richard
J'ai eu le même problème que Séverine, mais je ne suis pas aussi optimiste.
J'ai lu la moitié. Je suis partagé entre l'ennui et le dédain pour le personnage, son attitude donjuanesque dépassée aujourd'hui.
Je m'ennuyais, je m'endormais.
OK je ne peux pas être trop hostile. J'aurais préféré prendre un livre de philosophie plutôt que justifier une fiction. Je suis très négatif et je l'assume. J'ouvre ¼. 
Renée   
Kierkegaard imagine que le narrateur a trouvé le journal d'un ami et que la jeune fille séduite, Cordelia, lui a remis des lettres.
Une attitude envers les femmes typique du 19e siècle ; j'ai beaucoup ri : "la destinée la plus profonde de la femme est d'être la compagne de l'homme" (on retrouve Shulem Deen) ; "Si je devais imaginer l'idéal d'une jeune fille elle devrait toujours être toute seule dans le monde [...] livrée à elle-même, et surtout ne pas avoir d'amies". Il ose dire que la femme n'a pas d'existence (p. 228), sa vie est végétative : "La femme est substance, l'homme est réflexion".
Que veut dire "vivre poétiquement" ? Je ne comprends pas trop. Puis je me suis souvenue que Stefan Zweig a écrit Trois poètes de leur vie sur Casanova, Stendhal, et Tolstoï, où il explique qu'ils ont écrit sur leur vie en la façonnant. Le séducteur veut vivre poétiquement en prenant sa vie et sa relation avec Cordelia comme un matériau malléable selon son envie.
Il se veut cruel, cynique, jouisseur. "Il se veut": c'est ce que disait Sartre, on se choisit... C'est pour cela qu'on dit qu'il est le premier existentialiste.
À partir de là, il passe à l'attaque avec un vocabulaire militaire. Comme Dom Juan, il ne rêve que de séduire, puis lâche sa proie qui ne l'intéresse plus. Je pense qu'il jouit de l'humiliation qu'il lui inflige. "Elle est assise sur le sofa, devant la table à thé, je suis assis à côté d'elle" : la phrase est répétée quatre fois pour montrer la monotonie de la relation.
Je me suis beaucoup ennuyée au milieu du livre. Je l'ouvre au ¼.
Brigitte
Je n'avais jamais rien lu de Kierkegaard. Pour moi, c'est une découverte.
Avec une mise en abyme, on comprend que le narrateur est un jeune homme à l'intelligence extrêmement brillante, il analyse avec une grande subtilité ses sentiments et ceux qu'il suppose être ressentis par la jeune fille qu'il poursuit. Il prétend l'aimer, mais son comportement tellement subtil en devient pervers et manipulateur ; est-ce vraiment là aimer quelqu'un ?
Comment Cordelia ne pourrait-elle pas se sentir mal à l'aise, dépossédée, maltraitée, par cette attitude ambiguë, floue et finalement irresponsable. De toute façon, on ne sait jamais s'il s'agit d'événements supposés vrais ou simplement de la description d'une suite d'états d'âme.
Nous sommes de fait en présence d'un essai philosophique autour du thème : doit-on choisir de mener une vie esthétique ou bien une vie éthique, là est la question. La notion d'inconscient n'était pas encore formulée, mais elle aurait bien trouvé sa place dans les réflexions du narrateur. En cela, le livre est très intéressant.
Bien que les questions soulevées soient encore d'actualité pour nous, ce "récit" nous plonge de façon très agréable dans un mode de vie vieux de deux siècles.
J'aimerais lire une version de cette séduction transposée à l'ère du numérique. Il paraît que ce livre a donné lieu à un film.
Le style est souvent très poétique, on a même parfois affaire à des poèmes en prose.
Pour résumer : je ne regrette pas cette lecture assez difficile, mais très intéressante. J'ouvre à moitié.          
Denis   
Le séducteur m'a laissé de marbre et je n'ai à aucun moment adhéré à ce personnage. Ce livre m'a donc paru extrêmement ennuyeux et je n'ai pas eu envie de lui consacrer beaucoup de temps, d'autant plus que des œuvres autrement captivantes me sont tombées dans les mains (L'anomalie). Je suis venu à cette réunion dans l'espoir d'entendre des appréciations plus stimulantes - car le Kierkegaard, c'est quand même un écrit de qualité qui a probablement demandé beaucoup de travail. J'avais lu La reprise il y a longtemps et j'en ai gardé un bon souvenir.
Mais ici, je ne saisis pas les motivations du personnage, ou bien, si je les saisis, je ne m'y intéresse pas. Il me manque une tension narrative (Les liaisons dangereuses, autre histoire de séduction, est passionnant). À quoi vise le projet de séduction ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fiançailles rompues qui seraient le point culminant de toute l'affaire ? Je n'y ai rien compris. Certains épisodes sont un tissu d'absurdités ou de gamineries (pp. 146-147 : "De loin dans la rue, j'ai vu déjà cette jolie petite tête bouclée qui se penche aussi loin que possible par la fenêtre. Voilà trois jours que je la remarque..." etc.). Grâce à la réunion, j'ai acquis une meilleure compréhension de ce livre mais il reste selon moi très ennuyeux - et complètement démodé. J'ouvre un quart au vu du travail littéraire.

Renée
J'ai aussi beaucoup aimé L'anomalie.

Lisa ("auditrice libre" ce soir et qui n'a pas lu Kierkegaard)
Vous ne me donnez pas envie de le lire.
Laura
Bien évidemment, étant celle qui a proposé l'ouvrage à la lecture, j'ai adoré. C'était donc, pour moi, une relecture. Il est vrai que j'aurais pu y porter un regard tout différent, presque extérieur à mon amour fou pour l'auteur. Mais non. Si le regard était extérieur, c'était pour mieux me plonger dans le fond et la forme de l'histoire, et voir à quel point le tout est prodigieux. Mais plus encore, à quel point j'ai pu passer à côté de certains détails, certaines phrases, ou de passages entiers purement philosophiques. Je l'ai lu pour la première fois l'été dernier, j'en avais quelques souvenirs positifs, mais je n'étais pas non plus transcendée. J'aurais préféré proposer La Reprise pour lequel je ne garde absolument aucun souvenirs (pourtant je l'ai lu deux fois), mais toujours une impression de ravissement terrible. Mais Le Journal du Séducteur l'a emporté. Finalement, j'en suis très heureuse. Il est le reflet, l'explication métaphorique du stade esthétique kierkegaardien (imaginez ce stade expliqué platement…). Je ne peux pas dire le "premier" stade, car celui-ci ne rentre pas dans un ordre, dans une synthèse. Au contraire, pour atteindre le stade religieux, stade suprême, il faut en passer par le stade éthique, et accomplir le saut du danseur, être un chevalier de foi (cf. Crainte et tremblement). Mais une personne éthique ne sort pas nécessairement de l'esthétique. Elle peut y tomber, ou s'y élever en suivant Johannes. Quelques raisons de mon adoration pour l'ouvrage :

1. Johannes est détestable, et c'est délicieux. Il m'a fait rire tout le long du bouquin par sa recherche exacerbée de la perfection et du détail. Ce qu'il pratique est un art véritable, comme un despote sur lui-même et sur les autres. Après réflexion, il n'est pas vraiment Don Juan. Je comprends la comparaison ou le rapprochement, mais j'ai le sentiment qu'il n'est là que pour donner une vague idée de Johannes. Exception faite de l'épigraphe qui cite Don Giovanni, dont j'ai cherché la traduction : "mais sa passion principale/c'est la jeune débutante". Citation parfaite pour illustrer le personnage, et si on a bien lu le livre, elle n'a pas besoin d'être commentée, elle dit tout par elle-même. Mais bon, je tente d'être philosophe alors je vais esquisser quelque chose : passion est habituellement entendu comme faiblesse de l'âme, du cœur, don de soi à la vie sous une instance irréfléchie. Le problème ici, c'est que les exactions du protagoniste ne s'accomplissent jamais sous l'emprise de la passion. Au contraire, séduire est la véritable raison de vivre du personnage. Raison, ici à la fois entendue comme but et comme fin, mais aussi comme réflexion. Ainsi, tout ce que fait Johannes est toujours réfléchi, produit à l'avance, prévisible. Mais ce prévisible, ici, ne sous-entend pas l'ennui ; au contraire, Johannes ne peut vivre sans, il le sait, il l'assume, et il la considère comme une qualité. La raison qui semble se cacher sous la passion est le mode d'être du personnage. Ainsi, ce dernier est de séduire "la jeune débutante", qui est presque une tautologie. Ici, Cordelia, ne débute pas dans le monde, comme on pourrait le croire, mais débute dans l'érotisme. Le chemin destinal qu'elle doit prendre.
Johannes est donc détestable, par ses actions, mais surtout par son caractère qui ne se veut pas narcissique, mais qui l'est fondamentalement : j'ai remarqué qu'à chaque fois qu'un passage avec une jeune fille était relaté, jamais, ou du moins excessivement rarement, les dires de la jeune fille en question n'étaient exposés ; ce sont ceux de Johannes exclusivement. Je pense ici aux passages du musée et de la porte cochère.
2. L'écriture qui est un vrai bijou. Ici il n'y a pas grand-chose à dire, mis à part que Kierkegaard nous donne à voir un authentique et sincère travail poétique. Que ce soit dans la recherche du vocabulaire, les sauts entre le style de Cordelia et celui de Johannes, ou encore le travail rythmique. J'ai plié bin trop de pages pour leurs beauté, exemple : après un long développement, la chute "voilà la jouissance, voilà qui est vivre".

Alors, bien entendu cet ouvrage n'est pas féministe, et va à l'encontre de toute morale. Il est même particulièrement choquant par endroits. Mais au fond, un séducteur pareil est-il féministe ? Un esthéticien est-il moral ? Je ne crois pas. S'il l'était, il perdrait son essence. Bref, un texte parodique et drôle que j'ai adoré.
Grand ouvert.

Séverine
Je vais quand même essayer de lire le livre...
Jacqueline(l'avis de Jacqueline qui a perdu le lien zoom nous arrive à la fin de la soirée pour finir en questions)
Le livre d'un philosophe, une lecture très longue et souvent interrompue, serait-il intimidant ? Faut-il en faire une lecture sociologique sur la situation des femmes et encore plus des jeunes filles à l'époque de Kierkegaard ? Faut-il y voir un témoignage historique sur des idées générales qui circulent encore aujourd'hui (la Nature, la Femme… - la Jeune Fille est plus démodée) ? Faut-il y trouver une occasion de réflexion sur le rapport entre la volonté, l'action et la fin obtenue ? Faut-il y voir un traité d'éducation à la manière de l'Émile ou une satire du genre trois quarts de siècle plus tard ? Faut-il y voir une réflexion sur les rapports humains, l'amour et la possibilité de soumettre l'autre ?
C'est ce difficile travail d'interprétation qui pour moi rendait un peu d'intérêt à un texte qui souvent m'ennuyait assez. Il est écrit sous la forme de journal (sauf la brève introduction sur laquelle j'ai vite passé sans y chercher des clés). Il ne présente que le point de vue du narrateur et de sa folie de toute puissance. On est plongé dans ce qu'il relate, il semble agir toujours avec maîtrise et tout semble toujours tourner à son avantage. On aimerait parfois un autre point de vue ! Les deux lettres de Cordelia qui figurent dans l'introduction ne sont pas datées, et j'aurais bien aimé pouvoir les situer clairement dans cette histoire et donner un sens à ce "je suis tienne et ta malédiction"…
Je n'ai ni eu le temps ni l'envie de relire l'introduction certainement très éclairante sur le projet de Kierkegaard. J'en suis restée au premier degré et à quelques impressions immédiates comme autrefois à la lecture des nouvelles publiées sous le titre "Le mur" de Sartre, autre philosophe de la phénoménologie (j'ignore à peu près le sens de ce mot). Quelques-unes de ces impressions :
J'ai bien aimé le passage du 2 août où le narrateur apparaît comme amoureux et où sa description de Cordelia m'a rappelé celle d'Emma Bovary, sous le regard de Charles et la plume de Flaubert. Ce même 2 août, “Oh ! Nature merveilleuse, profonde et énigmatique, tu donnes la parole aux hommes, mais l'éloquence du baiser aux jeunes filles !” : cette déclaration m'a bien amusée et appellerait un commentaire... En général toutes les étapes de la tentative de séduction m'ont ennuyée et par contre la fin m'a glacée, je l'ai vraiment ressentie comme un viol même si rien n'en est décrit et si tout le reste n'avait fait que préparer à ce qu'il soit consenti…
Ce livre rencontrerait-il les luttes actuelles contre le viol et le féminicide… ?
J'ouvre à moitié.

Claire, en rajoutant une couche, lit l'avant-dernier paragraphe du livre : "Je ne désire pas me souvenir de nos rapports ; elle est déflorée et nous ne sommes plus au temps où le chagrin d'une jeune fille délaissée la transformait en un héliotrope. Je ne veux pas lui faire mes adieux."


DES INFOS AUTOUR DU LIVRE
 

KIERKEGAARD ET PESSOA : même jeu de cache-cache ?...
QUELQUES REPÈRES BIOGRAPHIQUES
   • Jeunesse
   • Des choix décisifs
   • Un auteur prolifique
   • Le tournant religieux
   •
Fin et postérité
LE JOURNAL DU SÉDUCTEUR
: où le situer ?

AU CINÉMA

DEUX ROMANS
en rapport avec le Journal du séducteur

POUR FAIRE UNE CURE DE KIERKEGAARD

   • à la télévision
   • à la radio

LA TRADUCTION
de cette œuvre colossale

KIERKEGAARD ET PESSOA : même jeu de cache-cache ?...

- Kierkegaard a varié les genres utilisés : traités philosophiques, récits, paraboles, aphorismes, journaux intimes, articles de journaux, discours édifiants, etc.
- Pour en rajouter à la variété, il a donné la parole à différentes voix en recourant à des pseudonymes.
Il a signé ses discours édifiants (près d’une centaine), qu’il disait avoir écrits de la main droite, avec son propre nom, affublé d’un titre universitaire, "Magister Kierkegaard".
Quant à son œuvre écrite de la main gauche, elle est signée par toute une série d’auteurs aux noms fantaisistes : Victor Eremita (pour Le journal du séducteur), l’assesseur Wilhelm, Johannes de Silentio, Constantin Constantius, Vigilius Haufniensis, Hilarius le Relieur, William Afham, Frater Taciturnus, Johannes Climacus, et plus tard Anti-Climacus...
Kierkegaard s’est même amusé à parfois faire dialoguer ses auteurs pseudonymes, l’un commentant ou critiquant l’autre...

Pour philosopher à ce sujet, voir l'article "Kierkegaard et le pseudonyme : une figure de la vérité", Jean-Daniel Causse (psychanalyste), Études théologiques et religieuses, 2013.

QUELQUES REPÈRES BIOGRAPHIQUES

•Jeunesse
- Né en 1813 à Copenhague, au Danemark, dans une famille de la bourgeoisie aisée qui lui assure une éducation religieuse stricte. Il naît d'un second mariage de son père qui est âgé de 56 ans à sa naissance.
- Son enfance est marquée par les nombreux décès au sein de sa famille : sa mère et cinq frères et sœurs ; il en gardera un tempérament mélancolique.
- A 18 ans, il s'inscrit à l'Université de Copenhague pour étudier la théologie et la philosophie.
- A 25 ans, son père meurt, et il ne reste de sa famille originelle que l'un de ses frères et lui.

•Des choix décisifs
- En 1837, il tombe amoureux de Régine Olsen et envisage le mariage.
- En 1840 :
=> il décide finalement de rompre ses fiançailles : une rupture douloureuse qui le marquera profondément ; mais il garde la forme :
=> il soutient sa thèse Le Concept d'ironie constamment rapporté à Socrate.
- En 1841-1842 : il complète sa formation philosophique avec les cours de Schelling, à l'Université de Berlin. Déçu, il rentre au Danemark et commence à écrire ses propres œuvres, vivant de son héritage et ayant choisi le célibat.

•Un auteur prolifique
De 1838, année de son premier livre, à 1855, année de sa mort, Kierkegaard a écrit et publié 34 ouvrages, sans compter une masse énorme de notes personnelles écrites parallèlement qui forment 13 volumes dont on a tiré son Journal.
Voici les livres écrits sous divers pseudonymes et disponibles en français actuellement, sans parler des volumes d'œuvres complètes, aux éditions de l'Orante (20 volumes publiés entre 1966 et 1986), puis en 2018 dans La Pléiade :
- Ou bien... Ou bien...
- Crainte et tremblement
- Les miettes philosophiques
- Miettes philosophiques - Le Concept de l'angoisse - Traité du désespoir
- Post-scriptum aux Miettes philosophiques
-
Le Journal du séducteur
- Riens philosophiques
- Étapes sur le chemin de la vie
- La répétition ou La reprise
- Johannes Climacus ou Il faut douter de tout
- Les stades immédiats de l’Éros ou l’Éros et la musique
- La Crise et une crise dans la vie d'une actrice
- In vino veritas : un souvenir raconté par Viliam Afham
- La Dialectique de la communication
- Journal (nombreux tomes).

•Le tournant religieux
- Vers la fin de sa vie, Kierkegaard s'engage dans une dénonciation radicale de l'Église danoise, au nom d'un christianisme authentique.
Il rédige ainsi des pamphlets qui provoquent une vive émotion. Il dénonce le christianisme d'État, en des accents de plus en plus exagérés, allant jusqu'à traiter les pasteurs de menteurs voire d'anthropophages...
- Épuisé et appauvri, il est confronté à l'hostilité de ses contemporains.

Fin et postérité
Lors d'une promenade, il s'effondre et finit par mourir à l'hôpital de Copenhague, à l'âge de 42 ans en 1855.
- Coup de théâtre ? Son testament fait de Régine son héritière légale. Elle refusera l'héritage et ne récupérera que des effets personnels et les lettres qu'elle lui avait adressées, lettres que vraisemblablement elle a détruites.
- Il a exercé une profonde influence sur Heidegger, Sartre et d'autres figures de l'existentialisme, sa pensée ayant été
considérée comme une première forme d'existentialisme
(
Des éléments de cette biographie sont tirés du site Les Philosophes.fr qui présente également les écrits de Kierkegaard résumés).

LE JOURNAL DU SÉDUCTEUR

Où le situer ?
- Dans la littérature danoise : "La littérature scandinave, de Bergman à Kierkegaard", France Inter, Ça peut pas faire de mal, par Guillaume Gallienne, 19 novembre 2011, 46 min.
- Dans la philosophie : une présentation rigolote du Journal du séducteur, mais sérieuse quand même, par Guillaume Terrien sur son blog Chaaabert !
- Le Journal du séducteur pour les nuls : pour ceux qui trouvent le livre difficile, voici une présentation et une analyse ICI
.

AU CINÉMA

Le journal du séducteur est une adaptation au cinéma de Danièle Dubroux en 1995, avec Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, Hubert Saint-Macary, Mathieu Amalric, Jean-Pierre Léaud, Micheline Presle, Denis Podalydès, Karin Viard : un jeune homme tente de séduire une étudiante qui se montre peu intéressée, fascinée qu'elle est par un jeune philosophe qui a laissé traîner un livre... Le Journal du séducteur. Le livre passe de personnage en personnage... ça va mal finir ?
  
Une analyse détaillée dans la revue québécoise 24 images par Michel Euvrard et une interview de la réalisatrice font regretter que le film soit invisible aujourd'hui (voir Critique et Entretien, 24 images, n° 85, 1996-1997). Danièle Duroux raconte comment elle a fait ce film, Le Journal du séducteur, alors qu'elle l'avait lu à moitié quand elle avait 20 ans et que le livre l'avait un peu barbée ; c'est plus tard qu'un philosophe lui proposera d'adapter le livre...

DEUX ROMANS en rapport avec le Journal du séducteur

- Claude Pujade-Renaud ressuscite la fameuse fiancée dans Tout dort paisiblement, sauf l'amour (Actes sud) : aux Antilles danoises dont son époux est le gouverneur, Regine Olsen apprend la disparition de Søren Kierkegaard qui l’aima avec ferveur et rompit leurs fiançailles. Le roman est nourri des journaux et de la correspondance de Kierkegaard.
- Vincent Delecroix, spécialiste de Søren Kierkegaard, est l'auteur de Ce qui est perdu (Gallimard) : dans ce roman, le narrateur se remet d'une rupture amoureuse et apprend le danois pour lire Le journal du séducteur (voir la présentation ici par l'auteur avec Olivier Barrot).

POUR FAIRE UNE CURE DE KIERKEGAARD

• à la télévision
- Docu-fiction : Kierkegaard : Pensées subversives, par Wilfried Hauke, Arte Philosophie, 2013, 59 min.
- "Kierkegaard", avec Flemming Fleinert-Jensen, pasteur, ancien président de la Société Kierkegaard, et Hélène Politis, professeure de philosophie à la Sorbonne, traductrice et spécialiste de Kierkegaard, émission La Foi prise au mot, chaîne de télévision catholique KTO, 8 novembre 2015.


• à la radio
- "Selon Régine Olsen, les Français ne comprendront jamais Kierkegaard" : à l'ancienne, une causerie de Georges Gusdorf intitulée "Søren Kierkegaard : le romancier, le poète et le réformateur", 22 mai 1963, France III, diffusée sur France Culture, 26 min.
- Une présentation et biographie toujours à l'ancienne (comme un conte...) par le responsable de la première édition des
œuvres complètes, Jean Brun (éd. de l'Orante, 1979), France Culture, Les Chemins de la connaissance, par Jérôme Peignot, 30 octobre 1978, 20 min.
- "Kierkegaard, Le journal du séducteur", France Culture, Les nouveaux Chemins de la connaissance,
par Adèle Van Reeth avec Vincent Delecroix, 3 octobre 2016, 51 min.
- "Devenir soi avec Kierkegaard", France Culture, Les Chemins de la philosophie, par Adèle Van Reeth, quatre émissions d'une heure du 17 au 20 juin 2013 : 1/4. L'esthète et le séducteur avec Vincent Delecroix - 2/4. Le mari et le juge avec Philippe Chevallier - 3/4. Le chevalier de la foi avec Flemming Fleinert-Jensen - 4/4. Son post-scriptum aux Miettes philosophiques avec Jacques Message.

- "Kierkegaard au secours de l’existence", France Culture, Les Chemins de la philosophie, par Adèle Van Reeth, trois émissions d'une heure du 11 au 14 septembre 2017 : 1/3. Pourquoi croire en Dieu ? - 2/3. Se marier rend-il plus heureux ? - 3/3. Comment tromper le désespoir ?

LA TRADUCTION de cette œuvre colossale

- La traduction de Kierkegaard a une histoire, racontée par Jacques Lafarge : "Kierkegaard en traduction française".
Elle est interrogée par Hélène Politis dans "Kierkegaard philosophe : problèmes posés par les traductions françaises".
Ceci dans Traduire les philosophes, éditions de la Sorbonne, 2000.
- Les traductions sont liées à "La réception de Kierkegaard en France 1930-1960", qu'analyse Margaret Teboul, Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2005.

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
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