Nous avons privilégié la traduction d'André Makowicz :

La Fille du capitaine
suivi de "Pouchkine et Pougatchov" de Marina Tsvetaïeva, préface et traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan, Babel, 272 p.

Quatrième de couverture :
Pour détourner la censure du tsar, Pouchkine revient sur une révolte paysanne de la fin du xviiie siècle et écrit un chef-d'œuvre de la littérature russe - à la fois roman d'apprentissage, roman d'aventures, roman historique, poème allégorique et dénonciation du pouvoir. Le texte que Marina Tsvetaïeva lui consacrera, et qui vient compléter cette édition, est un hymne au triomphe de la poésie sur l'histoire événementielle. André Markowicz poursuit son entreprise de retraduction de l'œuvre de Pouchkine, ici avec la collaboration de Françoise Morvan avec laquelle il a traduit tout le théâtre de Tchekov.

Autres éditions de poche disponibles :
Folio classique, trad. Brice Parain, 272 p.

Quatrième de couverture : Nous sommes en 1773 : en route pour un fortin perdu au milieu de la steppe, où il doit faire ses premières armes d'officier, Piotr Griniov voit surgir de la tempête de neige un vagabond dans lequel il reconnaîtra bientôt l'usurpateur Pougatchov. Les aventures alors s'enchaînent.
Dans ce premier roman qui est l'un de ses derniers chefs-d'œuvre, et qui ouvre l'âge d'or de la prose russe du XIXe siècle, Pouchkine a réussi à camper, à travers un roman d'amour à l'ancienne mode, un tableau plein de saveur de la société russe de la fin du XVIIIe siècle, et surtout à mettre en scène une relation paradoxale, mais symbolique, entre un représentant de l'élite européanisée de la nouvelle Russie et un homme du peuple incarnant l'élément national turbulent dont il est, bon gré mal gré, l'héritier.


La Fille du capitaine, trad. Vladimir Volkoff, 224 p.

Quatrième de couverture : A l'âge de seize ans, sur ordre de son père, Piotr Andréïtch Griniov gagne le fort de Bélogorsk où il va servir et, parce qu'il est noble, devenir d'emblée officier. Quoique la vie de garnison ne fût pas faite pour le séduire, son existence devient vite plaisante, en particulier grâce à la présence de Maria Ivanovna, la fille du capitaine, qu'il souhaiterait épouser.
Mais, au début d'octobre 1773, on apprend que le cosaque Pougatchov vient de réunir une bande de brigands et se fait passer pour Pierre III, le défunt époux de Catherine II : il ne va pas tarder à prendre le fort d'assaut et ce sera, pour Griniov, l'occasion de montrer qu'il est bien le " chevalier " de Macha.
La rébellion de Pougatchov a réellement eu lieu et Pouchkine lui a consacré un livre d'histoire avant de faire paraître en 1836, quelques semaines avant sa mort, La Fille du capitaine. Mais, dans ce roman historique, c'est à Griniov qu'il laisse le soin de raconter à la première personne les menées de ce Pougatchov qu'il affronte et qui, sous ses yeux, sous les nôtres, entre deux moments de férocité, se montre aussi capable d'humanité : fasciné par l'abîme, le brigand devient fascinant.


GF Littérature et civilisation, trad. Raoul Labry, 224 p.

Quatrième de couverture : Piotr Andréievitch Griniov est envoyé par son père dans une garnison au sud de l’Oural, loin de Saint-Pétersbourg dont il rêvait de connaître les plaisirs. Là-bas, il s’éprend de Macha, la fille du capitaine qui dirige la base. Lorsque Pougatchev, prétendant au trône, attaque le fort, c’est pour en massacrer tous les occupants. Par un hasard inespéré, seuls les deux jeunes gens en réchappent. Pour eux, alors, les péripéties ne font que commencer… Dans ce roman qui mêle fiction et réalité, où l’histoire romanesque rejoint l’Histoire politique, Pouchkine plonge son lecteur au cœur d’un XVIIIe siècle russe tourmenté, où l’autocratie ne parvient pas complètement à étouffer la vérité des sentiments.


Librio, même traduction, 132 p.

Alexandre Pouchkine (1799-1837)
La Fille du capitaine (1836)

Nous avons lu ce livre pour le 8 avril 2022.
Nous avions lu La Dame de Pique en 1993.

Un peu de doc pouchkinienne ›en bas de page.

Nos 17 cotes d'amour
FrançoiseGeneviève
            •Katell Rozenn
BrigitteCatherineClaire        •EtienneJacquelineMonique L
Annick LFannyLaura
ManuelMurielSabineSéverine

Toujours notre triple formule depuis septembre 2021 : après la lecture des réactions transmises par écrit, alternance entre ceux qui sont présents et ceux qui sont à l'écran. Nouveau jeu russe du jour : nous avons la liste de ceux qui ont envoyé leur avis, mais celui qui lit ne dit pas qui a écrit et on devine... Et l'on sait qu'il est toujours impossible de deviner qui va aimer ou pas le livre lu.

Les avis rédigés à distance
Fanny
Contrainte de me tenir à distance pour des raisons classiques..., voici donc mon avis distancié.
J'ai lu ce roman assez rapidement et sans déplaisir, mais sans réel plaisir non plus. Je ne sais pas trop dire ce qui m'a manqué pour que je me trouve emportée dans ce récit.
J'ai trouvé intéressant d'enchaîner cette lecture après L'ancêtre. Il s'agit ici d'une construction narrative classique et la part romanesque s'appuie sur des faits historiques précis et documentés.
En ce sens j'ai trouvé cette lecture instructive.
Le personnage principal est finalement intéressant. Assez benêt au début lorsqu'il est entraîné dans une séance de jeu, il gagne cependant en épaisseur et en courage au fil du récit.
Cependant je crains qu'il ne m'en reste assez vite que peu de souvenirs, dommage.
Hâte de vous lire, et plus encore de venir ! En attendant j'ouvre ½.
Séverine
Je connaissais Pouchkine de nom mais n'avais jamais lu de livre de lui. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais j'ai trouvé ce récit un peu "gnangnan" et gentillet. Ça fait très daté ou alors très enfantin : le nombre d'emplois du point d'exclamation est incroyable, comme si on racontait l'histoire à un enfant et qu'on veuille lui diffuser de la peur, de la joie, signifier des rebondissements… Je me suis ennuyée à cette histoire d'amour impossible, cette sorte de princesse à défendre, ce méchant pas si méchant, ce gentil pétri d'honneur… bref, ça manque un peu d'aspérité… oui, je trouve que ça fait très conte ou légende pour enfants avec probablement une morale à retenir, et pour ce qui est de la référence historique évoquée en quatrième de couverture, c'est en effet un prétexte à l'histoire car franchement on n'apprend rien de particulier. Et toujours pour rester sur la quatrième de couv : "un des plus grands romans jamais écrits en russe", je trouve que ça relève vraiment de l'argument commercial, même si soi-disant Tolstoï et Dostoïevski l'ont dit ! Et je n'ai pas envie eu de lire la postface de Marina Tsvetaïeva pour en savoir plus. Bref, je l'ouvre un quart car tout de même ça se lit bien.
Hâte de lire vos avis.
Catherine   
J'ai globalement aimé ce livre, l'histoire est prenante et m'a embarquée sur les trois quarts du livre. Le contexte historique m'a beaucoup intéressée ; je connaissais le complot des décembristes, mais pas la révolte de Pougatchov.
Le personnage de Griniov est intéressant, mais peut-être pas complètement crédible : c'est un adolescent dans les jupes de sa mère au début du roman, qui accumule les bêtises des qu'il quitte sa maison et quasi immédiatement après se conduit avec noblesse et courage, on n'y croit pas complètement. Mais il reste un personnage attachant.
J'ai assez aimé l'histoire d'amour en toile de fond, quoique le personnage de Macha est assez falot ; elle s'évanouit, pleure. Un peu caricatural. Le personnage le plus fascinant est Pougatchov, personnage très ambigu dans sa conduite avec le héros, cruel et sans pitié à d'autres moments, conscient de courir a sa perte mais qui continue sa conquête...
Ça démarre comme un roman d'apprentissage, mais il y a aussi un côté conte de fées : la rencontre dans la forêt, le rêve, Pougatchov jouant un peu le personnage d'un ogre.
La fin est surprenante, trop rapide, la souveraine accordant sa grâce aussi rapidement, apitoyée par une orpheline, on n'y croit pas. Je suppose que c'est ironique ? Je n'ai pas eu le temps de lire la préface ou les documents mis en ligne.
À part ça, j'ai trouvé ça très bien écrit. Ca n'est sans doute pas le plus grand roman de Pouchkine, mais je n'ai pas lu les autres... J'ouvre aux ¾.
Geneviève
Je viens de finir La Fille du capitaine, le texte de Marina Tsvetaïeva qui le suit, et de relire la préface d'André Markowicz et Françoise Morvan. Cela a donc été une lecture à plusieurs voix. J'ai lu la préface avant le roman, je l'ai trouvée intéressante mais sans véritablement la mémoriser. Elle a quand même attiré mon attention sur l'importance des épigrammes : textes de chansons et poèmes qui amorcent certains chapitres, et la manière dont ils insèrent le récit dans l'histoire et les traditions russes. J'ai lu le roman avec plaisir et facilité, mais sans doute de manière un peu superficielle, un peu perplexe à la fin sur ce qu'il m'en restait. Puis j'ai lu le texte de Tsvetaïeva et après un moment d'étonnement, cela m'a fait réinterpréter toute l'histoire, l'ambivalence du personnage de Pougatchov, sauveur et assassin, le côté fade de Maria Ivanovna, créature innocente et naïve. Cela a ouvert la perspective d'une réinterprétation d'un roman qui, sous couvert de le condamner, met en valeur la puissance de Pougatchov, la manière dont il représente la culture, y compris la violence, du peuple russe et sa révolte contre les nobles. J'ai relu la préface et j'ai pensé à un autre roman (de Julian Barnes) qui m'avait beaucoup frappé, sur la vie de Chostakovitch et la manière dont toute sa vie, comme Pouchkine, il avait lutté avec la censure, ce qui me fait voir La Fille du capitaine, y compris le titre, comme une sorte de palimpseste, un roman qui en cache un autre. Bref, une belle expérience de lecture et relecture, qui montre bien l'importance de la connaissance du contexte dans des œuvres aussi marquées par leur contexte politique et historique. Lecture d'actualité malheureusement aussi, à l'heure où est sans cesse évoquée la violence russe...
J'ouvre donc le livre complètement, à cause du roman mais aussi de ce qui l'accompagne.
Laura
Honnêtement je suis un peu déçue de cette lecture, du choix qui a été fait. En comparaison avec le dernier livre, La Fille du capitaine s'affirme comme un véritable classique, mais dans le mauvais sens du terme. Il n'est pas un classique parce qu'il forme un nouveau genre littéraire, ni parce qu'il est un texte marquant. Il n'est pas classique parce qu'il est profond. Au contraire, l'ouvrage est un classique justement parce qu'il est conventionnel. Et je n'ai pas lu de livre aussi conventionnel depuis longtemps. Alors, oui, l'histoire était sympa, elle était mignonne. Mignonne et c'est tout : en enlevant les pendaisons, ç'aurait pu être un conte pour enfant.
En regardant les infos données par Claire, je suis sincèrement étonnée de voir que Pouchkine était un grand séditieux, du fait de son comportement, de ses poèmes blasphématoires, etc. Alors, je me demande bien pourquoi il a écrit une histoire aussi banale et aussi peu vraisemblable que ce que j'ai lu. Essaye-t-il de se racheter vis-à-vis du pouvoir ? De la censure ? De montrer qu'il est capable de tout faire, même dans le style le plus académique ?
Je ne savais absolument pas dans quoi je me lançais quand j'ai commencé ma lecture, je n'avais jamais lu Pouchkine, et comme d'habitude je ne voulais aucune info qui aurait pu modifier mon avis. Et j'ai été sincèrement étonnée de tomber sur une histoire de noble qui sauve une petite orpheline toute fragile. On est face à un roman d'apprentissage, avec des voyages, des péripéties, un peu de comique avec le serviteur Saliévitch, beaucoup de courage avec la femme du capitaine, mais tellement de morale avec le protagoniste. C'est parce qu'il dit la vérité, parce qu'il a le cliché de l'innocence de la jeunesse, qu'il arrive toujours à ses fins : et tout le monde lui cède tout, sans qu'il n'ait jamais à argumenter : il dit un peu de vérité, puis il se tait, et obtient tout ce qu'il souhaite. Bon, moi j'ai trouvé ça un peu facile. Et, les seuls moments où j'ai pu un peu angoisser pour la vie du personnage, je savais par avance qu'il ne pouvait pas mourir, car sinon il n'y aurait plus eu d'histoire : oui La Fille du capitaine, c'est ce genre de livre.
Détail supplémentaire : pourquoi (j'en ai marre à la fin) c'est toujours le personnage masculin qui vit plein de péripéties dangereuses et excitantes, et le personnage féminin qui est la pauvre orpheline esseulée, dont les seuls plaisirs sont les ragots de la cour ???
Voilà, je suis un peu déçue, même si ma lecture n'a pas été mauvaise. J'ai eu l'impression de replonger dans les contes que l'on me lisait enfant (ce qui est bien triste d'ailleurs).
J'ouvre à moitié pour la qualité de l'écriture, les petites épigraphes, le comique, et la femme du capitaine dont j'ai sincèrement apprécié le caractère.
Etienne                         
Je ne m'étendrai pas trop, mais j'ai bien apprécié La Fille du capitaine. À vrai dire, la lecture de la véritable lettre d'amour de Marina Tsvetaïeva à cette œuvre, positionnée à la fin, m'a bien aidé. À tel point que je suis en train de continuer avec Mon Pouchkine et j'ai aussi acheté un recueil de poèmes. Elle m'a aidé, car je pressentais qu'il y avait quelque chose d'un peu plus profond que cette histoire d'aventure un peu naïve (certains personnages sont quand même d'une pauvreté narrative gênante, je pense à Macha ou l'impératrice...) que l'on pourrait en effet classer dans la littérature jeunesse au premier abord. Au départ, j'avais l'impression de lire du Jules Verne. Ce fut donc salvateur d'avoir un éclairage "slave" à ce personnage de Pougatchov : ce qu'il représente métaphoriquement pour Pouchkine, le travail de fantasme qu'a effectué ce dernier après avoir fait la biographie "historique" du rebelle.
Je l'ouvre donc entre ½ et ¾ mais la vraie découverte aura quand même été celle de la prose de Tsvetaïeva.
Rozenn
J'ai relu avec plaisir La Fille du capitaine. Le début m'a plutôt déçue par rapport au souvenir que j'en avais. Souvenir assez vague - comme toujours - mais souvenir d'une histoire de violence et de passion. D'une histoire si romanesque…
Lecture plus nuancée cette fois-ci.
Plougatchov tarde à venir. D'accord, les relations entre le narrateur et son valet-mentor sont intéressantes. Les personnages du militaire et de sa femme, la vie au fort aussi, mélange de vie militaire et campagnarde - je ressens là une sorte de douce ironie. Mais surtout, me plaisent les scènes avec Plougatchov. Elles me paraissent très visuelles. J'ai l'impression d'avoir déjà vu une adaptation filmée de ce livre.
Plougatchov est formidable. Il est présenté sans complaisance mais il domine l'ensemble de l'histoire et des personnages par sa puissance et son ambivalence.
Un jour, j'ai compris que ce qui m'attirait en Russie - et en même temps me repoussait - c'était la violence… et ce jour-là, d'ailleurs, mon intérêt s'est gelé.
Aujourd'hui, tout confirme cette impression. La complexité, aussi : cosaques, tatars, peuples mouvants et en lutte.
Des précisions sur l'époque, sur la vie courante, les exergues, les chansons, construisent un contexte folklorique, exotique crédible… sauf Catherine II… personnage peu crédible. Les amoureux aussi manquent de ressort. Il est vrai qu'ils sont très jeunes. Et bon, il faut peut-être une happy end !
J'ouvre en grand pour le charme de la lecture.

Les réactions en présence et en s'empiffrant... 

<=Faits main=>
pirojkis par Monique
blinis par Katell accompagnant le saumon pêché par Françoise
blinis à la viande et aux légumes par Jacqueline
cornichons Malossol
marinés par Claire (presque)

Brigitte(à l'écran)
L'histoire racontée ici est plutôt banale. Nous sommes au 18e siècle en Russie, l'héroïne est une jeune fille jolie, effacée, pieuse, obéissante à ses parents, le jeune homme est lui aussi comme on l'attend. Il défend courageusement Marie contre les bandes rebelles de Pougatchev (qui a réellement existé). Cependant, le lecteur est happé par l'envie de tourner les pages : tout est dans la manière de raconter. C'est un exercice de style magnifique : dépouillé, simple, juste.
J'ai beaucoup apprécié le personnage de Saveliitch le menin (serviteur) du héros, ce personnage est tout à fait le moujik tel que je l'imagine, soutien fidèle de l'ordre établi, mais qui a son avis sur tout. J'ai aimé aussi la description du fort avec son unique canon et son capitaine vieux style. La forme est parfaite ; tous les apprentis écrivains devraient s'en inspirer : le récit nous donne tout le temps envie d'avancer, dans ces plaines de l'Oural.
Certes "Pouchkine" sonne comme "Poutine", mais j'aime quand même beaucoup la littérature russe.
Katell(ancienne du groupe il y a 20 ans, à qui l'on rappelle les deux expressions de référence utilisées dans le groupe qu'on lui doit : "j'ai un QI de géranium", quand on ne comprend pas le génie d'un livre, et "y a beaucoup de narratif dans ce roman"...)
Je rebondis sur ce qu'ont dit Brigitte et Geneviève. Selon moi, qui a pris ce livre pour un conte pour enfants et passé à côté.
Je fais du russe, j'ai lu un peu du livre en russe : j'aime cette langue incroyable dans le livre, extrêmement pure, qui va à l'essentiel, humoristique - par exemple quand est dépeinte au début mossieu Beaupré, qui préfère l'eau-de-vie au vin.
La relation des nobles avec les serviteurs est révélatrice du servage : c'est comme si on nous avait catapultés en Russie au 18e siècle, un pays pas du tout évolué. Pougatchov est en lutte contre le pouvoir. Et le vrai sujet pour moi c'est Pougatchov qui permet de montrer son opposition : c'est comme Molière.
Pouchkine est un grand écrivain, un grand poète, père de tous les grands écrivains russes. J'ouvre en grand et suis très contente qu'il ait été programmé : c'est un roman qu'il faut avoir lu, fondateur. Et en russe, c'est incroyable !
Claire
Brigitte avait dit à propos du Joueur de Dostoïevski : cela me donne envie de relire La Dame de Pique (que nous avions lu dans le groupe il y a 29 ans…). J'ai vu alors que Markowicz que nous avons admiré avait traduit depuis lors Pouchkine et qu'il disait que lorsqu'il publie La Fille du capitaine : "Pouchkine est au sommet de son génie" : on n'a pas hésité...
Je me souviens du peu que j'ai voyagé en Russie d'avoir été impressionnée à Saint-Pétersbourg par la pouchkinolatrie que j'ai découverte : j'ai écouté dans la maison-musée de Pouchkine une femme dire des poèmes les larmes dans les yeux.
J'ai lu le livre comme une midinette : j'ai adoré tous les rebondissements, j'ai vibré au suspense, j'ai été sensible à l'humour, j'ai été intéressée par l'aspect documentaire.
Les notes m'ont paru un peu trop pointues, presque barbantes. Les exergues, je les ai rapidement sautés.
Certains personnages sont formidables qui ne sont pas les deux principaux : Savéliitch, monsieur Beaupré archi incompétent, le Général copain du père qui n'en fout pas une, la femme du capitaine une héroïne toute trouvée haute en couleur, la fille du capitaine qui fait ce qu'elle peut...
Aaaah la fin avec l'impératrice dans le jardin... voilà LA scène pour les midinettes achevées (je suis sûre que Rozenn aurait adoré)... la fille du capitaine s'est arrêtée à un relais de poste et comme par hasard la femme du patron est la nièce du préposé au chauffage de la cour sait tout de l'agenda de Catherine II et pof, elle la rencontre sur un banc, incognito. Bon, c'est vrai que l'arrière-plan politique ne m'a paru au premier plan de la lecture.
Le texte de Marina Tsvetaïeva qui suit, "Pouchkine et Pougatchov", me permet de penser que Marina, qui a tapé dans l'œil d'Etienne, a toute sa place dans notre groupe : son avis est un peu long, mais tout à fait dans notre esprit. J'aime bien quand elle traite la fille du capitaine de gourde ("Maria Ivanovna – oui, cette gourde de Macha, qui tombe dans les pommes quand on tire le canon, et tout ce qu’on entend, c’est qu’elle est 'd’une pâleur extrême'”…)
J'ai bien aimé aussi l'aspect documentaire, et il faut bien l'avouer grâce aux précisions de Markowicz, par exemple sur la kibitka, le diadka : mais j'aurais eu besoin de visualiser pour de bon, de voir des images, des photos, des films, comme ce fut le cas quand j'ai cherché ce qu'étaient ces images populaires mentionnées par Griniov au cours de son récit, représentant dans une maison l'enterrement du chat : voici, surprenantes, les funérailles du tsar Pierre I le Grand, sous l'apparence d'un chat mort dans un traîneau tiré par une procession de rats : une gravure russe populaire du 18e siècle

Brigitte et Katell nous disent en quoi Pouchkine était moderne en Russie : en tout cas, il recourt au "genre" de l'exofiction, terme qui lui est moderne et j'ai pensé à quelques titres de ce genre que nous avions lus : Le retour (avec Cook), La jeune fille à la perle, La Reine des lectrices, Danseur de Colum McCann, Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, Ravel d'Echenoz...
Sabine(ancienne du groupe presque à ses origines, pendant plus de 11 ans, de passage depuis Nîmes où elle vit, et à qui on doit la présence de Manuel, son ex-élève, à partir de 1991 et donc de ce site)
Je l'ai lu à partir du 24 février en plein dans la guerre en Ukraine. J'avais lu La Dame de Pique avec le groupe - bon.
J'adore Tolstoï, Dostoïevski, Gogol. Là, je n'ai pas traversé la Russie, et ma lecture n'était pas très agréable, avec ce coté Manon Lescot, picaresque, des images de Polanski me sont venues, du Bal des vampires, de Mikhalkov, de Paradjanov mais je me suis emmerdée.
La préface m'a gonflée. Oui, le paratexte est intéressant, mais pollue. Quant au texte qui suivait de Tsvetaïeva, pas lu.
L'histoire ? Le style ? Je préfère Dostoïevski. Ce n'est pas assez fouillé, descriptif. Et puis avec l'Ukraine…
Bref pas très agréable, j'ouvre ¼.
Manuel(à l'écran)
J’ai eu la même lecture que Sabine qui a été polluée par l’actualité. Les scènes de torture m’ont mis mal à l’aise. J’ai appris p. 110 que la torture était institutionnalisée et qu’une loi a été voté mais est restée "lettre morte". Après Dostoïevski, j’ai beaucoup de mal avec l’antisémitisme rampant des auteurs russes. Ici, on parle de "youpin". J’ai le souvenir de passages terribles dans La fin de l'homme rouge et de massacres de Juifs. Ma lecture percute l’actualité.
L’histoire est assez attendue je pense. Je n’ai pas compris tous les proverbes et parfois les enjeux étaient assez obscurs pour moi. Le point positif est que j’ai pensé à la belle exposition Répine au Petit Palais et au tableau des cosaques. J'ouvre ¼.

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues s écrivant une lettre au sultan de Turquie
1880-1891 - Huile sur toile, 2,03 x 3,58m - Musée russe
de Saint-Pétersbourg
Monique L
Un récit au rythme enlevé et plaisant à lire, surtout pour la fresque sociale et historique. C'est une épopée aussi aventureuse que romanesque. Un roman certes daté, mais un classique qui passe bien au travers du temps. Les personnages sont typiques du romantisme russe. Les classes sociales sont bien différenciées : les nobles, militaires et le peuple.
J'apprécie l'atmosphère : les immenses steppes, le climat extrême, la neige, les isbas, les moujiks, les barines, la société, mode de vie, le fameux charme de l'âme russe.
Sur un rythme très soutenu, les aventures de Piotr Andreïtch se succèdent pleines d'imprévu, belles à la fois de simplicité et de témérité, émouvantes, propres enfin à faire de ce court récit un roman exaltant
Les personnages ont des caractères très tranchés, frisant la caricature : Piotr Andreïitch est courageux et généreux, son précepteur Savélitch est fidèle, la fille du capitaine est douce et forte ; le lieutenant Chvabrine, le traître, est lâche et hypocrite. J'ai particulièrement apprécié le méchant Pougatchev, personnage complexe et ambigu : brutal, cruel, sanguinaire, usurpateur mais aussi loyal en amitié et capable de mansuétude et de magnanimité. J'ai aimé les personnages secondaires que sont le serviteur fidèle et la femme du capitaine (plus intéressante que l'héroïne trop parfaite).
J'ai porté intérêt au cadre historique de ce récit : la Russie de Catherine II aux prises avec les rébellions de l'Oural et la révolte des cosaques. J'ai du me plonger dans mes livres d'histoire.
Pouchkine est un admirable conteur, son style est fluide, concis, limpide et sans emphase inutile. J'ouvre aux ¾.
Françoise
Je préviens tout de suite, j'ouvre en grand ! Enfin un plaisir de lecture ! Ce que j'ai aimé, c'est le côté conte où j'ai plongé sans problème, j'ai adhéré, et le côté historique car dans mon édition GF, les notes renvoyant à l'histoire - que Pouchkine a largement reprise - sont très intéressantes, ce qui entraîne deux niveaux de lecture : le conte et la réalité russe. La traduction est un peu désuète (Raoul Labry, 1947), mais colle bien avec l'époque et Pouchkine. J'ai noté que la torture avait été interdite par le tsar, ce qui m'a étonnée vu l'époque.
J'ai apprécié l'humour, le côté "rhapsodie" (en référence au folklore auquel se réfère l'auteur). J'ai eu un peu de mal avec les noms des personnages (comme d'habitude avec les romans russes). Mais quel plaisir par rapport aux deux autres livres précédents que nous avons lus (Saer + Krasznahorkai) !
Muriel
Je n'ai pas été très emballée, ça ne m'a pas beaucoup plu et pour tout dire ça m'a barbée. Je l'ai lu en plusieurs fois, peut-être eût-il mieux valu lire ce livre d'un coup. Bref, je n'ai pas accroché du tout. Ça fait roman à la Walter Scott dit-on, de cape et d'épée, mais ça ne m'a pas accrochée.
Je trouve que ça manque de psychologie et j'ai d'ailleurs embrouillée un peu les personnages. Je n'ai été attirée ni par les personnages ni par l'histoire et je ne trouve pas du tout que ce soit chef-d'œuvre. D'ailleurs à ma connaissance ce n'est pas connu du tout... mais je me trompe peut-être.
Pourquoi ça ne m'accroche pas ? C'est ni drôle - je n'ai pas vu l'ombre d'un humour - ni étonnant, un peu émouvant par-ci par-là, mais assez ennuyeux pour tout dire. Kourkov, c'est autre chose !
Je ne le conseillerai à personne. J'ouvre au ¼ ce qui est généreux...
Annick L(à l'écran)
J'ai lu ce grand classique russe dans la traduction de Brice Parain (1925). On pourrait se dispenser de la présentation de Michel Aucouturier, une prouesse d'érudition d'un ennui mortel ! Je ne connaissais pas du tout cet auteur, contrairement à d'autres, parmi ses contemporains.
Une lecture agréable, grâce à un récit bien mené, avec des chapitres courts et un rythme soutenu. Dans chaque scène Pouchkine va à l'essentiel et déploie une belle puissance d'évocation : par exemple l'apparition de Pougatchov au loin dans la brume de neige, ou celle de l'exécution du malheureux capitaine et de son épouse. C'est un merveilleux raconteur d'histoire. Je comprends pourquoi on le considère comme l'inventeur du roman russe moderne.
J'ai beaucoup aimé, également, faire ce voyage haut en couleurs dans le temps (d'après une authentique insurrection contre la tsarine Catherine II, à la fin du 18e siècle) et dans l'espace. L'appareil de notes m'a été bien utile.
Mais je suis restée indifférente aux enjeux historiques et dramatiques de ce roman, sans doute parce que la plupart des personnages sont assez falots, en particulier Piotr, le jeune soldat idéaliste et naïf, ou Maria Ivanovna, sa bien-aimée. Le serviteur de Griniov, Savielitch est mieux campé. Le plus intéressant, de par son charisme et son ambivalence, c'est Pougatchov, le rebelle, qui peut se montrer d'une cruauté abominable, mais est aussi capable de loyauté envers celui qui l'a sauvé au milieu de la tempête : un personnage haut en couleurs.
En tout cas, après L'Ancêtre, cette lecture m'a fait du bien : il y a dans La Fille du capitaine une forme d'humour, de distance qui facilite l'évasion. J'ouvre à moitié.
Jacqueline(qui avait apporté kwass et gâteau au miel russe fait de ses mains et loupé par la photographe, gâteau fait à défaut d'un vatrouchka qu'elle n'avait pas eu le temps de concocter : heureusement c'est un gâteau russe et ukrainien, et on pourra se rattraper à la séance Kourkov...)
Je me souviens que dans ma jeunesse cela avait été un de mes premiers achats, seule chez un bouquiniste des quais, que c'était une édition jeunesse. À part ça, aucun souvenir sauf de m'avoir paru une bluette… Grâce à Claire, j'ai acheté la traduction de Markowitz pour qui j'ai beaucoup d'estime. J'ai lu la préface. Elle m'a alertée sur les contextes historiques sans que je m'y attarde trop et sans chercher à approfondir ; puis, j'ai entamé ma lecture. Quelle heureuse surprise !
Cela commence comme un bon roman d'apprentissage (comme les extraits de Gil Blas de mes lectures scolaires !). J'aimais l'insouciance, les bévues décrites avec vivacité, puis le portrait du vieux serviteur dévoué, le départ, les rencontres pittoresques de gens plus ou moins bien intentionnés envers ce héros fier mais naïf, l'arrivée au fort très loin de la vie rêvée à la capitale, mais l'entrain et la curiosité de la jeunesse qui permettent de s'adapter…
L'une des rencontres du voyage s'avère être Pougatchov et le lien qui se noue entre le héros narrateur et lui est aussi formidable que la personnalité de Pougatchov est fascinante… C'est par rapport à lui que réapparaissent les personnages de second plan rencontrés auparavant. C'est lui qui; par sa cruauté ou aussi avec le panache de sa générosité; détermine le sort de la fille du capitaine et, avec elle, celui du héros.
Toute cette peinture de Pougatchov et de ses protagonistes dans une révolte contre un tyran rappelait pour moi bien des questions que posent les suites de 1917 : Staline, Poutine…, fatalité russe ou suite de circonstances liées et analysables ?
L'apparition de Catherine II en deus ex machina m'a bien amusée (comme celle du roi à la fin de Tartuffe ou du Cid !) Mais la femme tyran Catherine II était aussi la correspondante de Voltaire…
J'ai pris un très grand plaisir à lire ce livre. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir le lire en russe. Pouchkine est aussi un poète. Je crois que de même qu'il est très difficile d'accéder complètement à un poème écrit dans une langue qu'on ne connaît pas, une partie de ce roman m'a échappé : Markowitz par ses notes m'a montré beaucoup de références aux chansons populaires, à des extraits connus de romans devenus quasi proverbiaux ou à des dictons. Cela m'a donné une idée de la richesse littéraire de cette écriture mais aussi frustrée de ne pas pouvoir y accéder… J'ouvre donc seulement aux ¾…

On recherche alors quels autres auteurs russes nous avons lus.

Katell, protestant
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Les voici ›ICI...


UN PEU DE DOC POUCHKINIENNE


POUCHKINE A-T-IL VRAIMENT EXISTÉ ?

Pour une agréable et rapide biographie de la vie romanesque de Pouchkine (mort dans un duel à 37 ans), illustrée de célèbres tableaux, voir ›ici.

MAIS IL A ÉCRIT QUOI, S'IL EST MORT SI JEUNE ?

Il est idolâtré en Russie. Pour ses poèmes, contes, pièces de théâtre, journal, nouvelles, romans... Quelques titres seulement :
- poèmes : Poésies ( Poésie Gallimard, 1994)
- conte : Le conte du tsar Saltan (BNF/Albin Michel, 2018)
- pièces : Boris Godounov (Actes sud Babel, 2016), tragédie qui donnera lieu à l'opéra de Moussorgski ; ou encore : Le visiteur de marbre et autres œuvres théâtrales (Vendemiaire, 2021)
- nouvelle (la plus célèbre) : La Dame de pique (Actes sud Babel, 2012)
- roman en vers : Eugène Onéguine (Actes sud Babel, 2012, et aussi dans la collection Points Poésie, 2018)

On ne peut que trouver également incroyablement romanesque l'histoire de son arrière-grand-père maternel noir ancien esclave, Hanibal. Voir son livre Le nègre de Pierre le grand (Sillage, 2019).

ET SES PREMIERS DÉBUTS POÉTIQUES ?!

Au lycée impérial, les élèves branchés écrivent des poèmes, et ceux de Pouchkine se font déjà remarquer : lors d’un examen, il déclame son texte "À un ami poète" devant un jury mais aussi devant Derjavine.

Devant LE poète russe le plus respecté à cette époque : effet garanti ! Tous restent sans voix, fascinés par les talents d’un Pouchkine prodige qui arrive à captiver son auditoire ainsi qu’à susciter les émotions les plus fortes. Cet épisode le fera entrer dans une certaine notoriété alors qu’il est à peine âgé de 15 ans.
Et Répine immortalisera la scène avec son tableau Pouchkine récitant "À un ami poète" devant Derjavine, 1911, Musée national Pouchkine.

POUCHKINE EST OLÉ OLÉ

Pouchkine a écrit des poèmes pornographiques, surtout dans sa jeunesse, lorsqu'il fréquentait les bordels. Il a publié un poème blasphématoire, la Gabriéliade, où la Vierge est successivement possédée par l'Esprit Saint, Satan et l'ange Gabriel...
Jean-Jacques Pauvert préface son Journal secret (Belfond, 2011) ; extrait de la 4e de couverture : "Séducteur insatiable, amant de ses belles-sœurs aussi bien que de catins racolées dans les rues de Saint-Pétersbourg, organisateur de cérémonies orgiaques, sa vénération pour le sexe féminin lui fait multiplier les aventures comme un saint homme qui visiterait toutes les églises pour mieux prier Dieu."

IL A PLEIN D'ENNUIS

Eh oui, ses poèmes sont jugés séditieux. Il est envoyé en exil en Ukraine, à laquelle on pense tellement en ce moment.
Mais il ne perd pas son temps : à Odessa en 1823, il rédige Eugène Onéguine ; il est initié en franc-maçonnerie.

DES TRACES PARTOUT

Du coup, un musée Pouchkine existe à Odessa. Des bustes de Pouchkine se trouvent en Russie, mais aussi en Ukraine à Kharkov, à Kiev et à Paris bien sûr, au Jardin des poètes.
Et ne parlons pas du Café Pouchkine à Moscou, non sans lien avec la chanson de Gilbert Bécaud, Nathalie ("Elle parlait en phrases sobres
De la révolution d'octobre/Je pensais déjà/Qu'après le tombeau de Lénine/On irait au café Pouchkine/Boire un chocolat
")
Et le clou, c'est le musée-appartement de Pouchkine
à Saint-Pétersbourg, touchant, avec la pendule affichant toujours 2h45, heure de la mort du génie national...

LES TRADUCTIONS

Elles sont nombreuses et les traducteurs sont très variés. La première traduction eut beaucoup de succès :
- 1853 : Louis Viardot, Hachette, Bibliothèque des chemins de fer, texte en ligne ›ici. Personnage très romanesque, avocat, journaliste, critique d'art, directeur de théâtre, Louis Viardot est l'époux de la cantatrice Pauline Viardot) et est donc aussi traducteur ; il traduit des auteurs russes (Gogol et Alexandre Pouchkine) en collaborant avec Ivan Tourgueniev et contribue à faire connaître la littérature russe en France, quoique ne connaissant pas la langue... Ah oui, Tourgueniev, Pauline et Louis Viardot sont inséparables : d'ailleurs Tourgueniev achète une maison de maître à Bougival où il installe la famille Viardot et se fait construire une sorte de datcha à côté. La liaison inévitable entre l'écrivain et la cantatrice était considérée par Maupassant comme "la plus belle histoire d’amour du XIXe siècle"...

- 1899 : Maurice Quais, Guyot, texte en ligne
ici
- 1925 : Brice Parain, La Pléiade/J. Schiffrin & Cie (disponible dans La Pléiade et en Folio classique)
- 1932 : Eugène Séménoff, Larousse
- 1947 : Raoul Labry, Aubier-Montaigne (disponible en
GF et Librio)
- 1986 : André Markowicz, Press Pocket
-
1997 : Vladimir Volkoff, Livre de poche (encore un personnage romanesque que ce Volkoff, fils de Russe blanc, aux convictions réactionnaires)
- 2020 : André Markowicz, collab. Françoise Morvan, Actes Sud Babel

LE DERNIER TRADUCTEUR ANDRÉ MARKOWICZ

Célèbre pour ses traductions de Dostoïevski, il disait il y a 30 ans : "Le but de ma vie, ce n'est pas de traduire Dostoïevski, mais Pouchkine" (à Nicole Zand, Le Monde, 12 novembre 1993).

Pour le mettre en valeur, comparons 4 traductions du tout début du roman : voir ›ici,
mise en regard, la première page de chacune des 4 traductions, avec les notes qui, elles aussi, diffèrent.
Voici j
uste un extrait, quand le père engage un Français comme précepteur, qu'on fait venir de Moscou avec la provision annuelle de vin et d'huile d'olive... ; notre ami Savéliitch qui a fait l'éducation de notre héros jusqu'à 12 ans, lui apprenant à lire et écrire le russe, est furieux :

"Il semble, grâce à Dieu, murmurait-il, que l'enfant était lavé, peigné et nourri. Où avait-on besoin de dépenser de l'argent et de louer un moussié, comme s'il n'y avait pas assez de domestiques dans la maison ?" (trad. Louis Viardot, 1853)
- Dieu merci, grommela-t-il entre ses dents, il me semble que l'enfant est lavé, peigné et nourri. À quoi bon gaspiller l'argent en engageant ce monsieur, comme si on n'avait pas ses propres gens ! (trad. Maurice Quais, 1899)
"Cet enflant, marmottait-il à part soi, a pourtant, grâce à Dieu, l'air lavé, peigné, nourri. Quel besoin d'aller dépenser de l'argent pour rien en embauchant un môssieu, comme si on n'avait pas assez de gens à soi ?" (trad. Vladimir Volkoff, 1997)
"Dieu soit loué, grommelait-il dans sa barbe, l'enfant est bien lavé, bien peigné, il mange à sa faim, non ? À quoi ça sert encore de gaspiller de l'argent à engager un moussieu, comme si on n'avait plus personne chez soi !" (trad. André Markowicz, 2020)

De ce début du roman, Julien Gracq disait, à propos de ce qui déclenchait l'écriture pour lui :

"Souvent cela vient d'un autre livre : le Rivage des Syrtes doit quelque chose non pas au Désert des Tartares, comme on l'a souvent dit (alors que je ne le connaissais pas), mais au début de la Fille du capitaine, de Pouchkine, début que j'aime beaucoup." (propos rapportés par Jean Louis de Rambures, Le Monde, 6 mai 1970)

UNE ÉMISSION, UN ARTICLE

- Alexandre Pouchkine, Une vie, une œuvre, par Francesca Isidori, France Culture, 28 octobre 1993, 1h24, principalement avec André Markowicz.
- Un article universitaire : "La Fille du capitaine : sujet et histoire", Paule Petitier, ENS Éditions, 2017.

LES NOMS DES PERSONNAGES DANS LES ROMANS RUSSES

En général on s'y perd. Est-ce le cas dans ce roman, on va voir ce vendredi... Voici les principaux personnages :

Dans la région de Simbirsk
Le héros : Piotr Andréïévitch Griniov ou Piotr Andréïévitch ou Griniov ou Piotr Andréïtch ou
Pétroucha (nommé ainsi par les parents)

Papa : Andréï Pétrovitch Griniov ou Andréï Pétrovitc
Maman : Avdotia Vassilievna (qui a eu neuf enfants)
Piqueur ou diadka : Savéliitch ou Arkhip Savéliittch ou Arkhip Savéliev
Outchitel : le Français monsieur Beaupré

Font une apparition : Akoulka, la vachère borgne et la lingère Palachka ; une autre Palachka travaille chez le capitaine, Pouchkine aurait pu lui donner un autre prénom, non mais.

Capitaine joueur à l'auberge de Simbirsk : Ivan Ivanovitch Zourine ou Zourine

À Orenbourg
Général Andréï Karlovitch, copain du père

Au fort de Bélogorskoïé (à 40 verstes d’Orenbourg, 40 km quoi !)
Capitaine ou commandant Ivan Kouzmitch Mironov ou Miranov ou Ivan Kouzmitch
Sa femme : Vassilissa Iégorovna
Uriadnik, sous-officier à leur service : Maximytch ; n'oublions pas Palachka, déjà mentionnée, également à leur service

Le pope : le père Guérassime
La femme du pope : Akoulina Pamfilovna

Et l'héroïne, la fille du capitaine : Maria Ivanovna ou Maria Mironova ou ou Macha

Très méchants
Alexeï Ivanytch Chvabrine
ou Alexeï Ivanytch ou Chvabrine
Émélian Pougatchov ou Pougatchov
Ivan Ignatytch, le lieutenant borgne de la garnison

Très gentils
La femme du maître de poste nièce du préposé au chauffage de la cour : Anna Vlassievna
Sa Majesté, l'impératrice, la souveraine, Catherine II.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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