Nous avons privilégié la
traduction d'André Makowicz : Quatrième de couverture : Autres éditions
de poche disponibles : Quatrième de couverture : Nous sommes en
1773 : en route pour un fortin perdu au milieu de la steppe, où
il doit faire ses premières armes d'officier,
Piotr Griniov voit surgir de la tempête de neige un vagabond dans
lequel il reconnaîtra bientôt l'usurpateur Pougatchov. Les
aventures alors s'enchaînent.
Quatrième de couverture :
A l'âge de seize ans, sur ordre de son père, Piotr Andréïtch
Griniov gagne le fort de Bélogorsk où il va servir et, parce
qu'il est noble, devenir d'emblée officier. Quoique la vie de garnison
ne fût pas faite pour le séduire, son existence devient vite
plaisante, en particulier grâce à la présence de Maria
Ivanovna, la fille du capitaine, qu'il souhaiterait épouser.
Quatrième de couverture : Piotr Andréievitch Griniov est envoyé par son père dans une garnison au sud de lOural, loin de Saint-Pétersbourg dont il rêvait de connaître les plaisirs. Là-bas, il séprend de Macha, la fille du capitaine qui dirige la base. Lorsque Pougatchev, prétendant au trône, attaque le fort, cest pour en massacrer tous les occupants. Par un hasard inespéré, seuls les deux jeunes gens en réchappent. Pour eux, alors, les péripéties ne font que commencer Dans ce roman qui mêle fiction et réalité, où lhistoire romanesque rejoint lHistoire politique, Pouchkine plonge son lecteur au cur dun XVIIIe siècle russe tourmenté, où lautocratie ne parvient pas complètement à étouffer la vérité des sentiments.
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Alexandre Pouchkine (1799-1837)
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Toujours
notre triple formule depuis septembre
2021 : après la lecture des réactions transmises par
écrit, alternance entre ceux qui sont présents et
ceux qui sont à l'écran. Nouveau
jeu russe du jour : nous avons la liste de ceux qui ont envoyé
leur avis, mais celui qui lit ne dit pas qui a écrit et on
devine... Et l'on sait qu'il est toujours impossible de deviner
qui va aimer ou pas le livre lu.
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Les avis rédigés à distance
Fanny
Contrainte de me tenir à distance pour des raisons classiques...,
voici donc mon avis distancié.
J'ai lu ce roman assez rapidement et sans déplaisir, mais sans
réel plaisir non plus. Je ne sais pas trop dire ce qui m'a manqué
pour que je me trouve emportée dans ce récit.
J'ai trouvé intéressant d'enchaîner cette lecture
après L'ancêtre. Il s'agit
ici d'une construction narrative classique et la part romanesque s'appuie
sur des faits historiques précis et documentés.
En ce sens j'ai trouvé cette lecture instructive.
Le personnage principal est finalement intéressant. Assez benêt
au début lorsqu'il est entraîné dans une séance
de jeu, il gagne cependant en épaisseur et en courage au fil du
récit.
Cependant je crains qu'il ne m'en reste assez vite que peu de souvenirs,
dommage.
Hâte de vous lire, et plus encore de venir ! En attendant j'ouvre ½.
Séverine
Je connaissais Pouchkine de nom mais n'avais jamais lu de livre de lui.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais j'ai trouvé
ce récit un peu "gnangnan" et gentillet. Ça fait
très daté ou alors très enfantin : le nombre d'emplois
du point d'exclamation est incroyable, comme si on racontait l'histoire
à un enfant et qu'on veuille lui diffuser de la peur, de la joie,
signifier des rebondissements
Je me suis ennuyée à
cette histoire d'amour impossible, cette sorte de princesse à défendre,
ce méchant pas si méchant, ce gentil pétri d'honneur
bref, ça manque un peu d'aspérité
oui, je trouve
que ça fait très conte ou légende pour enfants avec
probablement une morale à retenir, et pour ce qui est de la référence
historique évoquée en quatrième de couverture, c'est
en effet un prétexte à l'histoire car franchement on n'apprend
rien de particulier. Et toujours pour rester sur la quatrième de
couv : "un des plus grands romans jamais écrits en russe",
je trouve que ça relève vraiment de l'argument commercial,
même si soi-disant Tolstoï et Dostoïevski l'ont dit !
Et je n'ai pas envie eu de lire la postface de Marina Tsvetaïeva
pour en savoir plus. Bref, je l'ouvre un quart car tout de même
ça se lit bien.
Hâte de lire vos avis.
Catherine
J'ai globalement aimé ce livre, l'histoire est prenante et m'a
embarquée sur les trois quarts du livre. Le contexte historique
m'a beaucoup intéressée ; je connaissais le complot des
décembristes, mais pas la révolte de Pougatchov.
Le personnage de Griniov est intéressant, mais peut-être
pas complètement crédible : c'est un adolescent dans les
jupes de sa mère au début du roman, qui accumule les bêtises
des qu'il quitte sa maison et quasi immédiatement après
se conduit avec noblesse et courage, on n'y croit pas complètement.
Mais il reste un personnage attachant.
J'ai assez aimé l'histoire d'amour en toile de fond, quoique le
personnage de Macha est assez falot ; elle s'évanouit, pleure.
Un peu caricatural. Le personnage le plus fascinant est Pougatchov, personnage
très ambigu dans sa conduite avec le héros, cruel et sans
pitié à d'autres moments, conscient de courir a sa perte
mais qui continue sa conquête...
Ça démarre comme un roman d'apprentissage, mais il y a aussi
un côté conte de fées : la rencontre dans la
forêt, le rêve, Pougatchov jouant un peu le personnage d'un
ogre.
La fin est surprenante, trop rapide, la souveraine accordant sa grâce
aussi rapidement, apitoyée par une orpheline, on n'y croit pas.
Je suppose que c'est ironique ? Je n'ai pas eu le temps de lire la
préface ou les documents mis en ligne.
À part ça, j'ai trouvé ça très bien
écrit. Ca n'est sans doute pas le plus grand roman de Pouchkine,
mais je n'ai pas lu les autres... J'ouvre aux ¾.
Geneviève
Je viens de finir La Fille du capitaine, le texte
de Marina Tsvetaïeva qui le suit, et de relire la préface
d'André Markowicz et Françoise Morvan. Cela a donc été
une lecture à plusieurs voix. J'ai lu la préface avant le
roman, je l'ai trouvée intéressante mais sans véritablement
la mémoriser. Elle a quand même attiré mon attention
sur l'importance des épigrammes : textes de chansons et poèmes
qui amorcent certains chapitres, et la manière dont ils insèrent
le récit dans l'histoire et les traditions russes. J'ai lu le roman
avec plaisir et facilité, mais sans doute de manière un
peu superficielle, un peu perplexe à la fin sur ce qu'il m'en restait.
Puis j'ai lu le texte de Tsvetaïeva et après un moment d'étonnement,
cela m'a fait réinterpréter toute l'histoire, l'ambivalence
du personnage de Pougatchov, sauveur et assassin, le côté
fade de Maria Ivanovna, créature innocente et naïve. Cela
a ouvert la perspective d'une réinterprétation d'un roman
qui, sous couvert de le condamner, met en valeur la puissance de Pougatchov,
la manière dont il représente la culture, y compris la violence,
du peuple russe et sa révolte contre les nobles. J'ai relu la préface
et j'ai pensé à un autre roman (de
Julian Barnes) qui m'avait beaucoup frappé, sur la vie de Chostakovitch
et la manière dont toute sa vie, comme Pouchkine, il avait lutté
avec la censure, ce qui me fait voir La Fille du capitaine, y compris
le titre, comme une sorte de palimpseste, un roman qui en cache un autre.
Bref, une belle expérience de lecture et relecture, qui montre
bien l'importance de la connaissance du contexte dans des uvres
aussi marquées par leur contexte politique et historique. Lecture
d'actualité malheureusement aussi, à l'heure où est
sans cesse évoquée la violence russe...
J'ouvre donc le livre complètement, à cause du roman mais
aussi de ce qui l'accompagne.
Laura
Honnêtement je suis un peu déçue de cette lecture,
du choix qui a été fait. En comparaison avec le
dernier livre, La Fille du capitaine s'affirme comme un véritable
classique, mais dans le mauvais sens du terme. Il n'est pas un classique
parce qu'il forme un nouveau genre littéraire, ni parce qu'il est
un texte marquant. Il n'est pas classique parce qu'il est profond. Au
contraire, l'ouvrage est un classique justement parce qu'il est conventionnel.
Et je n'ai pas lu de livre aussi conventionnel depuis longtemps. Alors,
oui, l'histoire était sympa, elle était mignonne. Mignonne
et c'est tout : en enlevant les pendaisons, ç'aurait pu être
un conte pour enfant.
En regardant les infos données par Claire, je suis sincèrement
étonnée de voir que Pouchkine était un grand séditieux,
du fait de son comportement, de ses poèmes blasphématoires,
etc. Alors, je me demande bien pourquoi il a écrit une histoire
aussi banale et aussi peu vraisemblable que ce que j'ai lu. Essaye-t-il
de se racheter vis-à-vis du pouvoir ? De la censure ? De montrer
qu'il est capable de tout faire, même dans le style le plus académique
?
Je ne savais absolument pas dans quoi je me lançais quand j'ai
commencé ma lecture, je n'avais jamais lu Pouchkine, et comme d'habitude
je ne voulais aucune info qui aurait pu modifier mon avis. Et j'ai été
sincèrement étonnée de tomber sur une histoire de
noble qui sauve une petite orpheline toute fragile. On est face à
un roman d'apprentissage, avec des voyages, des péripéties,
un peu de comique avec le serviteur Saliévitch, beaucoup de courage
avec la femme du capitaine, mais tellement de morale avec le protagoniste.
C'est parce qu'il dit la vérité, parce qu'il a le cliché
de l'innocence de la jeunesse, qu'il arrive toujours à ses fins
: et tout le monde lui cède tout, sans qu'il n'ait jamais à
argumenter : il dit un peu de vérité, puis il se tait, et
obtient tout ce qu'il souhaite. Bon, moi j'ai trouvé ça
un peu facile. Et, les seuls moments où j'ai pu un peu angoisser
pour la vie du personnage, je savais par avance qu'il ne pouvait pas mourir,
car sinon il n'y aurait plus eu d'histoire : oui La Fille du capitaine,
c'est ce genre de livre.
Détail supplémentaire : pourquoi (j'en ai marre à
la fin) c'est toujours le personnage masculin qui vit plein de péripéties
dangereuses et excitantes, et le personnage féminin qui est la
pauvre orpheline esseulée, dont les seuls plaisirs sont les ragots
de la cour ???
Voilà, je suis un peu déçue, même si ma lecture
n'a pas été mauvaise. J'ai eu l'impression de replonger
dans les contes que l'on me lisait enfant (ce qui est bien triste d'ailleurs).
J'ouvre à moitié pour la qualité de l'écriture,
les petites épigraphes, le comique, et la femme du capitaine dont
j'ai sincèrement apprécié le caractère.
Etienne
Je ne m'étendrai pas trop, mais j'ai bien apprécié
La Fille du capitaine. À vrai dire, la lecture de la véritable
lettre d'amour de Marina Tsvetaïeva à cette uvre,
positionnée à la fin, m'a bien aidé. À tel
point que je suis en train de continuer avec Mon
Pouchkine et j'ai aussi acheté un recueil
de poèmes. Elle m'a aidé, car je pressentais qu'il y
avait quelque chose d'un peu plus profond que cette histoire d'aventure
un peu naïve (certains personnages sont quand même d'une pauvreté
narrative gênante, je pense à Macha ou l'impératrice...)
que l'on pourrait en effet classer dans la littérature jeunesse
au premier abord. Au départ, j'avais l'impression de lire du Jules
Verne. Ce fut donc salvateur d'avoir un éclairage "slave"
à ce personnage de Pougatchov : ce qu'il représente métaphoriquement
pour Pouchkine, le travail de fantasme qu'a effectué ce dernier
après avoir fait la biographie "historique" du rebelle.
Je l'ouvre donc entre ½ et ¾ mais la vraie découverte
aura quand même été celle de la prose de Tsvetaïeva.
Rozenn
J'ai relu avec plaisir La Fille du capitaine. Le début m'a
plutôt déçue par rapport au souvenir que j'en avais.
Souvenir assez vague - comme toujours - mais souvenir d'une histoire de
violence et de passion. D'une histoire si romanesque
Lecture plus nuancée cette fois-ci.
Plougatchov tarde à venir. D'accord, les relations entre le narrateur
et son valet-mentor sont intéressantes. Les personnages du militaire
et de sa femme, la vie au fort aussi, mélange de vie militaire
et campagnarde - je ressens là une sorte de douce ironie. Mais
surtout, me plaisent les scènes avec Plougatchov. Elles me paraissent
très visuelles. J'ai l'impression d'avoir déjà vu
une adaptation filmée de ce livre.
Plougatchov est formidable. Il est présenté sans complaisance
mais il domine l'ensemble de l'histoire et des personnages par sa puissance
et son ambivalence.
Un jour, j'ai compris que ce qui m'attirait en Russie - et en même
temps me repoussait - c'était la violence
et ce jour-là,
d'ailleurs, mon intérêt s'est gelé.
Aujourd'hui, tout confirme cette impression. La complexité, aussi
: cosaques, tatars, peuples mouvants et en lutte.
Des précisions sur l'époque, sur la vie courante, les exergues,
les chansons, construisent un contexte folklorique, exotique crédible
sauf Catherine II
personnage peu crédible. Les amoureux aussi
manquent de ressort. Il est vrai qu'ils sont très jeunes. Et bon,
il faut peut-être une happy end !
J'ouvre en grand pour le charme de la lecture.
Les réactions en présence et en s'empiffrant...
<=Faits main=>
|
||
pirojkis
par Monique
|
blinis
par Katell accompagnant le saumon pêché par Françoise
|
|
blinis
à la viande et aux légumes par Jacqueline
|
cornichons Malossol
marinés par Claire (presque) |
Brigitte(à
l'écran)
L'histoire racontée ici est plutôt banale. Nous sommes au
18e siècle en Russie, l'héroïne est une jeune fille
jolie, effacée, pieuse, obéissante à ses parents,
le jeune homme est lui aussi comme on l'attend. Il défend courageusement
Marie contre les bandes rebelles de Pougatchev (qui a réellement
existé). Cependant, le lecteur est happé par l'envie de
tourner les pages : tout est dans la manière de raconter. C'est
un exercice de style magnifique : dépouillé, simple, juste.
J'ai beaucoup apprécié le personnage de Saveliitch le menin
(serviteur) du héros, ce personnage est tout à fait le moujik
tel que je l'imagine, soutien fidèle de l'ordre établi,
mais qui a son avis sur tout. J'ai aimé aussi la description du
fort avec son unique canon et son capitaine vieux style. La forme est
parfaite ; tous les apprentis écrivains devraient s'en inspirer :
le récit nous donne tout le temps envie d'avancer, dans ces plaines
de l'Oural.
Certes "Pouchkine" sonne comme "Poutine", mais j'aime
quand même beaucoup la littérature russe.
Katell(ancienne
du groupe il y a 20 ans, à qui l'on rappelle les deux expressions
de référence utilisées dans le groupe qu'on lui doit
: "j'ai un QI de géranium", quand on ne comprend
pas le génie d'un livre, et "y a beaucoup de narratif dans
ce roman"...)
Je rebondis sur ce qu'ont dit Brigitte et Geneviève. Selon moi,
qui a pris ce livre pour un conte pour enfants et passé à
côté.
Je fais du russe, j'ai lu un peu du livre en russe : j'aime cette langue
incroyable dans le livre, extrêmement pure, qui va à l'essentiel,
humoristique - par exemple quand est dépeinte au début mossieu
Beaupré, qui préfère l'eau-de-vie au vin.
La relation des nobles avec les serviteurs est révélatrice
du servage : c'est comme si on nous avait catapultés en Russie
au 18e siècle, un pays pas du tout évolué. Pougatchov
est en lutte contre le pouvoir. Et le vrai sujet pour moi c'est Pougatchov
qui permet de montrer son opposition : c'est comme Molière.
Pouchkine est un grand écrivain, un grand poète, père
de tous les grands écrivains russes. J'ouvre en grand et suis très
contente qu'il ait été programmé : c'est un roman
qu'il faut avoir lu, fondateur. Et en russe, c'est incroyable !
Claire
Brigitte avait dit à propos du Joueur
de Dostoïevski : cela me donne envie de relire La
Dame de Pique (que nous avions lu dans le groupe
il y a 29 ans
). J'ai vu alors que Markowicz que nous avons admiré
avait traduit depuis lors Pouchkine et qu'il disait que lorsqu'il publie
La Fille du capitaine : "Pouchkine
est au sommet de son génie" : on n'a pas hésité...
Je me souviens du peu que j'ai voyagé en Russie d'avoir été
impressionnée à Saint-Pétersbourg par la pouchkinolatrie
que j'ai découverte : j'ai écouté dans la maison-musée
de Pouchkine une femme dire des poèmes les larmes dans les yeux.
J'ai lu le livre comme une midinette : j'ai adoré tous les rebondissements,
j'ai vibré au suspense, j'ai été sensible à
l'humour, j'ai été intéressée par l'aspect
documentaire.
Les notes m'ont paru un peu trop pointues, presque barbantes. Les exergues,
je les ai rapidement sautés.
Certains personnages sont formidables qui ne sont pas les deux principaux
: Savéliitch, monsieur Beaupré archi incompétent,
le Général copain du père qui n'en fout pas une,
la femme du capitaine une héroïne toute trouvée haute
en couleur, la fille du capitaine qui fait ce qu'elle peut...
Aaaah la fin avec l'impératrice dans le jardin... voilà
LA scène pour les midinettes achevées (je suis sûre
que Rozenn aurait adoré)... la fille du capitaine s'est arrêtée
à un relais de poste et comme par hasard la femme du patron est
la nièce du préposé au chauffage de la cour sait
tout de l'agenda de Catherine II et pof, elle la rencontre sur un banc,
incognito. Bon, c'est vrai que l'arrière-plan politique ne m'a
paru au premier plan de la lecture.
Le texte de Marina Tsvetaïeva qui suit, "Pouchkine
et Pougatchov", me permet de penser que Marina, qui a tapé
dans l'il d'Etienne, a toute sa place dans notre groupe : son avis
est un peu long, mais tout à fait dans notre esprit. J'aime bien
quand elle traite la fille du capitaine de gourde ("Maria
Ivanovna oui, cette gourde de Macha, qui tombe dans les pommes
quand on tire le canon, et tout ce quon entend, cest quelle
est 'dune pâleur extrême'
)
J'ai bien aimé aussi l'aspect documentaire, et il faut bien l'avouer
grâce aux précisions de Markowicz, par exemple sur la
kibitka, le diadka : mais j'aurais eu besoin de visualiser
pour de bon, de voir des images, des photos, des
films, comme ce fut le cas quand j'ai cherché ce qu'étaient
ces images populaires mentionnées par Griniov au cours de son récit,
représentant dans une maison l'enterrement du chat : voici,
surprenantes, les funérailles du tsar Pierre I le Grand, sous l'apparence
d'un chat mort dans un traîneau tiré par une procession de
rats : une gravure russe populaire du 18e siècle
Brigitte et Katell nous disent en quoi Pouchkine était moderne
en Russie : en tout cas, il recourt au "genre" de l'exofiction,
terme qui lui est moderne et j'ai pensé à quelques titres
de ce genre que nous avions lus : Le
retour (avec Cook), La
jeune fille à la perle, La
Reine des lectrices, Danseur
de Colum McCann, Mémoires
d'Hadrien de Yourcenar, Ravel
d'Echenoz...
Sabine(ancienne
du groupe presque à ses origines, pendant plus de 11 ans, de passage
depuis Nîmes où elle vit, et à qui on doit la présence
de Manuel, son ex-élève, à partir de 1991 et donc
de ce site)
Je l'ai lu à partir du 24 février en plein dans la guerre
en Ukraine. J'avais lu La
Dame de Pique avec le groupe - bon.
J'adore Tolstoï, Dostoïevski, Gogol. Là, je n'ai pas
traversé la Russie, et ma lecture n'était pas très
agréable, avec ce coté Manon
Lescot, picaresque, des images de Polanski me sont venues, du Bal
des vampires, de Mikhalkov,
de Paradjanov
mais je me suis emmerdée.
La préface m'a gonflée.
Oui, le paratexte est intéressant, mais pollue. Quant au texte
qui suivait de Tsvetaïeva, pas lu.
L'histoire ? Le style ? Je préfère Dostoïevski. Ce
n'est pas assez fouillé, descriptif. Et puis avec l'Ukraine
Bref pas très agréable, j'ouvre ¼.
Manuel(à
l'écran)
Jai eu la même lecture que Sabine qui a été
polluée par lactualité. Les scènes de torture
mont mis mal à laise. Jai appris p. 110
que la torture était institutionnalisée et quune loi
a été voté mais est restée "lettre morte".
Après Dostoïevski,
jai beaucoup de mal avec lantisémitisme rampant des
auteurs russes. Ici, on parle de "youpin". Jai le souvenir
de passages terribles dans La
fin de l'homme rouge et de massacres de Juifs. Ma lecture percute
lactualité.
Lhistoire est assez attendue je pense. Je nai pas compris
tous les proverbes et parfois les enjeux étaient assez obscurs
pour moi. Le point positif est que jai pensé à la
belle exposition
Répine au Petit Palais et au tableau des cosaques. J'ouvre
¼.
Ilya Répine,
Les Cosaques zaporogues s écrivant une lettre au sultan de Turquie
1880-1891 - Huile sur toile, 2,03 x 3,58m - Musée
russe de Saint-Pétersbourg
Monique L
Un récit au rythme enlevé et plaisant à lire, surtout
pour la fresque sociale et historique. C'est une épopée
aussi aventureuse que romanesque. Un roman certes daté, mais un
classique qui passe bien au travers du temps. Les personnages sont typiques
du romantisme russe. Les classes sociales sont bien différenciées
: les nobles, militaires et le peuple.
J'apprécie l'atmosphère : les immenses steppes, le climat
extrême, la neige, les isbas, les moujiks, les barines, la société,
mode de vie, le fameux charme de l'âme russe.
Sur un rythme très soutenu, les aventures de Piotr Andreïtch
se succèdent pleines d'imprévu, belles à la fois
de simplicité et de témérité, émouvantes,
propres enfin à faire de ce court récit un roman exaltant
Les personnages ont des caractères très tranchés,
frisant la caricature : Piotr Andreïitch est courageux et généreux,
son précepteur Savélitch est fidèle, la fille du
capitaine est douce et forte ; le lieutenant Chvabrine, le traître,
est lâche et hypocrite. J'ai particulièrement apprécié
le méchant Pougatchev, personnage complexe et ambigu : brutal,
cruel, sanguinaire, usurpateur mais aussi loyal en amitié et capable
de mansuétude et de magnanimité. J'ai aimé les personnages
secondaires que sont le serviteur fidèle et la femme du capitaine
(plus intéressante que l'héroïne trop parfaite).
J'ai porté intérêt au cadre historique de ce récit
: la Russie de Catherine II aux prises avec les rébellions de l'Oural
et la révolte des cosaques. J'ai du me plonger dans mes livres
d'histoire.
Pouchkine est un admirable conteur, son style est fluide, concis, limpide
et sans emphase inutile. J'ouvre aux ¾.
Françoise
Je préviens tout de suite, j'ouvre en grand ! Enfin un plaisir
de lecture ! Ce que j'ai aimé, c'est le côté conte
où j'ai plongé sans problème, j'ai adhéré,
et le côté historique car dans mon édition
GF, les notes renvoyant à l'histoire - que Pouchkine a
largement reprise - sont très intéressantes, ce qui
entraîne deux niveaux de lecture : le conte et la réalité
russe. La traduction est un peu désuète (Raoul Labry, 1947),
mais colle bien avec l'époque et Pouchkine. J'ai noté que
la torture avait été interdite par le tsar, ce qui m'a étonnée
vu l'époque.
J'ai apprécié l'humour, le côté "rhapsodie"
(en référence au folklore auquel se réfère
l'auteur). J'ai eu un peu de mal avec les noms des personnages (comme
d'habitude avec les romans russes). Mais quel plaisir par rapport aux
deux autres livres précédents que nous avons lus (Saer
+ Krasznahorkai) !
Muriel
Je n'ai pas été très emballée, ça ne
m'a pas beaucoup plu et pour tout dire ça m'a barbée. Je
l'ai lu en plusieurs fois, peut-être eût-il mieux valu lire
ce livre d'un coup. Bref, je n'ai pas accroché du tout. Ça
fait roman à la Walter Scott dit-on, de cape et d'épée,
mais ça ne m'a pas accrochée.
Je trouve que ça manque de psychologie et j'ai d'ailleurs embrouillée
un peu les personnages. Je n'ai été attirée ni par
les personnages ni par l'histoire et je ne trouve pas du tout que ce soit
chef-d'uvre. D'ailleurs à ma connaissance ce n'est pas connu
du tout... mais je me trompe peut-être.
Pourquoi ça ne m'accroche pas ? C'est ni drôle - je n'ai
pas vu l'ombre d'un humour - ni étonnant, un peu émouvant
par-ci par-là, mais assez ennuyeux pour tout dire. Kourkov, c'est
autre chose !
Je ne le conseillerai à personne. J'ouvre au ¼ ce qui est
généreux...
Annick L(à
l'écran)
J'ai lu ce grand classique russe dans la traduction
de Brice Parain (1925). On pourrait se dispenser de la présentation
de Michel Aucouturier, une prouesse d'érudition d'un ennui mortel !
Je ne connaissais pas du tout cet auteur, contrairement à d'autres,
parmi ses contemporains.
Une lecture agréable, grâce à un récit bien
mené, avec des chapitres courts et un rythme soutenu. Dans chaque
scène Pouchkine va à l'essentiel et déploie une belle
puissance d'évocation : par exemple l'apparition de Pougatchov
au loin dans la brume de neige, ou celle de l'exécution du malheureux
capitaine et de son épouse. C'est un merveilleux raconteur d'histoire.
Je comprends pourquoi on le considère comme l'inventeur du roman
russe moderne.
J'ai beaucoup aimé, également, faire ce voyage haut en couleurs
dans le temps (d'après une authentique insurrection contre la tsarine
Catherine II, à la fin du 18e siècle) et dans l'espace.
L'appareil de notes m'a été bien utile.
Mais je suis restée indifférente aux enjeux historiques
et dramatiques de ce roman, sans doute parce que la plupart des personnages
sont assez falots, en particulier Piotr, le jeune soldat idéaliste
et naïf, ou Maria Ivanovna, sa bien-aimée. Le serviteur de
Griniov, Savielitch est mieux campé. Le plus intéressant,
de par son charisme et son ambivalence, c'est Pougatchov, le rebelle,
qui peut se montrer d'une cruauté abominable, mais est aussi capable
de loyauté envers celui qui l'a sauvé au milieu de la tempête
: un personnage haut en couleurs.
En tout cas, après L'Ancêtre,
cette lecture m'a fait du bien : il y a dans La Fille du capitaine
une forme d'humour, de distance qui facilite l'évasion. J'ouvre
à moitié.
Jacqueline(qui
avait apporté kwass
et gâteau
au miel russe fait de ses mains et loupé par la photographe,
gâteau fait à défaut d'un vatrouchka
qu'elle n'avait pas eu le temps de concocter : heureusement c'est un gâteau
russe et ukrainien, et on pourra se rattraper à la séance
Kourkov...)
Je me souviens que dans ma jeunesse
cela avait été un de mes premiers achats, seule chez un
bouquiniste des quais, que c'était une édition jeunesse.
À part ça, aucun souvenir sauf de m'avoir paru une bluette
Grâce à Claire, j'ai acheté la traduction de Markowitz
pour qui j'ai beaucoup d'estime. J'ai lu la
préface. Elle m'a alertée sur les contextes historiques
sans que je m'y attarde trop et sans chercher à approfondir ;
puis, j'ai entamé ma lecture. Quelle heureuse surprise !
Cela commence comme un bon roman d'apprentissage (comme les extraits de
Gil Blas de mes lectures scolaires !). J'aimais l'insouciance,
les bévues décrites avec vivacité, puis le portrait
du vieux serviteur dévoué, le départ, les rencontres
pittoresques de gens plus ou moins bien intentionnés envers ce
héros fier mais naïf, l'arrivée au fort très
loin de la vie rêvée à la capitale, mais l'entrain
et la curiosité de la jeunesse qui permettent de s'adapter
L'une des rencontres du voyage s'avère être Pougatchov et
le lien qui se noue entre le héros narrateur et lui est aussi formidable
que la personnalité de Pougatchov est fascinante
C'est par
rapport à lui que réapparaissent les personnages de second
plan rencontrés auparavant. C'est lui qui; par sa cruauté
ou aussi avec le panache de sa générosité; détermine
le sort de la fille du capitaine et, avec elle, celui du héros.
Toute cette peinture de Pougatchov et de ses protagonistes dans une révolte
contre un tyran rappelait pour moi bien des questions que posent les suites
de 1917 : Staline, Poutine
, fatalité russe ou suite
de circonstances liées et analysables ?
L'apparition de Catherine II en deus ex machina m'a bien amusée
(comme celle du roi à la fin de Tartuffe ou du Cid
!) Mais la femme tyran Catherine II était aussi la correspondante
de Voltaire
J'ai pris un très grand plaisir à lire ce livre. Je regrette
beaucoup de ne pas pouvoir le lire en russe. Pouchkine est aussi un poète.
Je crois que de même qu'il est très difficile d'accéder
complètement à un poème écrit dans une langue
qu'on ne connaît pas, une partie de ce roman m'a échappé :
Markowitz par ses notes m'a montré beaucoup de références
aux chansons populaires, à des extraits connus de romans devenus
quasi proverbiaux ou à des dictons. Cela m'a donné une idée
de la richesse littéraire de cette écriture mais aussi frustrée
de ne pas pouvoir y accéder
J'ouvre donc seulement aux ¾
On recherche alors quels autres auteurs russes nous avons lus.
Katell,
protestant
Quoi ! Y a même pas un moteur
de recherche dans ce site pour rechercher les auteurs russes lus dans
le groupe !
Les voici ICI...
POUCHKINE A-T-IL VRAIMENT EXISTÉ ? |
Pour une agréable et rapide biographie de la vie romanesque de Pouchkine (mort dans un duel à 37 ans), illustrée de célèbres tableaux, voir ici.
MAIS IL A ÉCRIT QUOI, S'IL EST MORT SI JEUNE ? |
Il est idolâtré en Russie. Pour ses poèmes,
contes, pièces de théâtre, journal, nouvelles, romans...
Quelques titres seulement :
- poèmes : Poésies
( Poésie Gallimard, 1994)
- conte : Le
conte du tsar Saltan (BNF/Albin Michel, 2018)
- pièces : Boris
Godounov (Actes sud Babel, 2016), tragédie qui donnera
lieu à l'opéra
de Moussorgski ; ou encore :
Le visiteur de marbre et autres uvres théâtrales
(Vendemiaire, 2021)
- nouvelle (la plus célèbre) : La
Dame de pique (Actes sud Babel, 2012)
- roman en vers : Eugène
Onéguine (Actes sud Babel, 2012, et aussi dans la collection
Points
Poésie, 2018)
On ne peut que trouver également incroyablement romanesque l'histoire de son arrière-grand-père maternel noir ancien esclave, Hanibal. Voir son livre Le nègre de Pierre le grand (Sillage, 2019).
ET SES PREMIERS DÉBUTS POÉTIQUES ?! |
Au lycée impérial, les élèves branchés écrivent des poèmes, et ceux de Pouchkine se font déjà remarquer : lors dun examen, il déclame son texte "À un ami poète" devant un jury mais aussi devant Derjavine. |
|
Devant LE poète russe le plus respecté à cette époque : effet garanti ! Tous restent sans voix, fascinés par les talents dun Pouchkine prodige qui arrive à captiver son auditoire ainsi quà susciter les émotions les plus fortes. Cet épisode le fera entrer dans une certaine notoriété alors quil est à peine âgé de 15 ans. | |
Et Répine immortalisera la scène avec son tableau Pouchkine récitant "À un ami poète" devant Derjavine, 1911, Musée national Pouchkine. |
POUCHKINE EST OLÉ OLÉ |
Pouchkine a écrit des poèmes pornographiques,
surtout dans sa jeunesse, lorsqu'il fréquentait les bordels. Il
a publié un poème blasphématoire, la Gabriéliade,
où la Vierge est successivement possédée par l'Esprit
Saint, Satan et l'ange Gabriel...
Jean-Jacques Pauvert préface son Journal
secret (Belfond, 2011) ; extrait de la 4e de couverture : "Séducteur
insatiable, amant de ses belles-surs aussi bien que de catins racolées
dans les rues de Saint-Pétersbourg, organisateur de cérémonies
orgiaques, sa vénération pour le sexe féminin lui
fait multiplier les aventures comme un saint homme qui visiterait toutes
les églises pour mieux prier Dieu."
IL A PLEIN D'ENNUIS |
Eh oui, ses poèmes sont jugés séditieux.
Il est envoyé en exil en Ukraine, à laquelle on pense tellement
en ce moment.
Mais il ne perd pas son temps : à Odessa en 1823, il rédige
Eugène Onéguine ; il est initié en franc-maçonnerie.
DES TRACES PARTOUT |
Du coup, un musée
Pouchkine existe à Odessa. Des bustes de Pouchkine se trouvent
en Russie, mais aussi en Ukraine
à Kharkov, à
Kiev et à Paris bien sûr, au Jardin
des poètes.
Et ne parlons pas du Café
Pouchkine à Moscou, non sans lien avec la chanson de Gilbert
Bécaud, Nathalie
("Elle parlait en phrases sobres
De la révolution d'octobre/Je pensais déjà/Qu'après
le tombeau de Lénine/On irait au café Pouchkine/Boire un
chocolat")
Et le clou, c'est le musée-appartement
de Pouchkine à Saint-Pétersbourg,
touchant, avec la pendule affichant toujours 2h45, heure de la mort du
génie national...
LES TRADUCTIONS |
Elles sont nombreuses
et les traducteurs sont très variés. La première
traduction eut beaucoup de succès :
-
1853 : Louis Viardot, Hachette, Bibliothèque
des chemins de fer, texte en ligne ici.
Personnage très romanesque, avocat, journaliste, critique
d'art, directeur de théâtre,
Louis Viardot est l'époux
de la cantatrice Pauline
Viardot) et est donc aussi traducteur ;
il traduit des auteurs russes (Gogol et Alexandre Pouchkine) en collaborant
avec Ivan Tourgueniev et contribue à faire connaître la littérature
russe en France, quoique ne connaissant pas la langue... Ah oui, Tourgueniev,
Pauline et Louis Viardot sont inséparables
: d'ailleurs Tourgueniev achète une maison de maître à
Bougival où il installe la famille Viardot et se fait construire
une sorte de datcha à côté. La liaison inévitable
entre l'écrivain et la cantatrice était considérée
par Maupassant comme "la plus belle histoire damour du XIXe
siècle"...
- 1899 : Maurice Quais, Guyot, texte en ligne ici
- 1925 : Brice Parain, La Pléiade/J. Schiffrin & Cie (disponible
dans La
Pléiade et en Folio
classique)
- 1932 : Eugène Séménoff, Larousse
- 1947 : Raoul Labry, Aubier-Montaigne (disponible en GF
et Librio)
- 1986 : André Markowicz, Press Pocket
- 1997 : Vladimir Volkoff,
Livre
de poche (encore un personnage romanesque que ce Volkoff,
fils de Russe blanc, aux convictions réactionnaires)
- 2020 : André Markowicz, collab. Françoise Morvan, Actes
Sud Babel
LE DERNIER TRADUCTEUR ANDRÉ MARKOWICZ |
Célèbre pour ses traductions
de Dostoïevski, il disait il y a 30 ans : "Le but de
ma vie, ce n'est pas de traduire Dostoïevski, mais Pouchkine"
(à Nicole Zand, Le
Monde, 12 novembre 1993).
Pour le mettre en valeur, comparons 4 traductions du tout début
du roman : voir ici,
mise en regard, la première page de chacune des 4 traductions,
avec les notes qui, elles aussi, diffèrent.
Voici juste un extrait, quand le père engage
un Français comme précepteur, qu'on fait venir de Moscou
avec la provision annuelle de vin et d'huile d'olive... ; notre ami Savéliitch
qui a fait l'éducation de notre héros jusqu'à 12
ans, lui apprenant à lire et écrire le russe, est furieux
:
"Il semble, grâce à Dieu, murmurait-il, que l'enfant était lavé, peigné et nourri. Où avait-on besoin de dépenser de l'argent et de louer un moussié, comme s'il n'y avait pas assez de domestiques dans la maison ?" (trad. Louis Viardot, 1853) |
- Dieu merci, grommela-t-il entre ses dents, il me semble que l'enfant est lavé, peigné et nourri. À quoi bon gaspiller l'argent en engageant ce monsieur, comme si on n'avait pas ses propres gens ! (trad. Maurice Quais, 1899) |
"Cet enflant, marmottait-il à part soi, a pourtant, grâce à Dieu, l'air lavé, peigné, nourri. Quel besoin d'aller dépenser de l'argent pour rien en embauchant un môssieu, comme si on n'avait pas assez de gens à soi ?" (trad. Vladimir Volkoff, 1997) |
"Dieu soit loué, grommelait-il dans sa barbe, l'enfant est bien lavé, bien peigné, il mange à sa faim, non ? À quoi ça sert encore de gaspiller de l'argent à engager un moussieu, comme si on n'avait plus personne chez soi !" (trad. André Markowicz, 2020) |
De ce début du roman, Julien Gracq disait, à propos de ce qui déclenchait l'écriture pour lui :
"Souvent cela vient d'un autre livre : le Rivage des Syrtes doit quelque chose non pas au Désert des Tartares, comme on l'a souvent dit (alors que je ne le connaissais pas), mais au début de la Fille du capitaine, de Pouchkine, début que j'aime beaucoup." (propos rapportés par Jean Louis de Rambures, Le Monde, 6 mai 1970)
UNE ÉMISSION, UN ARTICLE |
- Alexandre Pouchkine, Une
vie, une uvre, par Francesca Isidori, France Culture, 28
octobre 1993, 1h24, principalement avec André Markowicz.
- Un article universitaire : "La
Fille du capitaine : sujet et histoire", Paule Petitier, ENS
Éditions, 2017.
LES NOMS DES PERSONNAGES DANS LES ROMANS RUSSES |
En général on s'y perd. Est-ce le cas dans
ce roman, on va voir ce vendredi... Voici les principaux personnages :
Dans la région de Simbirsk
Le héros : Piotr Andréïévitch
Griniov ou Piotr Andréïévitch
ou Griniov ou
Piotr Andréïtch ou Pétroucha
(nommé ainsi par les parents)
Papa : Andréï
Pétrovitch Griniov ou Andréï
Pétrovitc
Maman : Avdotia Vassilievna (qui a eu neuf
enfants)
Piqueur ou diadka : Savéliitch ou
Arkhip Savéliittch ou Arkhip Savéliev
Outchitel : le Français monsieur Beaupré
Font une apparition : Akoulka, la vachère
borgne et la lingère Palachka ;
une autre Palachka travaille chez le capitaine,
Pouchkine aurait pu lui donner un autre prénom, non mais.
Capitaine joueur à l'auberge de Simbirsk : Ivan Ivanovitch Zourine ou Zourine
À Orenbourg
Général Andréï Karlovitch,
copain du père
Au fort de Bélogorskoïé (à
40 verstes dOrenbourg, 40 km quoi !)
Capitaine ou commandant Ivan Kouzmitch Mironov
ou Miranov ou Ivan
Kouzmitch
Sa femme : Vassilissa Iégorovna
Uriadnik, sous-officier à leur service : Maximytch
; n'oublions pas Palachka,
déjà mentionnée, également à leur service
Le pope : le père Guérassime
La femme du pope : Akoulina Pamfilovna
Et l'héroïne, la fille du capitaine : Maria
Ivanovna ou Maria Mironova ou
ou Macha
Très méchants
Alexeï Ivanytch Chvabrine ou Alexeï
Ivanytch ou Chvabrine
Émélian Pougatchov
ou Pougatchov
Ivan Ignatytch, le lieutenant borgne de la
garnison
Très gentils
La femme du maître de poste nièce du préposé
au chauffage de la cour : Anna Vlassievna
Sa Majesté, l'impératrice, la souveraine,
Catherine II.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
||||
à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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