Rencontre des groupes Voix au
chapitre
l'ancien qui a 30 ans exactement
et 28 lecteurs (dont 4 à distance)
le nouveau groupe parisien qui a 8 mois et 13 lecteurs
le groupe breton qui a 12 ans et 13 lecteurs.
Les règles du jeu de cette soirée
particulière du 18 novembre 2016 :
- chacun tour à tour évoque quelque
chose dans le domaine de la lecture, qui compte pour soi
- on peut préciser "son ancienneté dans le groupe"
et parfois son expérience dun autre club de lecture
- le temps est limité à 3 minutes
- on peut parler d'un livre, d'un auteur, de plusieurs livres, de plusieurs
auteurs, ou encore de ce que représente la lecture pour soi, mais
il faut que ça tienne en trois minutes
Nous sommes 24 : 14 de l'ancien
groupe, 8 du nouveau groupe, 2 représentant le groupe breton venus
exprès à Paris...
Annick
A, Annick
L, Brigitte, Catherine,
Claire,
Danièle, Émilie,
Flavia, Fanny,
François,
Françoise
H, Henri,
Inès, Jacqueline,
Julius, Manuel,
Marie-Odile, Marie-Thé,
Monique S, Nathalie
B,
Richard,
Rozenn, Séverine,
Valérie
Brigitte
Je suis la plus ancienne à tous les sens du terme. Je suis entrée
en 1986 dans un groupe qui cherchait à s'étoffer, créé
par Christian (que nous avons retrouvé à l'occasion de ces
30 ans du groupe et qui reviendra nous voir). Le groupe s'est ensuite
réuni chez Claire quand elle nous a rejoints.
Pour ma part, je constate que j'ai maintenant plus de mal à passer
d'un livre à l'autre. Je suis immergée dans la lecture d'un
livre.
Émilie
Je fais partie du Salon des Refusés depuis
le début. J'apprécie le groupe pour les livres que je découvre.
La première lecture qui a compté pour moi, c'est
Le Petit Prince de Saint-Exupéry que j'ai lu en 6e. C'est
une lecture qui me reste - je ressens même de l'émotion encore
à parler de ce livre. La lecture est pour moi liée à
l'émotion.
Outre les livres que je n'aurais pas lus, le groupe me fait découvrir
des points de vue différents sur ma lecture.
Nathalie B
(elle est entrée dans le nouveau groupe dès
sa création, 8 mois auparavant)
J'ai été intéressée par le débat sur
la littérature qu'a eu le groupe, notamment autour de Vernon
Subutex. Qui pour moi est de LA LITTÉRATURE !
Je suis entrée en lecture petite. Ce que j'aime, c'est qu'un livre
nous change, et c'est ce qui est pour moi la définition de la littérature.
Quand on lit, on habille le roman avec ce qu'on l'on est, ce que l'on
vit. Un roman qu'on lit, c'est un moment de soi.
Un livre que j'ai envie d'évoquer, c'est Tu ne tueras pas qui met
en scène un jeune Israélien et un jeune Palestinien qui
commencent dans le conflit et finissent dans l'entraide. Pour moi, la
littérature c'est aussi l'identification : j'ai été
ainsi un petit enfant dans un saut d'avion avec un fennec. Et j'en suis
sortie changée.
Valérie
(elle est
entrée dans le nouveau groupe dès sa création)
Je suis une très grande lectrice. Ma
passion, c'est le roman d'Europe centrale : il s'agit
d'une véritable initiation et compréhension de la littérature
de la Mitteleuropa, d'auteurs allant de la période de 1850 jusqu'à
la guerre de 1914, en passant par Joseph Roth, Sándor Márai,
Stephan Zweig et d'autres qui me conduisent à des voyages en Europe
Centrale. La littérature pour
moi est indissociable du parcours de l'écrivain. C'est pourquoi
la biographie reste un de mes genres préférés. Mais
je souhaite vous parler plus particulièrement de théâtre
où je vais souvent, et de trois pièces actuellement adaptées
de l'uvre de Zweig :
Le Monde d'hier, Amok,
La
Peur.
Enfin, ma plus grande référence, c'est La
Recherche du temps perdu.
Manuel
(c'est
sa 26e année dans le groupe ; il a créé le site
il y a 16 ans)
C'est difficile de choisir un livre fétiche
J'en citerais deux :
- un de l'époque scolaire, Baudelaire, Le
Spleen de Paris dont j'ai découvert
l'analyse avec Sabine au lycée (c'est Sabine, plus tard, j'avais
18 ans, quand elle n'était plus ma prof, qui m'a amené dans
ce groupe), ce livre est sur ma table de chevet, c'est un ami, j'en lis
quelques pages de temps en temps, c'est une lecture enrichissante
- et une lecture "autonome" : les Mémoires
d'Hadrien de
Marguerite Yourcenar, une lecture qui m'émeut, toujours. Lire Zweig
m'a donné envie de le relire.
Annick
A (c'est
sa 9e année dans le groupe)
Lire pour moi c'est vivre
de multiples vies dans un monde à chaque fois nouveau. C'est m'introduire
dans la pensée des personnages qui se livrent à moi dans
une intimité qu'aucun être réel ne m'offrira jamais,
c'est partager leur monde, leur mode de vie, leur vision, leur ambivalence,
leur sauvagerie et me laisser ainsi questionner par eux sur la nébuleuse
de mon être. C'est m'en faire des amis ou des ennemis chez qui je
viens m'inviter et qui viennent déranger le temps d'un livre le
cours de ma vie réelle.
Je n'ai pas d'auteurs préférés. J'aime tous ceux
qui ont la capacité par la richesse de leur écriture de
me faire voyager dans la géographie des idées. Mémoires
d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir
lu à l'âge de 18 ans a influencé la direction de ma
vie. Je citerai 2 livres que j'ai partagés avec le groupe lecture
:
-
Le convoi de l'eau d'Akira
Yoshimura, petit livre japonais d'une grande beauté poétique
qui nous plonge dans une atmosphère envoûtante. Par le biais
de la construction d'un barrage auprès d'un village qui n'a jamais
connu la civilisation moderne, il traite du choc des cultures entre le
Japon moderne et ancestral et de la rédemption d'un homme, le narrateur,
qui se laisse imprégner par la sagesse des villageois.
-
Confiteor de Jaume Cabré,
chef-d'uvre littéraire époustouflant, qui défait
les lois de la narration pour nous entraîner dans l'histoire du
mal à travers les siècles.
Henri
(c'est sa 5e année dans le groupe ; il dit, sans
un mot préalable, sans aucun soutien imprimé...)
"Au long de la Route [du Perré], nous
rencontrions parfois des femmes. Elles allaient par deux, par trois
presque jamais seules à cheval presque toujours
pourtant une fois nous en rencontrâmes deux qui allaient à
pied : deux silhouettes noires et fragiles, loin devant nous sur
le chemin, auxquelles les pesantes bottes de voyage donnaient un sautillement
doiselet boiteux : elles se tenaient par le doigt sans rien
dire et e me souviens que cétait le temps de
Pâques elles mordillaient une branche fleurie :
les bois dans le brouillard de verdure jaune étaient pleins dappels
de coucou, mais cétaient ces bouches seules tout à
coup sur le chemin plein de fondrières et deaux neuves qui
nous apprenaient que la terre fleurissait. [
] Il ny avait
rien de vil ni de vulgaire dans ces rencontres. Elles étaient venues
parfois de très loin, ayant entendu dire quels voyageurs passaient
sur le chemin, non pour vivre deux [
] mais pour vivre avec
eux, ou plutôt à portée deux et à leur
guise, dans cette espèce de sillage éveillé quétait
la Route et où on respirait comme nulle part : on pensait quelquefois
à ces oiseaux de mer qui se balancent un moment sous le vent des
navires, mais les abandonnent lun pour lautre, comme si le
frais remous décume du voyage les captivait plutôt
que le voyageur. Presque toutes étaient belles, dune beauté
rude et un peu lourde ; elles ressemblaient à ces filles de
paysans aux yeux hardis dans la nuit tombante, quon voit monter
à cru les chevaux revenant de labreuvoir, mais
la Route les avait affinées, ou peut-être son appel avait-il
touché dans le fond de ces campagnes terreuses seulement ce qui
pouvait y courir encore de sang plus léger. [
] Elles parlaient
peu ne craignaient pas étaient de sage et subtil
conseil pour les dangers de la route et on pouvait si on voulait
traiter en camarade, comme des hôtes de voyage dun jour ces
alertes et taciturnes compagnons bottés de cuir qui savaient passer
le mors à une bête et jurer entre leur dents comme un homme
mais quelquefois, à létape, quand la nuit
sétait épaissie autour du lit de braises rouges la
seule coquetterie quelles avaient cétait de toujours
choisir une bouche cherchait votre bouche dans le noir
avec une confiance têtue de bête douce qui essaie de lire
sur le visage de son maître, et cétait soudain toute
une femme, chaude, dénouée come une pluie, lourde comme
une nuit défaite, qui se laissait couler entre vos bras."
Sur notre demande, Henri,
qui nous a déjà
dit (de mémoire) Les
eaux étroites de Julien Gracq,
nous en dit plus
sur ce texte...
Monique L
Je suis dans le groupe pour
la troisième année. Quand je travaillais, j'ai eu une époque
- contrairement à quand j'étais plus jeune - où j'ai
moins lu de romans, de fictions, mais des lectures utilitaires :
par exemple les livres de l'École
de Palo Alto, de Bateson,
de
Watzlawick, qui ont compté pour moi. J'ai repris un autre type
de lecture à la retraite : il manquait en effet ce qui est
lié à l'émotion, à l'imagination.
Et il y a eu l'entrée dans le groupe, avec le fait de partager
- j'apprécie les désaccords. Je passe beaucoup d'un livre
à l'autre, je n'ai pas de "plan de lecture", il y a tant
à lire. Quand j'entends un nom d'auteur, un titre, je note et la
liste est énorme...
Alors que je vais beaucoup au théâtre ou au cinéma,
pour moi la lecture marque plus profondément, de façon plus
intérieure.
Flavia (avec
son accent italien, elle est entrée
dans le nouveau groupe à la rentrée de septembre il y a
trois mois)
Je lis beaucoup et j'ai besoin de libérer
et de partager des sensations. Ce que m'apporte la lecture ?
Une voix implorante...
Un conseil d'un livre italien ?
Flavia
Vita
de Melania Mazzucco.
Marie-Odile
Je participe au groupe breton depuis assez peu de temps (trois ans) et
en plus je n'y viens pas toujours. Car je vis entre Bretagne et Pyrénées
où je participe aussi à un autre groupe.
Ce qui m'intéresse dans la lecture, c'est l'écriture et
la construction. Je ne suis pas fidèle aux auteurs : une fois la
dernière page tournée, je lis autre chose.
Un grand livre pour moi, c'est La
Promesse de l'aube...
Plusieurs
... aaahhhh...
Marie-Odile
... en raison de... l'humour qui est pour le narrateur "une déclaration
de dignité, une affirmation de la supériorité de
l'homme sur ce qui lui arrive" J'aime aussi que le livre passe
par très loin pour parler de quelque chose qui est très
proche, passe par l'imaginaire pour parler de la réalité.
Et puis, il y a Swift, Le voyage de Gulliver, tout à la
fois une utopie et une satire qui dénonce la bêtise, l'absurdité
et la cruauté éternelles des êtres humains. J'ajouterais
une petite anecdote qui m'est arrivée à la lecture de Boussole
de Mathias Énard : ce livre extrêmement riche évoque
dans les dernières pages "l'horrible recette du cur
amoureux" dans la triste histoire de Guilhem de Cabestany, troubadour,
et de la dame de Château-Roussillon. Or, il se trouve que j'effectuais
ma lecture au pied même de la tour où se déroule cette
légende que j'ignorais totalement. J'étais ainsi, par la
lecture, après un immense détour par l'Orient, ramenée
à l'endroit où je me trouvais... Amusant !
Julius (il
est entré dans le nouveau groupe à la rentrée de
septembre il y a trois mois)
Je préfère écouter plutôt
que parler
La lecture est une aventure intérieure.
Pourquoi la lecture ? Ou pourquoi la littérature ? J'ai
sans doute été marqué par Winnie
l'ourson (boutade ?). La lecture et l'écriture pour
moi c'est la même chose : je ne peux lire qu'un crayon à
la main et je pense que l'écrivain ne peut composer qu'environné
de tous les livres qui peuplent son esprit et sa bibliothèque.
La lecture opère ce paradoxe magique de toujours nous rapprocher
de nous-même alors que nous croyons justement nous en éloigner,
nous distraire, en fuguant dans des histoires à n'en plus finir.
Orphelins dès notre naissance, je crois que nous passons notre
vie entière à chercher qui nous sommes. Et grâce à
la lecture, nous découvrons, nous comprenons, que nous ne sommes
pas UN, mais cent, mille, dix mille... La lecture nous permet de vivre
d'autres vies, tout en nous approchant toujours plus près de nous-mêmes,
ni tout à fait nous-même, ni tout à fait un autre,
tantôt personnage, tantôt littérateur, en transformation
perpétuelle. Et plus nous nous rapprochons de nous-même,
plus nous nous rapprochons des autres. L'émotion naît pour
moi de cet universel. Il en va de même pour la peinture ou la musique,
mais le mot m'apparaît infiniment plus riche car plus abstrait.
Pour moi, la littérature pourrait s'incarner dans ces quelques
vers du poète russe Alexandre Blok :
Qu'il est dur d'avancer parmi
les hommes
En feignant de n'avoir pas péri,
Et de narrer le jeu tragique des passions
A tous ceux qui n'ont pas vécu encore
Et de chercher, dans son cauchemar nocturne,
Un ordre au tourbillon désordonné du cur,
Pour que, dans les pâles lueurs de l'art,
On devine le feu dévorant de la vie !
Enfin, si je devais n'emporter qu'un seul livre sur la Lune, j'en prendrais
deux : Guignol's
band de Céline et aussi le Dictionnaire
de la langue française de Furetière.
Séverine
(c'est
sa 4e année dans le groupe)
Les 30 ans du groupe coïncident avec les 30 ans de ma nièce
qui est retenue pour les
30 ans du Musée d'Orsay avec qui je partage une passion pour
Simenon. C'est une uvre immense que celle de cet auteur qui sait
raconter des histoires, planter des décors, créer des atmosphères
psychologiques : un auteur complet ! J'adore Maigret, même
si ce n'est pas partagé j'en suis sûre par l'ensemble du
groupe
Brigitte
Nous avions lu La Vérité sur Bébé Donge.
Claire
Et quand nous avons lu Un
pedigree de
Modiano, il y avait l'option de lire aussi
Pedigree de Simenon à qui Modiano rendait hommage par le
titre et que vous aviez toutes deux beaucoup aimé je me souviens...
Séverine
Oui... Pour moi, c'est très riche de participer au groupe. Il y
a trois livres qu'actuellement je détache : Confiteor,
Americanah,
Vernon
Subutex...
Monique S
(c'est
sa 26e année dans le groupe)
J'aurais pu parler de Proust, de la Bible, de Sylvio d'Arzo, de Michèle
Desbordes... mais ma pensée revenait toujours vers mon premier
manuel de lecture en CP : la méthode Boscher.
Si un livre m'a changé ma vie, c'est bien celui-là.
A la maison, nous n'en avions aucun.
Ce fut donc mon premier livre, et en couleurs !
J'y ai découvert l'association des sons et des lettres, des mots
et des choses.
C'était une énorme nouveauté dans ma vie, mais aussi
dans ma lignée ; mon grand-père était analphabète,
et mon père pas tout à fait alphabétisé.
J'aimais le graphisme des lettres, j'adorais les
rouges. J'aimais les dessins des choses à compter et les images
qui collaient totalement aux scènes de ma vie quotidienne à
la ferme, à part quelques pages qui montraient les vacances, le
bord de mer, choses totalement mystérieuses pour moi, mais fenêtres
ouvertes sur un monde inconnu à découvrir.
On pourrait se dire : et la littérature dans tout cela ? Elle
était là aussi pourtant, dans les dernières pages.
En les lisant en classe, j'ai retrouvé mon chemin avec
Le petit Poucet, je suis morte un matin avec La
chèvre de Monsieur Seguin, je me suis défendue des méchants
avec La
pêche d'Ysengrin.
Il y avait même la poésie, qui faisait que les mots rendaient
encore plus beau le monde qui nous entourait, comme "Les
papillons, ces fleurs célestes".
Et puis, il y avait en dernière page, que je regardais souvent
en attendant 1a correction des exercices : la comptine de Paul Fort "Si
tous les enfants du monde voulaient bien de donner la main...",
avec l'image de la terre ronde et une ligne d'enfants qui se donnent la
main sur la terre et la mer.
Je crois que, par la suite et toute ma vie, les livres m'ont donné
à vivre ce sentiment de fraternité avec tous les autres
humains. La lecture m'a fait voyager partout, et en tout temps.
Avec des découvertes fulgurantes comme
L'épopée de Gilgame (que jai mis
trois ans à faire programmer au groupe lecture...), ce premier
récit de l'humanité écrit sur plaques
d'argile, qui dit déjà tous les grands problèmes
humains : le pouvoir, la violence, l'érotisme, l'amitié,
le deuil...
Ou cette autre découverte, au pays du Soleil Levant, Journaux
de voyage du poète zen japonais Bashô, qui m'entraînent
sur leur chemin à méditer sur les nuages qui passent, les
saisons qui reviennent...
Le groupe de lecture, depuis 25 ans, m'a fait découvrir "énormément"
de facettes inconnues de ce monde littéraire, et j'en remercie
tous les participants au fil du temps.
Nathalie B
J'aimerais que tu nous lises ce poème !
Monique S
"Si toutes les filles du monde voulaient se donner la main, tout
autour de la mer elles pourraient faire une ronde.
Si tous les gars du monde voulaient bien être marins, ils feraient
avec leurs barques un joli pont sur l'onde.
Alors on pourrait faire une ronde autour du monde, si tous les gens du
monde voulaient se donner la main."
Rozenn
(c'est
sa 25e année dans le groupe)
Je suis bien incapable de choisir UN livre. Je ne sais pas ce qu'est la
littérature. Ni ce qu'est "l'écriture". Je lis
tout le temps. Partout. J'aime les histoires. Je peux dire que
L'espèce
fabulatrice de Nancy Huston,
qu'elle écrit en parallèle de Todorov, j'adore ! C'est une
suite de petites notes, mais il y a quand même une progression.
Elle montre que le propre de l'humain c'est de raconter. Elle dit que
sans les histoires, il y aurait eu eux, "les méchants",
et nous, "les bons". Avec la lecture, on peut faire tomber les
frontières. J'aime la citation en exergue de Danilo Kis :
"Ils
jetèrent les livres par terre, les piétinant et les déchirant
sous mes yeux. (
) Et je leur dis de ne pas les déchirer car
une multitude de livres n'est jamais dangereuse, mais un livre seul est
dangereux ; et je leur dis de ne pas les déchirer car la lecture
de nombreux livres mène à la sagesse et la lecture d'un
seul à l'ignorance armée de folie et de haine."
Marie-Thé
(c'est
sa 12e année dans le groupe breton)
Je suis impressionnée... par ces 30 ans. Un auteur aimé,
lu il y a 30 ans, c'est Colette, qui me comblait, quand je l'ai lu en
revenant d'Afrique où je vivais. 10 ans après, elle m'accompagnait
encore. 30 ans après, quelle déception, c'est daté.
Le temps passe, change les livres aussi.
J'ai participé à d'autres groupes, où chacun apportait
un livre, ce qui permettait des découvertes. Voix au chapitre,
c'est différent. Avec des auteurs que je n'aurais jamais lus :
Walter
Benjamin par exemple, le livre Proust
contre la déchéance ou récemment
Le Monde d'hier de Zweig. Je me souviens aussi de Gertrude
Stein.
Voix au chapitre,
c'est partager le chemin que je fais dans le livre. Quand je lis, je pense
aux autres lecteurs. Faire la synthèse de ce chemin pour la formuler
au groupe, c'est difficile, c'est frustrant pour moi
Il y a maintenant
un côté exponentiel avec tous les avis sur le site, c'est
très agréable.
Je regrette une résistance à programmer Tournier, Camus...
Plusieurs
On a lu du Camus.
Françoise H
(elle
est entrée
il y a 8 mois dans
le nouveau groupe qui s'est constitué grâce à elle,
grâce à sa question "pourquoi ne constituez-vous pas
le Salon des Refusés ?"... ; le nouveau groupe se
réunit chez elle)
Je botte en touche jusqu'à Lima, la capitale du Pérou
Lima a la réputation d'être "la ville la plus triste
du monde" à cause de son ciel continûment gris qui ne
fait rien ressortir.
J'y ai passé une dizaine de jours, il y a quelques années.
Dans le centre-ville, il y a pourtant une superbe façade en pierre
peinte en blanc et jaune. C'est la Casa
de la literatura peruana. A l'entrée, il y a un somptueux escalier
digne d'un musée des Beaux-arts. Ensuite, on se retrouve dans une
immense salle entourée de colonnes antiques surmontée d'une
superbe verrière art déco. Dans cette galerie, sont exposés
les portraits, les extraits d'uvres, les biographies d'écrivains
indiens, espagnols, créoles et péruviens. L'immeuble est
majestueux. Vous devez imaginer une gare d'Orsay consacrée à
la littérature...
A Lima, depuis quelques années, on organise aussi dans un café
du centre-ville des Luchas
libros. Ce sont des défis littéraires qui prennent la
forme de matchs de catch, sport très populaire là-bas. Dans
le café, il y a un ring éclairé par un gros projecteur.
Deux joueurs s'y installent, chacun à sa table avec son ordinateur.
Chacun porte un dossard et un masque de catcheur. Une bimbo circule dans
l'assistance avec une pancarte qui annonce le mot tiré au sort.
Le texte qu'ils improvisent à partir de ce mot s'inscrit au fur
à mesure sur un pan de mur. C'est lu par le public qui est attablé
et qui discute en sirotant son verre.
Un jury départage les deux écrivains et le vaincu en signe
de respect enlève son masque et salue le vainqueur !
La littérature pour moi, c'est un havre de paix dans
lequel je me confronte à plus fort que moi
Danièle
(c'est
sa 3e année dans le groupe)
J'ai fait partie moi aussi, comme ceux du nouveau groupe, d'un "Salon
des refusés" d'un club de lecture qui n'avait plus de places
et qui nous a aidés à en créer un nouveau. Le groupe
n'a pas tenu, car nous n'avions pas de lieu, nous errions de café
en café. Voix au chapitre, c'est un lieu, ici, magique,
merci infiniment à Claire pour son accueil ! C'est aussi un
site, très bien fait, merci Manu ! C'est l'uvre de personnes
en chair et en os qui sont devenues les piliers du groupe, ce qui assure
sa pérennité.
Le livre qui compte pour moi, c'est Jours
de colère de Sylvie Germain. Je l'ai proposé dès
mon entrée, et dans mon ancien groupe et dans celui-ci. Je l'ai
donc déjà lu trois fois en assez peu de temps, avec chaque
fois autant de plaisir. J'ai adoré ce livre qui me rappelle Garcia
Márquez par son côté baroque. Il m'envoûte,
par la fusion des hommes et de la nature, de l'humain et du bestial, dans
l'univers mythique de la forêt du Morvan, dans lequel les arbres
jouent à part égale avec les hommes. La religion y est empreinte
de superstition. La symbolique des chiffres, la symbolique mariale donnent
un caractère mystique à l'uvre, qui reste pourtant
de l'ordre du mythe universel. Son souffle poétique et son appétit
goulu pour la langue m'ont de même transportée. Et c'est
ce qui m'intéresse dans la lecture d'un livre, non pas être
transformée, comme j'ai entendu beaucoup d'entre vous le dire ici,
mais être transportée, voire envoûtée, comme
je l'ai été par Garcia Márquez ou Proust. Le monde
s'est partagé pendant quelque temps pour moi entre ceux qui l'aiment
et ceux qui ne l'aiment pas. J'ai dû passer le cap de cruelles déconvenues
lorsque j'apprenais que quelques rares personnes, dont des personnes qui
m'étaient chères, ne l'aimaient pas, ou trouvaient que Sylvie
Germain en faisait trop. Mais c'est justement ce trop qui me transporte,
comme pour la plupart des personnes à qui j'ai fait connaître
ce livre. Finalement, pour mon plus grand bonheur, la magie du partage
a joué largement en faveur de ce livre.
Catherine
Je suis la dernière venue dans le groupe
et je suis enchantée. Je lis beaucoup et depuis longtemps. J'ai
moi aussi appris à lire avec la méthode Boscher... :
j'avais droit à 1 franc quand j'ai pu lire La
petite Poule rouge et mes enfants aussi ont reçu la même
chose (en euro) quand ils l'ont lue
Ce que je recherche dans un livre, c'est qu'on me raconte une histoire
ou qu'on me fasse découvrir ce que je ne connais pas. Parmi les
auteurs qui m'ont fascinée ? Dostoïevski, parce que je
ne comprends pas ses livres. J'aime être transportée dans
un univers inconnu.
Lire c'est aussi pour moi se laisser transporter dans d'autres émotions :
mais David Copperfield, je n'ai jamais pu le finir, parce que c'est trop
triste - je pleurais trop.
Fanny
(c'est
sa 2e année dans le groupe ; elle nous lit
de petits extraits sans rien nous en dire d'abord)
Petit florilège d'extraits divers, car il est pour
moi trop difficile de choisir un seul livre... Je ne pense pas avoir un
genre littéraire de prédilection et pas certaine d'ailleurs
d'avoir envie d'en avoir un.
Pour moi la lecture c'est tout d'abord Le
livre de la jungle
(de Rudyard Kippling, 1894) : Baguerra, Kaa, Sherkan... qui m'a été
raconté alors que je ne savais pas encore lire.
Puis les premières lectures solitaires en primaire avec Charlie
et la chocolaterie (Roald Dahl, 1964) qui me mettait l'eau à
la bouche... roman que j'ai d'ailleurs eu plaisir à transmettre
à mon tour.
C'est aussi le souvenir à l'adolescence de longues après-midis
d'hiver, sans impératif, et le plaisir de m'étendre avec
un roman sans avoir à compter les heures ni les pages, avant d'être
contrainte de le poser.
C'est aujourd'hui encore le plaisir de soirées passées à
lire, ou même la hâte de prendre le métro pour pouvoir
grappiller quelques pages supplémentaires. C'est aussi l'excitation,
y compris physique, de sortir de la librairie avec un nouvel ouvrage à
découvrir.
La lecture c'est peut-être essentiellement pour moi un espace de
liberté : liberté d'expression et d'accès à
la culture, il ne faut pas l'oublier. Mais cela touche également
à une dimension plus intime dans ce qui chemine intérieurement
à chaque nouvelle rencontre avec un roman, un auteur.
Liberté plus grande encore grâce aux rencontres avec Voix
au Chapitre à travers les échanges, surtout lorsqu'ils
sont contradictoires, comme une ouverture sur une pluralité de
ressentis, sans renier les siens mais en allant justement toujours un
peu plus loin dans l'expression de l'émotion éprouvée.
Merci !
Jacqueline
(c'est
sa 26e année dans le groupe)
Je suis un peu addict à la lecture. Le groupe lecture m'a un peu
guérie.
J'aime ces romans quand ils me font découvrir un pays, des personnages,
et j'aime la dimension intemporelle aussi.
J'aime relire Mme Bovary, Le Rouge et le noir, je suis une relectrice.
J'aime lire Laurent Mauvignier dont nous avions lu
Loin d'eux ; j'aime l'entendre parler de ce qu'il écrit,
c'est toujours différent, c'est toujours juste.
J'aime Où
j'ai laissé mon âme. Quand j'aime un livre, j'en
lis d'autres du même auteur, mais il y en a certains de Jérôme
Ferrari qui sont trop durs.
Monique S
Il faut préciser que lorsque nous parlons d'un livre, Jacqueline
a lu presque tous les livres de l'auteur + une biographie. De plus, elle
traverse tout Paris pour trouver quelque chose à manger en rapport
avec le livre.
Claire
Pour ça, parfois elle appelle l'ambassade quand elle manque d'idées...
Jacqueline
J'aime ce qui résiste à la compréhension. J'aime
quand suite à la lecture le "travail" se poursuit.
J'aime
Laferrière notamment car il est académicien...
J'aime quand les femmes écrivent, notamment Catherine Lépront
(que j'avais fait lire au groupe avec Des
gens du monde qui fit un flop
) et Claire
Etcherelli. J'aime la verve de Lydie
Salvayre, j'aime Alexievitch.
Des livres évoquent toujours quelqu'un pour moi.
J'aime le groupe, merci
à tous. Merci Claire,
merci à Marie-Jo qui
n'est plus là pour les découvertes, pour ses paroles et
ses jugements.
Annick L (c'est
sa 13e année dans le groupe)
La découverte des livres et du monde des
histoires a été merveilleuse pour la petite fille que j'étais :
jolis albums illustrés, contes de tous les pays (j'ai conservé
la plupart d'entre eux et j'ai essayé de transmettre ce plaisir
à d'autres enfants, les miens entre autres). Plus tard, quand j'ai
su lire de façon autonome je suis devenue une lectrice boulimique
(j'avalais tout ce qui me passait à portée d'il).
J'ai découvert des grands héros de la littérature
enfantine : Peter
Pan, Pinocchio, Alice, mais aussi ceux des séries (Club
des cinq
) avec lesquels j'ai noué une relation familière
et que j'adorais retrouver, sans jamais me lasser. Lire et relire sans
cesse les mêmes histoires, comme un refuge rassurant. Un appétit,
une addiction qui ne m'a pas quittée : les livres comme des compagnons
qui m'offrent le plaisir de vivre d'autres vies que la mienne, ici et
sous d'autres latitudes. Je ne peux imaginer, encore aujourd'hui, me déplacer
sans un livre dans la poche.
C'est au lycée que s'est forgée ma sensibilité à
l'écriture, à l'univers particulier de chaque auteur. Et
mes études en fac ont ouvert mon horizon, jusqu'alors très
classique, à des auteurs contemporains, français ou étrangers
traduits. Cette curiosité, ce goût de la découverte
ne m'ont jamais quittée et j'ai plongé tour à tour
dans la littérature allemande, sud-américaine (dont j'ai
adoré la luxuriance, la saveur de la langue et ce fameux réalisme
magique qui m'enchantait), italienne, créole, ainsi que, plus tard,
anglo-saxonne. Une fois que j'ai découvert un auteur attachant
j'aime à lire chaque nouveau titre qui sort pour retrouver cette
petite musique familière qui m'a séduite la première
fois (une histoire d'amour !). Même posture pour certains écrivains
français contemporains comme Le Clézio, Echenoz, Modiano.
Mes goûts littéraires ont évolué et m'ont fait
rechercher de plus en plus un type d'écriture plus épuré,
une musique plus subtile, moins lyrique.
Mais la rencontre avec des auteurs et des uvres littéraires
m'a aussi aidée à me construire en tant que femme, à
mieux me comprendre et comprendre les autres. Ma bibliothèque personnelle
tourne autour de quelques romancières que je peux lire et relire
indéfiniment comme Virginia Woolf (Une chambre à soi,
Mrs Dalloway), Marguerite Duras (Un barrage contre le Pacifique,
La
Douleur), Annie Ernaux (Une femme, La Place) ou Toni Morrison
(Beloved),
des auteures qui, pour moi (et c'est là à mes yeux l'un
des enjeux essentiels de l'écriture), ont su mettre des mots sur
des impressions fugaces, des ressentis profonds, des angoisses sourdes
qui viennent agiter la surface lisse et objective de nos existences. Et
ma passion pour la poésie (des grands auteurs classiques jusqu'à
d'autres plus contemporains, comme Jean-Pierre Siméon ou Andrée
Chedid) relève d'une même nécessité :
une écriture qui est apte à saisir, à travers des
images inédites ou des formules saisissantes, à la fois
toute la beauté du monde et son inquiétant désordre.
François (il
est entré dans le nouveau groupe 7 mois auparavant)
Je suis très heureux d'être dans ce groupe. J'apprécie
l'échange, la découverte de livres que je n'aurais jamais
lus : par exemple Per
Petterson, un chef-d'uvre... j'aime moi aussi lire et écouter
les avis des autres.
De fait, la lecture, c'est un acte à la fois intime et public.
Comme je suis un lecteur un peu compulsionnel, il m'est difficile de parler
de tel ou tel livre. Je préfère vous lire le
début de Bouvard et Pécuchet : le passage
est resté aussi célèbre que le banc sur lequel ils
se retrouvent avant de se lancer dans leurs risibles aventures... La magie
du style de Flaubert opère tout de suite, et elle fait bien ressortir
la naïveté et la candeur désarmante des deux hurluberlus
qui vont se laisser emporter par leur désir de tout savoir dans
des aventures désopilantes et dignes du meilleur cinéma
burlesque. Et le comique a quelque chose de profond comme si le sujet
du livre était aussi et un peu notre propre et inévitable
bêtise. Mais je reconnais qu'il peut y avoir quelque chose de lassant
et de répétitif dans ce roman que je relis lentement. A
signaler : une très bonne et divertissante adaptation
de ce livre avec Jean Carmet et Jean-Pierre Marielle.
Inès
Je fais partie du nouveau groupe depuis la première
séance. Pour moi, La lecture c'est d'abord beaucoup de détente,
entrer dans une histoire, relaxer son esprit, depuis toujours.
A 18 ans, je n'ai plus eu de télé, plus d'internet, d'où
beaucoup de lectures de plaisir, notamment avec des policiers. Je lisais
et je lis toujours comme on regarde un bon film ou une bonne série.
Je lis aussi beaucoup des fictions sur fond historique, du type
Les
Mystères de Paris ou de nombreux livres de
Zola.
Enfin j'aime énormément la littérature russe.
C'est le besoin de partager qui m'a fait intégrer le groupe et
m'ouvrir sur le goût des autres. Je finissais souvent des livres
avec l'envie de partager avec quelqu'un combien je l'avais adoré
ou détesté. Parfois, j'avais l'impression que je passais
à côté d'un roman, et je me disais qu'il y avait forcément
quelque chose qui m'avait échappé. C'est pour répondre
à ces besoins d'échange que j'ai voulu intégrer Voix
au chapitre.
Pour en revenir à ce que j'aime dans la lecture, les romans russes
me marquent généralement beaucoup car je trouve les Russes
assez mystiques. Étant moi même très croyante, je
trouve que leur écriture est très parlante. Même si
des références à l'orthodoxie sont faites, je trouve
qu'elles sont assez générales pour que chacun s'y retrouve.
Je trouve leurs mots apaisants, relaxants pour le cur et même,
sans employer de mots trop grandiloquents, pour l'âme...
A ce titre, mon livre préféré est La
Steppe d'Anton Tchekhov. Le fond de l'histoire est
superficiel et banal mais la balade pour le cur et l'esprit via
les mots est sans nom...
Claire
J'entame ma 30e année dans ce groupe. Quand j'y suis entrée,
je participais déjà à un groupe et je participe toujours
à d'autres groupes. J'ai expérimenté une dizaine
de groupes différents, mais bien entendu ma préférence
absolue et sur toute la ligne va au nôtre !
En fait je n'aime pas beaucoup lire
mais j'aime échanger
sur un livre au sein d'un groupe ; du coup, je suis obligée de
lire pour participer au groupe.
J'aime beaucoup la question qui revient dans notre groupe : est-ce un
livre pour le groupe lecture ? Et c'est pourquoi j'ai choisi d'évoquer
trois livres qui j'en sûre ne seraient pas considérées
pour le groupe :
- Une
vie en crobards de Jacqueline Duhême relate à la
première personne le parcours étonnant de cette illustratrice
- dont la vie est un roman. J'ai eu un très grand plaisir à
la double narration, avec un très beau montage d'images et de texte
manuscrit, avec des rencontres extraordinaires qu'elle nous fait vivre :
Éluard, Matisse, Picasso, Peggy Guggenheim, les Kennedy, Élisabeth
Badinter et bien d'autres. Outre le plaisir du récit et le plaisir
visuel esthétique, j'y trouve aussi un plaisir "de genre" :
ce pas une BD, pas un roman graphique, c'est une autobiographie graphique
très originale.
- C'est un plaisir différent avec Comment
visiter un musée et aimer ça du Néerlandais
Johan Idema. Le plaisir fut là thérapeutique : il m'a
libérée, autorisée à être moi-même
dans les musées, où souvent je m'intéresse plus à
la façon dont l'exposition est conçue qu'aux uvres
elles-mêmes, aux cadres plus qu'à ce qu'ils entourent (c'est
comme pour la lecture où je préfère parler du livre
plutôt que le lire). Grâce à ce livre, c'est sans culpabilité
culturelle que je peux marcher sans m'arrêter devant les tableaux,
m'intéresser aux gardiens du musée ou aux visiteurs. Et
en plus, dans le livre il y a une recherche visuelle. Il est inclassable
et j'aime ça.
- Le troisième, c'est une biographie, écrite par un chien,
Flush, et par un grand auteur absolument illisible pour moi, Virginia
Woolf, dont tous les grands livres me tombent des mains. Flush,
c'est un petit bijou d'humour et de savoir faire narratif, tout en évoquant
des personnages qui sont des écrivains, puisque c'est la biographie
d'une poétesse : on est pleinement dans la littérature...
Donc, un guide qui rend euphorique, un ouvrage mineur d'un grand écrivain
dont le narrateur est un chien, une autobiographie en images, voilà
trois livres que j'ai adorés et qui ont pour seul défaut
de n'être pas des livres pour le groupe lecture
Plusieurs
Pourquoi ?
Claire
Par exemple parce qu'il y a des images dans celui-là (et il est
donc plus cher).
Plusieurs
On a déjà lu des livres avec des images...
Jacqueline
Proust
contre la déchéance de Joseph Czapski.
Annick A
Et le livre de cet Allemand..., Austerlitz,
de Sebald.
Claire
C'est vrai...
Brigitte
En revenant sur mon souvenir de l'évolution du groupe sur trente
ans, je me rappelle que dans les premières années, nous
discutions sur le fait de lire des romans, ensuite le débat
s'est déplacé vers la question QU'EST-CE QU'UN LIVRE
POUR LE GROUPE LECTURE ? Maintenant, je constate que nous nous
interrogeons sur QUAND PEUT-ON DIRE QU'IL S'AGIT DE LITTÉRATURE ?
Ces débats n'ont jamais abouti à une vraie conclusion et
resteront toujours ouverts, me semble-t-il...
Claire
J'ajoute une autre question qui vient parfois aussi et qui touche au type
de plaisir que suscite le livre : "EST-CE UN PLAISIR DIGNE DU
GROUPE LECTURE ?" ou "EST-CE UN PLAISIR RELEVANT DE LA
LITTÉRATURE ?" Ainsi pour Vernon Subutex, certaines
ont "ouvert en grand" le livre tout en disant "ce n'est
pas de la littérature"...
Richard (c'est
sa 2e année dans le groupe, il n'a pu venir à la dernière
minute mais a transmis avant la soirée ce qu'il comptait y dire)
Un petit mot pour vous souhaiter à toutes et à tous une
excellente soirée intéressante. Je regrette énomément
de ne pas y assister, et je lirai vos choix et commentaires avec un très
grand plaisir.
Voici mon choix de lecture : puisqu'il était question de quelque
chose dans le domaine de la lecture, je n'ai pu m'empêcher
de proposer... une pièce.
L'on me dira que c'est tricher un petit peu, mais je nomme une uvre
qui est à mon avis monumentale, et (pour utiliser un adjectif que
je ne trouvais pas au cours de notre séance Zweig pour décrire
ce qui manquait dans Le
Monde d'hier) transcendante.
J'ai lu cette pièce en classe de 1ère et j'ai dû la
lire une bonne quinzaine de fois depuis, sans compter la superbe mise
en scène que j'ai vue à Londres de Peter Brooks avec Paul
Schofield. Vous avez deviné ? C'est...
Le Roi Lear de Shakespeare !
Pourquoi ? Parce qu'on y trouve :
- d'une part toutes les grandes lois de la nature, la politique du
pouvoir, un conflit international, la pauvreté et l'exclusion sociale
et même de l'existentialisme (l'univers sans dieu)
- et d'autre part des considérations "familiales", par
exemple les problèmes de mouches, et surtout comment gérer
la démence d'un père.
Tout un univers "revisitable" des dizaines de fois...
POUR LES 30 ANS DU GROUPE, TOUT, TOUT, TOUT, et
pas seulement, ce que vous avez toujours voulu savoir sur le groupe Voix
au chapitre... en repérant ses caractéristiques
par rapport à d'autres groupes, en consultant ce qui en est dit
- Le groupe
Voix au chapitre (TOUT,
TOUT, TOUT...)
L'origine du groupe
Le nom du groupe
Le statut de Voix au chapitre
Conditions de participation au groupe
Le fonctionnement : trois temps (et en particulier
ce qu'est DIRE
SON AVIS dans le groupe Voix au chapitre et ce que ce nest
pas...)
Des événements particuliers
Quelques rôles particuliers
Ce qu'on trouve dans le groupe de lecture
Des différences entre les lecteurs du groupe
Presse et publications sur le groupe
- Les autres
groupes (pour mieux repérer
nos spécificités)
Des ancêtres : salons, cafés,
cabinets, clubs
Des noms différents
Des formules différentes dans le domaine littéraire
Des groupes de lecture avec des objectifs non littéraires
Des contextes différents
Des fonctionnements différents
Des sites
Des conseils, voire des formations pour créer un club lecture
- Les publications
(sur les clubs de lecture)
Des livres littéraires
Des livres pédagogiques
Des livres et des articles danalyse sur les clubs de
lecture (des détails
sur le nôtre)
Fanny a lu et a réagi, voici son point de
vue ICI : elle
réagit sur ce qui fait la particularité du groupe Voix
au chapitre, sur la création d'un groupe de lecture, sur ce
qui peut contribuer à la longévité d'un groupe,
sur la dimension marketing et médiatique des clubs de lecture,
sur la
bibliothérapie et les objectifs psychologiques,
sur l'importance de se centrer sur le ressenti en temps que lecteur, sur
l'éthique du lecteur.
Marie-Odile,
justement à propos de ce ressenti en temps que lecteur, égrène
des chemins possibles
dans le livre, voir son texte ICI
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