Quatrième de couverture :
«"Je ne suis pas
nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Cétait
la vie, un point cest tout : et nous grandissions avec l'obligation
de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent
difficile."
Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin
des années cinquante. Bien quelles soient douées pour
les études, ce nest pas la voie qui leur est promise. Lila
abandonne lécole pour travailler dans léchoppe
de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice,
ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies
se croisent et séloignent, avec pour toile de fond une Naples
sombre, en ébullition.
Voyage dans l'Italie du boom économique, L'amie
prodigieuse et Le nouveau nom sont les premiers tomes de la
saga des deux héroïnes inoubliables d'Elena Ferrante. »
Sur France
Inter, Guillaume Gallienne lit des extraits : Ça
peut pas faire de mal, 4 février 2017
|
|
Elena Ferrante
L'amie prodigieuse
Nous avons lu ce livre en mars 2017 et
le groupe breton en avril.
Ci-dessous,
documentation sur l'auteur et son uvre
- Des repères biographiques
- Ses uvres
- Une des rares INTERVIEWS d'Elena
Ferrante (sur son écriture)
- L'anonymat
- Le succès
- Les deux tomes suivants
Monique L (avis transmis)
J'ai lu ce livre à sa sortie. Je ne l'ai pas relu pour écrire
cet avis. Son côté best-seller et plaisant me gêne.
Mais, assumons
Un voyage formidable dans Naples et l'Italie du boom économique
avec le parti communiste en plein essor, la Camorra... C'est toute une
atmosphère : un mari jaloux, des frères mafieux, des
amis dévoués... ; dans les familles, des cris, des
insultes, les pères frappent leurs enfants, les frères cognent
pour un regard déplacé.
Je me suis laissé bercer par l'écriture de l'auteure et
par l'histoire de ces deux gamines si différentes mais liées
par une amitié passionnelle et dévorante où se mêlent
compétition, jalousie, admiration, frustration et désir
de possession. Elles sont toutes deux en rivalité permanente. Deux
parcours en apparente opposition...
C'est également une histoire d'accession au savoir, d'éducation,
de libération, de maturation et d'émancipation. L'école
joue un rôle non négligeable dans leur passion. Tout au long
de ce récit, ces deux gamines se transforment physiquement et psychologiquement,
non sans ruptures ni souffrances. J'ai été séduite
par le contraste entre le caractère non conventionnel de Lila et
le conformisme du milieu populaire peu enclin au changement dans lequel
elle se trouve. C'est un roman d'apprentissage, attachant de bout en bout,
qui traite de l'amour, de l'amitié, de la condition des femmes,
de l'ascension sociale, de l'âpreté de la vie.
Je ne lis généralement pas de saga, mais ce premier tome
m'avait donné envie de poursuivre l'histoire, principalement pour
l'évocation très vivante de l'époque, du quartier,
des gens. Je ne l'ai pas fait pour l'instant bien que j'aie le deuxième
tome. Son côté best-seller ne m'incite plus à le faire.
J'attends avec impatience vos avis. J'ouvre le livre en entier.
Claire
Son côté best-seller et plaisant te gêne, voire t'empêche
de lire le deuxième tome. Pourquoi ?
Monique L
J'ai du mal à y répondre à cette question pertinente...
J'ai l'impression de me faire avoir par un écrit fait pour plaire,
mais je me rends compte que c'est idiot ! C'est une lecture facile
et si j'y prends plaisir pourquoi me torturer ?...
Manon
Je ne serai pas là ce soir et je le regrette, car j'attends non
sans jubilation le moment où sera posée THE QUESTION :
ce livre est-il un livre pour le groupe lecture ??
Car c'est bien cette interrogation qui m'a trotté dans la tête
tout le long de ma lecture.
J'ai lu le livre d'une traite, très vite, trop heureuse de sortir
un peu de nos derniers voyages au Moyen-Orient (Énard,
Sansal)
et tout prête à embarquer pour cette Italie du Sud que j'aime
tant !
Et là... déception ! Je n'ai pas eu l'enthousiasme
que j'espérais tant et que j'étais sûre d'avoir après
avoir lu et entendu tant de choses sur ce roman. Bien sûr ma lecture
ne fut pas désagréable et je lirai sûrement les autres
tomes, mais j'ai trouvé cela extrêmement long, assez téléphoné,
et sans ce supplément d'âme qui m'aurait permis de m'attacher
au personnage principal comme j'ai pu le faire avec Michael Corleone dans
Le Parrain...
Bref j'ouvre à moitié et je vous souhaite à tous
une bonne soirée que j'imagine fort animée !
Geneviève
Malheureusement, je ne peux pas être parmi vous. Donc, je vous envoie
mes impressions.
J'ai lu les deux premiers volumes avec un grand plaisir, peut-être
avec plus de passion pour le premier. C'est clairement un auteur qui sait
créer un monde, un univers complexe d'interactions entre les personnages.
On s'y perd un peu au début mais ce n'est pas gênant. Ce
foisonnement contribue à créer l'impression d'un monde vibrionnant,
plein d'amour et de haine. Au-delà de la capacité à
immerger le lecteur dans la vie des personnages, c'est l'Italie du Sud
de l'après-guerre qu'on découvre, avec le rôle du
parti communiste et de la mafia, vu à travers la vie des petites
gens. Autre thème central passionnant, sinon original : l'ascension
sociale grâce à (ou malgré) l'école et les
enseignants, le rapport au savoir et au livre, la question de la trahison
de sa classe sociale, avec le rôle essentiel de la langue et du
passage du dialecte à l'italien. L'amitié, la relation amoureuse,
l'attirance et la peur des hommes sont également abordés
de manière convaincante, mais la question centrale reste la place
des femmes dans cette micro-société qui lutte pour sa survie
au quotidien, sans beaucoup d'espoir de sortir d'un univers confiné.
Je lirai le troisième tome avec grand plaisir, je ne suis pas sûre
pour autant que ce soit le chef-d'uvre annoncé par certains
et j'attends avec impatience de savoir si c'est un livre pour le club
de lecture !
Nathalie R (à distance, quelques mots
en attendant d'envoyer son avis après la soirée)
Très romanesque, pas pour moi, un
livre qui ouvre un débat...
Un style romanesque mais ça s'arrête
là !
J'ouvre pour le plaisir de la lecture aux
¾.
Ma réserve tient en quelques mots
: quel intérêt ?
Claire
Pourquoi tu choisis ¾ en demandant "quel intérêt" ?!
Nathalie (toujours à distance, avant la soirée)
Ma question "quel intérêt ?" correspond à
"Quel intérêt de lire ce livre en dehors du plaisir
de lire une histoire... ? En quoi ce premier opus me rend-il meilleure ?
plus intelligente ? plus sensible ? plus cultivée ?
En quoi ce premier livre d'une saga fait-il de moi une personne autre ?"
Réponse : en rien.
Je fais vite, je développerai ça autrement ce week-end.
Pour le ¾, tout simplement parce que j'ai lu ce livre en quelques
jours. Je peux lire 60 pages sans aucune fatigue ni ralentissement et
pendant ces 60 pages qui ne me coûtent aucun effort, je suis ailleurs
dans le temps et dans l'espace, dans la situation actuelle ça me
fait du bien. (L'avis virulent de Nathalie suivra
nos avis).
Jacqueline
Je n'ai pu l'avoir en bibliothèque car il
est en permanence mobilisé et je l'ai acheté ce
que je fais rarement et je suis devenue addict. J'ai
lu le deuxième pareillement. C'est un plaisir de lecture mais il
ne m'en reste pas grand chose, je n'ai rien appris à cette lecture.
J'aime mieux le titre italien L'amica
geniale. J'ai lu aussi La
poupée volée : c'est une très belle histoire
de femme, de mère, assez sombre. J'ouvre à moitié.
Henri
(qui porte un nom de famille italien)
Je l'ai lu en italien. Le livre m'a rappelé Naples, j'ai eu le
plaisir de réminiscences. J'ai enrichi mon vocabulaire italien
et ma lecture est à ce titre positive
Les personnages sont
bien campés. Le livre est très linéaire. J'ai aimé
le rôle de la psychologie de l'enfance qui se développe quand
les héroïnes grandissent. J'ai passé un bon moment
comme si j'avais vu un film de Bertolucci. Mais quel intérêt
pour le groupe lecture ? Je rejoins le point de vue de Nathalie.
Claire
Je l'ai lu dans un autre groupe où il a été apprécié
à l'unanimité, j'ai aimé, mais je ne l'aurais pas
spontanément proposé à notre groupe. J'ai été
très contente qu'il soit programmé pour avoir (peut-être
)
la réponse à la question : pourquoi ne serait-il
pas pour notre groupe ?... Au début du livre je me suis
dit bof, puis j'ai mélangé les personnages, puis les deux
petites filles m'ont accrochée et le livre est devenu "page
turner" : d'où ça vient ?
Il y a le rôle magique des livres, de l'école, l'émancipation
de ces filles, allant jusqu'à des joutes théologiques ("Si
Dieu est présent partout, à quoi ça lui sert de se
diffuser par l'intermédiaire du Saint-Esprit" p.
388 j'adore).
Ensuite, il est difficile d'écrire à la bonne distance quand
on écrit au plus près d'un enfant : la distance est
parfaite (permettant à la fois l'identification au personnage et
à la narratrice) par exemple "est-ce
que je fais comme Carmela ? Il ne me semblait pas, je croyais être
différente, mais je n'arrivais pas à m'expliquer dans quel
sens, ce qui gâchait mon plaisir" p. 121.
J'aime ce qui est dit de l'écriture (d'une "voix sertie dans
l'écriture") : "Lila
savait parler à travers l'écriture. Pas comme moi quand
j'écrivais (
) tout semblait parfaitement naturel, on ne sentait
jamais l'artifice de la parole écrite. En la lisant je la voyais,
je l'entendais" p. 291). Je
trouve que l'écriture a une densité, n'est jamais banale.
Quand il y a "de la pensée", c'est tout le contraire
de Sansal
lu la dernière fois, pas de blabla. Et j'ai compris qu'avec les
différents tomes, on vit une traversée de l'Histoire par
le biais des héroïnes, avec, donc, une AMBITION.
J'ai pensé à Sarah
Waters, avec des arrières-plans historiques toujours archi-documentés,
super page turner, que je n'aurais pas l'idée de proposer ici un
nom qu'on n'a jamais avancé qui a lu ?
Catherine (seule à répondre)
Moi.
Claire, entre
et
J'ai lu d'elle un livre haletant, mais je n'en ai lu qu'un. Avec L'amie
prodigieuse, je n'ai pas non plus le désir de lire le deuxième.
J'hésite entre ¾ et tout ouvert. Vas-y Françoise,
tu n'arrêtes pas de grimacer...
Françoise D
Est-ce un livre pour le groupe lecture ? NON ! En dépit du plaisir
de lecture (minime pour ma part), je ne comprends pas l'engouement pour
ce livre. Il y a une arnaque. Au début Lila a disparu, elle doit
avoir dans les 60 ans, puis elle enchaîne sur l'enfance, elles ont
dans les 8 ans et à la fin du premier volume elles en ont 16. Donc
si vous voulez savoir ce qui s'est passé, il faut lire les 4.
Claire
Ben oui... et alors ?
Françoise D
C'est ça l'arnaque. C'est limite malhonnête. Bien sûr,
il y a des passages intéressants et le parallèle entre les
deux filles : pour s'en sortir, l'une épouse un homme riche,
l'autre choisit les études. Il y a une bonne description du milieu,
de la violence sous-jacente, constante. Beaucoup de passages sont "téléphonés"
comme par exemple l'agression sexuelle d'Elena par le père de je
ne sais plus qui à Ischia. Les femmes sont piégées.
C'est linéaire, j'ouvre ¼.
Liz
J'ai bien aimé Lamie prodigieuse. Jai apprécié
le fait que je puisse le lire sans dictionnaire français-anglais
et sans ouvrage de référence sur la littérature française
(comme pour Roland
Barthes...). Mais le défi auquel je me suis habituée
pour les livres du groupe me manquait !
J'ai bien aimé des personnages principaux, ces filles fortes, résolues,
ambitieuses. Il y avait beaucoup de personnages, mais je les trouvés
faciles à suivre.
Un thème briser le moule soit de la classe
sociale, soit de la famille, des amies, est une exploration du pouvoir
de l'éducation. Cest aussi une étude de la simplicité
dune petite communauté qui est peut-être perdue à
cause de la mondialisation.
Jai trouvé le style décriture naturel. Le thème
et la simplicité ressemblaient à un livre pour des enfants.
Jai aimé la représentation damitié des
filles un mélange de compétition, d'adoration et
d'inspiration. Je lai trouvée réaliste. Ainsi que
le rôle des femmes dans la société en ce temps-là :
est-ce que cest mieux davoir une éducation ou un bon
mariage ?
A mon avis, l'auteure a réussi de faire quelque chose de beau à
partir d'existences assez ordinaires. Je souhaite lire la suite.
Fanny
Nous sommes très exigeants sur nos lectures. Je l'ai lu avec plaisir.
Je ne l'ai pas relu. J'ai commencé le deuxième tome. C'est
une écriture agréable. Les profils des filles sont assez
fins. Autour de moi, tout le monde aime ce livre : pourquoi ? L'uvre
d'art c'est universel, m'a-t-on répondu, je n'irai pas jusque là
pour ma part dans ce roman. "Il
y a une absence totale de second degré", "on n'entend
pas la voix de l'auteur" : à réfléchir,
car je me demande ce qui manque pour faire de ce roman quelque chose d'encore
plus achevé. J'ouvre ½. Mais pourquoi cet engouement, cet
aspect passe-partout ?
Luc
J'ai eu beaucoup de mal, mais je suis quand même allé jusqu'au
bout. C'est une littérature "féminine".
(Quelques sourcils froncés
)
Il n'y a pas d'action. Il y a de longs passages
sur l'intériorité.
Claire
C'est vrai que Proust était une femme.
Luc
Mais il était homosexuel. Le rapport entre ces deux filles est
très intéressant. On a les états d'âme d'Elena,
tandis que Lila reste mystérieuse : insensible ? égoïste ?
C'est une comète éblouissante qui passe dans la vie d'Elena.
Je suis content d'être arrivé jusqu'à la fin.
Séverine, entre et
Je ne l'aurais pas lu s'il n'y avait pas le groupe lecture. Je n'ai rien
appris et je n'ai pas eu de plaisir de lecture. ENCÉPHALOGRAMME
PLAT ! Pas de style ! Et ça manque de tripes !
J'ai cependant lu jusqu'au bout. Je ne lirai pas la suite
Comment
ce type de livre peut-il avoir un tel succès ! Est-ce de la
sous-littérature ? J'aimerais savoir si c'est un auteur ou si c'est
un produit marketing... J'ouvre entre "fermé" et ¼.
Annick L
J'ai beaucoup aimé. J'ai lu les deux premiers tomes et je lirai
les deux suivants. J'ai éprouvé un plaisir infini dont j'ai
profité et je n'en ai pas honte ! D'où vient ce plaisir ?
J'ai été très touchée. Il y a une épaisseur
psychologique. Il s'agit d'une introspection sociologique. Elena et Lila
prennent de l'épaisseur dans la durée. Je ne me suis pas
lassée. J'ai parfois été touchée très
personnellement. Les hauts et bas de la relation entre Lila et Elena sont
très intimes, c'est un monde féminin. Je suis très
touchée par cette histoire d'ascension sociale de filles d'un quartier
pauvre. Je me suis sentie touchée et concernée. L'engouement
des lecteurs n'est pas fabriqué. Ca touche des problématiques
universelles. J'ouvre en grand !
Brigitte
J'ai beaucoup aimé. Je l'avais lu antérieurement. Tout mon
entourage a aussi beaucoup aimé. Pourquoi ce livre ne serait-il
pas pour le groupe de lecture ? Cela me rappelle
La couleur des sentiments et notre discussion alors (était-ce
un livre pour le groupe lecture ?). Cela me fait penser à
la série
Dallas que j'aimais bien regarder. Quand quelque chose touche autant
de gens, il doit y avoir des ressorts profonds. Il y a ici une écriture,
du direct, de l'immédiat, on rentre tout de suite dedans.
Sous une apparence de grande simplicité, l'auteur donne une analyse
subtile des diverses situations, des personnages
, digne des grands
écrivains. Dans le tome II, elle met dans la bouche de Lila une
analyse très fine de l'un des livres de Beckett.
Dans la version originale, on doit avoir des passages en italien et d'autres
en dialecte, n'est-ce pas Henri ?
Henri
C'est alors dit que c'est dit en dialecte.
Brigitte
C'est un livre riche, très construit, avec beaucoup de thèmes,
bien décrits. Les deux petites filles, c'est magistral, avec toutes
les phases de l'amitié. On est frappé par la violence. J'ouvre
en grand.
Monique S
C'est une histoire d'enfance qui me renvoie
à ma propre enfance. La narratrice a dû se débarrasser
du patois pour passer à autre chose. C'est agréable à
lire. Quand on est dedans on est bien. C'est bien quand on est très
fatigué ou qu'on est malade.
Brigitte
A faire rembourser par la Sécurité sociale...
Monique S
Je n'ai pas ressenti Naples dans ce livre. Il me rappelle Pagnol que j'ai
beaucoup aimé. Il y a quelque chose de sympathique et d'universel,
c'est l'enfance : on retrouve la vision du monde qu'on avait quand on
était enfant.
Chaque partie est très bien écrite. En revanche, quand on
ferme le livre, on se pose des questions : il n'y a pas de lien entre
les deux parties, chaque moment, même superbe, n'a pas de poids
sur la suite de l'histoire. J'ai lu 1/3 du livre et j'ouvre 1/3.
Plusieurs
Y a pas
Monique S
¼ alors. L'amitié des filles n'est pas classique, c'est
parfois de la haine, de l'envie.
Lisa
J'ai commencé et je me suis dit "c'est un piège à
cons", puis je suis entrée dans le livre et ai éprouvé
du plaisir. C'est un roman de gare, de plage. Quand on réfléchit
après, on est déçu. Je n'ai pas appris grand-chose.
Ça pourrait se passer dans n'importe quelle banlieue pauvre. Il
y a une belle description de la pauvreté, de la violence. Entre
les deux filles, ce n'est pas de l'amitié : c'est mesquin, c'est
jaloux ! Et c'est trop long pour pas grand chose. Si on relit le prologue,
on a du mal à croire qu'Elena se rappelle de tant de détails
si longtemps après. Moi qui ai 27 ans, je ne me rappelle pas ainsi
mon enfance.
Catherine
Mais plus on avance on âge, plus on se rappelle
Lisa
A propos de livre de femme : c'est un livre de femmes qui peut intéresser
les hommes, tout comme les livres des hommes peuvent intéresser
les femmes.
Catherine
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. C'est plus qu'un
roman de gare ! C'est bien écrit. L'amitié, l'amour/haine,
la rivalité, la violence dans les familles, sont bien rendues.
C'est parce que le livre a tant de succès qu'il entraîne
un regard défavorable ?!
Le deuxième tome est un peu long. J'ai lu Les
jours de mon abandon, c'est très bien.
Claire
Que Marie Darrieussecq nous a recommandé quand elle est venue,
le trouvant supérieur à L'amie prodigieuse...
Catherine
... que j'ouvre à moitié.
Christelle
J'ai eu du mal à rentrer dans le livre, puis je me suis laissé
entraîner. C'est un roman pour les transports... J'ai été
accrochée par l'ambivalence d'Elena, son amitié, son rapport
à l'école. On voit parfois les ficelles, on finit par deviner
les réactions de Lila. C'est assez visuel. Et je regarderais volontiers
si ça sort en série ou en film. J'ouvre ½.
Denis
J'ai été agréablement surpris. J'ai beaucoup ri,
c'est plein d'humour. C'est bien raconté, c'est enlevé,
gai, ça change des livres qu'on a lus récemment
C'est
très bon enfant. Un peu à l'eau de rose. Je suis étonné
par les réticences exprimées dans le groupe. C'est bien
écrit. Il y a de la densité, pas de répétition,
c'est travaillé. J'attends l'avis de mes filles à qui je
l'ai offert : c'est un livre de femmes, et justement c'est ce qui m'intéresse
car je ne suis pas une femme. C'est réécrit à la
hauteur des enfants : la description de l'admiration, notamment à
l'école, ressentie par Lila, est très bien faite (et me
rappelle mon enfance où j'étais moi aussi très bon
à l'école
) J'ouvre ¾.
Jacqueline
Je voudrais insister sur la question du dialecte, car en France il y a
eu une uniformisation avec le français, tandis qu'il me semble
qu'en Italie il n'en va pas de même.
Annick
Cela restait un marqueur social.
Henri
Je me souviens quand la télévision est arrivée, il
y avait des programmes pédagogiques d'alphabétisation.
Jacqueline
Ils parlent tous en napolitain. Des écrivains ont écrit
en napolitain.
Liz
En France, vous avez des dialectes ? En Alsace ?
Plusieurs
Oui, le basque, le breton, le corse...
Denis
Personne n'a dit que d'autres personnages sont importants, à part
les deux petites.
Annick
Et les personnages évoluent.
Denis
C'est quand même bourdieusien.
Annick
Ah ça... pour être bourdieusien, c'est bourdieusien !
Luc
Pourquoi Lila décroche-t-elle par rapport à Elena ?
(Nombreuses explications invoquées par l'un puis l'autre sur
le rôle de la famille qui paie ou pas les études, de la maîtresse
qui se rend chez les parents, etc.)
Brigitte
Lila, elle est géniale, et c'est le génie emprisonné...
Henri
Psychologiquement, c'est assez fort la concernant, avec un brin de folie.
Annick L
Carrément même !
Claire
Avec ses crises de "délimitation".
Henri
Sur l'univers que féminin, je ne suis pas d'accord avec Luc, car
on aurait pu avoir l'équivalent avec des jeux de billes.
Françoise D
Je me demande si ce n'est pas un univers analogue à celui de Sylvia
Avalonne
Claire
Je voudrais revenir à la question du plaisir...
Annick L
Oui, ce soir c'était bien la question.
Claire
Même si Henri dans son
autoportrait de lecteur dit que le plaisir n'est pas ce qu'il cherche
dans la lecture... Je refais mon analogie sur le plaisir de la passe qu'apporteraient
certains livres, par rapport à un plaisir moins passager, plus
noble...
Fanny
Pour ma part, j'ai pris ce que j'avais à en prendre, mais je n'y
reviendrai pas.
Henri
Pour moi ce qui est justement un critère, je peux reprendre le
livre n'importe où, par exemple la
trilogie de Richard Ford.
Monique
Le plaisir, c'est aussi la découverte d'un univers d'écriture
: Herta
Müller, Hrabal...
Françoise
Ou Alexievitch.
Plusieurs
Ah non !
Françoise
Ah si !
Claire
Elle, elle prend en compte le lecteur (voir ici).
Je pense à Marie Darrieussecq qui nous disait que quand elle écrit
elle ne pense pas au lecteur.
Annick L
C'est rare une telle centration.
Christelle
Ferrante dit dans une interview
qu'elle écrit au fur et à mesure.
Catherine et Claire
Mais elle a tout prévu. (Elles s'avancent car l'entretien ne
dit pas tout à fait cela, voir là.)
Henri
Pour en rester à l'écriture, je remarque que contrairement
à d'autres fois, personne ne s'est reporté au texte pour
illustrer ce qu'il veut dire.
Plusieurs
Si, Claire.
D'autres
Ah bon, tu as cité quelque chose ?
Claire
Ben oui, et j'en avais d'autres...
Annick L
Je suis sensible à ce que dit Henri. Je ne l'ouvrirais pas pour
relire une page.
Claire
Quand je l'ai reparcouru pour ce soir en regardant les passages que j'avais
cochés, j'ai eu bien du plaisir.
Nathalie R (avis transmis sans avoir lu ce
qui précède, en complément du premier avis rapide
transmis ci-dessus)
J'ai lu ce livre avec facilité. Il ne m'a fallu que quelques jours
seulement pour prendre connaissance de l'univers que nous présente
E. Ferrante. Pour la première fois, je n'ai éprouvé
aucune curiosité envers son auteure "anonyme" ou pas.
Aucune envie de la connaître, de l'approcher, de la découvrir.
Je n'en éprouve pas l'intérêt. Elle maîtrise
pourtant parfaitement l'art de la narration. C'est plutôt équilibré.
Les personnages sortent de l'ordinaire. Ils ont des facultés rares
dont celle d'apprendre des choses très difficiles. Mais en même
temps, je trouve le roman très conventionnel. Les thèmes
de l'amitié, de la concurrence, du rapport entre les pères,
les mères et leurs enfants, les modifications physiques, tout cela
n'a rien d'original. Et l'idée de dématérialisation
est certes intéressante mais peu exploitée. Je tourne les
pages mais rien ne m'arrête. Aucune phrase soulignée, aucune
situation originale (même l'épisode du feu d'artifice "jusqu'au
boutiste" me laisse vaguement indifférente, aucun caractère
sensible ou profond qui me procurerait du rêve, aucun "style"
si ce n'est celui d'une écriture sans défaut. J'ai eu envie
de lire ce roman jusqu'au bout mais je suis presque sûre que je
l'aurai complètement oublié dans quelques semaines.
Ça crie et ça hurle beaucoup dans ce livre très "italianisant".
On voit le linge entre les immeubles, les casseroles qui passent par les
fenêtres et on entend clairement les cavalcades des enfants. Oui,
mais d'autres l'ont fait aussi. Ça doit être un roman très
facilement adaptable au cinéma. Et rien que cela, ça me
donne des boutons.
Claire
Peux-tu dire pourquoi ça te donne des boutons ?
Nathalie R
Ça me donne des boutons parce que je ne peux m'empêcher de
me dire qu'une uvre littéraire est une uvre à
part entière qui demande un effort différent que celui que
l'on fait (quand on en fait un) en s'immergeant dans une salle obscure
et en appréhendant l'univers d'un réalisateur (qui peut
être tout aussi difficile ou complexe que celui d'un écrivain).
Mais écrire en se mettant dans la tête qu'on va faciliter
une adaptation cinématographique (je suis certaine que certains
écrivains le font), déjà ça me pose un vrai
problème. Et quand bien même cela ne serait pas le cas, je
ne supporte pas l'idée qu'une uvre puisse être réduite
à un format limité dans le temps imparti à un autre
genre. Je ne supporte pas qu'un lecteur fasse l'économie de sa
lecture en se contentant de voir un film adapté d'une uvre
alors qu'il ne l'a jamais lue, etc.
Bref, j'ouvre aux trois quarts mais j'ose murmurer que pour moi, ce n'est
pas un livre qui permet le débat.
Claire
Comme le montrent les échanges précédents...
Annick A
(avis
transmis)
Apparemment je suis la seule à avoir lu les 3 tomes de L'amie
prodigieuse. En lisant tous les avis, je pense comme le suggère
Catherine, que les réactions négatives sont en lien avec
le succès du livre et des aprioris de départ vis-à-vis
d'une saga. J'avais lu le premier tome à sa sortie, sans en avoir
jamais entendu parler et ignorant que d'autres tomes devaient suivre.
J'avais beaucoup aimé le livre, très bien construit autour
d'une amitié d'enfance situé dans un quartier pauvre de
Naples où sont campés de multiples personnages, très
bien étudiés psychologiquement et socialement. J'ai donc
découvert qu'il y avait une suite par le groupe lecture 3 ans plus
tard.
J'ai eu quelques difficultés à me replonger dans l'histoire
de chacun, mais j'ai trouvé extrêmement cohérente
l'évolution des personnages en fonction de leur caractère
et de leur position sociale, la violence des hommes, la soumission des
femmes et leurs stratégies de contournement, les contradictions
aussi de chacun. Le troisième tome nous plonge dans les événements
politiques des années 70, plus violents que ceux que nous avons
connus en France, et raconte la façon dont chacun va se positionner.
C'est l'aspect le plus intéressant du livre qui vient nous remémorer
cette période et peut-être la faire découvrir aux
plus jeunes. Par contre, j'ai peu cru à l'évolution de la
relation entre Elena et Lila. Cette dernière devient de plus en
plus incohérente, sa méchanceté vis-a-vis d'Elena
est incompréhensible et peu crédible l'amitié que
lui conserve Elena. De même la passion amoureuse entre Nino et Elena
sur laquelle se termine le livre me paraît un peu téléguidée.
Je commençais à me lasser.
Pour conclure, je trouve que ce roman par son approche psychologique,
sociologique (bourdieusienne effectivement) et politique présente
un bon intérêt littéraire. Et en plus (sacrilège
semble le penser certains), il procure du plaisir à la lecture !!
J'ouvre en grand les 2 premiers tomes et à moitié le troisième.
SYNTHÈSE
DES AVIS DANS LE GROUPE BRETON suivie d'avis individuels
EntreetMarie-Odile
Marie-Thé,
Jean-Luc
Odile,
Claude, Suzanne, Édith
Marie-Claire,
Yolaine
Des réactions diverses, de la déception à l'enthousiasme
sans partage, qui s'équilibrent et ont donné lieu à
une discussion animée, ce qui nous permet de supposer que la réponse
à la sempiternelle question "le livre est-il adapté
aux objectifs de Voix au chapitre ?" est cette fois-ci
plutôt affirmative.
Pour ceux qui ont fait la fine bouche devant cette histoire trop plébéienne
et même pour ceux qui ont aimé cette saga, entrer dans cette
lecture a souvent été laborieux, surtout s'ils ont zappé
l'index des personnages en tête de volume. Le grouillement de la
vie dans un quartier populaire des années 50 au pied du Vésuve
a dérouté plus d'un campagnard breton. A tel point que nous
nous sommes posé la question de la folie chez Lila, qui voit saigner
et exploser les casseroles en cuivre. La violence et la brutalité
des rapports humains (parents-enfants, hommes-femmes, enfants entre eux),
la misère et le pouvoir de l'argent, le poids des compromissions
mussoliniennes et les réminiscences de la guerre ont paru sordides
et dérangeants aux premiers ; les seconds, qui ont trouvé
un terrain connu dans cette période de bouleversements économiques
des années 50-60, qui correspond aussi à l'enfance de la
plupart d'entre nous, ont été sensibles à cette relation
d'amitié fusionnelle comme on ne peut en tisser que dans sa prime
jeunesse, avec toute l'ambivalence de la complicité et de la rivalité.
Tout le monde a aimé la scène finale du mariage et nous
nous sommes interrogés sur la signification profonde des chaussures,
question d'intellectuels qui refusent de se contenter de la simplicité
de l'histoire d'une fille de cordonnier : cette Cendrillon contemporaine
a-t-elle trouvé chaussure à son pied, ou bien son mariage
va-t-il prendre l'eau comme ses escarpins ?
Les opinions ont également divergé sur le style de cet ouvrage
trop facile à lire pour certains, "descriptions interminables"
pour d'autres. Ceux qui se sont laissé happer par le récit
n'ont pas toujours pris le temps de reconnaître qu'il était
très bien écrit.
Pour établir un bilan définitif, il faudra compter les lecteurs
qui se passionneront pour les trois volumes suivants ou à paraître,
mais il est peu probable que nous rejoignions les cercles de lecture américains
qui glosent des soirées entières sur les héros de
cette saga.
La réussite de notre rencontre gastronomique autour de la cuisine
italienne à cette occasion nous a conduits à une réflexion
sur l'intérêt d'archiver nos recettes ou même de créer
un site web marmiton littéraire : affaire à suivre.
Marie-Odile entreet(du
groupe breton)
Hélas, pour moi, rien de prodigieux dans ce roman. Je l'ai trouvé
lent, sans originalité dans l'écriture ou la construction,
très linéaire. J'ai parfois eu l'impression de lire une
bonne rédaction frôlant le journal d'adolescente
Certes, on est plongé dans ce quartier clos, on se familiarise
avec ces familles modestes, on comprend le désir de Lenu d'aller
plus loin, la force irrésistible qui la lie à son amie,
mais, pour reprendre des phrases de la p. 351, plus d'une fois j'ai pensé
comme elle... : « "Il
va se passer quelque chose". Mais il ne se passa rien" ».
En fait, si, il se passe plein de choses, mais rien n'est mis en relief.
J'aurais aimé que tout ne soit pas dit du quotidien, que le récit
procède par ellipses. J'aurais aimé que les traces du passé,
de l'avant, soient exploitées davantage, même si elles échappent
au regard de l'enfant, même si la nouvelle génération
a pour but de les effacer. J'attendais plus aussi de l'expérience
de la "délimitation"
J'ai apprécié la scène où Don Achille, à
qui les fillettes viennent réclamer leurs poupées, donne
de l'argent pour qu'elles s'en achètent. C'est sobre et le lecteur
fait le reste.
La dernière partie, imbriquant projet de chaussures Cerullo et
projet de mariage, m'a semblé plus intéressante, plus tourbillonnante.
J'ai aimé ce crescendo vers la scène du mariage, son faste
et ses mesquineries, le regard intense de Lila figée dans sa robe
de mariée et surtout le gros plan final sur
les chaussures
de Marcello Solara !!!! Mais il aura fallu 430 pages pour y arriver !
Bien sûr, à travers Naples, j'ai repensé au Montedidio
de Erri de Luca dont la simplicité, la poésie, le mystère,
m'ont touchée plus que ce roman très (trop) près
de la réalité.
Je viens de parcourir très rapidement les avis sur le site. Quelqu'un
parle de La
couleur des sentiments et j'y ai pensé moi aussi :
c'est le même genre de roman, ni bien ni pas bien. Mais quelqu'un
parle d'humour : moi au contraire j'ai trouvé que ce livre en était
totalement dépourvu. Je ne lirai pas la suite. Je ferme la première
moitié du roman et ouvre la deuxième à moitié.
Ça devrait faire entre ¼ et ½...
Marie Thé(du
groupe breton)
J'ouvre ce livre à moitié, expression banale, mais qui dit
bien que je suis vraiment partagée : livre autant aimé
que pas aimé (je n'arrive pas à dire détesté).
Première partie : "bof".
Milieu : plutôt assommant.
Dernière partie : bien.
J'ai d'abord eu du mal à rentrer dans ce livre, de la cave à
l'appartement de Don Achille tout en haut de l'immeuble, ou comme il est
dit, de la "caverne" à "la sphère tout là-haut",
ascension difficile pour des fillettes apeurées, et ennuyeuse pour
moi.
Cet ennui s'est prolongé dans ces descriptions interminables de
personnages, d'événements, de lieux. La vie est intense,
l'effervescence est partout, et pourtant j'ai trouvé cela plat,
(plus d'ascension ici) et répétitif. J'ai encore du mal
à comprendre ce qui ne va pas pour moi dans ce texte foisonnant,
tout semble y être, et je n'accroche pas. Je dirai tout de même
que l'écriture ne m'a pas séduite.
La dernière partie m'a été nettement plus attrayante,
comme si avec ces filles et ces garçons qui grandissaient, le livre
"grandissait" aussi. J'ai alors été accaparée
par l'évocation de cette société où les règlements
de compte sont si fréquents, où la violence n'est jamais
loin, où le machisme règne et où les femmes sont
les victimes des hommes. Incroyable pouvoir de l'argent aussi, qui permet
tout, qui métamorphose... C'est aussi dans cette dernière
partie que j'ai senti que l'horizon s'élargissait ; on sort
de ce quartier oppressant (où j'avais l'impression de tourner en
rond), cela ne résout pas les problèmes, en crée
même d'autres, mais on respire mieux, on avance vers je ne sais
où, mais au moins on avance. Tout cela serait peut-être à
développer, mais difficile car je suis vraiment dans le ressenti.
Pour rentrer un peu dans le détail, je retiendrai l'importance
du pouvoir des mots : "fascistes", monarchistes",
ou encore "marché noir", "camorra", "usure",
etc. Révélations pour Lila, le mal est partout, la suspicion
aussi. D'autres mots prononcés par Madame Oliviero, l'enseignante,
classent, séparent : ainsi Pasquale est "maçon",
"de mauvaise famille", "communiste" ; Lila et
les siens représentent "la plèbe", cette plèbe
qui sautera aux yeux d'Elena au cours du repas de noce : Elena, qui
réussit dans ses études et qui, comme dit Annie Ernaux,
semble " déclassée par le haut", cherchant sa
place dans cette société dont elle est issue. D'ailleurs,
dans ce livre, beaucoup de personnages cherchent leur place importance
des chaussures, comme si chacun voulait trouver chaussure à son
pied... J'ajouterai l'importance accordée à la transmission,
haine, désir de vengeance. Mais il est dit qu'il faut oublier "l'avant",
les fautes des pères ne doivent pas atteindre les fils.
Je m'attarderai encore sur cette amitié prodigieuse qui me dérange
souvent. Au départ, il y a la main donnée, base de l'amitié,
dans l'escalier qui mène vers Don Achille, et puis il est question
de "rester à la hauteur", et puis d'une Lila "méchante"
et "maléfique"... et finalement du grand trouble d'Elena
lors de la toilette prénuptiale de Lila. Méli mélo...
Il y a tout de même des fractures sur ce parcours, la plus grande
sans doute à l'annonce du mariage de Lila. La fracture est ailleurs
aussi, fracture sociale notamment. Et puis il y a cette histoire de casseroles
explosées et (p. 297, Elena parlant de Lila et des casseroles !)
: "Ce n'est pas par
hasard si c'était sur l'une d'entre elles que, quatre ans auparavant,
elle avait placé le jet de sang qui avait jailli du cou de Don
Achille, quand il avait été poignardé."
Qu'on m'explique ! Je suis demandée si ce n'était pas
Lila l'assassin ! Lila héroïne tragique... Je vois des accents
de tragédie lorsque Carmela, fille de l'assassin, dit son amour
pour Alfonso, fils de la victime...
Quelques aberrations : "De
nos jours, pour s'enrichir vraiment il faut une activité économique."
De la bouche d'une fillette dans les années 50 !!! Elena :
"J'étais tellement
déterminée, tellement intelligente..", "je
voulais qu'il se rende compte de mon intelligence..."
Pas très intelligent de le dire.
Je terminerai en disant que j'ai parfois pensé à l'univers
de Fellini, mais Fellini c'est quand même mieux ! J'ai aussi
pensé au film d'Ettore Scola Affreux, sales et méchants.
J'ai aimé avant le commencement de cette "histoire, les quelques
lignes du Faust de Goethe : "L'activité
de l'homme se relâche trop souvent ; il est enclin à la paresse,
et j'aime à lui voir un compagnon actif, inquiet, et qui même
peut créer au besoin, comme le diable".
Pas besoin de trop chercher pour trouver trace de Méphistophélès
dans ce livre.
Et pour finir et pour rester en Italie, j'ai parfois pensé à
Dante Alghieri et La divine comédie : "...une
lumière diffuse qui semblait provenir non pas du ciel mais des
profondeurs de la terre." "Êtres
monstrueux tombés de quelque sombre recoin du ciel...",
de nouveau la "caverne", "la sphère tout là-haut",
etc.
Il est souvent question d'ascension (sociale) mais pas seulement, de descentes
aussi. La terre, le diable au centre dans les profondeurs, les cieux au-dessus...
Loin du talent de Dante, et peut-être une association de trop pour
moi, mais je ne suis pas responsable de mes associations...
Renée
(déjà venue dans le groupe parisien et qui a lu ce livre
dans son club de lecture à Narbonne)
Même à la fin, L'amie prodigieuse ne m'a pas émue.
L'une du groupe a pensé que l'intérêt du livre, c'est
justement dans la méchanceté des filles entre elles. Il
a été trouvé "agréable à lire,
sans plus". Pour moi, c'est un livre où je n'ai pas recopié
une seule phrase, c'est mauvais signe : manque d'émotion,
manque de profondeur ; c'est froid. Le rapport ambigu entre les jeunes
filles est évoqué en une ligne !
(Plus tard)
Depuis la lecture d'Une amie prodigieuse, mon subconscient cherchait
ce qui me gênait le plus dans ce livre : d'une part la froideur,
la distanciation, déjà évoquées ; d'autre
part, l'auteure évoque sans arrêt des conversations d'un
niveau intellectuel élevé entre ces deux fillettes, puis
ces deux ados. Mais qu'écrit-elle ? Des banalités,
des problèmes "de filles", des rencontres avec les garçons
insignifiantes. Bref, ça ne m'intéresse pas. Je crois que,
hélas, la vraie vie des gens ne m'intéresse pas (Ernaux...)
Ah! la vie rêvée de Proust, ça c'est émouvant
(n'est-ce pas Manuel ?)
INTERNAUTES
Anne
La partie sur l'enfance des deux amies m'a particulièrement intéressée,
peut-être à cause des aspects archaïques proches du
conte qui parsèment les jeunes années de ces deux petites
filles. Entre autres choses, j'ai frissonné devant la "gueule
noire d'une bouche d'égout" et Don Achille le voleur de poupées
disparues dans son grand sac noir et j'ai été renvoyée
à bien des souvenirs et sensations de mon jeune âge. Il était
palpitant de suivre tous ces jeux avec la peur et comment Lila fagotée
de sa méchanceté, déterminée, irréductible,
savait si bien braver toutes ces frayeurs et dominer les compétitions.
J'étais touchée de suivre ces haines d'enfants souvent prises
en otage par celles enracinées dans les générations
précédentes. La violence, l'attachement, les sentiments
de loyauté m'ont semblé, parmi d'autres choses, très
justement tissés dans la quête identitaire. Tout se passe
dans une unité de lieu, le quartier, et c'est théâtral.
Toutefois pour l'adolescence, où E. Ferrante dessine remarquablement
les transformations des corps, des relations, de la sexualité,
j'aurais aimé que l'on sorte un peu de la cour d'école,
même si je sais que c'est ainsi la vie. E. Ferrante parle très
bien de cette difficile période et si j'ai eu hâte de savoir
quel tour allaient prendre les choses, un très léger ennui
m'a toutefois rattrapée sur la fin. Il me manquait tout à
coup dans le texte quelque chose de difficile à définir...
Si la petite fille maigre, méchante, croûteuse, sale, déterminée
et insoumise cache une cendrillon (il est d'ailleurs question de chaussures
qui doivent être à la bonne taille...), en devenant comme
une starlette elle perd, selon moi, de sa verve. Elle s'est soumise à
la dépendance vis-à-vis du regard d'autrui et perd en intégrité.
Elle devient moins désobéissante. Or, c'est l'entretien
d'Elena Ferrante qui m'a aidée à comprendre plus précisément
ce que j'ai ressenti dans la deuxième partie du livre. Quand elle
parle de l'écriture féminine/masculine mon attention a été
attirée sur la question de l'acte d'écrire : "l'écriture
exige une désobéissance délibérée".
Dans le roman, en même temps que l'histoire fait se transformer
la désobéissance de Lila en quête de séduction
et de pouvoir, j'ai eu progressivement le sentiment que l'écriture
perdait de sa force, un petit quelque chose d'indéfinissable, ressenti
au fond de moi, tandis que les événements du roman se poursuivaient
remarquablement. Toutefois à l'instar des personnages du roman
je me suis sentie prisonnière des contraintes et des plaisirs rétrécis
de la société de consommation. En écrivant ces quelques
notes je me rends de plus en plus de la complexité de ce roman
et si je lui mets un bémol du fait de la légère lassitude
ressentie en fin de lecture, je n'oublie pas que les bémols sont
intrinsèques aux belles musiques !
Muriel
Elena raconte la vie pauvre à Naples pleine de traditions, où
tout le monde parle le dialecte, les hommes ont le sang chaud, les femmes
s'apostrophent bruyamment et les jeunes souhaitent prendre une revanche
sur la pauvreté. Dans ce décor, une vraie belle amitié
("J'étais là
uniquement parce qu'elle était là") avec
toutes ces composantes, la rivalité, la séduction, la jalousie
de ces deux amies, surs unies pour échapper au patriarcat,
êtres libres de se réaliser : les scènes les
plus intéressantes sont celles qui décrivent la rivalité
qui fascine Elena et Lila, les pousse à avancer toujours plus loin.
Une lecture très visuelle, très vivante, facile. Une fresque
très réaliste avec beaucoup de détails, de personnages,
au travers d'un récit peut-être un peu trop long, un peu
trop lisse, surtout au dernier tiers du livre quand Lila, promise à
Marcello, se marie avec Stefano.
Je ne suis pas sûre que je me précipite sur les trois autres
tomes et participe à l'engouement des très nombreux admirateurs
d'Elena Ferrante mais, bien entendu, je les lirai aussi en leur temps.
Sandra
J'avais bien évidemment entendu parler dès l'apparition
du premier tome de ce succès littéraire, et de l'engouement
qu'il a suscité. Mais je n'y avais pas succombé, non par
rejet de cette médiatisation, mais simplement que la lecture de
la quatrième de couverture ne m'avait pas plus accrochée
que cela.
De même, lors du succès des autres tomes, je me disais, que
lorsque j'aurais le temps, un jour oui je lirais le premier pour voir
alors ce "phénomène" et si cela était vraiment
mérité.
Au club
de lecture Violette and Co, le premier tome est proposé :
"Ah voilà l'occasion est arrivée" me suis-je dit.
Je commence donc la lecture.
Un tome basé sur l'enfance et l'adolescence entraîne parfois
des passages un peu long, mais au final, cela est normal. En prenant dans
l'ensemble l'uvre (les 4 tomes), je me dis qu'évidemment,
l'énumération de ces deux passages de la vie est nécessaire.
Car pour comprendre les deux personnages principaux, le lecteur "doit"
grandir avec eux, percevoir les sentiments qui les forgeront. Je pense
que l'auteure souhaite cela.
Nous sommes au début de la construction intellectuelle et sentimentale
de ces deux filles, et nous traversons donc avec plaisir ou non ces épisodes
de leur vie respective.
Parfois, j'ai eu peur de m'ennuyer, deux jeunes personnages, leurs histoires
sentimentales etc., puis en avançant dans la lecture, cela est
passé. J'ai apprécié ces deux personnages féminins.
Différentes mais complémentaires, et une amitié au
centre de leurs péripéties. On se laisse entraîner
dans les histoires du quartier et des personnages secondaires. Et cet
apprentissage à travers la lecture des livres l'étude, très
bien décrit.
Outre l'histoire qui au final est intéressante, l'écriture
de l'auteure m'a plu. Il y a une qualité d'expression. Donc au
final, je ne suis pas tombée dans la "ferrantemania",
mais je reconnais qu'il y a du talent.
Pourquoi autant d'engouement ?
- peut-être l'attrait pour cette longue histoire qui s'intensifiera
au fil du temps, des personnages que l'on verra évoluer, la description
de cette Italie qui connut une seconde moitié de vingtième
siècle intense ;
- peut-être aussi à cause du mystère autour de cette
auteure, qui n'a pas voulu se dévoiler dans les médias,
et toutes les supputations que cela a engendré.
En tout cas, oui j'ai envie de lire le deuxième tome, de découvrir
le devenir de d'Elena et de Lila, leur évolution à travers
l'histoire de l'Italie. A voir ensuite, si le deuxième me plaît
pour continuer...
DOCUMENTATION SUR LE LIVRE
ET L'AUTEURE
Des repères biographiques
L'auteur tient absolument à rester dans l'ombre et refuse par conséquent
la publicité et les face-à-face, acceptant seulement en
de rares occasions les interviews écrites. Lors de celles-ci, elle
a reconnu être une femme, mère de famille, et que son uvre
était d'inspiration autobiographique. En particulier, dans l'essai
La frantumaglia, l'auteur révèle à ses lecteurs
des aspects de la personnalité d'Elena Ferrante en lui donnant
notamment une origine (mère couturière s'exprimant en napolitain)
une date (1943) et un lieu de naissance (Naples).
Le nom réel de l'auteur n'est pas connu. Certains noms sont avancés
comme ceux de l'écrivain Domenico Starnone ou de son épouse,
Anita Raja, éditrice et traductrice italienne de Christa Wolf en
particulier. Le 2 octobre 2016, dans quatre médias internationaux
(en Italie, Allemagne, États-Unis et en France sur Mediapart),
le journaliste Claudio Gatti affirme avoir percé le mystère
en observant une corrélation forte entre les droits d'auteur qu'Edizioni
E/O, la maison éditrice d'Elena Ferrante, perçoit de ses
ouvrages, et les honoraires que la société verse la même
année à la traductrice Anita Raja. Ni Anita Raja, ni l'éditeur
n'ont confirmé ou démenti cette hypothèse déjà
envisagée depuis quelques années comme plausible par plusieurs
personnes. Le lectorat est partagé entre curiosité et indignation
en réaction à ce qu'il considère comme une investigation
intrusive. Le point sur ce mystère avec divers articles ci-dessous.
Ses uvres
Traduits dans quarante langues, les livres d'Elena Ferrante
bénéficient d'un lectorat nombreux en Europe et en Amérique
du Nord.
Romans (tous publiés en français par Gallimard)
- 1992 : L'amore molesto, traduit en français sous le titre
L'Amour harcelant par Jean-Noël
Schifano en 1995.
- 2002 : I giorni dell'abbandono, traduit en français sous
le titre Les
Jours de mon abandon
par Italo Passamonti en 2004
- 2006 : La figlia oscura, traduit en français sous le titre
Poupée
volée
par Elsa Damien en 2009
- 2011 : L'amica geniale (1er volume de L'Amie prodigieuse),
traduit en français sous le titre L'Amie
prodigieuse par Elsa Damien en 2014
- 2012 : Storia del nuovo cognome, L'amica geniale, vol. 2(2e volume
de L'Amie prodigieuse), traduit en français sous le titre
Le
Nouveau Nom (L'Amie prodigieuse, vol. 2) par Elsa
Damien en 2016
- 2012 : Cronache del mal d'amore,
- 2013 : Storia di chi fugge e di chi resta, L'amica geniale, vol.
3 (3e volume de L'Amie prodigieuse), traduit en français
sous le titre Celle
qui fuit et celle qui reste
(L'Amie prodigieuse, vol. 3) par Elsa Damien en 2017
- 2014 : Storia della bambina perduta, L'amica geniale,
vol. 4 (4e volume de L'Amie prodigieuse)
Histoires pour enfants
- 2007 : La spiaggia di notte
Essai
- 2003 : La frantumaglia, réédition 2016
Une des rares INTERVIEWS
d'Elena Ferrante (sur son
écriture) : "C'est
au lecteur d'allumer la mèche des mots", Books
n° 77, juin 2016
L'anonymat
- "Elena
Ferrante, l'écrivain(e) masqué(e)", Le Monde,
19 mars 2015, par Philippe Ridet : pressenti(e)
pour le prix Strega, l'auteur(e) de la saga L'Amica
geniale dérange les lettres italiennes.
- "Elena
Ferrante, obstinément sous le masque", Le Monde,
14 janvier 2016, Florence Noiville : l'auteur(e)
qui signe sous le pseudonyme d'Elena Ferrante tient à garder le
secret de son identité - malgré la pression que lui vaut
le succès de la tétralogie L'Amie
prodigieuse.
- "A
Rome, avec les gardiens du mystère Ferrante", Le Monde,
14 janvier 2016, Philippe Ridet (Rome, correspondant) : seuls
Sandra Ozzola et Sandro Ferri, patrons des éditions E/O, qui publient
Elena Ferrante, connaissent sa véritable identité.
- "Elena
Ferrante, énigme littéraire fascinante", L'Express,
26 juin 2016, par Delphine Pears : malgré
le succès planétaire de sa saga L'Amie prodigieuse, la romancière
italienne Elena Ferrante, un pseudo, cultive l'anonymat depuis vingt-cinq
ans.
- "Elena
Ferrante : un scoop, et quelques doutes", Le Monde, 3
octobre 2016, par Florence Noiville et Éric Loret, avec Jérôme
Gautheret (Rome, correspondant) : une enquête
prétend révéler l'identité de l'écrivaine,
retranchée dans l'anonymat. La méthode et les fins visées
posent question.
- "Billet
: Livrer l'identité d'Elena Ferrante, un procédé
grossier", Libération, 3 octobre 2016, par Johanna
Luyssen : l'enquête
d'un journaliste italien tient à démontrer la véritable
identité de l'auteure de la saga à succès de
L'Amie prodigieuse, Elena Ferrante. Preuves
fiscales et immobilières à l'appui... La démarche
interroge.
- "TRIBUNE
: Pourquoi il faut respecter l'anonymat d'Elena Ferrante",
Libération, 7 octobre 2016, par Tom Geue, posdoctorant à
l'université de St Andrews à Bristol au Royaume Uni :
pour le chercheur anglais Tom Geue, la "révélation"
de l'identité d'Elena Ferrante par Claudio Gatti est une violation
de l'anonymat qui touche au pouvoir et à l'identité.
Le succès
- "Elena
Ferrante, le bon filon de Gallimard", Le Monde, 5 janvier
2017, par Nicole Vulser : en deux ans, la mystérieuse
auteure italienne a permis à la maison d'édition de réaliser
plus de 6 millions d'euros de chiffre d'affaires.
- "Pourquoi
ça marche-Saga Ferrante : tranches napolitaines", Libération,
15 janvier 2016, par Natalie Levisalles : 1-
Qui est Elena Ferrante ? 2- Que trouve-t-on dans la suite napolitaine
? 3- Un roman féminin ou un roman féministe ?
Les deux tomes
suivants
- "Les
noces napolitaines d'Elena Ferrante", Le Monde, 14 janvier
2016, par Florence Noiville : avec Le
Nouveau Nom, l'énigmatique romancière italienne poursuit
sa prodigieuse tétralogie construite autour de la vie de deux amies,
Lila et Elena.
- "Elena
Ferrante explore des territoires complexes avec précision et liberté",
Le Monde, 12 janvier 2017, par Florence Noiville : les
vies de de Lena et de Lila divergent, la trentaine venue. Avant-dernier
tome de la puissante tétralogie d'Elena Ferrante, L'Amie prodigieuse.
L'ensemble de cette documentation en un seul document :
ICI (20 p.)
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|