Le Monde, 2015

Révolution permanente, 2016

Quatrième de couverture :
 "Si nous voulons changer le roman, c'est avant tout pour le plaisir."

 

Les 4 romans parus :



 

Sophie Divry
Rouvrir le roman (2017)

Nous avons lu cet essai en septembre 2017.

Quelques repères bio et bibliographiques : en bas de page.
La table des matières :
ICI.

Henri
Je propose de ne pas faire comme d'habitude. Mais d'échanger sur les chapitres, chapitre par chapitre ou thème par thème, ça ne me semble pas adapté de faire comme d'habitude avec cet essai.

Geneviève
Ça ne me paraît pas possible car j'ai une impression d'ensemble.

Claire
Moi je l'ai lu comme un roman, donc c'est difficile de procéder par chapitre...

Jacqueline
On peut faire un premier tour et après on échange sur les thèmes.

Catherine (avis transmis)
Je ne pourrai pas me joindre à vous ce soir, désolée. J'ai pourtant lu le livre jusqu'au bout. Il a fallu que je m'accroche un peu car j'avoue que ces réflexions sur la recherche en littérature sont un peu loin de moi (je m'intéresse davantage au fond des œuvres que je lis, les personnages, l'intrigue, l'histoire qu'elles racontent...) et que je manque des références littéraires nécessaires (je connais par exemple très mal le Nouveau roman).
J'ai eu un peu de mal avec certains passages qui ont failli me faire abandonner, par exemple au chapitre 3 : "Du fait de l'homologie entre les champs (par exemple entre le champ artistique et le champ du pouvoir), les révolutions opérées au sein d'un champ, même très restreint et très spécialisé, peuvent avoir des effets révolutionnaires selon la logique du coup double, sur la base de l'homologie que le champ révolutionnaire entretient avec un autre champ, et en particulier avec le champ politique". C'est de Pierre Bourdieu !
Au passage, quelques citations qui laissent rêveur : "si le peuple t'applaudit, interroge-toi qu'ai-je fait de mal, s'il t'applaudit pour ton second livre, jette ta plume aux orties. L'art pour le peuple laissons ce slogan aux nazis et aux communistes" ou "Le roman est le comble de la grossièreté" (Paul Valery)
J'ai été intéressée en revanche par l'idée de la culpabilité de l'écrivain qui reste dans sa mansarde à se torturer sur la place des virgules alors que le monde va si mal, par les solutions envisagées ("Venger sa race" et "Trahir sa classe"), la discussion sur l'autonomie de l'écrivain, sur le contenu moral, sur le rôle de l'éditeur, sur importance du sens... Et par toute la 2e partie, c'est-à-dire les perspectives qu'elle envisage pour "rouvrir le roman" : la typographie, les métaphores, la façon d'écrire les dialogues, dont elle souligne très bien tout l'intérêt et toute la richesse.
Bref, je ne regrette pas de l'avoir lu. J'ai noté au passage des livres ou des noms d'écrivains que je connais pas et essaierai de lire ; ça m'a rappelé certaines discussions du groupe et peut-être cela pourra-t-il me permettre d'approfondir mes analyses de lecture...

Monique L
À nouveau je ne pourrai pas être parmi vous et j'en suis désolée. Heureusement, je n'ai pas grand chose à dire...
Cet essai m'a ennuyée, même parfois irritée. Le sujet est pourtant intéressant mais le plan, l'écriture, m'ont laissée sur ma faim. Il y a pourtant des idées intéressantes. Je vois dans cet essai un exercice, une thèse mal défendue.
Je n'ai rien lu de Sophie Divry, mais pour l'instant je ne suis guère tentée de le faire.
La lectrice que je suis n'arrive pas à comprendre le succès de ce livre. J'attends avec impatience les commentaires de ceux qui l'auront apprécié.

Fanny
J'étais enthousiaste à l'idée de le lire. Je l'aurais lu si on ne l'avait pas lu dans le groupe, avec ce questionnement sur ce qu'est un roman aujourd'hui. Mon enthousiasme est vite retombé. Au chapitre 2, comme Catherine, il y a des phrases où je n'ai rien compris. Par exemple à propos de Bourdieu p. 56, elle dit : "Si c'est une démarche saine de porter au cœur des écrivains la blessure narcissique propre aux sciences sociales" ; c'est quoi cette blessure narcissique ?...

Geneviève
Et puis justement elle ne cite pas Bourdieu mal digéré, mais parle pour lui.
Fanny
Je ne suis dit je vais m'accrocher. Plus j'avançais, plus je me disais elle ne dit pas grand-chose. Le sommaire est explicite et suffirait, il résume ses idées. J'ai l'impression qu'elle enfonce des portes ouvertes. Dès que je l'ai eu fini, et c'est tout récent, je ne me souvenais plus de rien. Ça c'est étiolé. J'ouvre au quart, je suis très déçue.
Jacqueline entre et
J'ai beaucoup apprécié ce plaidoyer pour le roman, ça ça me plaît. On ne sait pas trop s'il existe. Le livre me permet de comprendre pourquoi je peux aimer Laferrière et ses romans très très courts et Proust pour ses phrases qu'on déguste. C'est très bien. Elle s'engage. Elle parle de son métier, p. 19 elle dit bien :"Nos réflexions ne seront pas les mêmes que celles des universitaires. Pour nous, un livre n'est pas quelque chose que l'on commente après coup : c'est, concrètement, une chose à faire. Toutes les phrases doivent se finir. Les adjectifs doivent être choisis. Les points doivent être bien mis. Ces séries de choix viennent bien de quelque part en nous et aboutissent de fait à une esthétique, et pas à une autre". J'ai bien aimé ce point de vue d'écrivain. J'ai bien aimé qu'elle s'attaque à la doxa, aux idées toutes faites, qu'elle les démonte. J'ai appris des choses, c'est drôlement documenté. C'est la lectrice qui me plaît. Ça me donne envie de lire, y compris de relire avec une autre clé des romans que je n'ai pas appréciés (Robbe-Grillet). J'ai l'impression qu'elle aime des auteurs que j'aime : p. 201 elle mentionne La Médaille de Lydie Salvayre, Un jour dans l'année de Christa Wolf. Comme je voulais lire un roman de Sophie Divry, j'ai choisi Le journal d'un recommencementque je pensais proche de C. Wolf et je n'ai pas été déçue. J'ai envie de la juger plus en écrivain qu'en essayiste. Ouvert entre grand et ¾.

Annick A
J'ai été très intéressée et j'ai eu beaucoup de plaisir, c'est bien écrit, c'est clair. Oui, il y a des phrases que j'ai relues. Je n'ai pas fait d'études littéraires, et j'ai appris énormément de choses. Quand elle parle du matérialisme historique, cela m'a permis de comprendre des discussions qui débouchaient sur de la politique quand je parlais de la littérature. Tout ce qu'elle amène m'a appris. Le Nouveau roman je connaissais. J'aime bien p. 60, le tableau très pertinent, ces notions je ne les avais pas. Je suis d'accord sur sa façon de penser les choses, excluant les dogmes. Sur la culpabilité, ça m'a un peu étonnée, concernant ceux de gauche. La deuxième partie, ce sont des chantiers possibles qui ne sont pas si novateurs : pour ce qui est de la typo, je me suis rendu compte que je ne fais pas attention, cela m'a éveillée. Le groupe lecture, le livre en parle p. 20, à propos d'une théorie "celle du roman as usual, faite d'une suite de codes et de traditions. Le roman as usual, qui se répète avec succès, demande un sujet à la mode, une intrigue vraisemblable et haute en couleur, des personnages bien campés auxquels on peut s'identifier, un style d'une lisibilité digeste, quelque chose de clair, d'immédiatement compréhensible et reconnaissable" : il s'agit là de livres que j'hésite à présenter au groupe, car trop romanesques. Jusqu'où on refuse le romanesque ? C'est L'amie prodigieuse. Et pourtant je l'ai défendu. Je me souviens de Nathalie Sarraute, qu'on avait démoli, qui n'est plus à la mode. Si on avait lue à d'autres moments, aurait-on réagi différemment ?

Jacqueline
Quelqu'un avait dit que c'était "daté" ce que j'avais pris pour une critique ("c'est dépassé") or Sophie Divry me ferait dire qu'effectivement c'est daté au sens où c'est ce qu'il fallait écrire à ce moment-là !

Annick
On lit un livre à tel âge, on l'a aimé, puis on se demande pourquoi.

Jacqueline
Elle apporte des outils.
Annick
J'ouvre aux ¾, j'ai vraiment eu du plaisir.

Séverine
J'avais vu La Condition pavillonnaire, une Bovary moderne. J'étais un peu réticente quand j'ai vu le choix, oh la la…. J'ai lu d'abord cette idée que les écrivains ne s'offrent pas la possibilité de théoriser. La deuxième partie est plus simple, la première partie est plus dure à lire : on apprend des choses, cela porte à réfléchir, par exemple sur le fait que le Nouveau roman renvoie à la dernière époque où il y a un véritable mouvement littéraire. J'ai noté des noms d'auteurs, surtout dans la deuxième partie ; il y a un aspect pédagogique, par exemple quand elle met en parallèle Zola et Hubert Selby Jr. Il y a des moments drôles aussi. Elle remet au goût du jour le graphisme. Les écrivains ne s'autorisent pas certaines choses. Et Sophie Calle ! Intéressante pour le groupe est la distinction entre l'intrigue-histoire et l'intrigue-tension. C'est de la première vis-à-vis de laquelle on a des réticences.

Claire
C'est ce que veut dire Katell quand elle dit d'un livre "y a trop de narratif"...
Séverine entre et
Sophie Divry dit que ce n'est pas la peine de raconter autant que des séries télé. J'ouvre entre moitié et trois quarts, car on apprend des choses et j'ai été surprise d'apprécier car j'étais sceptique. C'était une bonne suggestion et ça change.
Lisa
Quand j'ai acheté le livre et que je l'ai feuilleté, je n'étais pas du tout enthousiaste. Un auteur qui écrit sur le roman et sur les auteurs, ça me semblait un peu trop nombriliste et j'avais "peur" d'être exclue. J'ai ouvert un peu, j'ai commencé la lecture… j'ai adoré... J'ai été passionnée ! Tout est intéressant ! Dans la première partie, j'ai appris plein de choses, des choses auxquelles je ne réfléchis pas d'habitude : la place de l'écrivain, la façon dont on construit un roman, la façon dont les écrivains travaillent. Dans la deuxième partie, j'aime bien les exemples, cela donne envie de lire les romans cités en exemple. J'aime bien p. 101 le "fun fact" à propos de Faulkner qui "voulait faire imprimer en différentes couleurs les strates temporelles dans Le Bruit et la Fureur". Le Nouveau roman je connaissais peu, j'ai lu La Jalousie de Robbe-Grillet, j'ai aimé découvrir l'influence de cette période. J'ouvre en grand. J'ai lu la doc, mais je n'ai pas envie de lire La condition pavillonnaire. C'est une bonne idée d'avoir lu ce livre car, comme tu disais Annick, ça soulève des questions.
Geneviève
Ça m'est tombé des mains. J'ai peur de ne pas être juste. En cette période de rentrée, saturée de travaux théoriques à relire, j'avais plutôt envie d'un polar. Et par manque de temps, je l'ai lu très vite. Parce que j'ai fait des études littéraires, je crains d'être prétentieuse dans mes remarques. L'idée me paraissait pourtant attirante. J'étais intéressée par ce projet de donner le point de vue d'un écrivain sur la littérature sans s'enfermer dans une approche théorique. Or je suis déçue et même presque en colère. Je me suis forcée dans la première partie, ça a été mieux dans la deuxième. Dans la première partie, j'ai l'impression d'un savoir théorique mal digéré. C'est le cas pour les citations de Bourdieu, tronquées et incompréhensibles ; par exemple ce titre de chapitre "L'État est-il un facteur d'hétéronomie ?" (p. 91) : hors contexte, le terme est incompréhensible et inutile, une caricature de Bourdieu ! Des choses m'intéressent pourtant, notamment lorsque l'auteur se situe clairement du point de vue de l'écrivain ; elle met les pieds dans le plat, de temps en temps c'est bien, notamment lorsqu'elle évoque les conseils des éditeurs et leur représentation de "ce qui fait lire". Mais le reader's digest théorique, non ! En revanche, elle est intéressante lorsqu'elle parle de ses lectures : ainsi elle m'a donné envie de lire Raymond Federman ou Edgar Hilsenrath. Je partage aussi plusieurs de ses références théoriques. Elle cite La transparence intérieure, c'était une référence importante pour mon DEA qui portait sur la littérature de jeunesse. J'avais adoré L'art du roman, là, on est entre une simili thèse et un simili Kundera. J'ai souvent l'impression qu'elle enfonce des portes ouvertes, par exemple sur l'évolution du roman du narrateur omniscient au flux de conscience. En revanche, il y a de jolies images dans la deuxième partie : par exemple la comparaison entre sonate et littérature ("contrairement à une sonate la littérature se frotte au sens" p. 107). Mais ça m'agace quand elle dit p. 118 : "rien de plus risqué que de faire exactement le livre que l'on voulait, comme on rédige une thèse" ; désolée, il en va de même pour une thèse, ou pour tout travail d'écriture. Elle a une difficulté de positionnement, elle effleure et ne déconstruit pas, on sent à la fois une attirance et un rejet pour la recherche universitaire. Elle est nettement plus convaincante quand elle parle en tant qu'écrivain, notamment de son rapport aux éditeurs. J'ai été déçue, je n'ai pas vraiment le sentiment d'avoir découvert quelque chose de nouveau : j'ouvre ¼.

Claire
D'abord j'ai vu un très joli objet livre : sa taille, sa couverture, son marque-page intégré.

Henri
Je ne l'ai pas dans mon livre d'occasion...

Claire
Et les éditions Noir sur blanc que je ne connaissais pas : intéressante, leur présentation. J'ai eu vraiment beaucoup de plaisir à lire ce livre qui pour moi est semblable à un roman, qui a une histoire qui est racontée. Là c'est l'histoire de sa réflexion qui se déploie, le personnage c'est elle, Sophie Divry, l'auteur en général et la galerie des lecteurs. Y a des gentils y a des méchants, y a des émotions, et l'écriture contribue au plaisir. En symétrie des préoccupations de cette auteure, je retrouve bien celle de la lectrice que je suis.
La préface pose bien l'ensemble, les actions dans le livre sont bien annoncées p. 25. Je trouve que le dialogue avec l'éditeur est un morceau d'anthologie, avec le dilemme innovation/séduction du lecteur : on se croirait au groupe lecture ! Et, comme toi Annick, j'ai relevé le roman dit as usual, qui m'a semblé tout à fait ressembler au contraire d'un livre-pour-le-groupe-lecture. J'ai moi aussi bien aimé le tableau des méchants et des gentils. La réflexion sur le style d'un auteur est essentielle et ses piques vis-à-vis de Bergounioux théoricien (qu'on avait lu comme romancier dans le groupe) réjouissantes : j'ai lu du coup Le style comme expérience du dit Bergounioux et je partage l'agacement de S. Divry. De même que sa charge à l'égard des éditions de Minuit.

Annick
???

Henri
Ah oui, leur formatage !

Claire
Je trouve stimulant qu'elle invite les auteurs à cultiver leurs champs avec plusieurs cultures ; j'ai feuilleté d'ailleurs ses quatre romans, et chacun a une forme bien différente. J'ai trouvé intéressants les notions de surmoi littéraire p. 23, de pureté, les trois monnaies de l'écrivain p. 98 (le succès, la liberté que permet l'argent, les critiques littéraires qui ouvrent d'autres portes). Je me demande si le mot "moral" convient pour parler du contenu, des thèmes d'un livre ? Elle souligne le fait que toute innovation est élitiste et le travail d'équilibriste à mener, comme c'est juste. Elle rappelle à bon escient que le lecteur trouve ce que l'auteur n'a pas voulu y mettre p. 107. J'aime beaucoup aussi la parole de Henry James p. 104 qui disait que lire provoque deux types de réactions : "C'EST BIEN AINSI" quand on lit "la description de nos sentiments mieux que nous ne pourrions le faire" et...

Henri
"C'EST DONC AINSI" !...
Claire
"qu'on ressent face à des aventures qu'il nous est permis de vivre par procuration". Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre. Je n'ouvre qu'aux ¾ parce qu'il prête le flanc aux critiques telles celles de Geneviève.
Henri
Je suis arrivé par erreur au groupe de lecture alors que je cherchais un groupe d'écriture, ce qui explique aussi que ce livre m'ait beaucoup plu. Je l'ai lu deux fois dans la même journée. Je l'ai trouvé intéressant car il est un écho à des échanges non théorisés que nous avons ; il renvoie ainsi à des livres comme celui de Maylis de Kerangal où l'on reconnaît l'auteur dès les premières lignes, ce qui n'est pas forcément positif. J'ai beaucoup appris, ça m'a relié des domaines. Et contrairement à toi Geneviève j'ai bien aimé. J'ai fait tardivement des études de philosophie, et dans tout mon parcours, je mets dans le domaine de l'apprentissage le musicien de jazz au dessus de tout, au-dessus de la thèse. Je parle des connaissances acquises par rapport à l'activité. La méthode d'apprentissage du jazz est mixte, impure, non académique. Ce livre me refile des accords. J'avais lu L'art du roman, j'avais fait une arborescence, ça ne m'a pas servi pour écrire. Si, à acquérir des connaissances. Cela n'a pas permis de faire. Elle, elle m'envoie des méta messages. Et ce n'est pas un manuel. Je te refile deux ou trois trucs et on fait le bœuf. Je fais, je théorise un petit peu. Ça m'a beaucoup plu, non pas pour capitaliser du savoir.

Geneviève
Ce que tu décris c'est le livre que j'aurais voulu lire.

Henri
Les livres que j'ai lus sur le bon roman ne donnent pas envie de lire.

Annick
Elle, elle donne envie de lire.

Henri
C'est libérateur.

Annick
Oui.

Jacqueline
On sent son boulot d'écrivain, celui où on se coltine avec la forme adéquate à une pensée...

Séverine
À qui ça s'adresse ? Elle le dit, à de jeunes écrivains.

Fanny
Pour ce qui est des idées, je suis d'accord, mais j'aurais aimé qu'elle aille plus loin.

Geneviève
Moi aussi.

Fanny
Ce n'est pas assez abouti. Les chapitres plus durs à comprendre, elle aurait pu y exprimer les choses plus simplement.

Geneviève
A la fin, p. 200, elle dit que ce qu'elle a fait n'est qu'un préambule, c'est exactement ce que ce que j'ai ressenti.

Fanny
Je te rejoins. À l'oral je l'ai trouvée meilleure.

Annick
Pour moi elle est en train d'écrire une suite.

Claire
Au contraire de toi Fanny, à l'oral j'ai trouvé la réflexion raccourcie parce que ne pouvant se développer comme dans le livre.

Fanny
Je me souviens que pour Bayard, ce livre que j'avais détesté Aurais-je été résistant ou bourreau ?, tu l'avais aussi considéré comme un roman, livre que j'avais fermé, fermé...

Henri
Les tableaux et l'entonnoir c'est très pertinent.

Fanny
Pour créer, personne n'est jamais libre, remarque-t-elle p. 115-116.

Geneviève
"Nous ne perdrions pas beaucoup à abandonner l'idée que le public lit bien ou mal", dit-elle p. 99. On a vu que ce n'est pas qu'une question de formation, car Fanny et moi on a réagi pareil.

Séverine
Elle appelle à l'audace.

Claire
L'audace d'utiliser des trucs traditionnels.

Annick
Elle dit p. 132 : "Il faudra un jour que les littéraires se retournent sur eux-mêmes et contestent les postulats qui président à l'établissement d'une histoire officielle mettant en avant certains choix, d'art pour art, de formalisme, certaines valeurs et certaines tonalités, plus sérieuses que fantaisistes, plus graves que drôles, plus cyniques que naïves, plus aristocrates que prolétariennes, plus solitaires qu'organiques, plus dures que compassionnelles, plus droites que tordues, plus chic que gore, afin qu'on puisse puiser dans toutes les traditions littéraires, et ainsi hériter sans désespérer."

Henri
Ce qu'elle dit sur les images est important p. 171  : alors que les images publicitaires ou télévisuelles s'imposent à nous, "les comparaisons littéraires suggèrent ; elles nous laissent imaginer. Il serait donc extrêmement dommageable que le trop d'images contemporain finisse par tuer les seules images qui vaillent ; celles qu'on ne voit pas." Le roman devrait s'écrire pour qu'on ne puisse pas le scénariser. Les romanciers as usual, ils écrivent des séries.

Claire
Remarque, il y a des écrivains qui disent que là où vraiment on peut innover question écriture, c'est dans les séries, à la pointe de l'écriture (il faut vraiment que je me mette à en voir…)

Henri
J'ai lu un Chalandon, je suis agacé. Et Maylis de Kerangal, pourquoi je me laisse prendre ?

Geneviève
J'ai besoin de l'avis des autres. Quand je n'ai pas aimé, j'ai hâte d'entendre l'avis des gens qui ont aimé dans le groupe. C'est un kaléidoscope qui fait pivoter.

Claire
Oh c'est joli !
D'autres écrivains théorisent qu'elle n'a pas mentionnés : outre Kundera dont plusieurs ont parlé, Jean-Philippe Toussaint avec L'urgence et la patience (que je m'étais risquée à proposer au groupe sans aucun succès), Danièle Sallenave avec Le Don des morts : sur la littérature, Umberto Eco dont nous n'avons pas lu Le nom de la rose mais qui a écrit plein d'essais, même Pennac avec Comme un roman que nous avions lu (et que Brigitte avait taxé de livre-pour-parents-d'élèves…).
Les auteurs qu'elle cite et que le groupe n'a pas lus donnent envie de les lire : Gunther Grass...

Geneviève
... que des gros livres...

Claire
... Arno Schmidt, Raymond Federman, Edgar Hilsenrath. Thomas Pynchon (j'ai vu ailleurs qu'on évoquait son absurde et son érudition entraînant une "jouissance au carré" !...), Hubert Jr. Selby avec Last exit to Brooklyn ; elle n'a pas peur des pavés : William H. Gass avec son Tunnel (loué p. 106 et 172, avec ses 700 pages), Fuentes avec Terra Nostra (plus de 800 pages aussi), Bolaño (avec son roman 2666 qui a seulement 1376 petites pages) et L'infinie comédie de Wallace (que 1488 pages)...

Séverine
Et j'ai été étonnée de retrouver Marguerite Audoux qu'on va lire (p. 78 et 80).

Fanny (après la soirée)
Je me demande cependant si cette essai ne cheminera pas en moi et influera à l'avenir sur ce que je pourrai dire de mes lectures...

Le livre incitant les écrivains à l'audace, les lecteurs que nous sommes faisons preuve d'audace à notre tour, choisissant pour la première fois un livre sans texte (que du narratif, que du style ?...)


Là où vont nos pères de Shaun TAN

Quelques repères bio et bibliographiques

Pour consulter cette documentation en un document pdf : ICI

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

à la folie, beaucoup, moyennement, un peu, pas du tout


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