Le
Monde, 2015
Révolution
permanente, 2016
Quatrième de couverture :
"Si nous voulons changer le roman,
c'est avant tout pour le plaisir."
Les 4 romans parus :
|
|
Sophie Divry
Rouvrir le roman (2017)
Nous avons lu cet essai en septembre
2017.
Quelques repères bio et bibliographiques :
en bas de page.
La table des matières :
ICI.
Henri
Je propose de ne pas faire comme d'habitude. Mais d'échanger sur
les chapitres, chapitre par chapitre ou thème par thème,
ça ne me semble pas adapté de faire comme d'habitude avec
cet essai.
Geneviève
Ça ne me paraît pas possible car j'ai une impression d'ensemble.
Claire
Moi je l'ai lu comme un roman, donc c'est difficile de procéder
par chapitre...
Jacqueline
On peut faire un premier tour et après on échange sur les
thèmes.
Catherine (avis transmis)
Je ne pourrai pas me joindre à vous ce soir, désolée.
J'ai pourtant lu le livre jusqu'au bout. Il a fallu que je m'accroche
un peu car j'avoue que ces réflexions sur la recherche en littérature
sont un peu loin de moi (je m'intéresse davantage au fond des uvres
que je lis, les personnages, l'intrigue, l'histoire qu'elles racontent...)
et que je manque des références littéraires nécessaires
(je connais par exemple très mal le Nouveau roman).
J'ai eu un peu de mal avec certains passages qui ont failli me faire abandonner,
par exemple au chapitre 3 : "Du
fait de l'homologie entre les champs (par exemple entre le champ artistique
et le champ du pouvoir), les révolutions opérées
au sein d'un champ, même très restreint et très spécialisé,
peuvent avoir des effets révolutionnaires selon la logique du coup
double, sur la base de l'homologie que le champ révolutionnaire
entretient avec un autre champ, et en particulier avec le champ politique".
C'est de Pierre Bourdieu !
Au passage, quelques citations qui laissent rêveur : "si
le peuple t'applaudit, interroge-toi qu'ai-je fait de mal, s'il t'applaudit
pour ton second livre, jette ta plume aux orties. L'art
pour le peuple laissons ce slogan aux nazis et aux communistes" ou
"Le roman est le comble
de la grossièreté" (Paul Valery)
J'ai été intéressée en revanche par l'idée
de la culpabilité de l'écrivain qui reste dans sa mansarde
à se torturer sur la place des virgules alors que le monde va si
mal, par les solutions envisagées ("Venger
sa race" et "Trahir sa classe"),
la discussion sur l'autonomie de l'écrivain, sur le contenu moral,
sur le rôle de l'éditeur, sur importance du sens... Et par
toute la 2e partie, c'est-à-dire les perspectives qu'elle envisage
pour "rouvrir le roman" : la typographie, les métaphores,
la façon d'écrire les dialogues, dont elle souligne très
bien tout l'intérêt et toute la richesse.
Bref, je ne regrette pas de l'avoir lu. J'ai noté au passage des
livres ou des noms d'écrivains que je connais pas et essaierai
de lire ; ça m'a rappelé certaines discussions du groupe
et peut-être cela pourra-t-il me permettre d'approfondir mes analyses
de lecture...
Monique L
À nouveau je ne pourrai pas être parmi vous et j'en suis
désolée. Heureusement, je n'ai pas grand chose à
dire...
Cet essai m'a ennuyée, même parfois irritée. Le sujet
est pourtant intéressant mais le plan, l'écriture, m'ont
laissée sur ma faim. Il y a pourtant des idées intéressantes.
Je vois dans cet essai un exercice, une thèse mal défendue.
Je n'ai rien lu de Sophie Divry, mais pour l'instant je ne suis guère
tentée de le faire.
La lectrice que je suis n'arrive pas à comprendre le succès
de ce livre. J'attends avec impatience les commentaires de ceux qui l'auront
apprécié.
Fanny
J'étais enthousiaste à l'idée de le lire. Je l'aurais
lu si on ne l'avait pas lu dans le groupe, avec ce questionnement sur
ce qu'est un roman aujourd'hui. Mon enthousiasme est vite retombé.
Au chapitre 2, comme Catherine, il y a des phrases où je n'ai rien
compris. Par exemple à propos de Bourdieu p. 56, elle dit :
"Si c'est une démarche
saine de porter au cur des écrivains la blessure narcissique
propre aux sciences sociales" ; c'est quoi cette
blessure narcissique ?...
Geneviève
Et puis justement elle ne cite pas Bourdieu mal digéré,
mais parle pour lui.
Fanny
Je ne suis dit je vais m'accrocher. Plus j'avançais, plus je me
disais elle ne dit pas grand-chose. Le sommaire est explicite et suffirait,
il résume ses idées. J'ai l'impression qu'elle enfonce des
portes ouvertes. Dès que je l'ai eu fini, et c'est tout récent,
je ne me souvenais plus de rien. Ça c'est étiolé.
J'ouvre au quart, je suis très déçue.
Jacqueline entre
et
J'ai beaucoup apprécié ce plaidoyer pour le roman, ça
ça me plaît. On ne sait pas trop s'il existe. Le livre me
permet de comprendre pourquoi je peux aimer Laferrière et ses romans
très très courts et Proust pour ses phrases qu'on déguste.
C'est très bien. Elle s'engage. Elle parle de son métier,
p. 19 elle dit bien :"Nos
réflexions ne seront pas les mêmes que celles des universitaires.
Pour nous, un livre n'est pas quelque chose que l'on commente après
coup : c'est, concrètement, une
chose à faire.
Toutes les phrases doivent se finir. Les adjectifs doivent être
choisis. Les points doivent être bien mis. Ces séries de
choix viennent bien de quelque part en nous et aboutissent de fait à
une esthétique, et pas à une autre". J'ai
bien aimé ce point de vue d'écrivain. J'ai bien aimé
qu'elle s'attaque à la doxa, aux idées toutes faites, qu'elle
les démonte. J'ai appris des choses, c'est drôlement documenté.
C'est la lectrice qui me plaît. Ça me donne envie de lire,
y compris de relire avec une autre clé des romans que je n'ai pas
appréciés (Robbe-Grillet). J'ai l'impression qu'elle aime
des auteurs que j'aime : p. 201 elle mentionne La
Médaille
de Lydie Salvayre, Un
jour dans l'année
de Christa Wolf. Comme je voulais lire un roman de Sophie Divry, j'ai
choisi Le
journal d'un recommencementque je pensais proche de C. Wolf
et je n'ai pas été déçue. J'ai envie de la
juger plus en écrivain qu'en essayiste. Ouvert entre grand et ¾.
Annick A
J'ai été très intéressée et j'ai eu
beaucoup de plaisir, c'est bien écrit, c'est clair. Oui, il y a
des phrases que j'ai relues. Je n'ai pas fait d'études littéraires,
et j'ai appris énormément de choses. Quand elle parle du
matérialisme historique, cela m'a permis de comprendre des discussions
qui débouchaient sur de la politique quand je parlais de la littérature.
Tout ce qu'elle amène m'a appris. Le Nouveau roman je connaissais.
J'aime bien p. 60,
le tableau très pertinent, ces notions je ne les avais pas.
Je suis d'accord sur sa façon de penser les choses, excluant les
dogmes. Sur la culpabilité, ça m'a un peu étonnée,
concernant ceux de gauche. La deuxième partie, ce sont des chantiers
possibles qui ne sont pas si novateurs : pour ce qui est de la typo,
je me suis rendu compte que je ne fais pas attention, cela m'a éveillée.
Le groupe lecture, le livre en parle p. 20, à propos d'une
théorie "celle
du roman as usual,
faite d'une suite de codes et de traditions. Le roman as
usual, qui se répète
avec succès, demande un sujet à la mode, une intrigue vraisemblable
et haute en couleur, des personnages bien campés auxquels on peut
s'identifier, un style d'une lisibilité digeste, quelque chose
de clair, d'immédiatement compréhensible et reconnaissable" :
il s'agit là de livres que j'hésite à présenter
au groupe, car trop romanesques. Jusqu'où on refuse le romanesque
? C'est L'amie
prodigieuse. Et pourtant je l'ai défendu. Je me souviens
de Nathalie
Sarraute, qu'on avait démoli, qui n'est plus à la mode.
Si on avait lue à d'autres moments, aurait-on réagi différemment ?
Jacqueline
Quelqu'un avait dit que c'était "daté" ce que
j'avais pris pour une critique ("c'est dépassé")
or Sophie Divry me ferait dire qu'effectivement c'est daté au sens
où c'est ce qu'il fallait écrire à ce moment-là !
Annick
On lit un livre à tel âge, on l'a aimé, puis on se
demande pourquoi.
Jacqueline
Elle apporte des outils.
Annick
J'ouvre aux ¾, j'ai vraiment eu du plaisir.
Séverine
J'avais vu La
Condition pavillonnaire, une Bovary moderne. J'étais un
peu réticente quand j'ai vu le choix, oh la la
. J'ai lu d'abord
cette idée que les écrivains ne s'offrent pas la possibilité
de théoriser. La deuxième partie est plus simple, la première
partie est plus dure à lire : on apprend des choses, cela
porte à réfléchir, par exemple sur le fait que le
Nouveau roman renvoie à la dernière époque où
il y a un véritable mouvement littéraire. J'ai noté
des noms d'auteurs, surtout dans la deuxième partie ; il y a un
aspect pédagogique, par exemple quand elle met en parallèle
Zola et Hubert Selby Jr. Il y a des moments drôles aussi. Elle remet
au goût du jour le graphisme. Les écrivains ne s'autorisent
pas certaines choses. Et Sophie Calle ! Intéressante pour
le groupe est la distinction
entre l'intrigue-histoire et l'intrigue-tension. C'est de la première
vis-à-vis de laquelle on a des réticences.
Claire
C'est ce que veut dire Katell quand elle dit d'un livre "y a trop
de narratif"...
Séverine entre
et
Sophie Divry dit que ce n'est pas la peine de raconter autant que des
séries télé. J'ouvre entre moitié et trois
quarts, car on apprend des choses et j'ai été surprise d'apprécier
car j'étais sceptique. C'était une bonne suggestion et ça
change.
Lisa
Quand j'ai acheté le livre et que je l'ai feuilleté, je
n'étais pas du tout enthousiaste. Un auteur qui écrit sur
le roman et sur les auteurs, ça me semblait un peu trop nombriliste
et j'avais "peur" d'être exclue. J'ai ouvert un peu, j'ai
commencé la lecture
j'ai adoré... J'ai été
passionnée ! Tout est intéressant ! Dans la première
partie, j'ai appris plein de choses, des choses auxquelles je ne réfléchis
pas d'habitude : la place de l'écrivain, la façon dont
on construit un roman, la façon dont les écrivains travaillent.
Dans la deuxième partie, j'aime bien les exemples, cela donne envie
de lire les romans cités en exemple. J'aime bien p. 101 le
"fun fact" à propos de Faulkner qui "voulait
faire imprimer en différentes couleurs les strates temporelles
dans Le Bruit et
la Fureur". Le Nouveau roman je connaissais peu, j'ai lu La
Jalousie de Robbe-Grillet, j'ai aimé découvrir
l'influence de cette période. J'ouvre en grand. J'ai lu la doc,
mais je n'ai pas envie de lire
La condition pavillonnaire. C'est une bonne idée d'avoir
lu ce livre car, comme tu disais Annick, ça soulève des
questions.
Geneviève
Ça m'est tombé des mains. J'ai peur
de ne pas être juste. En cette période de rentrée,
saturée de travaux théoriques à relire, j'avais plutôt
envie d'un polar. Et par manque de temps, je l'ai lu très vite.
Parce que j'ai fait des études littéraires, je crains d'être
prétentieuse dans mes remarques. L'idée me paraissait pourtant
attirante. J'étais intéressée par ce projet de donner
le point de vue d'un écrivain sur la littérature sans s'enfermer
dans une approche théorique. Or je suis déçue et
même presque en colère. Je me suis forcée dans la
première partie, ça a été mieux dans la deuxième.
Dans la première partie, j'ai l'impression d'un savoir théorique
mal digéré. C'est le cas pour les citations de Bourdieu,
tronquées et incompréhensibles ; par exemple ce titre
de chapitre "L'État
est-il un facteur d'hétéronomie ?"
(p. 91) : hors contexte, le terme est incompréhensible
et inutile, une caricature de Bourdieu ! Des choses m'intéressent
pourtant, notamment lorsque l'auteur se situe clairement du point de vue
de l'écrivain ; elle met les pieds dans le plat, de temps
en temps c'est bien, notamment lorsqu'elle évoque les conseils
des éditeurs et leur
représentation de "ce qui fait lire". Mais
le reader's digest théorique, non ! En revanche, elle est
intéressante lorsqu'elle parle de ses lectures : ainsi elle
m'a donné envie de lire Raymond
Federman ou Edgar
Hilsenrath. Je partage aussi plusieurs de ses références
théoriques. Elle cite
La transparence intérieure, c'était une référence
importante pour mon DEA qui portait sur la littérature de jeunesse.
J'avais adoré L'art
du roman, là, on est entre une simili thèse et un
simili Kundera. J'ai souvent l'impression qu'elle enfonce des portes ouvertes,
par exemple sur l'évolution du roman du narrateur omniscient au
flux de conscience. En revanche, il y a de jolies images dans la deuxième
partie : par exemple la comparaison entre sonate et littérature
("contrairement à
une sonate la littérature se frotte au sens" p. 107).
Mais ça m'agace quand elle dit p. 118 :
"rien de plus risqué
que de faire exactement le livre que l'on voulait, comme on rédige
une thèse" ; désolée, il en
va de même pour une thèse, ou pour tout travail d'écriture.
Elle a une difficulté de positionnement, elle effleure et ne déconstruit
pas, on sent à la fois une attirance et un rejet pour la recherche
universitaire. Elle est nettement plus convaincante quand elle parle en
tant qu'écrivain, notamment de son rapport
aux éditeurs. J'ai été déçue, je
n'ai pas vraiment le sentiment d'avoir découvert quelque chose
de nouveau : j'ouvre ¼.
Claire
D'abord j'ai vu un très joli objet livre : sa taille, sa couverture,
son marque-page intégré.
Henri
Je ne l'ai pas dans mon livre d'occasion...
Claire
Et les éditions Noir sur blanc que je ne connaissais pas :
intéressante, leur
présentation. J'ai eu vraiment beaucoup de plaisir à
lire ce livre qui pour moi est semblable à un roman, qui a une
histoire qui est racontée. Là c'est l'histoire de sa réflexion
qui se déploie, le personnage c'est elle, Sophie Divry, l'auteur
en général et la galerie des lecteurs. Y a des gentils y
a des méchants, y a des émotions, et l'écriture contribue
au plaisir. En symétrie des préoccupations de cette auteure,
je retrouve bien celle de la lectrice que je suis.
La préface pose bien l'ensemble, les actions dans le livre
sont bien annoncées p. 25. Je trouve que le dialogue
avec l'éditeur est un morceau d'anthologie, avec le dilemme
innovation/séduction du lecteur : on se croirait au groupe lecture !
Et, comme toi Annick, j'ai relevé le roman dit as usual,
qui m'a semblé tout à fait ressembler au contraire d'un
livre-pour-le-groupe-lecture. J'ai moi aussi bien aimé le tableau
des méchants et des gentils. La réflexion sur le style
d'un auteur est essentielle et ses piques vis-à-vis de Bergounioux
théoricien (qu'on avait lu comme
romancier dans le groupe) réjouissantes : j'ai lu du coup
Le
style comme expérience du dit Bergounioux et je partage
l'agacement de S. Divry. De même que sa charge à l'égard
des éditions de Minuit.
Annick
???
Henri
Ah oui, leur formatage !
Claire
Je trouve stimulant qu'elle invite les auteurs à cultiver leurs
champs avec plusieurs cultures ; j'ai feuilleté d'ailleurs
ses quatre romans, et chacun a une forme bien différente. J'ai
trouvé intéressants les notions de surmoi littéraire
p. 23, de pureté, les trois monnaies de l'écrivain
p. 98 (le succès, la liberté que permet l'argent, les
critiques littéraires qui ouvrent d'autres portes). Je me demande
si le mot "moral" convient pour parler du contenu, des thèmes d'un
livre ? Elle souligne le fait que toute innovation est élitiste
et le travail d'équilibriste à mener, comme c'est juste.
Elle rappelle à bon escient que le lecteur trouve ce que l'auteur
n'a pas voulu y mettre p. 107. J'aime beaucoup aussi la parole de Henry
James p. 104 qui disait que lire provoque deux types de réactions
: "C'EST BIEN AINSI"
quand on lit "la description
de nos sentiments mieux que nous ne pourrions le faire"
et...
Henri
"C'EST DONC AINSI"
!...
Claire
"qu'on ressent face
à des aventures qu'il nous est permis de vivre par procuration".
Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre. Je n'ouvre qu'aux ¾ parce
qu'il prête le flanc aux critiques telles celles de Geneviève.
Henri
Je suis arrivé par erreur au groupe de lecture alors que je cherchais
un groupe d'écriture, ce qui explique aussi que ce livre m'ait
beaucoup plu. Je l'ai lu deux fois dans la même journée.
Je l'ai trouvé intéressant car il est un écho à
des échanges non théorisés que nous avons ; il renvoie
ainsi à des livres comme celui de Maylis de Kerangal où
l'on reconnaît l'auteur dès les premières lignes,
ce qui n'est pas forcément positif. J'ai beaucoup appris, ça
m'a relié des domaines. Et contrairement à toi Geneviève
j'ai bien aimé. J'ai fait tardivement des études de philosophie,
et dans tout mon parcours, je mets dans le domaine de l'apprentissage
le musicien de jazz au dessus de tout, au-dessus de la thèse. Je
parle des connaissances acquises par rapport à l'activité.
La méthode d'apprentissage du jazz est mixte, impure, non académique.
Ce livre me refile des accords. J'avais lu L'art
du roman, j'avais fait une arborescence, ça ne m'a pas
servi pour écrire. Si, à acquérir des connaissances.
Cela n'a pas permis de faire. Elle, elle m'envoie des méta
messages. Et ce n'est pas un manuel. Je te refile deux ou trois trucs
et on fait le buf. Je fais, je théorise un petit peu. Ça
m'a beaucoup plu, non pas pour capitaliser du savoir.
Geneviève
Ce que tu décris c'est le livre que j'aurais voulu lire.
Henri
Les livres que j'ai lus sur le bon roman ne donnent pas envie de lire.
Annick
Elle, elle donne envie de lire.
Henri
C'est libérateur.
Annick
Oui.
Jacqueline
On sent son boulot d'écrivain, celui où on se coltine avec
la forme adéquate à une pensée...
Séverine
À qui ça s'adresse ? Elle le dit, à de jeunes écrivains.
Fanny
Pour ce qui est des idées, je suis d'accord, mais j'aurais aimé
qu'elle aille plus loin.
Geneviève
Moi aussi.
Fanny
Ce n'est pas assez abouti. Les chapitres plus durs à comprendre,
elle aurait pu y exprimer les choses plus simplement.
Geneviève
A la fin, p. 200, elle dit que ce qu'elle a fait n'est qu'un préambule,
c'est exactement ce que ce que j'ai ressenti.
Fanny
Je te rejoins. À l'oral je l'ai trouvée meilleure.
Annick
Pour moi elle est en train d'écrire une suite.
Claire
Au contraire de toi Fanny, à l'oral j'ai trouvé la réflexion
raccourcie parce que ne pouvant se développer comme dans le livre.
Fanny
Je me souviens que pour Bayard, ce livre que j'avais détesté
Aurais-je
été résistant ou bourreau ?, tu l'avais aussi
considéré comme un roman, livre que j'avais fermé,
fermé...
Henri
Les tableaux et
l'entonnoir c'est
très pertinent.
Fanny
Pour créer, personne n'est jamais libre, remarque-t-elle p. 115-116.
Geneviève
"Nous ne perdrions
pas beaucoup à abandonner l'idée que le public lit bien
ou mal", dit-elle p. 99. On a vu que ce n'est pas qu'une
question de formation, car Fanny et moi on a réagi pareil.
Séverine
Elle appelle à l'audace.
Claire
L'audace d'utiliser des trucs traditionnels.
Annick
Elle dit p. 132 : "Il
faudra un jour que les littéraires se retournent sur eux-mêmes
et contestent les postulats qui président à l'établissement
d'une histoire officielle mettant en avant certains choix, d'art pour
art, de formalisme, certaines valeurs et certaines tonalités, plus
sérieuses que fantaisistes, plus graves que drôles, plus
cyniques que naïves, plus aristocrates que prolétariennes,
plus solitaires qu'organiques, plus dures que compassionnelles, plus droites
que tordues, plus chic que
gore, afin qu'on
puisse puiser dans toutes les traditions littéraires, et ainsi
hériter sans désespérer."
Henri
Ce qu'elle dit sur les images est important p. 171 : alors
que les images publicitaires ou télévisuelles s'imposent
à nous, "les
comparaisons littéraires suggèrent ; elles nous laissent
imaginer. Il serait donc extrêmement dommageable que le trop d'images
contemporain finisse par tuer les seules images qui vaillent ; celles
qu'on ne voit pas." Le roman devrait s'écrire pour
qu'on ne puisse pas le scénariser. Les romanciers as usual,
ils écrivent des séries.
Claire
Remarque, il y a des écrivains qui disent que là où
vraiment on peut innover question écriture, c'est dans les séries,
à la pointe de l'écriture (il faut vraiment que je me mette
à en voir
)
Henri
J'ai lu un Chalandon, je suis agacé. Et Maylis de Kerangal, pourquoi
je me laisse prendre ?
Geneviève
J'ai besoin de l'avis des autres. Quand je n'ai pas aimé, j'ai
hâte d'entendre l'avis des gens qui ont aimé dans le groupe.
C'est un kaléidoscope qui fait pivoter.
Claire
Oh c'est joli !
D'autres écrivains théorisent qu'elle n'a pas mentionnés
: outre Kundera dont plusieurs ont parlé, Jean-Philippe Toussaint
avec L'urgence
et la patience (que je m'étais risquée à
proposer au groupe sans aucun succès), Danièle Sallenave
avec Le
Don des morts : sur la littérature, Umberto Eco dont nous
n'avons pas lu Le
nom de la rose mais qui a écrit plein d'essais, même
Pennac avec
Comme un roman que nous avions lu (et que Brigitte avait taxé
de livre-pour-parents-d'élèves
).
Les auteurs qu'elle cite et que le groupe n'a pas lus donnent envie de
les lire : Gunther
Grass...
Geneviève
... que des gros livres...
Claire
...
Arno Schmidt, Raymond
Federman, Edgar
Hilsenrath. Thomas
Pynchon (j'ai vu ailleurs qu'on évoquait son absurde et son
érudition entraînant une "jouissance au carré" !...),
Hubert
Jr. Selby avec
Last exit to Brooklyn ; elle n'a pas peur des pavés
: William
H. Gass avec son Tunnel
(loué p. 106 et 172, avec ses
700 pages),
Fuentes avec Terra
Nostra (plus de 800 pages aussi),
Bolaño (avec son roman
2666 qui a seulement 1376 petites pages) et
L'infinie comédie de
Wallace (que 1488 pages)...
Séverine
Et j'ai été étonnée de retrouver Marguerite
Audoux qu'on va lire (p.
78 et 80).
Fanny (après la soirée)
Je me demande cependant si cette essai ne cheminera pas en moi et influera
à l'avenir sur ce que je pourrai dire de mes lectures...
Le livre incitant les écrivains
à l'audace, les lecteurs que nous sommes faisons preuve d'audace
à notre tour, choisissant pour la première fois un livre
sans texte (que du narratif, que du style ?...)
Là
où vont nos pères de Shaun
TAN
Quelques repères
bio et bibliographiques
- 1979 : Sophie
Divry naît à Montpellier, fille d'un commerçant
et d'une mère professeure de français.
- 2004 : Après
un diplôme de journalisme (ESJ
de Lille), entre comme journaliste au mensuel La
Décroissance.
- 2007 puis
2008 : Candidate aux élections législatives,
puis aux élections municipales de Lyon sur une liste anticapitaliste.
Voir une interview de Sophie Divry, candidate : "Collomb
menacé sur sa gauche ?", Lyon Capitale,
12 février 2008.
- 2010 : Premier
roman La
Cote 400, éd. Les Allusifs (10/18,
2013). Quitte le journalisme.
- 2013 : Le
journal d'un recommencement, éd. Noir sur Blanc, coll.
"Notabilia", Montricher, Suisse.
- 2014 :
La
Condition pavillonnaire, éd. Noir sur Blanc (J'ai
lu, 2015). Reçoit la mention spéciale du prix Wepler.
Voir les articles :
- "Je
ne crois pas à l'originalité dans l'art" : interview
de Sophie Divry par Bernard Strainchamps, Feedbooks, 21 août
2014.
- "Réduction
du champ des possibles", Raphaëlle Leyris, Le Monde,
4 septembre 2014.
- 2015 : Quand
le diable sortit de la salle de bain, éd. Noir sur Blanc
(J'ai
lu, 2017). Voir les articles :
- "Passé
simple et présent compliqué", Santiago Artozqui,
Nouvelle Quinzaine Littéraire, n° 1135, 16 septembre
2015.
- Le Monde,
20 août 2015 : "Quand le diable sortit de la salle
de bain, de Sophie Divry" ; "Sophie dans la dèche,
Divry dans l'invention", Raphaëlle Leyris ; "Quand
le diable sortit de la salle de bain", Florence Noiville.
- "Quand
le diable sortira de la salle de bain : interview de Sophie
Divry", Révolution permanente, 26 avril 2016.
- 2016 radio
: participe à l'émission Des
Papous dans la tête sur France Culture.
- 2017 : Rouvrir
le roman, éd. Noir sur Blanc.
- Voir les articles : "Sophie
Divry, en lettres écarlates", Raphaëlle Leyris,
Le Monde, 23 mars 2017 ; "Rouvrir
le roman", Aurélien Delsaux, Études, avril
2017, "La
mystérieuse affaire du style", Le Monde diplomatique,
n° 757, 1er avril 2017.
- Rencontre à la
Maison de la poésie pour Rouvrir le roman le
19 avril 2017, avec deux écrivaines qu'elle avait invitées
: Céline Minard et Olivia Rosenthal - Rencontre animée
par Guénaël Boutouillet
- Radio : plusieurs émissions à France Culture ICI.
- Télévision La Grande Librairie : Sophie Divry
se plie à l'exercice "Le
livre qui a changé ma vie" en 2015 tandis que Kamel
Daoud, dans
une autre émission de 2017 (où l'essai de Sophie Divry
est présenté), semble peu concerné par ses réflexions
sur le roman... et Éric-Emmanuel Schmidt étonné
de l'influence du nouveau roman...
Pour consulter cette documentation en un document pdf
: ICI
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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