Quatrième
de couverture : À la mort de son épouse Birgit, Kaspar
découvre un pan de sa vie quil avait toujours ignoré
: avant de quitter la RDA pour passer à lOuest en 1965, Birgit
avait abandonné un bébé à la naissance. |
Bernhard SCHLINK (né en 1944)
|
Les
21 cotes d'amour |
Monique
L(depuis
la Dordogne)
J'ai été happée par ce roman où se mêle
une histoire intime, conjugale et familiale, et l'Histoire avec un grand
H. Celle de l'Allemagne et la déchirure entre l'Est et l'Ouest,
avant et après la chute du Mur de Berlin ainsi que celle entre
l'Allemagne démocratique et les résidus du nazisme du völkisch.
J'y ai vu beaucoup de finesse et de subtilité pour rendre palpables
les différences entre les deux Allemagne sans s'y appesantir. Ce
récit met en lumière les difficultés liées
à la réunification : les Allemands qui viennent de l'Est
cachent leur origine et gardent un rapport ambigu avec leur passé.
Il montre la difficulté qu'il y a à se rencontrer pour des
êtres qui ont grandi dans des réalités très
différentes.
J'ai apprécié les thèmes abordés : la transmission
et la tolérance, le rôle émancipateur de la culture.
C'est un bel hommage à la musique et à la littérature.
Je trouve que ce roman allie intelligence, style et sensibilité.
Ça a été une lecture pleine d'émotions et
qui porte à la réflexion. Mais ce qui m'a émue et
touchée avant tout c'est la tendre relation qui se tisse peu à
peu entre Sigrun et son grand-père. Un lien puissant s'est tissé,
entre eux mais il reste ambivalent et fragile. Sigrun est déchirée
entre des parents qu'elle aime et un grand-père inattendu dont
elle se méfie encore, tout en sachant ce qu'il peut lui apporter.
Sigrun se révélant sensible à la musique et douée
pour le piano, c'est par ce biais que, tout en douceur et en intelligence,
son grand-père tissera peu à peu avec elle une relation
d'affection et de respect mutuel. Il lui offre sa sagesse et sa culture.
Il l'amène à des concerts, dans des musées ; il lui
fait écouter des disques, il lui propose des explorations littéraires
à la librairie, il mène avec elle des conversations subtilement
dirigées en espérant lui fournir les moyens de réfléchir
par elle-même. J'ai été touchée par la façon
dont est décrite la naissance puis la lente évolution de
l'attachement entre Kaspar et sa petite fille. Ils avancent main dans
la main vers une difficile reconstruction qui fait écho à
la difficile réunification du pays.
Dans ce drame relationnel il est question d'aimer l'autre dans son indéchiffrable,
désespérante voire insupportable différence.
L'auteur ausculte la place du passé dans le présent, nous
interroge puissamment sur ce qui peut unir ou séparer les êtres.
Ce qui est intéressant c'est la manière dont est mené
ce récit qui aurait pu être mièvre. La fin ne trouve
guère d'autre réponse que la fuite vers le vaste monde.
J'ouvre en entier.
Danièle
(à Carpentras)
Ce roman est une sorte de saga en trois parties, qui relate les relations
de personnages issus de l'Allemagne de l'Est et de l'Allemagne de l'Ouest
à l'époque du mur. La première partie est certes
une étape narrative nécessaire pour la compréhension
de la suite. Mais je l'ai trouvée ennuyeuse et didactique : aucune
empathie avec les personnages, une certaine raideur (ou froideur ?) dans
les prises de position, trop d'application à vouloir retracer les
méandres des relations Est-Ouest. Les confidences de Birgit dans
son journal semblent artificielles, même si elles apportent une
épaisseur psychologique. Et qui plus est j'ai trouvé dès
cette première partie une certaine lourdeur de style, dont je ne
sais si elle tient à l'auteur ou à la traduction. Bref,
ce fut pour moi un soulagement d'en voir la fin.
Quel plaisir au contraire d'entrer dans la suite du roman, qui est une
enquête sur le passé et devient un défi lancé
à Kaspar : pourra-t-il et aura-t-il le droit de réparer
les blessures du passé, au nom de la mère qui a abandonné
sa fille à la naissance, et dans une Allemagne où les extrêmes
s'affrontent ? Le plus important devient les relations personnelles entre
le grand-père d'adoption, et celle qu'il considère comme
sa petite-fille. Le respect mutuel qui les lie est émouvant et
fait avancer le roman vers une fin Idéalisée. Malgré
une réalité dérangeante, le grand-père a une
confiance absolue dans l'avenir de Sigrun, comme l'avait prédit
Birgit
pour sa fille.
J'ouvre à moitié.
Maëva(en
tournage dans le Sud)
J'ai beaucoup aimé. Birgit d'abord. Ce personnage m'a intriguée
très tôt, de par le mystère qui la nimbe et le fait
qu'elle nous échappe toujours. Au moment où on la découvre,
elle nous quitte d'une "mort par impatience" p. 15
et quand elle se livre, enfin, dans son roman, il s'arrête presque
aussitôt, devant sa quête inachevée. J'ai éprouvé
une fascination pour ce personnage et j'ai été touchée
par son questionnement, le fait de ne se sentir chez elle ni ici ni là-bas,
"dans un autre monde,
venant d'un autre monde" p. 72,
qui m'a d'ailleurs rappelé celui d'Akira Mizubayashi dans Une
langue venue d'ailleurs que nous avons lu en juin 2022.
J'ai trouvé les personnages justes et j'ai apprécié
le rythme de l'histoire. Que ce soit la partie de Birgit, la quête
de Svenja, les visites de Sigrun et le dénouement, l'ensemble m'a
paru fort bien équilibré.
J'ai trouvé le style humble, subtil et efficace ; il y a une
simplicité touchante, des phrases qui marquent sans en faire trop
: "il l'aimait, elle
allait bien, tout allait bien" p. 11
; "le vide, la douleur
du vide, la douleur" p. 42 ; "il
partit sous la pluie et arriva de même" p.
101. Ça vise juste, sans être pompeux.
Le thème de l'identité à travers tous ces "peut-être"
nous plonge dans le conditionnel de nos choix, dans cette pensée
obsédante : qu'aurait été ma vie si j'avais pris
ce chemin ? "Mes
vies non vécues sont miennes comme celle que j'ai vécue"
p. 41 ; l'empreinte du passé sur
le présent ; la question de la perte de repères et de l'identité
liée à une nation "ce
qu'ils avaient appris et fait en RDA ne valait souvent plus rien"
p. 95 ; le décalage ressenti : "on
les interrogea comme on questionne quelqu'un qui rentre de voyage"
p. 76 ; les questions idéologiques
et la manière d'y répondre, tout cela m'a passionnée
!
La façon dont Kaspar échange avec Sigrun, sa stratégie,
et finalement sa résignation : "il
ne pouvait pas faire son éducation politique" p. 188
a beaucoup résonné, sûrement parce que la question
de l'échange/débat avec des personnes aux idées politiques
si radicales m'a souvent interrogée. Il cherche
à amener sa petite-fille ailleurs, plutôt qu'à forcer
son opinion et en ce sens, le roman traite de cet épineux sujet
avec finesse.
Par ailleurs, l'ancrage de l'histoire dans une époque où
les extrémismes et la nostalgie d'un temps passé glorieux
refont surface dans plusieurs pays européens, apporte un contexte
d'autant plus glaçant (comme si la réalité décrite
n'était déjà pas suffisante !).
Bien que séduite par le roman, je me pose quand même la question
de cette culture rédemptrice, accessible seulement par une forme
d'élite disposant à la fois d'une éducation et des
moyens pour y accéder.
J'ouvre en grand.
Laura entreet
(avis
transmis)
Pendant toute ma lecture, j'ai eu l'impression de faire face à
de la vraie "littérature contemporaine", c'est-à-dire
un livre avec un sujet original, mais plein de manques, plein de vides,
comme non achevé et
banal finalement. Je ne l'ai pas détesté ;
au contraire, j'ai plutôt apprécié l'histoire. J'ai
trouvé les personnages touchants, avec étonnamment plus
d'intérêt pour Björn, que je trouve plutôt complexe
- déchiré entre la rage et la haine pour l'altérité,
et l'amour, la tendresse et le sens de la famille qu'il peut avoir - et
pour Birgit, qui m'aura manqué à partir de la deuxième
partie de l'ouvrage, comme elle manque à Kaspar finalement. Mais
quant aux autres, je les ai trouvés légèrement exaspérants,
mais supportables. Sigrun m'a fatiguée tout du long, autant par
sa détermination dans ses projets et rêves de ce qu'est l'extrême
droite, autant dans ses doutes quant à la musique, la vie avec
Kaspar etc. Quant à Kaspar, ce sont ses questions interminables
et redondantes qui m'ont rapidement lassée (ceci dit, il en était
de même de Birgit, lorsqu'elle imagine ce qu'aurait pu être
sa vie à l'Est). Toutes ces questions que j'ai retrouvées
du début à la fin de l'ouvrage, sur la manière dont
aurait pu être la vie des personnages (et si
et si
-
ce qui est fait est fait !), au sujet de ce qu'il faut faire, ce qu'il
faut penser, comment pensent les autres, que ressentent-ils, etc., j'en
ai soupiré. À chaque question, j'ai eu l'impression de faire
face à un récit maladroit, non maitrisé, incapable
de dire ce qu'il avait à dire - vide.
Dernier point. J'ai apprécié les aventures de Birgit, les
déambulations de Kaspar dans Berlin (je le suivais et m'y retrouvais
grâce aux souvenirs de mon voyage), la recherche de Svenja et l'enchaînement
d'une histoire factuelle : Kaspar lit les carnets de Birgit, il part rencontrer
Paula, il rencontre Léo, Svenja, etc. J'ai apprécié
toute cette recherche, et Kaspar m'emmenait avec lui à chaque fois
(c'est le dîner dans le jardin de Paula qui m'a vraiment transportée
sur place). Mais, dès lors que Sigrun est apparue, et dès
lors qu'ont débuté les passages des vacances de Sigrun chez
Kaspar (la dernière partie incluse), la répétition
des taches purement factuelles et du déroulement de la journée
m'est devenue insupportable. Un chapitre débute : Sigrun prépare
le petit déjeuner, au suivant, elle va se coucher. Toujours la
même histoire - dans la dernière partie notamment - comme
si les jours devaient absolument passer un à un dans leur entièreté
pour qu'advienne quelque chose. Exaspérant ! Conclusion :
j'ai moyennement apprécié le livre, et si je ne l'avais
pas lu ça n'aurait rien changé. Je l'ouvre entre ¼
et ½.
PS : j'étais à la rencontre avec l'auteur, j'avoue avoir
fait ma groupie alors que je n'avais lu que 80 pages environ
j'aurais
bien aimé que ses informations sur le sentiment global des Allemands
de l'Est soient sourcées, et qu'il parle un peu plus du livre.
Je n'ai pas tout compris de la traduction ni de l'histoire de l'Allemagne,
mais j'ai été quand même ravie de le rencontrer et
de retrouver certains du club !
Annick L(à
Londres)
Un très beau roman, émouvant et passionnant.
On peut faire un parallèle avec Le
liseur que j'ai lu il y a
longtemps et dont j'ai vu l'adaptation au cinéma : ce romancier
a beaucoup de talent pour tisser des histoires humaines douloureuses en
lien avec l'histoire politique de l'Allemagne. Sauf qu'il est ici question
des problèmes posés par la réunification pour les
habitants de l'ex-RDA et de la montée d'une extrême-droite
revencharde et nationaliste dans cette partie du pays, un sujet qui m'inquiète
beaucoup, au vu de l'actualité. J'ai lu des articles, vu des documentaires,
mais dans ce roman cette réalité est incarnée par
des personnages suffisamment complexes pour que j'aie l'impression de
comprendre un peu mieux les mécanismes en jeu, aussi bien chez
les parents de la "petite-fille", Svenja et Björn, que
chez ces jeunes néo-fascistes ultra-violents que fréquente
un temps Sigrun (au prénom de valkyrie).
Le lecteur se confronte à eux, à leur rancur, à
leur haine de l'autre, à leur idéologie négationniste
à travers le regard de Kaspar, ce vieux monsieur cultivé
et plein d'humanité, très démuni face à ce
milieu hostile. Björn est particulièrement odieux mais Kaspar
montre plus de compréhension à l'égard de Svenja,
l'enfant abandonnée par son épouse, au parcours chaotique.
L'expérience est rude : j'ai été fascinée
(et horrifiée), dans la seconde partie, par cette rencontre avec
les parents de Sigrun et la découverte de cette communauté
völkisch primitive, totalement coupée du monde alentour,
qui vit dans la croyance en l'existence d'un peuple germanique élu,
qui veut " effacer les mensonges de l'Histoire " et reconquérir
le monde. Un type de société qui m'a fait penser aux sectes.
Pour autant, ce qui me restera de ce roman c'est le processus de construction
d'un lien entre le " grand-père " et la jeune Sigrun,
cette " petite-fille " qui a grandi dans ce monde clos sur lui-même,
et a été dressée au combat contre toute forme d'altérité.
Kaspar va faire preuve d'une grande patience (à l'égard
des parents de celle-ci) et d'une infinie tendresse pour ouvrir les yeux,
les sens et l'esprit de Sigrun à la beauté du monde (les
villes, les paysages), au pouvoir de la littérature (comme dans
Le
liseur) et,
surtout, de la musique. C'est un très beau récit initiatique,
fait d'avancées et de reculs, mais dans lequel Sigrun, grâce
à ses ressources personnelles et à son talent de pianiste,
va pouvoir prendre appui sur l'amour de son grand-père pour tracer
sa propre voie. J'ai été très émue par cette
histoire de transmission, plutôt constructive.
Et j'ai apprécié que la fin soit aussi ouverte.
J'ouvre en grand.
Claire
Sabine m'a annoncé qu'elle envoyait son avis, chouette, je l'ai
suppliée de ne pas le charger de tropes et références
mais de communiquer un avis vraiment personnel.
Sabine(avis
transmis de Nîmes)
Voici,
sans trope ni métalepse, mon avis sur La petite-fille.
J'avais lu en son temps Le
liseur, dont j'avais aimé l'intrigue, sans être foudroyée
par l'écriture. Cela s'est confirmé avec ce nouveau roman
que j'ai trouvé particulièrement mal ficelé au niveau
narratologique (aïe, un premier mot sale !) ; les passages de la
narration omnisciente à la narration interne sont déconcertants.
Tout me semble grossier, lourd. Les interrogations de Kaspar lorsqu'il
découvre le secret de Birgit sont tout simplement insupportables.
J'ai le sentiment que l'auteur avait son sujet (parler des dérives
nationalistes en DDR), mais qu'il n'a pas su trouver le moyen pour le
traiter subtilement. Moi-même ayant eu la famille bloquée
en Allemagne de l'Est, à quelques kilomètres du mur, j'étais
plutôt intéressée par cette perspective Est/Ouest
; mais j'ai eu hâte d'en finir avec ce récit bien indigeste.
Je me suis gardée de lire tous les articles communiqués
par Claire pour ne pas être influencée. Je lirai tout cela
avec intérêt, après les avis, bien sûr, du groupe-lecture !
Viel Spass an Alle und guten Abend !
J'ouvre un micro quart.
Claire
J'ai fait remarquer à Sabine que le "niveau narratologique"
dont elle parle pour faire chic, c'est tout simplement le "niveau
narratif". Au
lieu d'utiliser le charabia de professeur "les passages de la narration
omnisciente à la narration interne sont déconcertants",
elle aurait pu nous donner un exemple de passage déconcertant afin
qu'on la comprenne. Et en quoi les interrogations de Kaspar sont insupportables
? On aimerait bien le savoir ! Mais au lieu de m'énerver bêtement,
je ferais mieux de citer notre roman : "À
luniversité, personne ne voulait voir et comprendre la force,
la beauté et la grandeur des textes, ou se laisser atteindre et
changer par eux. Il sagissait dergoter sur des termes, il
sagissait de métaphores, de symboles et dallégories,
dimmanence et de réception, de structuralisme, de synchronie
et de diachronie, daspects sociologiques et politiques, de termes
étrangers de narratologie derrière lesquels se cachaient
des banalités, comme le fait quon peut raconter quelque chose
en revenant en arrière ou en anticipant, une ou plusieurs fois,
au discours direct ou indirect. Je ne comprenais pas ce quétaient
censés tirer, dun tel traitement de la littérature,
luniversitaire, létudiant, le prof qui enseignerait
lallemand et les élèves quil aurait devant lui."
(p. 112)
Fanny(depuis
Nantes)
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture très romanesque.
Le style est fluide et les pages se tournent toutes seules sans pour autant
tomber dans la facilité.
J'avais lu Le
liseur mes souvenirs
sont assez vagues car cela remonte à pas mal d'années, mais
j'en retiens une impression assez similaire.
Pour La petite-fille, je trouve le roman bien construit
avec ses différentes parties. J'ai craint une forme de redondance
entre le récit de la mort de Birgit et la lecture de son cahier,
mais je ne me suis pas du tout ennuyée.
La partie qui m'intéressait le plus à la lecture de la quatrième
de couverture est cette rencontre entre le grand-père et sa petite-fille.
Comment se rencontrer avec de telles divergences et accepter pour Karl
la rencontre avec quelqu'un qui porte un point de vue si inacceptable
sur le génocide ? Il me paraît peu vraisemblable que la rencontre
et la semaine de vacances s'organisent aussi rapidement. Mais peu importe,
je le prends comme un procédé narratif. J'aime bien la fin
ouverte, globalement positive mais qui ne sombre ni dans une dimension
"conte de fée", ni dans le manichéisme.
Passez une bonne soirée, un bel été et rendez-vous
à la rentrée pour de nouvelles aventures littéraires.
Brigitte(à
l'écran et en direct comme ceux qui suivent)
J'ai beaucoup aimé ce livre. Avec une écriture très
ramassée, sans éléments superflus, l'auteur nous
entraîne à la suite de Kaspar dans la vie des étudiants
berlinois au début des années soixante, puis dans la vie
en Allemagne réunifiée à l'époque contemporaine.
Son but est l'analyse de la façon dont s'est passée la réunification
de l'Allemagne dans la vie quotidienne, et le devenir de l'extrême
droite, surtout dans le milieu des petits leaders locaux du temps de la
RDA.
Le personnage de Björn m'a parfois rappelé celui de Michel
dans La boîte noire d'Amos Oz.
Celle lecture m'a remis en mémoire un séjour professionnel
à Berlin en 1986, où j'avais passé une journée
à Berlin-Est.
J'ouvre aux ¾.
Rozenn
J'ai vraiment vraiment aimé.
C'est d'une finesse extrême, délicat.
Le livre aborde plein de thèmes très différents,
tant sur le plan politique que personnel, intime, comme le secret, ce
qu'on pense que l'autre sait, l'oubli, comment se situer, comment percevoir
l'autre.
Ce type me séduit complètement par sa délicatesse
avec sa femme et sa petite-fille.
C'est absolument complexe à plusieurs niveaux et très subtil.
Je l'ai relu, je vais l'offrir, je suis dithyrambique, il y a tout dans
ce livre.
Etienne(à
l'écran de Rennes)
C'est un livre
sympathique, plutôt intéressant, que j'ai lu assez rapidement.
J'apprends à l'instant que Schlink écrivait des polars,
cela ne m'étonne pas du tout : je l'ai lu comme un livre d'été
que l'on pose et reprend sans difficulté. J'ai tout d'abord apprécié
l'éclairage historique et l'enquête sociologique de ces deux
Allemagne avant et après la chute du mur dans un premier temps,
puis les communautés völkisch secondairement. Ces deux
points sont vraiment spécifiques à l'Allemagne (oui il existe
des néonazis et des groupes d'extrême-droite en France, mais
j'ai l'impression que la dimension de la recherche d'une pureté
"primitive", antérieure à la chrétienté
et tournée vers le paganisme, est plus spécifiquement allemande
- peut-être ai-je tort ?) m'ont particulièrement instruit.
J'ai aussi découvert que les étudiants de Berlin Ouest pouvaient
voyager à Berlin Est. Les frontières me sont donc apparues
moins poreuses et on comprend que la chute du mur était inévitable
Dès que l'on s'intéresse aux protagonistes, je suis déjà
plus mitigé : les personnages féminins m'ont paru bien écrits
(mention spéciale à Birgit et Svenja), mais j'ai ressenti
un manque complet d'empathie pour Kaspar : terne, plat, falot. À
mon sens il est incohérent, je n'arrive pas à comprendre,
à ressentir ce qui l'anime.
Quant à l'écriture et l'intrigue, je serai plus sévère
:
- le style est plat, répétitif ; les nombreuses interrogations
(soulevées lors de la séance) sont assez irritantes
- la trame narrative a plusieurs écueils dont les invraisemblances,
bien que subjectives mais auxquelles je souscris, ont été
relevées par plusieurs participants : je ne crois pas à
l'existence et au bonheur du couple Kaspar/Birgit (il est trop déséquilibré,
Birgit prend toute la place et il me semble invraisemblable que Kaspar
avec son intelligence aigüe ne l'ai pas quittée ou alors...
un des thèmes du livre est la situation d'emprise au sein du couple
et la mort de Birgit serait vue comme un événement rédempteur
pour Kaspar - pourquoi pas ? mais il aurait fallu creuser ce sillon).
Deuxièmement, la trop grande place faite à la culture dite
"classique" et sa fonction rédemptrice est au mieux naïve,
au pire niaise (je ne reviendrais pas sur Sigrun et son piano
).
En résumé, une lecture reposante, intéressante par
certains aspect historiques/sociologiques mais je pense probablement m'arrêter
à ce titre pour ce qui est de Bernard Schlink.
Jérémy
Avant la lecture
J'ai abordé cet ouvrage de manière circonspecte. D'une part,
je considère que "la vie est trop courte pour lire les ouvrages
qui n'ont pas subi l'épreuve du temps" et je me méfie
donc des livres parus récemment et qui se trouvent en tête
de gondole. Je ne lis en tout cas que peu de contemporains et les rares
fois où je me laisse "tenter", je suis presque toujours
déçu. D'autre part, je suis encore plus allergique aux livres
récents à thèse, ou qui prennent appui sur un thème
d'actualité, ici la résurgence de l'extrême-droite
en Allemagne, les théories complotistes, etc. Je trouve non seulement
qu'il s'agit d'une facilité un peu commerciale, mais en plus je
doute qu'il soit possible d'écrire quelque chose de réellement
intelligent et permettant de prendre du recul lorsque l'on est dans le
feu de l'actualité.
Pourtant, en tant qu'ancien germaniste, j'aurais pu/dû être
intéressé par ce livre, d'autant plus qu'en soi, la montée
des extrêmes-droites en Europe et ailleurs dans le monde est un
sujet qui m'intéresse fortement.
Après
la lecture
Sur la forme, j'ai trouvé le livre facile à lire, ce qui
n'est peut-être pas nécessairement gage de qualité,
mais plat et assez froid. Les phrases sujet-verbe-complément s'enchaînent,
je n'ai noté aucun passage ayant retenu mon attention par sa beauté
et j'ai même été gêné par certaines lourdeurs,
surtout au début du livre. Beaucoup de phrases commencent par "mais"
et plusieurs "aussi bien" apparaissent dans le texte, ce qui
ne "sonne" pas en français.
Sur le fond, pour ce qui est de la 1ère partie, je n'ai pas du
tout été touché par l'histoire d'amour entre Birgit
et Kaspar. J'ai trouvé l'écriture très froide, très
distanciée. Je n'ai pas ressenti cet amour profond de plusieurs
décennies et n'ai pas été ému. La scène
de la description de la mort de Birgit m'a paru particulièrement
clinique et receler une incohérence. Le narrateur parle de sa cicatrice
sur le ventre ; il ne précise pas mais j'ai pensé à
une cicatrice de césarienne ; or Birgit et Kaspar n'ont pas
eu d'enfant et à ce moment-là Kaspar ne sait pas encore
qu'elle en a eu un avant de le rejoindre. Je n'ai pas non plus ressenti
le frisson de la traversée de la frontière. Enfin, j'ai
trouvé nombre de passages d'une grande niaiserie, le sommet étant
le récit de l'expérience mystique et si cliché de
Birgit en Inde. D'autres passages trouveraient tout à fait leur
place dans un roman photos : "Tu
es la plus belle femme que j'aie jamais vue.", "Je
veux être avec toi, Birgit. Jour après jour. C'est avec toi
que je veux m'endormir le soir et me réveiller le matin. Veux-tu
de moi ?", "J'avais
toujours réussi à confier mes pensées, souvenirs
et sentiments au fleuve, qui les saisissait et les emportait."
J'en passe !
Dans la 2e partie, la recherche de Svenja m'a paru d'une facilité
déconcertante : tout le monde accepte de parler au narrateur,
lui donne des noms, des adresses. Tout le monde est là quand il
arrive. Personne ne le connaît mais il a "table ouverte"
partout et Leo et sa femme lui racontent sans qu'il ait rien demandé
des détails très intimes sur eux et Svenja. La discussion
se transforme même presque en thérapie de couple ! Cela semble
bien peu vraisemblable.
Sur le fond, plusieurs choses me dérangent profondément
quant à la plongée du narrateur dans la communauté
völkisch. Tout d'abord, le narrateur s'étonne naïvement
à plusieurs reprises : "Pourquoi
les gens de droite ne devraient-ils pas avoir l'air intelligent ?",
"Pourquoi les gens de
droite ne pourraient-ils pas être aussi méditatifs, rêveurs
et mélancoliques que nous ?" Un peu plus et Kaspar
en viendrait presque à s'étonner qu'ils aient un cur
qui bat à gauche et qu'ils marchent en mettant un pied devant l'autre
! On sait au moins depuis Arendt et la banalité
du mal que les pires tortionnaires pouvaient être des époux
aimants, des pères attentifs et aimer jouer à la balle avec
leur chien ou regarder les nuages défiler dans le ciel. S'interroger
avec une telle bêtise paraît assez aberrant pour un homme
de cet âge, de ce milieu et libraire qui plus est ! Il confond et
amalgame aussi gens de droite et d'extrême-droite, semblant les
mettre dans le même panier. Cela me paraît grave et inquiétant.
On parle ici de l'extrême-droite. En Allemagne elle n'a pour l'heure
pour ainsi dire rien à voir avec la droite "classique".
Le père de Sigrun, Björn, est décrit de manière
très caricaturale. "Björn
était assis avec un groupe d'hommes, ils buvaient, parlaient et
riaient fort, avec force claques et coups de poing sur la table."
En d'autres termes c'est un beauf. Pourquoi pas, mais c'est un peu rapide.
J'ai du mal à croire aux conversations entre Kaspar et sa petite-fille.
À mon sens on ne peut pas faire dialoguer un "platiste"
et un géologue, un négationniste et un historien de la Shoah
ou un climato-sceptique et un climatologue pour la bonne et simple raison
qu'ils ne s'inscrivent pas dans même système : les uns sont
dans un système cartésien ordonné par des faits,
des théories, des démonstrations et des preuves, les autres
sont dans un système reposant sur une foi, une croyance, des images.
Le débat ne me semble donc pas possible. Ici il l'est peut-être
parce que Sigrun est jeune et encore un peu malléable, parce qu'elle
n'a pas encore été complètement intoxiquée
et qu'il reste donc un petit espace pour lui montrer autre chose, mais
j'ai du mal à y croire. Cela me paraît très artificiel.
Une phrase sur l'immigration m'a heurté et me semble "coupable".
Kaspar dit à Sigrun concernant les immigrés : "Et
on a besoin d'eux : qui d'autre veut encore ramasser les asperges, faire
les vendanges et tuer les porcs ?"Je n'ai vu dans ce passage
aucun second degré ou ironie. Je pense que Kaspar est très
sérieux et considère donc que nous avons besoin des immigrés
pour leur sous-traiter le sale boulot dans lequel nous ne voulons plus
nous salir les mains. Bel humanisme ! Il aurait pu lui parler de
la nécessité d'accueillir des réfugiés de
guerre, climatiques, de dictatures, de la tradition d'hospitalité
européenne qui nous honore et qui trouve son origine dans nos racines
chrétiennes, etc. Mais non, il place le débat sur un plan
bassement économique et avilissant pour ceux que nous accueillons.
Par ailleurs, cet "argument" me semble tout à fait inopérant
: comment la convaincre ainsi des bienfaits de l'immigration alors qu'elle
est une völkisch dont les parents ont une ferme, qu'elle est
capable de survivre en forêt, qu'elle prône le retour à
la terre et à la noblesse de son travail, etc. C'est un non-sens
complet !
La 3e partie me paraît improbable et traitée à la
va-vite.
En définitive, ce livre a glissé sur moi. Je l'ai lu sans
effort mais il n'a rien provoqué en moi, si ce n'est de l'agacement
voire de la colère par certains moments. Il aurait pourtant dû
m'intéresser par son thème, mais je n'ai pas appris grand-chose.
Le sujet, grave, aurait mérité un traitement plus approfondi
et plus "sérieux". Je préférerais toujours
lire une série d'articles journalistiques ou un essai sociologique
à un roman mal ficelé sur un sujet actuel. J'en retiens
tout de même les morceaux de musique que j'écouterai peut-être
et la jolie librairie que j'ai découverte à Perpignan en
l'achetant mais cela ne suffit pas pour ce que livre soit autre chose
que grand fermé pour ce qui me concerne !
Claire
Je suis dans la situation de Rozenn d'amoureuse transie : on entend des
critiques abominables, ach ach, on se dit mais c'est pas faux tout ça,
aïe aïe. J'ai été très sensible à
la tendresse de cet homme, à la façon dont il aime sa femme
vieille.
J'ai trouvé l'histoire très bien racontée et les
passages "de la narration omnisciente à la narration interne"
déconcertant Sabine réussis
Le livre est centré sur un beau sujet qu'il traite de façon
romanesque pas simpliste.
La fin m'a paru ne plus finir : quand la petite-fille quitte sa famille
et le retrouve, je n'ai plus été intéressée,
et quand elle part en Australie, je m'en bats l'il.
J'ai lu ensuite une longue nouvelle qui m'a également plu, La
circoncision, mettant en scène un
jeune couple à New-York, lui allemand, elle américaine et
juive, avec un autre type d'épreuve (à dépasser ou
pas) pour le couple [Claire divulgache la fin prépucienne qui
ajoute de l'eau au moulin des détracteurs
de Schlink].
Comme
Vuillard le fait avec des événements historiques, Schlink
choisit un "grand" sujet historico-socio-politique où
il place une relation, le tout dans la dynamique romanesque, je trouve
ça vraiment intéressant.
Odile
de Dijon
Je fais partie du club de
ceux qui ont aimé.
Le
liseur
m'avait mise mal à l'aise. Je lui trouvais un côté
"dans l'air du temps", avec son illettrée...
La petite-fille m'a fait un tout autre effet. Ce livre m'a embarquée
tout de suite. Enfin, pas tout à fait tout de suite. À la
lecture du journal de Birgit, j'ai eu des interrogations : enfin,
elle est enceinte de six mois et lui ne s'en aperçoit pas. Même
si je ne suis pas très éclairée sur les sujets de
la maternité, quand même !
Mais bon, moi j'ai tout gobé. Et j'ai été emportée
quand le grand-père reprend la plume et part à la recherche
de Svenja. C'est palpitant comme une enquête policière et
émouvant comme un roman d'amour. Car c'est bien une histoire d'amour
entre la petite-fille et le grand-père. Une histoire parsemée
de questions, de doutes, d'efforts pour se comprendre ou pour convaincre
l'autre, de remises en question.
Et une enquête policière pour retrouver cette fille et petite-fille.
Mais il semblerait que Bernard Schlink a commencé par écrire
des policiers. Il en a le rythme... mais dans un tout autre contexte.
Et puis l'aspect documentaire n'est pas rien : toute cette mouvance néo-nazie
existe, hélas bel et bien. Et la précision de ses descriptions
des modes de vie, des rites et des convictions est impressionnante, notamment
tout le discours sur le journal d'Anne Frank ou sur la conspiration juive...
J'ai apprécié que l'histoire ne soit pas vraiment conclue
mais en devenir, avec une forme d'espoir, ni trop rose, ni trop mélo.
Du côté des réserves : la grossesse inaperçue
(déjà dit), la petite-fille virtuose sans avoir appris (un
peu difficile à croire), l'histoire d'amour Birgit-Kaspar (un peu
hors sol quand même), les remarques sur le style du groupe critique
(les "aussi bien" que je n'avais pas relevés)... Mais
je suis passée par-dessus à la lecture parce que j'avais
envie de croire à cette histoire d'initiation de la petite-fille
par son faux grand-père...
Jacqueline
Je ne le donnerai à lire à personne. Il me reste 30 pages.
Je n'ai pas trop cru que cet homme qui prend soin de sa femme alcoolique
en reste amoureux.
Au début, j'ai été touchée par ce qu'il raconte
de la RDA et apprendre que l'auteur y a vécu lui donne, à
mes yeux, une légitimité. J'ai pensé à Christa
Wolf qui, en résidence aux États-Unis, évoque dans
Ville des anges ce que ça fait quand votre pays devient
"un pays qui n'existe plus"
Après je me suis traînée. Je n'ai pas réussi
à y croire. Et pourtant ouvrir pour l'autre un accès à
une culture différente aurait pu être un thème très
intéressant
mais là je n'ai pas été
convaincue. Il n'était pas obligé d'inventer tout cela.
J'ouvre ½.
J'ajoute - car je ne l'ai pas évoqué lors de notre soirée
- mes deux séjours en RDA : l'un adolescente, en séjour
linguistique chez une Berlinoise de l'Est de mon âge, l'autre à
25 ans pour accompagner un groupe de jeunes Châtillonnais en vacances
à la ville jumelée de Merseburg avec un cours passage à
Berlin... Cela aurait pu, pourtant, illustrer les étranges "échanges"
de l'époque, en partie à sens unique.
Je suis retournée à Berlin il y a quelques années
avec mes petites filles et leur cousin et c'est avec un plaisir fou et
un peu d'émotion que j'ai, alors, franchi pour la première
fois la porte de Brandebourg...
Manuel
Je ne sais pas si vous avez vu le documentaire Menuhin
et Karajan sur le concerto pour violon de Mozart dirigé
par Karajan avec Yehudi Menuhin et filmé par Clouzot : il
est passionnant ! À la fin, un des témoins dit que Yehudi
Menuhin avait une conviction profonde : il se disait que si on amène
quelqu'un vers la musique, si on encourage les enfants à jouer
d'un instrument, à danser, on en fait une meilleure personne. Kaspar
se donne cette mission, faire de Sigrun une meilleure personne. Je suis
comme Rozenn, j'ai trouvé le personnage de Kaspar attachant. C'est
un homme qui doute (trop ?), qui est pétri de convictions,
qui fait face au négationnisme (certains passages sont horribles),
qui se montre parfois lâche (comme lui rappelle Björn), mais
finalement exprime son dégoût profond du nationalisme Mais
il voyait venir l'échange où "elle
se dirait fière d'être une Allemande, et il répondrait
qu'on ne peut pas être fier de ce qu'on est, mais seulement de ce
qu'on a le mérite d'avoir fait" et du racisme
(p. 219).
J'aime ce personnage faisant le bilan de sa vie, oscillant entre renaissance
grâce à Sigrun ("Il
fonctionnait de nouveau, ne se permettait aucune négligence dans
sa toilette et sa tenue, et à la librairie il était efficace
et aimable comme toujours") et des moments plus dépressifs
: "En
plus, il buvait trop - pour oublier Birgit et pour s'oublier lui-même.
Tous les soirs, et tous les matins aussi, il se promettait de s'en tenir
le soir venu à une demi-bouteille, et pourtant en buvait une entière"
(p. 229).
C'est un homme constamment confronté à la grande histoire
par ses rencontres et les évènements. Le livre se termine
comme il a commencé, par une recherche. J'ai trouvé passionnante
cette construction romanesque.
J'aurais aimé avoir un lexique. Par exemple, le livre est plein
d'acronymes : NSDAP, AfD, NPD. J'ai trouvé le récit de Birgit
mal fichu et trop long
Je n'ai pas trouvé la traduction très
bonne, c'est ampoulé. Je n'ai pas compris pourquoi des titres des
lieder n'ont pas été traduits contrairement à d'autres
chants allemands.
Enfin, c'est bien de terminer l'année avec ce livre sur la non-réconciliation
de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Allemagne de l'Est et la montée
de l'extrême droite, année qu'on avait commencée avec
Les
Buddenbrook (la naissance
de la Prusse) et qu'on avait continuée avec Le
Mage du Kremlin,
La
Crypte des capucins
(la fin de l'Empire Austro-Hongrois et la montée du nazisme) et
La
boîte noire.
J'ouvre aux ¾, le livre mérite le détour.
Geneviève
J'avais beaucoup aimé Le
liseur et j'ai
eu envie de lire celui-ci.
Je suis partagée mais surtout positive.
La dernière partie donne l'impression que oui, il fallait bien
en finir. Mais les parties 1 et 2 m'ont fascinée, avec cet homme
qui découvre sa femme, une fois qu'elle est décédée,
c'est vraiment très romanesque, et plus on avance, plus on est
dans la découverte. Et de plus, avec une situation - la réunification
de l'Allemagne - qui semble peu traitée jusqu'à maintenant.
Du début à la fin du roman, on passe peu à peu du
romanesque au documentaire social et politique.
Les personnages masculins sont intéressants, précisément
parce qu'ils sont si éloignés, Björn à l'extrême
droite, et Kaspar dans son humanisme.
Certes il y a des aspects pas très vraisemblables, mais ils restent
intéressants à regarder, et notamment l'évolution
de la jeune fille et de ses amis conditionnés à un mode
réactionnaire et idéal, qui doivent faire face aux circonstances
actuelles.
Je suis contente de l'avoir lu même si je suis un peu déçue
par la fin trop facile. Mais l'analyse de la situation choisie est très
intéressante et originale.
Catherine
Je
fais partie du club de ceux qui ont aimé. Je me suis globalement
laissé porter par cette histoire et j'ai été touchée
par les personnages principaux, Kaspar et sa petite-fille ; j'ai
moins bien cerné les personnages de Birgit et de Svenja, qui sont
assez désincarnés.
J'ai cependant été plus convaincue par la deuxième
partie que par la première. J'ai aimé les premières
pages mais ensuite, j'ai eu davantage de mal à y croire. Kaspar
est à l'écoute certes, mais il ne pose pas de questions,
il laisse sa femme abandonner sa profession, en essayer d'autres, les
laisser tomber aussi, partir en Inde, sombrer dans l'alcool et il continue
à la regarder faire, à l'aimer, mais sans poser de question,
en lavant le linge sale... je ne crois pas à cet amour-là.
J'ai été très intéressée en revanche
par le contexte historique, la vie en RDA, que je connais mal, à
part à travers quelques films, Good
Bye Lenin !,
La Vie des
autres. Je savais que les Allemands de l'Ouest pouvaient aller
à Berlin Est mais je ne pensais pas que de jeunes Allemands de
l'Ouest pouvaient aller étudier à l'Est, même en auditeurs
libres ; la confrontation des étudiants des deux Allemagnes
m'a beaucoup intéressée. J'ai été aussi intéressée
par la découverte du milieu völkisch dans la deuxième
partie, le personnage de Björn, la confrontation avec Kaspar alors
que tout les sépare. C'est un thème très actuel alors
que l'AfD vient de gagner des élections en Allemagne, à
l'est.
J'ai surtout aimé la relation qui se construit petit à petit
entre la petite-fille et son grand-père qui essaie doucement à
l'aide des livres, de la musique, de l'ouvrir à un autre monde
que celui dans lequel elle a été élevée. Kaspar
est dans l'écoute, dans le respect. Un peu plus difficile de croire
qu'elle devienne si vite à un niveau tel qu'elle puisse envisager
de rentrer dans un grand conservatoire à l'étranger. Un
peu trop beau pour être vrai. Mais les pages sur la musique, les
uvres qu'il lui fait écouter, sont belles
J'ai donc aimé ce mélange intime/histoire, j'ouvre aux ¾,
j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire. J'avais beaucoup aimé
aussi Le
liseur avec lequel il y a des points
communs dans la construction, le lien créé par les livres.
Françoise
J'ai été un peu déçue par rapport au
Liseur
que j'avais beaucoup aimé.
Je l'ai lu très facilement. Et le sujet est intéressant.
J'ai été ébranlée au fur et à mesure
des avis négatifs.
En ce qui concerne les sentiments vis-à-vis de sa femme, de la
petite-fille, on ne les sent pas, on reste à l'extérieur.
Et puis il y a un aspect c'est trop beau pour être vrai.
La relation RDA/RFA m'a intéressée. Je suis moi aussi tombée
des nues en ce qui concerne la circulation des étudiants de l'Ouest
vers l'Est.
Les personnages ne m'ont pas accrochée. Le grand-père bêta,
la petite-fille peu crédible
La gamine disparaît de sa famille, ce qui est l'expression de son
émancipation, mais j'ai eu un peu de mal à y croire, je
n'ai pas trop marché.
Pour autant, ça ne lit bien. Je ne suis pas loin de penser que
c'est un livre pour la plage.
Il y a des fans de Lortholary. Là, je n'ai pas été
séduite par la traduction, qui ne m'a pas paru brillante.
Muriel
Comme Manuel, j'ai senti un manque de clés d'explication pour bien
comprendre le contexte d'une ex-Allemagne de l'Est qui vire d'ailleurs
à droite maintenant. J'ai quand même remarqué que
le père de Birgit revient dans son récit, sous la forme
d'une photo posée sur la commode, et ce père, il est nazi
: il y a donc une sorte de spirale. En plus, ce récit s'appelle
"Un Dieu sévère". Et comme par hasard la petite-fille
à son tour est dans une mouvance nazie.
Le livre m'a plu, il se lit facilement.
Certains faits m'ont paru exagérés : la noyade dans le bain,
la prodige au piano qui commence trop tard pour devenir exceptionnelle.
Mais j'ai trouvé très intéressante la relation de
la petite-fille et du grand-père qui n'est d'ailleurs pas son grand-père.
Dans un admirable équilibre, j'ouvre à moitié.
Renée
C'est un magnifique roman sur trois thèmes
:
- la perte d'un être aimé et la découverte de son
altérité
- la construction d'une adolescente élevée par des nazis
sur un fond de réunification des deux Allemagne
- la persistance de l'extrême-droite.
Le héros, Kaspar, est un personnage extraordinaire de générosité.
Il est de prime abord confronté aux mystérieuses pensées
intimes de son épouse profondément aimée. Il la savait
légèrement instable, il l'aimait d'un amour oblatif, sans
se poser trop de questions, puis il découvre que celle qu'il croyait
son alter ego était en fait une inconnue.
Le superbe roman plein d'amertume et de tristesse, abandonné par
Birgit, rappelle l'abandon de sa fille : Birgit s'est-elle suicidée
ou s'est-elle noyée accidentellement ?
Quand Kaspar retrouve Sigrun, c'est le choc de deux cultures et de deux
générations : le faux grand-père, modèle de
tolérance, découvre une adolescente néo-nazie et
complotiste. Sigrun lui arrivant par l'intermédiaire de sa Birgit
adorée, il aime immédiatement cette petite-fille, veut la
connaître, "achète" les parents pour voir la petite-fille.
C'est un roman magnifique sur le respect : il n'a pas d'idée préconçue.
Au début, il essaie de comprendre l'adolescente et ce n'est que
peu à peu, subrepticement, qu'il tisse autour d'elle une toile
légère destinée à la faire réfléchir.
Lorsque Sigrun se révolte contre ses parents, elle rejoint un groupuscule
d'extrême-droite. Habituellement les ados qui se révoltent
adoptent des positions à l'opposé de leur famille :
dans Pastorale
américaine de Philip Roth, la fille se rebelle contre la
bourgeoisie en rejoignant la gauche extrême et Angela Davis.
Sigrun, elle, a tété le nationalisme et le négationnisme
au sein de sa famille et à la fin du livre elle est choquée
de la mort donnée par son copain, mais ne renie pas encore à
100% le mouvement völkisch. C'est angoissant et désespérant.
Kaspar espère qu'elle sera sauvée dans un monde différent,
dans un milieu intellectuellement riche avec un projet de vie musical.
Cependant il y a du racisme partout, l'Australie en souffre aussi
l'espoir est faible.
J'ai aimé la façon dont Schlink pose les problèmes
sans y répondre, la fin est ouverte. À chacun de se faire
une opinion.
Roman superbe, belle écriture, belle traduction, mais roman pessimiste
sur une vrai réconciliation des Allemands et sur la montée
de l'extrême-droite en Europe.
Je l'ouvre en entier.
Lisa(à
l'écran de Belfort, puis arrachée par un appel professionnel)
J'ai eu du plaisir lors de ma lecture. J'ai aimé le début,
la partie historique sur les deux Allemagne. J'ai également aimé
découvrir les parts sombres de l'Allemagne contemporaine. C'est
assez rare pour être souligné.
Le style est agréable à lire, bravo au traducteur. Mais
en même temps, il n'y a rien d'exceptionnel non plus.
C'est du déjà vu sur la forme.
Cela
me fait penser à L'amie
prodigieuse : agréable à lire mais pas grand chose
à en dire.
Je suis bien embêtée car je me rends compte que mon avis
n'apporte pas grand chose.
Vendredi j'aurais ouvert à moitié, mais depuis, je n'arrête
pas d'y penser et cela mérite un ¾.
D'autres ici : https://lechocolatdepoche.com
Bernhard Schlink est né en 1944 en Allemagne. Son père, pasteur et professeur de théologie à luniversité, a été relevé de ses fonctions par le régime nazi. Bernhard Schlink poursuit des études de droit et devient professeur de droit public et de philosophie. Il est membre du Parti social-démocrate. Il exerce comme juge au tribunal constitutionnel du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à partir de 1987 ; il prend sa retraite comme juge en 2006. Il se partage aujourdhui entre Berlin et New York. Il est professeur émérite à lUniversité Humboldt à Berlin.
Vous
avez grandi dans les années 1950 sous lautorité dun
père pasteur. Votre enfance a-t-elle été très
austère ?
Mon père était professeur de théologie à Heidelberg. Ma mère, qui avait été son étudiante, était également théologienne. J'ai donc été élevé par des pasteurs protestants. On lisait la Bible, on écoutait de la musique. Mais mon père n'était guère impliqué dans l'éducation de ses enfants. Il revient à ma mère, qui avait un sens moral très strict, d'avoir semé dans nos esprits la graine du devoir. Nous étions responsables de nos actes. Nous devions agir en conscience, et dans la bonne direction. Mais elle n'a jamais tenté de nous forcer à épouser la foi chrétienne, si nous n'en ressentions pas une sincère envie.
Vous aviez des discussions politiques à la maison ?
Mon père avait perdu sa chaire pendant le IIIe Reich et la politique, évidemment, l'intéressait beaucoup. Je me souviens des discussions, après la guerre, sur la question de savoir si la bombe nucléaire devait être positionnée en Allemagne. Cela avait suscité un très large débat dans l'opinion. Les théologiens y avaient pris part et mon père était l'un d'entre eux. Je me souviens également des événements de 1968, qui étaient pour lui la répétition de ce qui s'était passé en 1933 en Allemagne. C'est pourquoi il était très hostile à la révolte estudiantine.
Comment avez-vous pu, dans cet environnement, trouver un peu despace pour vous forger une personnalité ?
A vrai dire, mes parents étaient si heureux de voir que nous apprenions à penser par nous-mêmes qu'ils se fichaient presque de ce que nous pensions. C'était très libre finalement. Et on parlait politique à l'école, à l'université. J'étais favorable à la réforme des universités en 1968, même si je n'ai jamais pris la tête de la révolution. J'ai toujours haï les manifestations de masse, où l'on chante les mêmes slogans encore et encore. Quand ils sont dans la rue, les gens renoncent à la réflexion, renoncent à l'esthétique et à la morale. (extrait des propos recueillis par Didier Jacob, L'Obs, 12 février 2023).
Choix de critiques sur La petite-fille
Presse bon teint :
- Le Monde :
"La Petite-Fille, de Bernhard
Schlink : les membres fantômes de lAllemagne contemporaine",
Nicolas Weill, 16 février 2023.
- Télérama : "La
Petite-Fille", Fabienne Pascaud, 21 février 2023.
- Libération : "Pourquoi
ça marche : La Petite-fille, culture et fractures",
Alexandra Schwartzbrod, 24 mars 2023.
- Le Figaro :
"La
petite-fille,
de Bernhard Schlink: le secret est-allemand", Eric Neuhoff, 1er
février 2023.
"Petite-fille,
grand livre", Frédéric Beigbeder, 24 mars 2023.
Sur
le web :
- En attendant Nadeau : "LAllemagne
en rouge et noir", Jean-Luc Tiesset, 3 mai 2023.
- Benzine : "La
petite-fille, de Bernhard Schlink : la culture peut-elle sauver le
monde ?" Alain Marciano, 27 février 2023.
Un magazine économique :
- Challenges, "Fantômes
allemands",
Maurice Szafran, 2 mars 2023.
En région... :
- Ouest France : "Un
abandon, deux Allemagnes, trois amours à la dérive. Un beau
roman dont la force va crescendo", Bertrand Devevey, 10
mars 2023.
- Sud-Ouest, Une
enfant au bout du chemin de Bernhard Schlink", Alexandre Fillon,
5 mars 2023.
En Suisse, Belgique, Luxembourg et Québec :
- Le Devoir (Québec) : "La
petite fille : semer le doute, Christian Desmeules, 8 avril 2023.
- RTBF (Radio-télévision belge de la Communauté
française) : "La
petite-fille" de Bernhard Schlink, Mozart pour contrer les rugissements
nationalistes", Sophie Creuz, 3 avril 2023.
- Le Quotidien (Luxembourg) : "Bernhard
Schlink dun monde à lautre", Serge Bressan,
, 17 mars 2023.
- Le Temps (Suisse) : "Bernhard
Schlink : "Les
Allemands de lEst ont dû entièrement repenser leur
vie", Stéphane Bussard, 23 avril 2023
- La Tribune de Genève : "Au
cur des maux allemands", Rocco Zacheo, 21 avril 2023.
Entretiens
- "Lécrivain Bernhard Schlink
nous parle de lAllemagne de lEst, damour et de la Russie",
propos recueillis par Didier Jacob, L'Obs, 12 février 2023.
- Bernhard Schlink : "La
réunification prend bien plus de temps quon ne lavait
imaginé", propos recueillis par Raphaëlle Leyris,
Le Monde, 16 février 2023.
- "Dans
les méandres de la Réunification", Pierre Krause,
Babelio, 20 février 2023.
- "Il y a des choses de notre histoire
que nous ne comprendrons jamais", Virginie Lenk, La Tribune
de Genève, Le Matin Dimanche, 12 mars 2023, publié également
dans Le
Soir : 25 et dimanche 26 mars 2023.
Vidéo
- Pour bien situer le contexte historique : un film fait par Le
Monde sur l'histoire du Mur
de Berlin, 14 min, inclus dans l'article "La
Petite-fille de Bernhard Schlink : quand les idées sont plus
dures que la pierre", Marie-Anne Sburlino, Unidivers.fr, 19 avril
2023.
- Idéal pour ceux qui comprennent l'allemand, un long entretien
à propos de La petite-fille : Die
Schöne Lesung mit Bernhard Schlink - "Die Enkelin",
Radioeins, (radio publique allemande), 27 mars 2022, 1h 26.
- Bernhard Schlink
sur le pardon et la réconciliation, conférence avec
sous-titres, ABCFora, 2010, 1h.
Radio
Pas grand chose, c'est étonnant :
- "Pourquoi
faut-il lire La petite fille, de Bernhard Schlink ?",
Nicolas Demorand, France Inter, 17 mai 2023, 1 min
- Masque et la plume, aller directement au livre ici,
19 mars 2023, 7 min.
- "Bernhard
Schlink, une histoire allemande, Olivia Gesbert, La Grande Table,
France Culture, 17 janvier 2019, pour son livre Olga,
27 min.
Romans,
tous traduits par Bernard Lortholary
- Le
liseur [Der Vorleser, 1995], 1996 ; Folio, 1999 ; Folio bilingue,
2022 => roman adapté au cinéma : The
Reader, film américain de Stephen Daldry en 2008, avec
Kate Winslet, Ralph Fiennes, David Kross et Bruno Ganz, en
vod 2,99€
- Le
retour [Die Heimkehr, 2006], 2006 ; Folio, 2007
- La
femme sur l'escalier
[Die Frau auf der Treppe, 2014], 2016 ; Folio, 2018
- Le
week-end [Das Wochenende, 2008], 2008 ; Folio, 2010 => roman
adapté au cinéma : Das
Wochenende, film allemand de Nina Grosse, en 2012, avec Sebastian
Koch et Katja Riemann
- Olga
[Olga, 2018], 2019 ; Folio, 2020
- La
petite-fille [Die Enkelin, 2021], 2023.
Série noire
- Brouillard
sur Mannheim : une enquête du privé Gerhard Selb
[Selbs Justiz, 1987], en collaboration avec Walter Popp, trad. Martin
Ziegler revue par Olivier Mannoni, Série Noire, 1997 ; Folio policier,
1999
- Le
Nud gordien [Die gordische Schleife, 1988], trad. Patrick
Kermann revue par Françoise Merle, Série noire 2001 ;
Folio policier, 2006
- Un
hiver à Mannheim [Selbs Betrug, 1992], trad. Patrick Kermann
revue par Olivier Mannoni, Série noire, 2000 ; Folio policier,
2003
- La
Fin de Selb : une enquête du privé Gerhard Selb [Selbs
Mord, 2001] trad. Martin Ziegler revue par Olivier Mannoni, Folio Série
noire, 2003 ; Folio policier, 2009
- Vérifications
faites [Vergewisserungen Über Politik, Recht, Schreiben
und Glauben, 2005], essais, trad. Daniel Mirsky, Arcades, 2007
Recueils de nouvelles
- Amours
en fuite [Liebesfluchten, 2000], trad. Bernard Lortholary et Robert
Simon, 2001 ; Folio, 2002 nouvelles ; Nouvelles extraites d'Amours en
fuite : La
circoncision, Folio 2 €, 2003 ; L'autre/Der
Andere, préface de Pierre Deshusses, Folio bilingue, 2006
=> nouvelle adaptée au cinéma : The
Other Man, film américano-britannique de Richard Eyre de
2008 avec Liam Neeson, Antonio Banderas et Laura Linney
- Mensonges
d'été : histoires [Sommerlügen, 2010], trad.
Bernard Lortholary, 2012 ; Folio, 2013
- Couleurs
de l'adieu [Abschiedsfarben, 2020], trad. Bernard Lortholary,
2016 ; Folio, 2022.
Quel est le livre qui vous a donné
envie décrire ?
Mes premiers livres étaient des romans policiers. Je ne voulais
pas, comme beaucoup le font, écrire mon premier livre sur moi.
Dans un roman policier, comme dans une affaire juridique, il sagit
dabord de développer un problème, puis de le résoudre.
Aussi, jaimais les romans policiers, surtout les romans américains,
en particulier The
Long Goodbye de Raymond Chandler. Jaime toujours ce livre,
mais ce nest pas celui-ci, ni dailleurs aucun autre livre,
qui ma donné envie décrire.
Quelle est votre première grande découverte
littéraire ?
Le Rouge et le Noir de Stendhal.
Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent
?
Henri le Vert
de Gottfried Keller.
Quelle est la perle méconnue que
vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?
Roméo
et Juliette au village de Gottfried Keller. J'espère qu'il
existe une bonne traduction française de ce récit.
Et en ce moment, que lisez-vous ?
Jack
de Marilynne Robinson (extrait des propos recueillis par Pierre Krause,
Babelio,
20 février 2023).
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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¾ ouvert |
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