Michael
Cunningham, 1998
Michael Cunningham
Les
heures, 10/18, 224 p.
trad. de langlais (Etats-Unis) par Anne Damour
10-18, 2004
Quatrième de couverture :
Clarissa, Virginia et Laura : trois femmes, trois journées particulières
dont les heures résonnent de subtils et sublimes échos jusquà
lincroyable révélation finale. Ce roman magistral,
porté par la grâce, est hanté par le génie
et les démons de Virginia Woolf. Adapté avec un immense
succès au cinéma, il a reçu les prestigieux prix
Pulitzer et Pen Faulkner Award.
Pocket, 2001
Quatrième de couverture :
Il s'agit d'un jeu de miroir entre trois personnages et trois époques
: le fil directeur est Mrs Dalloway, le roman phare de Virginia
Woolf, et ses vingt-quatre heures dans la vie d'une femme. On suit donc
les trajectoires de ces trois femmes en parallèle sous une plume
toute woolfienne : sont contées les désillusions, espérances,
petits plaisirs et vrais malheurs des protagonistes, comme si chacune
d'entre elle était l'autre, plongée dans un temps différent.
Leurs destins convergeront d'ailleurs dans une apothéose littéraire
où l'on retrouve les trois figures de la création : l'écrivain,
le lecteur et le personnage.
Une magnifique méditation sur le temps, lamour, la mort à
travers le récit dune journée dans la vie de trois
femmes.
Une uvre événement unanimement acclamée :
lauréate du Prix Pulitzer 1999, du Pen Faulkner 1999, citée
au nombre des dix meilleurs romans publiés en 1998 par le New
York Time, le Los Angeles Times, Publihsers Weekly, nominée
pour le Prix du Cercle de la Critique : Les Heures confirment lexceptionnel
talent dun auteur enfin reconnu comme lune des figures majeures
de la littérature américaine.
Belfond,
252 p., 1ère éd. 1999
Quatrième de couverture :
C'est à New York, en cette fin de XXe siècle.
C'est à Londres, en 1923.
C'est à Los Angeles, en 1949.
Clarissa est éditrice,
Virginia, écrivain,
Laura, mère au foyer.
Trois femmes, trois histoires reliées
par un subtil jeu de correspondances, dont l'émouvante cohésion
ne sera révélée que dans les dernières pages
Tour de force littéraire, bouleversant de sensibilité,
Les Heures ont été couronnées en 1999 par
le Pen Faulkner et le Prix Pulitzer.
Au-delà d'une formidable
réussite romanesque, cette uvre célèbre la
féconde entente d'un trio qui exacerbe ici les pouvoirs de l'imaginaire :
l'écrivain, son personnage et son lecteur.
Folio, 1994
Quatrième de couverture : Le roman, publié en 1925,
raconte la journée d'une femme élégante
de Londres, en mêlant impressions présentes et souvenirs,
personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres
de sa famille et de son entourage. Ce grand monologue intérieur
exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent
et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l'immobilité.
La qualité la plus importante du livre est d'être un roman
poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et
comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C'est
pourquoi c'est peut-être le chef-d'oeuvre de l'auteur - la plus
grande romancière anglaise du XXe siècle.
Folio, 2020
Une journée dans la vie dune femme. Vivant dans la haute
société anglaise, au lendemain de la Première Guerre
mondiale, lhéroïne sinterroge sur ses choix
pourquoi na-t-elle pas épousé lhomme quelle
aimait vraiment, qui lui rend visite ce jour-là? , ses souvenirs,
ses angoisses pourquoi est-elle si frappée par la mort dun
ancien militaire qui ne sest pas remis de la guerre, pourtant un
parfait inconnu pour elle? Crise existentielle qui mène à
un dédoublement de personnalité, aux portes de la folie.
Ce grand monologue intérieur exprime la
difficulté de relier soi et les autres, le présent et le
passé, le langage et le silence, mais aussi de se reconnaître
soi-même. Comment sémanciper du carcan social, comment
assumer son identité? Publié en 1925, Mrs Dalloway
est le chef-duvre de Woolf et lun des piliers de la
littérature du XXe siècle. Dans ce roman poétique,
porté par la musique d'une phrase chantante et dune narration
incisive, les impressions deviennent des aventures.
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Michael Cunningham (né en 1952)
Les heures (1998)
Nous avons
lu ce livre en février 2020. |
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Nous avons
vu The Hours, film adapté du roman, sorti en 2002, de
Stephen Daldry, avec Meryl Streep, Laura Brown et dans le rôle
de Virginia Woolf Nicole Kidman (Oscar
de la meilleure actrice).
Pour rester dans l'ambiance du groupe de Bloomsbury,
nous y avons retrouvé l'époux
de Virginia, Leonard
Woolf, la sur de
Virginia,
Vanessa Bell dont la fille, la
petite Angelica qui
organise les obsèques de l'oiseau mort,
épousera David Garnett, auteur du livre La
femme changée en renard qui nous avait beaucoup plu... |
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Nos cotes d'amour
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Des infos en
bas de page (Plusieurs
Mrs Dalloway Repères
sur Michael Cunningham Ses
uvres Presse
sur le livre, sur le film adapté du livre La
traductrice)
Fanny
J'ai lu Les heures très rapidement, littéralement happée
par ce livre et je dois dire que cela faisait du bien après des lectures
au style plus ardu. J'ai beaucoup aimé cet enchevêtrement entre
l'auteur, le personnage du roman et la lectrice, avec des correspondances
au niveau de leurs profils psychologiques. J'ai trouvé chacun des
personnages attachant, et j'ai apprécié le caractère
féministe du roman qui se dégage, je trouve, à travers
les personnages féminins. Sans aller jusqu'à parler de militantisme,
j'y ai également vu une dimension engagée sur l'homosexualité
et les victimes du sida.
Prise par chacun des trois fils narratifs, et l'ayant lu sans prise de recul,
je n'ai absolument pas vu venir la fin. On peut aussi dire que j'ai totalement
manqué de perspicacité alors que les dates sont posées
depuis le début et que Richie et Richard sont effectivement des prénoms
assez proches... J'ai trouvé dautant plus intéressant
de pouvoir saisir lévolution de ce personnage. Au niveau de
la construction, je trouve riche de passer de l'enfance à l'âge
adulte sans de nombreux passages intermédiaires qui auraient peut-être
tenté de trouver des justificatifs à sa vie d'adulte. Le personnage
de la mère de Richard prend également je trouve une dimension
poignante à la fin du roman, à la mort de son fils ;
pour elle également on ne voit que l'effet de toutes ces années
sans en avoir suivi le fil et cela gagne dautant en profondeur. J'ouvre
en grand.
Je me suis ensuite précipitée pour acheter Mrs
Dalloway, j'approche de la fin. J'ai aimé le style, mais
j'ai trouvé un peu difficile de suivre le fil du roman. Le fait qu'il
n'y ait aucun chapitre m'a parfois perdue et je me suis par moment égarée
en lisant les pages sans saisir le fil du récit. J'ai trouvé
intéressant de retrouver les profils originaux des personnages des
Heures, il y aurait bien des études comparatives à
effectuer qui seraient certainement d'une grande richesse.
J'ai cependant moins d'engouement à la lecture et je pense que cela
aurait peut-être été encore plus difficile à
suivre pour moi si je n'avais pas lu Les heures auparavant. J'ouvre ½.
Je vous souhaite une très belle soirée, dans l'attente de
vous lire.
Laura
(internaute espérant intégrer un jour le groupe :
attention, il y a deux Laura qu'évoqueront des avis qui suivront,
la Laura du livre et la Laura qui donne maintenant son avis)
Je crois avoir bien aimé Les heures. Je dis bien "je
crois", parce qu'évidemment je n'en suis pas certaine. Je reste
mitigée. Le livre m'a plutôt plut, mais
Il y a toujours
ce "mais" face à cet ouvrage, quand j'essaye de me convaincre
que c'était un bon bouquin. L'histoire, ces trois femmes qui s'ennuient,
qui ne sont pas convaincues par leurs existences bourgeoises et sans forme
était au fond plutôt pas mal. Pas ennuyeuse du tout, au contraire.
J'ai plutôt dévoré les chapitres, surtout ceux traitant
de la vie de Mrs Brown, attendant jusqu'à la fin un suicide mordant.
Mais non. J'avoue avoir été surprise quant à la fin,
surprise face à ce retournement de situation, mais pas spécialement
éblouie. Voilà, en réalité je crois que tout
ce que j'ai ressenti durant la lecture était l'attente, l'attente,
et encore l'attente, avec un bon espoir ma foi, mais pas comblé du
tout.
J'ai beaucoup de mal à voir les bons côtés : si,
peut-être les belles images (celle de la mort de l'oiseau, du lit
de fleurs, ou encore simplement dans la chambre de Mrs Brown la personnification
du fauteuil). Quoi d'autre ? Argh. Je ne sais.
En réalité, j'ai déjà été rebutée
dès les premières pages du roman, car c'est écrit au
présent. Les premiers chapitres étaient vraiment un supplice,
mais au bout du compte, j'ai fini par m'y habituer, bien que je n'y trouve
pas spécialement de charme, mais trouve plutôt ce style plat
et vide.
Finalement à côté de tout ça, j'ai réussi
à trouver des sujets intéressants, comme la condition féminine
(chacune toujours coincée dans ce rôle de la femme parfaite
qui doit plaire, cherchant à s'en éloigner, mais cela reste
un échec cuisant) ; ou encore la dépression. Il est très
possible que je n'aie simplement pas compris ce livre, ce qu'il dégageait,
car visiblement il est connu et apprécié. Peut-être
qu'en lisant les autres avis, le mien changera. Mais pour le moment, ¼ ouvert
Catherine
Un petit avis rapide envoyé de Savoie : j'ai lu Les heures
au moment de sa parution en poche, il y a donc près de 20 ans.
J'avais gardé le souvenir d'un vrai plaisir de lecture, qui m'avait
à l'époque conduite à relire Mrs Dalloway.
Je me suis replongée dans Les heures cette semaine ;
j'ai pu constater que je me souvenais assez précisément de
ces trois histoires de femmes entremêlées, avec des références
permanentes au roman de Virginia Woolf. En revanche, j'avais oublié
le dénouement, mais qui n'est finalement pas essentiel à mon
avis, peut-être même un peu en trop. J'ai retrouvé quasiment
le même bonheur de lecture ; je trouve que cest un livre
bien construit, plein de finesse dans lequel on retrouve, à travers
les trois personnages, toutes les obsessions de Virginia Woolf. J'ai aimé
l'écriture, à la limite parfois du pastiche. J'ai tout particulièrement
aimé certains passages : le prologue, la scène de l'enterrement
de l'oiseau, la lecture de Mrs Dalloway par Laura Brown dans la chambre
dhôtel... Je ne regrette pas de l'avoir relu et je l'ouvre aux ¾.
Passez une bonne soirée et au 13 mars.
Jacqueline
J'ai lu ce livre facilement, un peu comme un polar. J'attendais "l'émouvante
cohésion révélée dans les dernières
pages" dont parle la quatrième de couverture ; je n'ai
guère prêté attention aux indications de lieux et de
date qui auraient pu m'éclairer, exactement comme en lisant un polar
on peut ne pas distinguer les indices qui vont prendre sens.
J'ai été touchée par la description du désastre
de la maladie de Richard à travers les choses : saleté,
odeurs... ce que le film, lui, montre avec le corps de l'acteur, également
par l'enterrement de l'oiseau et l'intérêt de Virginia à
ses neveux qui apparaît comme son lien à la vie. Si dans le
film leur beauté et leur regard sont frappants, il m'a manqué
le jugement que porte Virginia sur eux dans le livre et notamment sur chacun
des garçons qui ne sont dans le film que des apparitions.
Outre le suspens créé par l'attente d'une révélation,
mon intérêt était dû à l'omniprésence
de Virginia Woolf. Je l'ai peu lue (Une
chambre à soi, il y a plus de cinquante ans, et quelques
romans grâce à ce groupe). Je ne sais pas bien l'apprécier,
mais beaucoup de livres parlent d'elle, qui ont su entretenir et susciter
ma curiosité
Visiblement Michael Cunningham s'est beaucoup
documenté mais quel est son projet ? rendre hommage ? montrer
le temps qui passe et l'évolution des murs ? pasticher ?
mettre au goût du jour ? surfer sur l'aura de Virginia Woolf ?
En tout cas il m'a donné envie de lire Mrs
Dalloway
et le parallèle avec les éléments romanesques des
Heures a soutenu ma lecture jusqu'au bout. La technique nouvelle
du "flux de conscience", appliquée à plusieurs personnages
dans une espèce de sautillement sans autre lien de l'un à
l'autre que la forme de pensée poétique de l'auteur rend leur
identification un peu difficile. La volonté aussi de rendre les impressions
des petits faits accidentels de la vie banale pour créer un effet
de réel ne facilite pas la lecture. Mais de ce dérisoire se
dégage un sentiment de tragique. J'ai été sensible
aussi à cette volonté créatrice.
Pour des raisons tout à fait différentes, j'ouvrirai les deux
livres à moitié, l'un pour sa construction, sa facilité
de lecture et l'accès qu'il m'a permis au roman de Virginia Woolf,
l'autre pour le moment qu'il représente d'une recherche littéraire.
Annick A
Je suis extrêmement partagée. Virginia Woolf, j'essaie et je
n'arrive pas. Mrs Dalloway, ça m'ennuie, j'en suis désolée.
C'est une belle écriture, mais je n'y arrive pas.
Avec ce livre, j'ai la même sensation. Je suis partagée car
c'est une superbe idée que cette approche littéraire de trois
femmes. Le pastiche est réussi. Et puis j'ai été intéressée
par des passages, comme ceux sur Virginie Woolf. J'ai moins aimé
ceux sur Mrs Dalloway, qui m'ont ennuyée. C'est Mrs Brown que j'ai
préférée : l'analyse psychologique est extraordinaire
pour ce qui est de la dimension mélancolique, avec des moments complètement
contradictoires où elle hait son mari, puis deux secondes après
non ; c'est peu abordé dans la littérature ; c'est elle qui
m'a le plus intéressée.
J'ai préféré le film ; l'analyse
critique qu'a transmise Claire est passionnante. Le lien entre les femmes
est plus pertinent que dans le livre. C'est mieux fait dans le film car
ce qui n'est pas écrit et dit par l'image. J'ouvre à moitié.
Etienne
Je débuterai par l'évocation de Mrs Dalloway, uvre
que j'ai lue il y a 10 ans de cela et qui m'avait fait une très forte
impression. Je crois que c'était une de mes premières rencontres
avec l'écriture de l'intériorité et j'avais été
complètement ébloui par l'élégance de la plume
de Virginia Woolf. Ce roman, je l'avais lu sans m'arrêter et le fait
qu'il ne s'y passe rien pendant 24 heures ne m'avait pas rebuté,
bien au contraire, j'y avais vu un tour de force. Depuis, j'ai découvert
que la romancière britannique ne fut pas la seule à le faire,
loin de là, mais je garde en mémoire la force de ce premier
contact.
Concernant Les heures de M. Cunningham, je pense qu'il s'agit d'un
des meilleurs exemples illustrant qu'une bonne idée ne fait pas forcément
un bon livre. Par sa tentative d'entremêlement jusqu'à essayer
de ne faire qu'un avec l'original, ce dernier expose la sottise et la vanité
de son ambition. Que tente-t-il d'apporter en plus ?
Où est l'intériorité ? Certainement pas dans les (trop)
nombreuses parenthèses et les multiples et inutiles tournures interrogatives
qui, plutôt que de nous immerger dans la tête du personnage,
nous posent en observateurs passifs. C'est d'un artificiel ! Comme
si cela suffisait ! Je renvoie à Faulkner, auquel Cunningham
est tristement associé via un de ses prix littéraires, comme
exemple de ce qu'est la retranscription réussie d'une captation de
flux de pensée.
Parlons des personnages : outre une retranscription de Mrs Woolf qui m'a
plutôt plu, le reste est assez désespérant. Entre le
poète maudit sidéen, l'ado-rebelle-au-crâne-rasé-mais-qui-a-un-bon-fond,
l'universitaire homosexuel qui a une aventure avec un de ses étudiants,
la voisine qui a un cancer
tout respire le carton-pâte.
Et le style ? C'est là que l'on touche le fond. Une platitude
et une fadeur rarement lues (p. 53) :
"- Passe
une bonne journée.
- Toi aussi.
- Bon anniversaire.
- Merci."
Et c'est ça qui a gagné le prix Pulitzer ? Par certains
passages, on est plus que proche du Harlequin : "Ils
entreront dans la chambre et se déshabilleront non comme des amants
mais comme des gladiateurs qui ont survécu aux jeux du cirque, qui
se retrouvent sanglants et blessés mais miraculeusement en vie, alors
que tous les autres sont mort". Je n'étais pas loin
du fou rire
Alors, oui, la structure est séduisante et le jeu de miroir entre
ces trois femmes, habile. Il semblerait donc que Cunningham soit un bon
architecte, mais pas un bon écrivain.
Je suis donc très déçu et je ferme le livre (c'est
la première fois).
Denis
Avant de venir, je me disais : mais qu'est-ce que je vais raconter ?
Dans l'ensemble, je n'ai pas aimé ce livre, je ne me suis pas intéressé
aux personnages et je n'ai pas aimé l'écriture. Je me suis
dit que je passais probablement à côté de quelque chose,
puisqu'il avait eu beaucoup de distinctions. Il est possible que cela vienne
de la traduction, qui est souvent maladroite ou chaotique, par exemple dès
la première page (p. 17) : "New
York, avec son vacarme et sa brune et austère décrépitude,
son déclin sans fond, prodigue toujours quelques matins d'été
comme celui-ci ; des matins imprégnés d'une promesse de renouveau
si catégorique qu'on en rirait presque, ainsi q qu'on rit d'un personnage
de bande dessinée qui endure d'innombrables et horribles tourments
dont il émerge chaque fois intact, prêt à en subir d'autres."
(rires) Je trouve ridicule et "très américaine",
cette intrusion des super-héros Marvel.
J'ai toutefois aimé les passages sur la mort : le prologue,
le suicide par la fenêtre, c'est saisissant, fort au point de vue
de l'écriture. Mais comme le dit Laura, bien
mieux que je ne saurais le faire, quel ennui se traînent ces pauvres
femmes et le lecteur avec elles. La seule qui m'ait plu est
Mrs Brown, figure dramatique de la femme au foyer des années
cinquante telle qu'on en voit dans la série télévisée
"Alfred
Hitchcock Presents", et qui sont à l'occasion meurtrières
ou psychotiques. L'éditrice est terriblement ennuyeuse. Et à
la fin du livre, l'épisode de la rencontre des trois femmes m'a paru
très artificiel et rapporté assez platement : "Nous
y sommes, dit Clarissa. - Oui, répond Laura." (p. 213).
C'est de l'understatement,
je l'admets, mais il manque de grâce. Ou alors, c'est la traduction,
je n'ai pas eu le courage de consulter le texte anglais car je saturais.
J'ouvre ¼. Je n'ai pas vu le film, qui m'aurait probablement
laissé des impressions plus positives.
Claire
Ayant lu jadis dans le groupe et oublié Mrs Dalloway (mais
pas oublié que j'avais trouvé ça ennuyeux), j'ai commencé
à m'y plonger pour voir de quoi il s'agissait et ai compris le mode
de narration que j'ai immédiatement retrouvé dans Les heures.
Avec mon petit QI habituel, il m'a fallu noter qui était qui et revenir
en arrière pour me souvenir de l'époque à laquelle
vivait chaque Mrs.
J'ai trouvé très sympathiques les relations, la bisexualité,
sauf que j'ai trouvé très artificielle et systématique
sa répétition, le comble étant le baiser sur la bouche
entre Virginia Woolf et sa sur. Ce qui nuit pour moi à la vraisemblance...
Au bout d'une centaine de pages, j'ai cessé de jouer les girouettes :
j'ai constaté qu'il n'y avait pas de table des matières, je
l'ai rapidement constituée et j'ai lu tous les chapitres sur Mrs
Woolf, tous ceux sur Mrs Brown, puis tous ceux sur Mrs Dalloway (puisque
le dernier lui est consacré).
J'ai trouvé le déroulé des journées aussi casse-pieds
que celle de Mrs Dalloway de Virginia Woolf, l'écriture sans
relief, les personnages superficiels. Le jeu était séduisant,
mais il m'a plutôt ennuyée.
Le film m'a enthousiasmée, parce que la forme visuelle était
splendide, écrin d'une profondeur rendue par le jeu des personnages
profondeur sans équivalent dans l'écriture.
J'ai regardé après le film adapté de Mrs Dalloway
(en ligne ici),
retrouvant avec plaisir un film "en costumes" et les personnages
: Clarissa, Richard, Sally...
Lire les analyses sur les échos entre les livres
et le film m'a bien intéressée. Pour le plaisir du livre lui-même
j'ouvre ¼ mais j'ajoute ¼ pour tous les autres plaisirs de
lecture qu'il a entraînés...
Annick L
J'adore Mrs Dalloway, c'est le roman de Virginia Woolf que je préfère,
celui qui m'a le plus touchée, avec cet art de nous faire pénétrer
dans l'intimité de cette femme, à travers les plus petits
détails du quotidien. Alors j'ai lu ce livre de Cunningham lors de
sa sortie avec grand plaisir, et je n'ai pas été déçue
en le relisant pour le groupe : c'est un bel hommage à Virginia
Woolf, j'aime plonger dans cet univers essentiellement féminin (les
hommes sont des figures mineures, mis à part Richard), j'aime la
plume sensible de cet auteur, masculin, je m'attache à ces personnages
pour lesquels l'accès au monde de la littérature est vital,
voire salvateur : la lecture pour Mrs Brown, l'écriture pour
Virginia Woolf. Et je trouve intéressante l'idée de recourir
à ces trois figures pour l'incarner : l'écrivaine, l'éditrice,
la lectrice. Mais l'alternance des chapitres qui nous font passer de l'une
à l'autre m'a semblé parfois un peu mécanique. Heureusement,
les thèmes qui s'entremêlent atténuent cet effet et
donnent de la profondeur : la difficulté à donner un
sens à sa vie de femme, la création littéraire, l'homosexualité,
l'obsession du temps qui passe, la fascination pour la mort (le sida, deux
suicides
). Mrs Brown est un personnage particulièrement émouvant,
avec sa profonde difficulté existentielle et son incapacité
à endosser son rôle d'épouse et de mère. En comparaison,
la figure de l'éditrice est plus factice.
Un roman très original, mais je préfère évidemment
Mrs Dalloway. J'ouvre à moitié pour ne pas bouder mon
plaisir.
Monique L
C'est un roman subtil et raffiné.
Trois femmes à la sensibilité à fleur de peau nous
font partager leurs états d'âme, leurs perceptions, leurs hésitations
quant à leurs attirances sexuelles, leur mal-être, une certaine
tentation du vide ! Nous nous immisçons dans leur inconscient.
Elles sont d'une sensibilité exacerbée, proche du désespoir
et de la détresse. Ce sont des écorchées vives qui
cultivent les apparences et les faux-semblants. Elles sont en proie à
des doutes existentiels. Elles souffrent sans rien laisser en transparaître !
Elles ne sont pas satisfaites de la vie qu'elles mènent. Elles sont
complexes dans leurs désirs et leurs relations aux autres.
Pas d'actions dans ce roman, mais des interrogations, des réflexions
sur la nostalgie de ce que l'on aurait pu être ou de ce que l'on a
perdu. Beaucoup de thèmes sont abordés, toujours avec beaucoup
de finesse comme la maladie, le vieillissement, la déchéance,
la mort, l'homosexualité, le suicide, l'incommunicabilité
entre les êtres, la littérature avec sa place dans nos vies.
J'y ai vu également une réflexion sur tout ce l'on imagine
donner et qui n'est jamais suffisant, et sur tout ce que l'on imagine recevoir
et qui n'est jamais assez.
Au début de ma lecture, j'étais perplexe, mais progressivement
et subtilement l'intérêt s'est installé. Ce livre se
lit facilement, l'écriture est fluide et agréable, l'auteur
campe bien lieux et personnages. Je me suis sentie en empathie avec ces
femmes, principalement avec Laura.
La construction est intéressante. Le fait de passer d'un chapitre
à l'autre, de l'une à l'autre, tisse un réseau de similitudes
entre leurs destins. Peu à peu les portraits des trois femmes se
dessinent lors de ce va-et-vient, pour prendre tout son sens à la
fin. J'ai été surprise par le rebondissement final que je
n'avais pas vu venir.
J'ai apprécié les clins d'il au roman Mrs Dalloway
que j'avais lu, aussi bien sur le style que sur certaines scènes :
les fleurs, la réception
J'ouvre aux ¾.
Je crois que le roman me plaît plus que le film. Mais quel film tout
de même !
Le roman est plus complexe, il y a plus de personnages et certains sont
beaucoup plus creusés, là où dans le film ils sont
juste esquissés, comme Sally et Louis. C'est Virginia qui m'a le
moins convaincue : à mon sens elle manque de subtilité
et m'a paru beaucoup trop dure.
Le montage du film est magistral pour rendre les innombrables imbrications,
les nombreux parallèles et niveaux de lectures. La reconstitution
des lieux et des ambiances est très réussie. Les personnages
sont profonds, complexes dans leurs désirs, dans leurs relations
aux autres, dans leurs regrets.
Françoise
Je me souvenais que j'avais adoré le film tout en l'ayant oublié ;
je ne me souvenais que des suicides. Du coup, j'avais lu Mrs Dalloway,
mais j'ai du mal avec Virginia Woolf et je ne parle pas
d'Orlando
J'étais donc
contente d'avoir l'opportunité de lire Les Heures.
C'est intéressant l'évolution des personnages, avec les différentes
époques ; il y a une idée de génie : au début
je ne comprenais pas pourquoi il était allé chercher un personnage
des années 50. Ce livre m'a plu, je l'ai lu facilement. L'écriture
n'est pas géniale, mais ça ne m'a pas gênée.
La construction est très bien faite.
Le film, j'ai toujours autant adoré. Du coup, mon opinion sur le
livre s'en est trouvée rehaussée. Je trouve en effet que le
livre est à la hauteur du film, qui, sans lui, n'aurait pas existé.
J'ouvre ¾ grâce au film.
Le personnage de Laura est saisissant. Il m'a permis de comprendre l'incompréhensible
pour moi : comment une mère peut abandonner ses enfants.
Nathalie
Exceptionnellement, je n'ai rien écrit sur ma lecture et je n'ai
même pas pris le livre : l'écriture m'a laissée
indifférente et je n'ai rien à citer. Ma première idée
a été de penser qu'il n'avait pas vocation à remplacer
la lecture d'une uvre de V. Woolf mais que peut-être il
nous y dirigeait.
C'est la deuxième fois que je le lis, et avec autant de plaisir.
Quand je pense aux prix qu'il a eus, je suis très étonnée
car pour moi, il était une sorte de roman de gare. Un roman qu'on
a plaisir à lire le temps d'un voyage en train. J'ai écrit
à une amie que je pensais que ce n'était pas un livre pour
le groupe de lecture. J'ai ajouté que j'allais probablement encore
me faire "huer". Je défendais mon affirmation en lui expliquant
que ce n'était pas un livre qui prêtait à une véritable
polémique, au sens où, si certains ne l'aimaient pas, ce serait
peut-être parce que l'artifice de la collusion les laisserait indifférents
ou leur donnerait un goût de déjà-vu. Pour d'autres,
ils seraient peut-être charmés par l'aspect narratif du récit.
Pour ma part, c'est ce que j'appelle un livre intime, de ceux qu'on garde
au creux de soi, parce que les imaginaires qu'il ouvre, n'ont pas à
être partagés. Je suis sensible à la diachronie des
vies. C'est pour moi un plaisir de lecture comme celles que je fais entre
deux lectures sérieuses qui donnent à réfléchir.
Ce qui peut me déranger, c'est d'entendre qu'on aime beaucoup Les
heures, mais qu'on se lasse très vite de lire Mrs Dalloway
trop ardu. Je trouve que c'est dommage. En le relisant, j'ai pensé
à un tas de références. Le livre m'amène à
citer :
- Chroniques
de San Francisco d'Armistead Maupin
- Meursault,
contre-enquête, qui écrit par rapport à un texte
du patrimoine, comme ici Virginia Woolf (et le livre de Cunningham, ce n'est
pas un texte du patrimoine...) : j'étais déjà agacée
par ce livre situé par rapport à L'étranger de
Camus, mais ici je ne reproche pas la même chose
- un projet cinématographique sur 24 heures de la vie d'une femme
qui me rappelle Desperate
Housewives
- Hopper :
J'ai été intéressée par le rapport entre l'espace
et la liberté : le roman présente des personnages qui
souffrent d'enfermement : Mrs Brown enfermée dans sa maison
et dans son rôle d'épouse et de mère auxquels elle tente
d'échapper. Enfermée également par la présence
de cet enfant auprès d'elle, mais aussi celui qu'elle porte en elle
et qui est un obstacle à sa liberté, enfermement dans la haine
pour qui la loge et la nourrit ; enfermement de Virginia dans sa maladie
mal soignée, mais aussi dans la relation à cet homme qui prétend
"savoir ce qui est bon pour elle" et pour laquelle Londres est
un lieu de liberté ; enfermement de Clarissa dans cette relation
avec Richard mais aussi enfermement dans son passé. Tout ceci m'a
vraiment touchée. Il semble que l'argent est la seule chose qui permette
pour un temps d'échapper à cet enfermement. En échange,
il permet de louer une chambre, d'imaginer prendre un train. Mais le regard
de l'autre renvoie et condamne les personnages : celui de l'enfant
de Mrs Brown, celui du mari de Virginia.
C'est sûrement le personnage de Mrs Brown que je préfère,
il m'a fait penser aux romans sur les mères qui abandonnent leurs
enfants, car le besoin de se réaliser est plus fort que le lien maternel,
surtout à une époque où les naissances ne sont pas
contrôlées. Je pense à La
virevolte de Nancy Huston.
Mais je préfère définitivement Mrs Dalloway.
J'ouvre ¼ même si j'ai lu le livre avec beaucoup de plaisir.
Je n'aime pas la fin.
Rozenn
J'ouvre en grand pour le livre et en grand pour le film. Même si le
film m'a gâché quelque chose du livre.
C'est bien ce qu'a dit Laura, l'attente, l'attente,
le livre nous laisse dans cet état-là.
Le fils (Richard) se suicidera à la place de la mère (Laura
Brown). Elle, elle va à l'hôtel pour lire car elle étouffe.
Dans le film, c'est monstrueux, l'étalage des médicaments
sur le lit. Elle n'a pas de projet (de mourir), elle flirte avec l'idée
de la mort.
En lisant le livre, je pensais qu'on ne pourrait pas faire un film. Le film
donne des réponses aux interrogations qu'a laissées le livre.
Ces trois femmes sont insatisfaites avec des dosages différents.
Je regrette d'avoir vu le film si vite.
Au début du livre, je n'ai rien compris car je lis vite et je ne
lis pas les titres de chapitres.
Mrs Dalloway, le livre, c'est pour moi le brouillon des Heures.
Jacqueline
Avec ce livre, Virginia Woolf a un projet littéraire. C'est
fatiguant, j'en conviens, on a du mal à s'y retrouver, car c'est
toujours V.Woolf qui est la conscience, dans le flot de conscience, y
compris lorsqu'il s'agit d'autres personnages.
Claire
Mais t'as aimé ?
Jacqueline
J'ai aimé, mais c'est déchirant. Elle a une technique.
Rozenn
Ça ne suffit pas la technique.
Jacqueline
J'ai eu du mal.
Denis
Je n'ai pas lu Mrs Dalloway mais je vais probablement essayer.
Est-ce qu'on y retrouve les trois des Heures ? J'avais beaucoup
aimé Orlando.
Annick A
Mrs Brown est un personnage qu'il invente.
Annick L
Le personnage de l'éditrice est aussi inventé.
Claire
Les scènes des baisers sont vraiment catastrophiques. L'expression
"patriotisme érotique" p. 162, vous l'avez comprise ?...
Nathalie
J'y pense, on n'a jamais lu Alison
Lurie.
Annick L
Vous qui n'aimez pas les livres de Virginia Woolf, aimez-vous Marguerite
Duras ?
Rozenn
Encore moins !
Annick A et Claire
Oui !
Annick L
Car je trouve qu'on peut les rapprocher. Je pense aussi à Alice
Munro, à Fugitives que nous avions lu, avec le même
genre d'histoires, de femmes qui sont dans un mal-être, qui s'enfuient.
Denis
Et l'oiseau rappelle celui de Gombrowicz.
Etienne
Je retrouve encore des interrogations et des parenthèses p. 58 :
"ils s'étaient disputés... à quel propos ?
Un baiser ?" et "une essence de bois (camphre ?
cèdre ?)".
Rozenn
J'aime beaucoup les parenthèses.
Annick L
C'était bien un livre pour le groupe lecture.
Etienne
Je ne trouve pas, comme Nathalie. Je le rapprocherai de Souvenirs
de la marée basse.
(CRIS !)
Claire
J'apporterai de l'eau à votre moulin, Nathalie et Etienne, avec
des critiques de livres ultérieurs de Cunningham. Pour Les Heures,
il y a eu une unanimité louangeuse (voir ici)
.Quoique dans l'article de Florence Noiville, il y a deux
réserves faites avec beaucoup d'élégance... Mais
j'ai trouvé ensuite des vacheries, par exemple pour Le Livre
des jours et encore plus pour Crépuscule :
"Très
gratuit, un peu vain, souvent ennuyeux"
"Les pages sont pleines de points d'interrogation. Où
est la beauté ? Qu'ai-je fait de ma vie ? Faut-il coucher avec
son beau-frère ?"
"Le ridicule se glisse petit à petit", "On
se dit que l'auteur ne va pas oser. Si, il ose. On recommande le baiser
sur la plage, digne d'une publicité de parfum pour homme. Le
style est au diapason. 'Un noir frisson parcours son sang'. Dans
sa tombe, Virginia Woolf effectue un tour complet."
"Le progrès existe. Le roman 'gay' vient de faire son
entrée dans la collection 'Harlequin'. Il était temps."
(voir les articles ici).
Etienne
J'ai pensé aussi à Siri Hustvedt, à
Tout ce que j'aimais (que le groupe a lu), qui a une écriture
plus dense.
De fil en aiguille...
- D'autres évoquent Nancy Huston : Une
adoration déjà lue dans le groupe, Nord
perdu (un petit essai littéraire sur le fait d'être
entre deux langues et deux cultures).
- Etienne sort Le
maître et Marguerite qu'il est en train de lire, que nous
avions vu
adapté
au théâtre, mais sans l'avoir lu et qui nous tente :
vu le volume, on regrette qu'il n'y ait qu'un été par
an pour pouvoir programmer un pavé...
- Séverine nous avait incités à programmer une BD
puisque c'est "l'année
de la BD". Nous regardons l'époustouflant Moi,
ce que j'aime, c'est les monstres d'Emil Ferris : trop énorme,
mais formidable ! Un roman graphique dessiné entièrement
au stylo bille...
- Nous évoquons aussi deux façons de lire :
la lecture du texte lui-même, rien que le
texte, sans rien vouloir spécialement savoir de l'auteur et du
contexte de la création
le texte oui, enrichi ensuite d'une contextualisation.
Etienne exprime l'intérêt des séances où un.e
spécialiste apporte son éclairage (séance
chinoise, séance Kadaré). Claire
évoque ce que dit William Marx sur l'importance du contexte, opposant
en quelque sorte universalité et contextualisation,
à l'occasion de sa séance inaugurale au Collège de
France (voir article).
- Annick A évoque au Collège de France une intervention
éblouissante sur Mallarmé d'un invité d'Antoine Compagnon
qu'elle va écouter en fan (voir "Mallarmé
et la fin de la littérature" par Bertrand Marchal). Denis
dit son amour de Mallarmé.
Etc.
Etc.
Etc.
Danièle (après la séance,
sans avoir lu nos avis)
C'est un livre dans lequel je me suis assez vite plongée avec volupté.
Quel délice ces descriptions très concrètes en correspondance
avec des sensations si fines ! Quel plaisir de circuler dans un univers
où la nature, les détails du quotidien et la sensibilité
des personnages se répondent.
Bien sûr, Virginia Wolf est le personnage à la base de ces
histoires entrecroisées de manière originale. Des trois
femmes, elle est la femme phare, celle qui sert de référence,
celle dont le suicide hante tout le roman, celle que l'on voit à
l'uvre créer un personnage du livre que l'on lit justement,
la femme éprise de liberté jusqu'à la mort, redoutée
et désirée. J'y vois le thème central du roman, repris
chez tous les personnages.
Mais l'inconvénient dans cette structure si intellectuellement
recherchée, c'est que je me suis un peu pas mal
embrouillée, ce qui a eu pour effet de gâcher un peu mon
plaisir. Et puis, au bout de quelque temps, j'ai eu l'impression que le
roman n'avançait pas, un peu comme dans ces séries américaines
à la Dallas, où on retrouve régulièrement
les protagonistes, en huis clos, face aux mêmes dilemmes, dans des
conversations sans intérêt. Car c'est l'un des défauts
du livre à mon avis : la platitude des dialogues (peut-être
voulue ?). Quel contraste avec la finesse des descriptions !
Même les détails du quotidien prennent une résonance
introspective. J'ai aimé par exemple tout le paragraphe sur l'histoire
du gâteau : "Elle
caresse un rêve de gâteau qui se manifesterait sous la forme
d'un gâteau réel. (...) Elle est là pour échapper
à un gâteau". Ou encore : "tout
ce qu'elle voit lui apparaît épinglé à cette
journée comme des papillons sont épinglés sur une
planche". Ou aussi "il
semble qu'elle subisse la force d'une sorte de conformisme, aussi puissante
que celle de la gravitation". Cette manière imagée
de décrire des sensations que l'on vit parfois me parle. J'ouvre
donc aux ¾.
Manuel
(devait envoyer son avis...)
Séverine
Eh bien, je vois que les avis sont partagés ! Je dois dire
pour ma part que javais lu le livre il y a longtemps, ayant beaucoup
aimé le film à lépoque (mais je ne me souviens
plus de ce que javais pensé du livre
). Et là,
jai eu la bonne ou mauvaise idée de revoir le film, et donc
je nai plus eu le courage de relire le livre
Je pense que
le film a eu moins dimpact au deuxième visionnage, même
si je reconnais avoir versé ma petite larme au moment du suicide
DES INFOS
PLUSIEURS MRS
DALLOWAY
Le roman de Michael Cunningham, The Hours,
reprend le titre que Virginia Woolf voulait initialement donner à
son roman Mrs Dalloway.
1. Mrs Dalloway est le surnom d'un personnage
du livre Les heures.
2. Mrs Dalloway est un livre de Virginia Woolf (Folio
classique ; texte en ligne ICI).
3. Mrs Dalloway est un film britannique, américain et néerlandais,
adapté du roman de Virginia Woolf, réalisé par Marleen
Gorris en 1997. Il est en ligne ICI.
Un autre trio : le livre Les heures met en scène trois
femmes, à trois époques, concernées par le roman
de Virginia Woolf Mrs Dalloway (voir ici
l'alternance).
QUELQUES REPÈRES
à propos de Michael Cunningham
- Né en 1952 dans l'Ohio ; quand il a 10
ans, sa famille déménage à Los Angeles. Père
publicitaire, mère d'origine croate "femme au foyer"
comme Mrs Brown.
- Études de littérature à l'Université Stanford,
puis pendant deux ans de creative writing au Writers Workshop de
lIowa jusqu'en 1980.
- Travaille comme barman ou gardien de nuit. Commence par publier des
nouvelles dans les magazines avant de publier des romans.
- En 1987 rencontre le
psychanalyste Ken Corbett avec qui il vivra 25 ans.
- À
New York, très impliqué
dans la lutte contre le sida, il participe à la naissance d'Act-up,
est arrêté par la police plusieurs fois, notamment pour s'être
enchaîné aux grilles de la Maison-Blanche et avoir interrompu
un discours de George H.W. Bush ; contre Bush, Michael
Cunningham, Paul Auster, Joyce Carol
Oates ont récolté 75 000 dollars lors d'une lecture
publique en
mars 2004.
- Enseigne l'écriture au Fine
Arts Work Center à Provincetown (Massachusetts) et au Brooklyn
College à New York ("Vous enseignez également
le "Creative writing". Pensez-vous vraiment qu'il faille prendre
des cours pour devenir écrivain ?" : voir
la réponse ici.)
SES UVRES
Romans,
tous traduits par Anne Damour, tous édités par Belfond sauf
le premier ; la date est d'abord celle de publication aux USA :
- 1990 : La
Maison du bout du monde, Presses de la Renaissance, 1992 (rééd.
Belfond, 1999 ; Le Livre de poche, 1993 ; 10/18, 2003)
- 1995 : De
chair et de sang, 1995 (rééd. Le Livre de poche,
1997 ; 10/18, 2015)
- 1998 : Les
Heures, 1999 (rééd. Pocket 2001 ; 10/18, 2004) :
prix Pulitzer aux USA, prix du roman étranger en France 1999
- 2005 : Le
Livre des jours, 2006 (rééd. Pocket, 2008 ; 10/18,
2012)
- 2010 : Crépuscule,
2011 (rééd. 10/18, 2013)
- 2014 :
Snow Queen, 2015 (rééd. 10/18, 2016)
- 2015 : Ils
vécurent heureux, eurent beaucoup d'enfants et puis
,
nouvelles, ill. de Yuko Shimizu, 2016 (rééd. 10/18, 2017).
Scénarios
- 2004 : La
Maison au bout du monde, film américain de Michael Mayer,
Michael Cunningham scénariste d'après son propre roman
- 2007 : Le
Temps d'un été, film américain de Lajos Koltai,
Michael Cunningham scénariste d'après le roman de Susan
Minot
Il n'est pas scénariste du film The Hours adapté
de son livre.
PRESSE
Sur le livre Les heures à sa sortie
- "Qui a peur de Virginie
?", Christophe Mercier, Le Point, 3 septembre 1999
- "Les
derniers pas de Woolf", François Rivière, Libération,
16 septembre 1999
- "Qui a peur de Michael
Cunningham ?", Frédéric Vitoux, Le Nouvel Obs,
16-22 septembre 1999
- "Michael
Cunningham : hommage-pastiche à Virginia Woolf",
André Clavel, Le Temps (Suisse), 18 septembre 1999
- "Trois
femmes unies par le même destin", Pascale Frey, Lire,
1er octobre 1999
- "Cunningham sous le
signe de Mrs Dalloway", Florence Noiville, Le Monde, 8
octobre 1999
- "Les Heures",
Gérard de Cortanze, Magazine littéraire, n° 381,
novembre 1999
- (sur le livre à la sortie du film) "Comment
un être de fiction peut transformer nos vies", Philippe
Piazzo, Le Monde supplément Aden, 19 mars 2003.
Sur le film adapté
du livre Les
heures
- "Kidman
en Virginia Woolf : chapeau !", Gérard Lefort, Libération,
10 février 2003
- "Femmes !",
Jean-Pierre Dufreigne, L'Express, 13 mars 2003
- "Trois
femmes sans fard : Meryl Streep, Julianne Moore et Nicole Kidman
portent The Hours", Gilles Renault, Libération,
19 mars 2003
- "Un flux de tristesse",
Marie-Xoëlle Tranchant, Le Figaro, 19 mars 2003
- "Virginia Woolf
hante The Hours, adapté de Michael Cunningham",
Jean-Claude Loiseau et The Hours de Louis Guichard, Télérama,
19 mars 2003
- "The Hours, de Stephen Daldry : des
numéros d'actrices extraordinaires. Trois destins de femmes au
fil des heures", Thomas Sotinel, Le Monde, 19 mars 2003
- Interviews des deux stars et de l'auteur du livre :
Mery Streep : "Les
belles heures de Meryl", propos recueillis par Christophe Carrière,
L'Express, 13 mars 2003 (Mery Strip raconte que Nicole Kidman a
été très investie dans le film qui a été
financé dès lors qu'elle a accepté d'y jouer. Elle
porte un faux nez et a appris à écrire de la main droite
- elle est gauchère - et à rouler ses cigarettes comme V.Woolf.
Le film a été tourné en trois étapes : celle
de Mrs Brown, celle de Mrs Dalloway, puis celle de Mrs Woolf).
Nicole Kidman : "J'aime
m'engager passionnément", propos recueillis par Emmanuelle
Frois, Le Figaro, 19 mars 2003
"Cunningham,
un romancier heureux", Bruno Corty, Le Figaro, 19 mars
2003
- "Entre génie
et Ophélie : images de Virginia Woolf dans The Hours",
Rachel Noël, Décadrages (revue de cinéma), "Les
abîmes de l'adaptation", n° 16-17, automne 2010. Une
étude très fouillée.
Du livre
au film : articles et livre sur le passage du livre
au film
- "Celles
qui voient les heures : The Hours", André
Lavoie, revue Ciné-Bulles, vol. 21, n° 3,
été 2003. Une analyse intéressante.
- Au
creux des heures : de Mrs Dalloway à The Hours,
Laure Becdelièvre, Les Éditions de la Transparence "Essai
d'esthétique", 2012. Remarquable analyse du livre (voir
ici un long extrait).
- "Cet
abject objet du désir : nourriture en anamorphose dans The
Hours de Michael Cunningham et l'adaptation filmique de Stephen Daldry",
Catherine Delesalle, Transtext(e)s Transcultures, n° 10, 2015.
Pour les amateurs de psyfood...
Interviews
et portrait ultérieurs de l'auteur
- "Michael Cunningham,
le maître du temps", propos recueillis par Sabine Aubrerie,
Le Figaro, 22 avril 2006 ("J'ai en quelque sorte perdu
ma virginité avec Virginia Woolf. Elle a été le premier
grand écrivain que j'ai lu. Elle est entrée dans ma conscience
de jeune homme peu cultivé comme aucun autre par la suite, modifiant
ma façon de percevoir le monde. On peut dire qu'à partir
de ce moment-là, elle s'est retrouvée intimement mêlée
à mon ADN.")
- "Portrait
: fuir le bon heures", par Elisabeth Franck-Dumas, Libération,
16 février 2012
- "Entretien
avec Michael Cunningham", par Liliane Kerjan, En attendant
Nadeau, 14 juin 2016.
Radio
- Lire
avec Michael Cunningham, France Inter, de Brigitte Kernel, 44 min,
avec l'auteur et Pascale Fougère traductrice, 7 mars 2015.
Vidéos
- Michael
Cunningham : rencontre et interview à la Fnac Montparnasse,
1er mars 2012, 3 min 45
- Les heures, adaptation théâtrale du roman de Michael
Cunningham et du film de Stephen Daldry, par L'idée Claire Compagnie,
Montpellier, 2018 : le
teaser 2 min 45.
LA TRADUCTRICE
Anne Damour a traduit tous les livres de Michael
Cunningham.
Elle a obtenu un prix pour la traduction des Heures :
le prix
Maurice Edgar Coindreau de la SGDL qui récompense une traduction
littéraire de l'américain.
Elle est traductrice depuis de nombreuses années et la BNF indique
près de 500 traductions de sa part : https://data.bnf.fr/fr/11898524/anne_damour/
Elle est la traductrice de Mary Higgins Clark (presque un livre par
an, voir ce qu'elle dit de cette auteur prolifique dans
Le Parisien en 2012) qui vient de mourir, de Chimamanda Ngozi
Adichie dont
nous avons lu Americanah
et de bien d'autres jamais lus dans le groupe : Beryl Bainbridge, Claire
Tomalin, Paul Theroux, Barry Unsworth, Jennifer Johnston, Annie Proulx,
Hannah Arendt, Thomas Keneally, Jane Smiley, Janet Frame, Hilary Mantel,
Judith Freeman, Jon McGregor, Edward St Aubyn, Francis Wyndham, Irvin
Yalom...
|
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
|
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