Extrait de Douceur littéraire

Le jour de la chouette GF, 2015, 192 p. Traduction de l'italien de Juliette Bertrand, introduction de Claude Ambroise, "note" de l'auteur à la fin du roman

Quatrième de couverture : "La mafia est une association criminelle ayant pour fin l’enrichissement de ses membres, qui se pose en inter-médiaire parasite, et s’impose, par la violence, entre la société et le travail, la production et la consommation, le citoyen et l’État… J’ai cherché à comprendre ce qui faisait que quelqu’ un était mafioso" : tel est, selon l’écrivain sicilien Leonardo Sciascia, le sens du Jour de la chouette. Ce roman, qui inaugure dans son œuvre une série de récits jouant des codes du roman policier pour dénoncer les tabous les plus sensibles, offre une véritable immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène la société sicilienne. Il s’est imposé, dès sa sortie en 1961, comme une référence incontournable sur le sujet, et demeure aujourd’hui le plus populaire de tous les livres de Sciascia.

Livre de poche, 1980

Quatrième de couverture :Une petite ville de Sicile, au matin. Une rue calme et qui n'a l'air de rien. Et brusquement, tirés on ne sait d'où, deux coups de feu. Un homme tombe. Aussitôt les témoins, cependant nombreux, s'éparpillent. Personne n'a rien vu. C'est le silence.
Le Jour de la chouette, acte d'accusation, est une œuvre vibrante d'humanité, pleine de traits pittoresques, dont l'humour dissimule l'émotion et la lucidité.


Flammarion, 1977


Oeuvres complètes
Tome 1 (1956-1971), Fayard, 1400 p. + 2 autres tomes

Einaudi, 1961
Les premières pages
du livre en italien ICI

Leonardo SCIASCIA (1921-1989)
Le Jour de la chouette (1961)

"De même que la somme des points de vue sur Dieu est Dieu,
de même la somme des points de vue sur le livre est le livre.
"
Leonardo Sciascia

Nous avons lu ce livre en septembre 2020.

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Avis transmis
Brigitte, entreet
Je découvre cet auteur, très original et pétillant d'intelligence et de culture.
C'est un livre très étrange, genre d'OVNI littéraire. Il s'agit, à mon avis, d'un essai sur la mafia sicilienne présenté sous la forme d'un roman policier.
La lecture n'est pas très facile, car on ne nous explique jamais qui sont les protagonistes, ni quels sont les liens qui les unissent.
Rien n'est laissé au hasard, tout les mots sont pesés, analysés étymologiquement et placés avec soin.
J'ai commencé par lire l'introduction et comme je n'y comprenais rien, je suis passée au texte proprement dit, pour revenir à l'introduction. Je pense qu'il aurait fallu relire ensuite le texte, pour tout à fait bien comprendre, mais je n'ai pas relu.
Une fois tous ces obstacles franchis, le livre est une belle réflexion sur la mafia et une bonne introduction à toute discussion sur ce sujet.
C'est vraiment un travail d'intellectuel, avec de très nombreuses allusions culturelles, mais jamais on ne se projette dans aucun des personnages, même pas dans celui du commissaire enquêteur qui voit son travail magistral complètement sabordé, mais qui est prêt à reprendre son poste par amour pour cette Sicile, complètement gangrenée, du haut jusqu'en bas de la société, par cette mafia omniprésente.
J'hésite entre ½ et ¾.
Monique L
C'est un petit livre clair, bien écrit et qui montre le mécanisme de l'omerta à l'œuvre. C'est une dénonciation sans ambiguïté de la corruption et du pouvoir politico-économique de la mafia.
C'est une œuvre plus politique que policière.
L'enquêteur, par ruse et ténacité, va parvenir à établir la liste des coupables mais cela ne servira à rien.
Par moment, c'est même drôle, par exemple le vendeur de beignets qui n'a pas entendu les coups de feu, la fuite des occupants du bus.
Ce qui m'a intéressée dans ce livre, c'est la façon dont sont traitées les découvertes de l'enquêteur qui semblent inattaquables et pourtant ne serviront à rien. Cela rend palpable la chape de plomb que la mafia fait peser sur la vie des villageois, avec l'impossibilité de lui échapper et la difficulté d'établir la vérité.
Sciascia est très adroit, sachant la date à laquelle le livre a été écrit. Il faut qu'il soit courageux et diplomate. Il est clairvoyant et plein de bon sens et les solutions qu'il propose restent toujours d'actualité :

"Il faudrait surprendre les gens par l'évasion fiscale comme on fait aux États-Unis. Mais pas seulement les gens connus comme mafieux et non seulement en Sicile. Il faudrait, tout d'un coup, se pointer dans les banques, mettre des mains expertes dans la comptabilité, le plus souvent double, des grandes et petites entreprises, réviser le cadastre (...), flairer autour des villes, des automobiles de luxe, des épouses et amants, les amoureuses de certains fonctionnaires confrontant leurs signes de richesse aux salaires pour en tirer le juste sens".

C'est un réquisitoire efficace.
J'ai du mal à parler du versant littéraire de l'œuvre. Certes c'est bien écrit, mais pour ma part, le propos submerge toute tentative de mener à bien une analyse sur le sujet.
J'ouvre ½.
Le film est intéressant mais l'adaptation m'a paru trop centrée sur Claudia Cardinale (qui joue son rôle de façon très convaincante) et les beaux yeux de Franco Nero. J'ai aimé le film en lui-même, mais pas comme mise en images du Jour de la chouette.
Fanny 
J'ai commencé le livre mercredi midi dans les transports et l'ai fini hier en terrasse en attendant l'heure d'aller au théâtre... : petit moment de plaisir dérobé au rythme quotidien.
Malgré ces conditions optimales, je suis passée à côté du livre. Je me suis dès le début perdue dans les différents protagonistes, je suis incapable de dire qui est qui et je n'ai pas retenu un seul nom. Par là-même les personnages m'apparaissent tous indifférenciés, je n'ai pas éprouvé d'empathie et même pas d'intérêt pour aucun d'entre eux.
Si cette première impression semble de mon côté sans appel, j'ai cependant apprécié le style d'écriture et en particulier certains dialogues truculents. J'ai aimé cet humour décalé, à mon sens souvent ironique, qui dépeint l'univers de la mafia (d'ailleurs non, puisque d'après l'un des protagonistes personne n'a jamais pu prouver son existence). Certaines phrases grappillées au hasard du texte sont à l'unisson avec cette description.
Je regrette de ne pas avoir vu le film, car peut-être en étant incarnés par des acteurs, les personnages auraient su me toucher, ils auraient pris corps. Je suis donc d'autant plus curieuse de lire les avis de ceux et celles d'entre vous qui ont lu le livre et vu le film. En lisant les dialogues, je me disais aussi que j'aurais envie de les entendre jouer dans une pièce de théâtre.
Avec ce mélange de ressentis contrastés, j'ouvre à moitié, je pense que mes réserves appartiennent essentiellement à mes (absences de) ressentis personnels. J'ai déjà prêté le livre pensant qu'il pourrait plaire.
Denis 
Je me régale à lire et relire ce petit livre. C'est au moins la troisième ou quatrième fois que je le lis dans son entier, mais j'aime aussi l'ouvrir au hasard et en savourer quelques pages.
L'interrogatoire des deux frères Colasberna, par exemple, est un petit chef-d'œuvre d'humour noir ("Je n'ai jamais entend parler de ça, bafouilla Giuseppe, et ils sont heureux de s'en tirer à si peu de frais"...). Chaque interrogatoire m'apparaît comme une pièce d'anthologie.
J'aime la brièveté de l'écriture. Chaque phrase porte et ouvre au lecteur des questions sur le statut de "la" vérité dans une enquête menée par un policier sympathique (au lecteur) et intelligent.
Ma principale question est : qui est le narrateur, où se situe-t-il dans cette narration ? Est-il omniscient ? Comment peut-il restituer les conversations entre le chef mafiosi et le député ?
Je rapproche ce livre des Dürrenmatt (La panne, Le juge et son bourreau). J'ai lu quelques autres Sciascia (L'Affaire Moro, Le contexte) qui soulèvent la question de la signification du silence, celui de l'enquêteur comme celui des criminels, et de son interprétation par les acteurs de l'enquête.
J'ouvre en grand.

Monique S
Apprenant l'italien, j'ai décidé de lire le livre de Sciascia dans sa langue d'origine. Si je lis très facilement Erri de Luca, je dois avouer que la langue de Sciascia est beaucoup plus complexe, et que j'ai dû souvent avoir recours à la version française.
J'ai beaucoup aimé ce livre : d'abord pour les personnages qui sont campés avec force. Même la langue varie selon les personnages : l'un des enquêteurs en particulier aime s'exprimer avec les expressions siciliennes, amusement de Sciascia qui a écrit un livre L'œil de la chèvre où il joue avec beaucoup de ces expressions.
Ensuite, j'ai énormément aimé, j'ai été scotchée même, par la construction du livre, tirée au couteau, par juxtaposition de séquences comme des scènes de film. Les allers-retours de scènes entre les policiers et les mafieux sont remarquables ; le lecteur doit recomposer l'histoire, et voit se dérouler sous ses yeux le fonctionnement des mafieux. Aucune explication, mais on voit à l'œuvre les pouvoirs, les tentacules, les intimidations, les règlements de compte. Le fait de suivre les dialogues comme sur écoute de personnages sans visage, anonymés, montre à quel point la société est gangrenée dans les plus hautes sphères du pouvoir, bien mieux que par un essai ou un documentaire.
Je suis impressionnée par la connaissance de Sciascia sur le sujet, par le courage qu'il a eu en 1961 d'oser sortir un tel livre.
J'ai vu l'année dernière le film Le Traite qui m'a beaucoup appris (mais où j'ai dû fermer les yeux la moitié du temps durant les longues séquences de torture en ville comme à l'intérieur des murs des prisons par les mafieux sur les repentis). Mais tout ce qui est montré dans ce film est déjà présent dans le Jour de la chouette.
Au-delà de l'enquête policière et du thème de la mafia, je trouve que Sciascia propose aussi un modèle d'homme très intéressant, à travers le capitaine ; c'est un courageux, un résistant...
La fin est énigmatique et troublante : Bellodi a compris que son investigation ne pourra rien prouver, que les mafieux l'emportent, et pourtant s'il est vaincu comme enquêteur, il n'est pas vaincu comme humain. D'abord, il aime encore la vie, les soirées entre amis, le vin, le sexe, la neige... Intellectuellement, il n'a rien perdu de son esprit combatif : l'anecdote qu'il raconte à ses copines sur la prison sicilienne résume d'une façon détournée et exemplaire toute sa propre histoire. Et à la fin, il sait qu'il retournera là-bas...
Je suis allée en Sicile quelques mois après l'assassinat du juge Falcone ; l'autoroute qui avait été en partie détruite près de Palerme portait encore les traces de l'explosion. Incroyable était l'émotion des Italiens en passant à cet endroit : silence total, parfois des larmes, certains se signaient... En lisant le livre, j'ai souvent associé Bellodi au juge Falcone.
J'ouvre en grand.
Nathalie
J'ai lu Le Jour de la chouette en pointillés pour cause de surcharge mentale dans les deux dernières semaines. Je l'ai lu avec rapidité au tout début, puis de façon plus ou moins molle les jours suivants. Le sujet en lui-même ne m'a pas du tout intéressée. J'ai vraiment fait un effort pour le poursuivre et essayer de le terminer pour ce soir.
Pourtant, je trouve l'auteur très courageux d'avoir écrit ce livre à l'époque où il l'a rédigé et pour avoir lu sa postface, je sais qu'il a dû passer beaucoup de temps à couper et cisailler son texte afin que celui-ci puisse voir le jour sans qu'il puisse, lui, y perdre sa tête (au propre comme au figuré). Si le sujet n'était pas aussi sérieux, je pense que j'aurais davantage ri au cours de ma lecture. Son écriture est très théâtrale, très drôle (je pense à la classification des humains, entre hommes et coin coins), très réjouissante. Les dialogues sont enlevés, malins, très réalistes et bien construits. Il a l'art de la mise en scène et le personnage du capitaine est formidable : neutre, en retrait, nous permettant - dans une certaine mesure - d'entrer nous aussi, dans la vision distanciée qu'il a, du monde dans lequel il a été projeté, dont il ne maîtrise pas tous les codes, toutes les tournures dialectales et où tous les hommes semblent entremêlés dans les liens de la corruption, verrouillés par la peur ou l'intérêt. Certaines descriptions sont amusantes (le réveil nocturne de son excellence - avec sa femme simplement habillée de Chanel n° 5) et pour faire la maligne je pointerai du clavier le joli zeugma "s'enveloppant d'un couvre-pied de plume et d'un nimbe de fureur" (p. 129 GF) !
Bref ! j'ai bien aimé ce livre, mais je ne vois pas en quoi il m'apporte quelque chose, aujourd'hui et ici. Difficile de passer après Le temps où nous chantions !!!
Donc, il me tarde de vous lire ! Je l'ouvre à demi.
Anne-Sophie, entreet
Clivant, donc, ce Powers !
Alors pour ce soir, on change de continent, de thème, de format, de langue, d'échelle… de tout !
Sec et nerveux, économe de mots, d'une écriture précise et millimétrée, ce tout petit livre frappe fort. C'est beau comme le serait au cinéma le film d'un Melville sicilien (je me lance dans cette comparaison sans filet, je ne suis pas experte, mais c'est l'image qui me vient !), un cinéma intelligent et fait d'ellipses qui demande au spectateur de travailler un peu. La scène d'ouverture sur la place et celle dans le commissariat sont visuellement très fortes. La construction littéraire mériterait d'être décortiquée, ce que je n'ai pas fait, j'ai lu vite. J'ai été saisie par l'ambiance et par le courage qu'il a dû falloir, j'imagine, pour écrire un tel livre en 1961. Ce n'est pas la mafia du Parrain qui est montrée, l'échelle est d'abord celle du village de campagne, la dénonciation de Sciascia passe par l'observation de la peur, c'est très fort. La caméra est essentiellement posée au niveau des premiers maillons du système et de ses victimes, et centrée sur la belle figure, droite, fine et idéaliste, du capitaine Bellodi. On craint pour sa vie mais il s'en sort… pour cette fois. La justice ne passe pas mais il ne renonce pas et reviendra en Sicile en dépit de l'issue désespérante du rapport de force. J'ai déjà envie de relire le livre, j'ouvre entre ¾ et en grand.
Catherine, entreet   
En bref, plutôt reposant après Powers.
Globalement j'ai aimé.
D'abord le thème, j'ai vu pas mal de films mais au final lu très peu de livres sur la mafia.
Ensuite le style, le début par exemple est très bien fait, on a l'impression d'y être, c'est assez drôle en plus avec tous les témoins qui s'éclipsent.
Ça ressemble à un policier mais ça n'en est pas un. Mais les protagonistes sont là, le policier, le crime...
J'ai aimé aussi les séquences très courtes même si il faut être attentif car sinon on s'y perd un peu. Le côté un peu elliptique, beaucoup de choses ne sont pas dites clairement, il faut les deviner. Les personnages aussi, le capitaine, l'indicateur sont assez convaincants.

Quand même un peu court, l'auteur explique qu'il a élagué son texte, mais peut-être un peu trop au final.
J'ouvre aux 2/3.
Rozenn    
Je n'ai pas fini de voir le film que j'ai reçu il y a peu.
Je ne retrouve pas - je m'y attendais ! - la subtilité que j'ai aimée au début du livre :
- la distance du narrateur aux propos rapportés par les uns et les autres
- les personnages esquissés mais savoureux
- les petites touches parsemées concernant l'Histoire
- la mafia amenée peu à peu mais omniprésente.
Tout ça - qui m'avait complètement séduite au début du livre - a disparu. Le film n'exploite pas les interrogatoires en miroir ; j'imaginais pourtant une belle scène.
J'avais cru que l'écriture était faite pour le cinéma, avec beaucoup d'ellipses ; peut être plus pour le théâtre.
J'ai trouvé la seconde partie du livre plus lourdingue, un peu longue peut être parce que j'ai encore une fois lu trop vite.
Le héros a les yeux trop bleus et l'héroïne est ridiculement habillée et maquillée...
Françoise 
Je ne connaissais pas du tout cet auteur et j'ai découvert qu'il avait énormément écrit. Dommage que ce premier contact ne me donne pas envie d'en lire d'autres.
J'ai trouvé ce récit (il n'est dit nulle part que c'est un roman) confus et elliptique. Dans son désir de "supprimer, supprimer, supprimer" dit-il, on se retrouve avec une histoire qui manque de détails et de précisions. Il faut comprendre entre les lignes, malgré parfois des dialogues trop longs et assez incompréhensibles. De même l'introduction m'a particulière agacée, on nous "explique" le livre ? Le film ? "ici c'est au lecteur qu'il incombe de reconstruire tout cela, avec son intelligence..." (je dois en manquer). Certes, il faut prendre en compte l'époque où ce livre a été écrit, mais pour le plaisir de lecture, je préfère et recommande, Andrea Camilleri, plein d'humour, et si on veut se renseigner sur la mafia, ou la camorra, on peut lire Roberto Saviano, journaliste et écrivain extrêmement courageux.
La seule chose que j'ai apprise c'est que les crimes de la mafia étaient déguisés en crimes passionnels, ce qui est juste évoqué dans le livre et largement développé dans le film, avec la belle Claudia Cardinale. Les dialogues sont fidèles au livre. En revanche le début du film est totalement différent de celui du livre, et c'est dommage.
Aucun plaisir de lecture. Je le ferme.
Etienne
Ce livre m'a beaucoup plu, il est particulièrement réussi dans son entreprise de description de l'emprise séculaire et systémique de la mafia sicilienne. Tout commence donc comme une enquête policière classique mais très vite, et c'est ce qui m'a plu, les pistes se brouillent : éléments théâtraux, flou volontaire sur les protagonistes (il pourrait s'agir de n'importe qui, la mafia est potentiellement présente partout), rythme saccadé, digressions sur la vie de Bellodi. Et de terminer en beauté sur l'irrémédiable : même si tous les accusés ont été blanchis, Bellodi reviendra dans une sorte de course-poursuite perpétuelle. Il y aura toujours des policiers et des voleurs… J'aurais peut-être aimé par contre que Sciascia décrive un peu le terreau qui explique que la mafia est indéracinable (État jeune ? traditions anciennes ?).
J'ai évidemment pensé à Gomorra de Roberto Saviano que j'ai lu récemment (et aimé), qui décrit comme la mafia a toujours un coup d'avance, en s'adaptant parfaitement aux mutations d'un monde mondialisé.
Je l'ouvre aux ¾.

Avis des présents (plus ou moins masqués)
Séverine, entre et
Au début, j'étais enthousiaste : " oh un polar ! ". Je trouve la première scène très cinématographique, c'est dommage si on ne la retrouve pas dans le film.
Comme Fanny, je me suis perdue parmi les noms.
Je ne sais pas quoi penser de ce livre : je ne sais pas si j'aime ou non. J'imagine qu'à sa sortie, il a dû avoir une répercussion. Mais aujourd'hui, je n'ai rien découvert. Il y a des films, des livres sur ce sujet. Je n'ai rien contre ce livre, mais j'ai été déçue. Je l'ouvre entre un quart et la moitié. J'attribue cette cote à l'effet "daté".

Manuel
Je suis très partagé. Je pense que c'est un grand livre, mais je n'ai pas spécialement aimé. Les descriptions sont très fortes. Mais il me manque un truc pour adorer.

Annick
Pourquoi est-ce un grand livre ?

Manuel
À son époque, il a dénoncé la mafia dans les hautes sphères de la politique, la collusion entre politique et mafia. C'est un grand livre engagé !

Brouhaha...
Grand livre politique, mais pas grand livre littéraire ?
Manuel
Il y a de belles descriptions. J'ai appris beaucoup de choses sur la Sicile. La scène de l'interrogatoire au culot est très visuelle. Je pense que ça a été repris dans plusieurs films. Je suis partagé, on est vite perdu. J'ai lu l'introduction à la fin, elle est éclairante. Un grand livre parce que ça raconte plein de choses. J'ouvre en grand malgré mes réserves.
(Après la soirée) Mon avis sur le film : le livre a été largement librement adapté. Il ne faut surtout pas s'attendre à une réplique du livre. Des scènes ont été complètement inventées : l'intimidation du capitaine avec une simulation d'attentat (la scène de la voiture) ou Rosa (Claudia Cardinal) qui donne le nom du meurtrier suite au coup de bluff du capitaine. Cette scène est différente dans le livre... Le dispositif de la fenêtre existe dans le film et a été repris mais en points de surveillance entre le capitaine et le chef de la mafia. Les scènes à Rome sont évoquées dans un simple échange et c'est plutôt réussi.
Dans l'ensemble j'ai plutôt aimé. Damiano Damiani a fait de l'omerta l'autre sujet principal du film. L'intro dans le DVD est très bien. De même que le bonus (très long) de l'ami du réalisateur qui revient sur sa carrière et les autres films et réalisateurs qui l'ont influencé.
Et Franco Nero et Claudia Cardinal sont beaux à tomber !
Richard
Pour être franc, je ne l'ai lu que trois quarts du livre parce que je m'emmerdais. C'est assez difficile de suivre qui est qui. Les phrases ne sont pas attribuées directement. J'ai confirmé mes connaissances sur qui est la mafia, mais je n'en avais pas besoin, c'est du déjà vu. J'ai aimé le jeu entre le capitaine et le brigadier. Ça doit bien rendre en film. Je vais lire le dernier quart, mais, pour l'instant, je ne l'ouvre qu'à moitié.

Lisa
J'ai un peu honte, j'ai lu 20 pages. Je n'y arrive pas. De quoi, qui ? Je lis deux pages. J'arrête, je dois revenir en arrière, les relire pour essayer de savoir qui est qui, quoi est quoi. Ça me fait chier. J'ai passé un mois sur 20 pages. Je n'aime pas ces 20 pages. Je ne sais pas de quoi ça parle.

Jacqueline
Ça ne t'a pas frappée la première scène ?
Lisa
Il y a déjà plein de noms. Je ne savais pas qui étaient les carabiniers par rapport au capitaine, je n'ai pas compris et n'ai pas envie de m'intéresser. Saviano c'est bien. Bon c'est vrai que ce livre-là est sorti en 1961. Je ferme en grand.
Claire
Je suis étonnée car je suis la première (avec mon QI de geranium) à ne rien comprendre et à me lamenter, et là, même pas gênée... J'ai trouvé ce livre agréable à lire, intéressant, bien fait, instructif, et avec une composition, une forme romanesque sur laquelle je rejoins les éloges de Monique S, par exemple pour ces séquences qui arrivent sans prévenir - juste un blanc, qui rappelle le cinéma - avec des dialogues aux mystérieux interlocuteurs dont on devine les manigances, alternant avec les scènes d'interrogatoire dont certains valent le détour, par exemple l'interrogatoire philologique p. 75... Le capitaine est un peu Zorro, mais j'aimais bien Zorro, où il n'y avait cependant pas d'allusions littéraires comme dans cette histoire (voir ICI).
J'ai découvert le parcours de Sciascia (apprenant qu'il faut prononcer chacha...) pas banal (instituteur, député, avec une œuvre considérable et variée, francophile) et ai lu L'Affaire Moro avec une belle introduction de Dominique Fernandez (dont on n'a jamais rien lu...), livre qui m'a plus que barbée et que j'ai laissé tomber.
Dans La chouette, j'ai beaucoup apprécié la note de l'auteur qui prolonge le livre, et n'ai pas aimé par contre l'introduction (spoilante). Quant au film, j'ai été bon public à cause de Zorro, tout en le trouvant gros gros gros par rapport au livre.
Laura 
J'avoue n'avoir rien compris au livre et avoir été plutôt déçue. Il était tellement truffé de personnages peu développés dans leurs caractères que je me suis totalement perdue : je n'avais même pas compris qu'il y avait un héros.
Il faut dire aussi que je n'étais pas dans un environnement propice à une lecture concentrée, la plage et les vacances n'aident pas. Alors, j'étais constamment interrompue, et je ne savais jamais où j'en étais, la page d'avant ou la page d'après. Il est probable qu'à cause de ça j'ai sauté des passages. Pourtant la forme sans chapitre n'est pas dérangeante en elle-même : je sortais de Junky de Burroughs qui est semblable et pourtant j'ai adoré.
Donc je me suis dit que c'était peut être moi qui, simplement, n'accrochais pas à l'histoire. Et il est vrai que les histoires de mafia ne m'intéressent pas et ce depuis longtemps. C'est sûrement pour cette raison que j'ai survolé l'ouvrage (que j'ai pourtant lu jusqu'au bout), et que je n'ai pas compris qu'il y avait une intrigue. Malheureusement pour moi, j'ai réussi à rentrer dans l'histoire à partir des cinq dernières pages, qui étaient plutôt belles, ce qui, après les avoir lues, m'a mise dans une étrange mélancolie mêlée de frustration. Oui, le livre était déjà terminé. Peut être aurait-il dû être plus long, sans toutes ces ellipses, j'aurais peut être accroché.
Je l'ouvre au ¼ pour le bénéfice du doute, peut-être que l'ouvrage est génialissime et que mon désarroi provient uniquement de ma mauvaise volonté.
Jacqueline
Je ne l'ai pas trouvé tout de suite en bibliothèque sauf dans les œuvres complètes (Jacqueline sort son pavé...)

La foule, une fois de plus stupéfiée
Tu as tout lu ?!

Jacqueline
Non non ! Seulement Le Jour de la chouette et quelques nouvelles qui m'ont happée au passage. Je ne sais pas pourquoi je ne le connaissais pas, mais en picorant ses autres textes, je l'ai découvert comme écrivain. Il a écrit beaucoup de critique, il se réclame de Pirandello — un autre écrivain que je ne savais pas sicilien — et le défend contre des accusations erronées. Il publie des analyses sur des poètes siciliens... Bref il est profondément ancré dans la langue, la littérature et la vie de son île et de son pays. L'écrivain me plaît. Là, c'est un Sicilien qui me plonge en Sicile. J'ai l'impression d'entendre les personnages qu'il fait vivre, de les comprendre, d'assister aux scènes qu'il présente. Il parle de son monde en me donnant une impression d'authenticité que je n'avais pas toujours eue avec Powers.
Là-dessus, j'ai commencé Le Jour de la chouette. Il me semble qu'on ne peut pas le réduire à "un livre sur la mafia" comme il y en aura plus tard, y compris des enquêtes beaucoup plus explicites et détaillées, mais un roman parmi d'autres romans qui tous dressent un tableau de la Sicile. Celui-là nous présente des procédés mafieux, la peur qu'ils engendrent, le silence dont ils s'entourent et la difficulté de s'y affronter. La scène du début, où tout le monde s'échappe, est extraordinaire. Ensuite, les dialogues entre interlocuteurs énigmatiques sont savoureux et montrent très bien les enjeux de pouvoir, sans qu'il soit vraiment nécessaire de savoir exactement quel dignitaire de l'État ou de l'Église est celui appelé "Son Excellence". J'ai aimé le Sciascia qui n'élude pas le politique. J'ai surtout aimé la sobriété de moyens, aussi bien pour rendre humain chaque protagoniste que pour rendre cette atmosphère de silence et de non-dit.
Quand j'ai enfin eu en main l'édition de poche, la préface ne m'a pas emballée, mais j'y ai appris quelque chose sur la traduction qui m'aurait peut-être permis de mieux situer les interlocuteurs : le terme traduit par "Son excellence" est celui utilisé pour les députés en Italie.

Manuel
Pas seulement…
Jacqueline
Ce n'est pas grave !
Cependant, je regrette que la traduction ne puisse pas rendre la saveur des jeux avec le dialecte sicilien, même si certains propos du capitaine m'en donnent une idée. J'ai très envie de l'ouvrir en grand mais qu'est ce que je ferai quand un livre me plaira encore plus ? Allez, en grand !
Christelle
J'ai trouvé le livre très intéressant : cette omerta, comment l'existence même de la mafia pouvait être à ce point indémontrable officiellement ; mais je n'ai pas non plus vraiment accroché comme on peut être emporté dans un roman. Après la première scène, remarquable pour camper l'atmosphère, j'avoue avoir été perdue parmi les personnages, mais aussi les lieux : S..., B...
J'avais du mal à me représenter le village et les scènes extérieures. J'étais dans le registre du théâtre, grâce aux dialogues souvent intenses, plutôt que du film.
Mais à partir de la moitié, j'ai aimé. Il y a plusieurs passages plein d'humour malgré l'ambiance dramatique, notamment le moment avec "Son Excellence" et sa femme : "Maintenant, le problème était d'apaiser Madame, problème encore plus ardu que les autres problèmes, pourtant terriblement difficiles, inhérents à ses fonctions"... (p. 130)
Les émotions sont très palpables, l'angoisse de l'indic, la rage de Marchica qui se croit trahi, l'arrogance de Don Mariano qui se sait intouchable. Au final, j'ouvre entre ½ et ¾. Mais plutôt ¾ parce que j'ai envie de le relire et de voir le film.

Annick A
Le thème du livre ne m'a pas intéressée car je n'ai rien appris de plus sur la mafia que je ne connaissais déjà, sauf qu'effectivement ça se passe en 1961. C'est le tout début de la mafia, au point qu'on puisse en nier l'existence. C'est fou !!!
Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est le décalage entre le fond et la forme. Il y a une tonalité de légèreté, une truculence et une drôlerie, en décalage total avec la gravité des événements. Et des passages très drôles, par exemple l'interrogatoire de Pizzuco p.120 :

- Et de quoi avez-vous parlé ?
- De rien, capitaine, de rien. De choses tellement inutiles qu'on les oublie immédiatement ; c'est comme si quelqu'un écrivait sur une flaque d'eau… Je l'ai félicité d'avoir recouvré la liberté tout en pensant qu'on gaspillait les amnisties
.

C'est du Audiard ! De même les échanges entre le capitaine et Don Mariano se passent dans une tranquillité nonchalante qui vient souligner la certitude de l'impunité. C'est cette contradiction apparente entre le fond et la forme qui rend la situation encore plus tragique. Ça accentue la dramaturgie.
Il y a un passage très intéressant sur les raisons du nombre important de fascistes en Sicile. Les fascistes au pouvoir ont démantelé la mafia, donnant à cette seule région de toute l'Italie cette liberté qui consiste en la sécurité des biens et de la vie (p. 94).
Quant à l'introduction Je l'ai lue après. Ça m'a ennuyée.

Concerts de critiques sur l'intro explicative...

Annick
Bref, ça m'a cassé les pieds, je ne l'ai pas fini. Je l'ouvre à moitié, enfin entre un quart et la moitié.

Tout le monde
Ah bon ?! Tu as été élogieuse.
Annick
Oui, mais le sujet ne m'a pas intéressée et je n'ai rien appris. Bon, j'ouvre à moitié.

Lisa
Parfois le tour de table me fait reconsidérer ma lecture, là… non.

Deux sujets de discussion :

rapide sur le titre (Le Jour de la chouette) : il n'y pas de chouette dans le livre, mais une épigraphe empruntée à Shakespeare : "... Comme la chouette quand elle se montre le jour." Pendant le jour, à la lumière, la chouette disparaît, telle la mafia qui n'existe pas...

long sur la question de l'appropriation culturelle : Jacqueline tend des verges pour se faire cerner (par les présents en tout cas...) qui protestent avec virulence amicale ; en effet, elle compare Sciascia et Powers : Sciascia lui est sicilien, Powers n'est pas noir... ; on lui rétorque qu'on peut être sicilien et piètre écrivain... oui... mais l'authenticité...
Lisa demande s'il faut regretter que Nabokov n'ait pas été pédophile pour Lolita  ! Des romans plongeant dans l'horreur sont évoqués où les auteurs n'étaient pas nazis...
À nouveau, ce qui est le propre de la littérature et du talent d'un écrivain - inventer un univers - est mis en cause. Manuel rappelle que c'est la troisième fois en quelques mois :
- pour Powers où Nathalie avait remarqué que Blanc il gagnait de l'argent en faisant un roman sur les Noirs...
- pour Bérangère Cournut où Etienne avait fortement contesté sa légitimité pour parler des Inuits sans être allée au Groënland ; il n'était pas le seul  et Claire avait eu une crise de nerfs littéraire...
- et maintenant pour Sciascia qui lui est légitime pour faire un livre sur la Sicile parce qu'il est sicilien...
Manuel ajoute que depuis plus de 30 ans que le groupe existe, jamais ces questions ne sont apparues dans le groupe.
Claire constate que l'air du temps doit en être la cause, avec les ravages du politiquement correct...
Polémique à suivre, qui nous change de "est-ce un livre pour le groupe lecture ?"...


DES INFOS autour du livre

Un film aussi
Nous visionnerons avant le film La Mafia fait la loi, de Damiano DAMIANI, adapté en 1968 du roman, avec Claudia Cardinale, Franco Nero (primé dans ce rôle) et Serge Reggiani.

Olivier Père, critique de cinéma et aujourd'hui directeur du cinéma sur Arte, en dit ceci : "Damiano Damiani, cinéaste engagé, est l’auteur d’une œuvre associant la critique sociale et politique aux codes du cinéma de divertissement, avec parfois des incursions réussies dans les genres populaires. La mafia fait la loi est d’un des films les plus exemplaires de sa méthode : scénario solide et didactique, efficacité de la mise en scène, trouvailles visuelles fortes qui structurent le récit, incursions mesurées dans le grotesque et la satire."
  

Ce qui nous a donné l'idée de lire ce livre
Pendant le confinement, chaque semaine Le Monde des livres a sollicité des écrivains pour qu'ils évoquent l'ouvrage (de poche) qui ne les quitte pas. Dominique Manotti, écrivaine (que nous n'avons jamais lue) a choisi Le Jour de la chouette de Leonardo Sciascia (Le Monde, 22 avril 2020), tandis qu'Olivier Guez loue Le Pont sur la Drina d’Ivo Andric, Agnès Desarthe Martin Eden, Delphine de Vigan Les Heures et Valentine Zuber Article 353 du code pénal, tous livres que nous avons justement lus récemment.
Voici ce que Dominique Manotti dit du Jour de la chouette : "Avec ce roman, j'ai ressenti physiquement et j'ai compris"... suite ici

Chronologie de la vie et des œuvres principales de Leonardo Sciascia, auteur de romans, nouvelles, poésie, essais, théâtre, scénarios (en complément de la chronologie figurant en GF)
- 1921 : Naissance à Racalmuto (province d'Agrigente). Son grand-père travaille à la mine de soufre dès 9 ans et termine sa carrière au service administratif. Son père, qui y travaille aussi, s'inscrira au parti fasciste pour assurer la sécurité de son travail...
Il est le contemporain de l'écrivain Andrea Zanzotto, et à peine plus âgé que Pasolini (né en 1922) et Calvino (né en 1923).
- 1935 : il commence ses études à Racalmuto, puis à l'École normale à Caltanissetta où sa famille s'installe. Vitaliano Brancati, écrivain d'abord fasciné par Mussolini puis critique du fascisme, est l'un de ses professeurs. Il découvre la littérature française et la littérature américaine.
- 1941-1948 : employé à l'Office de ramassage du blé, qui lui donne une grande connaissance des milieux ruraux, des puissants et des asservis.
- 1944 : Mariage avec Maria Andronico, institutrice, dont il aura deux filles. Commence à écrire et à publier.
- 1949 : De retour à Racalmuto, il y est instituteur.
- 1950 : Publie Fables de la dictature. Se lie d'amitié avec Pasolini. Collabore activement à diverses revues.
- 1953 : Publie un premier essai sur Pirandello et la Sicile ; il sera suivi d'une longue série d'études sur cet écrivain qu'il considérait comme l'un de ses maîtres. Commence à écrire dans la presse.
- 1955 : Premier voyage à Paris.
- 1956 : Paroisses de Regalpetra, son premier roman, dans lequel il décrit son expérience professionnelle.
- 1959 : Oncles de Sicile (dans chacune des nouvelle, le petit monde sicilien est transformé par un tournant de l'Histoire). Sciascia s'établit à Caltanissetta et occupe diverses fonctions administratives dans le cadre du ministère de l'Éducation nationale (qu'il quittera définitivement en 1970).
- 1961 : Le Jour de la chouette. Dès lors, Sciascia va publier très régulièrement, et presque chaque année. Dès le milieu des années 60, la plupart de ses livres seront assez rapidement traduits en français.
- 1963 : Le Conseil d'Égypte, roman historique où des Siciliens, motivés par le bruit de la Révolution Française, espèrent le changement dans une société figée.
- 1964 : Mort de l'inquisiteur : une enquête sur fond historique où un moine est puni de mort par l'Inquisition.
- 1965 : Publication de Le Député, pièce qui met en avant les relations entre le gouvernement italien et la mafia.
- 1966 : A chacun son dû, roman policier, adapté au cinéma l'année suivante par Elio Petri.
- 1969 : Début de son expérience journalistique au Corriere della Sera. Il publie aussi La Controverse liparitaine.
- 1970 : La Corde folle : écrivains et choses de Sicile (11 courts récits). Sciascia s'installe définitivement à Palerme et décide de se consacrer exclusivement à l'écriture.
- 1971 : Le Contexte, roman sur l'Italie d'après 1968 (adapté en 1976 par Francesco Rosi, sous le titre Cadavres exquis avec Lino Ventura), est vivement critiqué par le gouvernement et le milieu social-communiste : c'est le premier livre de Sciascia à susciter une polémique, dans les milieux littéraires et politiques comme dans la presse. Il y en aura d'autres par la suite, toujours plus violentes. Il publie aussi Actes sur la mort de Raymond Roussel, un des ouvrages qui lui permet de critiquer la société de son temps à travers le récit de crimes.
- 1973 : La Mer couleur de vin.
- 1974 : Todo modo, histoire d'un groupe d'hommes politiques qui, réunis dans un ermitage pour des exercices spirituels destinés à les purger de leurs crimes de corruption, se retrouvent au centre d'une série de crimes qui décapitent la direction de leur parti. Adapté au cinéma par Elio Petri en 1976, avec Marcello Mastroianni.
- 1975 : La Disparition de Majorana. Sciascia est élu au conseil municipal de Palerme, sous les couleurs du Parti Communiste italien. Il démissionne en 1977 car le parti se rapproche trop de la Démocratie Chrétienne.
- 1977 : Candide, un rêve fait en Sicile montre son intérêt pour la culture française, tout comme en 1984 Stendhal et la Sicile. Il prend une part active à la polémique sur les intellectuels, la violence et la justice.
- 1978 : Enlèvement puis assassinat d'Aldo Moro. Sciascia publie l'Affaire Moro quelques mois plus tard. Les polémiques redoublent.
- 1979 : Noir sur noir. Élu à la Chambre des députés (ainsi qu'au Parlement européen) sur la liste du Parti radical, où il siégera jusqu'en 1983. Il travaille activement au sein de la commission d'enquête sur l'assassinat d'Aldo Moro, et rédige un rapport parlementaire "minoritaire", qui sera publié en 1983.

- 1981 : Le Théâtre de la mémoire : récits.
- 1983 : Mots croisés. Violentes polémiques autour de la mafia et de l''anti-mafia", qui se prolongeront sur plusieurs années.
- 1983 : Petites Chroniques.
- 1986 : La Sorcière et le Capitaine.
- 1987 : 1912+1 ; Portes ouvertes.
- 1988 : Le Chevalier et la Mort.
- 1989 : Sciascia meurt le 20 novembre. Une histoire simple sort en librairie le jour même de sa mort. Peu après, ce seront En future mémoire, et Faits divers d'histoire littéraire et civile dont il avait suivi la préparation jusqu'à la fin. Sur sa tombe à Racalmuto est gravée une citation de Villiers de L'Isle-Adam qu'il avait choisie : "Nous nous en souviendrons de cette planète"...

Sa tombe - La statue de Sciascia dans une rue de son village
Racalmuto

Interviews à lire - Articles
- Un entretien très approfondi en 1987 deux ans avant sa mort, extrait de Leonardo Sciascia, qui êtes-vous ?, par James Dauphiné, La Manufacture, 1990, 11 p.

- Un entretien plus rapide (2 p.) par Benedetta Craveri, Le Monde, 6 octobre 1989

Quelques articles de fond généraux et pas sur le seul livre que nous lisons :
- "Leonardo Sciascia et l’esprit des Lumières",
Raymond Trousson, Studi Francesi, n° 154, 2008, 80-92.
- "Leonardo Sciascia : l’inquisiteur et l’hérétique", Daniel Chambet, Esprit, n° 8, 2015

Vidéos
- Très brève interview vidéo sous-titrée de Sciascia "La Sicile comme métaphore"
- Leonardo Sciascia auto-portrait, un film de 27 min de Pasquale Misuraca en 2001, avec archives, en italien
- Rencontre avec Anna Maria Sciascia, fille de l'écrivain, avec Daniela Spalanca, 2011 18 min, en italien
.

- L'homme de Racalmulto, un portrait de 1995 par son ami Gesualdo Bufalino, 7 min.

Et la littérature en Sicile ?
La "littérature de Sicile" : un entretien avec Claude Chambard, traducteur, Maurice Darmon, Atlantiques n° 42, avril 1989 ("Historiquement la littérature sicilienne précède, accompagne ou suit la littérature italienne ?"...)

Quelques titres cités à propos de Sciacia :
- Le Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, ed. Points, 384 p. (lu dans le groupe en 2007)
- Six personnages en quête d'auteur, Luigi Pirandello, ed. Flammarion, 158 p.
- La forme de l'eau, Andrea Camilleri, ed. Pocket, 256 p.
- Les Malavoglia, Giovanni Verga, ed. Gallimard, 400 p.
- Poèmes, Salvatore Quasimodo, ed. Unes, 46 p.
- Conversation en Sicile, Vittorini Elio, ed. Gallimard, 222 p.

La littérature se faufile dans Le Jour de la chouette :
- p. 70 (GF) : des poètes siciliens, Ignazio Buttitta, Francesco Lanza
- p. 74 : "le panorama littéraire de la Sicile, depuis Verga jusqu'au Guépard"
- p. 142 : Le Bonnet de fou de Pirandello
- p. 172 : Bel Antoine de Brancati : "Le coq de Picasso qui s'étalait sur la couverture du Bel Antoine, de Brancati, leur parut un délicieux emblème de la Sicile."
1949

 

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
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