Quatrième
de couverture :
"La mafia est une association criminelle ayant pour fin l’enrichissement
de ses membres, qui se pose en inter-médiaire parasite, et s’impose,
par la violence, entre la société et le travail, la production
et la consommation, le citoyen et l’État… J’ai cherché
à comprendre ce qui faisait que quelqu’ un était mafioso"
: tel est, selon l’écrivain sicilien Leonardo Sciascia, le
sens du Jour de la chouette. Ce roman, qui inaugure dans son œuvre
une série de récits jouant des codes du roman policier pour
dénoncer les tabous les plus sensibles, offre une véritable
immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène la société
sicilienne. Il s’est imposé, dès sa sortie en 1961,
comme une référence incontournable sur le sujet, et demeure
aujourd’hui le plus populaire de tous les livres de Sciascia. Livre de poche, 1980 Quatrième
de couverture :Une
petite ville de Sicile, au matin. Une rue calme et qui n'a l'air de rien.
Et brusquement, tirés on ne sait d'où, deux coups de feu.
Un homme tombe. Aussitôt les témoins, cependant nombreux,
s'éparpillent. Personne n'a rien vu. C'est le silence.
Einaudi,
1961 |
Leonardo SCIASCIA (1921-1989)
|
•
Un film aussi • Ce qui nous a donné l'idée de lire ce livre • Chronologie de la vie et des œuvres principales • Interviews à lire - Articles • Vidéos • Et la littérature en Sicile ? |
|
Nos
20 cotes d'amour
|
Avis transmis
Brigitte, entreet
Je découvre cet auteur, très original et pétillant
d'intelligence et de culture.
C'est un livre très étrange, genre d'OVNI littéraire.
Il s'agit, à mon avis, d'un essai sur la mafia sicilienne présenté
sous la forme d'un roman policier.
La lecture n'est pas très facile, car on ne nous explique jamais
qui sont les protagonistes, ni quels sont les liens qui les unissent.
Rien n'est laissé au hasard, tout les mots sont pesés, analysés
étymologiquement et placés avec soin.
J'ai commencé par lire l'introduction et comme je n'y comprenais
rien, je suis passée au texte proprement dit, pour revenir à
l'introduction. Je pense qu'il aurait fallu relire ensuite le texte, pour
tout à fait bien comprendre, mais je n'ai pas relu.
Une fois tous ces obstacles franchis, le livre est une belle réflexion
sur la mafia et une bonne introduction à toute discussion sur ce
sujet.
C'est vraiment un travail d'intellectuel, avec de très nombreuses
allusions culturelles, mais jamais on ne se projette dans aucun des personnages,
même pas dans celui du commissaire enquêteur qui voit son
travail magistral complètement sabordé, mais qui est prêt
à reprendre son poste par amour pour cette Sicile, complètement
gangrenée, du haut jusqu'en bas de la société, par
cette mafia omniprésente.
J'hésite entre ½ et ¾.
Monique L
C'est un petit livre clair, bien écrit et qui montre le mécanisme
de l'omerta à l'œuvre. C'est une dénonciation sans
ambiguïté de la corruption et du pouvoir politico-économique
de la mafia.
C'est une œuvre plus politique que policière.
L'enquêteur, par ruse et ténacité, va parvenir à
établir la liste des coupables mais cela ne servira à rien.
Par moment, c'est même drôle, par exemple le vendeur de beignets
qui n'a pas entendu les coups de feu, la fuite des occupants du bus.
Ce qui m'a intéressée dans ce livre, c'est la façon
dont sont traitées les découvertes de l'enquêteur
qui semblent inattaquables et pourtant ne serviront à rien. Cela
rend palpable la chape de plomb que la mafia fait peser sur la vie des
villageois, avec l'impossibilité de lui échapper et la difficulté
d'établir la vérité.
Sciascia est très adroit, sachant la date à laquelle le
livre a été écrit. Il faut qu'il soit courageux et
diplomate. Il est clairvoyant et plein de bon sens et les solutions qu'il
propose restent toujours d'actualité :
"Il faudrait surprendre les gens par l'évasion fiscale comme on fait aux États-Unis. Mais pas seulement les gens connus comme mafieux et non seulement en Sicile. Il faudrait, tout d'un coup, se pointer dans les banques, mettre des mains expertes dans la comptabilité, le plus souvent double, des grandes et petites entreprises, réviser le cadastre (...), flairer autour des villes, des automobiles de luxe, des épouses et amants, les amoureuses de certains fonctionnaires confrontant leurs signes de richesse aux salaires pour en tirer le juste sens".
C'est un réquisitoire
efficace.
J'ai du mal à parler du versant littéraire de l'œuvre.
Certes c'est bien écrit, mais pour ma part, le propos submerge
toute tentative de mener à bien une analyse sur le sujet.
J'ouvre ½.
Le film est intéressant mais l'adaptation m'a paru trop centrée
sur Claudia Cardinale (qui joue son rôle de façon très
convaincante) et les beaux yeux de Franco Nero. J'ai aimé le film
en lui-même, mais pas comme mise en images du Jour de la chouette.
Fanny
J'ai commencé le livre mercredi midi dans les transports et l'ai
fini hier en terrasse en attendant l'heure d'aller au théâtre... :
petit moment de plaisir dérobé au rythme quotidien.
Malgré ces conditions optimales, je suis passée à
côté du livre. Je me suis dès le début perdue
dans les différents protagonistes, je suis incapable de dire qui
est qui et je n'ai pas retenu un seul nom. Par là-même les
personnages m'apparaissent tous indifférenciés, je n'ai
pas éprouvé d'empathie et même pas d'intérêt
pour aucun d'entre eux.
Si cette première impression semble de mon côté sans
appel, j'ai cependant apprécié le style d'écriture
et en particulier certains dialogues truculents. J'ai aimé cet
humour décalé, à mon sens souvent ironique, qui dépeint
l'univers de la mafia (d'ailleurs non, puisque d'après l'un des
protagonistes personne n'a jamais pu prouver son existence). Certaines
phrases grappillées au hasard du texte sont à l'unisson
avec cette description.
Je regrette de ne pas avoir vu le film, car peut-être en étant
incarnés par des acteurs, les personnages auraient su me toucher,
ils auraient pris corps. Je suis donc d'autant plus curieuse de lire les
avis de ceux et celles d'entre vous qui ont lu le livre et vu le film.
En lisant les dialogues, je me disais aussi que j'aurais envie de les
entendre jouer dans une pièce de théâtre.
Avec ce mélange de ressentis contrastés, j'ouvre à
moitié, je pense que mes réserves appartiennent essentiellement
à mes (absences de) ressentis personnels. J'ai déjà
prêté le livre pensant qu'il pourrait plaire.
Denis
Je me régale à lire et relire ce petit livre. C'est au moins
la troisième ou quatrième fois que je le lis dans son entier,
mais j'aime aussi l'ouvrir au hasard et en savourer quelques pages.
L'interrogatoire des deux frères Colasberna, par exemple, est un
petit chef-d'œuvre d'humour noir ("Je
n'ai jamais entend parler de ça, bafouilla Giuseppe, et ils sont
heureux de s'en tirer à si peu de frais"...). Chaque
interrogatoire m'apparaît comme une pièce d'anthologie.
J'aime la brièveté de l'écriture. Chaque phrase porte
et ouvre au lecteur des questions sur le statut de "la" vérité
dans une enquête menée par un policier sympathique (au lecteur)
et intelligent.
Ma principale question est : qui est le narrateur, où se situe-t-il
dans cette narration ? Est-il omniscient ? Comment peut-il restituer les
conversations entre le chef mafiosi et le député ?
Je rapproche ce livre des Dürrenmatt (La
panne, Le
juge et son bourreau). J'ai lu quelques autres Sciascia (L'Affaire
Moro, Le
contexte) qui soulèvent la question de la signification
du silence, celui de l'enquêteur comme celui
des criminels, et de son interprétation par les acteurs de l'enquête.
J'ouvre en grand.
Monique S
Apprenant l'italien, j'ai décidé de lire le livre de Sciascia
dans sa langue d'origine. Si je lis très facilement Erri de Luca,
je dois avouer que la langue de Sciascia est beaucoup plus complexe, et
que j'ai dû souvent avoir recours à la version française.
J'ai beaucoup aimé ce livre : d'abord pour les personnages qui
sont campés avec force. Même la langue varie selon les personnages :
l'un des enquêteurs en particulier aime s'exprimer avec les expressions
siciliennes, amusement de Sciascia qui a écrit un livre L'œil
de la chèvre où il joue avec beaucoup de ces expressions.
Ensuite, j'ai énormément aimé, j'ai été
scotchée même, par la construction du livre, tirée
au couteau, par juxtaposition de séquences comme des scènes
de film. Les allers-retours de scènes entre les policiers et les
mafieux sont remarquables ; le lecteur doit recomposer l'histoire,
et voit se dérouler sous ses yeux le fonctionnement des mafieux.
Aucune explication, mais on voit à l'œuvre les pouvoirs, les
tentacules, les intimidations, les règlements de compte. Le fait
de suivre les dialogues comme sur écoute de personnages sans visage,
anonymés, montre à quel point la société est
gangrenée dans les plus hautes sphères du pouvoir, bien
mieux que par un essai ou un documentaire.
Je suis impressionnée par la connaissance de Sciascia sur le sujet,
par le courage qu'il a eu en 1961 d'oser sortir un tel livre.
J'ai vu l'année dernière le film Le
Traite qui m'a beaucoup appris (mais où j'ai dû fermer
les yeux la moitié du temps durant les longues séquences
de torture en ville comme à l'intérieur des murs des prisons
par les mafieux sur les repentis). Mais tout ce qui est montré
dans ce film est déjà présent dans le Jour de
la chouette.
Au-delà de l'enquête policière et du thème
de la mafia, je trouve que Sciascia propose aussi un modèle d'homme
très intéressant, à travers le capitaine ; c'est
un courageux, un résistant...
La fin est énigmatique et troublante : Bellodi a compris que
son investigation ne pourra rien prouver, que les mafieux l'emportent,
et pourtant s'il est vaincu comme enquêteur, il n'est pas vaincu
comme humain. D'abord, il aime encore la vie, les soirées entre
amis, le vin, le sexe, la neige... Intellectuellement, il n'a rien perdu
de son esprit combatif : l'anecdote qu'il raconte à ses copines
sur la prison sicilienne résume d'une façon détournée
et exemplaire toute sa propre histoire. Et à la fin, il sait qu'il
retournera là-bas...
Je suis allée en Sicile quelques mois après l'assassinat
du juge Falcone ; l'autoroute qui avait été en partie
détruite près de Palerme portait encore les traces de l'explosion.
Incroyable était l'émotion des Italiens en passant à
cet endroit : silence total, parfois des larmes, certains se signaient...
En lisant le livre, j'ai souvent associé Bellodi au juge Falcone.
J'ouvre en grand.
Nathalie
J'ai lu Le Jour de la chouette en pointillés pour cause
de surcharge mentale dans les deux dernières semaines. Je l'ai
lu avec rapidité au tout début, puis de façon plus
ou moins molle les jours suivants. Le sujet en lui-même ne m'a pas
du tout intéressée. J'ai vraiment fait un effort pour le
poursuivre et essayer de le terminer pour ce soir.
Pourtant, je trouve l'auteur très courageux d'avoir écrit
ce livre à l'époque où il l'a rédigé
et pour avoir lu sa postface, je sais qu'il a dû passer beaucoup
de temps à couper et cisailler son texte afin que celui-ci puisse
voir le jour sans qu'il puisse, lui, y perdre sa tête (au propre
comme au figuré). Si le sujet n'était pas aussi sérieux,
je pense que j'aurais davantage ri au cours de ma lecture. Son écriture
est très théâtrale, très drôle (je pense
à la classification des humains, entre hommes et coin coins), très
réjouissante. Les dialogues sont enlevés, malins, très
réalistes et bien construits. Il a l'art de la mise en scène
et le personnage du capitaine est formidable : neutre, en retrait,
nous permettant - dans une certaine mesure - d'entrer nous aussi,
dans la vision distanciée qu'il a, du monde dans lequel il a été
projeté, dont il ne maîtrise pas tous les codes, toutes les
tournures dialectales et où tous les hommes semblent entremêlés
dans les liens de la corruption, verrouillés par la peur ou l'intérêt.
Certaines descriptions sont amusantes (le réveil nocturne de son
excellence - avec sa femme simplement habillée de Chanel n°
5) et pour faire la maligne je pointerai du clavier le joli zeugma "s'enveloppant
d'un couvre-pied de plume et d'un nimbe de fureur"
(p. 129 GF) !
Bref ! j'ai bien aimé ce livre, mais je ne
vois pas en quoi il m'apporte quelque chose, aujourd'hui et ici. Difficile
de passer après
Le temps où nous chantions !!!
Donc, il me tarde de vous lire ! Je l'ouvre à demi.
Anne-Sophie, entreet
Clivant, donc, ce Powers ! Alors pour
ce soir, on change de continent, de thème, de format, de langue,
d'échelle… de tout !
Sec et nerveux, économe de mots, d'une écriture précise
et millimétrée, ce tout petit livre frappe fort. C'est beau
comme le serait au cinéma le film d'un Melville sicilien (je me
lance dans cette comparaison sans filet, je ne suis pas experte, mais
c'est l'image qui me vient !), un cinéma intelligent et fait
d'ellipses qui demande au spectateur de travailler un peu. La scène
d'ouverture sur la place et celle dans le commissariat sont visuellement
très fortes. La construction littéraire mériterait
d'être décortiquée, ce que je n'ai pas fait, j'ai
lu vite. J'ai été saisie par l'ambiance et par le courage
qu'il a dû falloir, j'imagine, pour écrire un tel livre en
1961. Ce n'est pas la mafia du Parrain
qui est montrée, l'échelle est d'abord celle du
village de campagne, la dénonciation de Sciascia passe par l'observation
de la peur, c'est très fort. La caméra est essentiellement
posée au niveau des premiers maillons du système et de ses
victimes, et centrée sur la belle figure, droite, fine et idéaliste,
du capitaine Bellodi. On craint pour sa vie mais il s'en sort… pour
cette fois. La justice ne passe pas mais il ne renonce pas et reviendra
en Sicile en dépit de l'issue désespérante du rapport
de force. J'ai déjà envie de relire le livre, j'ouvre entre
¾ et en grand.
Catherine, entreet
En bref, plutôt reposant après Powers.
Globalement j'ai aimé.
D'abord le thème, j'ai vu pas mal de films mais au final lu très
peu de livres sur la mafia.
Ensuite le style, le début par exemple est très bien fait,
on a l'impression d'y être, c'est assez drôle en plus avec
tous les témoins qui s'éclipsent.
Ça ressemble à un policier mais ça n'en est pas un.
Mais les protagonistes sont là, le policier, le crime...
J'ai aimé aussi les séquences très courtes même
si il faut être attentif car sinon on s'y perd un peu. Le côté
un peu elliptique, beaucoup de choses ne sont pas dites clairement, il
faut les deviner. Les personnages aussi, le capitaine, l'indicateur sont
assez convaincants.
Quand même un peu court, l'auteur explique qu'il a élagué
son texte, mais peut-être un peu trop au final.
J'ouvre aux 2/3.
Rozenn
Je n'ai pas fini de voir le film que j'ai reçu il y a peu.
Je ne retrouve pas - je m'y attendais ! - la subtilité que
j'ai aimée au début du livre :
- la distance du narrateur aux propos rapportés par les uns et
les autres
- les personnages esquissés mais savoureux
- les petites touches parsemées concernant l'Histoire
- la mafia amenée peu à peu mais omniprésente.
Tout ça - qui m'avait complètement séduite au début
du livre - a disparu. Le film n'exploite pas les interrogatoires
en miroir ; j'imaginais pourtant une belle scène.
J'avais cru que l'écriture était faite pour le cinéma,
avec beaucoup d'ellipses ; peut être plus pour le théâtre.
J'ai trouvé la seconde partie du livre
plus lourdingue, un peu longue peut être parce que j'ai encore une
fois lu trop vite.
Le héros a les yeux trop bleus et
l'héroïne est ridiculement habillée et maquillée...
Françoise
Je ne connaissais pas du tout cet auteur et j'ai découvert qu'il
avait énormément écrit. Dommage que ce premier contact
ne me donne pas envie d'en lire d'autres.
J'ai trouvé ce récit (il n'est dit nulle part que c'est
un roman) confus et elliptique. Dans son désir de "supprimer,
supprimer, supprimer" dit-il, on se retrouve avec une histoire
qui manque de détails et de précisions. Il faut comprendre
entre les lignes, malgré parfois des dialogues trop longs et assez
incompréhensibles. De même l'introduction m'a particulière
agacée, on nous "explique" le livre ? Le film ? "ici
c'est au lecteur qu'il incombe de reconstruire tout cela, avec son intelligence..."
(je dois en manquer). Certes, il faut prendre en compte l'époque
où ce livre a été écrit, mais pour le plaisir
de lecture, je préfère et recommande, Andrea
Camilleri, plein d'humour, et si on veut se renseigner sur la mafia,
ou la camorra, on peut lire Roberto
Saviano, journaliste et écrivain extrêmement courageux.
La seule chose que j'ai apprise c'est que les crimes de la mafia étaient
déguisés en crimes passionnels, ce qui est juste évoqué
dans le livre et largement développé dans le film, avec
la belle Claudia Cardinale. Les dialogues sont fidèles au livre.
En revanche le début du film est totalement différent de
celui du livre, et c'est dommage.
Aucun plaisir de lecture. Je le ferme.
Etienne
Ce livre m'a beaucoup plu, il est particulièrement réussi
dans son entreprise de description de l'emprise séculaire et systémique
de la mafia sicilienne. Tout commence donc comme une enquête policière
classique mais très vite, et c'est ce qui m'a plu, les pistes se
brouillent : éléments théâtraux, flou
volontaire sur les protagonistes (il pourrait s'agir de n'importe qui,
la mafia est potentiellement présente partout), rythme saccadé,
digressions sur la vie de Bellodi. Et de terminer en beauté sur
l'irrémédiable : même si tous les accusés
ont été blanchis, Bellodi reviendra dans une sorte de course-poursuite
perpétuelle. Il y aura toujours des policiers et des voleurs…
J'aurais peut-être aimé par contre que Sciascia décrive
un peu le terreau qui explique que la mafia est indéracinable (État
jeune ? traditions anciennes ?).
J'ai évidemment pensé à Gomorra
de Roberto Saviano que j'ai lu récemment (et aimé), qui
décrit comme la mafia a toujours un coup d'avance, en s'adaptant
parfaitement aux mutations d'un monde mondialisé.
Je l'ouvre aux ¾.
Avis
des présents
(plus ou moins masqués)
Séverine,
entre et
Au début, j'étais enthousiaste : " oh un polar ! ".
Je trouve la première scène très cinématographique,
c'est dommage si on ne la retrouve pas dans le film.
Comme Fanny, je me suis perdue parmi les noms.
Je ne sais pas quoi penser de ce livre : je ne sais pas si j'aime ou non.
J'imagine qu'à sa sortie, il a dû avoir une répercussion.
Mais aujourd'hui, je n'ai rien découvert. Il y a des films, des
livres sur ce sujet. Je n'ai rien contre ce livre, mais j'ai été
déçue. Je l'ouvre entre un quart et la moitié. J'attribue
cette cote à l'effet "daté".
Manuel
Je suis très partagé. Je pense que c'est un grand livre,
mais je n'ai pas spécialement aimé. Les descriptions sont
très fortes. Mais il me manque un truc pour adorer.
Annick
Pourquoi est-ce un grand livre ?
Manuel
À son époque, il a dénoncé la mafia dans les
hautes sphères de la politique, la collusion entre politique et
mafia. C'est un grand livre engagé !
Brouhaha...
Grand livre politique, mais pas grand livre littéraire ?
Manuel
Il y a de belles descriptions. J'ai appris beaucoup de choses sur la Sicile.
La scène de l'interrogatoire au culot est très visuelle.
Je pense que ça a été repris dans plusieurs films.
Je suis partagé, on est vite perdu. J'ai lu l'introduction à
la fin, elle est éclairante. Un grand livre parce que ça
raconte plein de choses. J'ouvre en grand malgré mes réserves.
(Après la soirée) Mon avis sur le film : le livre
a été largement librement adapté. Il ne faut surtout
pas s'attendre à une réplique du livre. Des scènes
ont été complètement inventées : l'intimidation
du capitaine avec une simulation d'attentat (la scène de la voiture)
ou Rosa (Claudia Cardinal) qui donne le nom du meurtrier suite au coup
de bluff du capitaine. Cette scène est différente dans le
livre... Le dispositif de la fenêtre existe dans le film et a été
repris mais en points de surveillance entre le capitaine et le chef de
la mafia. Les scènes à Rome sont évoquées
dans un simple échange et c'est plutôt réussi.
Dans l'ensemble j'ai plutôt aimé. Damiano Damiani a fait
de l'omerta l'autre sujet principal du film. L'intro dans le DVD est très
bien. De même que le bonus (très long) de l'ami du réalisateur
qui revient sur sa carrière et les autres films et réalisateurs
qui l'ont influencé.
Et Franco Nero et Claudia Cardinal sont beaux à tomber !
Richard
Pour être franc, je ne l'ai lu que trois quarts du livre parce que
je m'emmerdais. C'est assez difficile de suivre qui est qui. Les phrases
ne sont pas attribuées directement. J'ai confirmé mes connaissances
sur qui est la mafia, mais je n'en avais pas besoin, c'est du déjà
vu. J'ai aimé le jeu entre le capitaine et le brigadier. Ça
doit bien rendre en film. Je vais lire le dernier quart, mais, pour l'instant,
je ne l'ouvre qu'à moitié.
Lisa
J'ai un peu honte, j'ai lu 20 pages. Je n'y arrive pas. De quoi, qui ?
Je lis deux pages. J'arrête, je dois revenir en arrière,
les relire pour essayer de savoir qui est qui, quoi est quoi. Ça
me fait chier. J'ai passé un mois sur 20 pages. Je n'aime pas ces
20 pages. Je ne sais pas de quoi ça parle.
Jacqueline
Ça ne t'a pas frappée la première scène ?
Lisa
Il y a déjà plein de noms. Je ne savais pas qui étaient
les carabiniers par rapport au capitaine, je n'ai pas compris et n'ai
pas envie de m'intéresser. Saviano
c'est bien. Bon c'est vrai que ce livre-là est sorti en 1961. Je
ferme en grand.
Claire
Je suis étonnée car je suis la première (avec mon
QI de geranium) à ne rien comprendre et à me lamenter, et
là, même pas gênée... J'ai trouvé ce
livre agréable à lire, intéressant, bien fait, instructif,
et avec une composition, une forme romanesque sur laquelle je rejoins
les éloges de Monique S, par exemple pour ces séquences
qui arrivent sans prévenir - juste un blanc, qui rappelle
le cinéma - avec des dialogues aux mystérieux interlocuteurs
dont on devine les manigances, alternant avec les scènes d'interrogatoire
dont certains valent le détour, par exemple l'interrogatoire philologique
p. 75... Le capitaine est un peu Zorro, mais j'aimais bien Zorro, où
il n'y avait cependant pas d'allusions littéraires comme dans cette
histoire (voir ICI).
J'ai découvert le parcours de Sciascia (apprenant qu'il faut prononcer
chacha...) pas banal (instituteur, député, avec une œuvre
considérable et variée, francophile) et ai lu L'Affaire
Moro avec une belle introduction de Dominique Fernandez (dont
on n'a jamais rien lu...), livre qui m'a plus que barbée et que
j'ai laissé tomber.
Dans La chouette, j'ai beaucoup apprécié la note
de l'auteur qui prolonge le livre, et n'ai pas aimé par contre
l'introduction (spoilante). Quant au film, j'ai été bon
public à cause de Zorro, tout en le trouvant gros gros gros par
rapport au livre.
Laura
J'avoue n'avoir rien compris au livre et
avoir été plutôt déçue. Il était
tellement truffé de personnages peu développés dans
leurs caractères que je me suis totalement perdue : je n'avais
même pas compris qu'il y avait un héros.
Il faut dire aussi que je n'étais pas dans un environnement propice
à une lecture concentrée, la plage et les vacances n'aident
pas. Alors, j'étais constamment interrompue, et je ne savais jamais
où j'en étais, la page d'avant ou la page d'après.
Il est probable qu'à cause de ça j'ai sauté des passages.
Pourtant la forme sans chapitre n'est pas dérangeante en elle-même :
je sortais de Junky
de Burroughs qui est semblable et pourtant j'ai adoré.
Donc je me suis dit que c'était peut être moi qui, simplement,
n'accrochais pas à l'histoire. Et il est vrai que les histoires
de mafia ne m'intéressent pas et ce depuis longtemps. C'est sûrement
pour cette raison que j'ai survolé l'ouvrage (que j'ai pourtant
lu jusqu'au bout), et que je n'ai pas compris qu'il y avait une intrigue.
Malheureusement pour moi, j'ai réussi à rentrer dans l'histoire
à partir des cinq dernières pages, qui étaient plutôt
belles, ce qui, après les avoir lues, m'a mise dans une étrange
mélancolie mêlée de frustration. Oui, le livre était
déjà terminé. Peut être aurait-il dû
être plus long, sans toutes ces ellipses, j'aurais peut être
accroché.
Je l'ouvre au ¼ pour le bénéfice du doute, peut-être
que l'ouvrage est génialissime et que mon désarroi provient
uniquement de ma mauvaise volonté.
Jacqueline
Je ne l'ai pas trouvé tout de suite en bibliothèque sauf
dans les œuvres complètes (Jacqueline sort son pavé...)
La foule, une fois de plus stupéfiée
Tu as tout lu ?!
Jacqueline
Non non ! Seulement Le Jour de la chouette et quelques nouvelles
qui m'ont happée au passage. Je ne sais pas pourquoi je ne le connaissais
pas, mais en picorant ses autres textes, je l'ai découvert comme
écrivain. Il a écrit beaucoup de critique, il se réclame
de Pirandello — un autre écrivain que je ne savais pas
sicilien — et le défend contre des accusations erronées.
Il publie des analyses sur des poètes siciliens... Bref il est
profondément ancré dans la langue, la littérature
et la vie de son île et de son pays. L'écrivain me plaît.
Là, c'est un Sicilien qui me plonge en Sicile. J'ai l'impression
d'entendre les personnages qu'il fait vivre, de les comprendre, d'assister
aux scènes qu'il présente. Il parle de son monde en me donnant
une impression d'authenticité que je n'avais pas toujours eue avec
Powers.
Là-dessus, j'ai commencé Le Jour de la chouette.
Il me semble qu'on ne peut pas le réduire à "un livre
sur la mafia" comme il y en aura plus tard, y compris des enquêtes
beaucoup plus explicites et détaillées, mais un roman parmi
d'autres romans qui tous dressent un tableau de la Sicile. Celui-là
nous présente des procédés mafieux, la peur qu'ils
engendrent, le silence dont ils s'entourent et la difficulté de
s'y affronter. La scène du début, où tout le monde
s'échappe, est extraordinaire. Ensuite, les dialogues entre interlocuteurs
énigmatiques sont savoureux et montrent très bien les enjeux
de pouvoir, sans qu'il soit vraiment nécessaire de savoir exactement
quel dignitaire de l'État ou de l'Église est celui appelé
"Son Excellence". J'ai aimé le Sciascia qui n'élude
pas le politique. J'ai surtout aimé la sobriété de
moyens, aussi bien pour rendre humain chaque protagoniste que pour rendre
cette atmosphère de silence et de non-dit.
Quand j'ai enfin eu en main l'édition de poche, la préface
ne m'a pas emballée, mais j'y ai appris quelque chose sur la traduction
qui m'aurait peut-être permis de mieux situer les interlocuteurs :
le terme traduit par "Son excellence" est celui utilisé
pour les députés en Italie.
Manuel
Pas seulement…
Jacqueline
Ce n'est pas grave !
Cependant, je regrette que la traduction ne puisse pas rendre la saveur
des jeux avec le dialecte sicilien, même si certains propos du capitaine
m'en donnent une idée. J'ai très envie de l'ouvrir en grand
mais qu'est ce que je ferai quand un livre me plaira encore plus ?
Allez, en grand !
Christelle
J'ai trouvé le livre très intéressant :
cette omerta, comment l'existence même de la mafia pouvait être
à ce point indémontrable officiellement ; mais je n'ai
pas non plus vraiment accroché comme on peut être emporté
dans un roman. Après la première scène, remarquable
pour camper l'atmosphère, j'avoue avoir été perdue
parmi les personnages, mais aussi les lieux : S..., B...
J'avais du mal à me représenter le village et les scènes
extérieures. J'étais dans le registre du théâtre,
grâce aux dialogues souvent intenses, plutôt que du film.
Mais à partir de la moitié, j'ai aimé. Il y a plusieurs
passages plein d'humour malgré l'ambiance dramatique, notamment
le moment avec "Son Excellence" et sa femme : "Maintenant,
le problème était d'apaiser Madame, problème encore
plus ardu que les autres problèmes, pourtant terriblement difficiles,
inhérents à ses fonctions"... (p.
130)
Les émotions sont très palpables, l'angoisse de l'indic,
la rage de Marchica qui se croit trahi, l'arrogance de Don Mariano qui
se sait intouchable. Au final, j'ouvre entre ½ et ¾. Mais
plutôt ¾ parce que j'ai envie de le relire et de voir
le film.
Annick A
Le thème du livre ne m'a pas intéressée car je n'ai
rien appris de plus sur la mafia que je ne connaissais déjà,
sauf qu'effectivement ça se passe en 1961. C'est le tout début
de la mafia, au point qu'on puisse en nier l'existence. C'est fou !!!
Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est le décalage
entre le fond et la forme. Il y a une tonalité de légèreté,
une truculence et une drôlerie, en décalage total avec la
gravité des événements. Et des passages très
drôles, par exemple l'interrogatoire de Pizzuco p.120
:
- Et de quoi avez-vous parlé ?
- De rien, capitaine, de rien. De choses tellement inutiles qu'on les oublie immédiatement ; c'est comme si quelqu'un écrivait sur une flaque d'eau… Je l'ai félicité d'avoir recouvré la liberté tout en pensant qu'on gaspillait les amnisties.
C'est du Audiard
! De même les échanges entre le capitaine et Don Mariano
se passent dans une tranquillité nonchalante qui vient souligner
la certitude de l'impunité. C'est cette contradiction apparente
entre le fond et la forme qui rend la situation encore plus tragique.
Ça accentue la dramaturgie.
Il y a un passage très intéressant sur les raisons du nombre
important de fascistes en Sicile. Les fascistes au pouvoir ont démantelé
la mafia, donnant à cette seule région de toute l'Italie
cette liberté qui consiste en la sécurité des biens
et de la vie (p. 94).
Quant à l'introduction Je l'ai lue après. Ça m'a
ennuyée.
Concerts de critiques sur l'intro explicative...
Annick
Bref, ça m'a cassé les pieds, je ne l'ai pas fini. Je l'ouvre
à moitié, enfin entre un quart et la moitié.
Tout le monde
Ah bon ?! Tu as été élogieuse.
Annick
Oui, mais le sujet ne m'a pas intéressée et je n'ai rien
appris. Bon, j'ouvre à moitié.
Lisa
Parfois le tour de table me fait reconsidérer ma lecture, là…
non.
Deux sujets de discussion :
•rapide sur le titre (Le Jour de
la chouette) : il n'y pas de chouette dans le livre, mais une épigraphe
empruntée à Shakespeare : "...
Comme la chouette quand elle se montre le jour." Pendant
le jour, à la lumière, la chouette disparaît, telle
la mafia qui n'existe pas...
•long sur la question de l'appropriation
culturelle : Jacqueline tend des verges pour se faire cerner (par
les présents en tout cas...) qui protestent avec virulence amicale ;
en effet, elle compare Sciascia et Powers : Sciascia lui est sicilien,
Powers n'est pas noir... ; on lui rétorque qu'on peut être
sicilien et piètre écrivain... oui... mais l'authenticité...
Lisa demande s'il faut regretter que Nabokov n'ait pas été
pédophile pour Lolita ! Des romans plongeant dans
l'horreur sont évoqués où les auteurs n'étaient
pas nazis...
À nouveau, ce qui est le propre de la littérature et du
talent d'un écrivain - inventer un univers - est mis en cause.
Manuel rappelle que c'est la troisième fois en quelques mois :
- pour Powers où Nathalie
avait remarqué que Blanc il gagnait de l'argent en faisant un roman
sur les Noirs...
- pour Bérangère Cournut où Etienne
avait fortement contesté sa légitimité pour parler
des Inuits sans être allée au Groënland ; il n'était
pas le seul et Claire avait eu
une crise de nerfs littéraire...
- et maintenant pour Sciascia qui lui est légitime pour faire un
livre sur la Sicile parce qu'il est sicilien...
Manuel ajoute que depuis plus de 30 ans que le groupe existe, jamais ces
questions ne sont apparues dans le groupe.
Claire constate que l'air du temps doit en être la cause, avec les
ravages du politiquement correct...
Polémique à suivre, qui nous change de "est-ce un livre
pour le groupe lecture ?"...
•
Un film aussi
Nous visionnerons avant le
film La Mafia fait la loi, de Damiano
DAMIANI, adapté en
1968 du roman, avec Claudia Cardinale, Franco
Nero (primé
dans ce rôle) et Serge Reggiani.
Olivier Père, critique de cinéma et aujourd'hui
directeur du cinéma sur Arte, en
dit ceci : "Damiano Damiani, cinéaste engagé,
est l’auteur d’une œuvre associant la critique sociale
et politique aux codes du cinéma de divertissement, avec parfois
des incursions réussies dans les genres populaires. La mafia
fait la loi est d’un des films les plus exemplaires de sa méthode
: scénario solide et didactique, efficacité de la mise en
scène, trouvailles visuelles fortes qui structurent le récit,
incursions mesurées dans le grotesque et la satire."
•
Ce qui nous
a donné l'idée de lire ce livre
Pendant le confinement, chaque semaine Le Monde des livres a sollicité
des écrivains pour qu'ils évoquent l'ouvrage (de poche)
qui ne les quitte pas. Dominique
Manotti, écrivaine (que nous n'avons jamais lue) a choisi Le
Jour de la chouette de Leonardo Sciascia (Le Monde, 22
avril 2020), tandis qu'Olivier Guez loue Le
Pont sur la Drina d’Ivo Andric, Agnès Desarthe
Martin Eden, Delphine
de Vigan Les Heures
et Valentine Zuber Article 353 du code pénal,
tous livres que nous avons justement lus récemment.
Voici ce que Dominique Manotti dit du Jour de la chouette : "Avec
ce roman, j'ai ressenti physiquement et j'ai compris"... suite
ici
•
Chronologie
de la vie et des œuvres principales de Leonardo Sciascia,
auteur de romans, nouvelles, poésie, essais, théâtre,
scénarios (en complément de la chronologie figurant en
GF)
- 1921 : Naissance à Racalmuto (province
d'Agrigente). Son grand-père travaille à la mine de soufre
dès 9 ans et termine sa carrière au service administratif.
Son père, qui y travaille aussi, s'inscrira au parti fasciste pour
assurer la sécurité de son travail...
Il est le contemporain de l'écrivain Andrea
Zanzotto, et à peine plus âgé que Pasolini
(né en 1922) et Calvino
(né en 1923).
- 1935 : il commence ses études à Racalmuto, puis à
l'École normale à Caltanissetta où sa famille s'installe.
Vitaliano Brancati,
écrivain d'abord fasciné par Mussolini puis critique du
fascisme, est l'un de ses professeurs. Il découvre la littérature
française et la littérature américaine.
- 1941-1948 : employé à l'Office de ramassage du blé,
qui lui donne une grande connaissance des milieux ruraux, des puissants
et des asservis.
- 1944 : Mariage avec Maria Andronico, institutrice, dont il aura deux
filles. Commence à écrire et à publier.
- 1949 : De retour à Racalmuto, il y est instituteur.
- 1950 : Publie Fables
de la dictature. Se lie d'amitié avec Pasolini. Collabore
activement à diverses revues.
- 1953 : Publie un premier essai sur Pirandello
et la Sicile ; il sera suivi d'une longue série d'études
sur cet écrivain qu'il considérait comme l'un de ses maîtres.
Commence à écrire dans la presse.
- 1955 : Premier voyage à Paris.
- 1956 : Paroisses
de Regalpetra, son premier roman, dans lequel il décrit
son expérience professionnelle.
- 1959 : Oncles
de Sicile (dans chacune des nouvelle, le petit monde sicilien
est transformé par un tournant de l'Histoire). Sciascia s'établit
à Caltanissetta et occupe diverses fonctions administratives dans
le cadre du ministère de l'Éducation nationale (qu'il quittera
définitivement en 1970).
- 1961 : Le
Jour de la chouette. Dès lors, Sciascia va publier
très régulièrement, et presque chaque année.
Dès le milieu des années 60, la plupart de ses livres seront
assez rapidement traduits en français.
- 1963 : Le
Conseil
d'Égypte, roman historique où des Siciliens, motivés
par le bruit de la Révolution Française, espèrent
le changement dans une société figée.
- 1964 : Mort
de l'inquisiteur : une enquête sur fond historique où
un moine est puni de mort par l'Inquisition.
- 1965 : Publication de Le
Député, pièce qui met en avant les relations
entre le gouvernement italien et la mafia.
- 1966 : A
chacun son dû, roman policier, adapté au cinéma
l'année suivante par
Elio Petri.
- 1969 : Début de son expérience journalistique au Corriere
della Sera. Il publie aussi La
Controverse liparitaine.
- 1970 :
La Corde folle : écrivains et choses de Sicile (11 courts
récits). Sciascia s'installe définitivement à Palerme
et décide de se consacrer exclusivement à l'écriture.
- 1971 : Le
Contexte, roman sur l'Italie d'après 1968 (adapté
en 1976 par Francesco Rosi, sous le titre Cadavres exquis avec
Lino Ventura), est vivement critiqué par le gouvernement et le
milieu social-communiste : c'est le premier livre de Sciascia à
susciter une polémique, dans les milieux littéraires et
politiques comme dans la presse. Il y en aura d'autres par la suite, toujours
plus violentes. Il publie aussi Actes
sur la mort de Raymond Roussel, un des ouvrages qui lui permet
de critiquer la société de son temps à travers le
récit de crimes.
- 1973 : La
Mer couleur de vin.
- 1974 : Todo
modo, histoire d'un groupe d'hommes politiques qui, réunis
dans un ermitage pour des exercices spirituels destinés à
les purger de leurs crimes de corruption, se retrouvent au centre d'une
série de crimes qui décapitent la direction de leur parti.
Adapté au cinéma par Elio Petri en 1976, avec Marcello Mastroianni.
- 1975 : La
Disparition de Majorana. Sciascia est élu au conseil municipal
de Palerme, sous les couleurs du Parti Communiste italien. Il démissionne
en 1977 car le parti se rapproche trop de la Démocratie Chrétienne.
- 1977 : Candide, un
rêve fait en Sicile montre son intérêt
pour la culture française, tout comme en 1984 Stendhal et la
Sicile. Il prend une part active à la polémique sur
les intellectuels, la violence et la justice.
- 1978 : Enlèvement puis assassinat d'Aldo
Moro. Sciascia publie
l'Affaire Moro quelques mois plus tard. Les polémiques
redoublent.
- 1979 : Noir
sur noir. Élu à la Chambre des députés
(ainsi qu'au Parlement européen) sur la liste du Parti radical,
où il siégera jusqu'en 1983. Il travaille activement au
sein de la commission d'enquête sur l'assassinat d'Aldo Moro, et
rédige un rapport parlementaire "minoritaire", qui sera
publié en 1983.
- 1981 : Le
Théâtre de la mémoire : récits.
- 1983 : Mots
croisés.
Violentes polémiques autour de la mafia et de l''anti-mafia",
qui se prolongeront sur plusieurs années.
- 1983 : Petites
Chroniques.
- 1986 : La
Sorcière et le Capitaine.
- 1987 : 1912+1
; Portes
ouvertes.
- 1988 : Le
Chevalier et la Mort.
- 1989 : Sciascia meurt le 20 novembre. Une
histoire simple
sort en librairie le jour même de sa mort. Peu après, ce
seront En
future mémoire, et Faits
divers d'histoire littéraire et civile dont il avait suivi
la préparation jusqu'à la fin. Sur sa tombe à Racalmuto
est gravée une citation de
Villiers de L'Isle-Adam qu'il avait choisie : "Nous nous en
souviendrons de cette planète"...
Sa tombe - La statue de Sciascia dans une rue de son village Racalmuto
•
Interviews à lire - Articles
- Un entretien très
approfondi en 1987 deux ans avant sa mort, extrait de Leonardo
Sciascia, qui êtes-vous ?, par James Dauphiné, La
Manufacture, 1990, 11 p.
- Un entretien plus rapide (2 p.) par Benedetta Craveri, Le
Monde, 6 octobre 1989
Quelques
articles de fond généraux et pas sur le seul livre que nous
lisons :
- "Leonardo
Sciascia et l’esprit des Lumières", Raymond
Trousson, Studi Francesi,
n° 154, 2008, 80-92.
- "Leonardo Sciascia : l’inquisiteur
et l’hérétique", Daniel Chambet, Esprit,
n° 8, 2015
•
Vidéos
- Très brève interview vidéo sous-titrée de
Sciascia "La
Sicile comme métaphore"
- Leonardo Sciascia
auto-portrait, un film de 27 min de Pasquale Misuraca en 2001,
avec archives, en italien
- Rencontre avec
Anna Maria Sciascia, fille de l'écrivain, avec Daniela Spalanca,
2011 18 min, en italien.
- L'homme
de Racalmulto, un portrait de 1995 par son ami Gesualdo Bufalino,
7 min.
•
Et
la littérature en Sicile ?
La
"littérature de Sicile" : un entretien avec Claude Chambard,
traducteur, Maurice Darmon, Atlantiques n° 42, avril 1989 ("Historiquement
la littérature sicilienne précède, accompagne ou
suit la littérature italienne ?"...)
Quelques titres cités à propos de Sciacia :
- Le
Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, ed. Points, 384
p. (lu dans le groupe en
2007)
- Six
personnages en quête d'auteur, Luigi Pirandello, ed. Flammarion,
158 p.
- La
forme de l'eau, Andrea Camilleri, ed. Pocket, 256 p.
- Les
Malavoglia, Giovanni Verga, ed. Gallimard, 400 p.
- Poèmes,
Salvatore Quasimodo, ed. Unes, 46 p.
- Conversation
en Sicile, Vittorini Elio, ed. Gallimard, 222 p.
La littérature
se faufile dans Le Jour de la chouette :
- p. 70 (GF) : des poètes siciliens, Ignazio
Buttitta, Francesco
Lanza
- p. 74 : "le panorama littéraire de la Sicile, depuis Verga
jusqu'au Guépard"
- p. 142 : Le
Bonnet de fou de Pirandello
- p. 172 : Bel
Antoine de
Brancati : "Le coq de Picasso qui s'étalait sur la couverture
du Bel Antoine, de Brancati, leur parut un délicieux emblème
de la Sicile."
1949
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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