Quatrième
de couverture :
Le portrait dit des Époux Arnolfini
a été peint par Jan Van Eyck en 1434 : énigmatique,
étrangement beau, sans précédent ni équivalent
dans lhistoire de la peinture... Cet ouvrage offre un voyage au
cur de ce tableau, qui aimante par sa composition souveraine et
suscite ladmiration par sa facture. Touche après touche,
lauteur décrypte les leurres et symboles semés par
lartiste sur sa toile, à limage dun roman policier
à énigmes. Alors le tableau prend corps, son histoire se
tisse de manière évidente et les personnages qui nous regardent
dans cette scène immuable prennent vie devant nous... La table des matières ICI, avec les citations en exergue de certains chapitres |
Jean-Philippe Postel (né
en 1951)
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Nos
24 cotes d'amour pour L'affaire Arnolfini
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Etienne
Jean |
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(Groupes
non réunis "physiquement" pour cause de déconfinement
progressif, mais bien vivants : groupe breton réuni
visuellement et groupe parisien en échanges
mel après lecture des avis ci-dessous)
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Séverine
J'avais lu L'affaire Arnolfini dans le cadre de notre thème
de l'été dernier sur l'art et la littérature.
Je n'ai pas relu le livre pour l'occasion. Mon avis va être très
court car je n'ai pas une mémoire extraordinaire
Cependant,
je garde le souvenir d'une lecture agréable, la curiosité
attisée comme dans un roman policier. Il y a quelque chose de ludique
et de stimulant dans ce dépiautage minutieux d'un tableau. Je ne
sais pas si aujourd'hui je saurais dire ce qui se cache dans chaque objet
et chaque attitude
Je dirais que je suis curieuse de lire vos avis
car au-delà du très bel exercice, je ne vois pas en quoi
ce livre peut porter à discussion. C'est quelque chose qu'on apprécie
ou pas, comme une visite guidée de musée. Après vous
allez me dire qu'on peut toujours discuter sur la qualité du guide,
certes. Mais d'un point de vue littéraire, je n'ai pas souvenir
qu'il y ait grand-chose à en dire. Si ce n'est que c'est bien écrit
et que l'auteur sait nous interpeller
mais est-ce la qualité
de l'auteur et ses talents d'analyse que l'on doit saluer ou la magie
de ce tableau ? Je l'ouvre à moitié.
Brigitte
J'ai beaucoup aimé ce livre, et je fais partie de ceux qui l'ont
proposé au groupe.
J'avais vu déjà quelques fois ce tableau ou des reproductions.
À chaque fois, il m'en restait l'impression que j'aurais dû
lui prêter plus d'attention, que je passais à côté
de quelque chose. Bref, ce tableau m'intriguait, et je ne savais pas pourquoi.
Quand on m'a offert ce livre, j'étais donc prête à
m'intéresser au mystère qu'il recouvrait.
La lecture ne m'a pas du tout déçue ; en effet, la première
image que l'on retient en recouvre une multitude d'autres. Jean-Philippe
Postel nous guide magistralement dans la découverte du sens profond
de ce tableau. Son écriture est sobre et précise et on comprend
les étapes compliquées qui mènent peu à peu
à démêler l'énigme de la relation entre les
deux personnages.
Je suis très admirative du rendu des détails, même
infimes, que le peintre met sous nos yeux, comme un reportage sur la vie
quotidienne à Bruges au XVe siècle.
Je l'ouvre aux trois quarts et je le recommande autour de moi.
Merci à Claire pour toute la documentation mise en ligne et particulièrement
pour la conférence
de J.-P. Postel à Athènes.
Annick L
J'ai découvert ce petit livre de 156 pages paru chez Actes Sud,
au milieu de beaucoup d'autres, à l'occasion de notre soirée
spéciale de rentrée consacrée au domaine de l'art.
Autant dire qu'il ne mérite pas, pour moi, une telle valorisation
par notre groupe, même si on prend grand plaisir à le parcourir.
Je me souviens que le titre avait éveillé ma curiosité
et m'avait incitée à l'acheter. En couverture, une reproduction
en couleur du célèbre tableau de Jan Van Eyck, peint au
XVe siècle, Les Époux Arnolfini, premier portrait
d'un couple saisi dans son intimité. C'est une belle édition
qui propose aussi, dans les rabats, des reproductions de détails
significatifs, sans compter les nombreuses illustrations en noir et blanc
à l'intérieur, en appui du propos. L'auteur, qui n'est qu'un
amateur d'art éclairé, nous invite, d'indice en indice,
de symbole en symbole, d'interprétation en interprétation,
au fil des siècles de critique (19 pages de références
en annexe), à une traversée des apparences, pour découvrir
le(s) sens caché(s) de cette uvre énigmatique. Non
pas à la façon d'un essai érudit d'histoire de l'art
mais comme dans un "roman d'investigation". C'est ce jeu avec
les genres qui fait sa singularité. La curiosité du lecteur
est savamment entretenue jusqu'aux révélations finales et
on n'a plus qu'une envie : se précipiter à la National
Gallery pour regarder ce tableau avec un il tout neuf. Très
intéressant comme parti pris ! Ouvert à moitié.
Monique L
C'est une étude d'une uvre d'art comme je n'en ai jamais
lue !
Ce livre très érudit se lit comme une enquête policière
à travers le temps. C'est une vulgarisation magistrale d'un travail
de recherche. C'est captivant, admirablement documenté sans être
pour autant hermétique ni destiné aux seuls connaisseurs.
C'est brillant, instructif et intelligent.
La démarche est originale. J.-P. Postel mène une enquête
"scientifique" (il fait des suppositions, recoupe des informations,
confronte diverses interprétations, remet en doute) sur un tableau
qui a fait couler beaucoup d'encre et reste une énigme. Il fait
parler le tableau. Il nous fait circuler dans la toile, plan par plan,
détail après détail. Il analyse la toile, se basant
sur les différentes études d'experts, ainsi que leurs différentes
théories, pour nous proposer la sienne. C'est une investigation
passionnante et bien menée.
Chaque chapitre est une énigme que J-P Postel, à l'aide
d'un travail de recherche en amont, essaie de résoudre en confrontant
les diverses interprétations. Il analyse avec méthode et
précision. Il écarte les fausses pistes, souligne les ambiguïtés,
trouve des indices. Cela nous engage dans une exploration palpitante.
J'ai beaucoup apprécié l'analyse du contenu du miroir. Je
me suis munie d'une loupe pour scruter le contenu de ce miroir car je
dois avouer que je n'y avais pas porté attention plus que ça.
Ce qui m'a beaucoup intéressée également ce sont
les informations historiques comme la chambre pour accoucher et la lecture
des symboles propres à l'époque.
Ayant fait le tour de toutes les hypothèses, Jean-Philippe Postel
propose enfin la sienne. Je l'ai suivi dans sa démonstration de
la volonté de dissimulation et de double lecture inscrite par Van
Eyck dans ce tableau. Je ne sais pas si c'est la bonne lecture du tableau.
Cela n'a pas d'importance. "Regarder,
regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive
à voir".
Ce fut une lecture passionnante et plaisante. J'ouvre en grand.
Danièle
J'ai finalement peu de choses à dire sur cet essai, sinon que,
comme toutes les études détaillées d'uvres
d'art, et de peintures en particulier, elles me plongent dans le ravissement.
Si celle-ci est particulièrement poussée et osée
dans son interprétation, et prend effectivement, comme dit en préface,
l'allure d'un roman policier, je n'y trouve pas plus d'intérêt
que dans d'autres analyses de ce genre, par exemple dans les études
de Daniel
Arasse ou d'Erwin
Panofsky. Au contraire même, le côté outré
de cette étude, me pousse parfois à en rire, et presque
à poser le livre, tant l'aplomb de Postel frise l'imposture et
le sensationnel. Cette façon de considérer comme acquis
des prémices qui reposent sur peu d'indices ("Pour
nous, qui savons que la revenante ne peut pas être enceinte, ces
indices laissent supposer quelle la été, et
que cest de lavoir été quelle est morte"
p. 105) m'indisposent... ou m'amusent.
Même si, pourrait-on dire, elle tient plus de la connivence avec
le lecteur, et dans ce cas, pousse à la discussion : quelle
est la limite entre l'intuition et l'analyse ? La somme de connaissances
à atteindre pour pouvoir comprendre et apprécier un tableau
est-elle un frein à un accueil par un public standard, ou pousse-t-elle
au contraire à se cultiver davantage ? Le langage ésotérique
des uvres d'art n'est-il pas tout autant présent dans les
uvres anciennes, qui demandent une culture religieuse, philosophique,
historique, que dans les uvres modernes et contemporaines, qui peuvent
sembler inaccessibles si on ne se donne pas les moyens d'en acquérir
le discours contextuel ? Cela me rappelle la réflexion d'une
dame qui disait à Picasso :
- Mais vos uvres sont du chinois pour moi !
- Eh bien, madame, apprenez le chinois !
Je pense que Postel nous a donné ici envie d'apprendre à
analyser une uvre, ou en tout cas de prendre plaisir à lire
ceux qui le font pour nous.
Laura
J'étais déjà très intriguée à
l'idée de lire ce livre. Un ouvrage qui recèle les secrets
d'un tableau sans être une thèse ou un pavé, je n'en
ai pas croisé beaucoup. Et en plus, l'écriture est fluide,
simple, accessible à tous, sans terminologie trop pointue, mais
est pour autant très précise.
Il faut dire que j'ai beaucoup apprécié l'essai. Je l'ai
lu en moins de deux jours, j'ai vraiment été emportée
dans cette sorte d'intrigue que l'auteur parvient à mettre en place.
Il y a un an, je crois, j'étais partie à Londres avec ma
classe, et nous avions étudié rapidement le tableau à
la National Gallery. Je n'ai quasiment rien retenu de la rapide étude,
hormis qu'il y avait quelque chose de bizarre avec le miroir du fond.
Je n'aimais pas du tout le tableau (mais alors pas du tout !) :
l'homme et la femme sont disproportionnés, on ne comprend pas ce
que le chien fait là, en plein milieu du tableau, etc. Et malgré
les couleurs vives, je le trouvais très fade (peut-être à
cause des visages qui n'expriment pas grand-chose, et pourtant !).
En bref, Postel m'a permis de redécouvrir le tableau de Van Eyck,
rien que pour ça, j'en suis reconnaissante. En effet, pour comprendre
un tableau, car certains se comprennent et ne se contemplent pas seulement,
il faut y aller couche par couche, étape par étape. Et surtout
ne pas vouloir que le sens soit donné au spectateur comme du tout
cuit. De toute façon ce serait bien ennuyeux.
Non, le tableau a véritablement repris de la valeur à mes
yeux. Certaines interprétations finales de l'auteur me paraissent
parfois un peu douteuses, mais après tout chacun peut avoir son
avis sur la présence des mules rouges. Ce qui me frappe le plus,
je dirai que c'est l'historicité que contient le tableau, il y
a un jeu de temps. Le tableau comporte une mémoire : si on
se fie à l'interprétation selon l'anecdote de
la tante Melanchthon, Van Eyck aurait soit repris l'histoire (je ne
me souviens plus de la date), soit mis en peinture des faits réels
entrés dans la culture de l'époque. Dans les deux cas, le
tableau comporte des traces mémorielles qu'il fait ressurgir. Je
crois bien que Warburg souligne ce point dans son Atlas
Mnémosyne : une uvre d'art est souvent une reprise
d'histoire, ou d'autres uvres (par exemple, le groupe du Déjeuner
sur l'herbe de Manet reprend le même groupe que sur un croquis
de Raphaël). Mais je ne m'étendrais pas plus sur le sujet.
J'ai beaucoup apprécié, mais je crois que je n'irai pas
jusqu'à dire grand ouvert, ¾ ouvert c'est déjà
très bien.
Annick A
Quel plaisir de rentrer ainsi dans les profondeurs de ce tableau. Mon
regard pictural a constamment accompagné ma lecture. Je n'ai cessé
d'observer chaque détail. J'ai trouvé amusante la préface
de Pennac contemplant la toile sous le regard interrogateur de Van Eyck.
L'intrigue est extrêmement fouillée et documentée.
Nous parcourons l'histoire fascinante du tableau, découvrons les
différents propriétaires et le nombre incroyable de spécialistes
qui se sont penchés sur cette uvre. Les différentes
hypothèses redonnent vie aux vieux écrits qui m'ont bien
intéressée. Inénarrable cette incursion sur les terres
désolées du purgatoire. L'église est très
forte pour soumettre les populations par la peur. Hallucinantes l'histoire
de ces revenants et les croyances de l'époque. Passionnantes les
références historiques sur les femmes enceintes et l'apprêtement
de la chambre en vue de l'accouchement. Par contre, les interprétations
de l'auteur me semblent un peu tirées par les cheveux et j'ai trouvé
un peu longuettes les argumentations pour appuyer ses dires.
Ce qui m'a le plus fascinée, c'est le décryptage des leurres
et symboles semés par l'artiste, la richesse des détails
qui se chargent d'un sens nouveau. Ce livre a aiguisé mon regard
et appris à rentrer véritablement dans un tableau. Je l'ouvre
aux ¾.
Fanny
Concernant l'affaire qui nous réunit, mon avis sera assez bref.
Il me semble que l'une d'entre nous avait évoqué comme une
sorte d'enquête (presque policière ?) à partir d'un
tableau. Pour ma part j'y ai vu essentiellement un essai.
Sur un plan pratique, le format numérique de lecture (?? confinement)
n'était pas très approprié, car le passage d'une
page à l'autre peu fluide pour alterner vision du tableau et texte.
Je suis sur le fond partagée, assez séduite par la brillance
intellectuelle de l'analyse et l'érudition de l'auteur. J'ai appris
beaucoup de choses sur Van Eyck mais aussi sur le purgatoire. D'un autre
côté j'ai parfois eu l'impression que Postel s'aventurait
dans une analyse qui reste très hypothétique, il le dit
d'ailleurs dans le dernier chapitre. Il s'agit alors à mon sens
d'un jeu intellectuel, certes brillant et instructif, mais peut-être
très éloigné des intentions du peintre.
J'ouvre à moitié et ne résiste pas à poser
LA question cruciale : est-ce un livre pour le groupe de lecture ?
Manuel
Je ne verrai plus le tableau Les Époux Arnolfini de la même
manière. Non pas que la démonstration de Jean-Philippe Postel
mait convaincu (commencée par lachat dun livre
sur internet, à laveugle) mais parce quil y a une foule
de détails que je navais jamais vus ! De plus je ne
connaissais pas lhistoire du tableau. Quel brio ! Quelle élégance !
à lier justement lhistoire du tableau, son intrigue et sa
signification. Le livre est riche danecdotes et de description de
coutumes de lépoque (jadore !). Jaime beaucoup
le genre donné par léditeur à ce livre :
roman dinvestigation. Le dernier chapitre et sa mise en abyme ma
énormément plu : nous contemplateur faisons
partie du rêve de Van Eyck. La préface de Daniel Pennac est
une vraie préface qui ne dévoile rien du livre, ce qui est
une bonne chose. Jai envie de retourner à Londres avec une
loupe si le gardien de la salle my autorise. Oui, le roman mérite
la visite. Jouvre aux ¾.
Jacqueline
Ce petit livre a été pour moi, ignorante, l'occasion d'un
merveilleux voyage dans l'uvre de Van Eyck, mais aussi à
la cour de Bourgogne et dans un passé qui nous échappe
Merci à Jean-Philippe Postel de m'avoir promenée à
travers la masse des commentaires que ce tableau a suscités, témoignant
ainsi de notre recherche sans fin de récits qui vont faire sens
pour nous
Merci aussi de m'avoir fait entrevoir l'univers d'une
symbolique disparue avec son époque (une conteuse m'avait fait
lire La
Légende dorée de Voragine que cite Postel en disant :
"sans l'avoir lu vous
ne comprendrez rien à l'art du Moyen Âge !")
J'ai été un peu frustrée que les notes se bornent
à me renvoyer aux sources qui ont permis à Postel d'écrire
ce livre. Et pourtant j'ai bien aimé l'habile restriction qui lui
fait présenter son hypothèse comme la sienne... Il y a un
petit côté jolie rhétorique qui m'a rappelé
Pierre
Bayard avec en plus une ouverture sur les grandes énigmes humaines
de la naissance et de la mort associées. Nous ne pouvons qu'imaginer
et rêver autour du risque qu'était un accouchement à
l'époque de Van Eyck, qu'il ait eu une première épouse
ignorée ou pas... De ce risque il n'était pas protégé,
quelles que soient les précautions que lui permettaient sa relative
aisance
Est-ce cela qui est mis en scène dans ce tableau
et qu'a su me faire voir Postel ? J'ouvre aux ¾.
Françoise
Il est vrai qu'il nous donne envie d'aller voir ce tableau "in situ"
(mais c'est pas demain la veille). J'espère au moins avoir appris
à regarder un tableau autrement et j'ai été bluffée
par tous les détails et les interprétations que l'auteur
nous donne à voir. C'est un vrai plaisir "d'effeuiller"
(comme ce qui est dit dans le livre, le comparant aux pelures
d'un oignon... On apprend beaucoup et c'est très agréable.
Mais j'ai un peu décroché vers la fin quand l'auteur émet
l'hypothèse qu'il puisse finalement s'agir de deux femmes, j'ai
eu envie de dire "non, là c'est too much", j'ai eu un
peu l'impression d'être quelque peu flouée, tout en admettant
que c'est peut-être vrai, bien sûr.
Le livre lui-même est un très bel objet, prouvant là
la supériorité du papier.
Donc à cause de ce fléchissement que j'ai ressenti vers
la fin, je l'ouvre à moitié.
Je voudrais signaler un autre livre, un vrai polar cette fois, Le
tableau du maître flamand de Arturo Pérez-Reverte.
J'entends déjà ceux qui diront que "ce n'est pas du
même niveau" , soit, mais j'aime beaucoup cet auteur et c'est
aussi agréable et intéressant à lire.
Claire
J'étais ravie de ce choix et serais allée à Gand
voir l'exposition
sur Van Eyck (départ 8h25, arrivée 10h34...) si le coronavirus
n'avait pas attaqué ce projet
Je ne savais rien de l'auteur et n'ai lu ni la 4e de couverture ni la
préface avant de me lancer.
La lecture a été une gymnastique, car j'ai sans arrêt
oscillé entre le texte, les notes et les deux rabats formidables
de la couverture.
J'avais vu le tableau à la National Gallery, mais si l'impact du
tableau fut réel et que cette impression garde toute sa valeur,
autant dire que je n'avais rien vu ; d'autant que je ne suis pas
méditative et pas du genre à rester plus d'une minute devant
un tableau...
Ce que j'aime dans la démarche, c'est de voir à chaque chapitre
autre chose dans le tableau. Oui c'est un roman, car je vis une histoire,
une histoire de double dévoilement : d'abord de la foule d'éléments
"effectifs", et il y a des grands moments romanesques, des coups
de théâtre (le médaillon avec les 10 stations de la
Passion, les deux diables, Sainte Marguerite, les oranges, les cerises,
les chaussures). Ce qui est impressionnant en termes de narration, c'est
que les péripéties ont trait à une description (le
nouveau roman peut aller se rhabiller) ; l'auteur fournit des événements
dans notre regard. Je ne me suis pas lassée des interprétations
à coup d'érudition (pas que picturale) ; parfois l'auteur
nous propose des hypothèses un zest tiré par les cheveux
(amusée mais pas convaincue), mais ce désir de faire sursignifier
le tableau est quand même captivant. Le purgatoire était
un passage un peu long, mais cela ne m'a pas beaucoup gênée,
le paradis étant à la clé...
À certains moments, j'ai ressenti comme un vertige de la démonstration
au scalpel, tout à coup mêlée à de l'émotion
au sujet des mules : "Elles
se touchent par les talons, infiniment pantoufles, infiniment émouvantes"
je suis parfaitement, à l'unisson.
J'ai aimé les mots inconnus qui décoraient le texte à
la manière de la texture de la robe : impénitent, controuver,
huve, bobèche, quartefeuille... Plaisir de mots inconnus indiquant
une réalité inconnue.
J'aurais aimé que soit évoquée la façon de
peindre de l'artiste, comment il atteint cette virtuosité dans
le détail, mais ce n'était pas le "sujet". J'aurais
aimé que l'auteur se dévoile un peu : qui est-il ?
Qu'est-ce qui le mène à cette (en)quête ? Pourquoi,
quand, comment ? En lisant le livre, je peux supposer qu'il est historien
d'art ou historien tout court. Le livre fini, je lis alors la préface
(dont on aurait pu se passer...) et la 4e de couv qui m'apprend qu'il
est médecin et qu'il applique au tableau des "méthodes
de l'observation clinique" : chapeau alors.
Si on a des "voyez", "regardez", j'aurais aimé
plus de "je", donc. La première phrase à la première
personne se trouve p. 58 : "à
une époque où une sorte de rêverie flottante m'entraînait
assez souvent, et pour ainsi dire malgré moi, vers ce couple énigmatique".
Le livre est une illustration du travail de recherche : le chercheur
est confronté à des interprétations diverses et il
lui faut à chaque fois remettre en doute. Cette enquête convient
vraiment bien au tableau. J'ai aimé le mélange de rigueur
et de fiction (et si
). C'est l'éditeur qui annonce "roman
d'investigation" ; l'auteur est plus réservé p. 18
: "ceci n'est pas un
roman : plutôt une enquête, une observation".
Je suis enthousiaste, j'ouvre en grand ce livre inclassable.
Je suis ensuite partie à la découverte du peintre. Je me
suis régalée à mettre en ligne ci-dessous les tableaux
de Van Eyck, quasiment exhaustivement. C'est peu de dire que Van Eyck
est un personnage de roman : artiste, diplomate, savant (une sorte de
Vinci)... J'ai découvert l'analyse
iconologique selon trois niveaux de Panofsky... MERCI au confinement...
Etienne
et
Je ne serai pas très bavard sur L'affaire Arnolfini car
je trouve qu'il y a peu à en dire. C'est le genre de livre qui
me plaît énormément : l'expert d'un sujet très
précis va nous délivrer un condensé de son savoir
à la façon d'une enquête policière. On se sent
donc (beaucoup) moins bête et en plus c'est ludique. Ma curiosité
étant sans borne, cela a parfaitement marché car il s'agit
de peinture flamande, mais cela aurait tout aussi pu bien être de
la cuisine, de la paléoanthropologie, de la botanique, que sais-je ?
Ce livre est donc parfait dans sa forme et je n'ai aucune critique à
lui formuler car l'auteur ne prend aucun risque ou parti-pris littéraire :
c'est un peu comme un cours magistral à l'université. Je
reste passif mais c'est passionnant.
C'est donc la première fois que j'apprécie fortement un
livre mais que je me dis qu'il n'était pas pour le groupe lecture.
Je l'ouvre en grand pour mon plaisir personnel et le ferme complétement
pour le contexte du groupe lecture. A vous de choisir !
Geneviève
Suite au confinement et déconfinement pas totalement déconfiné,
je n'ai pas pu lire ce livre sur papier. Du coup, je l'ai téléchargé,
mais je dois avouer que pour moi c'est vraiment un mode de lecture par
défaut, beaucoup trop proche de mon travail à mon goût...
Ceci dit, je l'ai lu en une seule soirée, un peu pressée
par l'urgence. Cela explique probablement que j'ai eu plus l'impression
du devoir fait que du plaisir de lecture, et pourtant... Je trouve l'idée
excellente. Par goût et par profession, je suis une adepte de la
lecture en diagonale, et je dois reconnaître que cela me coupe de
plusieurs plaisirs essentiels, notamment la lecture de poésie...
et l'observation de tableaux.
L'idée d'appliquer à un tableau une grille minutieuse de
lecture, mais aussi de l'insérer dans une mosaïque d'autres
tableaux qui lui sont liés, m'a totalement séduite, de même
que le parallèle avec les illusions magiques. J'ai été
fascinée par l'importance du moindre détail, même
si j'ai dû croire l'auteur sur parole car la version numérique
dont je disposais n'en permettait pas réellement l'observation.
Je n'ai pas vu dans le miroir, pas plus que je n'ai pu observer la tache
noire sur la main. Mais la mise en relation des indices, leur insertion
dans une hypothèse de lecture qui repose entièrement sur
une connaissance anthropologique et sociologique très fine, m'ont
convaincue, même si j'ai trouvé certains passages, certes
nécessaires, néanmoins un peu longs, par exemple celui consacré
à la place du purgatoire.
J'ouvre donc ce livre à moitié quant au plaisir de lecture,
mais totalement quant à l'originalité du projet et la finesse
de l'analyse, ce qui revient à mon ¾ à peu près
habituel...
Catherine
Ma curiosité sur ce livre avait été
éveillée lors de notre séance
sur littérature et art de l'an dernier et je m'étais
promis de le lire. Je n'ai pas été déçue ;
l'approche est originale ; le livre est bien construit avec des découvertes
successives à chaque chapitre qui maintiennent l'intérêt
du lecteur. Il nous incite à observer ce tableau avec l'il
d'un chercheur, à aller au-delà de l'examen superficiel
et des apparences. On se laisse donc entraîner très volontiers
à la suite de J.-P. Postel à émettre des hypothèses
et à confronter diverses interprétations, même si
je n'ai pas été toujours totalement convaincue, en particulier
à la fin du livre
où j'ai eu le sentiment qu'il allait un peu loin dans les déductions.
C'est aussi bien ainsi d'ailleurs, car le tableau garde son énigme.
Le terme de roman d'investigation ne me paraît toutefois
pas très juste car pour moi il ne s'agit pas vraiment d'un roman.
C'est un exercice brillant et érudit (je dois dire que j'ai rapidement
arrêté de lire les notes), mais j'ai en revanche passé
mon temps à interrompre ma lecture pour aller regarder les détails
du tableau et les images mises en ligne par Claire (merci !). J'ai
pris plaisir à cette plongée dans les Flandres du 15e siècle,
avec son vocabulaire (huve, huque, gésine..), au milieu
des symboles, des revenants et des flammes du purgatoire.
En bref, j'ai trouvé cette lecture intéressante et enrichissante ;
je n'ai pas grand-chose d'autre à en dire ; elle m'a donné
envie de retourner à la National Gallery et m'a fait regretter
de ne pas avoir vu l'exposition
de Gand. J'ouvre aux ¾.
Renée
Avec ce titre, et le sous-titre, "roman d'investigation", on
comprend qu'il va y avoir un mystère et du suspens dans ce petit
livre.
La première fois que j'ai vu ce tableau, c'était à
Londres, il y a une trentaine d'années avec un guide, mon prof
d'histoire de l'art ; il nous en a reparlé depuis, donc je
savais beaucoup de choses sur le miroir, sur la fenêtre, les chaussures,
le chien, etc.
Mais, personnellement, l'attitude de la femme, main ouverte vers le haut,
juste posée sur celle de l'homme, ainsi que le visage comme absent
du mari, sa main droite (qui promet ?), m'ont toujours intriguée.
Pour moi, la femme n'est pas enceinte (le ventre rond était une
promesse de fertilité en cette fin du Moyen Âge), ce tableau
représentait un couple de tout jeunes mariés avec une jeune
femme très timide qui n'ose ni toucher ni regarder son époux.
Formidable idée de Jean-Philippe Postel de présenter une
nouvelle théorie sur le sens de ce tableau. Dans un langage clair
accessible à tous, il cite les différentes hypothèses
et interprétations. Puis il explore chaque détail en le
faisant correspondre à son argumentation. C'est assez brillant,
j'en conviens : l'idée que c'est le fantôme de la première
femme morte en couche qui revient au moment de l'accouchement de la seconde,
pourquoi pas ?
L'étude des chandelles est particulièrement intéressante,
sans me convaincre ; le V des chaussons rouges partage bien le tableau
en deux pour la simple symétrie ou pour séparer le monde
des vivants du monde des morts ? Mystère !
J'ai pris un plaisir immense à lire ce livre, à me remémorer
Van Eyck que je salue souvent au Louvre avec La vierge au chancelier Rolin.
Les documents réunis par Claire ont largement contribué
à ce plaisir.
Peu importe dans un sens ce que disent les spécialistes de ce chef-d'uvre,
peu importe même ce qu'à voulu dire Van Eyck, le tableau
appartient à celui que le regarde. C'est l'émotion qu'il
suscite (ou pas) en chacun de nous qui compte.
J'ouvrirai le livre en grand, c'est un régal.
Il ne se prête pas à beaucoup de discussions, mais l'intérêt
d'un groupe de lecture n'est-ce pas la découverte de livres que
nous n'aurions pas lus si un membre n'avait pas attiré son attention
sur lui ?
Synthèse
de la rencontre bretonne par Skype
rédigée par Yolaine, suivie d'avis individuels
Jean
SuzanneChantal
Cindy
Marie-Odile
Édith
Yolaine
Impressions mitigées, dues au "genre"
inclassable du livre plus qu'à la qualité de l'étude,
qu'il est difficile de mettre en cause. Ceux qui aiment les romans ont
pu éprouver une certaine déception, les amoureux de la peinture
n'ont pas non plus été obligatoirement comblés. Cette
uvre relève à la fois du roman ("roman d'investigation",
nous indique la couverture), et même du roman policier, de l'histoire
de l'art, de l'étude historique, et de l'investigation clinique,
dissection pratiquée par un médecin.
Réticences et divergences aussi entre ceux qui adhèrent
aux éclairages époustouflants apportés par l'auteur,
les sceptiques et pragmatiques refusant de se laisser embarquer dans un
voyage dans le temps qui fait travailler surtout l'imagination. Il nous
faut replonger dans le XVe siècle : la place de la religion,
de la femme, du couple, de la maternité, et plus fondamentalement
de la vie et de la mort ont fait débat. Le questionnement a paru
anachronique à certains, mais la difficulté vient aussi
du fait que le tableau est étonnement moderne pour l'époque,
ou bien que la Renaissance a été une période incroyablement
riche et dynamique, ce qu'on a oublié. Certains s'agacent de ce
que les questions posées aillent au delà du tableau mais
on peut soupçonner Van Eyck lui-même d'avoir fomenté
ces pièges ou que les énigmes ne soient pas
résolues. Mais c'est la richesse de cette étude que de laisser
toutes les pistes ouvertes.
Au-delà de l'adhésion plus ou moins grande à la démarche
investigatrice de Postel, on peut faire l'addition des points positifs :
intérêt historique et artistique, nous avons tous appris
beaucoup de choses et en particulier à regarder un tableau. Chaque
hypothèse proposée est étayée par une bibliographie
et une érudition qui forcent le respect. Outre son intérêt
documentaire, nous avons majoritairement éprouvé beaucoup
de plaisir à la lecture de cette enquête. Une étude
savante et sophistiquée dans une édition luxueuse que
mérite sans conteste ce chef-d'uvre de la peinture
nous aurait peut-être paru fastidieuse.
Dernière question à laquelle nous n'avons pu échapper
et qui donne lieu à autant de discussions théologiques :
est-ce un livre pour la voix au chapitre ? Dans notre groupe, certains
disent que non. Ceux qui ont aimé ce texte s'insurgent, apprécient
aussi la découverte par ce biais d'un peintre immense, et d'une
exposition fascinante qu'ils ne seraient sans doute pas allés chercher
dans la prison de leur confinement sans le secours de notre club de lecture.
Chantal
Livre pour le groupe, oui ? non ? Éternelle question... pour moi
oui. Sans état d'âme. On ne peut pas lire toujours le même
genre de livre, c'est cela l'intérêt !
J'ai aimé moyennement ce livre.
- Le "négatif" : ce livre parle à ma tête,
pas à mon cur... et ça pour moi c'est embêtant.
Plaisir intellectuel, pas plaisir émotionnel ;
- et cette édition, petit livre, reproductions genre photocop basiques...
où l'on ne voit rien, obligée de croire Postel comme Saint-Thomas,
qui somme de croire sans voir, énervant !
Mais :
- j'ai apprécié d'apprendre un tas de choses ! Sur la peinture
de cette époque, sur Van Eyck, ignare que je suis ;
- d'abord agacée au début, le personnage du tableau, Van
Eyck ou Arnolfini ? Je m'en f... ! Et puis, je me suis laissé embarquer
dans cette "enquête", avec la recherche entêtée
de l'auteur, son analyse "au scalpel" (l'auteur est médecin)
de tous les détails du tableau, les hypothèses qui en découlent...
- et j'ai vraiment aimé, ce qui paraissait à certains comme
des digressions inutiles, la documentation sur les us et les croyances
de cette époque : le purgatoire qui faisait véritablement
peur, peur bien utilisée par l'église..., la croyance dans
les apparitions, les morts qui reviennent réclamer leur dû
aux vivants... tous ces éléments, vrais historiquement (bibliographie
à l'appui), venant appuyer son hypothèse ;
- et la fin ou il laisse le lecteur libre ? Ou pas vraiment ?...
Belle découverte. Je l'ouvre ½.
Marie-Odile
J'ai lu avec plaisir ce beau livre extrêmement documenté.
Outre l'histoire de l'art, l'observation, la description, l'interprétation
des éléments symboliques, Postel finit tout bonnement par
nous raconter une histoire. Histoire qui nous est dévoilée
élément par élément. On se laisse prendre
et on accepte la construction cohérente où chaque élément
ou presque prend sa place (même si on n'y croit pas vraiment). Il
y a là quelque chose de ludique. Le tableau se prête volontiers
à ce jeu puisqu'il est entouré de mystère. Et sa
vérité apparemment ne se trouve pas au premier plan mais
dans ce qui est caché.
Il me plaît qu'une uvre (originelle et picturale) en génère
une autre (littéraire et originale). La scène représentée
s'inscrit alors dans une durée : il y a un avant assurément
et peut-être même un après que le lecteur peut imaginer.
On peut raconter. Et le récit s'inscrit dans une époque
toute imprégnée de religion et de purgatoire oubliés.
Bref, on pourrait y croire. Et cependant j'ose penser que d'autres constructions,
d'autres interprétations sont possibles et c'est tant mieux !
J'ouvre aux ¾.
PS : Le roman de Reverte Le
Tableau du Maître flamand (que je n'ai pas lu) imagine toute
une intrigue policière à partir d'un tableau du peintre
Pieter Van Huys La Partie d'échecs (1471). Je ne sais pas
s'il s'agit d'un tableau fictif...
Édith
J'aurais préféré lire ce livre dans sa parution papier :
j'aime beaucoup les éditions Actes Sud, d'autant que la
couverture était très engageante et j'ai découvert
en le lisant sur écran l'iconographie très
précieuse appartenant à l'édition.
J'ai donc lu avec un très grand plaisir cette enquête aussi
documentée (érudition) sur l'époque (mobilier, coutumes)
que naviguant en permanence dans les symboles
et là aussi
je me suis "régalée".
La découverte du texte ne fut pas totale par la lecture sur écran
puisque, ne pensant pas recevoir à temps le texte (commandé
et non reçu), j'ai écouté en premier l'entretien
de l'auteur J.-P. Postel dans l'émission
en ligne. La voix des journalistes et surtout lecteur(trice) de cet
entretien radio (notamment celle de la femme décrivant la scène
du tableau) imprégnait par le timbre de voix un trouble, tout en
évoquant un mystère et un dévoilement ! Elle
nous initiait aux symboles principaux. De plus j'apprends, intriguée,
la tenue sous clef de cette uvre lors de sa possession par Marguerite
d'Autriche ! Ainsi que les missions secrètes dont le peintre fut
l'auteur
à ce jour toujours inconnues.
Je n'avais pas non plus résisté au plaisir de la visite
virtuelle de l'expo
la lecture à suivre s'en trouvant
confortée des éléments vus et des explications données
par le commissaire. En bref, un heureux moment de culture et de littérature.
Le livre, donc. D'abord constater avec quelle minutie
Postel avance dans sa rhétorique : chapitres courts vite lus
mais sur lesquels je suis parfois revenu pour le plaisir du texte. J'ai
aimé apprendre à VOIR ce que nous dit aussi
Pennac dans sa préface.
Cet exercice du LIRE en restant devant et longtemps une uvre, dans
les musées en général, que j'aime fréquenter,
m'avait déjà été enseigné par un cours
de l'histoire de l'art. Pour tout le temps de la lecture, j'avais en permanence
l'image du tableau sur le portable
une première ! Il
faut souvent un moment pour voir ou non
ce qui est exposé.
J'aime bien la référence à La
lettre volée d'Edgard Poe dont fait état l'auteur.
J'aime, de plus, les livres dont les auteurs tentent d'approcher l'âme
d'une uvre picturale par la littérature (de même en
ce qui concerne pour l'uvre musicale) et qui explorent par des mots
choisis l'âme d'une uvre ou celle mystérieuse (et qui
échappe ?) au peintre dans sa création. De ce fait,
j'ai lu avec ravissement, durant ce confinement, Charles Juliet
et son Giacometti,
Léonor de Recondo et sa La
leçon des ténèbres et Entretien
avec Pierre Soulages par Charles Juliet. Et puis à une
autre époque de ma vie j'avais appris l'hypothèse de l'homosexualité
de Léonard de Vinci par un texte de Freud détaillant une
de ses uvres
Un
souvenir d'enfance de Leonard de Vinci (Freud interprétant
dans le "pinceau" de Vinci la trace probable de son homosexualité !)
Cependant pour cette uvre-là, Arnolfini, je remarque
que rien ne semble échapper à la volonté de "dire"
de Van Eyck : son pinceau obéit très docilement à
ce que lui veut signifier même si, pour nous admirateurs de notre
époque, nous restons interrogatifs sur ses messages. Cela a donné
l'occasion de nombre d'études dont celle-ci, de Jean-Philippe Postel,
dont je dois dire qu'elle me convient dans ses conclusions. J'ignorais
combien cette uvre intriguait ! Je suis étonnée
de la dextérité de Van Eyck peignant dans le miroir (5 cm diamètre)
représenté dans l'uvre avec autant de détails
lisibles avec loupe
peints avec un pinceau d'un seul poil. On attribue
à Van Eyck l'invention de la peinture à l'huile. On sait
les secrets de fabrication bien gardés par les artistes des siècles
précédents et à présent dévoilés
: matières organique et poudre minérales
du rêve
encore. Lors de la visite virtuelle
de l'expo, je fus très surprise et étonnée de
voir aussi sur les cuisses de Adam les poils des jambes
(oui, je
fais ici une association d'idées). Mais que de détails accumulés
et que, sans la description du livre, je n'aurais pas même remarqué
et encore moins ne serais allée en chercher la force symbolique
(oranges, cerises, bougie allumée ou éteinte
) Il en
est de même pour la construction du tableau en M et la direction
des socques et des mules rouges en forme de V
Curieux aussi ce détail
de la tache de boue sur les socques de l'homme, presque invisible, et
la déduction logique qu'en fait Van Eyck : l'homme vient d'arriver ;
j'apprends que ces socques était d'usage courant pour éviter
de se salir les chaussures plus délicates.
En revanche je me suis trouvée "de plain-pied" avec les
suffrages et le bénéfice qu'en tirait la l'église
catholique
ainsi qu'avec le purgatoire dont je ne savais pas que
c'était une invention datant du 12e siècle. Je connaissais
en revanche la marque du feu des revenants
et je vais essayer de
lire Les
revenants de Claude Schmitt.
Les rites et coutumes liés à la maternité thème
du tableau Arnolfini évoquant l'enfant mort et l'organisation
de la chambre à cette époque, me renvoient au livre de Michèle
Perrot Histoire
de chambres que je parcours souvent. Lire est un voyage dans les
pas des écrivains. Faire "uvre d'historien" à
la manière ici de Jean-Philippe Postel est un long parcours qui
s'engage sur les pas d'autres d'auteurs (impressionnante liste de références
en fin de livre). Ceux-ci formant une famille de gens de passion identique
et partagée. Cela renforce le plaisir de lire le travail qui en
résulte. Ce fut le cas pour cette enquête dans un siècle
bien lointain.
Voyage qui étonne intrigue et initie, beau voyage pour ma part.
Un dernier sourire lié à Arnoul,
Arnolphe de Molière, le mari trompe, Arnaud le cocu quoi ! Et puis
encore l'énigme de la phrase "JOHAN de EYCK FUT LÀ"
et ses nombreux sens.
Je recommande ce livre. Même je l'offrirais !
Jean
Un questionnement sur les représentations
du couple en société ?
À partir d'un tableau figuratif (un couple hétérosexuel),
l'auteur explicite les détails et le sens qu'ils peuvent avoir,
replacés dans le contexte du Moyen Âge.
Questionnements
Un questionnement se produit d'emblée : sur le tableau, un
couple ne se regarde pas. Ils n'ont pas l'air d'être indifférents
à ce qui se passe, ni inquiets. Qu'est-ce qui se passe ?
si nous croisons ou pas nos regards, cela prend un sens entre nous :
difficile de dire bonjour à quelqu'un qui ne vous regarde pas ;
mais dans ce tableau, les attitudes semblent conformes à ce qu'on
attend d'un couple à l'époque. Les personnages semblent
se sentir "à leur place", alors que leurs attitudes seraient
jugées bizarres aujourd'hui.
L'intention est intéressante et l'objet choisi semble pertinent
pour tenter un décalage entre les présupposés qui
nous échappent"parce qu'évidents" : Que voit-on
de moi ? est une question qui reste la plupart du temps engluée
dans la peur de déplaire, du "qu'en-dira-t-on", etc.
Nous demandons à être vus comme nous le désirons et
non comme nous sommes pour l'autre. Le "roman" nous invite à
élargir nos regards.
La méthode
L'insistance sur l'objet du miroir est astucieuse : réalité
du tableau et symbolique du tableau sont mises en tension. Ce livre aurait
pu être une métaphore du réel, dans un syllogisme
où le miroir est à la fois reflet de la réalité
observée en commun, et ce qui est hors de la réalité
tangible, propre à chacun : le chien est dans le réel,
mais pas dans la fiction (il n'est pas dans le miroir).
Lecture
Roman, sans l'être, je suis confronté à un langage
de spécialistes de l'histoire, mais avec un auteur qui n'a pas
- a priori - cette compétence, tout en étant un
érudit de l'histoire de l'art. Méfiance : le travail
d'historien s'apprend, c'est par une méthode rigoureuse qu'on dépasse
la spontanéité des interprétations quand on lit des
textes anciens, que ce soit la Bible, ou Mein Kampf ! Si "le
religieux-sexuel" est probablement un questionnement qui, au Moyen
Âge où se posait une refonte des rôles, les interprétations
causales telles que la femme est une revenante, un spectre, elle est morte,
l'homme est terrifié, me semblent bien gratuites et j'imagine que
Van Eyck se serait peut-être amusé de toutes ces élucubrations.
Horreurs de nos jours, normalité d'hier. Scandale d'hier, regards
amusés aujourd'hui : la contingence de nos jugements ne se
dévoile pas dans ce livre.
Intérêt
Dans l'attente et l'appétit des questions posées, j'ai été
mis hors jeu par un langage basé sur des connaissances d'histoire
de l'art, et des développements sur la religion pas toujours explicitement
reliés au tableau. La question du regard et de ses implications
dans les sociétés humaines est un objet de réflexion
dans les philosophies d'Habermas et Sartre. "Regarder encore
[...] c'est ainsi qu'on arrive à voir" est-il écrit
dans ce livre : faux !
regarder pour regarder, c'est
inévitablement arriver à
ce qu'on veut voir.
Roman ou documentaire ?
l'intérêt, la compréhension,
passent à la fois par la raison (le discours historique, l'exposé
des faits vérifiables) et par l'émotion. Si l'intention
de l'auteur était de créer une sensation d'empathie pour
ce couple, qui pourrait être nous, tout en nous amenant à
n'y rien comprendre parce nous avons nos lunettes normatives sur le nez,
il a, selon moi, raté son but. Mais je n'ai sans doute rien compris
à son intention !
Critère V.A.C. : j'ai "fermé" le livre (je le
considère réservé à un public averti).
Les échanges par courrier électronique après lecture de nos avis
Séverine
Ne peut-on pas dire de ce livre quil doit autant son intérêt
à la bonne analyse très bien amenée de lauteur
quau génie du peintre et du tableau ?
Françoise
Oui, pas de tableau, pas d'analyse. S'il faut faire une hiérarchie,
je placerai tout de même le tableau d'abord.
Claire
Vous avez vu que Fanny a mis les pieds dans le plat
("je ne résiste pas à poser
LA question cruciale : est-ce un livre pour le groupe de lecture ?)
Et dautres nen pensent pas moins : Etienne,
Séverine, Annick L et
chez les Bretons Suzanne...
Françoise
Je n'ai vu aucun argument en faveur de cette hypothèse...
Annick A
Tous les avis se ressemblent et sont daccord pour dire que cest
un bon livre. Mais il nouvre pas au débat. En ce sens ce
nest pas pour le groupe lecture. Que rajouter à nos avis
?
Danièle
Oui, cest un peu le problème. Très intéressant
à lire. Mais comment rebondir sur ce que dit lauteur ?
Séverine
Oui, en effet, il pourrait y avoir débat si on était en
mesure de remettre en cause son analyse, mais là javoue que
mes compétences en art sont trop limitées pour cela...
Claire
Tu ne parles que du contenu et pas du travail décriture de
lauteur.
Séverine
Probablement parce que depuis lété dernier, il ne
men reste pas grand-chose en mémoire sur ce point-là
pour en parler
Claire
Il me semble quon pourrait distinguer plusieurs choses :
- le contenu : comptes rendus de recherches érudites, hypothèses
- le livre lui-même : la composition, la narration
- leffet sur le lecteur que nous sommes, chacun.
Danièle
Cest curieux, le travail décriture ne se sent pas du
tout, justement. Je trouve que lauteur fait son boulot diconographie,
et que le suspense tient au fait quil se pose des questions sur
ce quil voit, tout simplement, et avec ses connaissances, très
érudites. Il procède comme un historien de lart. Et
cest pour cela que son livre ne me plaît ni plus ni moins
que toute analyse de tableau dautres historiens de lart.
Claire
Il me semble quune différence, outre la simplicité,
les courts chapitres (quon ne trouverait pas dans des bouquins spécialisés)
cest quil est un conteur plus quun analyste. Dailleurs
il ne parle pas peinture, art, il raconte des histoires.
Annick
Oui, cest vrai, il raconte des histoires, des histoires argumentées,
et cest ce qui ma plu.
Danièle
À mon avis, il ne raconte pas dhistoires, il cherche à
essayer de comprendre les histoires que raconte le peintre. Et il faut
beaucoup de connaissances, et aussi beaucoup dintuition pour recontextualiser
ces histoires. Cest un travail de chercheur. Mais il pousse un peu
loin linterprétation avec son histoire de revenante. Dailleurs,
elle nest pas si revenante que ça, puisquon la voit
de dos dans le miroir. Je ne sais pas pourquoi il dit quelle ne
figure pas dans le miroir.
Claire
Je suis assez daccord avec toi, et plusieurs dentre nous,
sur le fait quil pousse un peu loin, voire tire par les cheveux
si jose dire ses hypothèses. Mais pour ma part, jai
lu le livre comme un récit, avec des péripéties,
des coups de théâtre, des tensions, oui... comme un roman.
Mars de Fritz Zorn, je lai pris aussi
comme un roman.
Danièle
Oui, cest vrai quil a le don de nous intéresser tous,
et cest peut-être pour cela que quelquun a employé
le mot de populaire. Certains historiens de lart sont rébarbatifs.
Françoise
Ce n'est pas parce qu'on est tous d'accord (et encore, pas vraiment) que
ce n'est pas un livre pour le groupe lecture.
Annick
Ce n'est pas parce quon est tous daccord mais parce que, comme
le dit Danièle, on n'arrive pas à rebondir à argumenter.
Claire
Tous ne disent pas que cest un bon livre, loin de là !
Suzanne, parmi les Bretons la seule à penser que ce nétait
pas un livre pour le groupe lecture, dit pour sa part que du groupe lecture
elle attend des romans et non des livres dhistoire de lart.
Ce à quoi Chantal répond : pas daccord, moi jaime
toutes sortes de livres qui ont leur place dans le groupe.
Monique L
Ce que jai apprécié, cest la méthode
danalyse. Je vais souvent à des visites guidées pour
voir des uvres dart et le côté recherche scientifique
ma beaucoup intéressée.
Danièle
Je trouve, comme Fanny, que lanalyse reste très hypothétique
Annick A
Oui l'analyse est hypothétique, mais lauteur le reconnaît.
Et est-ce si important ?
Claire
Jai moi aussi une hypothèse. Ayant trait à la légitimité
:
- lauteur nest pas écrivain, cest son seul livre
- lauteur nest pas spécialiste
- il est rien donc : un médecin qui se pique d'écrire sur
l'art, pfffttt
- et tiens tiens, au sujet de ce livre qui semble avoir eu du succès
(on le lisait sur les plages...), je nai trouvé aucune critique
dans les médias culturels, grands quotidiens, journaux littéraires,
etc. Il y a une émission
sur France Culture, avec d'ailleurs un ponte de lart mais une
seule. Ce mec nest pas dans lélite et ose faire quelque
chose en marchant sur les plates-bandes de lélite. Est-ce
que (c'est un peu osé) dans les réactions du groupe, y a
pas un petit quelque chose de ça, cest trop... populaire
(je cherche le mot).
Séverine
Je ne dirais pas que cest populaire, au contraire !
Claire
Le mot nest pas terrible : ce nest pas un livre prise de tête.
Séverine
Oui car cest très érudit. On va dire que cest
fluide, gouleyant.
Claire
Lérudit (voir certains des chapitres de Huysmans
que nous avons tâtés....) nest pas toujours gouleyant...
Séverine
Est-ce que finalement ça ne serait pas un livre "très
confiné", à apprécier seul, et difficilement
"déconfinable" et à partager avec les autres ?
Françoise
Non, non, pas d'accord, le plaisir, ça se partage !
Séverine
Ok, mais je constate quon peut juste partager le fait quon
a aimé lire ce livre, mais quon na rien dautre
à en dire, mais cest déjà beaucoup.
Claire
Qu'est-ce qu'on est en train de faire ?!
Françoise
Pour une fois qu'on ne s'écharpe pas, ne faudrait-il pas plutôt
s'en réjouir ? Je constate de plus que ça ne nous empêche
pas de débattre... On a moins la gnaque parce qu'il nous manque
le boire et le manger, mais on discute tout de même !
Claire
Mais si on sécharpe !
Séverine
Alors on va dire quon a vécu une "expérience"
littéraire comme il existe des expériences artistiques ?
Claire
Tout à fait d'accord... comme pour chaque livre du groupe lecture...
Monique
Je ne vois pas les messages dans lordre. Il mest très
difficile de suivre un fil de discussion. Avez-vous le même souci ?
Claire
Oui Monique, ça part dans tous les sens, cest normal, cest
comme dans le tableau.
Françoise
Oui, tu suis comme tu veux. Au moins ici on ne se fait pas taper sur les
doigts parce que c'est pas notre tour, lol.
Danièle
Finalement, on samuse !
Monique
Je ne sais pas qui a écrit "jai lu le livre comme
un récit, avec des péripéties, des coups de théâtre,
des tensions, oui... comme un roman". Je suis daccord avec
cet avis.
Claire
C'est bibi !
Marie-Christine
Captivée par le foisonnement des détails, des symboles,
des analyses
trop... ou pas assez... Urgence d'aller voir de près ce tableau
!
Séverine
De près, mais pas trop
avec la distance de sécurité
car le couple Arnolfini na pas de masque
pas encore en tout
cas. Un artiste de photoshop osera-t-il leur en mettre un ?...
Françoise
Je déconseille vivement à Marie-Christine de se précipiter
pour aller voir le tableau. Mais on pourrait se faire un aller-retour
en Eurostar groupe, plus tard, beaucoup plus tard...
Claire
Laller retour en Eurostar pour une journée à Londres,
on passe au moins 7h sur place, quel pied, on peut aller voir Agatha Christie
et bien dautres sur place... Y a plus quà attendre
quelques semaines, euh mois, euh...
Françoise
Ça nous ferait un projet de plus... youpie !
Fanny
Oui une sortie pour aller voir le tableau ! Et après on écrit
un ouvrage collectif en contrepoint-de-vue, on n'aura pas les connaissances
de Postel mais une imagination collective flamboyante...
Claire
Tu parles dans ton avis, Danièle, de Daniel
Arasse : ce serait pas pour le groupe lecture ?
Danièle
Pas beaucoup plus, je crois. Mais je peux conseiller un livre très
court, où Daniel Arasse apprend aussi à voir, et qui est
justement intitulé : On
n'y voit rien. Seulement, il est un peu plus pédant que
Postel, qui lui est très simple, malgré son érudition.
Claire
Une expérience ... comme dit Séverine, à tenter.
Françoise
En tout cas, moi avec ma mémoire de moineau, je pense qu'il me
restera la démarche, et la méthodologie, comment regarder
un tableau, c'est déjà pas si mal, sans compter le talent
de l'auteur pour nous tenir en haleine.
Monique L
Je partage lavis de Françoise.
Séverine
Oui un vrai bon polar artistique.
Claire
Avoue que cest super original. Il trouve une forme : en cela cest
un créateur. Jai lu cette citation de Victor Hugo aujourdhui
: 'la forme, cest le fond qui remonte à la surface
jadore...
Séverine
Mais jai trouvé ça bien, je reconnais du talent à
ce monsieur.
Claire
Bon alors finalement, ce nest pas un livre pour le groupe lecture ?
Danièle
Pas trop, je pense. Mais chacun (ou presque) a eu plaisir à le
lire, et se sent plus avancé quavant dans lart de voir.
Monique
Je ne sais pas dire si cest un livre pour le groupe de lecture mais
je remercie le groupe de me lavoir fait lire !...
Geneviève
Idem !
Fanny
Pareil. Contente de l'avoir lu. C'était une nouvelle expérience
de lecture, je vous rejoins.
****
Fin des échanges effectués par mel pour cause de post-confinement :
ils auront duré 1h...
****
DES INFOS | |
DES
IMAGES
La première page du livre évoquant une image absente du livre Le tableau Les Époux Arnolfini Les autres uvres de Van Eyck Des portraits de Van Eyck Des détails du tableau Des produits dérivés DES INFOS Jan VAN EYCK : l'homme et le peintre Jean-Philippe POSTEL : l'auteur du livre Le tableau Les Époux Arnolfini : quelques articles spécialisés Un clin d'il à Perec avec un palindrome latin |
DES IMAGES |
LA PREMIÈRE PAGE - LE TABLEAU
La première
page du livre, après la préface
de Pennac "À Londres, les jours de beau temps, une étrange forme humaine soffre au regard des promeneurs sur Trafalgar Square, juste devant lentrée de la National Gallery. |
|
Elle porte un masque, une longue
robe de bure et elle se tient en lévitation, immobile, à
une soixantaine de centimètres au-dessus du sol. Parfois,
lentement, elle bouge un peu la tête. Sa
robe flotte dans la brise. Une main gantée en émerge
et repose mollement sur le pommeau dune grosse et longue canne,
dont le bout se perd dans les plis dune pièce de drap
étendue sur le sol. Le masque se veut terrifiant ; cest
celui de je ne sais quel guerrier de la saga Star Wars. Une casquette
de velours retournée par terre contient quelques pièces
de monnaie. |
|
Cest avec un illusionniste dune autre envergure que nous avons rendez-vous." | |
- le tableau en gros plans successifs (4 min) - ce que révèle la réflectographie infrarouge sous le portrait Arnolfini de van Eyck (3 min) |
LES AUTRES UVRES DE VAN EYCK
Van Eyck, Retable de l'Agneau mystique (ouvert :
3,4 m x 5,2 m)
Retable de l'Agneau mystique (fermé ci-dessous : 3,5 x 2,23
m)
Cathédrale Saint-Bavon, Gand
Van Eyck, Triptyque portatif, v. 1437 (33,1 × 27,5
cm)
Collections nationales de Dresde
Van Eyck, La Vierge au chanoine Van der Paele
1434-1436 (141 × 176,5 cm)
Musée
Groeninge, Bruges
Van Eyck, La
Vierge dans une église, v. 1438-1440 (31 × 24 cm)
Gemäldegalerie, Berlin
Van Eyck, La
Vierge à la fontaine,1439 (19 × 12 cm)
Musée royal des Beaux-arts, Anvers
Van Eyck, La
Vierge du chancelier Rolin, v. 1430 ou 1435-1436 (66 × 62 cm)
- Le chancelier Rolin fut pendant 40 ans le deuxième personnage
du duché de Bourgogne (p. 131)
Musée du Louvre
Van Eyck, L'Annonciation, v. 1434-1436
(90,2 × 34,1 cm)
National Gallery of Art, Washington
Van Eyck, Sainte Barbe de Nicomédie,
1437, dessin sur panneau (31 × 18 cm)
Musée royal des Beaux-arts, Anvers
Van Eyck, Diptyque
de la Crucifixion et du Jugement dernier (56,5 × 19,7
cm)
Metropolitan Museum of Art, New York
Van Eyck, Le diptyque de l'Annonciation,
1433-1435
à gauche l'Archange Gabriel (38,8 x 23,2
cm), à droite la Vierge Marie (39 x 24 cm)
Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid
Van Eyck, La
Vierge de Lucques, 1435-1440 (65,5 ×
49,6 cm)
Musée Städel, Francfort-sur-le-Main
Van Eyck, Les
stigmates de Saint François, v. 1435-1440 (29,5 × 33,7 cm)
Galerie Sabauda, Turin
Van Eyck, Portrait
de Baudoin de Lannoy, v. 1435 (26 × 20 cm)
Gemäldegalerie, Berlin
Van Eyck, Portrait
du cardinal Niccolò Albergati, v. 1438
(34 × 27,5 cm)
Kunsthistorisches Museum,
Vienne
Van Eyck, Portrait
de Jan de Leeuw, 1436 (24,5 × 19,2 cm)
Kunsthistorisches Museum, Vienne
Van Eyck, L'Homme au chaperon bleu,
dit aussi Portrait d'un orfèvre, v. 1430 (17,4 × 15,5
cm)
Musée national Brukenthal, Sibiu, Roumanie
Van Eyck, Portrait
de Giovanni Arnolfini, v. 1438 (29 × 20 cm)
Gemäldegalerie, Berlin
(ce musée possède aussi La
Huque bleue qu'évoque JP Postel p. 90 :
un panneau "dans lequel Bruegel l'Ancien s'est amusé à
illustrer plus de cent proverbes flamands")
Léal Souvenir
(ou Portrait d'un homme), 1432 (33,3 × 18,9 cm)
National Gallery, Londres
La Naissance de saint Jean-Baptiste : lettrine, Dieu le Père,
Le Baptême du Christ v. 1420 ou 1435 (28,4 × 20,3 cm)
Van Eyck, dans le Livre dheures de Turin-Milan, tempera, feuille dor et encre sur parchemin - Palazzo Madama, Turin
La Messe des morts : lettrine,
Dieu en juge suprême (autre main), Cortège funèbre
au cimetière, (29,5 × 21,3 cm)
Van Eyck, Portrait
de Margaret Van Eyck, 1439 (41,2 × 34,6 cm) épouse du
peintre
Musée Groeninge, Bruges
Fabienne Verdier, dont nous avions lu La Passagère du silence, s'empare du motif des petits serpentins détoffe blanche qui rehaussent la coiffe de Margaret, lagrandit démesurément, en déstructure les volutes quelle jette sur un fond rouge, rouge comme le lourd vêtement de Margaret.
Fabienne Verdier, Margareta.
La pensée labyrinthique II, 2011
Encre, pigments et vernis sur toile (1,80 m × 3,56 m)
On le retrouve en couverture
du livre de Fabienne Verdier
L'Esprit
de la peinture, Albin Michel
La
Femme à sa toilette de Van Eyck , v. 1434 a disparu
(voir p. 122-127). Deux copies existent :
1. une
copie d'après Van Eyck du début du XVIe siècle (27,2 x 16,3 cm)
Fogg Art Museum, musée de l'université d'Harvard
2.
une deuxième copie (voir p. 127) sur le tableau de Willem
van Haecht, Le
Cabinet d'art de Cornélius van der Geest, 1628 (99 cm x 129,5 cm),
le tableau est reproduit juste au-dessus des statues au milieu du tableau
(10 x 8 cm)
Rubenshuis,
Anvers
Signalons
que ce tableau est cité par Georges Perec dans son roman Un
cabinet d'amateur (1979), histoire d'un collectionneur de tableaux
qui s'est fait représenter dans sa galerie en présence de
ses plus importants tableaux. Le récit porte sur le fait que le
tableau figurant la collection est lui-même représenté
dans le tableau, opérant par là une mise en abîme
susceptible de produire quelques effets particulièrement vertigineux
sur ceux qui le contemplent. De plus, de vrais tableaux y côtoient
des tableaux imaginés. Et dans l'ensemble ainsi constitué
de quelque 150 tableaux, figure notamment le tableau ci-dessus...
PORTRAITS DE VAN EYCK (autoportraits supposés,
portraits postérieurs)
Détail du Retable
de l'Agneau mystique :
cavalier vêtu de noir du panneau des Juges intègres,
1432 (voir p. 29)
Cathédrale
Saint-Bavon, Gand
Les Époux Arnolfini, 1434
Van Eyck, L'Homme au
turban rouge, 1436 (26 x 19 cm)
National Gallery, Londres
Dominicus Lampsonius, Portrait de Van
Eyck, gravure extraite de l'ouvrage Les
Effigies des peintres célèbres des Pays-Bas, 1572
(voir p. 29)
British
Museum
Attribué à Willem van den
Broecke, Portrait en buste de Jan van Eyck, v. 1545-1554 (H 41
cm, L 18,5 cm, P 11,5 cm)
Museum aan de Stroom, Anvers
Valentin Vaerwyck et Geo Verbanck, monument
en lhonneur
des frères Van Eyck, 1912-1913, à Gand
DES DÉTAILS DU TABLEAU Les Époux Arnolfini
Johannes de eyck fuit hic
Postel repère des patins (soques) dans d'autres
tableaux : dans la Naissance de la Vierge du Maître
de la vie de Marie (au pied du coffre), dans le panneau central du
Tryptique
Portinari d'Hugo Van der Goes :
Émirats arabes unis, 1968-1973
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DES INFOS |
Jan VAN
EYCK (v. 1390-1441) : l'homme
et le peintre
- On sait peu de choses sur sa date et lieu de naissance, sur sa jeunesse
et sa formation de peintre. Il est issu d'une famille d'artistes :
deux frères et une sur tous peintres ! Voir la
suite ici.
- Van Eyck fait partie des Primitifs flamands, terme apparu au XIXe siècle
pour désigner les artistes peintres du XVe et du début du
XVIe siècle originaires de la région qu'on appelait alors
les Pays-Bas
méridionaux et qui correspond plus ou moins à la Belgique
actuelle et la Flandre française.
- Avant que Van Eyck perfectionne la technique de la peinture (très
détaillée) à l'huile, on peignait auparavant surtout
à la détrempe, un type de peinture que l'on fabriquait en
mélangeant du pigment avec du jaune d'uf et de l'eau. La
principale différence entre la peinture à l'huile et la
détrempe est que la détrempe est opaque, tandis que la peinture
à l'huile peut être appliquée en couches translucides,
ce qui donne aux tableaux des Primitifs flamands une impression de profondeur
et d'intensité des couleurs.
- Lorsque Van Eyck réalise
notre fameux tableau des époux Arnolfini, il a pour "patron"
Philippe Le Bon, très puissant : voir en ocre
sur la carte l'étendue du
Duché de Bourgogne, avec pour capitale Dijon, au fort rayonnement
culturel et artistique, qui surpassait en richesse la France et l'Angleterre.
Philippe le Bon, Duc de Valois, pourtant vassal du Royaume de France et
de l'Empire Romain germanique, réforme l'administration des territoires
issus du système féodal, vers une centralisation. Eduqué
en Bourgogne puis en Belgique, il reçoit une culture française
et sera l'un des plus grands mécènes du XVe siècle,
favorisant les arts (musique, chroniqueurs, peintres, enlumineurs, etc.).
À l'image de leur souverain, les bourgeois et riches marchands
des villes drapières du Comté de Flandre, investissent dans
l'art, ce qui favorise la naissance d'une peinture non-religieuse.
- Au fil des siècles, Van Eyck est peu à
peu tombé dans l'oubli, et c'est seulement au XIXe siècle
que ses tableaux ont été redécouverts, collectionnés
et étudiés.
- L'exposition-événement organisée à Gand
du 1er février au 30 avril 2020, Van
Eyck. Une Révolution optique, a été stoppée
en plein confinement. Du coup, le musée a mis en ligne une visite
filmée de 26 min, qui vaut le coup, guidée par lun
des commissaires de l'exposition (en anglais, sous-titrée en français).
Jean-Philippe POSTEL (né
en 1951) : l'auteur du livre L'affaire Arnolfini
On en sait encore moins que sur Van Eyck... Il fut médecin pendant
35 ans et est amateur d'art. Ce livre est son seul livre publié.
Peu de presse, peu d'interviews...
À signaler :
- un entretien à France Culture avec Jean Loisy, émission
Les
Regardeurs,18 septembre 2016 (58 min). Jean Loisy n'est lui, pas un
amateur... : responsable des expositions au Carré d'art de Nîmes,
conservateur à la fondation Cartier à Paris, puis au musée
national d'art moderne de Paris, président du palais de Tokyo,
actuellement directeur de lÉcole nationale supérieure
des Beaux-Arts de Paris.
- une présentation
filmée de 55 min dans la librairie française Le Lexikopoleio
à Athènes de son livre par Jean-Philippe Postel (avec les
photos des détails en gros plan de grande qualité), le 17
septembre 2019 (suggestion : sauter les 10 premières minutes pour
aller directement à l'exposé de JP Postel). Coïncidence
: c'est dans cette librairie que des membres de Voix au chapitre
passèrent une soirée avec l'une des auteures grecques rencontrées
(Érsi Sotiropoúlos) lors de leur voyage
littéraire en Grèce en 2017.
Un
clin d'il à Perec, avec
un palindrome latin mis à toutes les sauces artistiques
- Perec, on l'a vu, a évoqué, dans
son livre Un
cabinet d'amateur, un tableau incluant un tableau de Van
Eyck.
-
Parmi les innombrables contraintes que s'est données l'auteur pour
écrire La
vie mode d'emploi, dix paires sont constituées à
partir d'une liste de dix livres et de dix tableaux. Le
premier duo est le livre Dix Petits Nègres d'Agatha Christie
et le tableau Les Époux Arnolfini.
- Perec est l'auteur du Grand
Palindrome. Et dans notre livre, il y a un palindrome...
Page 64, dans le chapitre sur le purgatoire, est évoquée au passage "une prouesse palindromique anonyme [qui] décrit la condition des âmes du purgatoire : 'In girum imus nocte ecce et consumimur igni.' En effet, les âmes 'tournent en rond dans la nuit et sont consumées par le feu'". Rappelons qu'un palindrome peut se lire indifféremment de gauche à droite en gardant le même sens. Et c'est le cas de :
in girum imus nocte ecce et consumimur igni
Cette phrase
latine, qui fait référence aux papillons de nuit qui tournent
autour de la chandelle avant de s'y brûler :
- sert de titre à un film
de Guy Debord (1978, sorti en 1981) : ce film décrit la
société contemporaine où chacun se brûle en
tournant autour des biens de consommation (film en
ligne ici)
- est cité par Umberto Eco dans son roman Le Nom de la rose
(1980)
- est le titre d'un ballet de Roberto Castello, In
girum imus
nocte et consumimur igni (2018).
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