Quatrième
de couverture :
"Il est question de nuages et Virginie
Latour commence à comprendre. Elle comprend qu'au début
du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets,
disséminés dans toute l'Europe, ont levé les yeux
vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect
même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils
les ont aimés." Prix littéraires : 13 ans et autant de livres plus tard : En allemand |
Stéphane Audeguy (né en 1967)
|
- Qui aimes-tu le
mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta
mère, ta sur ou ton frère ? - Je nai ni père, ni mère, ni sur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là dune parole dont le sens mest resté jusquà ce jour inconnu. - Ta patrie ? - Jignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je laimerais volontiers, déesse et immortelle. - Lor ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! quaimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - Jaime les nuages les nuages qui passent là-bas... là-bas les merveilleux nuages ! |
|
BAUDELAIRE, "Létranger",
Petits poèmes en prose (Nous lisons Baudelaire pour la séance prochaine) |
DOC AUTOUR DU LIVRE en bas de page
Publications de Stéphane Audeguy Parcours de l'auteur Articles et entretiens Prix pour La théorie des nuages Potins Histoire des nuages |
D'abord
5 lectrices parisiennes pas emballées |
Laura(avis
transmis)
Je n'ai pas terminé et j'ai atrocement détesté. Je
me suis arrêtée à la page 57 (je crois...). Sincèrement,
c'est le passage sur la masturbation qui m'a rebutée, ainsi que
celui sur la prostitution. En soi ça ne me gêne pas, mais
là je n'ai trouvé aucun intérêt, ces passages
n'apportaient rien du tout à l'histoire. J'ai vraiment eu l'impression
que l'auteur avait fantasmé de manière assez perverse et
malsaine en écrivant ça (eeuurk). Et j'ai trouvé
les personnages très fades. Malheureusement, ce sont les seules
choses que je risque de retenir de ce livre.
Je le ferme.
Fanny(avis
transmis)
Ce vendredi, il me reste une soixantaine de pages, je comptais avancer
dans les transports aujourd'hui, mais j'ai laissé le livre sur
ma table de nuit... C'est un signe, à la hauteur de mon ennui.
J'irai au bout car je suis curieuse de la chute... Celle du livre et non
pas celle d'Akira Kumo que j'ai trouvée grotesque. Désolée...
je manque terriblement d'empathie pour les personnages.
Je reconnais l'intérêt de mêler le roman avec des événements
historiques, cela a le mérite d'être instructif. C'est peut-être
ce qui fait l'originalité et l'intérêt de ce livre.
Mais malheureusement pour moi, la sauce ne prend pas, elle manque de liant.
Au départ j'ai cru que j'éprouverais de l'intérêt
pour l'histoire des personnages du roman. Mais la sexualité de
Virginie Latour ne m'a pas plus intéressée que les élans
suicidaires d'Akira.
J'ouvre ¼. J'attends vos avis, bien consciente que je passe à
côté de la teneur du livre.
(24 heures plus tard) Théorie des nuages achevé ce
matin, je garde mon point de vue. Ce protocole décalé n'est
pas dénué d'humour, mais la narration est, je trouve, longue
et redondante.
Anne-Sophie(avis
transmis)
Je peine à
sortir de la brume...
Pas réussi à me passionner pour cette histoire étrange.
Pourtant il faut reconnaître que le roman a le mérite d'une
très grande originalité. Originalité du sujet, à
l'évidence, mais aussi diversité des personnages, aventures
foisonnantes, ruptures et mélange des genres... J'aurais aimé
aimer ce bouquin, qu'il m'emporte, mais ça n'est pas arrivé.
Peut-être la période, trop de travail, manque de réceptivité.
Je me suis ennuyée. Je n'ouvre qu'au quart. Cela étant,
probable que je ne regarderai plus les nuages tout à fait de la
même façon et que j'aurai une pensée pour le livre
quand je lèverai les yeux vers eux. Hâte de lire vos
avis !
Annick L(avis
transmis)
Mon avis sera assez bref.
C'est un roman agréable à lire et très dépaysant.
On voyage dans le temps, au fil des différents chercheurs qui ont
peu à peu posé les bases de cette théorie et de la
météorologie, on s'évade dans la contemplation des
nuées, toujours changeantes selon les latitudes et les saisons...
Mais au bout d'un moment je me suis lassée, tout ça ne m'intéressait
guère, surtout dans la dernière partie, lorsque Richard
Abercrombie change radicalement d'obsession. Vanitas, vanitatum et
omnia vanitas...
Enfin, je retiendrai quelques infos inédites pour moi sur l'utilisation
guerrière que certains gouvernements ont pu faire de cette science
naissante !
J'ouvre un quart pour la distraction bienfaisante qu'il m'a procurée,
après d'autres lectures beaucoup plus démoralisantes.
Je vous souhaite de belles envolées célestes.
Katell(avis
transmis)
C'est un livre pas désagréable mais pas non plus super emballant.
Un côté un peu nonchalant dans la narration qui m'a empêché
d'être vraiment captivée.
L'écriture est jolie, mais l'histoire de Virginie Latour et d'Akira
Kumo a quelque chose d'inabouti. L'histoire romancée sur la science
des nuages aussi est intéressante mais s'étire en longueur.
Je n'ai pas bien compris pourquoi tout à coup Abercrombie s'intéresse
aux sexes féminins. Bref, un livre assez original mais qui se perd
dans les limbes...
J'ouvre à moitié.
Danièle(avis
transmis)
Le roman m'a rappelé Les
Arpenteurs du monde de Daniel Kehlmann, avec ses personnages typiques
de la fin du 19e siècle, avides de connaissances, et qui trouvent
leur jouissance en cherchant à nommer des phénomènes
étudiés pour la première fois. J'ai aimé le
côté anecdotique de leur vie qui contraste avec le sérieux
de leurs études.
Mais le roman m'a tout d'abord déroutée et même ennuyée
par son aspect multifocal c'est le seul terme qui me vienne en
ce moment ! (précise Danièle qui a des problèmes
d'yeux...). Trop d'histoires de différents personnages plus
ou moins reliés par leur passion pour les nuages... mais aussi
par l'excentricité de leur vie sexuelle. J'ai aimé l'explication
finale (le nuage d'Hiroshima) qui unifie le tout et permet de comprendre
l'obsession d'Akira Kumo et le refoulement qui lui a permis de survivre
sans doute. C'est beau et tragique. Voilà pour ce soir. J'ouvre
aux ¾.
Séverine(avis
transmis)
Tout dabord, je ne connaissais pas cet auteur donc cétait
déjà un plaisir : celui de la découverte.
Ensuite, quand jai récupéré le livre à
la bibliothèque de Saint-Lunaire,
la bibliothécaire ma dit que cétait un bon choix.
Dailleurs est estampillé sur la couverture "Coup de
cur 2010/2011 du club de lecture".
Je dois dire que jai rapidement plongé dans le roman. Jai
pris plaisir à me laisser conter ces histoires météorologiques.
Nulle envie de savoir si cest vrai ou non
dailleurs
je nai rien regardé par la suite sur le net. Cette façon
de raconter la science ma rappelé lémission
Sur les épaules de Darwin sur France Inter. Dans un
premier temps jétais plus intéressée par ces
histoires que par le cadre général : la rencontre du couturier
japonais et de sa bibliothécaire particulière me paraissait
un peu artificielle, trop "conte de fée à laméricaine".
Puis, petit à petit, jai trouvé que cela se combinait
bien, cette alternance des deux niveaux dhistoires. Jai trouvé
fabuleux le protocole Abercrombie ! Lauteur titille très
bien notre envie de voir à quoi ça ressemble ! Je trouve
que cest assez visuel comme roman : on pourrait ladapter
au cinéma, mais ça coûterait probablement très
cher à réaliser avec ces différents niveaux spatio-temporels
bref, je nai pas boudé mon plaisir
après, quant
à dire que cest de la grande littérature, cest
peut-être excessif. En tout cas, cest original. Pour tout
ça, je louvre au ¾.
Bonne rencontre.
Monique L(avis
transmis)
Ce livre est original. J'ai beaucoup apprécié toutes les
informations historiques sur les nuages, la météo et les
scientifiques ayant travaillés sur le sujet. C'est écrit
de façon très vivante, avec humour même parfois. Rien
d'ennuyeux. C'est très érudit.
L'intrigue construite sur des allers et retours entre flashbacks et époque
contemporaine est bien menée.
La description de la bataille de Waterloo vue du côté de
la méconnaissance de la météo m'a vraiment fascinée.
L'évocation d'Hiroshima et de la bombe est pleine de retenue. Le
personnage d'Akira Kumo est émouvant et crédible comme collectionneur.
Je regrette par contre que le personnage de Virginie manque d'épaisseur.
J'avoue ne pas avoir compris le lien entre les nuages et le sexe.
J'ai été prise par l'écriture de l'auteur, par sa
distance et en même temps par l'humanité qui s'en dégage.
J'ouvre le livre aux ¾ !
Toujours notre triple formule
inaugurée en septembre 2021 : après avoir lu à
haute voix les réactions ci-dessus transmises, notre tour de table
alterne entre les ennuagés physiquement présents et les
simultanément à l'écran...
Nathalie
Je crois que ça fait très longtemps que je n'ai pas lu un
livre qui monte en tension de cette façon au fil des pages.
C'est quelque chose de très doux, un peu suranné et puis
peu à peu le récit prend son envol et atteint une envergure
sans commune mesure.
C'est énorme la façon dont j'ai été happée
par les récits entrecroisés, par les échos que renvoie
chacune des histoires, petites ou grandes.
Certains passages m'ont laissée sans voix, ils sont d'une intensité
inouïe et m'ont coupé le souffle : le premier passage sur
Hiroshima, le passage sur le grand singe, le deuxième passage sur
Hiroshima.
J'ai eu l'impression d'enter viscéralement dans tous les corps
des personnages ; et encore plus dans celui, étroit d'Akira Kumo,
ou dans celui bonace d'Abercrombie,
J'ai vraiment aimé les passages " érotiques "
si on peut les appeler ainsi. Au tout début j'ai ronchonné
sur la vision du désir de la femme dans les yeux de l'homme...
Manuel
... et si ça avait été une femme, l'auteure ?...
Nathalie
... mais ensuite j'ai trouvé que le narrateur équilibrait
en attribuant dans une certaine mesure le même regard dans les yeux
de Virginie Latour.
J'ai savouré les mauvais coups que se font les chercheurs en concurrence.
Il faut quand même être bien renseigné pour pouvoir
raconter par exemple l'effet que peut produire un ordre de passage lors
d'un symposium.
J'ai adoré voir naître peu à peu, une image organisée
du récit.
C'est drôlement bien fichu.
On rit aussi (par exemple pour le suicide d'Akira Kumo qui cherche à
ne blesser personne la deuxième fois.)
L'écrivain me semble un homme extrêmement sensible, extrêmement
attentif au monde réel qui l'entoure comme par exemple le passage
sur l'odeur de l'aspirateur alors qu'Akira Kumo cherche à humer
les dernières senteurs de Virginie Latour.
Bref (pas encore lu la fin). Mais j'ouvre en grand et j'ai envie de le
relire.
Manuel(qui
avait prévu ce joli tee-shirt dans l'esprit d'Abercombrie...)
Comme Nathalie, j'ai beaucoup aimé la construction en mille-feuilles.
Lhistoire du protocole ma tenu en haleine : lorigine
du protocole, pourquoi et comment il était devenu lobjet
de tant de convoitises, le changement de projet de Richard Abercrombie
; il ne veut plus démontrer que les nuages se limitent à
une classification limitée ; la suite de son projet ne manque pas
dhumour. Jai aimé toutes les histoires sur le thème
des nuages : le point de vue scientifiques, les peintres et des photos.
Jai "vécu" lhistoire des sangsues :
j'ai pensé au film African
Queen où Humphrey Bogart est couvert de sangsues et Katharine
Hepburn lui passe du sel pour les enlever.
J'ai trouvé le livre très sensuel. Le projet est vraiment
très intéressant, surprenant et inédit.
Nathalie
C'est hyper romanesque.
Manuel
Oui, très romanesque. Il part à la recherche des nuages
et il revient avec des photos de sexes. Ce qui est dit sur la peinture
ma plu : "On ne
peint pas pour faire de la peinture, ou même pour être peintre
: seuls les amateurs en sont là. (
) Ce qui est essentiel
pour un peintre, cest le rapport entre son art et tout ce qui nest
pas la peinture, ce désir de capter les couleurs et les saveurs
du monde" (p. 68). De même
que ce paradoxe ou cette mauvaise foi ma amusé :
"Le véritable atlas universel des nuages ne peut être
quun ensemble de lithographies exécutées par lArtiste,
sous lil du Savant ; le cliché photographique
est aléatoire, faussement objectif."
(p. 296)
J'ouvre en grand, mais à mon avis il faut aller jusqu'au bout pour
pouvoir apprécier ce livre.
Annick A
Cette histoire est vraiment inattendue. Cest un livre très
original, dune grande poésie avec de magnifiques passages
sur la nature, sa beauté et son silence qui nous invitent à
la contemplation et à côté une dénonciation
virulente de la folie destructrice, la bêtise et la cupidité
des hommes, écrites avec beaucoup dironie, de drôlerie
et dhumour grinçant. Cest un livre dombre et
de lumière : le nuage est tout à la fois élégance
atmosphérique et porteur de mort. Écrite en 2005, son approche
écologique est précurseur de la compréhension de
la souffrance animale et de la sensibilité daujourdhui.
La scène sur lorang-outan est extraordinaire dhumanité.
Je me suis laissé porter par les histoires quAkira Kumo raconte
à Virginie. Beaucoup de rebondissements qui mont fait penser
aux Mille et une nuits. Très belle relation entre Akira
et Virginie qui sinstalle dans le silence : ils ne se parlent quà
travers les histoires des autres. On sait très peu de choses sur
Virginie et cest bien ainsi. Son rôle est de permettre à
Akira de lui raconter des histoires pour éviter de mourir et son
intérêt pour la science météorologique lui
permet de mettre à distance le nuage radioactif porteur de mort.
Son rapport à la mémoire est intéressant : il a tout
effacé de son enfance pour arriver à vivre et plus il se
souvient, plus il va vers la mort. Le seul souvenir quil garde de
sa mère est son élégance. On peut en trouver la trace
dans son choix de la Haute couture et lélégance de
sa création.
La sexualité est très présente dans son livre. Soit
les personnages ont très peu de sexualité et sen protègent,
soit ils sont dans lexubérance. Akira, étant donné
sa relation amoureuse avec sa sur décédée,
ne peut vivre sa sexualité quavec des prostituées
avec lesquelles tout risque de véritable attachement est exclu.
Les longs passages sur le Protocole mont ennuyée.
Jouvre aux ¾.
Jacqueline
J'ai lu très ce livre très rapidement et avec beaucoup de
plaisir.
La sexualité de l'une et des autres m'a plutôt fait sourire
Le caractère obsessionnel de tous ces différents collectionneurs
m'a amusée comme l'atmosphère très 19e siècle
et sciences positives. La langue précise, simple mais très
évocatrice et efficace m'évoquait parfois ce que fait Quignard
avec le 17e
J'ai beaucoup ri des appréciations de voyage
d'Abercrombie quant à l'Himalaya et aux holothuries. Elles étaient
dignes de Bouvard et Pécuchet
J'ai aimé les emboîtements
de récits et ce qui se dévoilait d'inattendu. Tout cela
m'a paru aussi léger que les nuages
En même temps,
la mort, l'oubli, les catastrophes, le temps qui passe font aussi la trame
du récit qui prend une allure de peinture de vanité. Malgré
mon plaisir de lecture, je ne savais trop comment juger ce livre et j'ai
souhaité lire autre chose de cet auteur. J'ai aimé Nous
autres, bien ancré au Kenya, "c'est-à-dire
partout" et je vais lire Une
mère, élégie dont les premières pages
ouvrent une réflexion fort intéressante...
J'ouvre la théorie des nuages aux ¾.
Rozenn
Je n'ai pas fini, j'en suis à la page 207, et je ne sais pas pourquoi.
Je me suis laissé déborder par les détails qui me
plaisaient, je m'y arrêtais. Par exemple : "badauds bedonnants"
Il y a des choses fabuleuses de l'ordre de la dénonciation, par
petits coups, par exemple comment on choisit la ville à bombarder
parce qu'il n'y a pas de nuages. À chaque fois, je m'arrêtais,
alors que j'ai la (mauvaise) habitude de lire à toute allure -
peut-être est-ce aussi parce que j'ai lu le livre imprimé.
La scène de masturbation m'a fait mourir de rire, avec son coté
méthodique. La scène entre scientifiques au symposium est
délicieuse, avec les grands copains prêts à se tirer
dans les pattes, et le scientifique qui repère dans la salle la
femme avec qui il va coucher
Il y a une réalité sensuelle,
mais pas dans la masturbation !
J'adore les quakers - j'en ai rencontré.
J'ai donc été arrêtée par les trucs que j'aimais.
J'ai loupé l'articulation du tout, c'est pour ça que je
suis allée lentement.
J'ai adoré le suicide, le mec qui rebondit
on sait ça,
qu'il ne faut pas se défenestrer !
Beaucoup beaucoup d'humour, beaucoup, beaucoup. Et des phrases délicieuses.
Mais ça ne fait pas un tout, et c'est vrai que je n'ai pas fini.
Catherine
Je rejoins le club de ceux qui ont aimé ce livre. J'ai eu beaucoup
de plaisir. C'est l'originalité, le sujet : j'ai toujours adoré
la météo - je voulais être météorologue,
mais c'est vrai qu'ils ont souvent un grain ou qu'ils se suicident
Rozenn
Ils n'ont pas les pieds sur terre.
Catherine
J'ai adoré la classification d'Howard, qui, pharmacien, fut un
pionnier. Avec lui, j'étais déjà enthousiaste. Et
toutes les histoires de météo sont extraordinaires. Le début
est d'ailleurs très poétique. Et celui qui peint le ciel
devient fou. La progression est géniale : à la fin, la météo
sert à faire la guerre. Je suis d'accord avec toi Nathalie, ça
monte en tension, il y a du suspense.
C'est original et très drôle : par exemple le savant britannique
vierge devient un obsédé du sexe...
Il y a des scènes géniales : Waterloo, le singe, Hiroshima,
la fin.
J'ai beaucoup aimé, j'ouvre entre 3/4 et entier, disons 7/8, c'est
un grand plaisir. Mes réticences ? J'ai pris trop de plaisir
c'est louche
en termes de plaisir, j'ouvre en grand.
Denis(à
l'écran)
Moi aussi, j'ai pris plaisir à lire ce livre. D'abord pour des
raisons tenant au contenu : je me suis toujours intéressé
à l'histoire des sciences, à commencer par le classique
ouvrage de Gaston Bachelard, La
formation de l'esprit scientifique, qui décrit de façon
amusante les cheminements étranges des chercheurs du passé,
observant le monde et s'efforçant d'en rendre compte par des moyens
tout aussi étranges. Bachelard a par ailleurs écrit plusieurs
ouvrages sur la poésie des Éléments (l'eau, l'air,
le feu...) qui rencontrent les rêveries sur les nuages. Une intéressante
notice sur cet aspect de Bachelard est disponible ici
:
"Pour illustrer son propos, Bachelard prend lexemple de lélectricité. Au XVIIIe siècle, on se pressait aux amusantes expériences dans lesquelles un public mondain tressaillait sous leffet des chocs électriques alors qu'il faut attendre la science ennuyeuse de Coulomb pour trouver les premières lois scientifiques de lélectricité'. Dans un cas, il y a perception immédiate dun phénomène mais sans compréhension, dans le second se développe un véritable processus dinterprétation dû à un effort dabstraction."
et encore, soulignant la dimension sexuelle des interprétations pré-scientifiques :
"l'interprétation sexuelle d'une réaction chimique dans laquelle deux corps entrent en jeu. Il est fréquent d'analyser ces deux corps en considérant l'un comme actif tandis que l'autre serait passif selon une logique sexuelle. Cette vision va à l'encontre de l'esprit scientifique mais elle est, selon Bachelard, une étape inévitable : 'Toute science objective naissante passe par la phase sexualiste.'"
Depuis Bachelard, un important courant d'histoire et de sociologie des
sciences s'est développé, au Royaume-Uni (la revue Social
Studies of Science) et en France (autour de Bruno
Latour et Michel
Callon), qui s'attache notamment à la place des controverses
dans l'élaboration des connaissances scientifiques. Voir par exemple
: Pasteur
: guerre et paix des microbes de Bruno Latour.
Le livre d'Audeguy illustre très poétiquement et avec piquant
(la place importante de la sexualité dans le récit) les
analyses généralement austères des historiens et
sociologues des sciences.
La présentation littéraire de ce genre de choses m'a beaucoup
amusé, avec ces personnages improbables, comme les quakers qui
n'ouvrent pas la bouche, et Goethe, petit vieux qui se tient debout à
côté de celui dont il ne sait pas qu'il est Howard qu'il
admire. Il y a un mélange de vrai et de faux et on ne sait pas
toujours qui sont les personnages réels. Mon plaisir vient de cet
aspect de l'histoire des sciences avec ces personnages.
C'est ainsi qu'en cherchant "Richardson" sur le net pour voir
s'il avait réellement existé, je suis tombé sur des
images de sa "sphère",
gigantesque construction qui découpe la Terre en petits morceaux
de façon à pouvoir effectuer les calculs : Ce n'est donc
pas une blague d'Audeguy !
J'ai aussi aimé la virulence des pages concernant les guerres (Napoléon,
Waterloo et les mouches, les îles du Pacifique...).
À côté de ça, il y a les petites folies
,
Virginie
, le Japonais
: ça m'a semblé un
peu ennuyeux à la longue, un simple cadrage pour présenter
la "véridique histoire de la théorie des nuages".
Mon plaisir provient aussi du style de ce livre ; il y a beaucoup d'humour,
de vivacité et d'images heureuses. La prose est riche et concentrée
tout en restant facile à lire. J'ouvre aux ¾.
Renée(à
l'écran)
J'avais lu ce livre en 2005 et n'ai pas retrouvé le livre qu'on
ne m'a pas rendu, ce qui veut dire que j'avais aimé le livre puisque
je l'ai prêté. Ce qui m'a plu énormément, c'est
le rapport à la peinture. J'ai été déçue
qu'il n'évoque pas Boudin, peintre du ciel aussi. Dans son invention
romanesque, Audeguy prête à Carmichael ce que la légende
attribue à Kandinsky : il aurait par hasard suspendu dans son atelier
un tableau à l'envers, il aurait aimé et aurait compris
à partir de là qu'il n'avait plus besoin de copier la nature,
plus besoin de sujet, d'où la naissance de l'abstraction.
La description des nuages qui ont toujours le même aspect quand
on observe des fragments de plus en plus petits m'a épatée,
et Rozenn a trouvé le mot que je cherchais : ce sont des fractales.
J'ai aimé le mystère autour du Protocole, les sommes folles
que certains sont prêts à débourser alors que le sujet
est absolument différent de ce qu'ils croient, c'est fou, l'idée
est fabuleuse. Le passage de l'orang-outan m'a terriblement émue.
L'histoire horrible du nuage atomique m'a perturbée ; Akira, tant
qu'il ne s'en souvenait pas, était relativement heureux. Et ensuite
vient l'envie de mourir (syndrome du survivant ?)
J'ai pensé aussi aux Mille et une nuits avec la lettre à
Virginie. Les deux fois où il se suicide, elle n'est pas auprès
de lui.
J'ai été étonnée que dans les histoires de
sexualité, il n'y a jamais une relation avec une femme "normale".
Aussi bien Akira qu'Abercrombie n'aiment que les prostituées. Quand
à la masturbation de Virginie, je n'ai vu qu'un rapport avec l'orage
(du sexe ou du ciel). Pas choquée, pas gênée.
J'ouvre en grand, en le relisant j'ai aimé à nouveau. Tout,
pratiquement, m'a plu.
Claire(qui
avait repéré ce pull en vue de la soirée, mais y
avait plus sa taille...)
J'étais ravie de découvrir un nouvel auteur, bien d'aujourd'hui.
Cependant Françoise l'avait proposé, sans enthousiasme démesuré.
De plus je me suis souvenue que nous avions lu lors d'une semaine lecture
un livre
sur la relecture de Laure Murat où un chapitre était
consacré à Stéphane Audeguy : Monique L avait apprécié
ses points de vue, tandis qu'ils avaient ennuyé Annick A et que
Françoise G l'avait trouvé imbuvable... : signes de précaution
pour aborder le roman...
J'ai été charmée par le livre. Ce genre mi-figue
mi-raisin, mi-fiction mi-histoire vraie inconnue m'a convaincue. J'ai
trouvé très agréable l'entrelacement des récits,
intéressante, palpitante même, l'histoire de la connaissance
des nuages, et surtout délicieux le mélange récits/connaissances
de cette Théorie des nuages (à ne pas confondre
avec Théorie
du nuage : pour une histoire de la peinture d'Hubert Damisch...
- tiens une histoire de peinture, si présente dans le roman).
L'emboîtement des récits, donc, avec un jeu des temps (par
exemple au début du chapitre p. 53 : "Bientôt,
Virginie Latour se sera habituée"), des personnages
formidables (le peintre Carmichael
par exemple, Richard Abercrombie), des paysages prenants (la lande de
Hampstead), l'impact des prévisions liées aux nuages qui
fait surgir des scènes : le minotier qui veille au grain, le directeur
de la météo qui se suicide pour cause de mauvaises prévisions,
la défaite de Napoléon avec des scènes grandioses,
les morts en Suède pour cause d'erreur, les bombes d'Hiroshima
qu'on voit presque autrement...
Le lecteur du livre devient en grande partie Virginie à qui Akira
Kumo raconte les histoires qu'on lit : "on
ne peut pas dire qu'elles soient fausses, on ne peut pas dire qu'il les
fabrique de toutes pièces ; mais il est évident qu'il les
aménage, qu'il y ajoute des éléments."
(p. 80).
J'ai eu envie de découvrir d'autres livres de cet auteur :
quand on aime un premier roman - car c'en est un -, on se dit :
mais que va-t-il faire après, va-t-il être capable d'en faire
un autre après ça ! Là, on a 6 autres romans qu'on
peut lire, on a de quoi voir de quoi il est capable : je suis tombée
sur Histoire
du lion Personne qui, ai-je compris quand j'ai cherché
à en savoir plus sur l'auteur, est celui qui l'a vraiment fait
connaître (évidemment il a eu le Prix littéraire 30
millions d'amis, le Goncourt
des animaux...) ; il a aussi une dimension historique intéressante,
mais j'ai moins aimé. J'ai enchaîné avec Une
mère, pour sa dimension biographique plus que pour le thème,
les histoires de famille me cassant les pieds : j'ai vraiment beaucoup
aimé ce livre. Et j'ai terminé par Histoire
d'amour, son dernier, qui concerne l'art, et qui, comme dans celui
que nous avons lu, a des récits de diverses époques entrelacés
: j'ai lu uniquement celui relatif au narrateur contemporain qui brosse
le parcours sexuel d'un personnage bisexuel visiblement proche de l'auteur
(voir larges extraits).
Regards réprobateurs...
Ach, eh oui je confonds le narrateur et l'auteur !... J'y ai apprécié,
tout comme dans celui que nous avons lu et dans Histoire du lion Personne
où un représentant de la France coloniale en Afrique
a une histoire d'amour avec un Noir, la liberté sexuelle
et la façon de se situer dans ce domaine.
En tout cas, , bravo Françoise pour la découverte, tu as
réussi ton coup en nous proposant ce livre !
Françoise
J'avais écouté par hasard une émission sur les nuages
à laquelle il participait, suite à quoi j'ai emprunté
le livre à la bibliothèque. Tout de suite j'ai été
accrochée. Pour ce qui est de la construction, je n'avais rien
lu de tel, avec ces liens qui n'en sont pas.
J'ai proposé Une théorie des nuages, non parce que
je criais au chef-d'uvre, mais parce que j'avais envie de le partager
et de découvrir vos réactions.
J'ai lu par la suite Fils
unique, que j'ai moins aimé, et qui emprunte la même
méthode avec un personnage historique, le demi-frère de
Jean-Jacques Rousseau dont personne n'a entendu parler, autour duquel
il bâtit un roman. Nuages est plus fascinant, avec légèreté,
drame, et surtout plaisir.
Et Abigail ?! Oh non, la fille qu'il choisit pour l'adopter, à
côté des petites filles modèles, la seule qui crache
oh non !...
Cotes
d'amour
du groupe breton (+ une parisienne)
réuni le 18 novembre Yolaine Brigitte T Chantal Jean Pierre Suzanne Cindy Édith Marie-Odile |
Chantal(qui
a apporté des nuages à déguster)
Ces temps-ci, j'étais dans l'incapacité de lire : le titre
avec ces nuages me plaisait, et j'ai donc lu, pour l'instant, jusqu'à
la page 180. Alors que je suis savoyarde, c'est en Bretagne que j'ai découvert
les plus beaux des nuages.
J'ai aimé découvrir Howard près de Londres, puis
Carmichael dont j'ai cherché sur Internet les magnifiques nuages
- alors que les peintres, je trouve, ne savent pas peindre les nuages.
J'ouvre pour l'instant à moitié car il y des parties "compliquées",
mais ça me plaît et je vais continuer. L'auteur a de l'imagination
en ce qui concerne les relations entre le Japonais et la bibliothécaire.
Je me suis d'ailleurs marrée à certains moments avec Virginie
Latour. Mais je me suis demandé où il veut en venir.
En tout cas, cela m'a fait du bien d'être à la fois dans
la contemplation et la science. C'est un plaisir de lecture ! Et ça,
c'est toujours à goûter...
Yolaine
Sur le coup, j'ai trouvé le livre plaisant. Mais aujourd'hui, je
pense que ça ne m'aurait pas manqué de ne pas lire ce livre...
C'est bien écrit. La scène de l'orang-outan est magique.
Le passage à Hiroshima sur la sur est très fort. Mais...
cela n'a ni queue ni tête. Ne parlons pas du côté érotique,
c'est pas possible ! Troquer des nuages contre des sexes de femmes...
Je n'ai pas été intéressée, l'ensemble manque
d'homogénéité quand ce n'est pas ridicule. Oui, c'est
le genre de lecture dont on peut faire l'économie.
Gamine, j'ai potassé un livre sur les nuages, la météorologie,
et ai étudié la question pour passer mon brevet de pilote.
Si le côté scientifique retient, c'est pour ensuite partir
en eau de boudin. J'aurais préféré somme toute un
traité scientifique.
Oui, il parvient à soutenir l'attention et à la moitié
j'aurais ouvert aux ¾, c'est accrocheur. Mais à la fin,
j'étais prête à fermer entièrement le livre,
en particulier à cause de l'inconsistance des personnages, l'invraisemblance
de la relation avec la bibliothécaire. J'ouvre au ¼.
C'est un pot pourri avec de la science, un brin de poésie, du sexe
par là-dessus. Ça ne m'apporte rien, je ne vois pas l'intérêt.
Pire que cela, c'est de la rage que je ressens car on se moque du lecteur.
Édith
Stratus, cumulus, cirrus, nimbus ou nuage de pluie : de même qu'en
1802 Luke Howard nomme les nuages pour les distinguer chacun dans leur
forme propre et leur "augure", de même j'ai eu besoin
de nommer les "intervenants" de ce récit si peu banal.
Récit qui se situe entre l'historique de la météo
en Europe, les destins d'hommes savants, historiquement situés
et des personnages fictifs permettant une action, une intrigue à
rebondissements. Les voici : Akira Kumo et Virginie Latour, Luke Howard,
le peintre Carmichael, William Svensson, Williamson, Lewis Fry, la silhouette
de Goethe, Richardson, Richard Abercrombie auteur du Protocole Abercrombie,
sa fille Abigail, Richard Abercrombie junior, son petit-fils, Alice Cadolle
qui invente le soutien-gorge, etc.
Je suis "rentrée" dans le récit avec gourmandise
pour ainsi dire. Le titre met en appétit et la quatrième
de couverture y est pour quelque chose. J'ai été, dès
les premières pages, aussi intriguée et curieuse que Virginie
Latour lors de sa rencontre première avec le personnage Akima Kuro.
Quel va donc être ce travail de classement ? Qui est ce couturier
bibliophile et pourquoi ce travail si bien rémunéré ?
Les deux personnages fictifs et contemporains - Virginie et Akira - furent
tout au long du récit très précieux pour ne pas trop
me perdre. Par moment, je fus submergée par la profusion des anecdotes
et des personnages ayant joué chacun un rôle de découvreur
dans l'évolution de la science météorologique. Elle
fut nommée comme telle au XIXe siècle. Peut-être qu'avant,
l'observation du ciel et des nuages n'était que rêverie,
poésie et art pictural ?
Il m'a fallu, dès la fin du récit (roman ?), survoler à
nouveau le livre pour y retrouver le fil de l'histoire. Et avec les dernières
pages savourer le sentiment de détenir une des "clés"
du récit : ces lignes qui racontent à Londres, sur
les landes de Hampstead, la terrible tempête de 2006 que Virginie
Latour affronte pour aller disperser les cendres d'Akima Kuro. Ces dernières
s'envolent et poétiquement vont aller, au-delà des siècles,
se mêler aux poussières des déserts et surtout aux
poussières de l'explosion de Hiroshima et du Krakatoa. La boucle
des rêveurs des nuages se referme sur un chant poétique que
j'aime, au-delà de la science et de ses promesses mercantiles,
au-delà de la science et de ses applications prosaïques (utiles
néanmoins).
Question posée lors de ma lecture : tous les personnages ont-ils
la même réalité historique ? Le peintre Carmichael
a-t-il eu ce triste destin ? Souvent réjouie par les anecdotes
(toujours un peu confondues entre réel et invention littéraire)
et curieuse d'en savoir plus, je suis allée vérifier des
éléments sur Wikipédia. Se faire croiser Goethe et
Luke Howard, j'aime ! Vérité ou coquetterie d'auteur ? De
même, j'ai vérifié la catastrophe du pont emporté
par l'ouragan et les nombreuses victimes. Évoquer Fitz Roy et son
suicide m'a intriguée et fait découvrir le lien entre ce
personnage et le sommet du Chili nommé le
Fitz Roy - à El Chalten, petite ville de la Cordillère
des Andes au Chili - me renvoyant ainsi à la Patagonie, le détroit
de Beagle, Darwin et autres comparses explorateurs et savants
Le
livre "fait voyage" parfois, et pour moi me fait revoyager en
ce cas précisément.
J'ai beaucoup aimé la façon et la "légèreté"
de la sexualité de Virginie Latour, sa désinvolture existentielle,
sa routine du vendredi soir, son quant-à-soi bien vécu.
Drôles sont les pages racontant la rupture triviale d'avec son compagnon.
J'ai souvent souri à propos d'Abercrombie, de son exploration sensuelle
auprès des prostituées, s'efforçant de découvrir
le mystère de leur sexe
, toujours plus nombreuses et toujours
plus loin dans sa recherche par le monde entier (sauf le Japon), découvrant
leur universalité et leurs différences : pour en référencer
les catégories, un classement ? Je n'ai pas compris que, lui, en
fasse des photos ?
Les trois générations d'Abercrombie apportent un peu de
suspense à la narration et c'est tant mieux... Intriguée
par le contenu du testament (le Protocole) et son existence probable si
méticuleusement et tenue secrète. Question : vraie collection
photographiques de sexes féminin ou fantasme de l'auteur Stéphane
Audeguy ? Invention de l'auteur. Liant poétiquement la forme des
nuages et leurs variétés mouvantes à la morphologie
"nacrée" (j'aime le mot) du sexe des femmes, organes
ourlés et insaisissables dans leurs formes multiples... : ainsi
des sexes comme les nuages ? Moi j'apprécie cette analogie osée,
charmante de la part d'un amoureux de la femme. J'ai adhéré
au récit. Alors le protocole, vrai ou faux ? Canular de l'auteur
du livre ou volonté d'introduire une autre symbolique ? Je me suis
vraiment demandé pourquoi cette analogie nuages et sexes féminins
dans leur forme "collection", je n'ai pas de réponse
si ce n'est l'hypothèse d'une modification du rêve de Abercrombie.
Ce dernier délaissant l'énigme de l'atmosphère et
des nuées à un autre mystère : le sexe des femmes
et leur découverte. Lors de ma rapide relecture, un goût
totalement nouveau pour le texte s'impose une fois le mystère du
contenu du Protocole dévoilé p. 305.
Akira Akumo dont le destin fut marqué par le NUAGE atomique à
Hiroshima (cf. aussi la série
lue à Voix au chapitre sur cette période d'histoire
japonaise) - nuage dont il a été curieusement épargné
dans ses conséquences morbides - me permet de penser que cela l'a
marqué dans la suite de ses choix de vie. De même sa date
de naissance, modifiée du fait là aussi de l'explosion nucléaire.
Les deux suicides d'Akira Akuro surprennent la lectrice que je suis (il
saute et échappe la première fois
il ressautera !
c'est écrit !) : deux épisodes courts, efficaces, mais empreints
de douceur dans la narration - comme tout le reste du récit d'ailleurs,
comme si les confidences étaient chuchotées.
Le dénouement me plaît : prendre le risque pour Virginie
Latour d'accepter totalement de rentrer dans la vie et les confidences
d'Akira Akumo, la promène dans l'histoire des nuages, de la pluie,
des mesquineries des chercheurs savants, jusqu'à une vie inespérée
due à la mort de son "employeur" et apparemment la comble
totalement. L'héritage est là, le symbolique et le matériel
(conséquent). Tout est poussière peut-être ? Plus
tard pour elle et sa destinée ! Tiens je repense ici au livre Le
hérisson de Muriel Barbery pour le fait de me perdre dans
l'histoire...
Ce sera un livre qui fera date pour Voix au chapitre-et-moi. Mais
je reste interrogative quant au symbolique de la fameuse, étrange
et coquine collection du Protocole. Et j'ai appris du récit d'Akira
Kumo la longue histoire des hommes dont les yeux sont levés vers
le ciel.
Brigitte(participant
pour la première fois)
C'est avec plaisir que je vais essayer de donner "ma voix au chapitre".
Cette fiction de Stéphane Audeguy (auteur inconnu pour moi avant
cette lecture), je l'ai lue en plusieurs temps et je n'ai pas réellement
eu l'envie de relire ce roman.
Plusieurs histoires se mêlent, nous faisant habilement sauter du
19e au début du 21e siècle. Le lien se crée par Virginie
Latour, intelligente, perspicace secrétaire d'Akira Kumo, artiste
amoureux des nuages mais à l'âme perturbée ;
Virginie maîtresse avertie de Richard Abercombrie junior qu'elle
qualifie de fou et de théoricien fastidieux souvent grotesque (p. 253).
Le vocabulaire est riche, un il sur le dictionnaire m'a été
utile à la lecture de certains passages. Le tout est bien documenté
et les descriptions sont parfois si précises qu'elles deviennent
picturales, comme le récit de l'éruption volcanique du Krakatoa
en Indonésie en 1883.
Même si Audeguy, selon moi, pourrait laisser entendre que la météorologie
est née au XIXe siècle, cette lecture a eu le mérite
de me plonger sur internet dans l'histoire de la météorologie
et m'a permis de comprendre qu'au 19e siècle les savants ont été
les précurseurs de la météorologie moderne qui prend
une place "sociale" très importante dans notre quotidien
et anime les débats, qu'ils soient socio-économiques, liés
à nos activités de loisir, voire culturelles.
J'ai eu le besoin de rechercher si ces savants ont tous existé....,
ce qui est vrai pour Luke Howard.
Si j'ai résisté à la lecture de certains passages
pour ne pas décrocher, par exemple lors du passage relatif au savant
suédois Williamsson, des questions ont pris forme ; elles
ont étayé ma curiosité et m'ont incitée à
chercher des réponses en poursuivant ma lecture.
Pourquoi les nuages sont un danger pour l'Homme ? Sous-entendu que
ce ne sont pas des effets physiques seuls dont parle l'auteur. J'ai perçu
une fragilité pathologique chez le couturier Kumo : on peut
parler de folie qui le conduit au suicide ? Son enfance à
Hiroshima et "le nuage de l'apocalypse" nous éclairent
(mauvais jeu de mot) ; il est un hibakusha ; autrement dit
un rescapé, une personne affectée par la bombe ; il
ne l'est pas physiquement (est-ce possible ?) mais psychologiquement.
Quel lien entre les nuages et les jeux érotiques ? Le savant
Richard Abercombrie, misanthrope fou, que j'ai suivi avec attention au-delà
de son pays natal, nous en donne une explication ; je dirais une
chute que je trouve dérangeante, voire violente pour les Femmes.
Le livre a été écrit en 2005, aurais-je eu à
cette époque la même critique ?
En refermant le livre, je me dis qu'il m'a manqué de ne pas retrouver
le côté poétique des instants où j'aime me
poser après la baignade et m'évader dans les nuages aux
formes insolites qui inspirent à la quiétude, au rêve,
à la douceur voire au recueillement.
Pour conclure, j'ai retenu cette phrase (p. 309) "rien
au monde n'est plus fascinant que les nuages, sinon l'océan ; mais
là est le danger". Danger pour aujourd'hui et demain.
Les débats sont largement ouverts mais posons nous, restons respectueux
et gardons-nous de la folie.
Suzanne
Je l'ai fini il y a 15 jours. Qu'est-ce qui me reste ? C'est un livre
que j'aurais pu éviter de lire.
Ce n'est pas désagréable, avec ce tour léger : Kumo
et Virginie se rencontrent, et se rencontrent aussi la météo
et l'art (j'ai pensé aussi extraordinaires tableaux de Constable),
la météo et l'histoire : avec les débâcles
d'Hitler, de Napoléon, les applications à la diffusion de
gaz, les bombes sur le Japon avec le rôle du brouillard (on apprend,
c'est horrible, pourquoi deux bombes ont été lancées).
Et cette conférence historique sur la météo ! Avec,
concernant la météo, une espèce de projection sur
le futur : on espérait tout maîtriser, mais les faits montrent
que ce n'est pas le cas.
Yolaine
C'est très juste. Je suis de près la situation du volcan
à La Palma avec l'intervention de spécialistes du monde
entier. On voit bien au jour le jour, ils se trompent dans les prévisions
et c'est le volcan qui décide.
Suzanne
Est-ce qu'on peut dire que la météo est une science ?
Brigitte
On a fait d'énormes progrès.
Suzanne
Ça m'a néanmoins renvoyée à la volonté
de toute-puissance des hommes, qui trouve ses limites quand avec certains
événements on se trouve désarmé.
Par ailleurs, je me suis peu intéressée aux personnages,
Kimo, Abercrombie, sa fille... Quant à l'histoire des sexes féminins,
ça m'a paru invraisemblable, artificiel, plaqué. Ça
m'a rappelé un atlas avec des sexes féminins vu pendant
un stage de Tao. Est-ce à cause de cette collection de sexes féminins
qu'Abercrombie a sombré dans l'oubli. Bref, les personnages ne
m'ont pas embarquée et au bout de 15 jours étaient oubliés
eux aussi. J'ouvre à moitié.
Marie-Odile(chez
qui nous sommes, et qui a pris cette photo dans son jardin)
Malgré le titre attractif, ce fut au départ une déception :
les personnages me sont apparus peu sympathiques, Hawford très
ennuyeux. Mais où veut en venir l'auteur? Pourquoi se sert-il de
cet intermédiaire qu'est Akira au lieu de s'adresser directement
au lecteur?
(Cependant, j'ai bien aimé les propos sur l'importance de nommer
les choses qui fait des hommes les inventeurs de ce qu'ils répertorient,
les réflexions sur l'impact économique de la météorologie
etc.)
ET PUIS
. le charme a réellement opéré avec
l'évocation de Carmichael, le guetteur de vent et de nuages, enfant
perché sur la plate-forme du moulin, peintre en devenir.
Par la suite, me suis laissée emporter par des pages extraordinaires
évoquant des phénomènes extraordinaires, l'éruption
de Krakatoa par exemple, décrite avec une précision et une
clarté qui m'ont donné l'impression de tout voir, tout entendre,
tout respirer. Même chose pour la terrifiante bombe d'Hiroshima.
Partout, j'ai apprécié l'originalité du texte (mêlant
portraits, biographies, faits historiques, récits d'aventure, explications
scientifiques...) et surtout la grande liberté que prend le romancier
avec tout ça, dans des inventions de toutes sortes. Ses histoires
(comme celles d'Akira) "on
ne peut pas dire qu'elles soient fausses, on ne peut pas dire qu'il les
fabrique de toutes pièces, mais il est évident qu'il les
aménage, qu'il y ajoute des éléments".
J'aime l'audace avec laquelle Audeguy "aménage"
Les nuages mènent à tout et nombreux sont "les éléments".
Après l'extravagant parcours de l'imaginaire Richard Abercrombie
(activité sexuelle tardive mais néanmoins acharnée,
principe d'isomorphie rapprochant sexes féminins et nuages, "divagations
sur le Même"), j'ai noté la simplicité de l'évidence
: "Il faut bien des
choses pour faire le temps qu'il fait" !!! En effet
!!!
Le texte (selon le principe d'analogie ?) progresse à la manière
des nuages, se diluant, digressant, divaguant, s'étirant, sans
qu'on sache parfois de quel côté il va s'orienter. Il m'a
donc réservé des surprises. Et je ne me suis jamais ennuyée
dans ce qui a suscité en moi curiosité, amusement, indignation
et émotion. Car le registre varie, tour à tour sérieux,
humoristique, ironique, percutant lorsqu'il dénonce avec force
le cynisme et la cruauté des faiseurs de guerre ou de chasse.
Je m'attendais à ce qu'il soit question de Lamarck, contemporain
de Howard, présent quand même dans le nom de la rue et seulement
dans le nom de la rue. Il était pour moi, jusque là, la
référence en matière de classification des nuages.
Cette classification un peu oubliée, parce que jugée plus
poétique que scientifique, aurait pu avoir, je pense, sa place
dans ce roman
J'ouvre aux ¾ ce texte foisonnant, disparate, plaisir d'écriture
sans doute, plaisir de lecture assurément.
(Marie-Odile apporte des précisions sur Lamarck et Gilles Clément
ici).
Jean
C'est un livre que j'avais déjà lu il y a une dizaine d'années
: un collègue me l'avait passé quand j'étais dans
l'armée de l'air et j'avais bien aimé. Le texte n'a pas
résisté à la relecture, je n'ai pas retrouvé
l'état qui avait été le mien alors.
C'est un roman qui nous porte là où la science et la sensation,
l'intellect et la sensibilité, sont en lutte. Jaime bien
les bouquins qui entremêlent les personnages, les flashbacks, sans
nous perdre. Ma référence cest Confiteor.
La construction mintéresse. Virginie Latour a un nom qui
ne métonne pas, puisque Audeguy est proche de Bruno Latour.
L'entremêlement de récits, qui mêle des rencontres
de personnages, le couturier Akira Kumo, la bibliothécaire Virginie
Latour, amène une explication de la classification des nuages.
La volonté d'un homme, Luke Howard, qui nomme les nuages, va conduire
à la peinture et à la science moderne. Le quaker Luke Howard
était un météorologiste amateur. Ses travaux influencèrent
Goethe, mais aussi les peintres Constable et Turner, ici plus fantômes
que modèles. Le peintre est un méconnu nommé Carmichael,
fils d'un fermier anglais, il veut mettre en marche les moulins de son
père. Akira Kumo collectionnera les carnets de ce grand artiste
qui devint fou et finit par se suicider. C'est un observateur qui rêve
les formes qu'il nomme. Personnage, inventé, le grand météorologue
britannique, Richard Abercrombie, décide lui de parcourir la terre
pour prouver que les nuages varient selon les latitudes. Une chasse dans
la jungle de Bornéo, la sauvagerie béate décrit à
merveille, le vacarme animal de la forêt, font dire à Abercrombie
que "le silence apaisant
de nos campagnes n'est que le signe tangible de la terreur que l'homme
y fait régner", enfin la mort de l'orang-outan,
feront d'Abercrombie un autre homme.
C'est aussi le lien des personnages fictifs ou réels, dans leur
dimension sexuelle et charnelle, qui permettent que la "météorologie"
ne devienne pas ennuyeuse. Le geste sexuel n'est jamais résumé
ni exagéré par la phrase qui le porte : le corps est décrit
comme le véhicule d'émotions diverses, et la jouissance
comme un moment privilégié de la vie humaine. Chaque homme
ou femme à son histoire bien particulière face au charnel.
J'ai aimé l'approche qui consiste à faire des allers-retours
entre le passé et le présent, tout en préservant
les points communs des protagonistes. Un livre agréable et instructif...
"Une forme de bêtise
habite toute pensée ; et donc, le désir de comprendre les
nuages". Ces nuages qui caressent nos limites et notre
défaut d'imagination.
Claire, parisienne immigrée d'un soir, a beaucoup aimé
le livre et finalement l'ouvre en grand (voir ici).
Cindy
Le titre m'a attirée. Comme Yolaine, j'ai un brevet (ULM). Et je
pratique la voile depuis ma tendre enfance. C'est naturel pour moi de
regarder le ciel. Ma grand-mère disait de moi que j'étais
sage, car j'étais souvent devant la fenêtre à regarder
le ciel.
C'est vrai que les 50-60 premières pages ne sont pas très
passionnantes. Mais dès qu'il a été question de nuages,
pouf, j'ai été transportée. Je trouve ce premier
roman superbe, éblouissant, riche, passionnant, au travers de personnages
savants et très humains, modernes. On découvre des vécus
singuliers, avec un contraste entre ces vies et les situations historiques
: car on traverse l'Histoire à des moments terribles.
Au fil des histoires et des personnages, l'auteur trame une performance,
car les personnages ont des liens, Virginie Latour constituant le guide,
le fil directeur.
Les réflexions en font aussi un livre spirituel, il y a de très
belles pages.
Il y a aussi de l'audace : dans l'écriture, les descriptions, et
les sexes - ce n'est pas cru, mais presque poétique - pétales,
nuages.
"Il faut être un peu bête " pour s'intéresser
aux nuages, est-il dit p. 49 : non ! Il y a la curiosité scientifique,
la sensibilité aux couleurs, aux formes.
Comme Édith, j'ai transcrit la liste et la généalogie
des personnages, avec le parrain des nuages, Howard. Je suis allée
voir les tableaux de Carmichael, qui fut guidé par le verrier Beaumont.
Il y a un véritable suspense, notamment avec le voyage d'Abercrombie,
dans la famille. Tous ces personnages vont amener à comprendre
la fin du livre, la finitude, avec les deux fins. Virginie Latour, heureuse,
et la petite sur disparue tout à coup de par l'explosion,
partie peut-être dans les nuages, dans l'infini. Ce mot d'infini
me plait (on aime à l'infini), mais on découvre la finitude.
D'ailleurs, très vite dans le livre est évoqué un
suicide. Dans l'intrigue, la photo japonaise, nue, du début, est
l'un des petits indices.
Des valeurs sont présentes dans le livre, telle l'obstination :
des scientifiques, de Virginie, d'Abercrombie et sa collection.
La scène avec l'orang-outan m'a émue, très bien décrite,
c'est très beau. Il y a dans le Protocole des lignes de force (p.
248), mais dans le livre aussi. Il y a une quête spirituelle. Certains
des passages, je vais les photocopier et les adresser à des amis.
C'est un livre que je garderai près de moi. Pour finir, ce livre
ne fait pas peur, mais rassure, car on traverse des rêves humains.
Une combinaison d'éléments liés fait un tout et emplit
les personnages de profondeur.
Encore une fois, merci Voix au chapitre...
Marie-Thé n'avait pas lu le livre mais avait un superbe masque :
Yolaine enquête après la séance
auprès de Pierre
Il a aimé comme nous tous les passages sur Bornéo, le Krakatoa,
Hiroshima, s'est un peu ennuyé dans les explications nébuleuses
pseudo-scientifiques, et n'a pas trouvé le fameux Protocole particulièrement
excitant. Donc il l'ouvre à moitié et ne partage pas mon
indignation de lectrice frustrée...
Publications de
Stéphane Audeguy
Parcours de l'auteur Articles et entretiens Prix pour La théorie des nuages Potins Histoire des nuages |
PUBLICATIONS de Stéphane Audeguy |
On dénombre 8 romans (dont un va sortir), et des albums pour la jeunesse, des essais, des albums illustrés, etc. Voici, chronologiquement et par éditeur :
Gallimard
- La
Théorie des nuages, coll. Blanche, 2005, roman, repris
en Folio
en 2007.
- Fils
unique, coll. Blanche, 2006, roman, repris en Folio
en 2008.
- Petit
éloge de la douceur, Folio Inédit, 2007, essai.
- Les
Monstres, coll. Découvertes, 2007, repris en Beaux
Livres en 2013, essai.
- Nous
autres, coll. Blanche, 2009, roman, repris en Folio
en 2010.
- L'Enfant
du Carnaval, coll. L'un et l'autre, 2009, essai.
- In
memoriam, Le Promeneur, coll. Le Cabinet du lettré, 2009,
essai.
- Rom@,
coll. Blanche, 2011, roman.
Au Seuil
- Histoire
du lion Personne, Seuil, coll. Fiction et Cie, 2016, roman, repris
en Points
en 2017.
- Une
mère, Seuil, 2017, roman.
- Histoire
d'amour, 2020, roman.
- Dejima, 2022, roman.
Jeunesse
- Alma
n'est pas encore là, ill. Laurent Moreau, Gallimard jeunesse,
2012.
- Parkie,
une histoire d'éléphant, ill. Xavier Barral, Musée
d'Orsay-Atelier EXB, 2020 (feuilleter
ICI le livre en vidéo).
Albums chez d'autres éditeurs
- Opéra
mundi, éd. Creaphis, coll. Lieux Habités, 2012,
essai.
- Dérives
à fleur de Loire, photographies de Nicolas Lenartowski,
éd.
Hesse, coll. Patrimoines, 2013.
- Jean-Michel
Fauquet, Galerie Claude Bernard, 2014.
Et l'on passe sous silence articles, préfaces,
nouvelles comme... :
- "Les Deux Pigeons", nouvelle,
Des nouvelles de La Fontaine, 2007
- "Memorabilia : Ground Zero", nouvelle, La
Nouvelle Revue française, n° 591, octobre 2009.
PARCOURS de Stéphane Audeguy |
Enfance
- Né à Tours en 1964. Vit 17 ans dans une
cité HLM. Troisième fils d'une mère secrétaire
sténodactylo, d'un père qui a travaillé essentiellement
dans la menuiserie métallique : "Mon goût de la technique
vient de là, je pense. Même si je n'ai aucun don pour le
bricolage, j'ai un grand intérêt pour l'histoire des techniques.
L'atelier qu'il y avait chez moi et les outils de mon père m'ont
bien fasciné."
- 1977 : premier voyage
à l'étranger car son grand-père est d'origine polonaise
: "Le voyage en Pologne a été d'autant plus fort
que je n'étais jamais sorti de mon trou. L'année d'avant,
une sur polonaise de mon grand-père est venue chez nous.
Ça a été un choc ethnologique. Je me souviens qu'un
de ses buts de promenade c'était la Coop, un supermarché
dans lequel elle allait voir la viande..." L'adolescent associe
la Pologne aux camps de concentration : "Mes grands-oncles avaient
des numéros sur leurs bras et parlaient de ça. Mais je ne
sais pas quels rôles ils ont joués dans les camps... "
- Son amour des jardins : "Mon grand-père travaillant à
la SNCF, il bénéficiait d'un jardin ouvrier près
de La Riche. Je suis un enfant des Trente Glorieuses qui n'a pas mangé
de conserves. J'ai appris tard que les légumes pouvaient se vendre."
- Peu de livres à la maison : "Le livre est venu par le
bibliobus et la bibliothèque du quartier. Aujourd'hui encore, je
fréquente plus les bibliothèques que les librairies. (...)
Les librairies, j'ai commencé à y aller après
avoir publié mon premier livre. C'est un métier, libraire,
que j'ai appris à admirer, il y a cinq ans seulement. Je n 'ai
pas acheté de livre neuf avant 22 ou 23 ans."
Formation
et métier
- Hypokhâgne à Tours. Khâgne à Paris, doublée
à Sceaux. Admissible à Normal sup, pas admis.
- Licence d'anglais à Nanterre. Rencontre de Robert
Merle, professeur à l'université, qui lui conseille
de faire sa maîtrise sur un Américain, pour lui donner l'occasion
de se rendre aux États-Unis : "J'ai suivi ce conseil cynique
et me suis lancé dans une maîtrise sur William Burroughs."
- 1985-1986 : Teaching assistant à l'université de Virginie
(Charlottesville).
- 1992 : agrégation de lettres modernes. Adolescent à Tours,
il a participé à des tournages de petits films : il retrouvera
plus tard une fille avec laquelle ces films étaient réalisés
qui travaille pour le cinéma et lui propose un poste de monteur
stagiaire : il travaillera ainsi durant trois ans. Après son agrégation
de Lettres, cette formation lui permettra d'obtenir un poste à
profil : il enseignera le cinéma au Lycée Jacques Prévert
à Boulogne-Billancourt, qui prépare le BTS Métiers
de l'audiovisuel, option métiers du montage et de la postproduction.
- 2005 : publication de son premier roman La
Théorie des nuages envoyé par la poste.
- 2006 : passe deux mois au Kenya avec une bourse
Stendhal du ministère des Affaires étrangères
; il publiera Nous
autres.
- 2008 : il se met en disponibilité.
- 2009-2010 : pensionnaire à la Villa
Médicis où il écrit Rom@.
ARTICLES et ENTRETIENS |
Entretiens
- "Entretien avec Stéphane
Audeguy", par Julia Grawemeyer, L'Essor, Université
du Wiconsin, 2006.
- "Le médiateur universel",
propos recueillis par Thierry Richard, Le Matricule des Anges,
n°101, mars 2009.
- "J'ai un rapport désintéressé
aux nuages" interview de Stéphane Audeguy, propos recueillis
par C. St., Le Temps, 4 janvier 2012, à l'occasion d'une
exposition Cloud
Studies The Scientific View of the Sky au Musée
de la photo de Winterthur en Suisse.
- "Que fait la littérature de
son époque ?" : Stéphane Audeguy et François
Bégaudeau s'entretiennent, propos recueillis par Minh Tran Huy,
Le Magazine Littéraire, n°482, janvier 2009.
Extraits de ces interviews : ce que dit l'auteur du roman
Pourquoi le thème des nuages ?
Et la documentation sur les nuages ?
Et la scène de masturbation ?
Les personnages
L'écriture
Littérature de fiction/littérature du réel
Autofiction, Nouveau Roman
Littérature d'avant-garde/littérature expérimentale
La trilogie des trois premier romans de S. Audeguy
Quelques articles sur La
théorie des nuages
- "Les nuages là-bas",
Sylvain Bourmeau, Les Inrocks, 9 mars 2005
- "Le poids des nuages",
par Philippe Lançon, Libération, 28 avril 2005.
- "Porté
aux nues", Erwan Desplanques, Télérama,
n° 2898, 27 juillet 2005.
- "Imaginaire mondial d'après La théorie
des nuages", Attia Elemam Alkolaly, Journal of Faculty
of Arts, Benha University (Egypte), n° 194, avril 2016.
Articles de Stéphane Audeguy
Il a écrit dans La Croix de 2016 à 2019. Voici la
dernière de ses 130 chroniques :
- "Reconnaissance", 3
octobre 2019 et, pour exemple, une chronique concernant son enseignement
:
- "Du
silence", 10 février 2017.
Nous avions lu en 2016 un livre sur la relecture de Laure Murat ; un chapitre était consacré à Stéphane Audeguy : Relire : enquête sur une passion littéraire, p. 113-136.
Dossier sur Stéphane
Audeguy
"Stéphane Audeguy, éloge de la fiction", tel est
le titre d'un dossier de 10 pages du
Matricule
des anges, n°101, mars 2009, réalisé par Thierry
Guichard, directeur du magazine (et qui, au fait, a ouvert un café
librairie La part de l'ange
à Portiragnes dans l'Hérault...).
À lire en particulier : la présentation de l'auteur intitulée
"Le monde réapproprié"
et un long entretien : "Le médiateur
universel".
PRIX pour La théorie des nuages |
La théorie des nuages a reçu quatre prix dont certains folklos... : | |
Le roman a reçu le prix de l'Académie
française Maurice Genevoix, l'un des nombreux prix
de l'Académie française. Fondé en 2004, ce prix
de 5000€ est décerné chaque année à
un ouvrage illustrant les valeurs morales et humaines qui ont guidé
Maurice Genevoix, secrétaire perpétuel de l'Académie
française, dans sa vie et dans son uvre : « Par sa tenue, l'élégance distante de son style, le beau plaisir d'une langue française maniée avec grâce et esprit, nous explique notre confrère Michel Déon, ce livre étrange semble vraiment une éclaircie dans la production romanesque contemporaine. L'intérêt glisse d'un personnage à l'autre avec, pour seul fil narratif, un intérêt poétique, météorologique, pictural et psychologique pour les nuages, leurs formes, leurs naissances et leur explosion en pluie ou neige. On notera aussi que ce livre décrit avec une effrayante exactitude l'éruption d'un volcan dans les îles de la Sonde et l'effet de marée qui en résulte, un désastre prémonitoire de celui bien réel qui s'est déroulé après la rédaction de ce livre. » (Discours sur les prix littéraires de 2005 par Frédéric Vittoux) |
Attribué pour la première fois en 2005, et organisé
par LExpansion Management Review avec Mercer et HEC,
le Grand Prix du livre des dirigeants a
été remis dans les salons de lhôtel Bristol...
Ce prix vise à promouvoir les ouvrages, du roman à lessai et de lenquête journalistique à la réflexion philosophique, apportant un éclairage original, une réflexion de fond, une vision du monde susceptibles de faire de ceux qui les lisent de meilleurs leaders. Les organisateurs tiennent à sortir du ghetto de la littérature technique pour gestionnaires et à promouvoir lapport de la philosophie, de la littérature et des sciences humaines et sociales à la réflexion des dirigeants. A lunanimité et avec enthousiasme, le jury a choisi de couronner un roman, La Théorie des nuages (voir "De la réflexion, du rêve et du recul", Dominique-Anne Michel, L'Express, 1er décembre 2005). |
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Fondé par Antoine Buéno, que Voix au chapitre
a reçu pour son roman Le
maître bonsaï, le Prix
du Style a vocation à distinguer pour sa qualité
stylistique un livre écrit par un auteur vivant francophone
paru dans l'année écoulée. Accueilli et doté par le Park Hyatt Paris-Vendôme, le Prix du Style 2005 a été remis à Stéphane Audeguy pour son roman La théorie des nuages. |
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On voit sur cette photo du 23 novembre 2005, de gauche à droite : Antoine Buéno écrivain, journaliste, fondateur du prix, Stéphane Audéguy en tenue rose, Minh Tran Huy, journaliste, Philippe Delerm, écrivain. | |
À noter : Antoine Buéno, le fondateur du prix du Style n'a plus ni l'argent ni le temps de s'occuper de ce prix et a transmis au Nouvel Obs la petite annonce ainsi libellée pour vendre son prix... |
Le
prix Ciné Roman Carte Noire,
créé en 2001, récompense l'auteur d'un roman
susceptible d'être adapté au cinéma. La cérémonie
de remise du prix a lieu lors du Festival
du Film de Paris (festival mort en 2014...). Le prix Ciné
Roman Carte Noire sponsorisé par la marque de café Carte
Noire offrait la somme de 15 000 euros au lauréat. Le 24 avril 2006, le jury, présidé par Danièle Thompson a délibéré au Plaza Athénée... : voici la photo du Stéphane Audéguy avec Danièle Thompson... Que pense l'auteur de ce prix "Carte Noire du meilleur roman adaptable au cinéma" ? |
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« C'est la première fois que j'ai reçu un chèque d'une banque florentine fondée en 1530. Tout est dans le "adaptable" : si on avait dit "adapté", ça m'aurait inquiété. "Adaptable", je crois que ce roman ne l'est pas, j'étais donc très curieux de rencontrer les membres du jury pour savoir sur quelle base ils pensaient que ça l'était. Je pense que c'est une confusion entre le visuel et le cinématographique qui est répandue, mais je ne pensais pas qu'elle l'était chez des gens qui connaissent le cinéma. Sur le fond, je ne pense pas qu'on puisse adapter La Théorie des nuages en France, mais cela tient au gangrenage du cinéma par la télévision dans ce pays Par ailleurs ce prix m'a fait très plaisir, et les gens du jury étaient très sympathiques. C'était aussi pour moi une situation représentative de l'état de la littérature en France : à ce moment-là, j'avais touché plus d'argent en prix littéraires qu'en ventes auprès de lecteurs. Mais après je me suis rattrapé. » (Extrait de La Femelle du requin, n° 29, été 2007). | |
La Théorie des nuages a aussi remporté le
prix Québec-France Marie-Claire Blais,
décerné par l'Association Québec-France, pour
son roman (voir Le
Devoir du 20 mars 2007). Marie-Claire
Blais, auteure emblématique de la littérature québécoise,
est la marraine du Prix littéraire Québec-France. Ce prix littéraire, accordé par l'Office québécois de la langue française et le Mouvement national des Québécois à l'auteur d'un premier roman, a pour objectif de faire connaître de nouveaux auteurs français aux Québécois. Ce prix littéraire Québec-France est lhomologue québécois du prix littéraire France-Québec qui récompense, depuis 1998, un auteur québécois. |
POTINS |
On s'est étendu quelque peu et anecdotiquement
sur ces prix, déplorant d'avoir peu de potins personnels à
indiquer sur cet auteur : où vit-il, avec qui, rien, rien,
rien à se mettre sous la dent...
Mais rien, justement, ne vaut de lire ses livres. Pour en savoir plus,
sur sa famille et sur ses amours, il faut lire ses deux derniers livres
publiés avant notre séance : Une
mère (2017) et Histoire
d'amour (2020).
Attardons-nous sur les amours décrites dans ce dernier livre :
quelles belles déclarations sur la liberté sexuelle on y
lit, sur l'affranchissement des conventions, sur les milieux gays parisiens,
sur les jouissances de la bisexualité et, qui sait, sur la relation
de couple idéale... (voir ici de larges
extraits).
HISTOIRE DES NUAGES |
Revenons à de plus sérieuses questions... Même si après avoir lu le roman nous savons tout... de la néphologie (l'étude des nuages)..., voici quelques compléments.
La revue Géographie et cultures a consacré
un très intéressant numéro (n° 85, 2013) au thème
"Le nuage", dont on peut retenir plusieurs articles.
L'histoire
de la classification des nuages est ainsi précisément
traitée dans un article d'Anouchka Vasak, maîtresse de conférences
en littérature : "Cumulus,
cirrus, stratus : histoire et fortune de la classification de Howard"
; elle évoque directement Howard, ce "personnage" du
livre : Elle a auparavant consacré thèse
et ouvrage à ce thème : Météorologies
: discours sur le ciel et le climat, des Lumières au Romantisme.
On peut l'entendre à France Culture dans l'émission "La
météorologie : une science, vraiment ?", Concordance
des temps, Jean-Noël Jeanneney, 13 mai 2017.
Cet article, dessins de Howard et classifications d'époque à
l'appui, décrit donc la classification des nuages que nous connaissons
(cirrus, stratus, nimbus), présentée en 1802 par Luke Howard,
pharmacien anglais, dans une conférence publiée ensuite
(On
the modifications of clouds). Cette classification se diffuse
progressivement, complétée par la suite.
Elle aura éclipsé celle, contemporaine, de Jean-Baptiste
de Lamarck, tombée dans l'oubli : son échec vient principalement
de son côté trop "naturaliste" ; elle manquait
de précision et s'avère plus poétique que scientifique
; l'article permet de savourer son inventivité... : nuages en lambeaux,
nuages coureurs, diablotins, moutonnés, demi-terminés, attroupés,
en balayures, en voiles, en montagnes...
En 1896, lorsque paraît le premier Atlas
international des nuages préparé par Hildebransson,
Riggenbach et Teisserenc de Bort, et illustré par des photographies
de Ralph Abercromby, un article du Meteorological Magazine de Londres
rend hommage à Luke Howard.
Bien avant cela, Goethe célébrera Howard qu'il cherchera
à rencontrer et écrira à son sujet :
Assurément il définit lindéfinissable,
le limite,
Le nomme avec pertinence ! Loué soit ton nom
!
En voyant les nuages sélever, samonceler,
se disperser, tomber,
Que le monde se souvienne de toi avec gratitude.
On trouve une lettre d'Howard qui répond à une lettre
de Goethe dans Sur
les modifications des nuages (éd. Hermann, 2012).
La dernière édition de l'Atlas
international des nuages
date de 2017.
La représentation
des nuages dans l'art est développée dans "Art
et science des nuages au Siècle dor hollandais"
par Alexis Metzger et "Jusquau
ciel !" par Xavier de Coster.
Ajoutons à propos de Goethe, admirateur
d'Howard, qu'il proposa à Caspar
David Friedrich "quil avait précédemment
critiqué pour ses tendances mystiques et romantiques à outrance,
mais quil appréciait pour sa sensibilité dans la représentation
de latmosphère, de peindre des nuages en suivant les réflexions
sur la morphologie quil avait développées à
partir des théories de Howard. Friedrich, bien quayant déjà
fait de nombreuses études de nuages, refusa très nettement
linvitation, en considérant cette référence
à lobjectivité extérieure comme une limitation
intolérable de la possibilité dexprimer le contenu
subjectif de lintuition artistique de la nature." ("Météorologie
poétique : les nuages chez Goethe", Giovanna Pinna, Nues,
nuées, nuages, Presses universitaires de Rennes, 2010)
Les
nuages dans la littérature sont repérés dans
l'article "les
discours sur les nuages dans la littérature française"
de Karin Becker ; ne manquons pas Proust...
Et Leslie Kaplan, avec "À
propos de Déplace
le ciel", évoque ses textes sur le ciel, après
ses livres chez POL : Le
livre des ciels (1983), Déplace
le ciel (2013).
Et à Voix au chapitre ? Nous avons lu :
- La
part des nuages de Thomas Vinau
- Le
météorologue d'Olivier Rolin
- La
pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe
- Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz
Bart
- Typhon
de Joseph Conrad.
Enfin, nous lisons pour la séance prochaine Baudelaire... Nous pouvons faire une transition avec "Baudelaire et les nuages : limage, la forme et labsolu" d'Alain et Ariette Michel, in Nues, nuées, nuages, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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ouvert ¼ |
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