La théorie des nuages
Folio, 2007, 336 p.
Coll. "Blanche"
, 2005

Quatrième de couverture : "Il est question de nuages et Virginie Latour commence à comprendre. Elle comprend qu'au début du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets, disséminés dans toute l'Europe, ont levé les yeux vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils les ont aimés."
Akira Kumo est un couturier japonais. Il collectionne les livres consacrés aux nuages. Pour classer sa bibliothèque, il engage Virginie Latour, une jeune femme, à qui il raconte des histoires de chasseurs de nuages. Celle de Luke Howard qui inventa leurs noms, celle de Richard Abercrombie qui fit le tour du monde pour voir s'ils étaient partout identiques, d'autres encore, aussi surprenantes que le jeu des nuées.

Prix littéraires :
- Prix du style 2005
- Prix Maurice-Genevoix de l'académie française 2005
- Grand prix du Livre des dirigeants 2005
- Prix Ciné Roman Carte Noire 2006
- Prix littéraire Marie-Claire Blais Québec-France 2007


à l'époque du livre...

les nuages à la main

13 ans et autant de livres plus tard :

En allemand
et en anglais :

Der Herr der Wolken
, SchirmerGraf Verlag, Münich, 2006

The Theory of Clouds
, Houghton Mifflin Harcourt, Boston, 2007

Stéphane Audeguy (né en 1967)
La théorie des nuages (2005)
Nous avons lu ce livre en novembre 2021. Lisez nos avis en écoutant Nuages écrit et joué par Django Reinhardt...

Les 27 cotes d'amour parisiennes et bretonnes
Laura Anne-SophieAnnick LFannyYolaine
Brigitte TChantalJeanKatell
Pierre Suzanne
Annick ACindyDanièleDenisÉdithJacquelineMarie-OdileMonique LRozennSéverine
CatherineClaireFrançoiseManuel NathalieRenée

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.

- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent…
là-bas... là-bas… les merveilleux nuages !
  BAUDELAIRE, "L’étranger", Petits poèmes en prose
(Nous lisons Baudelaire pour la séance prochaine)

DOC AUTOUR DU LIVRE en bas de page

Publications de Stéphane Audeguy
Parcours de l'auteur

Articles et entretiens
Prix pour La théorie des nuages

Potins

Histoire des nuages


D'abord 5 lectrices parisiennes pas emballées
LauraAnne-Sophie Annick L FannyKatell

Laura(avis transmis)
Je n'ai pas terminé et j'ai atrocement détesté. Je me suis arrêtée à la page 57 (je crois...). Sincèrement, c'est le passage sur la masturbation qui m'a rebutée, ainsi que celui sur la prostitution. En soi ça ne me gêne pas, mais là je n'ai trouvé aucun intérêt, ces passages n'apportaient rien du tout à l'histoire. J'ai vraiment eu l'impression que l'auteur avait fantasmé de manière assez perverse et malsaine en écrivant ça (eeuurk). Et j'ai trouvé les personnages très fades. Malheureusement, ce sont les seules choses que je risque de retenir de ce livre.
Je le ferme.
Fanny(avis transmis)

Ce vendredi, il me reste une soixantaine de pages, je comptais avancer dans les transports aujourd'hui, mais j'ai laissé le livre sur ma table de nuit... C'est un signe, à la hauteur de mon ennui.
J'irai au bout car je suis curieuse de la chute... Celle du livre et non pas celle d'Akira Kumo que j'ai trouvée grotesque. Désolée... je manque terriblement d'empathie pour les personnages.
Je reconnais l'intérêt de mêler le roman avec des événements historiques, cela a le mérite d'être instructif. C'est peut-être ce qui fait l'originalité et l'intérêt de ce livre. Mais malheureusement pour moi, la sauce ne prend pas, elle manque de liant.
Au départ j'ai cru que j'éprouverais de l'intérêt pour l'histoire des personnages du roman. Mais la sexualité de Virginie Latour ne m'a pas plus intéressée que les élans suicidaires d'Akira.
J'ouvre ¼. J'attends vos avis, bien consciente que je passe à côté de la teneur du livre.
(24 heures plus tard) Théorie des nuages achevé ce matin, je garde mon point de vue. Ce protocole décalé n'est pas dénué d'humour, mais la narration est, je trouve, longue et redondante.
Anne-Sophie(avis transmis)
Je peine à sortir de la brume...
Pas réussi à me passionner pour cette histoire étrange. Pourtant il faut reconnaître que le roman a le mérite d'une très grande originalité. Originalité du sujet, à l'évidence, mais aussi diversité des personnages, aventures foisonnantes, ruptures et mélange des genres... J'aurais aimé aimer ce bouquin, qu'il m'emporte, mais ça n'est pas arrivé. Peut-être la période, trop de travail, manque de réceptivité. Je me suis ennuyée. Je n'ouvre qu'au quart. Cela étant, probable que je ne regarderai plus les nuages tout à fait de la même façon et que j'aurai une pensée pour le livre quand je lèverai les yeux vers eux.
Hâte de lire vos avis !
Annick L(avis transmis)
Mon avis sera assez bref.
C'est un roman agréable à lire et très dépaysant. On voyage dans le temps, au fil des différents chercheurs qui ont peu à peu posé les bases de cette théorie et de la météorologie, on s'évade dans la contemplation des nuées, toujours changeantes selon les latitudes et les saisons... Mais au bout d'un moment je me suis lassée, tout ça ne m'intéressait guère, surtout dans la dernière partie, lorsque Richard Abercrombie change radicalement d'obsession. Vanitas, vanitatum et omnia vanitas...
Enfin, je retiendrai quelques infos inédites pour moi sur l'utilisation guerrière que certains gouvernements ont pu faire de cette science naissante !
J'ouvre un quart pour la distraction bienfaisante qu'il m'a procurée, après d'autres lectures beaucoup plus démoralisantes.
Je vous souhaite de belles envolées célestes.
Katell(avis transmis)
C'est un livre pas désagréable mais pas non plus super emballant. Un côté un peu nonchalant dans la narration qui m'a empêché d'être vraiment captivée.
L'écriture est jolie, mais l'histoire de Virginie Latour et d'Akira Kumo a quelque chose d'inabouti. L'histoire romancée sur la science des nuages aussi est intéressante mais s'étire en longueur.
Je n'ai pas bien compris pourquoi tout à coup Abercrombie s'intéresse aux sexes féminins. Bref, un livre assez original mais qui se perd dans les limbes...
J'ouvre à moitié.

Et maintenant le club des nuages s'éclate !
Annick ADanièle Denis
Jacqueline
Monique LRozenn
Séverine
CatherineClaire Françoise
Manuel NathalieRenée

Danièle(avis transmis)
Le roman m'a rappelé Les Arpenteurs du monde de Daniel Kehlmann, avec ses personnages typiques de la fin du 19e siècle, avides de connaissances, et qui trouvent leur jouissance en cherchant à nommer des phénomènes étudiés pour la première fois. J'ai aimé le côté anecdotique de leur vie qui contraste avec le sérieux de leurs études.
Mais le roman m'a tout d'abord déroutée et même ennuyée par son aspect multifocal — c'est le seul terme qui me vienne en ce moment ! (précise Danièle qui a des problèmes d'yeux...). Trop d'histoires de différents personnages plus ou moins reliés par leur passion pour les nuages... mais aussi par l'excentricité de leur vie sexuelle. J'ai aimé l'explication finale (le nuage d'Hiroshima) qui unifie le tout et permet de comprendre l'obsession d'Akira Kumo et le refoulement qui lui a permis de survivre sans doute. C'est beau et tragique. Voilà pour ce soir. J'ouvre aux ¾.
Séverine(avis transmis)
Tout d’abord, je ne connaissais pas cet auteur donc c’était déjà un plaisir : celui de la découverte.
Ensuite, quand j’ai récupéré le livre à la bibliothèque de Saint-Lunaire, la bibliothécaire m’a dit que c’était un bon choix. D’ailleurs est estampillé sur la couverture "Coup de cœur 2010/2011 du club de lecture".
Je dois dire que j’ai rapidement plongé dans le roman. J’ai pris plaisir à me laisser conter ces histoires météorologiques. Nulle envie de savoir si c’est vrai ou non… d’ailleurs je n’ai rien regardé par la suite sur le net. Cette façon de raconter la science m’a rappelé l’émission Sur les épaules de Darwin sur France Inter. Dans un premier temps j’étais plus intéressée par ces histoires que par le cadre général : la rencontre du couturier japonais et de sa bibliothécaire particulière me paraissait un peu artificielle, trop "conte de fée à l’américaine". Puis, petit à petit, j’ai trouvé que cela se combinait bien, cette alternance des deux niveaux d’histoires. J’ai trouvé fabuleux le protocole Abercrombie ! L’auteur titille très bien notre envie de voir à quoi ça ressemble ! Je trouve que c’est assez visuel comme roman : on pourrait l’adapter au cinéma, mais ça coûterait probablement très cher à réaliser avec ces différents niveaux spatio-temporels… bref, je n’ai pas boudé mon plaisir… après, quant à dire que c’est de la grande littérature, c’est peut-être excessif. En tout cas, c’est original. Pour tout ça, je l’ouvre au ¾.
Bonne rencontre.
Monique L(avis transmis)

Ce livre est original. J'ai beaucoup apprécié toutes les informations historiques sur les nuages, la météo et les scientifiques ayant travaillés sur le sujet. C'est écrit de façon très vivante, avec humour même parfois. Rien d'ennuyeux. C'est très érudit.
L'intrigue construite sur des allers et retours entre flashbacks et époque contemporaine est bien menée.
La description de la bataille de Waterloo vue du côté de la méconnaissance de la météo m'a vraiment fascinée. L'évocation d'Hiroshima et de la bombe est pleine de retenue. Le personnage d'Akira Kumo est émouvant et crédible comme collectionneur.
Je regrette par contre que le personnage de Virginie manque d'épaisseur. J'avoue ne pas avoir compris le lien entre les nuages et le sexe.
J'ai été prise par l'écriture de l'auteur, par sa distance et en même temps par l'humanité qui s'en dégage.
J'ouvre le livre aux ¾ !

Toujours notre triple formule inaugurée en septembre 2021 : après avoir lu à haute voix les réactions ci-dessus transmises, notre tour de table alterne entre les ennuagés physiquement présents et les simultanément à l'écran...

Nathalie   
Je crois que ça fait très longtemps que je n'ai pas lu un livre qui monte en tension de cette façon au fil des pages.
C'est quelque chose de très doux, un peu suranné et puis peu à peu le récit prend son envol et atteint une envergure sans commune mesure.
C'est énorme la façon dont j'ai été happée par les récits entrecroisés, par les échos que renvoie chacune des histoires, petites ou grandes.
Certains passages m'ont laissée sans voix, ils sont d'une intensité inouïe et m'ont coupé le souffle : le premier passage sur Hiroshima, le passage sur le grand singe, le deuxième passage sur Hiroshima.
J'ai eu l'impression d'enter viscéralement dans tous les corps des personnages ; et encore plus dans celui, étroit d'Akira Kumo, ou dans celui bonace d'Abercrombie,
J'ai vraiment aimé les passages " érotiques " si on peut les appeler ainsi. Au tout début j'ai ronchonné sur la vision du désir de la femme dans les yeux de l'homme...

Manuel
... et si ça avait été une femme, l'auteure ?...
Nathalie     
... mais ensuite j'ai trouvé que le narrateur équilibrait en attribuant dans une certaine mesure le même regard dans les yeux de Virginie Latour.
J'ai savouré les mauvais coups que se font les chercheurs en concurrence. Il faut quand même être bien renseigné pour pouvoir raconter par exemple l'effet que peut produire un ordre de passage lors d'un symposium.
J'ai adoré voir naître peu à peu, une image organisée du récit.
C'est drôlement bien fichu.
On rit aussi (par exemple pour le suicide d'Akira Kumo qui cherche à ne blesser personne la deuxième fois.)
L'écrivain me semble un homme extrêmement sensible, extrêmement attentif au monde réel qui l'entoure comme par exemple le passage sur l'odeur de l'aspirateur alors qu'Akira Kumo cherche à humer les dernières senteurs de Virginie Latour.
Bref (pas encore lu la fin). Mais j'ouvre en grand et j'ai envie de le relire.
Manuel(qui avait prévu ce joli tee-shirt dans l'esprit d'Abercombrie...)

Comme Nathalie, j'ai beaucoup aimé la construction en mille-feuilles. L’histoire du protocole m’a tenu en haleine : l’origine du protocole, pourquoi et comment il était devenu l’objet de tant de convoitises, le changement de projet de Richard Abercrombie ; il ne veut plus démontrer que les nuages se limitent à une classification limitée ; la suite de son projet ne manque pas d’humour. J’ai aimé toutes les histoires sur le thème des nuages : le point de vue scientifiques, les peintres et des photos. J’ai "vécu" l’histoire des sangsues : j'ai pensé au film African Queen où Humphrey Bogart est couvert de sangsues et Katharine Hepburn lui passe du sel pour les enlever.
J'ai trouvé le livre très sensuel. Le projet est vraiment très intéressant, surprenant et inédit.

Nathalie
C'est hyper romanesque.

Manuel
Oui, très romanesque. Il part à la recherche des nuages et il revient avec des photos de sexes. Ce qui est dit sur la peinture m’a plu : "On ne peint pas pour faire de la peinture, ou même pour être peintre : seuls les amateurs en sont là. (…) Ce qui est essentiel pour un peintre, c’est le rapport entre son art et tout ce qui n’est pas la peinture, ce désir de capter les couleurs et les saveurs du monde" (p. 68). De même que ce paradoxe ou cette mauvaise foi m’a amusé : "Le véritable atlas universel des nuages ne peut être qu’un ensemble de lithographies exécutées par l’Artiste, sous l’œil du Savant ; le cliché photographique est aléatoire, faussement objectif." (p. 296)
J'ouvre en grand, mais à mon avis il faut aller jusqu'au bout pour pouvoir apprécier ce livre.
Annick A
Cette histoire est vraiment inattendue. C’est un livre très original, d’une grande poésie avec de magnifiques passages sur la nature, sa beauté et son silence qui nous invitent à la contemplation et à côté une dénonciation virulente de la folie destructrice, la bêtise et la cupidité des hommes, écrites avec beaucoup d’ironie, de drôlerie et d’humour grinçant. C’est un livre d’ombre et de lumière : le nuage est tout à la fois élégance atmosphérique et porteur de mort. Écrite en 2005, son approche écologique est précurseur de la compréhension de la souffrance animale et de la sensibilité d’aujourd’hui. La scène sur l’orang-outan est extraordinaire d’humanité.
Je me suis laissé porter par les histoires qu’Akira Kumo raconte à Virginie. Beaucoup de rebondissements qui m’ont fait penser aux Mille et une nuits. Très belle relation entre Akira et Virginie qui s’installe dans le silence : ils ne se parlent qu’à travers les histoires des autres. On sait très peu de choses sur Virginie et c’est bien ainsi. Son rôle est de permettre à Akira de lui raconter des histoires pour éviter de mourir et son intérêt pour la science météorologique lui permet de mettre à distance le nuage radioactif porteur de mort. Son rapport à la mémoire est intéressant : il a tout effacé de son enfance pour arriver à vivre et plus il se souvient, plus il va vers la mort. Le seul souvenir qu’il garde de sa mère est son élégance. On peut en trouver la trace dans son choix de la Haute couture et l’élégance de sa création.
La sexualité est très présente dans son livre. Soit les personnages ont très peu de sexualité et s’en protègent, soit ils sont dans l’exubérance. Akira, étant donné sa relation amoureuse avec sa sœur décédée, ne peut vivre sa sexualité qu’avec des prostituées avec lesquelles tout risque de véritable attachement est exclu.
Les longs passages sur le Protocole m’ont ennuyée.
J’ouvre aux ¾.
Jacqueline 
J'ai lu très ce livre très rapidement et avec beaucoup de plaisir.
La sexualité de l'une et des autres m'a plutôt fait sourire… Le caractère obsessionnel de tous ces différents collectionneurs m'a amusée comme l'atmosphère très 19e siècle et sciences positives. La langue précise, simple mais très évocatrice et efficace m'évoquait parfois ce que fait Quignard avec le 17e… J'ai beaucoup ri des appréciations de voyage d'Abercrombie quant à l'Himalaya et aux holothuries. Elles étaient dignes de Bouvard et Pécuchet… J'ai aimé les emboîtements de récits et ce qui se dévoilait d'inattendu. Tout cela m'a paru aussi léger que les nuages… En même temps, la mort, l'oubli, les catastrophes, le temps qui passe font aussi la trame du récit qui prend une allure de peinture de vanité. Malgré mon plaisir de lecture, je ne savais trop comment juger ce livre et j'ai souhaité lire autre chose de cet auteur. J'ai aimé Nous autres, bien ancré au Kenya, "c'est-à-dire partout" et je vais lire Une mère, élégie dont les premières pages ouvrent une réflexion fort intéressante...
J'ouvre la théorie des nuages aux ¾. 
Rozenn        
Je n'ai pas fini, j'en suis à la page 207, et je ne sais pas pourquoi. Je me suis laissé déborder par les détails qui me plaisaient, je m'y arrêtais. Par exemple : "badauds bedonnants"…
Il y a des choses fabuleuses de l'ordre de la dénonciation, par petits coups, par exemple comment on choisit la ville à bombarder parce qu'il n'y a pas de nuages. À chaque fois, je m'arrêtais, alors que j'ai la (mauvaise) habitude de lire à toute allure - peut-être est-ce aussi parce que j'ai lu le livre imprimé.
La scène de masturbation m'a fait mourir de rire, avec son coté méthodique. La scène entre scientifiques au symposium est délicieuse, avec les grands copains prêts à se tirer dans les pattes, et le scientifique qui repère dans la salle la femme avec qui il va coucher… Il y a une réalité sensuelle, mais pas dans la masturbation !
J'adore les quakers - j'en ai rencontré.
J'ai donc été arrêtée par les trucs que j'aimais. J'ai loupé l'articulation du tout, c'est pour ça que je suis allée lentement.
J'ai adoré le suicide, le mec qui rebondit… on sait ça, qu'il ne faut pas se défenestrer !
Beaucoup beaucoup d'humour, beaucoup, beaucoup. Et des phrases délicieuses. Mais ça ne fait pas un tout, et c'est vrai que je n'ai pas fini.

Catherine
Je rejoins le club de ceux qui ont aimé ce livre. J'ai eu beaucoup de plaisir. C'est l'originalité, le sujet : j'ai toujours adoré la météo - je voulais être météorologue, mais c'est vrai qu'ils ont souvent un grain ou qu'ils se suicident…

Rozenn
Ils n'ont pas les pieds sur terre.
Catherine     
J'ai adoré la classification d'Howard, qui, pharmacien, fut un pionnier. Avec lui, j'étais déjà enthousiaste. Et toutes les histoires de météo sont extraordinaires. Le début est d'ailleurs très poétique. Et celui qui peint le ciel devient fou. La progression est géniale : à la fin, la météo sert à faire la guerre. Je suis d'accord avec toi Nathalie, ça monte en tension, il y a du suspense.
C'est original et très drôle : par exemple le savant britannique vierge devient un obsédé du sexe...
Il y a des scènes géniales : Waterloo, le singe, Hiroshima, la fin.
J'ai beaucoup aimé, j'ouvre entre 3/4 et entier, disons 7/8, c'est un grand plaisir. Mes réticences ? J'ai pris trop de plaisir… c'est louche… en termes de plaisir, j'ouvre en grand.
Denis(à l'écran)       
Moi aussi, j'ai pris plaisir à lire ce livre. D'abord pour des raisons tenant au contenu : je me suis toujours intéressé à l'histoire des sciences, à commencer par le classique ouvrage de Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, qui décrit de façon amusante les cheminements étranges des chercheurs du passé, observant le monde et s'efforçant d'en rendre compte par des moyens tout aussi étranges. Bachelard a par ailleurs écrit plusieurs ouvrages sur la poésie des Éléments (l'eau, l'air, le feu...) qui rencontrent les rêveries sur les nuages. Une intéressante notice sur cet aspect de Bachelard est disponible ici :

"Pour illustrer son propos, Bachelard prend l’exemple de l’électricité. Au XVIIIe siècle, on se pressait aux amusantes expériences dans lesquelles un public mondain tressaillait sous l’effet des chocs électriques alors qu’'il faut attendre la science ennuyeuse de Coulomb pour trouver les premières lois scientifiques de l’électricité'. Dans un cas, il y a perception immédiate d’un phénomène mais sans compréhension, dans le second se développe un véritable processus d’interprétation dû à un effort d’abstraction."

et encore, soulignant la dimension sexuelle des interprétations pré-scientifiques :

"l'interprétation sexuelle d'une réaction chimique dans laquelle deux corps entrent en jeu. Il est fréquent d'analyser ces deux corps en considérant l'un comme actif tandis que l'autre serait passif selon une logique sexuelle. Cette vision va à l'encontre de l'esprit scientifique mais elle est, selon Bachelard, une étape inévitable : 'Toute science objective naissante passe par la phase sexualiste.'"

Depuis Bachelard, un important courant d'histoire et de sociologie des sciences s'est développé, au Royaume-Uni (la revue Social Studies of Science) et en France (autour de Bruno Latour et Michel Callon), qui s'attache notamment à la place des controverses dans l'élaboration des connaissances scientifiques. Voir par exemple : Pasteur : guerre et paix des microbes de Bruno Latour.
Le livre d'Audeguy illustre très poétiquement et avec piquant (la place importante de la sexualité dans le récit) les analyses généralement austères des historiens et sociologues des sciences.
La présentation littéraire de ce genre de choses m'a beaucoup amusé, avec ces personnages improbables, comme les quakers qui n'ouvrent pas la bouche, et Goethe, petit vieux qui se tient debout à côté de celui dont il ne sait pas qu'il est Howard qu'il admire. Il y a un mélange de vrai et de faux et on ne sait pas toujours qui sont les personnages réels. Mon plaisir vient de cet aspect de l'histoire des sciences avec ces personnages.
C'est ainsi qu'en cherchant "Richardson" sur le net pour voir s'il avait réellement existé, je suis tombé sur des images de sa "sphère", gigantesque construction qui découpe la Terre en petits morceaux de façon à pouvoir effectuer les calculs : Ce n'est donc pas une blague d'Audeguy !
J'ai aussi aimé la virulence des pages concernant les guerres (Napoléon, Waterloo et les mouches, les îles du Pacifique...).
À côté de ça, il y a les petites folies…, Virginie…, le Japonais… : ça m'a semblé un peu ennuyeux à la longue, un simple cadrage pour présenter la "véridique histoire de la théorie des nuages".
Mon plaisir provient aussi du style de ce livre ; il y a beaucoup d'humour, de vivacité et d'images heureuses. La prose est riche et concentrée tout en restant facile à lire. J'ouvre aux ¾.
Renée(à l'écran)  
J'avais lu ce livre en 2005 et n'ai pas retrouvé le livre qu'on ne m'a pas rendu, ce qui veut dire que j'avais aimé le livre puisque je l'ai prêté. Ce qui m'a plu énormément, c'est le rapport à la peinture. J'ai été déçue qu'il n'évoque pas Boudin, peintre du ciel aussi. Dans son invention romanesque, Audeguy prête à Carmichael ce que la légende attribue à Kandinsky : il aurait par hasard suspendu dans son atelier un tableau à l'envers, il aurait aimé et aurait compris à partir de là qu'il n'avait plus besoin de copier la nature, plus besoin de sujet, d'où la naissance de l'abstraction.
La description des nuages qui ont toujours le même aspect quand on observe des fragments de plus en plus petits m'a épatée, et Rozenn a trouvé le mot que je cherchais : ce sont des fractales.
J'ai aimé le mystère autour du Protocole, les sommes folles que certains sont prêts à débourser alors que le sujet est absolument différent de ce qu'ils croient, c'est fou, l'idée est fabuleuse. Le passage de l'orang-outan m'a terriblement émue. L'histoire horrible du nuage atomique m'a perturbée ; Akira, tant qu'il ne s'en souvenait pas, était relativement heureux. Et ensuite vient l'envie de mourir (syndrome du survivant ?)
J'ai pensé aussi aux Mille et une nuits avec la lettre à Virginie. Les deux fois où il se suicide, elle n'est pas auprès de lui.
J'ai été étonnée que dans les histoires de sexualité, il n'y a jamais une relation avec une femme "normale". Aussi bien Akira qu'Abercrombie n'aiment que les prostituées. Quand à la masturbation de Virginie, je n'ai vu qu'un rapport avec l'orage (du sexe ou du ciel). Pas choquée, pas gênée.
J'ouvre en grand, en le relisant j'ai aimé à nouveau. Tout, pratiquement, m'a plu.
Claire(qui avait repéré ce pull en vue de la soirée, mais y avait plus sa taille...)

J'étais ravie de découvrir un nouvel auteur, bien d'aujourd'hui. Cependant Françoise l'avait proposé, sans enthousiasme démesuré. De plus je me suis souvenue que nous avions lu lors d'une semaine lecture un livre sur la relecture de Laure Murat où un chapitre était consacré à Stéphane Audeguy : Monique L avait apprécié ses points de vue, tandis qu'ils avaient ennuyé Annick A et que Françoise G l'avait trouvé imbuvable... : signes de précaution pour aborder le roman...
J'ai été charmée par le livre. Ce genre mi-figue mi-raisin, mi-fiction mi-histoire vraie inconnue m'a convaincue. J'ai trouvé très agréable l'entrelacement des récits, intéressante, palpitante même, l'histoire de la connaissance des nuages, et surtout délicieux le mélange récits/connaissances de cette Théorie des nuages (à ne pas confondre avec Théorie du nuage : pour une histoire de la peinture d'Hubert Damisch... - tiens une histoire de peinture, si présente dans le roman).
L'emboîtement des récits, donc, avec un jeu des temps (par exemple au début du chapitre p. 53 : "Bientôt, Virginie Latour se sera habituée"), des personnages formidables (le peintre Carmichael par exemple, Richard Abercrombie), des paysages prenants (la lande de Hampstead), l'impact des prévisions liées aux nuages qui fait surgir des scènes : le minotier qui veille au grain, le directeur de la météo qui se suicide pour cause de mauvaises prévisions, la défaite de Napoléon avec des scènes grandioses, les morts en Suède pour cause d'erreur, les bombes d'Hiroshima qu'on voit presque autrement...
Le lecteur du livre devient en grande partie Virginie à qui Akira Kumo raconte les histoires qu'on lit : "on ne peut pas dire qu'elles soient fausses, on ne peut pas dire qu'il les fabrique de toutes pièces ; mais il est évident qu'il les aménage, qu'il y ajoute des éléments." (p. 80).
J'ai eu envie de découvrir d'autres livres de cet auteur : quand on aime un premier roman - car c'en est un -, on se dit : mais que va-t-il faire après, va-t-il être capable d'en faire un autre après ça ! Là, on a 6 autres romans qu'on peut lire, on a de quoi voir de quoi il est capable : je suis tombée sur Histoire du lion Personne qui, ai-je compris quand j'ai cherché à en savoir plus sur l'auteur, est celui qui l'a vraiment fait connaître (évidemment il a eu le Prix littéraire 30 millions d'amis, le Goncourt des animaux...) ; il a aussi une dimension historique intéressante, mais j'ai moins aimé. J'ai enchaîné avec Une mère, pour sa dimension biographique plus que pour le thème, les histoires de famille me cassant les pieds : j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Et j'ai terminé par Histoire d'amour, son dernier, qui concerne l'art, et qui, comme dans celui que nous avons lu, a des récits de diverses époques entrelacés : j'ai lu uniquement celui relatif au narrateur contemporain qui brosse le parcours sexuel d'un personnage bisexuel visiblement proche de l'auteur (voir larges extraits).

Regards réprobateurs...

Ach, eh oui je confonds le narrateur et l'auteur !... J'y ai apprécié, tout comme dans celui que nous avons lu et dans Histoire du lion Personneun représentant de la France coloniale en Afrique a une histoire d'amour avec un Noir, la liberté sexuelle et la façon de se situer dans ce domaine.
En tout cas, , bravo Françoise pour la découverte, tu as réussi ton coup en nous proposant ce livre !
Françoise         
J'avais écouté par hasard une émission sur les nuages à laquelle il participait, suite à quoi j'ai emprunté le livre à la bibliothèque. Tout de suite j'ai été accrochée. Pour ce qui est de la construction, je n'avais rien lu de tel, avec ces liens qui n'en sont pas.
J'ai proposé Une théorie des nuages, non parce que je criais au chef-d'œuvre, mais parce que j'avais envie de le partager et de découvrir vos réactions.
J'ai lu par la suite Fils unique, que j'ai moins aimé, et qui emprunte la même méthode avec un personnage historique, le demi-frère de Jean-Jacques Rousseau dont personne n'a entendu parler, autour duquel il bâtit un roman. Nuages est plus fascinant, avec légèreté, drame, et surtout plaisir.
Et Abigail ?! Oh non, la fille qu'il choisit pour l'adopter, à côté des petites filles modèles, la seule qui crache… oh non !...


Cotes d'amour du groupe breton (+ une parisienne)
réuni le 18 novembre
Yolaine
Brigitte T ChantalJean Pierre Suzanne
CindyÉdithMarie-Odile

Chantal(qui a apporté des nuages à déguster)

Ces temps-ci, j'étais dans l'incapacité de lire : le titre avec ces nuages me plaisait, et j'ai donc lu, pour l'instant, jusqu'à la page 180. Alors que je suis savoyarde, c'est en Bretagne que j'ai découvert les plus beaux des nuages.
J'ai aimé découvrir Howard près de Londres, puis Carmichael dont j'ai cherché sur Internet les magnifiques nuages - alors que les peintres, je trouve, ne savent pas peindre les nuages.
J'ouvre pour l'instant à moitié car il y des parties "compliquées", mais ça me plaît et je vais continuer. L'auteur a de l'imagination en ce qui concerne les relations entre le Japonais et la bibliothécaire. Je me suis d'ailleurs marrée à certains moments avec Virginie Latour. Mais je me suis demandé où il veut en venir.
En tout cas, cela m'a fait du bien d'être à la fois dans la contemplation et la science. C'est un plaisir de lecture ! Et ça, c'est toujours à goûter...
Yolaine
Sur le coup, j'ai trouvé le livre plaisant. Mais aujourd'hui, je pense que ça ne m'aurait pas manqué de ne pas lire ce livre...
C'est bien écrit. La scène de l'orang-outan est magique. Le passage à Hiroshima sur la sœur est très fort. Mais... cela n'a ni queue ni tête. Ne parlons pas du côté érotique, c'est pas possible ! Troquer des nuages contre des sexes de femmes...
Je n'ai pas été intéressée, l'ensemble manque d'homogénéité quand ce n'est pas ridicule. Oui, c'est le genre de lecture dont on peut faire l'économie.
Gamine, j'ai potassé un livre sur les nuages, la météorologie, et ai étudié la question pour passer mon brevet de pilote. Si le côté scientifique retient, c'est pour ensuite partir en eau de boudin. J'aurais préféré somme toute un traité scientifique.
Oui, il parvient à soutenir l'attention et à la moitié j'aurais ouvert aux ¾, c'est accrocheur. Mais à la fin, j'étais prête à fermer entièrement le livre, en particulier à cause de l'inconsistance des personnages, l'invraisemblance de la relation avec la bibliothécaire. J'ouvre au ¼.
C'est un pot pourri avec de la science, un brin de poésie, du sexe par là-dessus. Ça ne m'apporte rien, je ne vois pas l'intérêt. Pire que cela, c'est de la rage que je ressens car on se moque du lecteur.
Édith
Stratus, cumulus, cirrus, nimbus ou nuage de pluie : de même qu'en 1802 Luke Howard nomme les nuages pour les distinguer chacun dans leur forme propre et leur "augure", de même j'ai eu besoin de nommer les "intervenants" de ce récit si peu banal. Récit qui se situe entre l'historique de la météo en Europe, les destins d'hommes savants, historiquement situés et des personnages fictifs permettant une action, une intrigue à rebondissements. Les voici : Akira Kumo et Virginie Latour, Luke Howard, le peintre Carmichael, William Svensson, Williamson, Lewis Fry, la silhouette de Goethe, Richardson, Richard Abercrombie auteur du Protocole Abercrombie, sa fille Abigail, Richard Abercrombie junior, son petit-fils, Alice Cadolle qui invente le soutien-gorge, etc.
Je suis "rentrée" dans le récit avec gourmandise pour ainsi dire. Le titre met en appétit et la quatrième de couverture y est pour quelque chose. J'ai été, dès les premières pages, aussi intriguée et curieuse que Virginie Latour lors de sa rencontre première avec le personnage Akima Kuro. Quel va donc être ce travail de classement ? Qui est ce couturier bibliophile et pourquoi ce travail si bien rémunéré ?
Les deux personnages fictifs et contemporains - Virginie et Akira - furent tout au long du récit très précieux pour ne pas trop me perdre. Par moment, je fus submergée par la profusion des anecdotes et des personnages ayant joué chacun un rôle de découvreur dans l'évolution de la science météorologique. Elle fut nommée comme telle au XIXe siècle. Peut-être qu'avant, l'observation du ciel et des nuages n'était que rêverie, poésie et art pictural ?
Il m'a fallu, dès la fin du récit (roman ?), survoler à nouveau le livre pour y retrouver le fil de l'histoire. Et avec les dernières pages savourer le sentiment de détenir une des "clés" du récit : ces lignes qui racontent à Londres, sur les landes de Hampstead, la terrible tempête de 2006 que Virginie Latour affronte pour aller disperser les cendres d'Akima Kuro. Ces dernières s'envolent et poétiquement vont aller, au-delà des siècles, se mêler aux poussières des déserts et surtout aux poussières de l'explosion de Hiroshima et du Krakatoa. La boucle des rêveurs des nuages se referme sur un chant poétique que j'aime, au-delà de la science et de ses promesses mercantiles, au-delà de la science et de ses applications prosaïques (utiles néanmoins).
Question posée lors de ma lecture : tous les personnages ont-ils la même réalité historique ? Le peintre Carmichael a-t-il eu ce triste destin ? Souvent réjouie par les anecdotes (toujours un peu confondues entre réel et invention littéraire) et curieuse d'en savoir plus, je suis allée vérifier des éléments sur Wikipédia. Se faire croiser Goethe et Luke Howard, j'aime ! Vérité ou coquetterie d'auteur ? De même, j'ai vérifié la catastrophe du pont emporté par l'ouragan et les nombreuses victimes. Évoquer Fitz Roy et son suicide m'a intriguée et fait découvrir le lien entre ce personnage et le sommet du Chili nommé le Fitz Roy - à El Chalten, petite ville de la Cordillère des Andes au Chili - me renvoyant ainsi à la Patagonie, le détroit de Beagle, Darwin et autres comparses explorateurs et savants… Le livre "fait voyage" parfois, et pour moi me fait revoyager en ce cas précisément.
J'ai beaucoup aimé la façon et la "légèreté" de la sexualité de Virginie Latour, sa désinvolture existentielle, sa routine du vendredi soir, son quant-à-soi bien vécu. Drôles sont les pages racontant la rupture triviale d'avec son compagnon.
J'ai souvent souri à propos d'Abercrombie, de son exploration sensuelle auprès des prostituées, s'efforçant de découvrir le mystère de leur sexe…, toujours plus nombreuses et toujours plus loin dans sa recherche par le monde entier (sauf le Japon), découvrant leur universalité et leurs différences : pour en référencer les catégories, un classement ? Je n'ai pas compris que, lui, en fasse des photos ?
Les trois générations d'Abercrombie apportent un peu de suspense à la narration et c'est tant mieux... Intriguée par le contenu du testament (le Protocole) et son existence probable si méticuleusement et tenue secrète. Question : vraie collection photographiques de sexes féminin ou fantasme de l'auteur Stéphane Audeguy ? Invention de l'auteur. Liant poétiquement la forme des nuages et leurs variétés mouvantes à la morphologie "nacrée" (j'aime le mot) du sexe des femmes, organes ourlés et insaisissables dans leurs formes multiples... : ainsi des sexes comme les nuages ? Moi j'apprécie cette analogie osée, charmante de la part d'un amoureux de la femme. J'ai adhéré au récit. Alors le protocole, vrai ou faux ? Canular de l'auteur du livre ou volonté d'introduire une autre symbolique ? Je me suis vraiment demandé pourquoi cette analogie nuages et sexes féminins dans leur forme "collection", je n'ai pas de réponse si ce n'est l'hypothèse d'une modification du rêve de Abercrombie. Ce dernier délaissant l'énigme de l'atmosphère et des nuées à un autre mystère : le sexe des femmes et leur découverte. Lors de ma rapide relecture, un goût totalement nouveau pour le texte s'impose une fois le mystère du contenu du Protocole dévoilé p. 305.
Akira Akumo dont le destin fut marqué par le NUAGE atomique à Hiroshima (cf. aussi la série lue à Voix au chapitre sur cette période d'histoire japonaise) - nuage dont il a été curieusement épargné dans ses conséquences morbides - me permet de penser que cela l'a marqué dans la suite de ses choix de vie. De même sa date de naissance, modifiée du fait là aussi de l'explosion nucléaire. Les deux suicides d'Akira Akuro surprennent la lectrice que je suis (il saute et échappe la première fois… il ressautera ! c'est écrit !) : deux épisodes courts, efficaces, mais empreints de douceur dans la narration - comme tout le reste du récit d'ailleurs, comme si les confidences étaient chuchotées.
Le dénouement me plaît : prendre le risque pour Virginie Latour d'accepter totalement de rentrer dans la vie et les confidences d'Akira Akumo, la promène dans l'histoire des nuages, de la pluie, des mesquineries des chercheurs savants, jusqu'à une vie inespérée due à la mort de son "employeur" et apparemment la comble totalement. L'héritage est là, le symbolique et le matériel (conséquent). Tout est poussière peut-être ? Plus tard pour elle et sa destinée ! Tiens je repense ici au livre Le hérisson de Muriel Barbery pour le fait de me perdre dans l'histoire...
Ce sera un livre qui fera date pour Voix au chapitre-et-moi. Mais je reste interrogative quant au symbolique de la fameuse, étrange et coquine collection du Protocole. Et j'ai appris du récit d'Akira Kumo la longue histoire des hommes dont les yeux sont levés vers le ciel.
Brigitte(participant pour la première fois)
C'est avec plaisir que je vais essayer de donner "ma voix au chapitre".
Cette fiction de Stéphane Audeguy (auteur inconnu pour moi avant cette lecture), je l'ai lue en plusieurs temps et je n'ai pas réellement eu l'envie de relire ce roman.
Plusieurs histoires se mêlent, nous faisant habilement sauter du 19e au début du 21e siècle. Le lien se crée par Virginie Latour, intelligente, perspicace secrétaire d'Akira Kumo, artiste amoureux des nuages mais à l'âme perturbée ; Virginie maîtresse avertie de Richard Abercombrie junior qu'elle qualifie de fou et de théoricien fastidieux souvent grotesque (p. 253).
Le vocabulaire est riche, un œil sur le dictionnaire m'a été utile à la lecture de certains passages. Le tout est bien documenté et les descriptions sont parfois si précises qu'elles deviennent picturales, comme le récit de l'éruption volcanique du Krakatoa en Indonésie en 1883.
Même si Audeguy, selon moi, pourrait laisser entendre que la météorologie est née au XIXe siècle, cette lecture a eu le mérite de me plonger sur internet dans l'histoire de la météorologie et m'a permis de comprendre qu'au 19e siècle les savants ont été les précurseurs de la météorologie moderne qui prend une place "sociale" très importante dans notre quotidien et anime les débats, qu'ils soient socio-économiques, liés à nos activités de loisir, voire culturelles.
J'ai eu le besoin de rechercher si ces savants ont tous existé...., ce qui est vrai pour Luke Howard.
Si j'ai résisté à la lecture de certains passages pour ne pas décrocher, par exemple lors du passage relatif au savant suédois Williamsson, des questions ont pris forme ; elles ont étayé ma curiosité et m'ont incitée à chercher des réponses en poursuivant ma lecture.
Pourquoi les nuages sont un danger pour l'Homme ? Sous-entendu que ce ne sont pas des effets physiques seuls dont parle l'auteur. J'ai perçu une fragilité pathologique chez le couturier Kumo : on peut parler de folie qui le conduit au suicide ? Son enfance à Hiroshima et "le nuage de l'apocalypse" nous éclairent (mauvais jeu de mot) ; il est un hibakusha ; autrement dit un rescapé, une personne affectée par la bombe ; il ne l'est pas physiquement (est-ce possible ?) mais psychologiquement.
Quel lien entre les nuages et les jeux érotiques ? Le savant Richard Abercombrie, misanthrope fou, que j'ai suivi avec attention au-delà de son pays natal, nous en donne une explication ; je dirais une chute que je trouve dérangeante, voire violente pour les Femmes. Le livre a été écrit en 2005, aurais-je eu à cette époque la même critique ?
En refermant le livre, je me dis qu'il m'a manqué de ne pas retrouver le côté poétique des instants où j'aime me poser après la baignade et m'évader dans les nuages aux formes insolites qui inspirent à la quiétude, au rêve, à la douceur voire au recueillement.
Pour conclure, j'ai retenu cette phrase (p. 309) "rien au monde n'est plus fascinant que les nuages, sinon l'océan ; mais là est le danger". Danger pour aujourd'hui et demain. Les débats sont largement ouverts mais posons nous, restons respectueux et gardons-nous de la folie.

Suzanne
Je l'ai fini il y a 15 jours. Qu'est-ce qui me reste ? C'est un livre que j'aurais pu éviter de lire.
Ce n'est pas désagréable, avec ce tour léger : Kumo et Virginie se rencontrent, et se rencontrent aussi la météo et l'art (j'ai pensé aussi extraordinaires tableaux de Constable), la météo et l'histoire : avec les débâcles d'Hitler, de Napoléon, les applications à la diffusion de gaz, les bombes sur le Japon avec le rôle du brouillard (on apprend, c'est horrible, pourquoi deux bombes ont été lancées). Et cette conférence historique sur la météo ! Avec, concernant la météo, une espèce de projection sur le futur : on espérait tout maîtriser, mais les faits montrent que ce n'est pas le cas.

Yolaine
C'est très juste. Je suis de près la situation du volcan à La Palma avec l'intervention de spécialistes du monde entier. On voit bien au jour le jour, ils se trompent dans les prévisions et c'est le volcan qui décide.

Suzanne
Est-ce qu'on peut dire que la météo est une science ?

Brigitte
On a fait d'énormes progrès.
Suzanne
Ça m'a néanmoins renvoyée à la volonté de toute-puissance des hommes, qui trouve ses limites quand avec certains événements on se trouve désarmé.
Par ailleurs, je me suis peu intéressée aux personnages, Kimo, Abercrombie, sa fille... Quant à l'histoire des sexes féminins, ça m'a paru invraisemblable, artificiel, plaqué. Ça m'a rappelé un atlas avec des sexes féminins vu pendant un stage de Tao. Est-ce à cause de cette collection de sexes féminins qu'Abercrombie a sombré dans l'oubli. Bref, les personnages ne m'ont pas embarquée et au bout de 15 jours étaient oubliés eux aussi. J'ouvre à moitié.
Marie-Odile(chez qui nous sommes, et qui a pris cette photo dans son jardin)

Malgré le titre attractif, ce fut au départ une déception : les personnages me sont apparus peu sympathiques, Hawford très ennuyeux. Mais où veut en venir l'auteur? Pourquoi se sert-il de cet intermédiaire qu'est Akira au lieu de s'adresser directement au lecteur?
(Cependant, j'ai bien aimé les propos sur l'importance de nommer les choses qui fait des hommes les inventeurs de ce qu'ils répertorient, les réflexions sur l'impact économique de la météorologie etc.)
ET PUIS…. le charme a réellement opéré avec l'évocation de Carmichael, le guetteur de vent et de nuages, enfant perché sur la plate-forme du moulin, peintre en devenir.
Par la suite, me suis laissée emporter par des pages extraordinaires évoquant des phénomènes extraordinaires, l'éruption de Krakatoa par exemple, décrite avec une précision et une clarté qui m'ont donné l'impression de tout voir, tout entendre, tout respirer. Même chose pour la terrifiante bombe d'Hiroshima.
Partout, j'ai apprécié l'originalité du texte (mêlant portraits, biographies, faits historiques, récits d'aventure, explications scientifiques...) et surtout la grande liberté que prend le romancier avec tout ça, dans des inventions de toutes sortes. Ses histoires (comme celles d'Akira) "on ne peut pas dire qu'elles soient fausses, on ne peut pas dire qu'il les fabrique de toutes pièces, mais il est évident qu'il les aménage, qu'il y ajoute des éléments". J'aime l'audace avec laquelle Audeguy "aménage"… Les nuages mènent à tout et nombreux sont "les éléments".
Après l'extravagant parcours de l'imaginaire Richard Abercrombie (activité sexuelle tardive mais néanmoins acharnée, principe d'isomorphie rapprochant sexes féminins et nuages, "divagations sur le Même"), j'ai noté la simplicité de l'évidence : "Il faut bien des choses pour faire le temps qu'il fait" !!! En effet !!!
Le texte (selon le principe d'analogie ?) progresse à la manière des nuages, se diluant, digressant, divaguant, s'étirant, sans qu'on sache parfois de quel côté il va s'orienter. Il m'a donc réservé des surprises. Et je ne me suis jamais ennuyée dans ce qui a suscité en moi curiosité, amusement, indignation et émotion. Car le registre varie, tour à tour sérieux, humoristique, ironique, percutant lorsqu'il dénonce avec force le cynisme et la cruauté des faiseurs de guerre ou de chasse.
Je m'attendais à ce qu'il soit question de Lamarck, contemporain de Howard, présent quand même dans le nom de la rue et seulement dans le nom de la rue. Il était pour moi, jusque là, la référence en matière de classification des nuages. Cette classification un peu oubliée, parce que jugée plus poétique que scientifique, aurait pu avoir, je pense, sa place dans ce roman …
J'ouvre aux ¾ ce texte foisonnant, disparate, plaisir d'écriture sans doute, plaisir de lecture assurément.
(Marie-Odile apporte des précisions sur Lamarck et Gilles Clément ici).
Jean
C'est un livre que j'avais déjà lu il y a une dizaine d'années : un collègue me l'avait passé quand j'étais dans l'armée de l'air et j'avais bien aimé. Le texte n'a pas résisté à la relecture, je n'ai pas retrouvé l'état qui avait été le mien alors.
C'est un roman qui nous porte là où la science et la sensation, l'intellect et la sensibilité, sont en lutte. J’aime bien les bouquins qui entremêlent les personnages, les flashbacks, sans nous perdre. Ma référence c’est Confiteor. La construction m’intéresse. Virginie Latour a un nom qui ne m’étonne pas, puisque Audeguy est proche de Bruno Latour.
L'entremêlement de récits, qui mêle des rencontres de personnages, le couturier Akira Kumo, la bibliothécaire Virginie Latour, amène une explication de la classification des nuages. La volonté d'un homme, Luke Howard, qui nomme les nuages, va conduire à la peinture et à la science moderne. Le quaker Luke Howard était un météorologiste amateur. Ses travaux influencèrent Goethe, mais aussi les peintres Constable et Turner, ici plus fantômes que modèles. Le peintre est un méconnu nommé Carmichael, fils d'un fermier anglais, il veut mettre en marche les moulins de son père. Akira Kumo collectionnera les carnets de ce grand artiste qui devint fou et finit par se suicider. C'est un observateur qui rêve les formes qu'il nomme. Personnage, inventé, le grand météorologue britannique, Richard Abercrombie, décide lui de parcourir la terre pour prouver que les nuages varient selon les latitudes. Une chasse dans la jungle de Bornéo, la sauvagerie béate décrit à merveille, le vacarme animal de la forêt, font dire à Abercrombie que "le silence apaisant de nos campagnes n'est que le signe tangible de la terreur que l'homme y fait régner", enfin la mort de l'orang-outan, feront d'Abercrombie un autre homme.
C'est aussi le lien des personnages fictifs ou réels, dans leur dimension sexuelle et charnelle, qui permettent que la "météorologie" ne devienne pas ennuyeuse. Le geste sexuel n'est jamais résumé ni exagéré par la phrase qui le porte : le corps est décrit comme le véhicule d'émotions diverses, et la jouissance comme un moment privilégié de la vie humaine. Chaque homme ou femme à son histoire bien particulière face au charnel.
J'ai aimé l'approche qui consiste à faire des allers-retours entre le passé et le présent, tout en préservant les points communs des protagonistes. Un livre agréable et instructif... "Une forme de bêtise habite toute pensée ; et donc, le désir de comprendre les nuages". Ces nuages qui caressent nos limites et notre défaut d'imagination.

Claire, parisienne immigrée d'un soir, a beaucoup aimé le livre et finalement l'ouvre en grand (voir ici).
Cindy
Le titre m'a attirée. Comme Yolaine, j'ai un brevet (ULM). Et je pratique la voile depuis ma tendre enfance. C'est naturel pour moi de regarder le ciel. Ma grand-mère disait de moi que j'étais sage, car j'étais souvent devant la fenêtre à regarder le ciel.
C'est vrai que les 50-60 premières pages ne sont pas très passionnantes. Mais dès qu'il a été question de nuages, pouf, j'ai été transportée. Je trouve ce premier roman superbe, éblouissant, riche, passionnant, au travers de personnages savants et très humains, modernes. On découvre des vécus singuliers, avec un contraste entre ces vies et les situations historiques : car on traverse l'Histoire à des moments terribles.
Au fil des histoires et des personnages, l'auteur trame une performance, car les personnages ont des liens, Virginie Latour constituant le guide, le fil directeur.
Les réflexions en font aussi un livre spirituel, il y a de très belles pages.
Il y a aussi de l'audace : dans l'écriture, les descriptions, et les sexes - ce n'est pas cru, mais presque poétique - pétales, nuages.
"Il faut être un peu bête " pour s'intéresser aux nuages, est-il dit p. 49 : non ! Il y a la curiosité scientifique, la sensibilité aux couleurs, aux formes.
Comme Édith, j'ai transcrit la liste et la généalogie des personnages, avec le parrain des nuages, Howard. Je suis allée voir les tableaux de Carmichael, qui fut guidé par le verrier Beaumont. Il y a un véritable suspense, notamment avec le voyage d'Abercrombie, dans la famille. Tous ces personnages vont amener à comprendre la fin du livre, la finitude, avec les deux fins. Virginie Latour, heureuse, et la petite sœur disparue tout à coup de par l'explosion, partie peut-être dans les nuages, dans l'infini. Ce mot d'infini me plait (on aime à l'infini), mais on découvre la finitude. D'ailleurs, très vite dans le livre est évoqué un suicide. Dans l'intrigue, la photo japonaise, nue, du début, est l'un des petits indices.
Des valeurs sont présentes dans le livre, telle l'obstination : des scientifiques, de Virginie, d'Abercrombie et sa collection.
La scène avec l'orang-outan m'a émue, très bien décrite, c'est très beau. Il y a dans le Protocole des lignes de force (p. 248), mais dans le livre aussi. Il y a une quête spirituelle. Certains des passages, je vais les photocopier et les adresser à des amis. C'est un livre que je garderai près de moi. Pour finir, ce livre ne fait pas peur, mais rassure, car on traverse des rêves humains. Une combinaison d'éléments liés fait un tout et emplit les personnages de profondeur.
Encore une fois, merci Voix au chapitre...

Marie-Thé n'avait pas lu le livre mais avait un superbe masque :

Yolaine enquête après la séance auprès de Pierre
Il a aimé comme nous tous les passages sur Bornéo, le Krakatoa, Hiroshima, s'est un peu ennuyé dans les explications nébuleuses pseudo-scientifiques, et n'a pas trouvé le fameux Protocole particulièrement excitant. Donc il l'ouvre à moitié et ne partage pas mon indignation de lectrice frustrée...

 

AUTOUR DU LIVRE
La Théorie des nuages
Publications de Stéphane Audeguy
Parcours de l'auteur

Articles et entretiens
Prix pour La théorie des nuages

Potins

Histoire des nuages

PUBLICATIONS de Stéphane Audeguy

On dénombre 8 romans (dont un va sortir), et des albums pour la jeunesse, des essais, des albums illustrés, etc. Voici, chronologiquement et par éditeur :

Gallimard
- La Théorie des nuages, coll. Blanche, 2005, roman, repris en Folio en 2007.
- Fils unique, coll. Blanche, 2006, roman, repris en Folio en 2008.
- Petit éloge de la douceur, Folio Inédit, 2007, essai.
- Les Monstres, coll. Découvertes, 2007, repris en Beaux Livres en 2013, essai.
- Nous autres, coll. Blanche, 2009, roman, repris en Folio en 2010.
- L'Enfant du Carnaval, coll. L'un et l'autre, 2009, essai.
- In memoriam, Le Promeneur, coll. Le Cabinet du lettré, 2009, essai.
- Rom@, coll. Blanche, 2011, roman.

Au Seuil
- Histoire du lion Personne, Seuil, coll. Fiction et Cie, 2016, roman, repris en Points en 2017.
- Une mère, Seuil, 2017, roman.
- Histoire d'amour, 2020, roman.
- Dejima, 2022, roman.

Jeunesse
- Alma n'est pas encore là, ill. Laurent Moreau, Gallimard jeunesse, 2012.
- Parkie, une histoire d'éléphant, ill. Xavier Barral, Musée d'Orsay-Atelier EXB, 2020 (feuilleter ICI le livre en vidéo).

Albums chez d'autres éditeurs
- Opéra mundi, éd. Creaphis, coll. Lieux Habités, 2012, essai.
- Dérives à fleur de Loire, photographies de Nicolas Lenartowski, éd.
Hesse, coll. Patrimoines, 2013.
- Jean-Michel Fauquet, Galerie Claude Bernard, 2014.

Et l'on passe sous silence articles, préfaces, nouvelles comme... :
- "Les Deux Pigeons", nouvelle, Des nouvelles de La Fontaine, 2007
- "Memorabilia : Ground Zero", nouvelle, La Nouvelle Revue française, n° 591, octobre 2009.

PARCOURS de Stéphane Audeguy

Enfance
- Né à Tours en 1964. Vit 17 ans dans une cité HLM. Troisième fils d'une mère secrétaire sténodactylo, d'un père qui a travaillé essentiellement dans la menuiserie métallique : "Mon goût de la technique vient de là, je pense. Même si je n'ai aucun don pour le bricolage, j'ai un grand intérêt pour l'histoire des techniques. L'atelier qu'il y avait chez moi et les outils de mon père m'ont bien fasciné."
- 1977 : premier voyage à l'étranger car son grand-père est d'origine polonaise : "Le voyage en Pologne a été d'autant plus fort que je n'étais jamais sorti de mon trou. L'année d'avant, une sœur polonaise de mon grand-père est venue chez nous. Ça a été un choc ethnologique. Je me souviens qu'un de ses buts de promenade c'était la Coop, un supermarché dans lequel elle allait voir la viande..." L'adolescent associe la Pologne aux camps de concentration : "Mes grands-oncles avaient des numéros sur leurs bras et parlaient de ça. Mais je ne sais pas quels rôles ils ont joués dans les camps... "
- Son amour des jardins : "Mon grand-père travaillant à la SNCF, il bénéficiait d'un jardin ouvrier près de La Riche. Je suis un enfant des Trente Glorieuses qui n'a pas mangé de conserves. J'ai appris tard que les légumes pouvaient se vendre."
- Peu de livres à la maison : "Le livre est venu par le bibliobus et la bibliothèque du quartier. Aujourd'hui encore, je fréquente plus les bibliothèques que les librairies. (...) Les librairies, j'ai commencé à y aller après avoir publié mon premier livre. C'est un métier, libraire, que j'ai appris à admirer, il y a cinq ans seulement. Je n 'ai pas acheté de livre neuf avant 22 ou 23 ans."

Formation et métier
- Hypokhâgne à Tours. Khâgne à Paris, doublée à Sceaux. Admissible à Normal sup, pas admis.
- Licence d'anglais à Nanterre. Rencontre de Robert Merle, professeur à l'université, qui lui conseille de faire sa maîtrise sur un Américain, pour lui donner l'occasion de se rendre aux États-Unis : "J'ai suivi ce conseil cynique et me suis lancé dans une maîtrise sur William Burroughs."
- 1985-1986 : Teaching assistant à l'université de Virginie (Charlottesville).
- 1992 : agrégation de lettres modernes. Adolescent à Tours, il a participé à des tournages de petits films : il retrouvera plus tard une fille avec laquelle ces films étaient réalisés qui travaille pour le cinéma et lui propose un poste de monteur stagiaire : il travaillera ainsi durant trois ans. Après son agrégation de Lettres, cette formation lui permettra d'obtenir un poste à profil : il enseignera le cinéma au Lycée Jacques Prévert à Boulogne-Billancourt, qui prépare le BTS Métiers de l'audiovisuel, option métiers du montage et de la postproduction.
- 2005 : publication de son premier roman La Théorie des nuages envoyé par la poste.
- 2006 : passe deux mois au Kenya avec une bourse Stendhal du ministère des Affaires étrangères ; il publiera Nous autres.
- 2008 : il se met en disponibilité.
- 2009-2010 : pensionnaire à la Villa Médicis où il écrit Rom@.

ARTICLES et ENTRETIENS

Entretiens
- "Entretien avec Stéphane Audeguy", par Julia Grawemeyer, L'Essor, Université du Wiconsin, 2006.
- "Le médiateur universel", propos recueillis par Thierry Richard, Le Matricule des Anges, n°101, mars 2009.
- "J'ai un rapport désintéressé aux nuages" interview de Stéphane Audeguy, propos recueillis par C. St., Le Temps, 4 janvier 2012, à l'occasion d'une exposition Cloud Studies – The Scientific View of the Sky au Musée de la photo de Winterthur en Suisse.
- "Que fait la littérature de son époque ?" : Stéphane Audeguy et François Bégaudeau s'entretiennent, propos recueillis par Minh Tran Huy, Le Magazine Littéraire, n°482, janvier 2009.

Extraits de ces interviews : ce que dit l'auteur du roman
Pourquoi le thème des nuages ?
Et la documentation sur les nuages ?
Et la scène de masturbation ?
Les personnages
L'écriture
Littérature de fiction/littérature du réel
Autofiction, Nouveau Roman
Littérature d'avant-garde/littérature expérimentale
La trilogie des trois premier romans de S. Audeguy

Quelques articles sur La théorie des nuages
- "Les nuages là-bas", Sylvain Bourmeau, Les Inrocks, 9 mars 2005
- "Le poids des nuages", par Philippe Lançon, Libération, 28 avril 2005.
- "Porté aux nues", Erwan Desplanques, Télérama, n° 2898, 27 juillet 2005.
- "Imaginaire mondial d'après La théorie des nuages", Attia Elemam Alkolaly, Journal of Faculty of Arts, Benha University (Egypte), n° 194, avril 2016.

Articles de Stéphane Audeguy

Il a écrit dans La Croix de 2016 à 2019. Voici la dernière de ses 130 chroniques :
- "Reconnaissance", 3 octobre 2019 et, pour exemple, une chronique concernant son enseignement :
-
"Du silence", 10 février 2017.

Nous avions lu en 2016 un livre sur la relecture de Laure Murat ; un chapitre était consacré à Stéphane Audeguy : Relire : enquête sur une passion littéraire, p. 113-136.

Dossier sur Stéphane Audeguy
"Stéphane Audeguy, éloge de la fiction", tel est le titre d'un dossier de 10 pages du Matricule des anges, n°101, mars 2009, réalisé par Thierry Guichard, directeur du magazine (et qui, au fait, a ouvert un café librairie La part de l'ange à Portiragnes dans l'Hérault...).
À lire en particulier : la présentation de l'auteur intitulée "Le monde réapproprié" et un long entretien : "Le médiateur universel".

PRIX pour La théorie des nuages
La théorie des nuages a reçu quatre prix dont certains folklos... :
Le roman a reçu le prix de l'Académie française Maurice Genevoix, l'un des nombreux prix de l'Académie française. Fondé en 2004, ce prix de 5000€ est décerné chaque année à un ouvrage illustrant les valeurs morales et humaines qui ont guidé Maurice Genevoix, secrétaire perpétuel de l'Académie française, dans sa vie et dans son œuvre :
« Par sa tenue, l'élégance distante de son style, le beau plaisir d'une langue française maniée avec grâce et esprit, nous explique notre confrère Michel Déon, ce livre étrange semble vraiment une éclaircie dans la production romanesque contemporaine. L'intérêt glisse d'un personnage à l'autre avec, pour seul fil narratif, un intérêt poétique, météorologique, pictural et psychologique pour les nuages, leurs formes, leurs naissances et leur explosion en pluie ou neige. On notera aussi que ce livre décrit avec une effrayante exactitude l'éruption d'un volcan dans les îles de la Sonde et l'effet de marée qui en résulte, un désastre prémonitoire de celui bien réel qui s'est déroulé après la rédaction de ce livre. » (Discours sur les prix littéraires de 2005 par Frédéric Vittoux)
   
Attribué pour la première fois en 2005, et organisé par L’Expansion Management Review avec Mercer et HEC, le Grand Prix du livre des dirigeants a été remis dans les salons de l’hôtel Bristol...
Ce prix vise à promouvoir les ouvrages, du roman à l’essai et de l’enquête journalistique à la réflexion philosophique, apportant un éclairage original, une réflexion de fond, une vision du monde susceptibles de faire de ceux qui les lisent de meilleurs leaders.
Les organisateurs tiennent à sortir du ghetto de la littérature technique pour gestionnaires et à promouvoir l’apport de la philosophie, de la littérature et des sciences humaines et sociales à la réflexion des dirigeants.
A l’unanimité et avec enthousiasme, le jury a choisi de couronner un roman, La Théorie des nuages (voir "De la réflexion, du rêve et du recul", Dominique-Anne Michel, L'Express, 1er décembre 2005).

 

Fondé par Antoine Buéno, que Voix au chapitre a reçu pour son roman Le maître bonsaï, le Prix du Style a vocation à distinguer pour sa qualité stylistique un livre écrit par un auteur vivant francophone paru dans l'année écoulée.
Accueilli et doté par le Park Hyatt Paris-Vendôme, le Prix du Style 2005 a été remis à Stéphane Audeguy pour son roman La théorie des nuages.
On voit sur cette photo du 23 novembre 2005, de gauche à droite : Antoine Buéno écrivain, journaliste, fondateur du prix, Stéphane Audéguy en tenue rose, Minh Tran Huy, journaliste, Philippe Delerm, écrivain.
À noter : Antoine Buéno, le fondateur du prix du Style n'a plus ni l'argent ni le temps de s'occuper de ce prix et a transmis au Nouvel Obs la petite annonce ainsi libellée pour vendre son prix...
   
Le prix Ciné Roman Carte Noire, créé en 2001, récompense l'auteur d'un roman susceptible d'être adapté au cinéma. La cérémonie de remise du prix a lieu lors du Festival du Film de Paris (festival mort en 2014...). Le prix Ciné Roman Carte Noire sponsorisé par la marque de café Carte Noire offrait la somme de 15 000 euros au lauréat.
Le 24 avril 2006, le jury, présidé par Danièle Thompson a délibéré au Plaza Athénée... : voici la photo du Stéphane Audéguy avec Danièle Thompson...
Que pense l'auteur de ce prix "Carte Noire du meilleur roman adaptable au cinéma" ?
« C'est la première fois que j'ai reçu un chèque d'une banque florentine fondée en 1530. Tout est dans le "adaptable" : si on avait dit "adapté", ça m'aurait inquiété. "Adaptable", je crois que ce roman ne l'est pas, j'étais donc très curieux de rencontrer les membres du jury pour savoir sur quelle base ils pensaient que ça l'était. Je pense que c'est une confusion entre le visuel et le cinématographique qui est répandue, mais je ne pensais pas qu'elle l'était chez des gens qui connaissent le cinéma. Sur le fond, je ne pense pas qu'on puisse adapter La Théorie des nuages en France, mais cela tient au gangrenage du cinéma par la télévision dans ce pays Par ailleurs ce prix m'a fait très plaisir, et les gens du jury étaient très sympathiques. C'était aussi pour moi une situation représentative de l'état de la littérature en France : à ce moment-là, j'avais touché plus d'argent en prix littéraires qu'en ventes auprès de lecteurs. Mais après je me suis rattrapé. » (Extrait de La Femelle du requin, n° 29, été 2007).
 
La Théorie des nuages a aussi remporté le prix Québec-France Marie-Claire Blais, décerné par l'Association Québec-France, pour son roman (voir Le Devoir du 20 mars 2007). Marie-Claire Blais, auteure emblématique de la littérature québécoise, est la marraine du Prix littéraire Québec-France.
Ce prix littéraire, accordé par l'Office québécois de la langue française et le Mouvement national des Québécois à l'auteur d'un premier roman, a pour objectif de faire connaître de nouveaux auteurs français aux Québécois. Ce prix littéraire Québec-France est l’homologue québécois du prix littéraire France-Québec qui récompense, depuis 1998, un auteur québécois.

POTINS

On s'est étendu quelque peu et anecdotiquement sur ces prix, déplorant d'avoir peu de potins personnels à indiquer sur cet auteur : où vit-il, avec qui, rien, rien, rien à se mettre sous la dent...
Mais rien, justement, ne vaut de lire ses livres. Pour en savoir plus, sur sa famille et sur ses amours, il faut lire ses deux derniers livres publiés avant notre séance : Une mère (2017) et Histoire d'amour (2020).
Attardons-nous sur les amours décrites dans ce dernier livre : quelles belles déclarations sur la liberté sexuelle on y lit, sur l'affranchissement des conventions, sur les milieux gays parisiens, sur les jouissances de la bisexualité et, qui sait, sur la relation de couple idéale... (voir ici de larges extraits).

HISTOIRE DES NUAGES

Revenons à de plus sérieuses questions... Même si après avoir lu le roman nous savons tout... de la néphologie (l'étude des nuages)..., voici quelques compléments.

La revue Géographie et cultures a consacré un très intéressant numéro (n° 85, 2013) au thème "Le nuage", dont on peut retenir plusieurs articles.

L'histoire de la classification des nuages est ainsi précisément traitée dans un article d'Anouchka Vasak, maîtresse de conférences en littérature : "Cumulus, cirrus, stratus : histoire et fortune de la classification de Howard" ; elle évoque directement Howard, ce "personnage" du livre : Elle a auparavant consacré thèse et ouvrage à ce thème : Météorologies : discours sur le ciel et le climat, des Lumières au Romantisme. On peut l'entendre à France Culture dans l'émission "La météorologie : une science, vraiment ?", Concordance des temps, Jean-Noël Jeanneney, 13 mai 2017.

Cet article, dessins de Howard et classifications d'époque à l'appui, décrit donc la classification des nuages que nous connaissons (cirrus, stratus, nimbus), présentée en 1802 par Luke Howard, pharmacien anglais, dans une conférence publiée ensuite (On the modifications of clouds). Cette classification se diffuse progressivement, complétée par la suite.

Elle aura éclipsé celle, contemporaine, de Jean-Baptiste de Lamarck, tombée dans l'oubli : son échec vient principalement de son côté trop "naturaliste" ; elle manquait de précision et s'avère plus poétique que scientifique ; l'article permet de savourer son inventivité... : nuages en lambeaux, nuages coureurs, diablotins, moutonnés, demi-terminés, attroupés, en balayures, en voiles, en montagnes...

En 1896, lorsque paraît le premier Atlas international des nuages préparé par Hildebransson, Riggenbach et Teisserenc de Bort, et illustré par des photographies de Ralph Abercromby, un article du Meteorological Magazine de Londres rend hommage à Luke Howard.
Bien avant cela, Goethe célébrera Howard qu'il cherchera à rencontrer et écrira à son sujet :
   Assurément il définit l’indéfinissable, le limite,
  Le nomme avec pertinence ! – Loué soit ton nom !
  En voyant les nuages s’élever, s’amonceler, se disperser, tomber,
  Que le monde se souvienne de toi avec gratitude.
On trouve une lettre d'Howard qui répond à une lettre de Goethe dans Sur les modifications des nuages (éd. Hermann, 2012).
La dernière édition de l'Atlas international des nuages date de 2017.


La représentation des nuages dans l'art est développée dans "Art et science des nuages au Siècle d’or hollandais" par Alexis Metzger et "Jusqu’au ciel !" par Xavier de Coster.
Ajoutons à propos de
Goethe, admirateur d'Howard, qu'il proposa à Caspar David Friedrich "qu’il avait précédemment critiqué pour ses tendances mystiques et romantiques à outrance, mais qu’il appréciait pour sa sensibilité dans la représentation de l’atmosphère, de peindre des nuages en suivant les réflexions sur la morphologie qu’il avait développées à partir des théories de Howard. Friedrich, bien qu’ayant déjà fait de nombreuses études de nuages, refusa très nettement l’invitation, en considérant cette référence à l’objectivité extérieure comme une limitation intolérable de la possibilité d’exprimer le contenu subjectif de l’intuition artistique de la nature." ("Météorologie poétique : les nuages chez Goethe", Giovanna Pinna, Nues, nuées, nuages, Presses universitaires de Rennes, 2010)

Les nuages dans la littérature sont repérés dans l'article "les discours sur les nuages dans la littérature française" de Karin Becker ; ne manquons pas Proust...
Et Leslie Kaplan, avec "À propos de Déplace le ciel", évoque ses textes sur le ciel, après ses livres chez POL : Le livre des ciels (1983), Déplace le ciel (2013).

Et à Voix au chapitre ? Nous avons lu :
- La part des nuages de Thomas Vinau
- Le météorologue d'Olivier Rolin
- La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe
- Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz Bart
- Typhon de Joseph Conrad.

Enfin, nous lisons pour la séance prochaine Baudelaire... Nous pouvons faire une transition avec "Baudelaire et les nuages : l’image, la forme et l’absolu" d'Alain et Ariette Michel, in Nues, nuées, nuages, Presses universitaires de Rennes, 2010.




Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

Nous écrire
Accueil | Membres | Calendrier | Nos avis | Rencontres | Sorties | Liens