sur Baudelaire :





Charles Baudelaire (1821-1867)

Nous avons lu Baudelaire "au choix" pour le 3 décembre 2021.
Le groupe breton l'a lu pour le 20 janvier 2022 et le nouveau groupe parisien pour le 28 janvier.

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Annick L
AudreyBrigitte T CatherineChantal
Claire
David ÉdithEtienne Fanny •Jacqueline
Jean-Paul
Laura
LaurenceManuel Margot
Marie-Odile
Marie-Thé Medhi Monique L 
Monique M
Monique S Nathalie B OlivierRozenn

QUE LIRE DE BAUDELAIRE ?
Sans doute Les Fleurs du Mal ou Le Spleen de Paris.
Les œuvres de Baudelaire sont en ligne sur wikisource.org : poèmes, essais, critiques, traductions...

POURQUOI LIRE BAUDELAIRE ?
Nous avons fait ce choix en relation avec des expositions à l'occasion du bicentenaire de sa naissance :

à la BNF du 3 novembre au 13 février 2022 : "Baudelaire, la modernité mélancolique" : on y voit l'autoportrait de Charles Baudelaire, vers 1860 =>
au musée d’Orsay, du 8 octobre au 30 janvier, "Lectures contemporaines" : peintures de Marlene Dumas inspirées du Spleen de Paris.
au musée d'Orsay, du 5 octobre au 25 janvier 2022, une petite salle est consacrée à des œuvres de Constantin Guys, peintre et dessinateur auquel Baudelaire a consacré un recueil d'essais : Le Peintre de la vie moderne.

Cliquez pour savoir comment ont réagi le 3 décembre
Annick L
CatherineClaire Etienne Fanny 
Jacqueline Laura Manuel Monique L 
Monique S Rozenn

Toujours notre triple formule inaugurée en septembre 2021 : après avoir lu les réactions transmises, notre tour de table alterne entre les physiquement présents et les simultanément à l'écran...

Catherine (avis transmis) 
Baudelaire était le poète préféré de mon adolescence (rien de très original) : j'ai lu et relu Les Fleurs du Mal à l'époque. Mon enthousiasme a un peu diminué avec l'âge (hélas sans doute), mais un peu seulement. Je suis moins sensible au Spleen de Paris, même si beaucoup de thèmes sont communs, question de forme sans doute. Certains m'ont paru un peu datés.
Parmi mes préférés, "Les Yeux des Pauvres", "Enivrez-vous", "Les Bienfaits de la lune", "Le Port".
J'aurais d'ailleurs eu plus de plaisir à les écouter qu'à les lire.
J'ouvre aux ¾ pour Les Fleurs du Mal, à moitié pour Le Spleen de Paris.
Etienne (avis transmis)
Quelques mots à propos de Baudelaire. J'ai donc lu, en partie (je suis à la moitié) Le Spleen et je suis aussi allé visiter l'exposition de la BNF. Cette dernière fut très agréable : ancien Réunionnais, j'ai été très intéressé de découvrir qu'il avait visité les Mascareignes dans sa jeunesse. Les nombreux manuscrits ainsi que les portraits et autoportraits sont poignants. Amusé également de découvrir qu'il avait une espèce de trouble de l'attachement à sa mère : on en revient toujours aux bases…
Concernant sa poésie, c'est évidemment brillant et la visite de l'exposition m'a permis de l'intégrer dans un arbre généalogique (Chateaubriand, Poe, etc.). C'est suave, vénéneux, sensuel, souvent mordant et évidemment très érudit. À titre personnel, je ne l'ai lu qu'à petites doses car la saturation arrive assez vite : ça ne me fait pas vraiment vibrer… Je ne peux pas dire que ses tourments trouvent systématiquement une résonance en moi, donc il m'est difficile d'être complètement conquis et c'est ce qui explique que je mette du temps à lire Le Spleen : difficile d'enchaîner plus de 30 pages à la suite.
C'est donc une admiration polie et retenue mais sincère : j'ouvre aux ¾.

Manuel (avis transmis)
Je connais surtout Baudelaire avec Le Spleen de Paris que j’avais étudié pour mon bac. J’ai surtout le souvenir ému d’après-midis à réviser avec Sabine. Depuis, le livre de Baudelaire m’accompagne. Avoir programmé Baudelaire a été l’occasion de rouvrir le recueil : "Enivrez-vous", "L’invitation au voyage", "Chacun sa chimère", pour ne citer quelques-uns des temps forts du recueil. Livre à lire et relire.

Jacqueline
Sur Baudelaire, il m'est très difficile de donner un avis. J'ai emprunté les œuvres complètes, qui d'ailleurs ne sont pas énormes. C'est très disparate et d'importance inégale. C'est aussi bien le journal, quelques notes - plutôt de travail -, du théâtre, des nouvelles, Les Paradis artificiels (que je n'ai pratiquement pas lus), des critiques et bien sûr les poèmes.
J'ai commencé par les nouvelles (il en a écrit peu), à la fois parce que je ne les connaissais pas, mais aussi parce que c'est un genre où il m'est plus facile d'avoir un avis : "Comment on paie ses dettes quand on a du génie" m'a amusée, c'est une anecdote assez sympa sur Balzac (son nom n'est pas prononcé, mais les allusions à son œuvre sont très claires) couvert de dettes, comme Baudelaire l'était aussi ; et puis j'y retrouvais ce milieu du journalisme au 19e siècle vu récemment avec Illusions perdues au cinéma.
Pour ce qui est des Fleurs du Mal, je ne suis pas sûre d'avoir tout relu, d'ailleurs ce sont des poèmes, à ne pas lire d'affilée. Je retrouvais avec bonheur ceux que j'aimais lorsque j'étais jeune... Un des petits poèmes en prose, "L'Invitation au voyage", m'a surprise, en reprenant non seulement le titre du poème mais beaucoup de ses éléments, notamment le "luisant" des meubles, jusqu'à le répéter, faute de le faire rimer... J'ai apprécié d'autres poèmes qui m'étaient moins familiers comme "Une Charogne" (la crudité du point de vue tranche avec le classique de la forme sonnet) ou "Le Voyage" qui termine le recueil. Ils me plaisent, mais ce qui m'a frappée dans cette poésie, c'est le caractère extrêmement classique de sa forme (souvent le sonnet) ; je pensais à Verlaine qui conseillait de "tordre le cou" à la rime. Je crois que si j'aime toujours "Harmonie du soir" (jeune, j'adorais son balancement), c'est à cause de l'exotisme de sa forme orientale...
Je ne peux pas donner de cote d'amour, dire comment j'ouvre, car il y a des choses qui m'émerveillent et d'autres qui me laissent complètement indifférente. Quant à ses critiques d'art, j'ai eu tendance à tout trouver intéressant parce que c'est un domaine que je connais mal. Pour les critiques littéraires, quand elles parlaient d'auteurs que je connais (combien de poètes d'alors ont disparu !), j'ai apprécié aussi, sans toutefois pouvoir être d'accord avec ses curieuses assertions concernant l'essence féminine ou masculine.
J'ai vu l'exposition à la BNF où je suis restée trois heures. J'ai beaucoup aimé, c'est très riche (seul problème : il y avait des classes en même temps et le bruit gênait beaucoup l'écoute des enregistrements). En sortant, j'ai fait un tour à la librairie et j'y ai vu des choses sur Jeanne Duval - une BD Mademoiselle Baudelaire et un roman de l'auteur antillais Raphaël Confiant -, ainsi qu'un magnifique album illustré L'Albatros.
Monique L (à l'écran) 
J'ai opté pour des écrits en prose moins connus (tout au moins par moi) que ses poèmes que j'aime évidemment beaucoup et que je relis régulièrement en piochant par hasard, principalement dans Les Fleurs du Mal.
J'ai vu l'exposition à la BNF. C'est ce qui m'a décidée à lire des œuvres différentes des poèmes lus et étudiés pendant ma scolarité et qui m'avaient donné une idée tronquée du personnage et de ses talents.
J'ai d'abord lu Edgar Poe, sa vie et ses œuvres. C'est très bien écrit. Il ne s'agit pas d'une analyse de son œuvre, mais plutôt une déclaration d'amour et d'admiration. La biographie de Poe y est défendue ainsi que son œuvre, sa philosophie, sa conception de la littérature, son amour du grotesque et de l'horrible, ses personnages. On sent la proximité de leur parcours. Ce n'est pas une lecture indispensable, mais cela donne envie de relire des œuvres de Poe et surtout j'y ai découvert un Baudelaire que je ne connaissais pas, avec un côté érudit et mordant incroyable dans ses critiques.
J'ai lu ensuite sa critique du salon de 1859 où il débute par une lettre très critique au directeur de la Revue française qui lui a demandé un rapide aperçu général de l'exposition : il lui répond qu'il sera servi sans difficulté puisque l'exposition est sans originalité et sans nouveauté et étonnement. Il fait une critique très négative de la peinture d'Ingres, mais sans doute pour la comparer à celle de Delacroix qu'il encense. Il est toujours aussi mordant dans ses propos, mais très souvent pertinent tout en maniant l'impertinence. Il s'y montre très connaisseur de l'environnement artistique de l'époque. Il est très érudit et très méprisant envers les critiques qu'il juge convenues et classiques et qui surtout ne cherchent pas à voir la nouveauté. Il est très élitiste !!! J'ai survolé ses critiques sur la Belgique, je l'y ai trouvé exagéré, même de mauvaise foi.
J'ai lu ensuite Richard Wagner et Tannhaüser à Paris. Il y fait preuve de beaucoup de culture et d'acuité dans son analyse de l'œuvre. J'ai beaucoup apprécié. Lorsqu'il apprécie une œuvre, il est d'une intelligence et d'une richesse de vocabulaire qui rendent ses appréciations très communicatives. J'ai eu la même impression lors de sa description du tableau de Marat dans sa baignoire : j'ai vu le tableau !
Difficile de donner une appréciation générale. J'ouvre en grand pour le poète, mais je n'ai pas relu de poèmes pour cette séance du groupe de lecture. Pour sa prose, je n'ouvrirai qu'à moitié bien que j'ai apprécié la cruauté, la brutalité et le mordant de ses critiques qui parfois frôlent une méchanceté excessive mais sans aucun doute assumée.
Fanny 
J'ai lu Les Fleurs du Mal au lycée : la prof décortiquait d'une manière atroce, c'était en première, je m'en souviens, mais ça ne m'a pas empêchée d'aimer Baudelaire. Des bribes me sont demeurées : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". J'aime la sonorité, le rythme. L'encensoir, c'est magique et ma prof avait raison : il englobe le lecteur.
J'ai lu Le Spleen que je n'avais pas lu, j'en ai lu les deux tiers. Je suis un peu moins emballée, la prose tire en longueur, il y a moins ce côté qui m'englobe. Deux textes m'ont le plus marquée "Les Yeux des Pauvres" et "Chacun sa chimère" avec ces hommes qui portent les chimères - c'est magistral.
Baudelaire est très présent en moi. J'ouvre grand Les fleurs du mal et trois quarts Le spleen.

Rozenn (à l'écran)
À ma grande surprise cette lecture a été un grand plaisir. J'y allais à reculons. Souvenirs scolaires. Impression de rabâchage ; je dirais presque souvenirs quasi éculés de quelques vers.
J'avais mal lu le dernier livre, trop tard, pas en entier : j'avais été prise au piège par les défauts de mon mode de lecture habituelle : trop rapide, courante, en fait superficielle. Accentuée encore sans doute par la lecture sur liseuse.
Après avoir vu l'exposition au Musée d'Orsay, j'ai décidé d'aborder Baudelaire sous un nouvel angle : la critique d'art.
Une parenthèse sur cette expo : difficile à trouver, éparpillée. J'ai surtout été frappée par les dessins de Constantin Guys et les tableaux de Marlene Dumas à l'étage, qui eux ont été pour moi une vraie révélation.
Je me suis offert Baudelaire La passion des images (collection Quarto, Gallimard, 1824 p....). J'ai feuilleté. Et j'ai aimé.

- Des textes en prose
Je me suis régalée avec le portrait de Samuel au début de La Fanfarlo.
Je ne m'attendais pas à trouver de la légèreté et de l'ironie chez Baudelaire
J'ai aimé la rencontre au parc : le dandy. Je relève quelques délicieuses abominations :
"Ne pouvant pas supprimer l'amour, l'Église a voulu au moins le désinfecter, et elle a fait le mariage."
"J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles avoir avec Dieu ?"
Je me demande si je ne lis pas en ajoutant du second degré.
Et encore - qui me convient si bien : "Il n'y a de long ouvrage que celui que l'on ose pas commencer. Il devient cauchemar." Il semble bien connaître tous les aspects de la procrastination.

- Des poèmes
J'ai choisi de les écouter. J'avais eu l'impression de pouvoir ainsi mieux approcher le texte proposé par Monique quand il était lu. Et ça a marché. La langue devient musique et je peux abandonner le souci de compréhension rationnelle qui me parasitait.
Je l'ai écouté pendant l'heure qu'a durée une intervention dentaire - et c'était bien. J'ai eu peur que cela me détourne du plaisir que j'avais, comme dans Orange mécanique, mais non ! Ça marche toujours ! Crénom, quelle découverte.
Laura
QUE DU BONHEUR ! Je n'ai pas lu beaucoup de textes. J'ai d'abord lu Les Paradis artificiels : j'ai adoré les descriptions des sensations dues à la drogue, ça m'a donné envie de vivre ça… Il y a une sorte de mode d'emploi ; c'était sans doute encore plus intéressant à l'époque. Je n'ai pas terminé.
Ensuite, j'ai lu Les fleurs du mal que je n'avais pas lu. Baudelaire n'était pas au programme du lycée. Et je ne suis pas poésie, parce que ça ne me fait rien - ne me faisait rien : je trouvais ça froid terne. J'ai pioché par-ci par-là j'ai pris ce qui m'intéressait : BAUDELAIRE M'A FAIT DÉCOUVRIR LA POÉSIE, J'AI ENVIE D'EN LIRE TOUT LE TEMPS ! Je me suis mise à en apprendre par cœur. Mes préférés : "Madrigal triste", "Le Léthé", "Recueillement", que ma grand-mère le répétait tout le temps, et "L'Amour et le Crâne". Ça m'a fait tellement de bien, Baudelaire a quelque chose à partager avec moi. Je le récite, ça peuple mon âme. Je suis accro. J'ouvre en grand.

Claire (qui en rajoute avec des photos...)
J'ai tourné autour de Baudelaire au lieu de seulement m'immerger dans l'œuvre, mais je ne regrette pas... J'ai d'abord pensé à l'Hôtel de Lauzun, un lieu merveilleux que plusieurs d'entre nous connaissent, dans l'Île Saint-Louis.
Baudelaire y vécut sous les combles et y écrivit "L'Invitation au voyage" : pas mal ! À l'étage noble, se réunissait le club des Haschischins - on aurait aimé être une souris... - que fréquentèrent Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Delacroix, Flaubert, Balzac, Daumier, Nerval - qui venaient goûter aux "paradis artificiels" - faut pas chercher d'où ça vient !
J'entendis ensuite parler par Édith dans le groupe breton de la biographie de Jean Teulé, Crénom, Baudelaire ! Je constatai ensuite l'assassinat en règle (ici au Masque et la plume) de ce livre et me rabattis pour être guidée sur Un été avec Baudelaire d'Antoine Compagnon - forcément de bonne compagnie... : un livre parfait pour les nulles comme moi, avec une présentation et une analyse du poète et de sa création où sont insérés des extraits : je sortis séduite par la plume et détestant l'homme...
Ensuite je me suis baladée dans les poèmes et les textes, reconnaissant finalement bien plus que ma mémoire ne le croyait les chefs-d'œuvre, passant d'une fleur du mal sublime à une archi sublime, oui, oui !
J'ai retrouvé dans un des livres que j'avais le dépliant d'une exposition au musée de la Vie romantique "L'œil de Baudelaire" dont j'avais tout oublié. J'ai traversé l'exposition de la BNF, la sentant opaque, difficile, et prévoyant de lire le catalogue pour mieux l'appréhender. La présentation par le commissaire ICI ne détend pas vraiment : j'apprends que le poème en prose, innovation de Baudelaire, vient d'Aloysius Bertrand...

Laura
Gaspard de la nuit, ce n'est pas très enthousiasmant.

Claire
Ben voilà ! À moins que ce ne soit Maurice de Guérin l'inventeur... mais on s'en fiche ! J'ai pris alors connaissance du catalogue de l'exposition : j'ai aimé y lire par Antoine Compagnon l'évolution de la réception de Baudelaire et en quoi il est moderne ; la preuve : nos réactions ? J'ai trouvé passionnante l'étude du rapport de Baudelaire au texte imprimé et la valeur de l'expressivité que l'impression apporte : ses corrections sont jusqu'au bout innombrables et on voit dans l'exposition les épreuves maculées à la Proust.
Je suis aussi allée en touriste à un colloque à la BNF sur Baudelaire (avec le folkore du colloque sur la météo dans le récit d'Audeguy que nous avons lu la dernière fois...) : le commissaire a présenté brillamment l'exposition que j'ai trouvée fatiguante, très littéraire certes - avec son prologue, son épilogue - (trop) raffinée (j'ai pu découvrir tous les échos que la néophyte ne peut soupçonner) : concrètement, il y a trop à lire, tout petit, trop de livres dans des vitrines (ah oui c'est un poète) :
Jacqueline est restée 2 h, Etienne 3 h, pas moi ! Ce qui m'a épatée, c'est de découvrir sur un extrait de journal, La Presse en l'occurrence, des poèmes en prose, car ils furent publiés en feuilleton... :

Au musée d'Orsay, l'expo de Marlene Dumas, révélation pour Rozenn, a des tableaux que j'ai trouvés très forts (en regard du poème "Le Joujou du pauvre" par exemple). Et j'ai beaucoup aimé la salle consacrée à Constantin Guys, pour Baudelaire "peintre de la vie moderne", avec par exemple ce magnifique lavis d'un équipage au Bois de Boulogne qui donne lieu à un poème en prose de Baudelaire.
Pour en revenir à la lecture même de Baudelaire, j'avais découvert avec le livre de Shumona Sinha Assommons les pauvres ! le poème en prose ainsi intitulé ; aux qualités de Baudelaire ajoutons l'humour très très noir (Claire lit un extrait gore du dit poème).
Tout le monde aime Baudelaire. Eh bien non, voici le célèbre Christophe André qui explique pourquoi il ne l'aime pas dans la Grande Librairie ici.
Et pour finir, et toujours à côté de la plaque, je suis allée voir ce que disait le Lagarde et Michard : 25 pages sur Baudelaire et Les Fleurs du Mal, tous très bien choisis, et une seule page sur les Petits poèmes en prose... J'ouvre en grand Lagarde et Michard...

Annick L
Comme Rozenn et Fanny, j'ai, moi aussi, été dégoûtée par le décorticage des textes littéraires, et surtout de la poésie, par certains profs de français. Mais j'ai eu aussi une enseignante formidable en première qui, un beau matin, nous a lu Le bateau ivre, et ce fut une révélation.
Il me semble que l'exposition de la BNF est très érudite, d'après les commentaires de spécialistes mis en ligne par Claire. J'ai bien envie, tout de même, d'aller la voir. J'ai préféré ce que propose la chaîne youtube du Musée d'Orsay : j'ai pris un grand plaisir à écouter, les yeux fermés, des personnalités très différentes lire chacune un poème. La poésie s'apprécie tellement mieux quand elle est lue à voix haute
Baudelaire et Rimbaud ont été des révélations quand j'étais jeune : ce furent mes premières références. J'aime vraiment la poésie. Oui Baudelaire était sans doute un homme détestable, misanthrope et misogyne, et il n'est pas le seul, je pense à Flaubert par exemple, qui n'était pas un bonhomme très sympathique non plus. Mais cette dimension personnelle ne m'intéresse pas. Quand j'ai relu, pour notre soirée, les textes de Baudelaire, j'ai retrouvé la même émotion - sa poésie m'emmène ailleurs. Me souvenir de tous ces vers qui m'avaient tant marquée, comme un trésor enfoui, m'a procuré une grande jouissance. La musique de cette langue et les images qu'elle fait surgir, par exemple dans "L'Albatros", continuent à résonner en moi, avec force. Les poèmes en prose sont d'une plus grande modernité dans leur forme, mais ça ne me touche pas autant. Même si certaines scènes sont croquées de façon saisissante : l'apparition d'une femme au coin d'une rue ou les deux enfants face à face dans "Le Joujou du pauvre". Une puissance du trait que je ne retrouve pas dans la poésie de Verlaine, à la tonalité plus assourdie.

Fanny
Il nous embarque : "Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme" : avec son "tu", il nous prend, nous englobe.

Annick
Oui, ça fonctionne toujours...

Nous en profitons pour nous rappeler que Monique S attend nos réactions ICI à sa première proposition de poésie contemporaine. À votre clavier ! Même pour une phrase !

Monique S (après la séance)
J'ai lu vos avis sur Baudelaire. J'aurais aimé me joindre à vous, mais trop de choses... J'adore Baudelaire : une œuvre magistrale, encore très actuelle, car si innovante en poésie.
Je voudrais juste ajouter quelques éléments, qui selon moi n'ont pas encore été assez étudiés sur l'œuvre de Baudelaire, c'est l'impact sur son inspiration poétique de son voyage à la Réunion - en punition : beaucoup de ces "paysages" ne sont pas que rêves, mais souvenirs (voir ici en vidéo des détails à la Réunion).
Par ailleurs, ce voyage a eu une énorme influence sur ses goûts amoureux et érotiques. Et il a osé vivre au 19e siècle avec une femme "noire", ce qui était aussi révolutionnaire sur le plan social, que d'écrire Les Fleurs du mal. Sa relation avec Jeanne Duval fut une longue relation d'amour très mouvementée. On peut penser qu'il y avait à cela des raisons psychologiques personnelles, mais aussi sûrement des raisons sociologiques. Baudelaire a eu beaucoup de mal à faire rentrer Jeanne dans les salon de l'époque ; elle intéressait pas contre les artistes, comme Manet qui l'a peinte dans un de ses tableaux les plus connus.
Quand je suis allée à la Réunion, j'ai été saisie et j'ai compris comment cette île avait pu bouleverser la représentation du monde de Baudelaire. J'ai eu l'occasion de donner à la revue Les Cahiers du Sens en 2017 mes notes de voyage (texte "Là-bas").

Claire
Etienne qui a vécu à la Réunion doit avoir des souvenirs aussi... Quant au tableau de Manet représentant Jeanne Duval, il fait la couverture d'un des livres d'Angela Carter que nous lisons pour la prochaine fois... Et à Orsay, dans l'expo Constantin Guys, il y a deux portraits de Jeanne Duval faits par lui et un autre par Baudelaire lui-même...
  


Avis du groupe breton réuni le 20 janvier 2022

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Brigitte T
Chantal ÉdithLaurenceMarie-Odile Marie-Thé


Édith
Charles Baudelaire…, je ne peux qu'ouvrir en grand.
Je ne possède que Le Spleen en belle édition. Je n'ai pas voulu acheter Les Fleurs du mal… donc, j'ai beaucoup utilisé internet. J'ai eu, de ce fait, le plaisir du texte lu par des voix (j'ai préféré les voix masculines) dont le rythme faisait entendre le texte dans son rythme, sa sonorité, la force du propos celle des mots choisis qui choquent ou ravissent faisant images et frappent l'oreille la vue et parfois l'odorat.
Nombreux sont les possibles de recherche grâce à internet et je ne m'en suis pas privée : écoute d'un cours magistral sur les Fleurs du mal d'Agnès Spiquel très éclairant et répondant aussi au livre de Jean Teulé.
Me revoilà devenue scolaire dans ma démarche. Et alors ?
Ma sensibilité au texte fut totale et je ne suis jamais heurtée par le morbide, ni le laid, ni encore le vocabulaire… Assassin, charogne, ivrogne : l'obsession de la mort présente dans nombre de ses poèmes est portée par la poésie des mots et leur agencement. Le voyage et le rêve qu'il soutient, l'amour passion, la fusion des corps, même s'il y a trahison de la femme presque toujours… À ce sujet, ayant relu avec un plaisir intact le livre de Jean Teulé, je rencontre Jeanne Duval plus présente que jamais, ses deux autres égéries moins présentes et peut être plus "présentables". En effet, La description donnée par Jean Teulé est particulièrement réaliste et crue… - je suppose que sa documentation est sérieuse.
De fait, le désir peut-il naitre du laid, du sale, du vil, de la crasse, de la déchéance ? Dans la biographie que Jean Teulé nous présente, ces thèmes sont constants et la provocation - méthode choisie même "cultivée" par Baudelaire pour s'adresser à ses semblables - est souvent choisie par ce dernier.
Je découvre l'intransigeance de Baudelaire par rapport à son œuvre et son accord long et difficile pour l'édition chez Poulet-Malassis.
J'ajoute que la forme d'écriture - y compris son humour et souvent la trivialité de Jean Teulé - me plaît. Cette forme me convient et augmente pour moi le plaisir de la découverte d'un autre Baudelaire que celui "scolaire" admis trop facilement, car jamais remis en cause pour moi. Il est vrai que je ne prends plus la peine de lire Baudelaire depuis ce moment choisi par Voix au chapitre.
Je sais que les auteurs tels que Jean Genet me plaisent. Leur rapport au mal et à la jouissance du mal, en lien avec le beau et le sublime qui en résultent…, font littérature.
Je ne me souvenais pas dans mes très lointaines lectures que les rimes étaient aussi belles et "berceuses".
J'attends une rencontre de textes lus et pour avoir essayé seule à lire à haute voix, je réalise la difficulté de l'exercice.
Enfin j'ai eu plaisir à croiser, par le récit de Jean Teulé, les écrivains peintres qui étaient son voisinage !
Marie-Odile    
J'ai choisi de revenir vers Le Spleen de Paris et me suis autorisée à relire dans le désordre et même de façon incomplète cette succession de tableaux souvent pittoresques, de scènes réalistes, de fables, de contes, de petits dialogues ou de réflexions ...
J'ai noté une grande capacité d'observation, un intérêt récurrent pour le marginal, le paria, la femme, l'enfant, le pauvre, l'exclu, l'artiste. Le texte se construit souvent sur une opposition parlante (entre le riche /le pauvre : "Le joujou du pauvre", la fête /le rejet : "Le vieux saltimbanque")
Mais j'ai aimé aussi la dimension exotique, sensuelle de "L'invitation au voyage", de "La belle Dorothée" dont la chute ramène à une dure réalité. L'ailleurs affleure souvent comme une élévation consolatrice : "L'Étranger" aime avant tout les nuages qui passent. Quant à la vie aperçue derrière "Les fenêtres" elle permet de refaire une histoire, une légende, de vivre et de souffrir dans d'autres que soi-même. Et qu'importe que la légende soit vraie ou fausse "si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis". Bienfait de la littérature.
J'ai apprécié le rythme, le balancement, la musique des phrases, le caractère poétique de la prose, le fait de décloisonner ces deux genres. Toujours le texte m'a semblé beau, inusable à la lecture et à la relecture. Derrière "Enivrez-vous de vin, de poésie ou de vertu à votre guise" j'entends Pierre Michon proclamer "Je me shoote aux phrases". Plaisir de la littérature !
Je ne sais pas comment l'ouvrir. C'est difficile. ¾ ?

Chantal
(le lendemain de la séance) Voici mon compte rendu... si l'on peut dire…
Le titre "Les fleurs du mal" n'est pas de lui, mais serait d'un ami journaliste ; lui pensait "limbes"... mais quelle trouvaille !
Que choisir ? Parmi toutes ces fleurs, je choisis celles qui me font rêver, qui m'emmènent… "L'albatros" de mon collège ? "L'invitation au voyage" bien sûr, "À une passante"... et, tirés des Petits poèmes en prose : "Enivrez-vous" et "Les yeux des pauvres". Mais j'ai lu aussi les poèmes qui - disait La Revue des deux mondes - sont "de la poésie de charnier et d'abattoir"… pourtant si belle !
J'ai eu le tort (ou pas - une discussion a eu lieu sur ce sujet) de lire sa vie : ne faudrait-il pas s'empêcher de connaître la vie des auteurs, ne connaître que leur création ? Mais comment dissocier la création et la vie ?...
Les quatrains, les tercets, la prose... : pas d'analyses scolaires ! Ici, c'est la magie, l'enchantement par les mots qui nous portent…, son long travail de recherche, qu'il a théorisé, des "correspondances" - "les parfums, les couleurs et les sons se répondent" -, c'est cela l'alchimie qui transforme les mots en or, en rêve, en voyages…
Et si ses poèmes nous font sortir de notre condition terrestre, de l'horrible ennui, du Temps, c'est que le poète transmute tout en Beauté. De l'horreur de la charogne que nous serons, il insiste pour bien nous le faire comprendre, qu'il décrit de façon terrible, il nous fait voir "ces joies divines et enivrantes qu'à travers la poésie ou à travers la musique nous ne faisons qu'entrevoir par échappées rapides et confuses"…
Je termine par ce que je considère être un programme de vie, "Enivrez-vous" : "Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous."
S'en souvenir régulièrement, encore plus en ces moments bizarres...
Et comme les autres participantes hier, impossible d'imaginer une "ouverture" de cette œuvre-monument !!
Marie-Thé
Charles Baudelaire, son œuvre, sa vie : pour tout ce que je connais de Baudelaire (je ne connais pas tout, évidemment), j'ouvre en grand. Il représente pour moi un monument de notre littérature, un génie.
Par où commencer ? Je suis allée glaner ici et là... Et j'ai envie de partager cela, tout simplement : "J'ai trouvé la définition du Beau, de mon Beau (...) un visage de femme (...) une tête qui fait rêver à la fois (...) de volupté et de tristesse" (Fusées).
"Il y a dans le mot quelque chose de sacré qui nous interdit de jouer avec lui au jeu du hasard. (...) Maîtriser par l'art une langue, c'est en quelque sorte user du charme du magicien."
J'ai été surprise dans une lettre adressée à Fernand Desnoyers, de découvrir que Baudelaire n'aime pas le naturel, l'homme doit apporter sa pierre à la création. "Je ne croirai jamais que l'âme des Dieux habite dans les plantes, et quand même elle y habiterait, je m'en soucierais médiocrement, et considérerais la mienne comme d'un plus haut prix que celle des légumes sanctifiés."
Pour moi sont mêlés bien sûr l'homme et l'œuvre. Et j'aime les deux. Baudelaire est un auteur chrétien (mais qui s'en prend à l'Église), à qui on pourrait attribuer cette parole d'évangile : "Tout ce que vous faites au plus petit d' entre les m
iens, c'est à moi que vous le faites."
Plein d'empathie pour ceux qui sont en marge de la société, s'identifiant par exemple aux chiffonniers dans "Le vin des chiffonniers." Ou s'adressant à celle qui rêve d'un Eldorado depuis les mers du sud dans le beau poème "À une Malabaraise" du recueil "Les Épaves". Très actuel...
Je retiens encore des propos blasphématoires dans "Abel et Caïn" ou :
"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
"
Si j'ai été effrayée en lisant "Une charogne", j'ai été éblouie par "Les phares" : j'ai aimé y rencontrer Baudelaire mettant en poésie des œuvres de peintres aimés : Delacroix, Rubens, Watteau, Goya, etc.
Importantes pour moi, sont les correspondances chez Baudelaire : entre ici-bas et le monde de l'esprit ; et correspondances entre les sens. Et encore : observation, imagination, faculté de construire des images, et importance du travail...
Les fleurs du mal : les fleurs que l'on tire du mal grâce au travail. Des paradis perdus de l'enfance aux paradis artificiels, souffrance et création chez l'auteur des Fleurs du mal, du Spleen de Paris...
J'oubliais, j'ai été effarée de lire ce que dit Baudelaire de George Sand... Mais mon admiration pour lui et George Sand reste intacte.

Laurence
Voici malgré tout le produit d'une insomnie post Teulé :
C'est l'histoire d'un mec..., une histoire émouvante d'un enfant mal aimé par une mère qu'il adore d'une passion sensuelle.
Il vivra cette passion à l'envers, s'échinant à cultiver le mal auprès de créatures autant blessées que lui. Son suicide permanent modèle sa créativité et, curieusement, lui permet de vivre. C 'est l'histoire d'un brillant naufrage.
Rien à voir avec ce spleen dont je garde le souvenir de mes lectures de jeunesse.
Et pourtant la découverte de cette dépravation ne m'empêche pas de voler...
Brigitte (avis transmis)
Quel plaisir de faire un "plongeon" dans le XIXe siècle pour redécouvrir ou je dirais plus exactement pour découvrir Charles Baudelaire. Dans les années 75, j'ai bien "étudié Baudelaire" au lycée selon la formule consacrée, mais... peu retenu. Je me demande d'ailleurs ce qui nous était raconté de la vie de ce génie de la littérature : uniquement le poète parisien ? Ses frasques, sa sensualité, ses blasphèmes, ses démons, nous étaient-ils cachés ? J'ai noté qu'aujourd'hui il est enseigné dans les universités aux USA, en Italie, en Grande-Bretagne...
J'ai retrouvé dans ma bibliothèque Le Spleen de Paris : petits poèmes en prose ; un de ses ouvrages posthumes. J'en ai relu une partie.
Dès les premières lectures, j'ai voulu connaître la vie de ce "grand" écrivain (4 podcasts sur France Culture ICI) : un enfant éveillé à la beauté par son père ; orphelin de son père très jeune aimant sa mère tout au long de sa courte vie, mais avec des relations complexes et souvent conflictuelles ; enfant à fort potentiel, il se perd dans l'éducation qui lui est imposée sous l'influence de son beau-père le général Aupick ; il souffre de culpabilité ; dès son adolescence, il aime surprendre et devient dandy, mystique. Incapable de gérer sa fortune, il s'endette et sombre dans la pauvreté sans quitter sa ville : Paris. Il fréquente des journalistes, des éditeurs, des écrivains, des peintres ; il sera le plus souvent incompris, mal aimé. Il aime les débats d'idées et participe dans la rue à la Révolution de 1848 pour abattre la monarchie. Il rejette la bourgeoisie. Il ne s'aime pas ? Il aime les femmes : ses maîtresses dont des prostituées sont nombreuses et il souffre d'ailleurs très jeune de la syphilis, mal qui l'emportera et qui, pour soulager ses souffrances, le conduira à utiliser des drogues aux vertus antidépressives et antalgiques. Jeanne Duval, Vénus noire peinte par Renoir, sera son grand amour, mais amours tumultueuses, chacun menant une vie trépidante.
Après l'écoute des podcasts de France Culture, j'ai pu mieux comprendre le portrait original qu'en a fait Jean Teulé dans son ouvrage : Crénom Baudelaire (ICI sur France Culture).
Du Spleen de Paris, je retiens trois poèmes et je vous livre modestement ce que cette lecture m'inspire :
- "L'Étranger" : j'y vois le portrait de Baudelaire, sinistre homme qui ne s'aime pas, révolté, perdu dans sa solitude. "J'aime les nuages...qui passent..." : est-ce qu'écrire le fait rêver ? Est-ce que sa pauvreté qui le conduit de mansarde en mansarde, donc au plus près des nuages, l'aide à écrire ses poèmes ?
- Un hémisphère dans une chevelure : plénitude, nostalgie et bonheur. Baudelaire rêve et voyage grâce à la chevelure sensuelle de sa maîtresse exotique Jeanne Duval ?
- Le chien et le flacon : drôle et réaliste. Colère de l'écrivain dont certains textes sont rejetés voire interdits ?
Pour terminer, je vous conseillerais de vous laisser envoûter en écoutant l'interprétation sensuelle de Serge Gainsbourg du poème "Le serpent qui danse" (ICI) et de vous laisser envahir par le rythme de la musique qui égrène le temps qui passe un vendredi 13 en écoutant l'interprétation par Jean-Louis Murat pour le poème "L'examen de minuit" (ICI).


Avis du nouveau groupe parisien réuni le 28 janvier 2022

Cliquez pour savoir comment ont réagi
Audrey David Jean-Paul
Margot Medhi Monique M
Nathalie BOlivier

 

Françoise
Je n'ai rien lu pour ce soir. Je me suis appuyée sur la théorie et la connaissance des poèmes étudiés en première. Je mets Baudelaire en lien avec Verlaine, Apollinaire, Rimbaud, même s'ils ne sont pas de la même époque. Mon hypothèse est que ce sont des poèmes qui mâchonnent et ressassent toujours la même chose. Très pessimistes sur la condition humaine. Mon favori est Rimbaud, il court ce poète, un éternel essoufflé qui raconte ce qu'il a vu ou pas. Avec une fraîcheur d'enfant. Ses poèmes sont un émerveillement. Toujours plein de conscience et de ressenti mais toujours nouveau et jamais pesant. Baudelaire demeure pour moi l'antipoésie.
Audrey (Le Spleen de Paris : petits poèmes en prose)
Ces poèmes ont été plein de surprise. J'avais une vieille image patrimoniale de poète maudit, mal aimable et souffrant, sorte de dandy misanthrope. Or cette image tient aux Fleurs du mal. Toujours donc cette image d'un homme toujours contre quelque chose, pas très moderne, installé dans la bien-pensance, et sulfureux, en somme toujours associé à la noirceur. Avec les petits poèmes en prose, je me suis laissée happée par une hypersensibilité du regard sur la vie quotidienne. Un regard posé avec douceur, une rêverie, et de la beauté partout avec une empathie et beaucoup de place accordée à la peinture sociale, j'ai découvert un poète qui aime les gens : la veuve, le pauvre, le vieillard, la solitude, le temps qui passe, avec une immense tendresse. Avec toutefois, toujours un point de bascule : l'ambiance de rêverie, de bien-être, bascule avec un événement vers la douleur et la souffrance. Baudelaire, c'est la poésie du contraste et de l'ambivalence. Un regard personnel qui me fait faire un pas de côté, une invitation au voyage ou comment regarder la vie quotidienne. J'ouvre en grand.

Audrey lit "Le désespoir de la vieille". Medhi qui a également choisi cet ouvrage avait élu le même texte à lire.

Medhi (Le Spleen de Paris : petits poèmes en prose)
J'avais prévu aussi de vous lire "Le désespoir de la vieille". J'ai partagé la même lecture de poésie en prose et j'ai apprécié son aspect ultra-ancré dans la réalité. Davantage que dans la poésie classique, les poèmes en prose de Baudelaire ont une forme qui fait sens avec le réel, simple à appréhender. Elle sonne juste et porte plein d'espoir, tout le temps, en lien avec la simplicité même de la prose. Et elle se différencie justement et volontairement par rapport à Rimbaud dont la poésie est compliquée et demande des efforts pour la comprendre. Des poèmes dont la précision, les détails font entrer le lecteur dans le réel. Livre ouvert en très grand

Audrey et Medhi partagent le principe de la peinture impressionniste du détail et l'amour du sujet et du modèle sur lesquels le regard de l'artiste se projette et qui fait la force de l'écriture.
Olivier (Le Spleen de Paris : petits poèmes en prose)
Je me demande ce qui différencie dans sa définition la poésie de la prose. J'avoue ne pas comprendre, car en lisant Tolstoï ou Dostoïevski, je trouve des pages aussi poétiques que celles-ci. Certes la poésie est caractérisée par les rimes, des harmonies et toute une codification de la forme, du sonnet à l'alexandrin. J'ouvre en très grand ce livre

Monique
Le contraire de la prose n'est pas la poésie, le contraire ce sont les vers, une forme d'écriture si particulière.
Jean-Paul (Les Fleurs du mal)
On parle souvent de ressenti très contradictoire avec Baudelaire, notamment face à ses dualités. Moi j'ai un troisième avis, lié à la fois à mes propres souvenirs de lectures et également à certaines émissions de France Culture sur le sujet. Le titre même montre que le poète est torturé. Ce n'est ni sympathique, ni antipathique. Baudelaire est un croyant et toujours en dualité. Chez Baudelaire, il y a toujours un mot qui barre et efface le précédent, qui casse tout ce qui vient d'être dit. Il ne peut scinder le bien et le mal, cela marche ensemble. Par exemple parlant d'une femme qui lui plait, il écrit : "de ses traîtres yeux". Il a une philosophie de l'invitation au voyage, mais reste prisonnier de cette dualité permanente. Les Fleurs du mal ont été écrites en deux fois, 16 ou 6 poèmes ont été censurés et il en a rajouté alors 25 nouveaux. Ce qui m'étonne aussi, c'est que l'on parle de style "ampoulé" à son sujet, alors que c'est tout de même un poète qui a écrit les plus petits poèmes, dans une concision extrême, il invente les tweets poétiques.
Olivier
Je n'entends rien à la poésie et je suis content de venir ce soir car je me disais que ça m'ouvrirait des portes. Au collège en 4e, un prof me disait des vers de Hugo, puis il y a eu Yves Montand chantant Apollinaire. Et puis à 16 ans, c'est dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire je cherchais quelque chose d'émoustillant. Et puis il y a eu les vers sublimes "demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne" de Hugo... jusqu'aux larmes. Ce que je cherchais dans la poésie, c'est cette émotion qui vient du cœur comme en peinture. Puis je me suis replongé dans la poésie pour cultiver ma mémoire : j'ai appris des poèmes de Baudelaire, "L'Albatros" etc. et mon père me citait Baudelaire aussi. Tout ça m'a touché et puis j'ai continué à vivre. Ensuite il y a eu les haïku : trois phrases courtes et on peut aller fumer une cigarette, c'est simple. J'aime bien les choses courtes où tu n'as pas besoin de comprendre la phrase. Je me sens comme un béotien, je n'arrive pas à rentrer dans la subtilité des émotions. Je préfère quand c'est plus basique : Lamartine, etc., c'était sympa la rime. Racine j'adore, les alexandrins, ça ne me fait pas voyager mais j'aime cette musique. Sur une île déserte je ne prendrai pas Les Fleurs du mal. J'ouvre à moitié

David
Je l'ai peu lu. J'ai pioché au hasard dans différents textes et comme Olivier, je trouve que l'appellation de poésie ouvre débat, concernant les textes en prose en particulier. J'ai cherché autre chose que les textes plus connus. Souvent je passe devant un mur où est inscrit "Le bateau ivre" et je ne retrouve pas cet esprit du tout dans Baudelaire qui m'emmène beaucoup moins loin que ce poème de Rimbaud qui me faisait voyager. Baudelaire ramène à la condition de terriens entre contemplation de beautés magnifiques et angoissantes. Est-on à l'aise avec l'esthétique la plus parfaite ? Pas toujours. Ses poèmes traduisent cette ambivalence, c'est beau mais plombé. Aujourd'hui je cherche quelque chose qui m'emmènerait ailleurs. Baudelaire me laisse un peu froid. Dans le film La grande et Bellezza, il y a un personnage qui trouve tout fade et voit les choses avec détachement ; je ressens ce détachement face aux œuvres de Baudelaire - même si je sais combien sont importants ses textes dans l'histoire des œuvres littéraires et poétiques. La réception de ces œuvres est aussi liée à un ce moment de ma vie, à mon état d'esprit et ma disponibilité, etc. Il est probable qu'à une autre période, j'aurais lu ces poèmes différemment. J'ai été plus sensible finalement à la poésie de Houellebecq. Là je reste un peu sur ma faim. Doit-on forcément être ramenés à une langue classique ? L'émancipation de la pensée est liée à son temps... et d'ailleurs, dans l'observation de son monde, Baudelaire, par cette démarche, me touche. Je vois quelque chose de plus contemporain dans cette démarche.
Audrey
Première réaction : la surprise. J'ai lu Les Petits poèmes en prose. Et n'ai pas du tout trouvé dans ces textes la figure que j'avais gardée de lointaine date et probablement très caricaturale de Baudelaire : à savoir le poète maudit misanthrope, arrogant, hautain, très noir, très sombre.
J'ai trouvé autre chose à travers ces saynètes ou petites peintures sociales ; j'ai découvert plutôt un regard extrêmement sensible et touchant, par ses contradictions, ses ambivalences et dualités.
Dans tous les textes quasiment on trouve, ce que j'appellerais des "bascules"... en une phrase souvent même en un mot, Baudelaire nous fait passer, tomber, BASCULER, de... l'extase, la légèreté, la rêverie, la douceur, la beauté,,le bien-être, le temps suspendu, l'adoration, l'amour... à, brutalement : la chute, la misère, la désolation, la solitude, la traîtrise, au temps qui s'écoule, qui file... Dans ces Petits poèmes, il est énormément question de pauvreté, de solitude, de souffrance, d'amour de grandeur, de rêve, avec une obsession du temps qui revient de manière répétitive. Ces poèmes racontent pour la plupart le regard empathique du poète sur les hommes et les femmes qui passent à travers le temps et de la ville, devant ses yeux. Tombe- t-on parfois un peu dans la sensiblerie ? Peut-être. Souvent néanmoins, les "bascules" que j'évoquais, mais aussi un regard acéré, qui n'exclut pas la méchanceté (nécessaire, intéressante ou expérimentale ?), évite cet écueil...
J'étais certainement très disposée à lire ce type de texte à ce moment-là. J'ai adoré cette proposition du poète à regarder le quotidien sous un biais poétique ; de la même manière, je pense à ces expositions de peintures qui m'ont m'invitée à poser, de retour dans la vie extérieure, un regard complètement différent sur la lumière, sur la nature, les visages etc. ; pour moi, Baudelaire dans ces textes-là nous propose une invitation au voyage dans la vie EN poète.
Comme il écrit, c'est un appel à "s'enivrer de poésie". Comme il le dit également dans "Les fenêtres", un texte dans lequel il décrit à travers une fenêtre une femme dans la vie et dans la tête de laquelle il se plonge, peu importe si ce qu'il imagine est vrai. Il écrit "qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis". Là encore, je ferais le parallèle avec la peinture : peu importe souvent si la peinture a ces précisons et ses détails ou son rapport fidèles au réel. Comptent l'émotion que nous donne le peintre, le choix de son sujet, l'amour qu'il porte à son modèle, et la part de vie du peintre qui s'y trouve. Ces textes sont par ailleurs tellement accessibles - plus que le sont ceux en vers - ; ils sont une invitation universelle à explorer la vie quotidienne avec un œil éveillé, à faire sien l'émerveillement poétique qui permet d'accepter mieux peut-être la dureté, la misère et la souffrance.
Margot
Les Fleurs du Mal m'ont nourrie très jeune (classe de 5e), j'étais sensible à leur violence. Qui plus est, leur lecture était interdite par les sœurs , et je les lisais à la lueur d'une lampe de poche. Pour lire autre chose que les Fleurs du Mal, j'ai entrepris de lire "De l'essence du rire". Baudelaire n'étant pas a priori un personnage drôle, cela titillait ma curiosité. Je me suis lassée au bout de 50 pages. Je rejoins Jean-Paul sur la dualité de Baudelaire. Presque par provocation ou facilité, il ne cesse de jouer sur l'inversion du bien et du mal : pétri de christianisme, poète crucifié, architectures sombres, paradis/enfer. C'est rude ! Son essai envisage le rire vu sous le prisme de la caricature, et notamment il se centre sur la présence du beau dans la laideur (c'est ici le contraste qui réveille le rire. Mais quel rire !, il s'agit d'un rire humain, qui échappe à la création du Divin). L'humour de Baudelaire est très cérébral et sa démonstration libre de toute rigueur. Il s'appuie d'abord sur Bossuet qui avance que "Le sage ne rit qu'en tremblant", et il inverse la proposition pour saisir l'essence de ce rire, ce qui devient alors "seuls les ignorants et fous rient". Le bien et le mal se jouent dans le rire du fou. "Or au paradis, le visage de l'homme était lisse". Ni rire, ni larmes dans le royaume de Dieu. Il en veut pour preuve que si l'ingénue Virginie (de Paul et Virginie) se trouvait à Paris, elle ne ferait pas que voir, elle continuerait à regarder, dépossédée alors de soi et se ferait aussi prendre dans "ce rire qui mord et ces larmes qui séduisent". Toujours dans la dualité et le chiasme, Baudelaire avance que "le rire a un côté démoniaque et reflète l'orgueil des humains". On avance par des axiomes successifs, toujours dans les oppositions complémentaires. Baudelaire puise dans la littérature gothique, où tout est inversé : un peu comme Melmoth de Charles Robert Maturin, ce qui rappelle à l'extrême Rosemary's Baby (de Polanski) ou qui me fait aussi penser à un "Rabelais à l'envers" dont la truculence serait inversée en scalpel.
Nathalie
J'ai lu en alternance "L'Art romantique" de Baudelaire, et les poèmes dans Spleen et Idéal. Je connaissais nombre de ces poèmes, et j'en ai découvert d'autres avec plaisir, comme "Les phares", "Le mauvais moine". Mais dans l'ensemble, je n'avais pas particulièrement la tête à la poésie. Cela m'a laissée assez froide. Sur ses critiques d'art, je suis mitigée. En tout cas, j'en attendais davantage. Ainsi il a une grande admiration pour Delacroix. Il en admire sa passion et son travail sur les couleurs qui pour lui signent son génie. Mais lorsqu'il évoque les peintures murales de Delacroix à Saint-Sulpice, qui sont des œuvres que j'aime infiniment, il écrit quatre pages qui sont pour moi décevantes. J'ai également lu un écrit de jeunesse, une nouvelle, "La Fanfarlo" dont le personnage principal, Samuel Kramer, ressemblerait à l'idée que Baudelaire se fait de lui-même. "Le soleil de la paresse qui resplendit sans cesse au dedans de lui, lui vaporise et lui mange cette moitié de génie dont le ciel l'a doué […] esprit chez qui le paradoxe prenait souvent les proportions de la naïveté, et dont l'imagination était aussi vaste que la solitude et la paresse absolue". Mais là encore, je n'ai pas été éblouie. Certes sa langue est très belle, mais je n'ouvre qu'à moitié.
Monique
Quel voyage merveilleux que de relire Baudelaire ! J'avais d'abord pensé visiter l'exposition de la BNF et puis je suis allée sur le site, extrêmement riche où j'ai appris énormément sur sa vie, son enfance au quartier latin, son père, notable cultivé de 36 ans l'aîné de son épouse, qui le promenait au jardin du Luxembourg en lui faisant admirer les statues ; son beau-père, le père décédé alors que Baudelaire a 6 ans, sa mère a épousé le très sévère colonel Aupick, qui lassé de sa conduite d'étudiant en droit dissipé, l'envoie faire un voyage à Calcutta ; Baudelaire s'arrêtera à la Réunion et l'île Maurice et de retour enfin libre et majeur à Paris, il s'installe dans l'île Saint-Louis où il mène une vie de dandy et dissipe son héritage. Mis sous tutelle, il doit se consacrer à l'écriture pour gagner sa vie. Ainsi naîtront les Fleurs du Mal.
Baudelaire est un génie ; il en avait conscience dès l'enfance, un génie tourmenté et lucide sur la condition humaine ; c'est d'ailleurs ce qui l'intéresse le plus : descendre dans la rue et observer la foule, celle de Paris, là où il vit. Il la regarde avec son regard de poète solitaire et mélancolique ; poète maudit, il a en lui ce qu'il nomme l'exil intérieur, le sentiment d'être à l'écart, incompris, sorte d'ange déchu recherchant dans la poésie et l'art, la beauté salvatrice, forme de rédemption. Baudelaire aime la beauté blessée, la beauté marquée par la chute originelle. Il dit : "Une tête de femme séduisante et belle est une tête qui fait rêver de manière confuse de volupté et de tristesse, qui comporte une idée de mélancolie, de lassitude, même de satiété." Toute l'œuvre est traversée par cette dualité entre le bien et le mal, le beau et le laid, l'animal et le spirituel ; et ce grand écart donne aux sujets de ses poèmes une force, un "regard de voyant" comme le soulignait Rimbaud qui le considérait comme le roi des poètes. Ses vers sont une ode à la nature et au monde, un monde où "les parfums, les couleurs et les sons se répondent" dans des métaphores sublimes : "Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige, ton souvenir en moi luit comme un ostensoir". La blessure du ciel, celle du soleil qui sombre à l'horizon, fait écho à la blessure du poète et plus largement à la blessure humaine. Beauté de l'écriture, j'ai lu que Baudelaire alliait la beauté classique de la forme à la modernité provocatrice du contenu. Cela est très juste, et ce parti pris lié à la puissance d'images insolites et superbes qui surgissent de façon inattendue en font la qualité émotionnelle. "En me penchant vers toi, reine des adorées, je croyais respirer le parfum de ton sang" Et plus loin : "La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison, et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles…". Sa rêverie poétique explore tous les champs qui s'offrent à lui, la foule de Paris, (j'aime particulièrement le poème "A une passante") ; la nature (il parle admirablement de la lune cf. le poème "Tristesses de la lune") ; mais aussi le mal de vivre physique et moral, le sentiment d'angoisse et de finitude qui l'habite profondément, avec la présence permanente du gouffre qu'est la mort ("Réversibilité", "Une charogne", "L'horloge", "Le goût du néant" ("le printemps adorable a perdu son odeur"), "Chant d'automne"…. Tous ces poèmes, je les ai lus en mon adolescence, mais les redécouvrir aujourd'hui plus âgée leur donne une profondeur particulière, une résonance où je me sens encore plus proche et plus sensible à la beauté et la justesse de ses vers.
Il y a aussi le Baudelaire critique d'art, que je n'ai pas lu mais le poème Les phares illustre bien la qualité de son regard : "Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse, oreiller de chair fraiche où l'on ne peut aimer […] ; Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures, et d'un grand crucifix décoré seulement […] ; Goya, cauchemar plein de choses inconnues, de fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats […] " On ne peut mieux décrire l'atmosphère des tableaux de ces peintres.
Ce choix de lecture m'a enchantée et j'ouvre en très très grand.


LES EXPOS SANS SE DÉPLACER

Vous n’avez pas vu l’expo à la BNF ? Vous pouvez regarder l’expo virtuelle : http://expositions.bnf.fr/baudelaire/
Ou, ce qui est moins fatiguant, traversez l'expo et écoutez une interview du commissaire ici sur le site Fineart.

Vous voulez avoir un aperçu de celle de Marlène Dumas à Orsay “Spleen de Paris – Conversations” ? Regardez et écoutez ici sur le site Fineart.
Outre cette exposition, pour célébrer le 200e anniversaire de la naissance de Baudelaire, le musée d'Orsay invite des figures de la création et de la pensée contemporaine à lire, chaque semaine, un de ses textes de leur choix ici sur youtube. On voit et entend aussi bien Salman Rushdie, Patrick Chamoiseau, Amin Maalouf, que Carla Bruni ou Jeff Koons...

LIENS IMPRÉVUS : avec l'auteur lu avant et l'auteure lue après

Nous avons lu pour la séance précédente La théorie des nuages de Stéphane Audeguy.
Impossible à ne pas rapprocher de
L'étranger... ("Qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? J’aime les nuages"…)
On peut même lire un article qui traverse l’œuvre baudelairienne à la recherche des nuages... : "Baudelaire et les nuages : l’image, la forme et l’absolu" d'Alain et Ariette Michel (Nues, nuées, nuages, Presses universitaires de Rennes, 2010).

Et nous lirons pour la séance suivante Angela Carter qui a écrit une nouvelle directement en rapport avec Baudelaire et sa maîtresse Jeanne Duval.
Ce texte, "Vénus noire", est en ligne ici et les poèmes évoqués implicitement dans la nouvelle sont les suivants, à lire en cliquant : Sed non satiata, Les Bijoux, La Chevelure, Le Serpent qui danse, Parfum exotique, Le Chat, Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

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