Lenz
(suivi de Monsieur L… de Jean-Frédéric Oberlin et de Le Dialogue dans la montagne de Paul Celan),
Points, trad. Jean-Pierre Lefebvre, 1988, 96 p.


Quatrième de couverture : Un homme venu de Suisse coupe par la montagne pour rejoindre un village au coeur des Vosges. Il marche jusqu'à la fin du jour, entre dans une maison...Ainsi commence l'histoire vraie d'un dramaturge venu soigner son malade chez un pasteur alsacien, au début de l'hiver 1778. L'un des textes les plus célèbres de la littérature allemande, qui a inspiré de nombreux écrivains et philosophes.
Mort à 23 ans, Georg Büchner (1813-1837) est sans doute le dramaturge romantique allemand le plus célèbre, auteur notamment de Woyzeck.


Rivages poche
, trad. Lou Bruder, 1998, éd. bilingue, 112 p.
Quatrième de couverture : La vie de georges Büchner (1813-1837) fut très brève et marquée par des oeuvres admirables les : woyzeck et la mort de danton qui sont parmi les pièces fondatrices du théâtre moderne.
Ce récit, qui décrit la dérive suicidaire du poète et dramaturge jakob lenz (1751-1792), est dans son genre tout aussi novateur. le dépouillement du style et la rigueur quasi clinique de l'observation y contrastent avec la violence tragique des sentiments.
Büchner qui avait fait des études de médecine, s'est inspiré du journal tenu par le pasteur frédéric oberlin, qui recueillit lenz chez lui durant l'hiver 1778.


Vagabonde
, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, 2003 puis 2009, 128 p., poche 2020, 80 p.
Quatrième de couverture : « Le 20 janvier Lenz traversa la montagne. Les sommets et les hauts flancs de montagnes dans la neige, les vallées vers le bas, une pierraille grise, des surfaces vertes, rochers et sapins. » Au sein même de la nature, la menace couve déjà. Voilà l’itinéraire d’un homme qui s’éloigne, poète aux nerfs saccagés, sujet à de grands troubles psychiques. Sur ce chemin ponctué de rencontres et d’affrontements, nul apaisement ne peut plus être éprouvé. Reste le vertige d’un homme en lutte contre la désagrégation de son esprit.
Tels sont quelques-uns des éléments de ce récit basé sur une histoire réelle, celle du poète et dramaturge Jakob Lenz, ami de jeunesse de Goethe, lors de son passage dans les Vosges. Par le filtre de son imaginaire, Georg Büchner (1813-1837) a fait de la course folle de ce personnage étonnant l’une des histoires les plus troublantes de la littérature universelle.


Solitaires intempestifs, trad. Irène Bonnaud, 2004, 64 p.
Quatrième de couverture
: Il rentra. Mais la nuit passée lui avait laissé une impression terrible. Le monde s’était révélé à lui et il n’était que mouvement et chaos vers un abîme où l’attirait une violence impitoyable. Il fouillait à présent en lui-même. Il mangeait peu ; moitiés de nuit passées en prières et rêves fiévreux. Une poussée violente‚ et puis épuisé‚ abattu ; il gisait dans des larmes brûlantes et puis soudain il sentait une force‚ et il se relevait froid et indifférent‚ il avait l’impression que ses larmes s’étaient changées en glace‚ il en riait.

Lenz / Le Messager hessois / Caton d’Utique, trad. Henri-Alexis Baatsch, Christian Bourgois, 2014, 224 p.

"Le 20 janvier Lenz partit dans la montagne". Ces lignes ne sont pas seulement le commencement du récit que Büchner fit de la folie de Lenz, elles inaugurent aussi une nouvelle ère littéraire. C’est comme si la littérature, descendue de son socle et tournant le dos à l’idéalisme, en était venue aux choses mêmes, à leur obsédante proximité. Ecrit cinquante ans après, à partir de notes laissées par le pasteur Oberlin pendant le séjour qu’en 1778 le poète Lenz fit chez lui, le récit de Büchner suit souffle après souffle la fuite éperdue de Lenz dans la forêt, avec ses accélérations, ses répits. A l’inscription de ce sillage inoubliable s’ajoutent dans ce volume une dissertation de jeunesse de Büchner, Caton d’Utique, le texte du Messager hessois, appel à la révolte destiné au pays de Hesse rédigé avec le pasteur Weidig et enfin, la Correspondance de Büchner avec ses proches.


La Mort de Danton – Léonce et Léna – Woyzeck – Lenz
, trad. Michel Cadot, GF, 1997, 256 p.
Quatrième de couverture : Pamphlétaire et révolutionnaire, dramaturge et nouvelliste, professeur de philosophie et d’anatomie comparée, Büchner s’inscrit dans la tradition du Sturm und Drang, ce mouvement de contestation intellectuelle et sociale auquel appartenaient Goethe, Schiller, Bürger et tant d’autres.
Du drame (La Mort de Danton ; Woyzeck) à la comédie (Léonce et Léna) en passant par la nouvelle (« Lenz »), les textes rassemblés dans ce volume témoignent de la richesse et de la variété de l’œuvre de ce météore de la littérature allemande.

Georg Büchner (1813-1837)
Lenz (publié deux ans après la mort de l'auteur en 1839, première traduction 1889)
Nous avons lu ce livre pendant notre sixième Semaine lecture du 9 au 16 juillet 2022 dans les Hautes-Alpes (voir la présentation ICI).

Les livres lus pendant la semaine
- Samedi : C.-F RAMUZ, La grande peur dans la montagne (Suisse)
- Dimanche : Ludmila OULITSKAÏA, Sonietchka (Russie)
- Lundi : Iván REPILA, Le puits (Espagne)
- Mardi : Amos TUTUOLA, L'ivrogne dans la brousse (Nigéria)
- Mercredi : Georg BÜCHNER, Lenz (Allemagne)
- Jeudi : Claudio MAGRIS, Temps courbe à Krems (Italie)
- Vendredi : David SPECTOR, 7500 € : pastiches politico-littéraires (France)

Et le palmarès ›ici

Nos 22 cotes d'amour

(13 participants à la semaine lecture
et 10 lecteurs à distance)

Laura
Annick AGenevièveJacquelineLisa
Entre et
Etienne
 DanièleEdithMonique L
Entreet CatherineMuriel
 ClaireFanfanFrançoise
Manuela Marie-Thé Renée Rozenn Sabine Séverine
FannyNathalie

Manuel ne sait pas comment ouvrir


DES INFOS AUTOUR DU LIVRE

Repères bio et bibliographiques
De très nombreuses traductions de Lenz
De nombreuses adaptations
Articles
Radio
Portrait


Avis à distance

Nathalie 
J'ai réussi aujourd'hui à lire Lenz qui a pris la suite pour moi du livre de Ramuz que j'ai définitivement adoré. Passer derrière Ramuz est donc une épreuve périlleuse !
Si au tout début des premières pages, j'ai retrouvé l'ambiance de description de la montagne, la suite du récit m'a terriblement ennuyée. J'ai compté les pages pour savoir quand j'allais en être libérée. C'est dire que je suis peu enthousiaste. Cette chronique d'une folie ordinaire et incomprise me laisse de marbre pour plusieurs raisons.
Exceptées les premières pages de descriptions mais qui ne valent de toute façon pas celles de Ramuz, j'ai trouvé lassant l'irruption permanente de personnages sortis de nulle part, retombant dans l'ombre aussi vite qu'ils en étaient sortis. On donne leurs noms comme si le lecteur les connaissait ! Et puis hop ils disparaissent.
Les ruptures dans l'espace me semblent également gêner la lecture. Où se trouve Lenz et pourquoi ?
J'ai trouvé extrêmement ennuyeux la narration et je la ressens comme s'il s'agissait simplement d'une juxtaposition de tableaux sans véritable mise en lumière sur les affres de Lenz.
Il me semble que c'est sa folie reliée à la religion et au paroxysme de sa foi qui m'a agacée le plus. Lenz n'est pas soigné, pas entendu, il se débat comme un pauvre diable dans sa folie destructrice. C'est désespérant. J'aurais aimé lire plutôt des textes écrits de sa main !
Après avoir lu la préface je comprends qu'il a existé et était atteint d'une schizophrénie aiguë. En aucun cas, je trouve que l'écrivain lui a rendu grâce. Si ce texte est autant traduit c'est qu'il a des qualités que je n'ai pas vues ! J'en suis désolée. Peut-être son succès est-il dû à cette bascule (époque) entre un romantisme aigu où l'individu se débat entre Dieu et la nature, cherchant un sens à la vie terrestre et la découverte de la psychiatrie. Quoi qu'il en soit, Il me tarde de passer à autre chose et je vais m'empresser d'abandonner le livre sur le quai. Je vous souhaite une très bonne soirée !
Je ferme en entier.
Marie-Thé 
Comme il m'arrive quelquefois, je pense que Lenz est un grand livre mais je n'aime pas. Petit par la taille, grand par le contenu. Lecture éprouvante, livre sombre. J'ai pensé à Goethe, lu et aimé en plein hiver... J'ai même pensé à Emmanuel Kant, le marcheur. Je n'ai pas envie de m'attarder sur les tourments de Lenz en ce moment. C'est pourtant le rapprochement que je faisais avec Goethe qui m'a attirée vers cette lecture, ça et la première de couverture avec les sapins ! J'ouvre au ¼.
Fanny 
Heureusement ce fut bref !
J'ai d'emblée éprouvé un ennui profond, les atermoiements de Lenz, ses crises mystiques et existentielles ne m'ont pas du tout intéressée, au point que cela m'a rendu insensible au style. Le format pavé d'un bloc avec à peine quelques interruptions plus ou moins bibliques n'ont fait que renforcer cet effet.
Seconde partie : même récit vu par un autre protagoniste. Chouette en principe c'est le type d'exercice de style que j'apprécie. Mais alors là j'ai trouvé que le récit avait une forme purement factuelle qui ne m'a rien apporté de plus à la compréhension du profil de Lenz et de sa folie.
Enfin la dernière partie, et alors là je n'ai rien compris. J'ai tenté d'y voir une vision plus intérieure de la folie de Lenz. Que vient faire le parallèle avec le peuple juif ? Idée d'une même forme de persécution ?
Si j'ai bien lu l'auteur est mort à 23 ans. Je n'ai pas eu le temps d'en lire davantage mais cela me laisse à penser qu'il était sacrément perturbé. Désolée je fais peut-être fausse route étant passée complètement à côté de ce livre.
Je le ferme mais j'ai hâte de lire vos avis notamment les plus enthousiastes.
Monique L 
C'est un journal troublant et touchant d'une dérive inexorable vers la folie. Le récit de Büchner est centré sur l'aggravation de l'état de Lenz durant un séjour censé lui procurer de l'apaisement. Il nous fait ressentir l'évolution de la maladie par sa chronologie au jour le jour.
On suit le basculement du poète dans la folie depuis son mal de vivre et son vague à l'âme du début vers des symptômes de plus en plus alarmants.
Il est souvent question de la luminosité et des sons qui perturbent l'état du malade. Il y a les bruits de la nature : souffles ou grondements, parfois désignés comme des voix. Il y a les voix qu'il entend "Voyez-vous, Monsieur le Pasteur, si au moins je pouvais ne plus entendre cela, je serais sauvé". Dans la cabane, les impressions acoustiques et les divers effets de lumière sont décrits en détail. L'angoisse de Lenz est associée au passage du jour à la nuit.
La parole de Lenz se dégrade avec le temps et devient elliptique et incompréhensible jusqu'aux "Hiéroglyphes".
Les deux moments qui m'ont le plus marquée sont l'épisode de la cabane et celui de sa tentative de ressusciter l'enfant. Après ces deux évènements le délire augmente très sensiblement. On ne peut qu'être touché par les essais de Lenz à se raccrocher à la vie par ses bains glacés nocturnes.
Le style et le rythme du récit se modifient en suivant l'évolution de la maladie. Plus l'état du malade est inquiétant plus la fréquence des observations sur son état augmente et le style s'en ressent.
La conversation avec son ami Kaufmann sur l'art est intéressante car elle permet de comprendre que ce qu'il recherche dans l'art ce n'est pas le beau mais c'est le vivant. Le but authentique d'une œuvre d'art est de produire le "sentiment que ce qui est créé a de la vie", de restituer la vie.
Malgré un côté romantique du récit, sa richesse d'observation et le rôle de la nature environnante, je n'ai pas été vraiment touchée. Le côté religieux et de mortification associée en sont peut-être la cause. J'ouvre à ½.
Etienne, entre et 
Passé le côté un peu suranné, ce livre m’a beaucoup intéressé d’un point de vue médical comme on me l’avait suggéré. C’est une des descriptions "historiques" les plus fidèles que j’ai pu lire d’un trouble psychotique : syndrome dissociatif, hallucinations, tout y est, ça en est poignant et déchirant. Pauvre pasteur, c’était perdu d’avance, il aura quand même essayé… Ouvert entre ¾ et moitié.
Laura 
J'ai eu assez peu
de temps pour lire Lenz, les jours sont passés à une vitesse folle, mais je l'ai terminé malgré ma lecture un peu chaotique. Pour donner un "bref" avis, je dirai que le livre m'a plu, mais qu'une deuxième lecture me serait nécessaire.
J'ai adoré que Büchner aborde cette thématique de la "folie" qui me semble de premier abord plus proche de la dépression. Je n'ai pas trop compris tous les déplacements du personnage, pourquoi il se retrouve d'un coup chez une jeune fille spectrale, ni pourquoi il tente de ressusciter un enfant. Mais il y a ces actions insensées et presque aléatoires qui m'ont plu, tout comme la multiplication de ses personnalités. Car, si Lenz tente à plusieurs reprises de se suicider, toutes ses actions semblent toujours tendre vers un rapatriement de la vie, qui tire son existence des ressentis. Alors, je trouve que le livre de Büchner trouve un écho assez puissant aujourd'hui, alors qu'on nous assomme de livres sur le développement personnel, qu'on nous enjoint à ne pas souffrir, à toujours aller bien : vivre, c'est tout ressentir sans exception, ce qui implique aussi, parfois, la souffrance.
Grand ouvert.
Catherine, entre  et
Je n’ai pas emporté le bouquin. Style très romantique, genre héros tourmenté. Ça m’a rappelé les souffrances du jeune Werther mais en moins bien. Il y a des moments assez drôles quand il n’arrête pas de se jeter dans le baquet d’eau froide en pleine nuit, qu’il se promène vêtu d’un sac et le visage couvert de cendres et qu’il n’arrête pas d’essayer de se suicider. Accessoirement il se prend pour le Christ avec lève-toi et marche, sauf que lui ça ne marche pas... C’est assez divertissant. C’est une belle description clinique d’une
mélancolie délirante.
Plus sérieusement, j’ai bien aimé les premières pages, certaines phrases comme celle-ci : il lui était seulement parfois désagréable de ne pouvoir marcher sur la tête... il y en a d’autres mais je ne les ai pas notées (en plus il fait très chaud ici, j’ai bu pas mal de rosé et j’ai un an de plus, ça n’arrange pas la mémoire).
J’ouvre entre ¼ et ½.
Edith 
Plaisir de la découverte des protagonistes.
J'ai ressenti les affres du dérangement mental de Lenz... L'écriture m'a renvoyée à Ramuz. J'ai eu plaisir à lire les notes concernant ce texte. Moitié ouvert.
Renée
Lenz n'est pas une lecture pour 35 degrés à l'ombre. Ouvert à 25 %.
Séverine
J'étais contente que ce livre soit programmé car ça faisait longtemps que je voulais le lire, sans franchir le pas. À ma première lecture, je me suis dit que parfois il y a certains pas qu'il vaut mieux de pas franchir ! Je ne comprenais pas pourquoi ce livre avait tant de succès, était une référence ! On se moquait de moi ! Ou alors, j'étais vraiment incapable de saisir l'intérêt du livre. Il fallait une explication de texte. Qu'est-ce que c'était que ce truc, ce gars complétement exaspérant, angoissé ? Bipolaire ? En crise mystique ? amoureux malheureux ? Et cet Oberlin qui supporte tous ses caprices ? Bref, un livre heureusement court car je n'aurais pas lu plus, et qui n'avait aucune trame narrative accrochant mon intérêt. Bref, je l'avais fermé avec fracas.
Et puis, je viens de le relire, plusieurs semaines plus tard, pour donner mon avis. Et là, je dois dire que je suis moins radicale : bon, ça n'est pas non plus l'extase, je vais l'ouvrir un quart. Mais je me dis que ce livre a probablement un intérêt "médical" dans sa description d'un malade mental (et aussi probablement des aspirations spirituelles qui m'ont échappé). Vu sous cet angle, il m'agace moins notre Lenz. Et puis il y avait quelques images par-ci par-là pas dénuées d'attrait, comme au début "tout lui paraissait si petit, si près de lui, si mouillé, il aurait bien mis la terre à sécher derrière le poêle". Comme quoi, peut-être que certains livres incompris, ont droit à une seconde chance ;-)

En direct à 2000 m
Il est à préciser que sauf exception nous avions l'édition Points, composée de plusieurs textes, et pourtant de 96 pages seulement... :
- une préface de Jean-Pierre Lefèvre, le traducteur (2007)
- la nouvelle elle-même : Lenz (1835)
-
Monsieur L…
de Jean-Frédéric Oberlin (consulté par Büchner en 1833)
- Le Dialogue dans la montagne de Paul Celan (1959).

Claire 
J'étais très contente de lire ce texte dont l'importance viendrait du fait qu'on y fait référence dans la Kulture. De plus, avec tous ces textes autour, c'était voyage touristique guidé garanti. La préface annonce bien la solennité du moment : lire Lenz, ça vaut la peine...
Une belle description de nature et c'est bien parti.
J'ai ressenti un ennui profond. Le texte d'Oberlin qui suit est sympathique, platement compréhensible. Et Celan, terriblement chiant et obscur. Pour en rester à Lenz, je n'ai vraiment pas réussi à être intéressée, en dépit de mes efforts appliqués pour m'enthousiasmer.
Manuela 
Bien des mots m'ont paru incompréhensibles, Danièle m'a aidée, la langue est trop dense.
C'est pour moi le récit d'une maladie mentale dont on voit bien l'aspect tragique, un rapport médical "littéralisé", avec une peinture du rôle de la religion.
Les descriptions de paysage sont très belles.
J'ouvre un petit quart.

Manuel 
Le début commençait bien. J'ai relu la deuxième page trois fois. J'ai aimé le thème du Wanderer et la mélancolie chronique. C'est un livre qui mériterait de s'y arrêter, car si c'est un texte important, on ne sait pourquoi. Je n'ai pas compris les hiéroglyphes. La préface est intéressante bien que savante. Je n'ose pas l'ouvrir. Je n'ai pas ressenti d'ennui. J'y reviendrai.
Fanfan 
Le début est absolument magnifique. J'ai demandé à Danièle de me le lire en allemand. Au fur et à mesure, j'ai relu des passages deux fois, j'essayais de trouver de l'intérêt, je n'ai pas réussi à accrocher. Il y a peut-être une beauté littéraire que je ne vois pas. Les bondieuseries m'ont ennuyée : lève-toi et marche, fffttt… Il y a une succession de tableaux. Il est fou amoureux et on ne comprend pas. J'ouvre ¼.
Rozenn 
Le début m'a ennuyée, la montagne ne me plaît décidément pas du tout : longues descriptions d'une marche difficile. La lecture n'a pas été agréable. Le dernier texte est pour moi incompréhensible ! Par contre l'histoire réelle et les personnages réels m'ont fascinée.
Lisa
Au début, j'ai été presque émerveillée par la description. Je me suis laissé porter par la phrase à rallonge. J'ai compris de quoi il allait parler et je me suis laissé porter sans tout comprendre.
La préface m'a ensuite éclairée et j'ai davantage aimé. L'écriture est très belle, surtout à l'âge que l'auteur a. Dans la préface, on lit que ce manuscrit n'a pas été retravaillé par l'auteur, comme si c'était un premier jet. C'est d'autant plus impressionnant !
J'ai envie de le relire. C'est très beau. La fin est très belle, j'ouvre aux ¾.
Danièle qui a lu en allemand dans la version bilingue
J'ai trouvé la traduction de Lou Bruder vraiment très réussie. Je connaissais de Büchner Woyzeck, La mort de Danton, plutôt politiques, mais pas Lenz. J'ai lu le livre dans a priori : ce n'est pas la même veine. Il y a cependant des messages politiques entre les lignes. J'ai pensé à Werther. On est dans le Sturm und Drang typique, où on s'éloigne du rationalisme des Lumières (Aufklärung) pour se fier à ses sentiments avec intensité - ce qui a donné le romantisme.
Goethe a fait connaître Lenz, lui qui a vécu plus longtemps. Werther est typique de cette période. Je partais donc dans ce sens... Mais j'ai trouvé ça bizarre quand même… il est fou. Est-ce à dire que Sturm und Drang et mène à la folie ? Je ne me retrouvais pas dans ce que je connaissais.
Ce qui m'a déplu, c'est la religion continuellement évoquée.
Les notes d'Oberlin montrent que ce n'est pas Büchner qui a fini la nouvelle.
Je n'ai pas vu d'aspect politique, il y a une discussion sur l'art, avec une opposition avec Kauffmann, Lenz rejetant l'idéalisme, ça c'est intéressant. Büchner fut un révolutionnaire, avec le mot d'ordre : "Paix aux chaumières, guerre aux palais !"
J'ai donc été perdue. J'ai aimé les descriptions, la fin et je comprends ce que dit Etienne concernant l'aspect clinique. J'ouvre autour de la moitié.
Annick A
J'ai surtout aimé la préface qui commence ainsi :

Un 20 janvier vers la fin d'un siècle passé, à quelques kilomètres du futur camp de concentration du Struthof, un homme venu de Suisse et de la plaine d'Alsace coupe par la montagne pour rejoindre un village de la haute vallée de la Bruche au cœur des Vosges. Il atteint les hauteurs par des chemins noyés dans les brumes. Marche jusqu'à la fin du jour, par des champs de neige qui n'en finissent pas. Jusqu'à la nuit, qui n'est pas encore la nuit de sa définitive solitude. Jusqu'à la nuit encore éclairée par les fenêtres d'un village habité. Entre dans une maison... Parle, enfin, à quelqu'un.

Le livre m'a aussi intéressée du point de vue "psychiatrique". Il vire au délire : qu'est-ce qui fait qu'il y passe ? Il va voir Oberlin, fait un transfert positif par rapport à lui. Trois passages le font basculer : la cabane avec le saint givré, la mort de l'enfant qui s'appelle Frédérique, et il s'enfonce dans la culpabilité. Il ne se prend pas pour le Christ, il faut la ressusciter, mais il est trahi par Dieu (chanson). Il s'éloigne d'Oberlin qui veut le ramener à son père et qui est à côté de la plaque. Le rapport à la nature est lié à son état psychique, la lumière a rapport avec la vie. Il n'écrit plus.
Ce que j'ai appris m'a intéressée, notamment la préface, et m'a enrichie par ailleurs. On est à un moment très politique, où l'art veut s'adresser à la population. J'ouvre aux ¾.
Geneviève
Je suis d'accord avec Annick sur la préface, magnifique. Lire les trois textes à la suite, c'est important. Je fais un parallèle avec le livre d'hier de Tutuola, et le fait qu'il y a deux niveaux de lecture, voire plus. L'édition que j'ai lue (
Points) comprend quatre parties : préface par un universitaire, texte de Büchner qui raconte le séjour de Lenz dans les Vosges, récit du pasteur Oberlin, son hôte, et enfin texte de Paul Celan. Les quatre textes sont complémentaires : la préface de JP Lefebvre est magnifique : elle prend pour centre la date du "20 janvier" : 1778 pour l'arrivée de Lenz chez le pasteur, 1942 pour conférence de Wanzee qui décida de la "solution finale" chez Paul Celan. Chacun des trois récits débute par une arrivée ou un départ. Ce qui m'a passionné dans ces quatre textes, c'est ce qu'ils disent de l'Allemagne au 19ème siècle, du romantisme et des conflits religieux. J'ai trouvé aussi très intéressant le rôle joué par Strasbourg, ville qui représente la liberté d'expression.
Pour ce qui est de l'histoire de Lenz lui-même et de sa folie, la confrontation des points de vue de Büchner et de Oberlin permet d'appréhender les déchirements liés à un monde qui change dans son rapport à l'autorité et surtout à la religion, avec les doutes que cela entraîne. Oberlin lui-même, considéré comme très novateur, met des limites très fermes : pas de blasphème, pas non plus de remise en cause de l'autorité du père.
Les descriptions de la nature dans cette région sauvage sont magnifiques mais je ne me serai pas autant intéressée au texte de Büchner s'il n'avait été aussi bien entouré. C'est pourquoi j'ouvre le texte aux ¾.

Muriel, entre et
J'ai beaucoup aimé les descriptions. J'ai trouvé que les personnages ne sont pas assez étoffés. J'ai dû revenir en arrière à certains moments. La folie, j'en ai eu marre, marre des plongeons dans l'eau en particulier. Il est timbré et c'est alors moins intéressant. Répétitif, un peu chiant. J'ouvre entre ¼ et ½.
Jacqueline
Je l'avais pris en bilingue, ce qui est idiot. Je n'avais donc pas de préface. J'ai beaucoup aimé le début, le parcours dans la montagne. Je m'y voyais mieux que dans Ramuz, même quand il se jette par terre. Je n'avais pas trop compris l'histoire de l'ami commun qui l'envoie chez le pasteur, homme de progrès, sinon comme témoignage de la circulation des idées à cette époque. Autrefois les histoires de folies m'intéressaient particulièrement et puis j'ai dû changer mais c'est quand même autrement intéressant. J'ai lu par petits morceaux, sans vue d'ensemble, puis j'ai repris. C'est assez remarquable : l'auteur est parti des notes d'Oberlin et leur est fidèle. À la fin de mon édition, il y a les biographies de Büchner et de Lenz, ce qui donne des éléments intéressants : le père de Büchner était un admirateur de Napoléon. J'ai mesuré l'influence de la révolution française en Allemagne. J'ai envie de revenir à ce livre comme à un livre de découverte. J'ouvre aux ¾.
Sabine 
J'ai fait une année d'allemand en fac, j'ai lu du Goethe et du Schiller mais c'est tout. J'ai trouvé Lenz beaucoup trop court, sec ; le style ne me plaît pas, pas assez nourri. Je reste sur ma faim. Les moments de folie ne sont pas pour moi assez développés. La fin étrange résonne différemment.
La préface, j'ai beaucoup aimé, avec le rapprochement autour du 20 janvier. J'ouvre au ¼.
Françoise 
Je n'ai pas vu que la préface était une préface… croyant que c'était déjà Lenz ; j'ai eu parfois du mal à la comprendre ; honnêtement ça m'a gavée. J'aurais préféré lire d'abord le texte d'Oberlin, donnant la trame, puis Lenz. Mais en fait, aurais-je plus apprécié ? Pas sûr...
On aurait pu plus s'attacher aux aspects littéraires, dans le passage avec Kaufmann, la peinture hollandaise, loin de la descente aux enfers. Je comprends l'occurrence du 20 janvier mais je n'ai pas lu Celan. J'ouvre ¼, sur la durée on fatigue, je me suis accrochée pour le terminer. Bon mais c'est une découverte en effet.


DES INFOS AUTOUR DU LIVRE

Repères bio et bibliographiques
De très nombreuses traductions de Lenz
De nombreuses adaptations
Articles
Radio
Portrait

BIOGRAPHIE (voir wikipedia et une excellente émission de radio) et ŒUVRES DE BÜCHNER

Mort très jeune (du typhus à 24 ans), il laisse trois pièces, un pamphlet, une nouvelle et une correspondance :
- 1834 : Le Messager hessois, pamphlet, avec Friedrich Ludwig Weidig
- 1835 : La Mort de Danton, pièce
- 1835 : Büchner a traduit cette année-là, de Victor Hugo, Lucrèce Borgia et Marie Tudor, puis s'est lancé dans le projet d’écrire une nouvelle sur Lenz
- 1836 : Léonce et Léna, comédie satirique
- 1837 : Woyzeck, pièce de théâtre (inachevée - Büchner meurt en 1837) en ligne sur wikisource : nombreuses adaptations célèbres à la scène, ainsi que l'opéra d'Alban Berg.
Les éditions du Seuil ont publié
Œuvres complètes. Inédits et lettres, dir. Bernard Lortholary.

DE TRÈS NOMBREUSES TRADUCTIONS
de LENZ

- 1889 : Auguste Dietrich, éd. Louis Westhausser, disponible sur wikisource
- 1946 : Albert Béguin, éd. Fontaine, couverture de Mario Prassinos (voir le livre possédé par André Breton
ici)
- 1974 : Henri-Alexis Baatsch, 10/18, puis en 1985 Christian Bourgois (voir l'article du Monde à sa sortie)
- 1991 : Bernard Kreiss, Jacqueline Chambon (voir l'article du Monde à sa sortie, liant Lenz et Bartleby), puis Le Rouergue
- 1997 : Lionel Richard, Mille et une nuits
- 1998 : Lou Bruder, Payot et Rivages (voir l'article du Monde à sa sortie)
- 2003 : Georges-Arthur Goldschmidt, éd. Vagabonde
- 2004 : Irène Bonnaud, Solitaires intempestifs
- 2007 : Jean-Pierre Lefebvre, Points.

DE NOMBREUSES ADAPTATIONS

Lenz au cinéma
- 1970 : par George Moorse.

Lenz au théâtre avec de nombreuses mises en scène
- 1989 : Dominique Lurcel, Théâtre du chien qui fume, Avignon Off
- 2002 : Matthias Langhoff à la Comédie française
- 2004 : Marie-Paule Trystram à l'Odéon
- 2004 : Gildas Milin, à La Criée de Marseille
- 2004 : Irène Bonnaud au Studio Théâtre de Vitry - extrait
ici
- 2014 : Christophe Collin Théâtre Naldini à Levallois

- 2016 : Cornelia Rainer au Festival d'Avignon
- 2017 : Jacques Osinski au Théâtre des Amandiers - extrait
ici
- 2018 : Simon Delétang, au Théâtre du Peuple - extrait
ici
- 2018 : Anne-Laure Liégeois Lenz de Büchner, Amiens etc.

Et même dansé
- 2002 : Mathilde Monnier au Théâtre de Gennevilliers - extrait
ici

DEUX ARTICLES un peu sérieux...
- d'une psychanalyste : "
Lenz selon Büchner : l'autopsie d'un sinthome", Lucile Charliac, revue Savoirs et clinique, n°15, 2012
- d'une universitaire dans le domaine de la littérature comparée qui plus est petite fille de Claudel : "Images en transit dans le Lenz de Büchner", Marie-Victoire Nantet , revue Romantisme, n°118, 2002.

UNE ÉMISSION DE RADIO
- "Georg Büchner (1813-1837) ou l’autopsie du réel", France Culture, Toute une vie, Jeanne Guérout et Vincent Decque, 6 janvier 2021, 58 min - une émission très intéressante.

UN PORTRAIT pour finir

Portrait présumé de Georg Büchner par Philipp August Joseph Hoffmann, 1833


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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