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Georg
Büchner (1813-1837)
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Les
livres lus pendant la semaine
- Samedi
: C.-F RAMUZ, La grande peur dans la montagne
(Suisse)- Dimanche : Ludmila OULITSKAÏA, Sonietchka (Russie) - Lundi : Iván REPILA, Le puits (Espagne) - Mardi : Amos TUTUOLA, L'ivrogne dans la brousse (Nigéria) - Mercredi : Georg BÜCHNER, Lenz (Allemagne) - Jeudi : Claudio MAGRIS, Temps courbe à Krems (Italie) - Vendredi : David SPECTOR, 7500 € : pastiches politico-littéraires (France) |
(13
participants à la semaine lecture Manuel ne sait pas comment ouvrir |
Repères
bio et bibliographiques |
Avis à distance |
Nathalie
J'ai réussi aujourd'hui à lire Lenz qui a pris la
suite pour moi du livre de Ramuz que j'ai définitivement
adoré. Passer derrière Ramuz est donc une épreuve
périlleuse !
Si au tout début des premières pages, j'ai retrouvé
l'ambiance de description de la montagne, la suite du récit m'a
terriblement ennuyée. J'ai compté les pages pour savoir
quand j'allais en être libérée. C'est dire que je
suis peu enthousiaste. Cette chronique d'une folie ordinaire et incomprise
me laisse de marbre pour plusieurs raisons.
Exceptées les premières pages de descriptions mais qui ne
valent de toute façon pas celles de Ramuz, j'ai trouvé lassant
l'irruption permanente de personnages sortis de nulle part, retombant
dans l'ombre aussi vite qu'ils en étaient sortis. On donne leurs
noms comme si le lecteur les connaissait ! Et puis hop ils disparaissent.
Les ruptures dans l'espace me semblent également gêner la
lecture. Où se trouve Lenz et pourquoi ?
J'ai trouvé extrêmement ennuyeux la narration et je la ressens
comme s'il s'agissait simplement d'une juxtaposition de tableaux sans
véritable mise en lumière sur les affres de Lenz.
Il me semble que c'est sa folie reliée à la religion et
au paroxysme de sa foi qui m'a agacée le plus. Lenz n'est pas soigné,
pas entendu, il se débat comme un pauvre diable dans sa folie destructrice.
C'est désespérant. J'aurais aimé lire plutôt
des textes écrits de sa main !
Après avoir lu la préface je comprends qu'il a existé
et était atteint d'une schizophrénie aiguë. En aucun
cas, je trouve que l'écrivain lui a rendu grâce. Si ce texte
est autant traduit c'est qu'il a des qualités que je n'ai pas vues
! J'en suis désolée. Peut-être son succès est-il
dû à cette bascule (époque) entre un romantisme aigu
où l'individu se débat entre Dieu et la nature, cherchant
un sens à la vie terrestre et la découverte de la psychiatrie.
Quoi qu'il en soit, Il me tarde de passer à autre chose et je vais
m'empresser d'abandonner le livre sur le quai. Je vous souhaite une très
bonne soirée !
Je ferme en entier.
Marie-Thé
Comme il m'arrive quelquefois, je pense que Lenz est un grand livre mais
je n'aime pas. Petit par la taille, grand par le contenu. Lecture éprouvante,
livre sombre. J'ai pensé à Goethe, lu et aimé en
plein hiver... J'ai même pensé à Emmanuel Kant, le
marcheur. Je n'ai pas envie de m'attarder sur les tourments de Lenz en
ce moment. C'est pourtant le rapprochement que je faisais avec Goethe
qui m'a attirée vers cette lecture, ça et la première
de couverture avec les sapins ! J'ouvre au ¼.
Fanny
Heureusement ce fut bref !
J'ai d'emblée éprouvé un ennui profond, les atermoiements
de Lenz, ses crises mystiques et existentielles ne m'ont pas du tout intéressée,
au point que cela m'a rendu insensible au style. Le format pavé
d'un bloc avec à peine quelques interruptions plus ou moins bibliques
n'ont fait que renforcer cet effet.
Seconde partie : même récit vu par un autre protagoniste.
Chouette en principe c'est le type d'exercice de style que j'apprécie.
Mais alors là j'ai trouvé que le récit avait une
forme purement factuelle qui ne m'a rien apporté de plus à
la compréhension du profil de Lenz et de sa folie.
Enfin la dernière partie, et alors là je n'ai rien compris.
J'ai tenté d'y voir une vision plus intérieure de la folie
de Lenz. Que vient faire le parallèle avec le peuple juif ? Idée
d'une même forme de persécution ?
Si j'ai bien lu l'auteur est mort à 23 ans. Je n'ai pas eu le temps
d'en lire davantage mais cela me laisse à penser qu'il était
sacrément perturbé. Désolée je fais peut-être
fausse route étant passée complètement à côté
de ce livre.
Je le ferme mais j'ai hâte de lire vos avis notamment les plus enthousiastes.
Monique L
C'est un journal troublant et touchant d'une dérive inexorable
vers la folie. Le récit de Büchner est centré sur l'aggravation
de l'état de Lenz durant un séjour censé lui procurer
de l'apaisement. Il nous fait ressentir l'évolution de la maladie
par sa chronologie au jour le jour.
On suit le basculement du poète dans la folie depuis son mal de
vivre et son vague à l'âme du début vers des symptômes
de plus en plus alarmants.
Il est souvent question de la luminosité et des sons qui perturbent
l'état du malade. Il y a les bruits de la nature : souffles ou
grondements, parfois désignés comme des voix. Il y a les
voix qu'il entend "Voyez-vous,
Monsieur le Pasteur, si au moins je pouvais ne plus entendre cela, je
serais sauvé". Dans la cabane, les impressions
acoustiques et les divers effets de lumière sont décrits
en détail. L'angoisse de Lenz est associée au passage du
jour à la nuit.
La parole de Lenz se dégrade avec le temps et devient elliptique
et incompréhensible jusqu'aux "Hiéroglyphes".
Les deux moments qui m'ont le plus marquée sont l'épisode
de la cabane et celui de sa tentative de ressusciter l'enfant. Après
ces deux évènements le délire augmente très
sensiblement. On ne peut qu'être touché par les essais de
Lenz à se raccrocher à la vie par ses bains glacés
nocturnes.
Le style et le rythme du récit se modifient en suivant l'évolution
de la maladie. Plus l'état du malade est inquiétant plus
la fréquence des observations sur son état augmente et le
style s'en ressent.
La conversation avec son ami Kaufmann sur l'art est intéressante
car elle permet de comprendre que ce qu'il recherche dans l'art ce n'est
pas le beau mais c'est le vivant. Le but authentique d'une uvre
d'art est de produire le "sentiment
que ce qui est créé a de la vie", de restituer
la vie.
Malgré un côté romantique du récit, sa richesse
d'observation et le rôle de la nature environnante, je n'ai pas
été vraiment touchée. Le côté religieux
et de mortification associée en sont peut-être la cause.
J'ouvre à ½.
Etienne, entre et
Passé le côté un peu suranné, ce livre ma
beaucoup intéressé dun point de vue médical
comme on me lavait suggéré. Cest une des descriptions
"historiques" les plus fidèles que jai pu lire
dun trouble psychotique : syndrome dissociatif, hallucinations,
tout y est, ça en est poignant et déchirant. Pauvre pasteur,
cétait perdu davance, il aura quand même essayé
Ouvert entre ¾ et moitié.
Laura
J'ai eu assez peu de temps pour lire Lenz, les jours sont
passés à une vitesse folle, mais je l'ai terminé
malgré ma lecture un peu chaotique. Pour donner un "bref"
avis, je dirai que le livre m'a plu, mais qu'une deuxième lecture
me serait nécessaire.
J'ai adoré que Büchner aborde cette thématique de la
"folie" qui me semble de premier abord plus proche de la dépression.
Je n'ai pas trop compris tous les déplacements du personnage, pourquoi
il se retrouve d'un coup chez une jeune fille spectrale, ni pourquoi il
tente de ressusciter un enfant. Mais il y a ces actions insensées
et presque aléatoires qui m'ont plu, tout comme la multiplication
de ses personnalités. Car, si Lenz tente à plusieurs reprises
de se suicider, toutes ses actions semblent toujours tendre vers un rapatriement
de la vie, qui tire son existence des ressentis. Alors, je trouve que
le livre de Büchner trouve un écho assez
puissant aujourd'hui, alors qu'on nous assomme de livres sur le développement
personnel, qu'on nous enjoint à ne pas souffrir, à toujours
aller bien : vivre, c'est tout ressentir sans exception, ce qui implique
aussi, parfois, la souffrance.
Grand ouvert.
Catherine, entre
et
Je nai pas emporté le bouquin. Style très romantique,
genre héros tourmenté. Ça ma rappelé
les souffrances du jeune Werther mais en moins bien. Il y a des moments
assez drôles quand il narrête pas de se jeter dans le
baquet deau froide en pleine nuit, quil se promène
vêtu dun sac et le visage couvert de cendres et quil
narrête pas dessayer de se suicider. Accessoirement
il se prend pour le Christ avec lève-toi et marche, sauf
que lui ça ne marche pas... Cest assez divertissant. Cest
une belle description clinique dune mélancolie délirante.
Plus sérieusement, jai bien aimé les premières
pages, certaines phrases comme celle-ci : il lui était seulement
parfois désagréable de ne pouvoir marcher sur la tête...
il y en a dautres mais je ne les ai pas notées (en plus il
fait très chaud ici, jai bu pas mal de rosé et jai
un an de plus, ça narrange pas la mémoire).
Jouvre entre ¼ et ½.
Edith
Plaisir de la découverte des protagonistes.
J'ai ressenti les affres du dérangement mental de Lenz... L'écriture
m'a renvoyée à Ramuz. J'ai eu
plaisir à lire les notes concernant ce texte. Moitié ouvert.
Renée
Lenz n'est pas une lecture pour 35 degrés à l'ombre.
Ouvert à 25 %.
Séverine
J'étais contente que ce livre soit programmé car ça
faisait longtemps que je voulais le lire, sans franchir le pas. À
ma première lecture, je me suis dit que parfois il y a certains
pas qu'il vaut mieux de pas franchir ! Je ne comprenais pas pourquoi
ce livre avait tant de succès, était une référence !
On se moquait de moi ! Ou alors, j'étais vraiment incapable
de saisir l'intérêt du livre. Il fallait une explication
de texte. Qu'est-ce que c'était que ce truc, ce gars complétement
exaspérant, angoissé ? Bipolaire ? En crise mystique ?
amoureux malheureux ? Et cet Oberlin qui supporte tous ses caprices ?
Bref, un livre heureusement court car je n'aurais pas lu plus, et qui
n'avait aucune trame narrative accrochant mon intérêt. Bref,
je l'avais fermé avec fracas.
Et puis, je viens de le relire, plusieurs semaines plus tard, pour donner
mon avis. Et là, je dois dire que je suis moins radicale :
bon, ça n'est pas non plus l'extase, je vais l'ouvrir un quart.
Mais je me dis que ce livre a probablement un intérêt "médical"
dans sa description d'un malade mental (et aussi probablement des aspirations
spirituelles qui m'ont échappé). Vu sous cet angle, il m'agace
moins notre Lenz. Et puis il y avait quelques images par-ci par-là
pas dénuées d'attrait, comme au début "tout
lui paraissait si petit, si près de lui, si mouillé, il
aurait bien mis la terre à sécher derrière le poêle".
Comme quoi, peut-être que certains livres incompris,
ont droit à une seconde chance ;-)
En direct à 2000 m |
Il est à préciser
que sauf exception nous avions l'édition Points,
composée de plusieurs textes, et pourtant de 96 pages seulement... : - une préface de Jean-Pierre Lefèvre, le traducteur (2007) - la nouvelle elle-même : Lenz (1835) - Monsieur L de Jean-Frédéric Oberlin (consulté par Büchner en 1833) - Le Dialogue dans la montagne de Paul Celan (1959). |
Claire
J'étais très contente de lire ce texte dont l'importance
viendrait du fait qu'on y fait référence dans la Kulture.
De plus, avec tous ces textes autour, c'était voyage touristique
guidé garanti. La préface annonce bien la solennité
du moment : lire Lenz, ça vaut la peine...
Une belle description de nature et c'est bien parti.
J'ai ressenti un ennui profond. Le texte d'Oberlin qui suit est sympathique,
platement compréhensible. Et Celan, terriblement chiant et obscur.
Pour en rester à Lenz, je n'ai vraiment pas réussi
à être intéressée, en dépit de mes efforts
appliqués pour m'enthousiasmer.
Manuela
Bien des mots m'ont paru incompréhensibles, Danièle m'a
aidée, la langue est trop dense.
C'est pour moi le récit d'une maladie
mentale dont on voit bien l'aspect tragique, un rapport médical
"littéralisé", avec une peinture du rôle
de la religion.
Les descriptions de paysage sont très belles.
J'ouvre un petit quart.
Manuel
Le début commençait bien. J'ai relu la deuxième page
trois fois. J'ai aimé le thème du Wanderer et la
mélancolie chronique. C'est un livre qui mériterait de s'y
arrêter, car si c'est un texte important, on ne sait pourquoi. Je
n'ai pas compris les hiéroglyphes. La préface est intéressante
bien que savante. Je n'ose pas l'ouvrir. Je n'ai pas ressenti d'ennui.
J'y reviendrai.
Fanfan
Le début est absolument magnifique. J'ai demandé à
Danièle de me le lire en allemand. Au fur et à mesure, j'ai
relu des passages deux fois, j'essayais de trouver de l'intérêt,
je n'ai pas réussi à accrocher. Il y a peut-être une
beauté littéraire que je ne vois pas. Les bondieuseries
m'ont ennuyée : lève-toi et marche, fffttt
Il y a
une succession de tableaux. Il est fou amoureux et on ne comprend pas.
J'ouvre ¼.
Rozenn
Le début m'a ennuyée, la montagne ne me plaît décidément
pas du tout : longues descriptions d'une marche difficile. La lecture
n'a pas été agréable. Le dernier texte est pour moi
incompréhensible ! Par contre l'histoire réelle et les personnages
réels m'ont fascinée.
Lisa
Au début, j'ai été presque
émerveillée par la description. Je me suis laissé
porter par la phrase à rallonge. J'ai compris de quoi il allait
parler et je me suis laissé porter sans tout comprendre.
La préface m'a ensuite éclairée et j'ai davantage
aimé. L'écriture est très belle, surtout à
l'âge que l'auteur a. Dans la préface, on lit que ce manuscrit
n'a pas été retravaillé par l'auteur, comme si c'était
un premier jet. C'est d'autant plus impressionnant !
J'ai envie de le relire. C'est très beau. La fin est très
belle, j'ouvre aux ¾.
Danièle qui
a lu en allemand dans la version
bilingue
J'ai trouvé la traduction de Lou Bruder vraiment très réussie.
Je connaissais de Büchner Woyzeck,
La
mort de Danton, plutôt politiques, mais pas Lenz.
J'ai lu le livre dans a priori : ce n'est pas la même veine. Il
y a cependant des messages politiques entre les lignes. J'ai pensé
à Werther.
On est dans le Sturm
und Drang typique, où on s'éloigne du rationalisme
des Lumières (Aufklärung)
pour se fier à ses sentiments avec intensité - ce qui a
donné le romantisme.
Goethe a fait connaître Lenz, lui qui a vécu plus
longtemps. Werther est typique de cette période. Je partais donc
dans ce sens... Mais j'ai trouvé ça bizarre quand même
il est fou. Est-ce à dire que Sturm und Drang et mène
à la folie ? Je ne me retrouvais pas dans ce que je connaissais.
Ce qui m'a déplu, c'est la religion continuellement évoquée.
Les notes d'Oberlin montrent que ce n'est pas Büchner qui a fini
la nouvelle.
Je n'ai pas vu d'aspect politique, il y a une discussion sur l'art, avec
une opposition avec Kauffmann, Lenz rejetant l'idéalisme, ça
c'est intéressant. Büchner fut un révolutionnaire,
avec le mot d'ordre : "Paix aux chaumières, guerre aux
palais !"
J'ai donc été perdue. J'ai aimé les descriptions,
la fin et je comprends ce que dit Etienne concernant
l'aspect clinique. J'ouvre autour de la moitié.
Annick A
J'ai surtout aimé la préface qui commence ainsi :
Un 20 janvier vers la fin d'un siècle passé, à quelques kilomètres du futur camp de concentration du Struthof, un homme venu de Suisse et de la plaine d'Alsace coupe par la montagne pour rejoindre un village de la haute vallée de la Bruche au cur des Vosges. Il atteint les hauteurs par des chemins noyés dans les brumes. Marche jusqu'à la fin du jour, par des champs de neige qui n'en finissent pas. Jusqu'à la nuit, qui n'est pas encore la nuit de sa définitive solitude. Jusqu'à la nuit encore éclairée par les fenêtres d'un village habité. Entre dans une maison... Parle, enfin, à quelqu'un.
Le livre m'a aussi intéressée du
point de vue "psychiatrique". Il vire au délire :
qu'est-ce qui fait qu'il y passe ? Il va voir Oberlin, fait un transfert
positif par rapport à lui. Trois passages le font basculer : la
cabane avec le saint givré, la mort de l'enfant qui s'appelle Frédérique,
et il s'enfonce dans la culpabilité. Il ne se prend pas pour le
Christ, il faut la ressusciter, mais il est trahi par Dieu (chanson).
Il s'éloigne d'Oberlin qui veut le ramener à son père
et qui est à côté de la plaque. Le rapport à
la nature est lié à son état psychique, la lumière
a rapport avec la vie. Il n'écrit plus.
Ce que j'ai appris m'a intéressée, notamment la préface,
et m'a enrichie par ailleurs. On est à un moment très politique,
où l'art veut s'adresser à la population. J'ouvre aux ¾.
Geneviève
Je suis d'accord avec Annick sur la préface, magnifique. Lire les
trois textes à la suite, c'est important. Je fais un parallèle
avec le livre d'hier de Tutuola, et le fait
qu'il y a deux niveaux de lecture, voire plus. L'édition que j'ai
lue (Points)
comprend quatre parties : préface par un universitaire, texte de
Büchner qui raconte le séjour de Lenz dans les Vosges, récit
du pasteur Oberlin, son hôte, et enfin texte de Paul Celan. Les
quatre textes sont complémentaires : la préface de JP Lefebvre
est magnifique : elle prend pour centre la date du "20 janvier"
: 1778 pour l'arrivée de Lenz chez le pasteur, 1942 pour conférence
de Wanzee qui décida de la "solution finale" chez Paul
Celan. Chacun des trois récits débute par une arrivée
ou un départ. Ce qui m'a passionné dans ces quatre textes,
c'est ce qu'ils disent de l'Allemagne au 19ème siècle, du
romantisme et des conflits religieux. J'ai trouvé aussi très
intéressant le rôle joué par Strasbourg, ville qui
représente la liberté d'expression.
Pour ce qui est de l'histoire de Lenz lui-même et de sa folie, la
confrontation des points de vue de Büchner et de Oberlin permet d'appréhender
les déchirements liés à un monde qui change dans
son rapport à l'autorité et surtout à la religion,
avec les doutes que cela entraîne. Oberlin lui-même, considéré
comme très novateur, met des limites très fermes :
pas de blasphème, pas non plus de remise en cause de l'autorité
du père.
Les descriptions de la nature dans cette région sauvage sont magnifiques
mais je ne me serai pas autant intéressée au texte de Büchner
s'il n'avait été aussi bien entouré. C'est pourquoi
j'ouvre le texte aux ¾.
Muriel, entre et
J'ai beaucoup aimé les descriptions. J'ai trouvé que les
personnages ne sont pas assez étoffés. J'ai dû revenir
en arrière à certains moments. La folie, j'en ai eu marre,
marre des plongeons dans l'eau en particulier. Il est timbré et
c'est alors moins intéressant. Répétitif, un peu
chiant. J'ouvre entre ¼ et ½.
Jacqueline
Je l'avais pris en bilingue, ce qui est idiot. Je n'avais donc pas de
préface. J'ai beaucoup aimé le début, le parcours
dans la montagne. Je m'y voyais mieux que dans Ramuz, même quand
il se jette par terre. Je n'avais pas trop compris l'histoire de l'ami
commun qui l'envoie chez le pasteur, homme de progrès, sinon comme
témoignage de la circulation des idées à cette époque.
Autrefois les histoires de folies m'intéressaient particulièrement
et puis j'ai dû changer mais c'est quand même autrement intéressant.
J'ai lu par petits morceaux, sans vue d'ensemble, puis j'ai repris. C'est
assez remarquable : l'auteur est parti des notes d'Oberlin et leur est
fidèle. À la fin de mon édition, il y a les biographies
de Büchner et de Lenz, ce qui donne des éléments intéressants
: le père de Büchner était un admirateur de Napoléon.
J'ai mesuré l'influence de la révolution française
en Allemagne. J'ai envie de revenir à ce livre comme à un
livre de découverte. J'ouvre aux ¾.
Sabine
J'ai fait une année d'allemand en fac, j'ai lu du Goethe et du
Schiller mais c'est tout. J'ai trouvé Lenz beaucoup trop
court, sec ; le style ne me plaît pas, pas assez nourri. Je reste
sur ma faim. Les moments de folie ne sont pas pour moi assez développés.
La fin étrange résonne différemment.
La préface, j'ai beaucoup aimé, avec le rapprochement autour
du 20 janvier. J'ouvre au ¼.
Françoise
Je n'ai pas vu que la préface était une préface
croyant que c'était déjà Lenz ; j'ai eu parfois
du mal à la comprendre ; honnêtement ça m'a gavée.
J'aurais préféré lire d'abord le texte d'Oberlin,
donnant la trame, puis Lenz. Mais en fait, aurais-je plus apprécié ?
Pas sûr...
On aurait pu plus s'attacher aux aspects littéraires, dans le passage
avec Kaufmann, la peinture hollandaise, loin de la descente aux enfers.
Je comprends l'occurrence du 20 janvier mais je n'ai pas lu Celan. J'ouvre
¼, sur la durée on fatigue, je me suis accrochée
pour le terminer. Bon mais c'est une découverte en effet.
Repères
bio et bibliographiques |
BIOGRAPHIE (voir
wikipedia
et une excellente émission
de radio) et UVRES
DE BÜCHNER
Mort très jeune (du typhus à 24 ans), il laisse trois pièces,
un pamphlet, une nouvelle et une correspondance :
- 1834 : Le Messager hessois, pamphlet, avec Friedrich Ludwig Weidig
- 1835 : La Mort de Danton, pièce
- 1835 : Büchner a traduit cette année-là, de Victor
Hugo, Lucrèce Borgia et Marie Tudor, puis s'est
lancé dans le projet décrire une nouvelle sur Lenz
- 1836 : Léonce et Léna, comédie satirique
- 1837 : Woyzeck, pièce de théâtre (inachevée
- Büchner meurt en 1837) en ligne sur wikisource
: nombreuses adaptations célèbres à la scène,
ainsi que l'opéra
d'Alban Berg.
Les éditions du Seuil ont publié
uvres
complètes. Inédits et lettres,
dir. Bernard Lortholary.
DE TRÈS NOMBREUSES TRADUCTIONS
de LENZ
- 1889 : Auguste Dietrich, éd. Louis Westhausser, disponible sur
wikisource
- 1946 : Albert Béguin, éd. Fontaine, couverture de Mario
Prassinos (voir le livre possédé par André Breton
ici)
- 1974 : Henri-Alexis Baatsch, 10/18,
puis en 1985 Christian
Bourgois (voir l'article du Monde
à sa sortie)
- 1991 : Bernard Kreiss, Jacqueline
Chambon (voir l'article du Monde
à sa sortie, liant Lenz et Bartleby), puis Le
Rouergue
- 1997 : Lionel Richard, Mille
et une nuits
- 1998 : Lou Bruder, Payot
et Rivages (voir l'article du Monde
à sa sortie)
- 2003 : Georges-Arthur Goldschmidt, éd.
Vagabonde
- 2004 : Irène Bonnaud, Solitaires
intempestifs
- 2007 : Jean-Pierre Lefebvre, Points.
Lenz au cinéma
- 1970 : par George
Moorse.
Lenz au théâtre avec
de nombreuses mises en scène
- 1989 : Dominique Lurcel, Théâtre du chien qui fume, Avignon
Off
- 2002 : Matthias Langhoff à
la Comédie française
- 2004 : Marie-Paule Trystram à
l'Odéon
- 2004 : Gildas Milin, à La Criée de Marseille
- 2004 : Irène Bonnaud au Studio Théâtre de Vitry
- extrait ici
- 2014 : Christophe Collin Théâtre
Naldini à Levallois
- 2016 : Cornelia Rainer au Festival
d'Avignon
- 2017 : Jacques Osinski au Théâtre
des Amandiers - extrait ici
- 2018 : Simon Delétang, au Théâtre
du Peuple - extrait ici
- 2018 : Anne-Laure Liégeois Lenz de Büchner, Amiens
etc.
Et même dansé
- 2002 : Mathilde Monnier au Théâtre
de Gennevilliers - extrait ici
DEUX ARTICLES
un peu sérieux...
- d'une psychanalyste : "Lenz
selon Büchner : l'autopsie d'un sinthome",
Lucile Charliac, revue Savoirs et clinique, n°15, 2012
- d'une universitaire dans le domaine de la littérature comparée
qui plus est petite fille de Claudel : "Images
en transit dans le Lenz de Büchner", Marie-Victoire
Nantet , revue Romantisme,
n°118, 2002.
UNE ÉMISSION
DE RADIO
- "Georg
Büchner (1813-1837) ou lautopsie du réel",
France Culture, Toute une vie, Jeanne Guérout et Vincent
Decque, 6 janvier 2021, 58 min - une émission très intéressante.
UN
PORTRAIT pour finir
Portrait présumé
de Georg Büchner par Philipp August Joseph Hoffmann, 1833
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
||||
à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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