Iván Repila


Iván REPILA, Le puits,
(El niño que robó el caballo de Atila
, 2013)
préface de Zoé Valdés

trad. de l'espagnol Margot Nguyen-Béraud
10/18, 2016, 128 p.

Quatrième de couverture : Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers au fond d’un puits, au milieu d’une forêt. Ils tentent de s’échapper, sans succès. Les loups, la soif, les pluies torrentielles : ils survivent à tous les dangers. À leurs côtés, un sac de victuailles donné par leur mère, mais ils ont interdiction d’y toucher. Jour après jour, le Petit s’affaiblit. S’il doit sauver son frère, le Grand doit risquer sa vie. Le Petit sortira-t-il? Le Grand survivra-t-il? Comment surtout se sont-ils retrouvés là? Le Puits est un livre indispensable sur l’amour fraternel et la vengeance, un roman "qui a mérité sa place au panthéon des Jules Verne, Alain-Fournier et autres Antoine de Saint-Exupéry" selon Zoé Valdès.

« Je vous demande une minute de silence parce que c’est un chef-d’œuvre concentré sur 110 pages. Ca c’est le genre de livre que vous ne lâchez pas, et vous avez l’estomac serré. » (Clara Dupont-Monod, "Si tu écoutes, j’annule tout" , France Inter)


Denoël
, 2014, 112 p.

Quatrième de couverture : Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers au fond d’un puits de terre, au milieu d’une forêt. Ils tentent de s’échapper, sans succès. Les loups, la soif, les pluies torrentielles : ils survivent à tous les dangers. À leurs côtés, un sac de victuailles donné par la mère, mais ils ont interdiction d’y toucher. Jour après jour, le Petit s’affaiblit. S’il doit sauver son frère, le Grand doit risquer sa vie. Le Petit sortira-t-il? Le Grand survivra-t-il? Comment surtout se sont-ils retrouvés là ?

Le Puits est un conte brutal à la fin cruelle et pleine d’espoir. Une fable sur l’amour fraternel, la survie et la vengeance, un roman "qui a mérité sa place au panthéon des Jules Verne, Alain-Fournier et autres Antoine de Saint-Exupéry, selon Zoé Valdés. Un roman indispensable, alors que beaucoup d’entre nous avions déjà annoncé la défaite de l’imagination contre la quotidienneté médiocre et étriquée."

 

Iván REPILA (né en 1978)
Le puits (2013, traduction en 2014)
Nous avons lu ce livre pendant notre sixième Semaine lecture du 9 au 16 juillet 2022 dans les Hautes-Alpes (voir la présentation ICI).

Les livres lus pendant la semaine
- Samedi : C.-F RAMUZ, La grande peur dans la montagne (Suisse)
- Dimanche : Ludmila OULITSKAÏA, Sonietchka (Russie)
- Lundi : Iván REPILA, Le puits (Espagne)
- Mardi : Amos TUTUOLA, L'ivrogne dans la brousse (Nigéria)
- Mercredi : Georg BÜCHNER, Lenz (Allemagne)
- Jeudi : Claudio MAGRIS, Temps courbe à Krems (Italie)
- Vendredi : David SPECTOR, 7500 € : pastiches politico-littéraires (France)

Et le palmarès ›ici

Nos cotes d'amour pour Le puits

(13 participants à la semaine lecture
et 6 lecteurs à distance)

Danièle FannyLisaManuelNathalieRozennSabine
Annick A EdithGeneviève Monique L
EtienneJacquelineManuela
 CatherineClaireFanfanMuriel
Françoise

Des infos autour du livre
Repères biographiques
Livres publiées
Des réactions d'écrivains

Presse : articles, interviews
La traductrice

Avis à distance

Etienne 
Il est vrai que ce roman a un côté envoûtant, tout n’y est que violence et tension, un poing qui sort de terre. Je le verrais bien adapté en pièce de théâtre tiens…
Que dire de plus ? Tout l’intérêt tient dans cette lecture haletante et dévorante (ce n’est pas vraiment le genre de livre qu’on lit en une semaine). Passé l’effet "coup de poing", je reprocherai tout de même une certaine artificialité, un goût de sensationnel trop prononcé à mon goût. C’est probablement celui qui m’a le moins laissé d’impression et donc celui qui m’a le moins plu des livres lus pour l'instant. Ouvert à moitié.
Fanny 
Un roman saisissant dès les premières lignes : difficile de le poser, je me suis sentie happée un peu comme ces deux frères dans le puits.
Le souci est qu'il m'est difficile d'évoquer un plaisir de lecture car le contenu est atroce.
Je salue cependant la qualité du récit, j'ai été frappée par la manière dont ces deux frères luttent pour leur survie physique, mais aussi pour conserver leur humanité.
Je n'ai pas bien compris l'histoire avec la figure de la mère qui les aurait jetés dans le puits avec quelques vivres auxquelles ils se refusent à toucher : vos avis m'éclaireront sûrement.
Je suis un peu hésitante sur ma cote d'amour, mais je vais dire que j'ouvre en grand parce que j'ai l'intuition que ce roman fera trace et que je ne l'oublierai pas.
Monique L 
C'est un conte cruel, horrible et dérangeant, mais hypnotique. Je ne suis pas près de l'oublier.
On ne connaît pas les noms de ces deux frères prisonniers dans un puits. On ne sait pas comment ils sont arrivés là. Ils ont un sac avec des provisions qu'ils ne peuvent pas toucher.
Le climat général du livre est oppressant et étouffant.
Le Grand se montre très perspicace en poursuivant ses exercices physiques. Il est très réfléchi, par exemple quand il choisit de laisser pourrir l'oiseau. Il est très protecteur pour le Petit.
Les rêves et les hallucinations du Petit sont vraiment rafraîchissants et souvent parfois pleins de poésie.
Les relations entre les deux sont parfois difficiles, mais finissent toujours pleines de bienveillance.
Malgré une situation malgré tout assez répétitive et qui évolue très lentement et inexorablement, on ne sent pas de répétitions dans le texte et cela me paraît une prouesse de l'auteur.
Ce qui me gêne c'est que je n'ai pas réussi à comprendre de quelle métaphore il s'agissait.
J'ouvre aux ¾.
Catherine 
Un avis très rapide pour Le puits. Je suis TRÈS claustrophobe, autant dire que lire un livre dans lequel les personnages sont enfermés dans un puits pendant des jours en sont réduits à manger des asticots est un cauchemar.
D'ailleurs j'ai fait des cauchemars. Tous les ingrédients du conte y sont la méchante, les loups, le noir, la peur...
Le Grand affame le Petit pour le sauver et se sacrifier à la fin. Super !
On a envie qu'ils mangent enfin les provisions de maman et on ne comprend pas tout de suite pourquoi ils ne le font pas. On finit par comprendre dès qu'il est question de la personne qui vient et se penche pour les regarder, la vengeance qui se profile... on subodore que la mère n'est pas très nette dans cette histoire. En fait c'est l'histoire du Petit Poucet en pire. Mais je préfère le Petit Poucet.
La fin est assez réussie. Je l'ouvre ¼.
Nathalie 
Écrire des notes de lecture sur Le puits alors que je me trouve face à l’océan dans un état de détente proche de l’ataraxie absolue est un vrai exercice. Je ne suis pas sûre de réussir.
Ce livre est un choc total ! Il me laisse sur le cul ! Je l’ai adoré ! Il m’a fait tout de suite penser au Grand Cahier d’Agota Kristof. Si je ne me souviens plus très bien du roman de Kristof, j’ai tout de suite eu l’impression d’avoir déjà lu quelque chose comme ça… en commençant la lecture du Puits.
Je n’ai pas le livre de Kristof sous les yeux, mais je pense que cette impression est liée à la technique de narration interne et également au suspense insoutenable.
Je ne suis pas sûre que je puisse faire une critique directe après la lecture. Je suis beaucoup trop bouleversée parce que j’ai lu. J’essaie d’imaginer ce que ce pourrait être d’être enfermé ainsi pendant six semaines dans un puits …un exercice impitoyable que cette rencontre avec soi-même.
je réfléchis à ce que pourrait être la métaphore qui se cache derrière ce récit. Il me paraît être une sorte de conte de la dévoration où la fraternité pallie la défaillance maternelle.
Le puits comme lieu de gestation faussement jumellaire.
Quel récit magnifié de notre humanité : réaliste, onirique, animal !
Quel amour faut-il avoir pour entretenir le souffle vital ! Quel talent pour décrire la folie naissante et la façon dont l’esprit cherche à mettre du sens là où il n’y en a plus en créant tout un monde de jeux, d’activités, de spectacles vivants.
Quel amour de ce grand frère pour ce petit frère. Les passages sur la déconstruction du langage sont formidables.
Pourtant, la possibilité que le puits soit la métaphore d’un monde intérieur opposé à la violence du monde extérieur me paraît trop simple. J’ai encore besoin de réfléchir.
Le rythme est très tendu, avec un passage central sur ce qui est nécessaire d’avoir en soi pour pouvoir tuer.
Je pense même que je vais le relire. Je l’ouvre en grand.
Edith
Ouvert ¾... Dérangée agréablement par le cru des situations d'où le quart...
Mais quelle prodigieuse métaphore du monde capitaliste !
J'ai compris à la fin du livre les lignes que l'auteur décrit des entraînements physiques du Grand. J'ai eu du mal à accepter la réalité de leur situation et de leurs épouvantables malheurs. C'est fort et ça prend aux tripes dans la mesure où mon imagination fait le travail.
Une trouvaille : merci...

En direct à 2000 m

Jacqueline
Je ne sais pas trop quoi en penser. À la première lecture, j'ai trouvé ça cauchemardesque. La révélation finale a complètement bouleversé mon point de vue, et j'ai eu alors envie de le relire sous ce nouvel éclairage de la revanche à prendre.
Je n'ai pas bien compris le rôle du village ni de la communauté qui se forme derrière le survivant et j'aimerais finir de le relire...
C'est un livre lourd, énigmatique.
Manuel

Comme je disais à Jacqueline, en le lisant à haute voix, on se rend compte comme c'est bien écrit. J'ai pensé à Bosch. J'ai trouvé ça remarquable. Sur l’altérité c’est remarquable. Sur la condition humaine altérée. Et le chapitre sur l’oiseau ! Il insulte son frère puis le remercie. J’ai aimé le chapitre sur la rage. C’est remarquablement effrayant. J’ai pensé aux films Mur invisible et 127 heures avec le corps coincé et l’obligation de se couper le bras. J’ouvre en grand. C’est un livre très musical. Il y a des oxymores. C’est limite politique, beaucoup plus que Ramuz. Un vrai plaisir de lecture.
Rozenn 
Je l'ai lu hier soir avant de dormir après avoir lu une super petite pièce (Mon petit-fils Benjamin) de l'autrice d'hier (Ludmila Ouliskaïa) et un petit texte qu'elle a écrit sur son confinement (La quarantaine). C'était tranquille.
Ça a été un choc de passer au livre pour ce soir. Je me suis dit que je devrais peut-être attendre le lendemain pour continuer, mais je n'ai pas pu arrêter. J'ai été frappée par la façon dont l'aîné traitait son petit frère. Après, j'ai compris qu'ils avaient un projet commun. D'ailleurs, il ne se traitait pas vraiment mieux lui-même.
On est dans le puits avec eux. J'ai beaucoup aimé le passage sur la rage. Comment s'entraîner. Je vivais leurs efforts. Leurs rapports sont fabuleux, terribles mais ils sont tellement soudés. Les moments de délire du Petit sont fabuleux. Le rire de l'aîné soulage un peu. C'est fabuleux et c'est difficile de dormir après ça.
Je relirai ce livre et cette idée me permet de poursuivre à toute allure, portée par l'écriture, mais sans m'y arrêter.
La fin m'a paru presque nécessaire. Le temps passé dans le puits. Les efforts pour survivre. La rage et la fraternité nécessaires. Le fait même de vivre que leur a imposé leur mère vaut vengeance par son insuffisance.
Avant d'arriver à m'endormir, je le vois comme une métaphore de l'existence.
Voilà un livre que je n offrirai pas à n'importe qui mais que je relirai. Je l'ouvre en très grand.

(Après coup) Je repense beaucoup et souvent à ce livre.
Danièle
Cette histoire des deux frères dans le puits a suscité pour moi l’angoisse, l’horreur, le dégoût. C’est un roman sur la survie. Ça dépasse tout en horreur. Ce qu’on éprouve, c’est très profond. Il y a une belle écriture, une belle construction. Et cette ritournelle de la vie qui passe à la fin. La folie du Petit devient philosophique. J’ai bien aimé que les relations entre les frères évoluent. Les mots je t’aime sortent à la fin, c’est très beau. C’est dommage de lire si vite un tel livre. Je n’ai pas compris la fin. On est sous tension. Il faudrait que je le relise. J’ouvre en grand. J’ai pensé à la phrase "La vie est merveilleuse mais vivre est insupportable".
Claire 
J’essaye de comprendre pourquoi je ne suis pas dans la lignée des enthousiastes, vous et des écrivains (Valdès, Chevillard, Coulon).
Certes, le livre a son originalité, mais je n’y ai pas cru du tout ! Car j’étais dans le réalisme et sur ce plan-là ça ne tient pas la route, c'est trop gros. Pour ce qui est de l’aspect philosophique, je n'ai vu que du blabla. Le côté mythologique ? Pour moi, c’est flop.
Les
citations en exergue m'ont énervée. Et j'ai écouté des interviews de l’auteur qui m'ont agacée. Mais je déplore bien sûr de n'ouvrir qu'¼.
Fanfan 
Moi, je l'ai pris pour un conte. Mais j'étais complètement partagée entre la forme et le dégoût - par exemple quand il suce les yeux du Petit...
Mais que veut dire ce livre ? Dans mes supputations, deux passages m'ont éclairée : "les entrailles des forêts dirigeant le monde" renvoient-elles à la paroi utérine ? Et plus loin, justement : "Ce puits est un utérus". Le récit, serait une façon de passer à l'âge adulte.
[
Des visages acquiescent]
Je l'ouvre au ¼ car je n'ai pas pris de plaisir du tout, malgré l'écriture, le style. Je ne l'offrirai pas...
Sabine 
J'ai pensé au petit Poucet. Le titre du livre est programmatique. J'ai pris pour ma part un plaisir énorme - sauf le passage sur l'oiseau. Tous les chapitres m'ont renvoyée à Pierrot de Maupassant, à Effroyables jardins de Michel Quint, etc. ; j'étais dans quelque chose de connu. J'ai pensé aussi aux otages. [Professorale] Je vous rappelle que captif et chétif ont la même origine. J'ai pensé à des témoignages sur les camps de concentration où le sport continue. J'ai pensé au Joueur d'échecs de Zweig. Page 69, j'ai jubilé avec un délire à la Rabelais, dans Le Quart Livre
on ne comprend pas bien, on se casse les dents. C'est un récit picaresque. J'ai pensé à Robinson, au Grand Cahier d'Agota Kristof.
La chute, je ne l'ai pas vu arriver. Quelle violence des adultes ! Quel art des formules ("Je crois que je tombe en ruine de l’intérieur, dit le Petit.") Je pense aussi à René Char. Aux expériences douloureuses. J'ouvre en grand.
Geneviève 
J'ai lu très vite pour m'en débarrasser et après je l'ai repris. Il y a énormément de choses, peut-être trop. Des qualités mais aussi des défauts. Une réflexion sur le corps, l'amour, la mort, ce qui fait qu'on est un être humain.
Le fil est un mystère, pourquoi sont-ils là. Il y a la peur du danger extérieur, ça c'est très bien fait.
Beaucoup de choses positives pour moi. Le jeu aussi avec les couleurs de la terre dans le puits.
Et ces courts chapitres qui permettent de supporter la violence. Et la réflexion sur ce qu'on est, humain. Le rapport à l'art, au langage. La progression vers le dénouement.
Ce qui ne m'a pas plu, c'est la surenchère de violence : lorsque le petit est jeté par son frère jusqu'à en perdre ses dents, c'est tellement lourd que j'avais presque envie d'en rire. Il y a une complaisance dans l'horreur, par exemple aussi lorsque le grand dévore l'oiseau cru. Un côté répétitif et prévisible donc de l'horreur. Pourtant, j'ai bien aimé la fin, moins prévisible, plus étrange même si l'articulation entre les parties n'est pas très réussie.
Comment j'ouvre ? je suis perplexe. À moitié ? Je n'ai pas envie de le relire. Mais il y a une originalité indéniable, il mérite d'être lu. Bon, j'ouvre aux ¾.
Annick A 
Je me suis laissé guider par les citations en exergue...

Dans un système de libre échange et de libre marché, les pays pauvres - et les gens pauvres - ne sont pas pauvres parce que les autres sont riches. Si les autres étaient moins riches, les pauvres seraient, selon toute probabilité, encore plus pauvres.
                       Margaret Thatcher

"Je vins dans les villes au temps du désordre
Quand la faim y régnait.
Je vins parmi les hommes au temps de la révolte
Et je me suis révolté avec eux.
Ainsi passa le temps
Qui m'était donné sur la terre.
                          Bertolt Brecht

... et mon entrée est politique. Il s'agit d'une métaphore de la société humaine : ceux qui sont en haut ont le pouvoir. De plus, la famine qui est décrite, des gens actuels la vivent : il nous a fait vivre ce qu'une partie de l'humanité vit.
La violence ? J'ai vu qu'il faut réagir, se battre, tuer, mais tuer pour vivre, et non pour tuer. Il faut laisser venir la colère.
J'ai trouvé magnifique ce qui concerne le gamin délirant, le rapport au corps, l'art dans le puits, ce qui rappelle les grottes de Lascaux. Retranscrire ce qu'on a vu, je trouve ça très beau. Je suis Fanfan à propos de l'évocation utérine. Et le frère expulse, comme dans un accouchement. N'oublie pas que c'est la mère, la mère qui a donné la vie et il en faut se dégager, tuer le désir de revenir dans l'utérus. Le frère peut être une image paternelle.
J'aurais aimé rester plus longtemps sur ce livre. Il y a la solidarité, l'amour, par rapport à la dureté de l'existence. J'ouvre en grand, non c'est trop carré, à ¾, mais je ne l'oublierai pas.
Muriel 
J'ai trouvé ça horrible.
Quel âge peuvent avoir ces deux enfants, me suis-je demandé : 10/15 ans et 12/17 ans ?
Les fourmis, l'oiseau… c'est horrible.
Seule grâce : le délire, assez poétique, quoique "au-dessus de son âge"... Mais c'est insupportable cette douleur.
Et voilà pour finir un coup de théâtre ! Et pourquoi donc personne ne les recherchait ?
Comment ? Vous n'avez pas souffert ?! Ça fait mal ! Je l'aurais fermé, mais bon, j'ouvre ¼, mais c'est insupportable.
Françoise 
Je n'ai rien compris. Un parallèle avec les camps ? C'est tiré par les cheveux.
Seul m'a intéressé le côté politique, à la fin au sujet des ouvriers, ils vont se révolter.
Mais quel rapport avec les gamins ? Ils sont balancés dans le puits pour trois mois : grosse difficulté de lecture pour passer au-dessus de ça ! Et pourquoi ne pas toucher le sac de maman, hein ?
L'écriture ne m'a pas touchée. C'est trop redondant.
Si c'est une allégorie, c'est raté. Fermé !!
Manuelaqui a lu notre livre en VO : El niño que robó el caballo de Atila

J'ai beaucoup aimé le style : la prose est très belle, très réaliste ; il étale son style tel un exercice... de style.
J'ai senti beaucoup de dégoût, mais m'y suis habituée.
C'est invraisemblable, que la mère les jette dans le puits et que les enfants survivent. C'est une métaphore : puits = vie horrible.
Les frères ressentent amour et haine. L'un des frères au rôle de père est parfois cruel ; il sait qu'il va mourir. Son frère survivra ; il l'élève dans l'endurance. J'ai trouvé un petit rapport avec En attendant Godot.
Le Petit est pour moi le plus fort, c'est le philosophe.
De la part de l'auteur, c'est un peu exagéré, oui, il s'étale comme dans un exercice de style.
L'expression qui demeure non traduite dans votre version Sangro amam signifie Je saigne maman si on déconstruit l'anagramme de maman : amam.
Je trouve le titre beaucoup plus beau en espagnol (Le garçon qui a volé le cheval d'Attila)
On dit que les Espagnols ont le sentiment tragique de la vie : ce livre reprend cette tradition. Il y a une fatalité cachée sous la joie apparente.
J'ouvre à moitié, car c'est trop artificiel.
Lisa
Je l'avais lu il y a trois ans, non sans haut-le-cœur, mais je ne pouvais pas quitter ce livre.
Je l'ai relu : je suis encore plus séduite. J'ai pu me concentrer sur l'écriture, c'est magnifique. J'ai beaucoup aimé le passage sur la fête qui les attend à leur sortie : celui-ci nous montre la métaphore sociale du livre :

— Quand on sera là-haut, on fera une fête.
— Une fête ?
— Oui.
— Avec des ballons, des lumières et des gâteaux ?
— Non. Avec des pierres, des torches et des potences.

Je n'ai pas bien compris la morale de ce conte horrifique : l'État nous écrase tous et nous laisse crever sans espoir possible ?
C'est pour moi un chef-d'œuvre.


DES INFOS AUTOUR DU LIVRE
Repères biographiques
Livres publiées
Des réactions d'écrivains

Presse : articles, interviews
La traductrice

  REPÈRES BIOGRAPHIQUES
On ne sait pas grand-chose : il est né à Bilbao en 1978. Il est marié. Pas de potins, pas de bio détaillée. Son domaine professionnel : publicité, production de projets culturels.

LES LIVRES d'Iván Repila
Trois romans sont traduits en français, par Margot Nguyen Béraud.

En Espagne
En France
- 2012 : Una comedia canalla, éd. Libros del Silencio Premier roman non traduit
- 2013 : El niño que robó el caballo de Atila, éd. Libros del Silencio - Le puits, Denoël, en 2014, puis 10/18 en 2016
- 2017 : Prólogo para una guerra, Seix Barral - Prélude à une guerre, préface Éric Chevillard, Jacqueline chambon, 2019
- 2018 : Votos, La Caja Books Nouvelle non traduite
- 2019 : El aliado, éd. Seix Barral - Un bon féministe, Jacqueline Chambon, 2021.

DES RÉACTIONS D'ÉCRIVAINS

Éric Chevillard
- Il écrit en tant que feuilletoniste du Monde des livres "Le Puits, d'Iván Repila : la fable de deux enfants qui ne veulent pas mourir", Le Monde, 8 octobre 2014 (Camille Laurens prendra sa suite pour le roman suivant : Un bon féministe, Le Monde, 18 février 2021)
- Il rédige la préface (›ici) du deuxième roman traduit en France :
Prélude à une guerre.

Claro
- "Au fond du puits avec Iván Repila", blog de Claro Le Clavier cannibale, 10 février 2015.

Zoé Valdès
Ecrivaine cubaine, Zoé Valdès est l'auteure de la préface du Puits : "Voyage dans les profondeurs de l’enfance macabre avec Iván Repila".

Cécile Coulon
Elle semble avoir été marquée par Le Puits :
- "Vous avez cité plusieurs noms d’auteur. Une bête au Paradis porte-t-il les traces de romans qui ont compté pour vous ?

Je cite à nouveau Marie-Hélène Lafon, dont Le Soir du chien (Buchet-Chastel, 2001) a beaucoup compté pour moi. Il y a aussi L’Epervier de Maheux, de Jean Carrière (Pauvert, 1972), un Goncourt génial et oublié. Et puis Le Puits, d’Iván Repila (Denoël, 2014), qui m’a mis une claque : on pouvait donc écrire aujourd’hui un conte avec très peu de personnages, enfermés, et qui vous emporte. Tout est possible si on travaille son style avec une rigueur absolue." (Le Monde, 4 septembre 2019).

- Elle insiste dans une interview (Louiemedia, 5 octobre 2021) :

J’étais à une période où j'essayais de me hisser hors d’un lieu où je me sentais un petit peu pétrifiée et immobile, comme ces deux enfants dans le livre, essayent à de nombreuses reprises de se hisser hors de ce puits.

- Elle ajoute, à propos de cette lecture qui a été pour elle physique et sensorielle et qui l'a accompagnée dans un nouveau moment de vie :

Lorsque j’ai terminé j’étais dans un état second. Je savais que je venais de lire un grand livre, un ouvrage important. Je savais que ce texte allait avoir des répercussions sur moi, sur ma façon d’écrire, sur ma façon de penser.

PRESSE

Audio
- Le Puits d'Ivàn Repila par le librairie Jean Pichinoty, Librairie La Soupe de l'espace à Hyères, Le Temps des libraires, par Christophe Ono-dit-Biot, France Culture, 24 novembre 2014, 5 min
- "À lire : Le Puits d'Iván Repila, Marie Arquié, Radio Nova, 1min 47

Vidéos
- "Iván Repila, nouvelle voix de la littérature ibérique", Comédie du Livre, 30 mai 2015, présenté par Sophie Savary, 30 min
- "Ivan Repila évoque L'étranger de Camus", un livre qui l'accompagne, Webmagazine, 2020, 1 min 26 (en espagnol)

Articles
- "Le Puits, Iván Repila", Marc Ossorguine, La Cause littéraire, 10 juillet 2015
- "Le Puits de Iván Repila", blog de Christine Bini, 7 juin 2016
- "Le puits : renaître par le fond", Nicolas Winter, Justaword, 25 septembre 2018
- "L'Espagne vidée de ses récits : pourquoi jeter Attila au fond du puits ?", Pascale Peyraga, Université de Pau, HispanismeS, Revue de la Société des hispanistes français de l’enseignement supérieur, n°11, 2019 : UNE ÉTUDE APPROFONDIE.
-
"Les auteurs espagnols dans l'arène", Sandrine Morel, Le Monde, le 18 mai 2015 ; en voici un extrait, avec des citations de Repila :

Coup de cœur de la Comédie du livre, Le Puits, d'Iván Repila (Denoël, 2014), propose une "allégorie de la crise morale que nous vivons et de la nécessité de mener une révolution intérieure pour espérer changer les choses à l'extérieur", dit son auteur. Cet homme de 37 ans, qui a participé au mouvement des "indignés" en 2011, regarde avec espoir le nouveau panorama politique. "La naissance de Podemos est un événement important. Pour la première fois, je pense qu'il peut y avoir un monde meilleur", explique l'écrivain, qui n'en souffre pas moins de la crise. Il n'a plus d'éditeur en Espagne depuis la fermeture de la maison Los Libros del silencio, en 2013. Et il n'a jamais perçu l'argent de ses ventes…
Baisse des avances sur publication, chute de 40 % des ventes de livres depuis 2008… D'une manière générale, de moins en moins d'écrivains espagnols vivent de leur art. "Mais nous entretenons de bonnes relations entre nous, poursuit Repila. Nous nous lisons avec intérêt. Nous nous serrons les coudes. Peut-être parce que les dix dernières années ont été très dures pour les gens de culture."

- Iván Repila : entretien avec Sophie Hughes, traductrice de Repila en anglais, Wordwithoutborder, 19 novembre 2015 (en anglais). On apprend comment est né le livre :

"Je peux dire que l'idée de départ est partie d'un cauchemar : je dors mal, j'en fais toutes les semaines, et comme Breton, depuis que je suis petit, j'ai pu m'en souvenir facilement, c'est pourquoi je dors avec un bloc-notes et un stylo à mes côtés. Quand j'ai rêvé de deux hommes piégés dans un puits et de l'incroyable solution qu'ils proposent pour s'échapper, j'ai commencé à me demander : pourquoi ai-je rêvé cela ? Est-ce que je me sens piégé d'une manière ou d'une autre par ma famille, mon travail ou la société ? Au fur et à mesure que ces questions et d'autres étaient formulées dans mon esprit, l'histoire a commencé à prendre forme et, face à mon incapacité à répondre à ces questions, le texte a trouvé son chemin. "

Pourquoi les personnages n'ont-ils pas de noms ?

"Parce que ce sont des archétypes. J'ai toujours pensé que le monde continue de tourner grâce à deux types de personnes : les rêveurs et les personnes éveillées. Ou : les gens qui ont les pieds sur terre et les gens qui planent au-dessus. Ou : les poètes et les mathématiciens. Ou quelque chose comme ça. C'est ainsi que nous sommes les humains, et je crois vraiment que les deux modèles sont nécessaires pour que nous continuions à avancer en tant que société. Dans la vraie vie, ces deux modèles se confondent. Dans mon livre, ils ne le font pas : ils sont très nets et distingués les uns des autres. L'un est grand et l'autre est petit. Il n'était pas nécessaire de leur donner un nom, et je pense que le texte aurait perdu une partie de sa magie si les deux frères avaient eu des noms. Un nom implique des questions : qui a nommé ? Quand ? Lorsque j'avais besoin que le narrateur du livre tire un trait sur le passé des personnages, parce que j'avais besoin d'eux dans le présent, dans le puits. Étant donné que les frères ne se désignent jamais par leur nom, le lecteur ne sait jamais comment ils s'appellent. En y repensant maintenant, deux ans plus tard, je pense que cela fonctionne."

Pas d'article sur Le puits, adapté au théâtre en 2018 : adaptation et mise en scène par Thomas Gendronneau, création par la Compagnie La Caravelle au Théâtre de l'Opprimé à Paris.

LA TRADUCTRICE Margot Nguyen Béraud

Formations
- Née en Picardie en 1988 dans une famille hispanophile.
- Hypokhâgne et Khâgne (spécialité espagnol), Lille (2006-2008)
- Licence de Philologie hispanique, Universidad Autónoma de Madrid (2009)
- Deux masters 2 à Lyon : en 2010 master recherche d'études hispanophones (mémoire sur littérature de voyage en Espagne au XVIe siècle) ; en 2011 master professionnel en traduction littéraire et édition critique.

Activités professionnelles
- E
lle travaille successivement pour un festival de contes, une librairie d’occasion et plusieurs maisons d’édition comme lectrice de l’espagnol, assistante éditoriale, puis correctrice. Elle commence par traduire des scénarios, puis, à partir du Puits, traduit romans et nouvelles d’auteurs sudaméricains ou espagnols (Kiko Amat, Laïa Jufresa, Roberto Arlt, Melba Escobar, Iván Repila, Agustina Bazterrica, J.P. Zooey, Jordi Ledesma, J. C. Vales, Iosi Havilio, María Eugenia Mayobre…).
- Depuis 2015, elle est membre du conseil d’administration de l’Association des traducteurs littéraires de France (ATLAS), dont elle est aujourd’hui la secrétaire générale.
- Par ailleurs tutrice en traduction au Centre de Traduction Littéraire de Lausanne, à la Fabrique des traducteurs d'Arles. Formatrice en animation d'ateliers de traduction.

Ce qu'en dit Iván Repila
Pour le premier de ses trois romans qu'elle a traduits, il s'étonne qu'elle n'ait pas pris contact avec lui alors que les traducteurs dans trois autres langues l'ont fait... ("Iván Repila, nouvelle voix de la littérature ibérique", Comédie du Livre, 30 mai 2015, présenté par Sophie Savary, 30 min). Pas d'infos quant aux deux suivants...


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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