La grande peur sur la montagne,
Le Livre de poche, 1975, 192 p.

Quatrième de couverture : Sasseneire est un pâturage de haute montagne que les gens du village délaissent depuis vingt ans à cause d’une histoire pas très claire qui fait encore trembler les vieux. Mais faut-il perdre tant de bonne herbe par crainte d’un prétendu mauvais sort, alors que la commune est pauvre ? Le clan des jeunes finit par l’emporter : en été, le troupeau monte à l’alpage, à 2 300 mètres d’altitude, sous la garde du maître fromager, son neveu, quatre hommes et un jeune garçon. Très vite le site et les propos du vieux Barthélemy créent un climat de crainte et de superstition. Puis la « maladie » ravage le bétail. Mis en quarantaine, les hommes de l’alpage sont prisonniers au pied du glacier menaçant. Tout alors bascule. C’est la grande peur dont Ramuz fait le récit dans cette forte et célèbre chronique montagnarde.


Ed. Grasset, 1926

Grasset, coll. Cahiers rouges, 2005, 210 p.

Quatrième de couverture : Le pâturage abandonné de Sasseneire est-il vraiment maudit comme le croient les anciens ? Quelques bergers incrédules, pour s'en assurer, décident d'y conduire le troupeau. La montagne leur réserve sa terrible réponse. Dans ce roman qui tient de l'étude de moeurs et de l'épopée tragique, Ramuz, avec virtuosité, passe insensiblement du sourire à l'inquiétude, de l'ilnquiétude à l'horreur...


Pléiade
, 2005


Ed. Nevicata
, Bruxelles, 2009, 240 p., illustré d’aquarelles de Samivel.

Quatrième de couverture :
– C’est que tu as voulu, Président, t’attaquer à plus fort que toi... Et elle est méchante, quand elle s’en mêle.
Parlant sans doute de la montagne :
– Il y a des places qu’elle se réserve, il y a des places où elle ne permet pas que l’on vienne...
À l’alpage se succèdent des faits étranges : naturels ou surnaturels ? Qu’importe ! Une grande peur s’installe dans la montagne, dont rend compte, magistralement, cette chronique qui imposa Ramuz en France.

Cette édition limitée est illustrée de 17 aquarelles et une esquisse de Samivel, retrouvées récemment et encore jamais publiées.


Librairie Ombres blanches,Toulouse, 2003, gravures de Sébastien Le Roy


éd. Infolio, Golllion, Suisse, 2018, 320 p.

Quatrième de couverture : Publié chez Grasset en 1926, La Grande Peur dans la montagne est un des premiers textes de Ramuz que le grand public français a découvert. Cette célèbre chronique montagnarde est un étonnant roman de l’angoisse face au mal, un récit qui s’empare d’une situation réaliste – un village de montagne, un pâturage délaissé en raison d’un prétendu mauvais sort, la vie à l’alpage, une maladie qui décime le troupeau – pour le colorer de fantastique et de légendaire. Superbe illustration de la fragilité de l’homme, de la force de l’amour et de la puissance de l’écriture.

Ecrivain suisse d’expression française, Charles Ferdinand Ramuz, né et mort à Lausanne (1878-1947), est l’un des plus grands noms de la littérature suisse et française de la première moitié du XXe siècle. Sa plume aborde tous les genres, de l’essai à la nouvelle, de la poésie au théâtre. Puisant son inspiration dans le monde paysan élémentaire, située dans les paysages romands, entre lac et montagne, son oeuvre se veut une exploration de la condition humaine, perçue avec pessimisme. Ramuz a rencontré un large succès, en Suisse et en France.

Charles-Ferdinand RAMUZ (1878-1947)
La grande peur sur la montagne (1925)
Nous avons lu ce livre pour le premier jour de notre sixième Semaine lecture du 9 au 16 juillet 2022 dans les Hautes-Alpes (voir la présentation ICI). Le groupe de Tenerife l'a lu en octobre.

Les livres lus pendant la semaine
- Samedi : C.-F RAMUZ, La grande peur dans la montagne (Suisse)
- Dimanche : Ludmila OULITSKAÏA, Sonietchka (Russie)
- Lundi : Iván REPILA, Le puits (Espagne)
- Mardi : Amos TUTUOLA, L'ivrogne dans la brousse (Nigéria)
- Mercredi : Georg BÜCHNER, Lenz (Allemagne)
- Jeudi : Claudio MAGRIS, Temps courbe à Krems (Italie)
- Vendredi : David SPECTOR, 7500 € : pastiches politico-littéraires (France)

Et le palmarès ›ici

Nos 20 cotes d'amour pour Ramuz

(des 13 participants à la semaine
et de 7 lecteurs à distance)
Édith Etienne Nathalie
ClaireDanièleFanny Geneviève •Manuel •Manuela •Monique L
Catherine •FanfanJacqueline 
LisaMarie-ThéRozenn •Sabine
Annick AMuriel
Françoise

Et les réactions du
groupe de Tenerife avec celles, détaillées, de Nieves et José Luis


Un peu de doc autour du livre de Ramuz
Bio et bibliographie
Presse

En direct à 2000 m

Jacqueline 
Je l'ai lu relativement vite : ce n'est pas très long ! Il y a du suspense mais d'emblée, on sent que cela finira mal. J'ai aimé le début, la plongée dans ce monde paysan, les débats au conseil municipal. Je pensais à ma grand-mère genevoise qui rapportait qu'en Suisse les vaudois passent pour arriérés parce qu'ils disent "huitante" au lieu d'"octante" et à la volonté de Ramuz de s'en tenir au plus près de ce monde. J'étais curieuse du style. La description du village fait appel à des métaphores originales mais cependant je n'arrivais pas bien à me représenter les lieux. Est-ce sur-écrit ?
Finalement, je voyais bien que cela allait tourner à la catastrophe ce qui enlevait du suspense. L'histoire de Victorine et Joseph, ces Roméo et Juliette bien ancrés dans le réel de cette vie paysanne ne m'a pas trop touchée, je préfère Shakespeare ou West Side Story ! Tout ce qui a trait à la situation concrète : les marches dans la montagne, l'isolement, les précautions et les craintes, ça ne m'a pas déplu. Je ne m'attendais pas à ce que Joseph fasse une boucle pour revenir au village. Le personnage de Clou est vu de manière caricaturale. Je pourrai l'imaginer comme un marginal d'aujourd'hui, là aussi il ne voit que son intérêt... Figure du mal ? Bof !
J'ouvre à moitié.
Lisa
Je l'ai lu il y a trois ans en Suisse, j'avais demandé conseil à une libraire qui m'avait donné deux noms : Ramuz et Chessex dont je n'ai pas encore lu L'ogre. J'étais très excitée par le début. J'ai aimé l'idée de la peur. Mais j'ai été très vite perdue par le style, les phrases très longues et j'ai été déçue d'être déçue. Je suis allée jusqu'au bout. Comme toi Jacqueline, je ne visualisais pas, ça me gênait. J'ai pensé à "L'auberge" de Maupassant, qui se passe aussi dans la montagne. J'aime le fond du roman et je suis contente de l'avoir lu. Je l'ai refeuilleté et maintenant que je vis en Suisse, j'ai reconnu des expressions de mes collègues, l'usage de seulement, volontiers. Maintenant, j'aimerais le relire. J'ouvre à moitié.
Geneviève
Je l'ai lu dans la journée. Ramuz, je tournais autour, tout en ayant des craintes, j'avais peur que ce soit sinistre. Lire vite m'a aidée à supporter le suspense. Moi aussi, j'ai eu parfois du mal à me représenter les lieux, notamment le haut de la montagne, où se déroule le drame. Pour moi, le jeu entre "on" et "nous" dont les valeurs varient : "on" pour dire "nous", "on" pour désigner la communauté ou pour parler des humains en général, par exemple ; ce jeu crée l'impression d'un conte fantastique, qui a eu lieu dans un temps présent ou passé, qu'on ne peut pas situer.
On sait déjà que ça va mal se terminer, mais on ne sait comment, ni jusqu'où. Le personnage de Clou colle très bien avec le fantastique, c'est le diable, avec l'or dans ses poches, tandis que Joseph le jeune amoureux est la pureté, la fidélité. J'ai bien aimé le moment où Joseph fait le tour de la montagne pour tromper les veilleurs, la manière dont il brouille nos repères ; mais aussi la fin fantastique elle aussi avec le glacier qui se décroche. Enfin, j'ai trouvé intéressant le contraste entre ce fantastique tragique et certains côtés "Clochemerle" de la vie au village et des relations entre les habitants.
Globalement j'ai trouvé que c'est écrit d'une manière intéressante et j'ouvre aux ¾.
Rozenn 
Au début j'ai été complètement saisie. Tout ce qui est écrit sur les menaces de la montagne me parlaient. Un peu lassant l'abus de personnifications. Intéressante l'idée de faire revivre une vieille histoire, mais on devine trop ce qui va se passer. Le style m'a d'abord paru intéressant, puis systématique. Mais je suis contente de l'avoir lu. Le livre montre bien comment la montagne peut être angoissante, il rend bien la montagne effrayante. Mais c'est trop systématique. Donc, j'ai marché au début, mais après… (c'est bien le cas de le dire : ensuite j'ai arrêté de marcher !!!). L'histoire d'amour, c'est gentillet. J'ouvre à moitié.
PS (quelques semaines plus tard...) : J'ai bien raison d'avoir peur de la montagne.
Françoise 
Je me retrouve dans ce qu'a dit Rozenn. J'ai nourri l'espoir que l'auteur fasse mentir la légende, la malédiction. Quand j'ai compris que non, j'étais déçue, c'était moins intéressant. Le style ? Bon, c'est un style suisse, plutôt lourd, j'ai pas aimé du tout. Personne n'est sauvé. J'en pouvais plus. Je n'ai rien trouvé qui rachète ce malheur. Cette destinée implacable, irréversible, noire de chez noire m'a vraiment pesée. Je ferme.
Danièle
Ce pourrait être un livre à suspense, ou un film catastrophe. Mais c’est plus que cela. Pour moi, l’auteur fait avant tout œuvre de peintre, donc sans passer par le filtre du cerveau, comme l’œil d’un peintre qui reste dans l’abstraction. L’auteur plutôt évoque les couleurs d’abord, puis, ensuite, seulement l’objet : c’est ça l’intérêt pour moi dans ce livre, c’est la langue. J’ai accroché totalement, je buvais du petit lait. C’est aussi en musicien qu’il décrit la panique des vaches par la symphonie des clarines. Et cette forme correspond au fond : la perte de repères des personnages et aussi bien pour le lecteur. Le fond et la forme se complètent. J’ai aimé ce style, ou plutôt cette langue, ainsi que la perte de repères que suggère l’auteur en changeant sans raison le temps employé : par exemple p. 144 on passe de l’imparfait au présent : "Un enfant pleurait, une femme crie". Ou l’emploi fréquent du "on" et du "vous" qui sont ambigus. P. 140 "C’est qu’une arête noire était venue se mettre entre eux et vous" : qui vous ? Emploi fréquent du "on" : point de vue du narrateur ? De qui sinon ?
J’ai aimé, comme une midinette, l’histoire romantique de Joseph et Victorine, et la belle mise en parallèle des chemins parcourus pour se retrouver. La même détermination, la même inconscience du danger. Dans sa description, le narrateur passe à la réflexion philosophique : p. 140 "Déjà si on avait pu le voir, il n’aurait pas été plus gros qu’un point […]. Et il aurait été comme s’il n’était pas. Il s’est tenu suspendu, n’étant plus rien."
Le tout s’intègre dans un univers sombre encombré par la superstition ou la malédiction. Car il y a opposition entre les vieux, qui croient à l’influence de phénomènes maléfiques, dans une montagne maudite, et les jeunes, qui croient au rationnel et ne veulent pas se laisser aller à la superstition.
J’ai aimé l’atmosphère créée par l’auteur. Le côté catastrophe est peut-être too much, oui, j’ouvre aux ¾.
Fanfan
Je rejoins un peu Danièle, quant à l'atmosphère rendue par les couleurs : gris, blanc, noir du côté de la mort, et les couleurs la vie. Avec Victorine et Joseph, il y a un beau passage quand ils se séparent dans la montagne. J'ai été beaucoup gênée par le fait de ne pas me représenter le paysage, gênée aussi par les il, on et l'utilisation d'être et avoir. Les jeux de lumière sont très beaux. Quant à Dieu présent partout, ça m'a gavée un peu. J'ouvre ½.
Manuel
J'ai mis beaucoup de temps à le lire. J'ai lu sur Internet qu'il a voulu rendre le patois montagnard. J'ai beaucoup aimé la construction, les thèmes que j'ai trouvés d'actualité : les jeunes/les anciens, les vaches malades qu'on tue, l'avalanche (un glacier italien vient de se détacher du fait du réchauffement climatique). Clou contribue au fantastique, il y a quelque chose d'irréel. J'ai marché quant au suspense ; je ne savais pas pour ma part comment ça allait finir. J'ai moi aussi eu du mal à visualiser. Des expressions m'ont paru incompréhensibles. Quand Joseph monte, j'ai rien compris, ça faisait du Duras, il montait…, il remontait… Et puis, est-ce un journal, un article de journal ? C'est qui, on ? On est dans un fait divers ? J'ouvre ¾ pour la découverte, même si j'ai peiné.
Manuela
Sauf Victorine et Joseph, les personnages ne comptent pas comme individus, ce sont des communautés, d'en bas, d'en haut. L'être humain soumis à des pressions peut devenir sauvage, même le paysage est différent, décrit de manière différente. Le personnage principal est pour moi la montagne ; j'ai aimé, cette lutte contre la nature. J'ai pensé au Rapport de Brodeck de Claudel que nous avions lu dans mon groupe de Tenerife, avec une irresponsabilité collective, sans coupable. Le livre fait aussi penser à la pandémie. J'ouvre aux ¾.
Claire
Dans la lecture, j'ai été étonnée : par l'implicite qui crée le suspense (peu est dit), par l'ambiance, le point de vue (on, puis nous) et par la langue : presque étrangère, avec le rythme, les répétitions-variations qui y contribuent, les scènes...

Manuel
Je suis étonné que tu aimes…

Claire
Oui beaucoup.
Moi aussi j'ai eu du mal à me représenter l'espace, mais j'ai l'impression que ça crée une abstraction, des lignes simplement. Je n'ai pas pensé à du fantastique, mais c'est vrai que Clou pose problème dans le monde réel… J'avoue que j'ai un peu sauté quand on suit Joseph dans ses circonvolutions, mais j'ai senti une intensité, et parfois c'est poignant et pour Victorine et Joseph, ce n'est pas la midinette en moi qui a été touchée j'ai trouvé ça fort. J'ai lu la préface après, bof. J'ouvre aux ¾.
Muriel 
Au début j'ai accroché. Et puis ça m'a barbée. J'ouvre au ¼.
Annick A 
Je n'ai pas du tout aimé. C'est répétitif. Surfait est le style. Ne parlons pas des comparaisons. Quant aux personnages, je n'y ai pas cru. Il n'y a eu pour moi aucun suspense. Je n'ai d'ailleurs pas peur. Le maître et son neveu ont les bêtes qui s'affolent et ils ne bougent pas, j'y crois pas. Des choses m'ont intéressée : le personnage de Barthélémy qui n'a pas peur avec ses gris-gris et qui va vers les autres, la violence qui monte dans le village, au début la dimension politique. Et puis une dimension philosophique : quand on ne voit pas la personne, elle n'existe pas. Je ne me suis pas ennuyée, mais j'ouvre ¼.
Sabine 
Comme Manuel, j'ai eu une lecture hachée. Et j'ai lu d'abord la préface, évidemment ! J'ai été très prise par le début. J'ai aimé le grisé, le camaïeu, des phrases sont étonnantes. J'ai pensé à "Une vendetta" de Maupassant, où également la nature influe sur les hommes. J'ai remarqué les changements de focale, avec on, le passé simple puis le présent. Je me suis après perdue, et je me suis fait chier royal. Il y a bien un passage presque érotique quand Joseph voir des fentes… on frise Emma Bovary. Mais quel malheur. Je suis probablement passée à côté du livre, ancré entre les années 20 et 30, entre Maupassant et Cendrars, le classicisme et l'innovation. Je me suis quand même emmerdée. J'ouvre à moitié.

Avis à distance

Nathalie
C'est un livre magnifique, à l'écriture très poétique d'une lenteur presque insoutenable. J'ai beaucoup de plaisir à découvrir cet auteur que je ne connais pas. Évidemment, le livre me fait penser à tous ceux que nous avons lus en rapport avec la montagne et à leur rythme souvent si particulier lié aux menues tâches de la vie en alpage.
Ici, c'est pour moi encore une fois différent parce qu'il y a un travail d'écriture très particulier et original, un travail sur la langue très sonore ! Ceci est dû à la répétition de certains mots, comme par exemple ceux des couleurs où le rose domine en alternance avec le noir. Mais aussi dans les tournures grammaticales des phrases qui cherchent, me semble-t-il, à rendre le parler naturel des gens du village. Le suspense lié à la peur archaïque est maintenu tout au fil de ce texte : très peu de choses se passent et on les imagine très facilement.
Je pense aussi que son originalité tient au point de vue utilisé pour rapporter descriptions et événements, j'ai en tête une idée de litanie et c'est un peu comme si l'appareil photo se déplaçait dans l'espace avec des angles complètement inhabituels. Il permet par exemple ainsi d'avoir accès à une conversation privée entre deux personnages, ou à la vision déformée en contre-plongée qu'a un autre personnage du ciel au-dessus de lui. Je pense aussi à la vision de la croix noire du clocher : c'est elle qui se déplace, alors qu'en vérité ils arpentent le chemin.
J'ai déjà surligné quelques passages dont celui des hommes qui mâchent la nuit ou celui de l'évocation de la disparition de l'être aimé quand Victorine redescend de la montagne (je te mets deux clichés en pièce jointe)
J'ai pensé évidemment à la chèvre de monsieur Seguin quand le rapporteur des événements d'en haut dit qu'il a tenu la porte toute la nuit alors que quelque chose de fantastique tentait d'entrer !
Monique L
L'histoire est admirablement contée. On avance avec angoisse dans ce récit habilement mené jusqu'à son dénouement.
Ramuz nous décrit une montagne très minérale, une nature grandiose et écrasante et la vie rude de ses habitants avec leurs vieilles croyances, leurs peurs ancestrales et leurs traditions très ancrées.
L'atmosphère devient peu à peu pesante, on ressent une menace, le récit monte crescendo. Tout est suggéré, à aucun moment n'apparaît une figure malfaisante ou un quelconque monstre, mais tous se persuadent peu à peu que le malheur est sur eux. Chaque bruit, chaque ruissellement ou frottement devient suspect. On sent la frayeur et les angoisses prendre le dessus sur la raison.
Un personnage reste énigmatique pour moi : Clou, qu'apporte-t-il à l'histoire, lui et ses cailloux ?
Le narrateur m'a déconcertée plusieurs fois. Je ne savais plus qui parlait.
Le parti pris de l'auteur d'utiliser le langage rude de montagnard est déroutant mais intéressant. Il y a des descriptions sublimes, mais j'ai eu du mal parfois dans ma lecture à cause de l'écriture composée de longues phrases avec changements de temps et de sujet.
J'ouvre aux ¾.
Catherine 
Un très très bref avis de lecture sur La grande peur dans la montagne. Je l'ai lu il y a un bon mois et je n'ai pas apporté le livre avec moi.
Ça m'a fait sourire que vous commenciez ce séjour en montagne au milieu des moutons, dans un chalet éloigné du village, par ce livre, quand même un peu flippant. Je ne sais plus si Rozenn est là, mais, si oui, elle qui était oppressée par la montagne... ça ne va pas la détendre.
Le livre ne m'a pas totalement emballée, mais il y a vraiment une ambiance, on sent une montée progressive de la peur et de la rumeur, dans ce village coupé du monde, avec un enchaînement de catastrophes et de morts. Au fond, tout ça ne repose sur rien, des rumeurs et une épidémie dans le troupeau.
Je n'ai finalement pas gardé de souvenir plus précis et ça n'a pas vraiment été un plaisir de lecture. J'ouvre à moitié.
Etienne
Ouvert en grand, il fera partie de ces livres majestueux que j'ai découverts grâce au groupe. Mais quelle langue ! C'est d'une poésie à couper le souffle et surtout sans faire "artificiel" ni kitsch, je trouve que l'on ressent particulièrement ce côté artisan dont Ramuz se réclamait. On a beau savoir que ça va mal se finir, l'apocalypse fait tout de même son effet. A mon sens il peut s'inscrire dans la même veine (et du coup au même statut) qu'une œuvre de Lovecraft. Fascinant.
Édith
Lecture haletante car je voulais connaître le dénouement. Cette première lecture "des yeux" a quelquefois buté sur la syntaxe particulière de Ramuz (je n'ai pas lu d'autre livre de cet auteur) : en est-il toujours ainsi de sa syntaxe ?
J'ai donc, une fois le dénouement connu, repris le livre en "articulant mentalement" les phrases sur lesquelles j'étais passée vite. Admirant ainsi la force d'évocation provoquée par le choix et souvent la répétition de certains mots, la lenteur de la description, la, retenue du récit (découverte de la réalité de la mort de Victorine par Joseph qui regarde en plusieurs fois comme si il voulait que la réalité s'efface.)
Les pages relatives à la montée de la première équipe avant l'été, la montée "inquiète" de Victorine pour rejoindre Joseph, son amoureux retenu dans le pâturage, ainsi que la descente dangereuse de Joseph vers le village pour y découvrir le drame de son amour, tuée par la montagne, sont autant de récits ou les mots juxtaposés, répétés, déplacés, donnent à sentir l'ambiance et le malheur présent ou à venir.
J'ai moi aussi peiné dans les ascensions de Joseph, de Victorine, de Clou, réagi aux éboulis dont les mules sont victimes, le glacier mouvant un danger constant et évoqué dans toutes ses nuances colorées.
Je ne connais pas la montagne (la haute montagne) pour n'y avoir jamais randonné : les phrases qui la décrivent me renvoient autant de crainte que d'admiration - beauté changeante, lumière et ombre, danger toujours, mais aussi, pour qui l'aime, révélation et soumission à sa force brutale.
Si je parle peu des autres personnages de l'équipée, ni non plus du village et de son rythme journalier, c'est que j'ai surtout été "envoûtée" par l'ambiance de la montagne : "c'est que la montagne a ses idées à elle, c'est que la montagne a ses volontés" (derniers mots). La fin du récit : affrontement de deux volontés ? Humaine la montagne ?
J'ai aimé ce livre. J'ai aimé la préface de Jacques Chessex dont que je connaissais d'autres lectures (sombre lui aussi).
Je l'ouvre en grand malgré et aussi à cause de l'effort de lecture attentive demandé et pour le plaisir du frisson.
Marie-Thé
Si j'ouvre ce livre à moitié c'est pour son originalité, pour la force et pour l'atmosphère qui s'en dégagent. Avoir face à soi une montagne, c'est quelque chose... (au propre et au figuré). Lorsque cette montagne est gigantesque, hostile, infranchissable, c'est encore autre chose... J'ai cependant aimé la description qui en est faite ici d'une montagne menaçante, méchante : "arrangement de tours, de pointes, d'aiguilles, de dents." Et au-dessus : "Le ciel faisait ses arrangements." Comme un refrain, cela vient et revient. Tandis qu'au village on est dans "le dérangement" avec les tours de garde.
Je retiens aussi les portraits, tous les personnages sont pittoresques, ou encore l'évocation de la vie dans ces villages de montagne, là où les croyances et les superstitions persistent. Et puis brrr... (frisson), on sent que le drame arrivera.
Si je ferme à moitié, c'est en fait un peu pour les mêmes raisons : cette atmosphère si bien rendue, cette montagne ainsi décrite, ce glacier invincible, je ne les aime pas. Tout est menaçant ici, difficile pour moi que la montagne fait tant rêver.
J'avais essayé de lire ce livre il y a bien longtemps, mais je l'avais vite refermé : de vieilles croyances bretonnes ou antillaises allaient peut-être venir se superposer à celles des villageois. Aujourd'hui, même pas peur, car finalement il y a une explication à tout, jusqu'au chapitre 15, jusqu'à la page 176 précisément ; tout paraît démesuré et pourtant vraisemblable, possible, jusque là. Après ça se gâte : "Joseph voit là-haut le brouillard se fendre ; par l'ouverture, un homme se porte en avant"... : Dieu (?!!!) À partir de là on entre dans un monde imaginaire. Avec ce personnage (Clou ?) gigantesque et indestructible, tel un fantôme sortant des nuées ou encore du glacier, on rejoint des grands mythes : le destin est en chemin, nul ne peut lui échapper...
Et Joseph découvrira que les mains de Victorine dans la mort sont devenues froides comme le glacier et dures comme la pierre. Ici encore les forces du mal se manifestent, avec Clou, personnage maléfique. J'ai par contre aimé Barthélemy qui me fait penser à un vieux conteur. Quant à l'humour, je n'en ai trouvé qu'au tout début de cette histoire : "ils votèrent d'abord pour savoir si on allait voter"...
J'ai été surprise par tant de répétitions (avec Joseph gravissant à deux reprises les sommets, je n'en pouvais plus). En revanche j'ai été sensible à ce qui revenait comme un refrain, les changements dans le ciel et dans la montagne, la sonnerie aux morts à la fin, refrain lancinant... Important aussi le lait qui se perd, une honte constate Barthélemy, et le ciel prend la couleur de ce lait qui pourrit. La fin de l'histoire, pour moi, trop c'est trop. Enfin, j'ai été gênée par des changements de temps dans une même phrase, par certaines formulations : "ils avaient monté", "malgré qu'à ces hauteurs", etc. L'emploi du "on" m'a dérangée ainsi que la place du narrateur. Les vouvoiements m'ont étonnée.
Livre particulier et intéressant, mais je suis contente de tourner la page.
Fanny (un mois plus tard)
Je viens juste de finir La grande peur dans la montagne.
La lecture était parfois ardue, mais touchante et prenante. J'ai été un peu influencée par les quelques lignes de Nathalie sur le fil WhatsApp qui disait si j'ai bien compris qu'elle avait beaucoup ri. Je m'attendais à un humour un peu décalé, notamment dans les premières pages, je les trouvais tous un peu candides face à cette menace supposée. Et j'ai pu rester dans cette illusion jusqu'à la mort de Victorine. À partir de ce moment, tout a basculé.
Le style un peu saccadé rend parfois la lecture peu fluide, mais maintient en tension, à l'image de la montagne impitoyable.
J'ouvre ¾ et je m'attaque à Thomas Mann.

Compte rendu des avis du GROUPE DE TENERIFE
réuni le 4 octobre 2022,
rédigé par José Luis
Complétant les réactions communes qui suivent,
Nieves
et José Luis ont ajouté leur avis personnel détaillé

1. Nous nous sommes rencontrés, comme d'habitude, dans la cafétéria du Casino de La Laguna, autour d'une grande table ronde, située dans un coin très lumineux, préalablement réservée par les soins de Nieves. Quatre autres membres du groupe étaient présents : Ana, Manuela, Maruca et José Luis. Le texte à en débattre était le bref roman La grande peur dans la montagne, de l'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz.

2. Le groupe a trouvé le roman un peu étrange, certains à cause du sujet, d'autres pour des raisons liées à son écriture, d'autres, enfin, pour les deux motifs en même temps. Je me demande, après coup, si ces étrangetés ne découlent pas, au moins en partie, de l'époque où ce texte bizarre a été publié (1925) et de la biographie de l'auteur, né et formé au XIXe siècle (1878). Ni l'écriture, ni, surtout, le thème traité, proprement décimononiques, seraient, me semble-t-il, envisageables aujourd'hui, même si sur l'écriture il conviendrait, peut-être, nuancer ces propos.

3. Une partie du petit groupe a trouvé intéressantes les descriptions de la montagne, notamment celles de la dernière partie du livre, où elle - la montagne - semble prendre vie et exhibe toute sa force destructrice. En face de cette force tellurique, la description de la tendresse et de l'amour contrariés de Joseph et Victorine ont fait mouche dans la sensibilité du groupe.

4. Une certaine confusion a été signalée par certains, dans les descriptions, par exemple du parcours de Joseph, lors de sa descente au village, ou dans la description par trop mystérieuse de certains des personnages.

5. Finalement, personne n'a su répondre à la question de l'identité du relateur des événements, puisque parfois le texte semble être écrit à la troisième personne, parfois, mais moins souvent, un "je", semble prendre sa place.

6. Peut-être une relecture du livre pourrait éclairer une partie des interrogations qu'il a suscitées chez nous. Mais je n'ai pas su identifier aucun intérêt de cet ordre chez aucune des personnes présentes.

Nieves
Cette histoire, minutieusement décrite, se déroule dans un petit village de montagne où, après une votation difficile gagnée par les plus jeunes, on décide de monter à l'alpage hanté de la Sasseneire à 2300 mètres d'altitude. C'est ici qu'il y avait eu auparavant un événement inexplicable qui s'était terminé en tragédie, ce qui arrivera de nouveau car ceux qui décident d'y aller n'ont pas voulu écouter l'avis des plus vieux à cet égard.
À signaler, la grandiosité du paysage où se joignent la beauté et la force imbattable de pierriers, des glaciers, de la moraine ou du torrent que les hommes ont du mal à maîtriser, annonçant tout de suite la tragédie dernière. C'est la nature la vraie protagoniste, c'est elle qui décide effectivement de la vie des hommes, prisonniers de ses changements imprévisibles. Or, malgré une écriture un peu rude et déconcertante comme les mouvements de la montagne, cette lecture a réussi à m'attraper.
Puis, on ne peut pas oublier le côté légende du récit, typique des communautés montagnardes, plus accentué, j'imagine, dans des endroits aux paysages si puissants comme les Alpes, quoique même dans des lieux moins impressionnants, on raconte des histoires effarantes qui alimentent la peur des habitants.
Pour une mentalité plus actuelle, tous ces éléments composent un fait divers fabuleux avec des personnages comme Lou ou Barthélémy qui ne répondent pas à un comportement normal dans l'histoire, ce qu'on aperçoit clairement depuis le début, et dont leurs relations avec le reste des personnages annoncent déjà qu'il va y avoir un choc dramatique.

José Luis
Que cherche Charles-Ferdinand Ramuz à nous dire en écrivant ce livre ? Que la nature est toute puissante et se moque de la rationalité humaine, ou même que son intelligence dépasse celle des hommes, c'est pourquoi elle leur donnera leçon après leçon, ayant envers eux le comportement cruel et tragique qu'elle avait déjà fait vingt années auparavant, intelligence qui ne serait que l'expression de la volonté de Dieu ? Veut-il montrer que la sagesse des vieux ("les assis", selon la célèbre formule de Rimbaud), qui s'alimente de leurs peurs et de leurs superstitions, et qui les conduisent à éviter tout changement, valent mieux que la désinvolture des jeunes et leur volonté de nier la possibilité que l'ancienne tragédie se répète ? Parce que la fin du roman donne raison aux vieux contre les jeunes, et même, au-delà, contre la valeur ou l'intérêt du respect des règles de la démocratie puisque la décision de monter avec les bêtes aux pâturages des alpages a été décidée après une votation démocratique.
Lue de cette manière, au premier degré, La grande peur de la montagne est un roman énormément conservateur, voire réactionnaire, si à tout ce qui précède l'on ajoute la condamnation de ce qui a de plus pur et prometteur dans l'histoire racontée : les amours entre Joseph et Victorine, laquelle sera punie d'un côté pour avoir osé aller à la rencontre de son fiancé et de l'autre pour avoir défié toute seule - elle, une femme ! - les forces de la nature.
Mais l'on pourrait aussi penser, au deuxième degré, que Ramuz ne fait que se faire le notaire d'une tradition - avec des fondements plus ou moins réels - d'une des vallées suisses, une tradition parmi d'autres, racontée dans les villages des vallées, les soirs auprès du feu, dans l'entre deux siècles, avec la finalité, non avouée mais bien fondée, de maintenir les gens dans l'ignorance, la peur, et le renoncement à toute forme d'évolution. Le caractère, à mon avis, étouffant de l'histoire, serait un parfait véhicule pour étouffer toute velléité de libération de la jeunesse et pour confirmer les aînés dans leur torpeur millénaire.
Il reste à parler de l'écriture qui, paradoxalement, me semble d'une grande modernité. Je ne prendrai pour preuve qu'un morceau du long paragraphe où l'on raconte la descente de Joseph au village par une route différente de l'habituelle :

On ne sait pas toujours où il va. C'était une levée de rocs noires d'humidité et frangée de blanc dans le haut, et toujours personne. Personne ne semble être venue ici depuis les commencements de la terre et n'y avoir rien dérangée, sauf qu'à présent un homme continuait d'écrire les preuves de son existence, comme quand on met les lettres l'une à côté de l'autre, pour une phrase, puis encore une phrase, dérangeant ainsi le premier la belle page blanche avec la trace de ses pas. Où est-ce qu'il va ? De nouveau on se demandait : "Où est-ce qu'il peut bien aller ?", car il ne semblait pas qu'il pût y avoir sur ce point aucun passage, pourtant Joseph allait toujours.

C'est par cette écriture que le roman de Ramuz mérite d'être lu, en tout cas, c'est là que j'ai trouvé mon plaisir. L'histoire racontée, elle, m'a énormément ennuyé.


UN PEU DE DOC autour du livre de Ramuz
Bio et bibliographie
Presse

BIO ET BIBLIOGRAPHIE

Par quel bout prendre ce monument suisse...
Pas simple de découvrir cet écrivain au riche parcours et dont l'œuvre (oubliée ?) est considérable (romans, essais, poèmes) : 2 x 1800 pages en Pléiade - et il ne s'agit que des romans (22), puisque les éditions Slatkine, à Genève, ont publié ses œuvres complètes en 29 tomes !...

On peut lire une présentation très claire de Jean-Pierre Monnier sur le site de La République des lettres (qui a publié d'ailleurs 5 livres de Ramuz dont La grande peur dans la montagne).

Si l'on veut des infos très détaillées, Wikipédia présente un véritable dossier, très complet, cliquez si vous osez sur Charles Ferdinand Ramuz.

Et n'oublions pas la Fondation Ramuz avec une belle chronologie ›ici.

Beaucoup à découvrir !
Par exemple ces surprises :

          Ramuz et Igor Stravinsky en 1928

La collaboration avec Igor Stravinsky,
réfugié en Suisse, donnera lieu à L'Histoire du soldat, composée par Igor Stravinsky en 1917 sur un texte de Ramuz pour trois récitants (le Lecteur, le Soldat et le Diable) et sept instrumentistes.
 
Les Cahiers de la quinzaine dirigés par Péguy lui consacrent un numéro en 1926, "Pour ou contre Ch.-F. Ramuz", dans lequel différents auteurs prennent position sur son style. Ramuz "se défendra" en 1929 dans une Lettre à Bernard Grasset.
Des analyses
Ramuz est bien oublié en France. Qui le lit à part Voix au chapitre ?!...
Dans la rubrique originale de Zone critique "PEUT-ON ENCORE LIRE ?", Germain Tramier répond à la question "Comment expliquer le fossé qui existe entre l'aura qu'a pu avoir Ramuz dans les années 1930-40 et ce qui en reste aujourd'hui en France ? Nota bene : sa renommée en Suisse se porte à merveille. (article du 1er décembre 2019).

On peut aussi se plonger dans une analyse davantage prise de tête, fort intéressante : "Ramuz paysan, patriote et héros : construction d'un mythe, Stéphane Pétermann, A contrario, 2006.

AUDIO ET VIDÉO


Sur les ondes, des vieilleries :
- par exemple sur France Culture, une émission de Hubert Juin, réalisée par Georges Gravier, diffusée pour la première fois le 1er juin 1967. Hommage à C. F. Ramuz, montre à quel point la radio a évolué...
- ou bien une conférence sur Charles-Ferdinand Ramuz de Georges Borgeaud diffusée pour la première fois le 12 novembre 1958 sur France III Nationale, rediffusée sur France Culture le 28 août 2015.

Bien plus moderne : Qui était Ramuz ? en deux minutes, par Stéphane Pétermann, chercheur au Centre des littératures en Suisse romande de l'Université de Lausanne et auteur de "C.F. Ramuz. Se sentir vivre et battre le mot" (Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. "Savoir suisse"», 2019).

Très original : ce film de 4 min Ramuz et moi de Yatoni Roy Cantu, ECAL/UNIL, 7 septembre 2015.

Deux films ont été tournés, adaptés de La Grande Peur dans la Montagne :
- 1966 : par Pierre Cardinal, avec Marie-Christine Barrault et Philippe Clay
- 2006 : par Claudio Tonetti (voir bande annonce) avec Jean-Luc Bideau, Jean-Baptiste Puech, Anne Comte.

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
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