La
Storia, trad. Michel Arnaud, Folio, 960
p.
Quatrième de couverture
:
"Un jour de janvier de lan 1941 un soldat allemand marchait
dans le quartier de San Lorenzo à Rome.
Il savait en tout 4 mots ditalien et du monde ne savait que peu
de chose ou rien.
Son prénom était Gunther.
Son nom de famille demeure inconnu."
Dans cette fresque à la fois historique
et populaire, Elsa Morante fait revivre à travers lhistoire
dUseppe, fruit dun viol commis par un soldat allemand ivre,
et de sa mère, les horreurs de la guerre, cet "interminable
assassinat".
Folio en deux tomes :
Gallimard,
coll. Blanche,
1977
La
Storia - Aracoeli,
coll. Biblos, 1989
Très copine avec Leonor Fini, Elsa Morante partageait
avec elle l'amour des chats...
wikipédia
Peu de chats dans La Storia,
mais des chiens !
Pour éclaircir un gros mot du 1er article SUR
LA RÉCEPTION EN ITALIE DE LA STORIA :
L'épos,
également appelé "poésie épique",
est un genre littéraire et poétique qui consiste à
raconter des exploits héroïques, des aventures extraordinaires
et des événements historiques ou mythologiques.
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Elsa Morante (1912-1985)
La Storia (1974, traduction française 1977)
Nous avons lu ce livre pour le 6 septembre
2024.
Voir en
bas de page de la doc autour du livre.
Sabine (à l'écran depuis Nîmes)
Je me suis lancée sans a priori dans la lecture de ces 900 pages,
qui jouissaient autour de moi d'un avis plutôt favorable. Je me
rappelle avoir eu un peu de mal avec les premières pages du roman.
À la page 100, ça se corse : "Là-dessus,
il resta dans une pose boudeuse, attendant de cette sienne présentation
propitiatoire un résultat qui,..." : ouf, ouf !!
Qu'est-ce que cette traduction littérale (confirmée par
un bilingue) : "aspettando, da quella sua presentazione propiziatoria"
???
À partir de là, je me questionne sur :
1) les compétences du traducteur
2) le style de l'autrice.
Il y a un vrai problème avec l'antéposition abusive des
adjectifs épithètes : "avec l'échéance
de la fatale et par elle toujours remise explication" (p. 144)
; je remarque une dernière tournure qui me semble agrammaticale
: "Il répliqua par contre, avec animation et rayonnant"
(p. 155) (coordination de deux mots de nature différente,
pouf, pouf). Un petit dernier lourdingue avant de passer aux remarques
plus laudatives (!!) : "cela avec un tel naturel absolutiste"
(p. 157)
Bref, j'ai tout de même poursuivi ma lecture dans la piscine, et
me suis laissé entraîner par et dans l'histoire d'Iduzza,
Useppe, Nino et le chien (les rapports entre les garçons et le
chien, pouf, pouf !). Les descriptions m'ont renvoyée à
certaines scènes du cinéma italien : Une journée
particulière par exemple. Je n'ai jamais pu identifier qui
racontait l'histoire (signe d'une lecture parfois en diagonale, c'est
vrai).
Cette lecture estivale me laisse sur ma faim : j'ouvre à moitié.
Etienne (à l'écran depuis Rennes)
C'est une espèce de chape de tristesse qui s'est abattue sur moi
à la fin de la lecture de La Storia ; un blues tenace qui
a duré plusieurs heures dont j'ai eu du mal à me défaire.
Pourtant tout a été fait pour nous préparer : assez
rapidement, par le truchement de la narratrice omnisciente (utilisant
là presque la technique de l'histoire contée sans que cela
soit vraiment clair au départ), on sait rapidement que l'on assistera
à un jeu de massacre. Mais le livre est long, alors on oublie,
on reprend espoir. Mais en vain.
La Seconde Guerre mondiale donc. Sujet dont certains dans le groupe redoutaient
encore une fois le choix. J'ai moi-même beaucoup lu sur le sujet
ces 6 dernier mois (La
mort est mon métier, Hhhh,
Si c'est un homme). J'avais pourtant l'intuition que ça
ne serait pas que ça et je n'ai pas été déçu.
L'angle d'attaque est évidemment percutant : en commençant
par un viol d'une civile par un soldat, tout en ayant au préalable
fait la généalogie d'Ida pendant de longues pages, Elsa
Morante donne chair à cette dernière, ce n'est pas une anonyme.
Première surprise, la description du viol est assez troublante
et brouille nos représentations mentales du crime. On en vient
à culpabiliser de se demander pourquoi Ida semble prendre du plaisir
et le soldat semble simplement être un pauvre type qui ne lui souhaite
pas réellement de mal. On rentre donc dans la violence de la guerre
par la "petite porte", mais cette violence est insidieuse et
à un effet de bombe à retardement. En effet deuxième
surprise, le fruit du viol, une grossesse donnant naissance à Useppe,
est un événement joyeux qui semble resouder la petite famille
et l'enfant insuffle de la joie tout au long du livre.
Mais petit à petit, tout va se resserrer autour d'Ida : la traque
des Juifs (dont elle ne sait pas vraiment si elle en fait partie), les
bombardements, l'engagement de son aîné chez les fascistes
puis son revirement à 180 chez les partisans, le manque de travail,
la dénutrition de son fils, la mort de Nino et enfin le "Haut
mal" d'Useppe qui se révèlera en toute fin de livre
; sorte de bombe à retardement qui vient annihiler tout espoir
de bonheur (paradoxalement la famille n'aura jamais été
aussi heureuse que pendant la guerre).
C'est cette construction lente, mois par mois, année par année,
qui fait évidemment la grandeur du roman : Morante prend le temps
de faire patiemment éclore le malheur pour démontrer que,
oui, la guerre, absurdité à mille facettes, est bien un
interminable assassinat.
Le roman étant évidemment très riche, j'ai relevé
trois autres thématiques qui m'ont également beaucoup plu
:
- une description quasi-sociologique de la classe ouvrière moyenne
italienne avec un souci du détail passionnant : corps de métier,
outils, noms, ce sont des pans entiers de la société que
l'on découvre. Le propos n'est pas le même, mais j'ai rapproché
certains passages de ma lecture d'une autre autrice italienne avec Bas
la place, y'a personne de Dolores Prato ;
- l'incursion, inattendue, dans le merveilleux avec les poèmes
d'Useppe, ses rêves, ses chansons, ses puissantes hallucinations,
ses discussions avec sa chienne Bella ;
- le personnage de David Segré qui mériterait un livre à
lui tout seul : Elsa Morante y a-t-elle inséré une partie
de son parcours intellectuel/politique ? Je n'ai rien lu sur l'autrice,
mais je n'en serais pas surpris. David est un personnage maudit, presque
au sens d'une tragédie grecque. Son cheminement lui a offert à
la fois une libération, mais barré l'accès au bonheur,
lui qui l'aime tant. Son monologue au bar est un des sommets du livre
et offre un éclairage lumineux sur le tiraillement et le désespoir
que peut ressentir un anarchiste.
Ça aura donc été une lecture passionnante et éprouvante,
longue mais nécessaire, implacable dans son désespoir, mais
ponctuée de trouées de lumière. Assurément
le livre lu le plus marquant de l'année, je l'ouvre en grand.
Rozenn
De tout l'été je n'ai pas eu
la disponibilité pour lire le gros livre de l'été,
entre autres trop prise par la lecture à haute voix d'Harry Potter
Ces derniers jours je l'ai regardé : 900 p. Je l'ai feuilleté.
J'ai cherché le film correspondant et j'ai trouvé et écouté
une lecture en 10 épisodes sur YouTube.
Il s'agit d'extraits lus. Un montage autour de l'histoire d'Ida. Cela
ne m'emballait pas. Le livre perd sans doute de son épaisseur.
L'ancrage dans l'histoire et de la subtilité pour les personnages.
Enfin, j'espère.
Et je me suis dit que je ne le lirai pas
J'ai trouvé ça énorme en général...,
une histoire énorme... Je pense que ça peut donner une idée
du style et je n'aime pas : trop de mots ! (Comme Salieri aurait
dit à Mozart : trop de notes !). Mais des trouvailles.
J'ai feuilleté le livre et j'étais quand même un peu
tentée, mais il me semble qu'il faut être solide pour traverser
cette lecture. Je le lirai peut-être. Ou peut-être pas. Cela
dépendra aussi de ce que vous allez dire...
(À l'issue de la soirée) Après vous avoir
écoutés, je me dis que je le lirai un jour
sans doute
je lirai sans doute bientôt les passages recommandés.
Je l'entr'ouvre
Françoise entre
et
J'étais pourtant partante pour lire ce livre. Mais comme Rozenn,
je ne l'ai pas lu et l'ai écouté sur France
Culture. C'est la première fois que j'écoute
un livre lu, c'est bien sûr différent, et je pense qu'il
me serait sinon tombé des mains tandis que le livre ne m'est pas
tombé des oreilles...
(Précision : il s'agit de 10 extraits de 30 min chacun).
J'ai trouvé ça très pesant, et n'ai pas vu comme
Etienne ce qui rachète la pesanteur.
Sur le style, je n'ai pas d'idées, ça se laisse écouter,
peut-être pas lire...
Mais je n'ai pas vu de lueur. Et je n'ai pas trouvé que la grande
histoire rachetait la petite, ni l'inverse.
J'ouvre entre ¼ et ½. Ce ne m'est pas apparu comme un chef-d'uvre.
C'est noir, pessimiste.
Rozenn
Ce n'est pas un feel good !
Annick A
J'ai bien aimé ce livre, je l'ai même beaucoup aimé,
pour sa capacité à lier très joliment grande et petite
histoire. Tous les personnages sont très bien campés.
Certes le livre est un peu lourd. C'est en particulier très difficile
de lire ce qui a trait à la guerre.
J'ai bien aimé Useppe, un personnage
qui met un peu de baume.
Concernant Ida, il y a des passages très durs, dans le ghetto ;
dans le train, la scène est terrifiante.
Il y a des scènes un peu plus sympas, avec le chien et l'enfant.
Naïf, il s'attache aux autres. Heureusement qu'il y a ça !
Quant à l'écriture, c'est plutôt bien écrit,
facile à lire.
J'ouvre aux ¾.
Danièle
J'ai eu tout d'abord du mal à envisager de m'enfoncer dans cette
grosse épaisseur pour l'été... Mais au final, je
le dis tout de suite, j'ai beaucoup aimé ce livre. Donc merci à
ceux qui l'ont recommandé.
C'est une saga qui m'en a appris beaucoup sur l'histoire de la Seconde
Guerre mondiale en Italie, telle qu'elle l'a vécue, entre fascisme
et dictature du prolétariat. Je connaissais surtout l'Histoire
vu à travers le prisme des Alliés et de l'Allemagne.
J'ai apprécié le lien entre petite et grande Histoire, le
tout dans un flux continu, sans perdre haleine, tout en mélangeant
plusieurs genres. Tout comme en peinture, on a le portrait, les scènes
de genre avec les animaux et la vie de famille, et, en grand format, la
peinture d'Histoire... On a ici toute la palette.
C'est une galerie de portraits foisonnante et haute en couleur. Les enfants,
en particulier Useppe, apportent de la vie et de la fraîcheur au
texte. Quel plaisir de faire la connaissance de Nino, l'adolescent rebelle
et filou, sûr de lui, avec l'arrogance de son âge ; il
est ingrat avec sa mère, tout en étant attentif. Pareil
pour Useppe : sa joie de vivre apporte une fraîcheur qui allège
l'ambiance. Leur joie de vivre est communicative et attendrissante dans
les conditions de vie ahurissantes de la guerre, la pauvreté, les
malheurs, la destruction de leur maison. Ces deux frères hors norme
manifestent leur amour réciproque avec un bonheur qu'ils semblent
communiquer aux animaux présents. Car ici, les animaux ressentent
beaucoup de choses (le départ, la mort, la solitude) et l'expriment
parfois plus que les personnages : ils font partie de la saga.
La mère, Ida, passe au second plan dans ces démonstrations.
Elle est l'image même de la culpabilité après la scène
de viol, phénomène bien analysé depuis. La scène
elle-même est toute en finesse, sans accabler tout à fait
le violeur, soldat allemand paumé dans cette guerre, s'attardant
avec finesse sur toute l'ambiguïté de la situation. Elle s'excuse
d'exister en tant que juive (en fait, au quart juive) et femme violée
par un Allemand. Elle se sacrifie matériellement, sans reconnaissance
de la part de son fils.
Les autres personnages ont la truculence bien connue des Italiens, c'est
ainsi qu'on les connaît d'après des films comme la Strada
de Fellini, ou dans la Rome populaire des films de Vittorio De Sica. Ils
expriment leurs opinions politiques avec emphase, et n'hésitent
pas à changer de camp, mais toujours avec la même ardeur
et la même sincérité. Elsa Morante donne la part belle
aux révolutionnaires, en insistant pourtant, avec Carlo Vivaldi
sur la nécessité de la non-violence.
Bien sûr l'ambiance générale n'est pas à l'euphorie.
L'ensemble de l'histoire est triste et poignant avec ses scènes
d'horreur (en particulier l'expédition dans le train pour les camps
de concentration), mais nous n'avons pas affaire à un mélodrame,
sans doute parce qu'Elsa Morante est bienveillante envers tous ses personnages.
Voilà l'histoire telle qu'elle est, nous dit-elle. Dans un style
que j'ai trouvé convainquant.
J'ouvre aux ¾.
Richard
J'ai lu les deux tiers du livre à une vitesse normale, puis j'ai
sauté pour voir la fin...
Certaines scènes sont très émouvantes.
Comme documentaire sur la situation italienne pendant la Seconde Guerre
mondiale, c'est un livre très utile.
Mais c'est un véritable pavé : il faut travailler, avoir
de la patience.
Et la nature du récit n'aide pas. Il n'y a pas assez de poids sur
quoi s'accrocher.
Le soldat viole, puis disparaît : ainsi, ceux que je croyais rencontrer
comme personnes ne sont que des éléments d'une histoire,
utilisés comme tels.
J'ai noté des erreurs de français, comme "laisser tombée".
La lecture du livre est un peu comme un marathon : on sait que c'est long
; 2 km ça va ; mais quand on rentre dans le 10e, on sait qu'il
y a encore 30 km à parcourir et on sent qu'on n'a pas le temps
pour admirer le paysage du 10e (on veut avancer vite à la fin).
C'est un livre trop long à digérer et je ne pense pas le
finir.
J'ouvre ¼.
Renée (à l'écran depuis Narbonne)
Livre à la fois addictif et agaçant car trop long. A la
page 400, j'ai commencé à me dire : elle nous raconte la
vie de ce Carlo-David, son rejet de la bourgeoisie et en conséquence
son anarchisme : ok, mais ça n'a pas grand rapport avec l'intrigue
; elle aurait pu écrire un livre de 200 pages sur le sujet. Cependant
j'ai vaillamment continué ma lecture. Page 550, overdose ! J'ai
prétexté la canicule qui a duré longtemps pour sauter
des paragraphes et m'attendrir sur le sort de ce petit Useppe et sa maman.
Je suppose qu'à ma première lecture c'était l'hiver
(et évidemment j'étais jeune) car ce livre m'avait fait
une forte impression : grand roman néo-réaliste.
C'est un livre ambitieux où Morante a parfaitement réussi
à mêler la vie plutôt misérable de petites gens
avec la grande Histoire. On sent parfaitement son engagement politique
auprès des communistes. La construction avec un rappel historique
avant chaque paragraphe a été reprise dans plusieurs sagas
pour jeunes adultes : ma petite fille adore ça.
Peut-être que ce livre qui était "moderne" en 1977
a vieilli parce que nous avons énormément lus de romans
sur cette époque, que l'équilibre mondial a été
bousculé depuis, que notre vision de l'Europe a complètement
changé. Il peut rester didactique pour de jeunes lecteurs, mais
je ne l'imposerais à aucun de mes amis. En conclusion, mon avis
passe de grand ouvert en 1977 à ¼ en 2024.
Jérémy
Avant la lecture : J'avais défendu bec et ongles la programmation
de ce livre : une fresque historique, pendant la Seconde Guerre mondiale,
et qui plus est un gros livre, sur le papier c'est fait pour me plaire
!
Après la lecture : Je l'ai commencé en juin et finalement
ne l'ai pas emporté en petits morceaux en randonnée comme
je l'avais fait l'année dernière pour Middlemarch,
craignant de n'avoir que cela à lire s'il ne me plaisait pas. Or
il se trouve que le début de la lecture ne m'avait pas vraiment
convaincu, ou tout du moins pas plus enthousiasmé que ça.
Je l'ai repris lors de mon retour à Paris et ne suis pas allé
jusqu'au bout. Je me suis arrêté à la page 405. Je
n'ai pas trouvé ce que j'attends d'un pavé, qui plus est
ayant un arrière-plan historique : ampleur, profondeur, analyse,
etc. J'attends que cela "brasse large" ! Bien sûr
les deux livres ne sont pas comparables, mais l'année dernière
les axes de réflexion et d'analyse ne manquaient pas dans Middlemarch,
c'était riche !
Ici, on ne dépasse jamais vraiment le niveau de l'anecdote, des
scènes de la vie quotidienne. À mon sens, il s'agit plus
d'un journal de guerre romancé que d'un roman à proprement
parler. Tout est très terre à terre, très prosaïque.
Si je l'ai lu sans déplaisir, je l'ai surtout lu sans plaisir,
donc dans une sorte d'indifférence. Je pense que cela tient aussi
au fait qu'il n'ait pas d'enjeu. Renée parlait de l'intrigue du
livre. Mais justement quelle est-elle ? Là où je me suis
arrêté, à aucun moment je ne me suis dit "Que
va-t-il se passer ensuite ? Comment cela va-t-il se dénouer
?". Le récit n'avance pas.
Bref, je n'ai pas été embarqué et de toute façon
je ne vois pas où veut nous emmener Morante. Pour moi, le livre
est trop narratif, trop descriptif et manque cruellement de romanesque.
Certaines choses m'ont aussi agacé : la place prise par les
animaux de "compagnie" : le chien puis la chatte (Rossella)
je crois. Cela m'a semblé lourd et répétitif. Je
n'ai pas été touché par Useppe, ni par la scène
de la gare, que certains ont trouvé triste et poignante. J'y suis
resté extérieur. Je n'y ai pas vraiment "cru"
et à je ne l'ai pas du tout trouvé émouvante. Avec
le recul, je comprends que certains aient visualisé des images
de cinéma italien des années 60, c'est vrai que tout est
tellement décrit par le menu qu'on ne peut que s'imaginer le "décor".
Mais justement, cela flaire un peu trop le Cinecittà, le décor
en carton-pâte, comme s'il y avait un côté factice.
Enfin, je n'ai pas trouvé ça très bien écrit.
La traduction y est peut-être pour quelque chose. J'ai remarqué
ces répétitions : "à la vérité",
"un peu". Qui sont comme certaines redites sur le fond, un peu
lourdes à la fin. Certains adjectifs employés de manière
surprenante également : des matériaux "autarciques",
une soupe "autarcique" (?).
Je n'irai pas plus loin que la page 405 et ma déception est à
la hauteur des espoirs que j'avais placés en ce livre.
J'ouvre ¼, en me disant que le livre a peut-être aussi
pâti du fait que j'en lisais en parallèle d'autres qui eux
me convainquaient beaucoup plus...
Monique L
Ce livre me laisse perplexe. Je trouve très intéressant
le projet de traiter en parallèle de la grande histoire, celle
des personnes humbles qui la subissent. Il contient un très bon
résumé de l'histoire de la période. Il y a de très
bons passages où je voyais les scènes en noir et blanc comme
dans les films des néoréalistes italiens.
Les descriptions des lieux et des personnes sont très fouillées,
parfois même trop (le contenu des tiroirs
).
J'ai été gênée par des passages imaginaires,
même s'ils étaient poétiques. J'avais du mal à
les interpréter.
La place des animaux est intéressante, mais parfois un peu exagérée
dans la compréhension entre eux et les humains.
J'ai trouvé curieux ce narrateur omniscient qui peut nous raconter
des scènes où personne n'était présent (par
exemple, l'accident de Nino), qui nous décrit avec force détails
les rêves de Ida et de Useppe.
J'ai apprécié tous les personnages principaux qui sont typés
et que l'on reconnaît bien malgré leurs nombreux noms. Le
seul avec lequel j'ai des réserves, c'est Useppe. Je ne le trouve
pas crédible. Je n'ai pas cru en son personnage. Je ne l'ai vu
que comme l'incarnation d'une idée.
J'ai eu du mal avec le livre II, spécialement avec le discours
de David dans le café que j'ai trouvé beaucoup trop long.
J'ouvre le livre au ½ !
Claire
J'étais la seule hostile à la programmation de ce livre
étant donné son thème pour l'été
(après des livres assez durs que nous avions lus pendant l'année)
et alors que nous en avons d'autres la même formule de l'été
pour la troisième année de suite (pavé en
2022 Les
Buddenbrook, 854 p., pavé en 2023 Middlemarch,
1152 p.). Le fait que les deux autres groupes n'aient pas suivi notre
choix de l'été pour la première fois en raison du
contexte mondial quotidien aurait pu faire faiblir, mais hélas...
J'ai néanmoins ouvert le livre et après m'être tapée
le viol où la victime prend son pied, j'ai arrêté
là, p. 104 : trop de misère, trop de violence après
l'Ukraine et Gaza.
J'ai lu une nouvelle du Châle
andalou, à l'atmosphère et au style proches, et
n'ai ressenti aucune séduction.
J'aurais pu lire, pour pallier mon ignorance, les mises au point historiques
introductives : mais en petits caractères, austères, aucunement
sexys..., j'ai abandonné également.
Par conséquent, je me suis attachée à l'auteure,
notamment parce que René
de Ceccatty que nous avions rencontré a écrit une énorme
biographie d'Elsa Morante, Elsa
Morante : une vie pour la littérature (il a aussi écrit
une biographie de son mari Alberto Moravia et une de son ami Pasolini...),
très documentée et sans la passion outrancière de
deux autres livres que j'ai lus de spécialistes de l'Italie : Elsa
mon amour de Simonetta Greggio et E.
M. ou La Divine Barbare : roman confidentiel non finito de Jean-Noël
Schifano : mais c'est étonnant de voir la passion qu'elle suscite,
et la femme et son uvre... J'ai été vraiment intéressée
par ce personnage extraordinaire, son parcours, ses rencontres notamment
artistiques (par exemple Le Living Theater), ses amours folklos.
J'ai écouté des émissions
enthousiastes sur La Storia, lu des articles-attention-chef-d'uvre,
mais n'ai pas éprouvé de regret à ne pas parvenir
à la lire, car rien, dans les dithyrambes, ne me donnait une envie
forte de la lire. Je n'ai pas non plus regretté de ne l'avoir pas
lu en apprenant que la traduction était maladroite et qu'Elsa Morante
la détestait.
Je ferme le livre.
Fanny entre et
Il me reste 200 pages, mais ce n'est pas pour cause de déplaisir.
C'est un livre que je lis avec plaisir, que je n'ai pas de mal à
reprendre.
Cependant, il ne me transporte pas, je n'y trouve pas les fresques des
étés précédents qui m'ont plus nourrie.
Il y a beaucoup de longueurs, des répétitions : par exemple
Useppe ne prononce pas tous les mots, et c'est répété,
ce qui alourdit.
Le découpage par années, c'est pas mal.
On se demande : quel est ce narrateur ?
Je n'ai pas terminé, mais on se doute que ça mal finir....
Useppe et les chiens apportent un peu de fraîcheur et de dynamisme.
J'ouvre entre ½ et ¾ : en effet ½, c'est sévère
et j'ai du plaisir de lecture ; ¾ c'est un peu trop, le livre manque
de relief.
(Après la séance) Arrivée au terme de ma lecture,
je conserve mon ouverture. Il y des éclairs de génie dans
ce roman, avec le profil de personnages comme David ou Scimo, les descriptions
de vie pendant la guerre, en particulier avec les Mille, Useppe et sa
fraîcheur de même que Bella : ils sont certes irréalistes,
mais cela ne m'a pas gênée.
C'est vraiment dommage qu'il y ait toutes ces longueurs et répétitions
qui, je trouve, font parfois perdre en intensité la force du récit.
Par exemple, tout ce qui se joue à travers le regard d'Useppe,
ou encore le discours délirant
de David dans le bar.
La mort d'Useppe est annoncée ; là encore cela ne m'a gênée,
mais une fois de plus, le récit de cette dernière journée
traîne en longueur et pour la première fois le roman devient
larmoyant.
Je suis, quoi qu'il en soit, contente d'avoir découvert ce grand
roman au projet ambitieux et original.
Jacqueline
Je l'ai lu au début de l'été en une semaine et n'ai
pas eu envie d'y revenir.
Cela débute par une chronologie historique. Intéressant !
C'est succinct, partial ? Il faudrait voir de plus près... En tout
cas instructif pour moi. Mais, dès que je suis rentrée dans
la narration, années après années, je n'ai pas vu
ce que cette chronologie, intéressante en soi, apportait au roman.
On peut sauter sans que le déroulement de l'intrigue en soit affecté
Le roman, lui, est un roman à l'ancienne avec un narrateur omniscient
qui parfois développe le point de vue du ou des personnages. Petite
coquetterie, la narratrice intervient de temps en temps pour citer source
ou recherches, mais surtout pour faire part de son ignorance
Ouais !
J'ai quand même déjà vu ça dans des romans
du 19e siècle !
Par contre, j'ai tout lu facilement : ça coule, il se passe
des choses, il y a de l'empathie pour des personnages misérables
et paumés, mais cela ne suscite pas une vraie sympathie. Sauf pour
le délicieux Useppe. D'ailleurs sa mort était-elle nécessaire ?
Tout au long de ma lecture je gardais une impression de déjà-vu,
ailleurs et autrement prenant :
- le regard d'un enfant différent sur
Le bruit et de fureur dans le roman de Faulkner (d'ailleurs lu
au groupe)
- le plus jeune des Frères
Karamazov ou L'idiot
(lu dans le groupe avant que j'y arrive) de
Dostoïevski qui se confrontent avec fraîcheur à l'absurdité
d'un monde dont les enjeux les dépassent
- un enfant différent dans la tourmente de la guerre : Le
Tambour de Günter Grass. Je l'ai d'ailleurs relu à
la suite et j'ai préféré son écriture baroque
au réalisme à l'ancienne d'Elsa Morante
- les revirements ambigus de Nino m'ont fait penser à des personnages
de Modiano
- Useppe me faisait penser, aussi, à toutes les réflexions
de Dostoïevski sur l'enfance. Et je ne parle pas des affres de l'épilepsie
- Même David, ses questions politiques, son discours
me rappelaient Les
Possédés (aujourd'hui Les Démons).
Vers la fin du discours, j'ai d'ailleurs adoré les tentatives d'Useppe
pour l'arrêter et faire contrepoids
Comme je n'avais quand même pas été
complètement convaincue par ce roman, j'ai voulu voir d'autres
livres d'Elsa Morante : ses premières nouvelles que je n'ai pas
finies mais surtout L'Île
d'Arturo, une histoire d'adolescent que j'ai vraiment aimée.
À cause de mon impression de déjà vu et de ma déception
littéraire, je n'ouvre qu'à moitié ce roman bien
ficelé. Je ne l'aurais pas lu sans le groupe. Il raconte une période
terrible avec, me semble-t-il, de bons sentiments. Je crois que je n'oublierai
pas toute la partie dans la grotte et la solidarité de tous ces
misérables.
Thomas
J'ai beaucoup de mal à me positionner. D'un côté j'ai
trouvé très intéressant l'aspect historique, avec
cette Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, que je connaissais assez
peu. J'ignorais notamment totalement que Mussolini avait été
contraint de démissionner, puis avait été emprisonné
en 1943, avant d'être libéré par un commando de parachutistes
nazis pour fonder la République de Salo.
En revanche, dans l'histoire d'Ida, Nino et Useppe, on reste finalement
assez loin de cette guerre, alors que j'aurais parfois aimé être
plus proche du déroulement des événements. Et comme
d'autres membres du groupe, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas vraiment
d'intrigue, à proprement parler. On se contente de vivre au jour
le jour avec Ida et Useppe, et, à part peut-être à
la fin, je n'étais pas si curieux de savoir ce qui allait se passer.
Peut-être aussi parce que, connaissant la grande Histoire, on se
doute en partie de ce qui va arriver au moins jusqu'en 45. La seule surprise
est qu'après la fin de la guerre, le ton ne devient guère
plus gai, et les toutes dernières pages, sur les années
50 et 60 sont d'ailleurs très sombres, on est loin des Trente Glorieuses
!
Heureusement, Blitz, Rosella et Bella (mention spéciale à
Blitz en ce qui me concerne) apportent une touche originale et gaie.
Je suis un peu resté sur ma faim en ce qui concerne la narratrice,
qui se présente tantôt comme ayant connu certains des personnages,
tantôt comme une narratrice omnisciente. Surtout, Useppe est resté
un mystère pour moi : on a l'impression qu'il est la métaphore
de quelque chose, mais je n'ai pas réussi à comprendre de
quoi exactement. Peut-être de l'Humanité, qui survit tant
bien que mal pendant la guerre, et qui, alors qu'on croit qu'elle devrait
retrouver des forces avec la fin du conflit, se désillusionne jusqu'à
mourir désespérée ?
Enfin, j'ai trouvé que c'était un peu long. Je me suis ainsi
parfois ennuyé, mais en même temps, cela m'a conduit à
m'attacher aux personnages, et m'a rendu la fin de Useppe d'Ida d'autant
plus émouvante.
J'ouvre à moitié.
Catherine
J'avais lu ce livre quand j'avais 16 ans, mes parents l'avaient acheté
lors de sa parution. J'en avais gardé un souvenir assez flou, mais
je me souvenais que je l'avais beaucoup aimé. Par conséquent,
j'ai soutenu la proposition d'Annick.
Je l'ai relu et je me suis laissé de nouveau embarquer. Je ne l'ai
pas trouvé long... Je l'ai lu en trois semaines au début
de l'été, quasiment d'affilée. Un peu plombant quand
même pour une lecture de vacances.
Pas d'intrigue ? Je ne comprends pas
On assiste à la traversée
de la guerre par le petit peuple de Rome au quotidien. Ils subissent sans
comprendre, ils survivent. Elsa Morante a un vrai talent pour camper une
galerie de personnages en quelques pages, pour la plupart attachants :
- Ida, ballotée par la guerre, qu'elle vit dans la terreur du fait
de ses origines en partie juives, à la fois terrifiée et
fascinée par cette part juive, elle ne peut s'empêcher de
retourner dans le ghetto alors qu'elle sait que c'est dangereux et finit
par avouer à une femme juive, le jour de la déportation
des juifs du ghetto : "moi aussi, je suis juive". La
description de la déportation des Juifs du ghetto, le train à
la gare, c'est un passage très marquant du livre.
- Useppe, bien sûr, qui illumine le livre et le sauve de la noirceur,
pas totalement crédible ; mais il personnifie l'enfance qui traverse
la guerre et l'horreur, en gardant néanmoins en partie son innocence
et sa joie de vivre, même si on sent qu'elle s'affaiblit peu à
peu.
- Nino, avec son amour de la vie et de la liberté, qui navigue
du fascisme aux partisans puis au marché noir. Il y a de beaux
passages sur l'amour entre les deux frères.
- David enfin, l'anarchiste juif, personnage éminemment complexe.
Son discours dans le café
mérite d'être lu plusieurs fois, car c'est un flux continu
de pensées difficiles à suivre, mais un des passages les
plus marquants et les plus intéressants du livre.
La partie sur les Mille, la vie de ces réfugiés réunis
par hasard dans ce campement, après les bombardements, est aussi
un beau passage, plein d'humour, un moment de bonheur aussi pour Useppe,
qui passe de la solitude, à la présence constante, d'une
multitude de gens qui le fascinent et qui sont pour la plupart gentils
avec lui. J'ai trouvé intéressante aussi toute la fin du
roman, qui se situe après la guerre, avec le retour des soldats
qui ont combattu en Russie, des déportés des camps qui se
heurtent à l'indifférence des autres, et au refus de les
écouter.
J'ai aimé l'écriture ; même si j'ai effectivement
parfois tiqué sur la traduction, j'ai passé outre, ça
n'a pas gâché ma lecture. J'ai beaucoup aimé aussi
écouter les passages
lus sur France Culture, cela m'a permis d'apprécier le texte
différemment.
Pour finir, j'ai été intéressée par les rappels
historiques, en début de chapitre, qui m'ont appris beaucoup de
choses sur la guerre en Italie que je connaissais mal.
Je suis passée un peu vite sur la fin, la mort d'Useppe, pressentie
dès le début, un tel livre pouvait difficilement finir sur
un happy end.
J'aurais ouvert entre ¾ et en grand, mais comme vous avez été
trop négatifs..., j'ouvre en grand. Pour moi, c'est un grand roman,
que je n'oublierai pas. Je suis contente de l'avoir relu.
Annick L
(qui a proposé le livre)
De cette auteure italienne, je n'avais lu récemment que L'Ile
d'Arturo que j'avais beaucoup aimé.
Ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'uvre
de la littérature italienne des années 1950/70. Et je dirais,
après avoir pris le temps de le lire cet été (plus
de 900 pages !) que je peux le considérer comme tel.
Avant d'y plonger, il m'a fallu comprendre comment il fonctionnait : un
chapitre par année, de 1940 à 1948 qui retrace la vie misérable
d'Iduzza, modeste institutrice, avec ses deux fils, vies bouleversées
par le fascisme et la Seconde Guerre mondiale à Rome. Entre deux
chapitres, une chronologie des faits historiques marquants. Le projet
est ambitieux : croiser l'histoire de ces trois personnages avec la grande
Histoire.
Ensuite, je me suis laissé emporter par ce roman-fleuve, avec quelques
pauses pour reprendre mon souffle et m'aérer l'esprit, tant l'accumulation
des drames qui pèsent sur leur destin me devenait pesante. On comprend
en effet très vite que la petite institutrice craintive qui ne
comprend rien aux événements et qui n'est pas armée
pour se défendre est condamnée au malheur. Une sorte de
martyre emblématique de ce qu'a pu vivre il popolo italiano
durant ces années terribles.
La seule chose qui tient Iduzza debout, c'est son amour pour ces deux
fils, Nino qui a déjà 14 ans en 1940 et le petit Useppe
né d'un viol. Il s'agit pour elle de les sauver, à tout
prix, et de les protéger (avoir un toit, se nourrir chaque jour,
éviter les dangers). Ces personnages me font penser à ceux
des Misérables ou à celui de la Mère
Courage de Brecht, la froideur en moins. Car le récit se
veut empathique, au plus près de ces êtres de chair et de
sang, porté par la voix d'une narratrice (dont le statut reste
mystérieux) qui n'hésite pas à faire des commentaires
très personnels.
Elsa Morante aime ses personnages, elle les respecte et il est difficile
de prendre du recul (sauf à trouver que trop c'est trop !).
D'autant qu'au-delà de cette histoire particulière, E. Morante
fait défiler toute une époque avec ses acteurs : les fascistes
(Ida est demi-juive et craint d'être raflée), l'armée
d'occupation, les libérateurs, les profiteurs
Elle nous fait
aussi entrevoir la communauté juive de Rome qui sera presque entièrement
déportée. Elle nous fait partager la quête quotidienne
des habitants pour survivre (très belle scène de distribution
de farine, contraintes de la promiscuité avec d'autres réfugiés
dans un abri collectif), les combats des partisans, les gestes de solidarité
des uns, le parcours solitaire de certains autres et surtout celui de
son fils ainé Nino, ce jeune embrigadé par les fascistes
puis par les résistants, qui finira mal.
Quelle plume ! Quel souffle ! Cette fresque laissera des traces dans mon
imaginaire et je me souviendrai longtemps de ce beau personnage qu'est
Useppe, ce tout petit, né d'un viol mais accueilli comme une grâce
par sa mère et son grand frère, cet enfant que des traumatismes
successifs empêcheront de grandir mais dont le regard candide apporte
un peu de lumière dans cette horreur environnante. Figure d'ange
?
Une petite réserve : c'est une uvre littéraire qui
s'inscrit dans le courant néo-réaliste italien illustré
par de nombreux films et elle pourra sembler à certains datée.
Quant à moi, je l'ouvre en GRAND.
Brigitte entreet(avis
transmis après la séance)
Je n'avais pas lu La Storia, mais j'en avais entendu parler à
sa sortie en France.
C'est une excellente surprise que ce livre, relatant la guerre de 40 en
Italie à travers les vies d'Ida et de ses deux fils Nino et Useppe,
qui appartiennent à la classe pauvre des habitants de Rome.
Au début des chapitres, qui correspondent chacun à une des
années de la guerre et un peu en deçà, comme au-delà,
l'auteure introduit un bref résumé des événements
de l'année en question : cela m'a beaucoup aidée à
m'y retrouver dans mes connaissances assez floues de cette époque,
pour l'Italie.
L'auteure est incontestablement douée pour saisir ou créer
des atmosphères.
J'ai particulièrement aimé sa description de la première
année d'Useppe, cet enfant de la guerre, qui vit sa première
année dans la joie absolue de vivre et de découvrir le monde,
en particulier ses échanges avec les animaux familiers. Une autre
très belle découverte est celle de l'affection profonde
et absolue entre les deux frères Nino et Useppe, malgré
leur différence d'âge et de mode de vie.
La destinée d'Ida traverse tout le livre. Bien que toujours en
retrait, elle est le personnage principal. Cette femme, qui sait qu'elle
est "un peu" juive, ne sera jamais inquiétée mais
vivra toujours dans l'angoisse d'être identifiée. Cette institutrice,
légèrement faible d'esprit, traverse la guerre sans vraiment
comprendre ce qui se passe, mais avec courage et dévouement pour
ses enfants, qui sont son seul univers.
Malgré mes préventions personnelles contre les chiens, je
relève la présence maternelle de Bella auprès du
petit Useppe.
À la fin, il y a cependant quelques longueurs, surtout lors du
discours de David dans un café
de Rome, où seul Useppe l'écoute vraiment, sans être
en capacité de le comprendre.
Moi qui ai approximativement le même âge que Useppe (s'il
avait vécu plus longtemps), j'ai retrouvé certains souvenirs
de cette époque : les bombardements, les grosses difficultés
pour se procurer à manger, les V2, dont j'entendais parler, etc.
J'ouvre entre ¾ et grand.
Clarisse(avis
transmis)
J'ai
mis du temps pour finir La Storia. Sûrement parce que je
pressentais cette fin tragique où les personnages que nous suivons
depuis plus de 900 pages meurent les uns à la suite des autres,
même les chiens.
J'ai été très émue par l'histoire d'Useppe
et de son amitié avec son frère Nino et la chienne Bella.
Les dialogues avec l'animal sont magnifiques et la description de la vie
quotidienne en temps de guerre est passionnante.
Il est fou de découvrir que la préoccupation principale
de la mère de famille Ida est la survie alimentaire de ses enfants,
malgré son statut d'institutrice.
Cependant, il est vrai que le roman est long et mène à la
mort de tous les personnages, ce qui laisse un arrière-goût
amer au lecteur, attaché à eux.
Certaines descriptions sont très violentes (notamment la fin de
Maria et sa mère, violées, lacérées et tuées
par les nazis) et mettent en exergue la terrible réalité
de la guerre.
La mort d'Useppe, enfant heureux mais atteint du haut mal, qui mène
à celle de Bella et à la mort symbolique d'Ida, prête
à tout pour son enfant, m'a laissée en larmes.
Ce roman laissera sa marque sur moi, pour son intérêt porté
à l'histoire des individus en temps de guerre. J'ouvre aux ¾.
Claire (après la séance)
Suite à la séance, j'ai ajouté trois textes :
- apprécié par certains : le discours de David dans La
Storia =>ici
- après l'attention portée par plusieurs au rôle de
la gente animale : de très sérieuses considérations
sur les animaux dans La Storia =>là
- suite aux interrogations et remarques concernant la narration omnisciente
: commentaires de René de Ceccatty sur la narratrice mystérieuse
=>hop là.
Les livres d'Elsa Morante
Les voici dans l'ordre de publication en Italie. La plupart sont publiés
par Gallimard, sauf précision.
- 1942 : Les
extraordinaires aventures de Caterina, pour la jeunesse, trad.
de l'italien par Jean-Noël Schifano, 1986.
- 1948 : Mensonge
et sortilège, roman, trad. Michel Arnaud, 1967.
- 1957 : L'Île
d'Arturo, roman, trad. Michel Arnaud, 1963.
- 1963 : Le
châle andalou, nouvelles, trad. Mario Fusco, 1967 ; Donna
Amalia et autres nouvelles (extraites de Châle andalou).
- 1974 : La
Storia, roman, trad. Michel Arnaud, 1977.
- 1958 : Alibi,
poésie, trad. Jean-Noël Schifano, 1999.
- 1987 : Pour
ou contre la bombe atomique, non-fiction, trad. Jean-Noël
Schifano, 1992.
- 1968 : Le
monde sauvé par les gamins, roman historique mêlant
poésie et théâtre, trad. Jean-Noël Schifano,
1991.
- 1982 : Aracoeli,
roman, trad. Jean-Noël Schifano, 1984.
Publications posthumes :
- 1989-2005 : Territoire
du rêve, journal, traduit par Jean-Noël Schifano, 1999
- 2004 : Petit
manifeste des communistes (sans classes ni parti) suivi
de Une lettre aux Brigades rouges, trad. Martin Rueff, Payot, 2005
- 2002 : Récits
oubliés, nouvelles, trad. Sophie Royère, Verdier,
2009
- 2013 : Anecdotes
enfantines, nouvelles, trad. Claire Pelissier, Arléa, 2015.
Interviews,
articles, radio, vidéo, livres
SUR LE ROMAN LA STORIA
- "La Storia dElsa
Morante, une saga italienne au temps de la guerre", Le Monde,
17 juin 1977, par Françoise Wagener. Ce roman fait partie des "100
romans du Monde".
- La
Storia, série Les romans qui ont changé le monde
par Mathias Énard, France Culture, 18 août 2023, 58 min.
- La chronique de Juliette Arnaud en deux parties sur La Storia
(4 min chacune en vidéo) présentée par Charline
Vanhoenacker, France Inter, 15 septembre (1/1)
et 22 septembre 2021 (2/2).
- "La
Storia, par Florence Burgat", philosophe, évoque son
grand choc littéraire, L'idée culture, par Natcha
Triou, France Culture, 2 mars 2019, 5 min.
- La Storia en
10 épisodes, France Culture, choix des extraits Simonetta Greggio,
traduction inédite de Nathalie Bauer, lecture Jacques Gamblin,
2 au 13 octobre 2023, 4h30 ou en 10
épisodes séparés ici.
SUR LES TRADUCTIONS
NOMBREUSES DE LA STORIA
Entre la sortie du roman (1974) et la mort de l'auteure
(1985), La Storia a été traduite en 12 langues :
anglais, espagnol, puis français, allemand, portugais, néerlandais,
finlandais, danois, suédois, norvégien, japonais et chinois.
Jusqu'à la fin des années 90, elles ont été
suivies par 5 autres langues : serbe, croate, hébreu, turc et grec.
D'autres s'ajouteront dans les années 2000 : russe, hongrois, macédonien,
perse, slovaque, albanais, roumain, arabe et géorgien (précise
Monica Zanardoa : "Elsa
Morante en traduction", 12 juillet 2021).
SUR LA TRADUCTION DE
LA STORIA : aïe aïe aïe...
- Le Monde, dans son article dithyrambique sur le roman, avoue
: "La traduction française, malgré des maladresses,
ne gêne pas une lecture qui engage constamment. La Storia est un
livre marquant. Cela seul compte." ( "La
Storia dElsa Morante,
une saga italienne au temps de la guerre", Le Monde, 17
juin 1977, par Françoise Wagener).
- "Lanecdote de La Storia est célèbre
: Elsa Morante détestait la traduction de Michel Arnaud
et elle avait menacé Gallimard de changer déditeur
si Arnaud était maintenu comme traducteur de ses autres ouvrages",
raconte cruellement l'auteur d'une étude de la traduction par Michel
Arnaud d'un autre auteur italien, donnant des clés permettant de
"mieux comprendre les manques et les choix de sa traduction"
(sic) : Michel Arnaud a surtout traduit de l'anglais (Upton Sinclair,
William Styron) et allemand (Schiller) avant de traduire l'italien par
l'intermédiaire de son épouse italienne : "Son travail
subit donc le contrôle d'un regard extérieur, ce qui pose
le problème, qu'il n'est pas lieu de développer ici, de
la traduction à quatre mains. Disons que l'on note une tendance
à compenser un manque de maîtrise de la langue de départ
par un embellissement littéraire dans la langue d'arrivée,
une surlittéralité qui n'est pas toujours fidèle
à l'esprit du texte que l'on traduit ; c'est le cas avec Vittorini.
Après la mort de son épouse dans les années 70, les
traductions de Michel Arnaud seront plus contestables et elles seront
d'ailleurs contestées." La traduction que nous lisons
date hélas de cette époque-là . L'article dénonce
quantité d'erreurs montrant une insuffisante connaissance de la
langue et un souci de clarté qui l'emporte sur le désir
de conserver le halo poétique du texte (Vincent
dOrlando, "Sous
le signe de Nabu. Réflexions à propos de la traduction française.
De Conversazione in Sicilia dElio Vittorini", La France
et l'Italie : traductions et échanges culturels, Centre de
publications de l'Université de Caen, juin 1992)
SUR LA RÉCEPTION
EN ITALIE DE LA STORIA
"En 1974, le roman de
Morante suscite désarroi et perplexité, notamment chez une
grande partie de critiques engagés : il s'ensuit un débat
passionné. L'histoire de l'institutrice d'origine juive Ida Ramundo
et de son fils Useppe, au moment de la Deuxième Guerre mondiale,
à Rome, représente une sorte d'epos
moderne, populaire et profondément empathique,
mais éveille en même temps plusieurs polémiques et
malaises. Le roman s'adresse à un public différent et est
conçu concrètement pour entrer en dialogue avec des personnes
"étrangères" à l'élite habituelle
des lecteurs : La Storia est
en effet publié à sa sortie dans une édition économique
pour la maison d'édition Einaudi, à prix réduit.
Morante décide ainsi de rendre accessible la lecture de son roman
à la nouvelle classe cultivée, formée par la génération
des jeunes et des étudiants impliqués ou intéressés
par la contestation culturelle de 1968. En centrant la perspective sur
les vicissitudes de personnages de basse condition, suivis dans leur vie
quotidienne, et en s'adressant aux "analphabètes", comme
le dit la dédicace ("Por el analfabeto a quien escribo",
un vers de César Vallejo), l'écrivaine semble s'inspirer
d'un des plus grands auteurs italiens de la tradition littéraire,
Alessandro
Manzoni : à l'instar de celui-ci, Morante entend écrire
un livre pour tous, facilement lisible et porteur d'un message."
(Caterina Sansoni, Université de Strasbourg,
La
Clé des langues, 28 mai 2020)
"Lors du débat acharné qui a accompagné
la parution de La Storia, il a ainsi souvent été
reproché à l'auteure d'avoir abandonné le registre
fantastique de ses précédents ouvrages, et l'idéologie
de La Storia a été jugée populiste et politiquement
contradictoire. Les critiques les plus sévères portaient,
notamment, sur les résumés historiques imprimés dans
une police plus petite qui ouvrent chaque chapitre du roman, ainsi que
sur la "surcharge" d'emphase avec laquelle seraient traités
des épisodes historiques. En substance, c'est la philosophie de
l'histoire de Morante qui a été mise en question par les
hommes de lettres de son époque : on a vu dans La Storia une perspective
défaitiste et pessimiste, selon laquelle l'Histoire serait une
force écrasante qui accable les hommes et qui s'acharne avec une
violence particulière sur les plus faibles." (Monica Zanardo,
"Elsa Morante face
à l'Histoire", Atlante : revue d'études romanes,
n° 10, printemps 2019).
"La Storia va donner à Elsa Morante un
rayonnement mondial et lui assurer une gloire immense dans son pays, à
partir de 1974. Cependant il déplaît à certains, dans
un climat politique électrique, peu propice au retour lucide et
cruel sur la période fasciste, que ce roman propose d'une manière
à la fois très populaire, très sentimentale et très
didactique et politique. Ses personnages sont jugés outranciers
et la facture du livre est parfois estimée pesante et démonstrative.
Totalement décalé par rapport à la situation italienne
et à l'esthétique littéraire du moment (plus avant-gardiste),
il va pourtant devenir un classique du XXe siècle et finalement
garantit à Elsa Morante sa place dans l'histoire de la littérature."
(René de Ceccatty, Elsa
Morante : une vie pour la littérature, Tallandier, 2018).
SUR LES ANIMAUX DANS LA
STORIA
Certains lecteurs du groupe ont apprécié
les passages animaliers. Ils trouveront peut-être des raisons encore
plus solides de les aimer avec l'article Grâce
et pesanteur : les métaphores animalières dans
La Storia et Aracoeli dElsa Morante, d'Ilaria Splendorini, revue
Italies, Centre Aixois dÉtudes Romanes (CAER), Université
d'Aix Marseille, n° 12, 2008. Extrait :
"Sil est vrai que les animaux sont très
présents dans les romans dElsa Morante, dans La
Storia leur présence est un phénomène
dune telle ampleur quil ne saurait échapper même
à un lecteur peu attentif. (...) Car les animaux sont avant tout
des personnages à part entière : il suffit de penser au
chien Blitz, fidèle compagnon de Nino et Useppe, dont la narratrice
La Storia décrit
le comportement, les rencontres, lhumeur gaie et brouillonne, et
dont la mort, longuement évoquée, résume à
elle seule lhorreur du massacre perpétré par le bombardement
de San Lorenzo ; ou encore à Bella, chienne fascinante à
la psychologie complexe qui joue le rôle de deuxième mère
dUseppe ; sans oublier la chatte Rossella, lhôte perfide
du refuge de Pietralata, mère indigne qui abandonne son nouveau-né
et tue sournoisement les deux canaris de Giuseppe Secondo.
Personnages certes, les animaux sont aussi, de façon plus classique,
une source quasi inépuisable de comparaisons et dimages qui
ont pour fonction dillustrer la condition humaine : tout au long
du roman, inlassablement lauteur tisse un réseau danalogies
entre le comportement humain et le comportement animal, celui-ci servant
à éclairer celui-là. Et ce réseau se densifie
lorsquil sagit de décrire les moments de souffrance
les plus intenses, de rendre compte de la douleur atroce de ces "cavie
che non sanno il perché della loro morte"
: car lignorance des raisons qui sont à lorigine de
la souffrance efface les frontières entre les espèces, et
les êtres qui souffrent finissent toujours par se ressembler. Aussi,
dans La Storia, les
juifs sont-ils décrits comme des animaux "che
si affidano docili al recinto del macello, facendosi caldo coi fiati luno
allaltro", et le ghetto devient aux
yeux dIda "una stalla materna, calda
di respiri animali e di grandi occhi non giudicanti".
SUR LE FILM LA STORIA
Le livre La Storia est publié en 1974. Le film La
Storia est un film de Luigi Comencini,
sort en 1986, avec Claudia Cardinale.
Le film est sorti au cinéma dans une version de 2 h 15
et à la télévision dans une version longue de 4 h.
"Le film qu'en tira
douze ans plus tard pour la télévision, puis, dans une version
abrégée, pour les salles, Luigi Comencini (remplaçant
Liliana Cavani, initialement prévue), avec Claudia Cardinale dans
le rôle principal, aidera à installer l'uvre dans la
culture internationale, comme le fit Visconti pour Le
Guépard de Lampedusa, avec la même
actrice qui avait, par ailleurs, incarné lhéroïne
du chef-duvre de Moravia, Les
Indifférents, dans le film de Francesco Maselli. Claudia
Cardinale se trouve alors au centre de la création littéraire
italienne, chargée de représenter à lécran
les personnages des trois figures majeures du roman : Moravia, Elsa Morante
et Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Elle incarnera également les héroïnes
de Gadda, Brancati, Svevo, Cassola, ainsi que celles des cinéastes
Fellini, Bolognini, Zurlini, et Germi. Et des scénarios de Pasolini.
Cela donne une idée des liens qui se tissaient dans la création,
entre littérature et cinéma, au moment où Elsa Morante
écrit et publie." (René de Ceccatty, Elsa
Morante : une vie pour la littérature, Tallandier, 2018).
Il est à noter
que le film est introuvable, en DVD, dans les vidéothèques,
en vod...
Voici les réactions
de deux quotidiens français à la sortie du film avec un
triple article formant dossier :
Le Matin, 18 mars 1987
:
- Entretien avec Luigi Comencini : "La
Storia en coupes réglées"
- La critique de Michel Pérez : "Nostalgie
du néoréalisme"
- Claudia Cardinale : "Je
ne suis pas un cliché", Marie-Elisabeth Rouchy.
Le
Monde, 19 mars 1987 :
- "La Storia en cent
cinquante-trois minutes : l'enfance assassinée",
Danièle Heymann.
- "Il était
une fois le cinéma", Luigi Comencini (qui raconte son
parcours).
- "Les aventures extraordinaires
d'Elsa Morante", Nicole Zand.
SUR ELSA MORANTE
Voici lun des rares entretiens
qu'elle ait accordés : "Elsa
Morante, la divine barbare", une longue interview de Jean-Noël
Schifano (écrivain, directeur de l'Institut français de
Naples, traducteur des livres d'Umberto Eco et par la suite de cinq livres
d'Elsa Morante), Le Monde, 23 novembre 1984.
Les auteurs de trois biographies très différentes
sont des invités récurrents concernant Elsa Morante :
- René de Ceccatty (que nous avions reçu à Voix
au chapitre en 2022 pour Vagabonde)
: Elsa Morante
: une vie pour la littérature, Tallandier, 2018. Auteur
également d'une biographie de 2010 d'Alberto
Moravia, Flammarion, 2010 et
Pasolini, Gallimard, 2005. La biographie d'Elsa Morante est très
fouillée, et non "romancée" comme les deux suivantes.
- Simonetta Greggio, Elsa
mon amour, Flammarion, 2018, rééd.
J'ai lu : biographie partielle romancée à la première
personne, mais avec une grande connaissance d'Elsa Morante par cette journaliste
et romancière.
- Jean-Noël Schifano, E.
M. ou La Divine Barbare : roman confidentiel non finito,
Gallimard, 2013. De père sicilien, traducteur outre d'Elsa Morante,
dUmberto Eco, Schifano a entre autres dirigé lInstitut
français de Naples (Henri Bosco y enseigna) ; il dirige la collection
"Continents
Noirs" chez Gallimard (éditeur qui publie ses livres).
Ce "roman" est un recueil de confidences d'Elsa Morante à
la clinique lors de sa dernière année de vie, dans un jeu
de première et deuxième personne un tantinet sophistiqué.
- "Elsa
Morante, une vie pour la littérature", conférence
de René de Ceccatty, 10e
édition du Festival international des écrits de femmes,
15 octobre 2022, vidéo, 18 min.
- "Spécial
Odéon Elsa Morante", Cosmopolitane par Paula Jacques,
28 décembre 2014, avec Simonetta Greggio, textes lus par Fanny
Ardant, 55 min.
- "Identification
d'une femme : Elsa Morante par Simonetta Greggio", L'Expérience
par Aurélie Charon, France Culture, 10 février 2019, 59 min.
- "Portrait
d'Elsa Morante", Nuits magnétiques, France Culture,
22 novembre 1984.
- Elsa Morante, La Compagnie des auteurs par Matthieu Garrigou-Lagrange,
deux émissions de 58 min, 1er et 2 avril 2019 : 1/2 : "Une
vie pour la littérature", 2/2 : "Un
monstre parcourt le monde : la fausse révolution".
- "Procida,
lîle initiatique dElsa Morante", Invitation
au voyage, Fanny Belvisi, Arte, 2022, 15 min : les lieux du roman
L'Île d'Arturo.
- "Mer
des îles : Elsa Morante", Les Romans de la grande bleue
par Mathias Énard, France Culture, 26 août 2021, 1 h.
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