David Garnett
en 3 images :
magnoliabox.com
(on perçoit déjà le renard...)


National Gallery

David Garnett, par Vanessa Bell, soeur de Virginia Woolf :

National Portrait Gallery


Trad. Jane-Simone Bussy et André Maurois

Quatrième de couverture : Une promenade en forêt. Un cri. Lorsque Richard se retourne, sa femme, Silvia, s'est changée en renarde au pelage rouge vif ! Pour l'homme, l'événement très extraordinaire ne change rien, ou presque... Il continue de vivre avec cet être étrange, de l'aimer, même quand l'existence devient impossible. Allégorie du combat de l'âme et du corps ? De l'amour aveugle ? Satire contre les femmes ? Ce petit chef-d'oeuvre surnaturel (1922) enchante et défie toutes les interprétations.

Autres éditions

Édition numérique :

Première édition Grasset, coll. "Les Cahiers Verts", 1924

Éd. Fayard, coll. "Le Livre de demain", 1932, 35 illustrations :

10/18, 1983 /

Micheline Presle lit
La femme changée en renard
(éd. des Femmes), un CD :

"Les faits merveilleux ou surnaturels ne sont pas aussi rares qu’on le croit ; il faudrait plutôt dire qu’ils se produisent sans ordre."Ainsi commence La femme changée en renard, publié au début des années 1920, et qui révéla David Garnett, écrivain proche du groupe de Bloomsbury animé par Virginia Woolf. Roman fantastique, conte ou fable, ce récit qui conjugue l’humour et la fantaisie est également empreint de gravité, voire de cruauté.

"En entendant la chasse, Mr Tebrick pressa le pas pour atteindre la lisière du bois d’où l’on avait chance de bien voir les chiens, s’ils venaient de ce côté. Sa femme resta un peu en arrière et lui, prenant sa main, commença presque à la traîner. Avant qu’ils eussent atteint la lisière, elle arracha violemment sa main de celle de son, mari et poussa un cri, de sorte qu’il tourna, brusquement la tête. À l’endroit où sa femme avait été un instant plus tôt, il vit un petit renard d’un rouge très vif." D.G.

 

Quatrième de couverture : En 1924, un gentleman farmer anglais assiste à un prodige : une renarde sort d'une haie transformée en jeune femme. L'homme recueille l'animal et suivra au fil des jours ses progrès vers l'humanité : apprentissage de la parole, de la pensée. Ce récit (1961), écho à La Femme changée en renard de l'Anglais Garnett (1922), est une extraordinaire histoire d'amour entre un Pygmalion et son élève.

David Garnett épousera, 20 ans après la publication du livre, Angelica Garnett qui était la fille de son amant le peintre Duncan Grant et de Vanessa Bell, la soeur de Virginia Woolf. Angelica est le nom d'un des cinq renardeaux de la renarde... : "Sa favorite était Angelica (dont les charmantes minauderies rappelaient tant sa mère)" (p. 103)

Angelica Garnett
par Matthew Smith :
National Portrait Gallery

David Garnett (1892-1981)
La femme changée en renard (1922, traduit en 1924)

Nous avons lu ce livre en décembre 2018.

En écho à
La femme changée en renard (1922), et dans la même collection "Cahiers rouges" chez Grasset, Sylva (1961) : l'histoire d'une renarde changée en femme, écrite par Vercors après sa découverte du roman de Garnett...
éd. 1994
éd. 1992

En termes délicieusement jargonneux, le livre de Garnett est l'hypotexte d'où est dérivé l'hypertexte qu'est le texte de Vercors... Hypo signifie "inférieur", "en dessous" (et en l'occurence "antérieur"). De même que L'Odyssée d'Homère est l'hypotexte d'Ulysse de Joyce. Ou, moins barbares, et plus proches des renards, des fables de La Fontaine reprises d'Ésope...

Pour DES REPÈRES dans leur vie et leur œuvre, voir en bas de page.

GARNETT ?
VERCORS ?
Cindy, Édith ¾ : Marie-Claire, Nathalie B, Rozenn
Claire, Etienne, Marie-Thé, Marie-Odile
Catherine, Etienne

Jacqueline
J'aime bien ce livre, à cause de sa simplicité de narration. Je l'ai lu à l'âge de 15 ans, conseillée par ma mère comme une histoire de liberté féminine. À la relecture, c'est délicieux. Oui, il s'agit de liberté féminine, mais vue par un homme avec une espèce de fidélité étrange. J'ouvre aux ¾.
Françoise D
Peu portée sur ce genre, j'ai été surprise de bien aimer. C'est surtout le ton de la narration que j'ai apprécié. C'était un bon choix pour Noël et je l'ai lu avec plaisir. J'étais curieuse de savoir comment cela allait se terminer. S'il y a un aspect désuet, c'est aussi moderne pour ce qui est des rapports de couple. J'ouvre aux ¾.
Danièle
J'avais été séduite par la présentation de Françoise H lors du speed booking, et m'étais bâti tout un imaginaire, un peu à la manière d'un conte, autour de ce thème. J'étais donc partie avec un avis a priori très positif et beaucoup d'attente. Dès lors j'ai été un peu déçue, car il ne s'agit pas vraiment d'un conte mais d'une histoire bien ancrée dans le réel et dans son temps, à part, bien sûr, la transformation de la femme en renard. En fait, à mon avis, ce n'est pas non plus, comme cela a été dit, le thème de la liberté féminine qui est mis en avant, mais c'est tout simplement une belle histoire d'amour touchante et triste, dans laquelle l'homme fait preuve d'une grande tolérance face aux changements subis par sa femme, qu'il aime envers et contre tout, jusqu'à accepter les situations les plus folles et chercher même à s'y adapter. Le merveilleux (ou plutôt le tragique ici) est traité comme quelque chose avec lequel il faut composer concrètement. Je reconnais que cette histoire est touchante. D'où vient donc l'ennui que j'ai ressenti souvent au cours de la lecture ? J'aurais tendance à dire, comme Vercors, que "la lente évolution d'une dame du monde en animal sauvage me [paraît] languissante, manquer d'intérêt". Sans doute à cause du style, un peu désuet et guindé, qui m'a empêchée d'accéder au niveau symbolique que l'auteur avait peut-être voulu y mettre. J'ouvre à moitié.
Etienne et entre et
Je suis très emballé. C'est un conte merveilleux, avec cette métamorphose sans explication. Le tout avec une plume anglaise, un flegme britannique, un humour loufoque, par exemple avec les raisins et l'odeur de renard. J'ai même pensé aux Monty Python. Il y a un sens du récit, avec un style limpide et courtois. Le conte a un côté multi-facettes, par exemple on peut penser à la démence, à une perte d'identité progressive avec la réaction de celui qui reste, qui essaye de s'adapter. Dans le deuxième livre, Sylva, c'est très différent, on est plus dans l'explication avec une dimension didactique, et des longueurs, un côté plus gros sabots. J'ouvre entre la moitié et trois quarts (Henri qui prend les notes fait un calcul : 0,5 + 0,75 ÷ 2 égale ?).
Lisa
J'ai adoré. C'était bien pour Noël. J'ai aimé le style, avec des petits apartés. J'ai ri, par exemple page 66 quand le narrateur rencontre David Garnett. Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce qu'il a voulu dire. Est-ce nous qui voulons tirer les analyses ou est-ce une intention de l'auteur ? J'ouvre en grand.

Manuel
Ce n'est pas de l'enthousiasme que j'ai ressenti, mais de l'ennui ! Ça faisait gros sabots, le jeu avec le lecteur. L'histoire, c'est vrai ou pas…

Plusieurs, éprouvant le besoin de préciser quand même...
C'est pas vrai du tout

Manuel
Je n'ai pas aimé le style vieillot. Vive Patti Smith avec ses croquettes de chat. La situation est ridicule, bête...

Henri
C'est le cas de le dire...
Manuel
Je ferme à double tour. Trois fois même.
Catherine
Moi j'ai trouvé ça drôle. Dans ce conte, il y a des scènes à hurler de rire : la renarde en déshabillé…, la scène avec les canards. Il y a une description progressive, peu crédible je dois dire. C'est très anglais. Le mari imperturbable prend le thé. Je n'ai pas aimé la deuxième partie avec les renardeaux et la clochardisation du mari. J'ouvre à moitié.
Quant au deuxième livre, Sylva, j'ai trouvé le début intéressant, puis très ennuyeux, daté et d'une misogynie incroyable. J'ouvre au quart.
Sabine (venue de Nîmes)
J'ai adoré, j'ai adhéré. Il n'est pas question d'y croire ou non. On retrouve Kafka, Ésope, La Fontaine. C'est facétieux. On peut ou non interpréter ou considérer que c'est une jolie farce. J'ai hurlé de rire p. 57-58 : on ne veut pas nous dire qu'il a sodomisé sa femme. Le fantastique a ses signes comme dirait Todorov... J'ouvre en grand.
Annick A
Je n'aime pas les romans fantastiques et en première lecture j'ai trouvé cette histoire ridicule. Cependant, ce qui fait la richesse de ce livre réside dans les nombreuses lectures parfois contradictoires que l'on peut en faire.
Première lecture : l'histoire d'un amour inconditionnel d'un homme pour sa femme qui ira jusqu'à renoncer à ce qui le fait homme. Est-ce folie destructrice ou bonheur trouvé dans le don de soi ? Très belle analyse d'un amour dévorant déchiré par des pensées contraires. Mr. Tebrick est très touchant dans cette lutte qu'il mène avec lui-même, accentuée par la prégnance religieuse. Les affres de la passion par lesquelles il passe sont merveilleusement décrites.
Deuxième lecture : Silvia. On peut en faire une lecture féministe : Silvia au début du roman est une femme aimante, soumise aux principes éducatifs stricts, réservée, presque timide, qui va peu à peu en tant que renarde se libérer de l'enfermement dans lequel Tebrick tente de la maintenir et acquérir sa liberté ; ou au contraire y voir une charge contre la gente féminine rouée et fausse comme un renard, qui précipite son mari à l'état bestial.
Troisième lecture : une réflexion philosophique sur le rapport entre l'âme et le corps, entre l'homme et l'animal, d'abord dans sa cruauté (la chasse), puis dans sa part d'animalité, et sur le lien qui unit l'homme et la bête. Tebrick ira jusqu'à se mettre à égalité avec son rival le renard.
Monique L
J'ai lu ce livre comme un conte ce qui m'a permis de ne pas me poser de questions sur la vraisemblance, et cela malgré les nombreuses remarques de l'auteur à ce sujet. Je l'ai lu avec plaisir. J'y ai vu un conte sur l'amour inconditionnel.
L'histoire est bien menée, en tout cas je m'y suis laissé prendre. J'ai apprécié le ton de ce récit. L'auteur y garde une certaine distance par rapport aux faits invraisemblables qu'il relate. L'atmosphère est très anglaise : l'humour, le comportement du mari, les convenances.
L'auteur nous fait voir la renarde avec les yeux du mari. C'est ce qui nous la rend attachante. La métamorphose progressive de la femme policée en renarde me paraît bien étudiée. Les doutes et la transformation du mari sont également bien analysés. J'ai trouvé que l'auteur allait un peu loin avec l'arrivée des renardeaux… La nourrice renforce la crédibilité du récit, en opposition aux autres connaissances du couple qui croient au départ de Mrs Tebrik et à la folie de Mr. Tebrik. L'auteur a un vrai talent de conteur. J'ai aimé la forme et le style. Je n'ai pu m'empêcher une fois le livre fermé de faire un rapprochement avec ce que vivent les personnes voyant un être cher tomber dans une maladie dégénérative genre Alzheimer.
J'ouvre le livre aux ¾.
Séverine
Je l'ai lu il y a longtemps et je m'en souviens à peine. J'ai apprécié au premier degré, sans essayer de creuser la signification. Il ne m'en reste que peu de choses, si ce n'est que la lecture n'était pas désagréable, donc j'ouvre à moitié.
Geneviève
Je l'ai lu hier soir, en anglais, en ligne et de manière inconfortable. J'ai aimé le début et l'atmosphère, j'ai retrouvé l'ambiance de l'Angleterre rurale que j'adore. J'ai retrouvé l'ambivalence entre la proximité à la nature et les usages sociaux ; le personnage du mari est très intéressant par rapport à cette ambivalence. Je n'ai pas été frappée par la dimension féministe, mais plus par l'histoire d'amour. Je n'avais pas pensé à la démence, mais c'est très juste. J'ai trouvé cela bien écrit mais j'ai été frustrée par la fin que je n'ai pas su comment comprendre : une histoire d'amour ? Une séparation ? J'ouvre à… 60 %.
Claire
Je l'ai lu il y a deux semaines et j'avais heureusement noté mon avis une fois le livre fermé, car comme Séverine cela me paraît loin. Je suis en-thou-sias-mée par ce pur talent de fiction pure qui fait son effet : je suis au septième ciel. J'ai vibré, je suis passée par toutes les émotions. J'ai cru à tout, ce n'est pas un conte, c'est vrai. J'ai aimé l'art de la narration, la présence du narrateur, la tension en dents de scie distillée comme avec un élastique jouant sur le lecteur. J'ai aimé les moments rigolos : le signe de croix avec la patte, la lecture à haute voix à la renarde, les fake news comme celle qu'a remarquée Lisa, le baptême des renardeaux parfaitement too much... ; avec les renards qui sourient, j'ai eu un peu de mal à imaginer. Je me suis demandé de qui est la préface non signée : j'ai posé la question à l'éditeur, sans obtenir la réponse... J'ouvre en grand.
A propos de Sylva, je suis d'accord avec Etienne ou Catherine, il y a un côté didactique, démonstratif, c'est un peu fastidieux, ça se traîne, avec un épisode pour rebondir avec la concurrente femme de la renarde, qui se drogue, c'est un peu tiré par les... poils (l'humaine se dégrade, tandis que l'animale progresse). Mais c'est un beau défi d'écriture, cette symétrie avec le livre de Garnett, et il y a plein de clins d'œil entre les deux livres, le tout sous le regard de la médecine qui observe la progression de la renarde vers l'humain, avec même un développement sur la psychanalyse.
Par ailleurs, j'ai adoré découvrir la vie de Garnett et de la tribu de Bloomsbury et aussi celle de Vercors (jamais lu dans le groupe) : quelle vie ! J'ouvre à moitié.
Annick L
J'ai découvert plein de choses dans le dossier sur le site. Je me suis laissé aller au plaisir de lire. C'est un conte philosophique et surtout amoureux. David Garnett a un talent d'auteur, avec l'humour, la finesse et la distance, sans quoi cela aurait pu être ridicule. C'est un délicieux mélange, et bien choisi pour Noël. Je l'ai lu en 1994 et je me rappelle de l'adaptation au théâtre, très belle (au Théâtre de l'Aquarium). Je l'ai relu avec plaisir, ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais j'ouvre quand même aux trois quarts. Je vous signale Lady : ma vie de chienne de Melvin Burgess pour ados : l'héroïne adolescente est transformée en chienne, s'éclate complètement avec les chiens et, en aucun cas, ne veut redevenir humaine ; c'est joyeusement débridé...
Rozennet
J'ai lu avec beaucoup de plaisir sans me poser trop de questions, mais je n'ai que peu de souvenirs de ce livre lu récemment – ce qui est incroyable. C'est un bel objet que je n'ai pas envie de décortiquer et j'ouvre en grand.
Quant à Sylva, mon plaisir n'a pas continué, je me suis rapidement ennuyée, mais j'étais intéressée de voir comment la renarde apprenait car j'ai comparé avec ma petite fille… Il est très misogyne.

Claire
Pour moi, c'est tellement outré car ce ne peut pas ne pas être du second degré.

Rozenn
Les animaux dénaturés, c'est formidable, beaucoup plus drôle. Mais la fin de Sylva m'a fait éclater de rire, quand la femme ex-renarde accouche d'un renard. J'ouvre aux trois quarts.
Christelle
J'ai été un peu décontenancée. Je me suis laissé embarquer par le style et les états d'âme. La ruse du renard a bien marché sur moi. J'ai eu envie de penser au féminisme, à la folie… J'ai trouvé intéressant de voir l'évolution de l'humain à travers ce que cet homme accepte progressivement de sa femme. Le style m'a plu, j'ouvre trois quarts. Il y a sûrement plein de pistes, je ne sais pas laquelle venait de sa volonté.
Fanny entreet
J'avais été enthousiasmée par la présentation au speed booking. J'avais retenu la métaphore de la liberté dans le couple. J'ai été déçue par le style désuet qui a freiné mon plaisir de lecture. Il m'a fait penser à Truismes de Marie Darrieussecq qui m'avait dérangée. Je n'avais pas pensé au rapport à la démence ; c'est peut-être sous cet angle et pas uniquement au niveau du corps que je me sens interrogée par la métamorphose, par ce qui m'a dérangée. Pour ce qui est de nos interprétations par rapport à ce livre qui sont peut-être très éloignées des intentions de l'auteur, cela ne me dérange pas : le livre publié et lu n'appartient je trouve plus uniquement à l'auteur.

Claire
Tu devrais lire le livre recommandé par Annick pour t'éclater en chien...

Fanny
À la question qui s'est posée "est-ce un livre pour le groupe de lecture pour Noël ?", j'étais contre, car ce n'est pas pour moi un conte et la métamorphose me gêne. J'ouvre entre quart et moitié.

Denis
J'ai trouvé ce livre charmant. Pour moi, il relève de la tradition du nonsense dont les Anglais sont friands (selon ma vision caricaturale) et qu'ils pratiquent avec talent. Dans toutes sortes de nouvelles, on voit le fantastique débarquer dans la vie quotidienne. Les personnages, très britanniques, prennent cela avec flegme –  et je trouve cela très drôle. Un exemple au hasard : Saki, dont une nouvelle ("Sredni Vashtar") figure dans les Histoires abominables, collectées par Alfred Hitchcock. Et, bien sûr, Lewis Carroll, Oscar Wilde, O'Henry...
Autant dire que je n'ai pas accordé une très grande importance à ce récit fantastique, et je suis très impressionné par la richesse des interprétations qu'en proposent les uns et les autres ce soir. C'est éblouissant.
Ce livre m'a par ailleurs fait découvrir l'importance du thème de la transformation dans la culture classique. Je ne sais quelle note de bas de page m'a fait prendre conscience que j'aurais bien dû ouvrir les Métamorphoses d'Ovide. Était-il au programme de l'école ? Ai-je été absent quand le professeur en a parlé ?

Claire, ignare
C'est bien ?

Sabine
Super !

Séverine
Il y a aussi Apulée avec son Âne.
Denis
Finalement ce texte que je ne prenais pas au sérieux touche à des thèmes très profonds. Par ailleurs, je ne le trouve pas spécialement bien écrit. Même s'il est agréable à lire, il m'apparaît comme un travail d'amateur et non d'un écrivain professionnel. J'ouvre à moitié.
Henri
J'ai écrit quatre points…
1. Je rejoins le point de vue de Claire avec le champ des possibles à travers la littérature. Pour moi, ce n'est pas un conte, c'est pragmatique et plausible. On peut aussi penser que l'homme est fou, que sa femme est partie et qu'il a adopté un renard.
2. C'est un amour inconditionnel : jusqu'où peut-on se rapprocher pour ressembler à l'autre ? Le style est simple et charmant.
3. Que faire de ce texte ? S'agit-il du thème de la normalité ? Une métaphore du handicap ? Du deuil ? De la schizophrénie, avec deux voix humaine et animale qui parlent en soi ? Une approche misogyne ? Un déni de réalité ? L'attachement ?
4. Enfin je propose une lecture politique et socio-politique : concernant la religion, les liens du mariage, en termes juridiques, une apologie de la zoophilie. Je l'ai donné à lire autour de moi. J'ai un chat en garde en ce moment (Henri montre sur son smartphone la belle bête), cela génère des rapports spéciaux qui ont peut-être influencé ma lecture.
J'ouvre en grand. Il y aurait des jeux à faire en le faisant lire à des enfants par exemple, ce serait intéressant.

Monique L
Quel est le rapport que tu proposes avec la religion ?

Henri
En se remettant dans l'époque : signes de croix, baptêmes...

Denis
Le titre en anglais, Lady into fox, est nettement plus percutant.

Claire
Comment-pourquoi l'auteur a écrit ce livre, vous vous demandiez Lisa, Christelle. On le sait... : il se promenait avec sa femme Ray Garnett (qui a réalisé les illustrations dans la première édition anglaise) et espérait lui montrer une portée de renardeaux : pas un renard à l'horizon, il finit par lui dire qu'ils risquent de rentrer bredouilles, à moins qu'elle ne soit elle-même transformée en renarde. Ray lui demande alors ce qu'il ferait d'elle : le livre la Femme changée en renard fut la réponse...
J'ai lu un autre livre de Garnett, Un homme au zoo, qui m'a moins plu, bien que ce soit aussi une histoire d'amour avec des animaux... Le couple se dispute dans un zoo, l'homme relève aussi un défi et obtient d'occuper une cage près de celle des grands singes, en tant que simple Homo sapiens, il devient la coqueluche du zoo ; sa copine comprend l'étendue de son amour et finit par lui proposer de venir partager sa cage, mais ça ne marche pas...

Sabine
Il y a de nombreux livres concernant le décalage avec la réalité.

Claire (après la soirée)
J'ai lu un article qui s'interroge sur la capacité qui se perdrait à croire en la fiction, qui m'a fait penser à nos échanges : "La vérité si je lis", par Nathalie Crom, Télérama, 19 décembre 2018.


AVIS DU NOUVEAU GROUPE PARISIEN
réuni le 21 décembre 2018

sur La femme changée en renard

Anne, Anne-Marie,
David, François, Françoise H, Monique M
Ana-Cristina
Audrey,Nathalie B
Valérie

Quant à Vercors, le nouveau groupe parisien lira
ultérieurement Le silence de la mer en juin 2019

Françoise H
J'ai adoré le livre que j'ai lu 4 fois ! J'ai également vu la pièce en 1995, qui m'a emballée aussi. C'est une très belle histoire d'amour poussée jusqu'à l'ensauvagement de l'homme par fidélité et par amour. J'ouvre le livre en grand.
Audrey
J'ai lu très facilement ce livre en ayant eu l'impression de lire un conte pour enfants. Son intérêt est resté à l'état de questionnement. Cette femme devient renarde, puis devient sauvage en suivant ses instincts. Pointe la relation homme/femme ; la relation homme/animal aussi (et l'asservissement homme/femme ?). L'amour du mari qui rejette d'abord la transformation, se transforme aussi, puis finalement se libère et va changer de nature. Il y a l'idée de l'amour qui devient celui d'un être qui se transforme. Cette altérité poussée à l'extrême pousse à la tolérance, à l'acceptation de tout. On peut discuter sur le fait de savoir s'il y a eu ou non relation sexuelle, rien n'est dit. Quel poids de la société, très étouffante, enfermante : c'est hors de la société que ces deux êtres trouvent leur équilibre. La métamorphose de l'auteur va passer par l'éloignement de la société. Cette femme renarde est morte en assumant ses envies, sa liberté, et aussi une forme d'opposition à un homme. Mais elle a payé cher sa libération. Beaucoup de questions restent en suspens, cependant. J'ai apprécié le fait que ce livre soulève beaucoup de questions. J'ouvre le livre à moitié.
Ana-Cristina
J'ai pris plus de plaisir à lire une deuxième fois ce lire. Au final, la métamorphose la plus intéressante est à mon avis celle du mari, qui consciemment doit affronter le changement, alors que la renarde ne choisit rien, elle subit. J'ouvre aux trois quarts.
Valérie
J'ai trouvé que c'était une histoire fantastique. Je n'ai pas un seul instant perçu l'humanité de l'homme, pour moi il est "givré" et joue aux cartes avec sa renarde !
La femme renarde serait une image venue de Chine. Dans une revue (de sociologie ?), j'ai trouvé des références à cette idée de femme renarde qui existe dans la mythologie chinoise. La femme renarde c'est la courtisane, la femme séductrice dans la société chinoise. Ici le héros ne l'abandonne pas parce qu'elle est la Femme séductrice Fatale, il est sous son emprise et va jusqu'au bout de son amour. Cette renarde est dominante, maléfique. Le renard occupe par ailleurs une place spéciale dans l'imaginaire chinois, il est ensorcelant. Le renard est entre le Yin et le Yang, donc sensible à la métamorphose.
Il y a une scène terrible du poulet vivant que lui amène son mari pour la tester et la boucherie qui s'ensuit montrant le degré de sauvagerie atteint par la renarde. J'ouvre au quart.

Ana-Cristina
A propos de cette scène du poulet, le livre est très british à mon avis dans les rapports homme/femme, concernant la forme, le style, la retenue (malgré la cruauté, très peu racontée mais évoquée).
Anne
J'ai trouvé le livre d'une grande finesse, mais très étrange. J'ai aimé, mais ce livre m'a dérangée et rappelé un souvenir d'enfance (ma mère revenant de chez le coiffeur toute frisée, ce qui m'a inspiré une grande terreur). Dans ce livre, on trouve une relation symbiotique, paternelle parfois mais non sexuelle. Il y a une identification nouvelle, comme lorsque l'enfant va se transformer en femme. Il y a aussi l'amour des animaux dans ce livre, le mari parle des renardeaux avec tendresse, il les adopte. Il est effrayé par la transformation de sa femme en Femme, c'est à dire en renarde, en femme "pulsionnelle", en "femelle". L'autonomie prise par la renarde évoque aussi l'adolescence. J'ouvre complètement le livre.
François
Je trouve ce renard insaisissable, c'est un roman déroutant, le sens m'en échappe. Le mari est partagé entre la volonté de garder et de libérer la renarde. Cela m'a fait penser à Lewis Carroll. Ce livre est envoûtant et ne donne pas de réponse à toutes les questions que l'on se pose. Il y a une ruse du narrateur qui a choisi le renard pour créer des ambiguïtés. C'est très anglais cette distance avec la réalité, il y a du "nonsense", mais on accepte l'absurde de la situation. J'ouvre le livre en entier.
David
J'ai trouvé que le livre montrait surtout le point de vue masculin sur l'hystérie féminine. La société de l'époque tendait à corseter la femme, et cette liberté qui émane de la renarde-femme attire et fait peur en même temps. Ce qui me frappe, c'est l'éloignement du monde, de la société, que le mari accepte pour la renarde, et le fait que son attachement est plus fort que la disparition de sa femme. J'ouvre le livre en grand.
Anne-Marie
Je dirais que ce livre est une fable sur la fidélité absolue. Le mari entrevoit rapidement la catastrophe après la transformation, mais il s'adapte et il finit par accepter. Il sacrifie sa vie sociale, il fait ses calculs rapidement et finit par assumer complètement son reniement de la société par amour pour sa renarde. S'il accepte la sauvagerie de celle-ci, à aucun moment il ne devient, lui, sauvage ; mais son attachement est passionnel. C'est une fidélité absolue et tragique de l'homme délicat et civilisé pour une femme devenue autre. Il s'oublie dans une sorte de folie, il est démuni par la sauvagerie qu'elle manifeste et dans laquelle elle entraîne sa vie, il accepte les petits renardeaux et même l'idée de l'autre, le renard, la trahison suprême. Il a un côté sublime. C'est lui le personnage intéressant. J'ouvre le livre totalement.
Nathalie Bet
L'écriture ne m'a pas trop "branchée". L'histoire est intéressante, mais pas assez développée, il manque des choses. J'ai aussi lu Sylva de Vercors, à la suite de l'autre, et qui est en quelque sorte son contraire (comme on a vu), et j'ai beaucoup aimé ce dernier livre : ici, une renarde se transforme en femme. J'ouvre à moitié Garnett et Vercors en grand.
Monique M (avis transmis)
Ce livre est un délice. Il commence par un cri et se termine par un cri. Un cri comme le cri de désespoir de celui qui, au milieu de la forêt bruissant de sa végétation et des animaux qui y vivent en osmose, goûte son essence première et que souillent soudain les aboiements d'une meute et le cor d'un piqueur, reflet d'une civilisation destructrice de cet équilibre primordial. Tout le livre poursuit cette hypothèse.
Une sorte de philosophie hors norme se déroule sous nos yeux : l'alliance étroite, quasi congénitale de l'homme et l'animal, les sentiments, les émotions des deux espèces se rejoignent, s'épousent, s'entremêlent. On ne sait plus où l'on vit, dans un manoir ou un terrier, un jardin ou la forêt, l'auteur nous embarque totalement dans son délire ou ce qu'il appelle sa vérité. On finit par y croire. (Belle traduction de Jane-Simone Bussy et André Maurois.)
C'est mené de main de maître ; le suspense est maintenu tout au long du livre, le style aisé procède par touches légères, on avance pas à pas (la renarde n'abandonne pas immédiatement sa nature féminine ; pudique, elle revêt sa robe de chambre pour masquer sa nudité, joue au piquet avec son mari, avant de glisser progressivement vers la vie sauvage). L'imaginaire de l'auteur est sans limite (Mr. Tebrlck baptise les renardeaux, réfléchit à leur éducation dans les meilleurs collèges anglais, songe à un précepteur...)
L'auteur sème toutes sortes d'indices qui sont autant de fausses pistes dans lesquelles s'engouffre le lecteur :
- L'homme va-t-il se changer lui aussi en renard ? On l'imagine lorsqu'il néglige sa personne, laisse pousser sa barbe, n'ôte plus la crasse sous ses ongles, ou bien lorsque dans la forêt il marche plié en deux, presque à quatre pattes, court aussi vite que les renardeaux, aussi silencieux qu'un daim.
- La servante va t-elle faire basculer le récit en arrivant au manoir et reprenant son service ? Le gentleman en habit rouge va-t-il mettre fin à la vie de couple qu'entretient Mr. Tebrick avec sa renarde ?
- Y aura-t-il un affrontement entre Mr. Tebrick et le renard mêle, une lutte à mort?
- L'auteur va-t-il faire un parallèle entre la ruse prêtée aux femmes et aux renards ?
Non. Rien de tout cela, le récit se poursuit ailleurs, de façon plus complexe, dans un monde imaginaire où l'auteur pousse la réflexion encore plus profondément. C'est le combat entre deux visions : la vie selon le genre humain et la vie selon le règne animal. Quelles valeurs prendre en compte ? Lesquelles respecter, valoriser ?
Cela pourrait aussi être analysé comme un hommage à la fidélité conjugale ou un simple conte fantastique. C'est tout cela à la fois, mais l'auteur ayant été objecteur de conscience pendant la Première Guerre mondiale et étant pacifiste, il me semble qu'il veut plutôt faire réfléchir le lecteur sur la condition animale et les valeurs qu'elle porte.
Très beau passage pages 116 et 117 où Mr. Tebrick joue et caresse ses renardeaux comme ses propres enfants.
Ce livre est magique, je l'ouvre en grand.


Synthèse des AVIS DU GROUPE BRETON
réuni le 13 décembre,
rédigée par Marie-Thé (suivie d'avis détaillés)

GARNETT
Chantal, ÉdithClaude, Marie-Claire, Marie-Odile
Cindy, Marie-Thé
, Suzanne
Jean
VERCORS
Cindy, Édith Marie-Claire Marie-Thé, Marie-Odile

Comme à l'accoutumée, les livres ont suscité un échange passionnant où nos avis sur ces deux livres se sont opposés.
Adeptes de littérature fantastique ou pas, certains ont vu, chez Garnett et/ou chez Vercors, un "conte agréable", "pas désagréable", "assez drôle", "peu attrayant", "très intéressant", "surprenant" et "déroutant" ou encore un livre "pas exceptionnel" (Garnett). Ont été relevées des scènes fantaisistes, des expressions anciennes...
A la recherche d'un univers fantastique, du merveilleux de l'enfance, Cindy a été déçue par Garnett (et enthousiaste pour Vercors) : trop de gravité ; elle ne s'est pas sentie à l'aise dans ce conte angoissant, aux scènes ressemblant parfois à des tableaux, où la forêt peut représenter les profondeurs de l'inconscient et les chambres les secrets.
Évidemment, la métamorphose qui est au centre de ces deux ouvrages (celle du corps plus rapide que celle de l'esprit) nous a interpellés. Ont été évoqués Ovide, Kafka... Mais à l'inverse de ce qui se passe chez Kafka, la métamorphose est ici acceptée. Cependant, dans la métamorphose, décroissance chez Garnett, croissance chez Vercors, il y a basculement dans l'animalité chez le premier, et l'inverse chez le second. A noter qu'au départ le lien alimentaire créé la dépendance, puis la confiance (Marie-Claire).
Avec cette transformation de la personne la plus proche de soi et la déchéance de la femme, Chantal a même pensé à une personne atteinte de la maladie d' Alzheimer et ayant besoin de protection.
Des questions ont été évoquées à partir de ces livres, dont celle relative à l'émancipation de la femme... Femme dont il est parlé en termes peu flatteurs ici et là. Chez Vercors, Richwick "veut faire de cette femme en devenir son chef-d'œuvre." (Marie-Odile)
Et bien sûr le meilleur pour la fin : l'amour, ô combien ! Amour inconditionnel, dans les deux livres, avec l'importance des regards. Amour à tout prix, avec... basculement de la raison à la folie (Garnett). Mais aussi : utopie de l'amour inconditionnel et métaphore de l'altérité absolue (Jean).
Voici un aperçu de notre rencontre qui s'est terminée par la dégustation de victuailles dont sont friands les humains et les renards...
Chantal
À la première lecture de Garnett, j'ai lu un conte à l'écriture (ou la traduction) fluide, bien léchée, soignée : je l'ai lu avec plaisir ; je savoure toujours les expressions anciennes, désuètes ("Mme Tebrick était déjà une femme faite"), comme des friandises délicates. Je n'ai pas trop cherché d'explications, me contentant d'apprécier les scènes fantaisistes, les scènes cruelles, bref, un conte ! Souriant que l'auteur prenne grand soin de présenter son histoire comme vraie : "une histoire pleinement prouvée, non par un témoin, mais par douze, tous honorables, et sans collusion possible entre eux" !
Puis, Sylvia et Mr. Tebrick ont continué de trotter dans ma tête, et soudain, pensant à un couple que je connais, le texte de Garnett s'est éclairé ! Cette confrontation brutale, imprévue, dans une vie ordinaire et tranquille, avec la transformation radicale de la personne aimée, c'est exactement ce que vit la personne dont l'époux (se) est atteint d'une maladie type Alzheimer.
Là, j'ai relu le texte : la description, en parallèle de la transformation de Sylvia et du comportement de Mr. Tebrick "s'adaptant" à cela, est faite de manière magistrale, avec une précision "médicale". L'incompréhension, le déni, la culpabilité, l'espoir/désespoir, l'inquiétude constante, l'angoisse constante, l'amour inconditionnel, la tourmente, l'agacement et l'impatience, la brutalité parfois... : tout est si vrai !
J'ai été très touchée par le passage de la phase "intermédiaire" de la transformation : il lit/elle vise la colombe, elle veut jouer aux cartes/et chasse les canards. Et l'expérience qu'il tente en lui présentant des fleurs et un lapin... Mais en dépit de tout ce qu'il voit, l'amour est là, avec l'espoir indéfectible !
L'amour qui va le conduire à des comportements délirants aux yeux des autres... et qui l'amène à la laisser dans son monde à elle, sans jamais l'abandonner... J'en ai rencontré tant des Mr. et Mrs Tebrick dans ma vie, et jamais décrits avec autant de talent ! Mais... il s'agit d'un conte, et Mr. Tebrick est toujours en vie, Dieu merci !!!
Je l'ouvre en entier.
Marie-Thé
Pour moi, le livre de Garnett est surprenant, déroutant, très original et très bien construit. Au début, j'ai aimé me retrouver dans les bois, en Angleterre, même la métamorphose de Silvia ne m'a pas trop inquiétée, un passage, me disais-je... C'est une ouverture sur un monde merveilleux ; à présent je dirai que je n'ai pas aimé errer dans les forêts, la campagne ou les manoirs anglais, avec Mr. Tebrick, recherchant la renarde aimée... Cette plongée dans un univers fantastique m'a été pénible ; il est vrai que la littérature fantastique ne m'attire guère.
C'est un drôle de cheminement ici : deux personnages unis, indissociables, séparés soudainement et à jamais par la métamorphose de la femme. A l'origine, un couple "nouveau né", à la fin, sa disparition, dans un même cadre (la chasse, les chiens). La boucle est bouclée.
Malgré la quatrième de couverture disant de "se laisser aller à l'innocence, au plaisir" etc., je n'ai pu m'empêcher de chercher des explications à ce texte ; quant "au pur plaisir", pas loin du zéro. Du début à la fin, pratiquement, je me suis demandé : où est l'homme ? Où est l'animal ? Autre thème : l'amour, par dessus tout, quoiqu'il arrive, l'état amoureux ? Non. Passion destructrice, jusqu'au basculement dans une forme d'animalité ? Peut-être.
Je retiendrai surtout, revenant régulièrement, des références à la religion, à la Bible (forme de soumission ?) ; ainsi (p. 15) : "C'est à la lettre un miracle, un fait entièrement étranger à notre monde; un événement que nous accepterions volontiers si nous le rencontrions dans l'Écriture Sainte" : autrement dit, un miracle ça n'existe qu'en religion. A l'origine il y a aussi le chanoine Fox, revenant bien plus tard vers Mr. Tebrick, qui dira que mieux vaut "parler le moins possible des choses déplaisantes" : ne pas se fier à cet homme d'église au nom de renard ? A noter la culpabilité de Mr. Tebrick, toujours prêt à "s'accabler de reproches violents". J'aime les paroles à la colombe, à qui il est demandé de fuir, "à moins que tu ne reviennes avec de bonnes nouvelles comme la colombe de Noé." De Sylvia à moitié animal, son mari dit : "elle comprenait fort bien l'importance et les devoirs de la religion" ; protestante, elle refuse de jouer un dimanche, il invoque Dieu : "Ne permets pas que je devienne une bête moi aussi." Mr. Tebrick était devenu Job sur son tas de fumier. Le livre de Job qu'il lit après s'être purifié le ramène plus près de Dieu : poids de la religion, combat du bien et du mal, de l'humain et de la bête en soi. Sa foi lui permettra-t-elle de vaincre sa passion et de se consacrer à la religion, de surmonter comme Job les épreuves divines ? Le cri du renard : envoyé par le diable pour le rendre fou ? Ou est-ce le retour de (l'enfant) la femme prodigue ? Ensuite, c'est presque une scène de la nativité, suivie d'une prière à Dieu : demander la protection de sa renarde et des petits. Nous assistons même au baptême des renardeaux dont il sera le parrain. Et enfin ceci : "Les hommes pèchent parce qu'ils ne peuvent être comme les bêtes... Dieu les avait créés ainsi."
A retenir aussi, l'image donnée de la femme : "instinct féminin... âme de femme... : délices de Mr. Tebrick." Le spectacle de sa femme "en liberté", revivant : insupportable... etc. Mépris des femmes orientales... Mépris de ceux de la campagne : "facile à tromper... esprit lourd et renfrogné." Heureusement, de celui qui dit aussi "je suis infiniment supérieur aux animaux", il est dit dans les dernières lignes : "il retrouva la raison." (ouf !)
En écho à La femme changée en renard, Sylva m'a paru providentiel (la religion occupe une place importante ici aussi). Vercors démolit le livre de Garnett en faisant dire à Richwick : "La lente évolution d'une dame du monde en animal sauvage me parut languissante, manquer de force et d'intérêt." L'homme seul se rebelle contre les lois de la nature. "Où est la ligne de partage entre l'homme et l'animal ?" J'avais ce genre d'interrogation en lisant les deux livres.
J'ai aimé chez Vercors être aussi dans les forêts anglaises et la métamorphose de la renarde en femme m'a moins dérangée que l'inverse : élévation ? Nous sommes toujours dans un roman fantastique, et cela me reste pénible ici aussi. J'ai pourtant aimé la mise en place du récit fantastique par Richwick : son identité, le manoir anglais, la chasse, l'accident des parents, les livres. Et l'irruption dans ce monde bien réel d'un événement qui ne l'est pas : la métamorphose. "J'étais le seul témoin de sa naissance comme de sa nature." L'auteur fait comme si c'était vrai mais n'y croit pas. Impression d'osciller entre vrai et faux...
L'amour est très présent aussi chez Vercors, amour plus charnel, dérangeant parfois : sentiments ambigus (femme ou renarde ?). Lorsque Richwick dit ne pas vouloir laisser Sylva "croupir dans ce état sauvage", la question posée par Dorothy : "Pour une question d'anatomie ?" en dit long.
La religion, les "Saintes Écritures", imprègnent les deux livres à mes yeux. Ainsi, le docteur Sullivan, même s'il défend les théories de Darwin, est un homme religieux, croyant : "Nous devons croire les Écritures", dit-il. Pourtant, apprenant la métamorphose de Sylva l'homme de science dira : "impossible", alors que le croyant ajoutera : "cela me semblerait excessivement aventureux." Richwick, comme Mr. Tebrick, se tourne vers Dieu : "Je remerciai le Seigneur de Son assistance." (il l'a aidé à résister à la tentation). Devant le "corps divin" de Sylva, "Aphrodite", il y a besoin de l'intervention de la providence !... Ce gentleman farmer parle de concupiscence, tout en ayant une certaine idée de lui-même. "J'en fus mortifié jusqu'à l'âme, jusqu'au respect que je me porte. (...) Heureusement je jouis d'un aspect respectable, avec une certaine hauteur de maintien, qui en ont toujours imposé." Cela ne l'empêche pas de sombrer aussi, parfois pas loin de Job sur son tas de fumier. Et toujours cette culpabilité (devant l'éternel ?).
Comme chez Garnett, le mépris des femmes, des domestiques parfois : "Fanny fut trop sotte pour être vraiment curieuse, cette fille était quand même une femme et, à ma première inattention, je ne doutais pas qu'elle sût en profiter pour se faire le cœur net." Mr. Tebrick chez Garnett affichait un certain mépris pour les femmes orientales ; Richwick chez Vercors découvre à Sylva un "type vaguement exotique", "asiate" : humiliations en vue si introduction d'une "native" dans la "gentry(p. 99). "Chacun à sa place." Contrairement à Mr. Tebrick, Richwick parle pourtant de Sylva, sa réaction n'est pas de la cacher.
Voici mon chemin tortueux dans un livre (deux livres) tout de même répétitifs, même si Richwick dit : "J'épargnerai au lecteur l'ennui des répétitions." Et si Mr. Tebrick "retrouva la raison", à la fin de son histoire, espérons que Richwick ne la perdît pas à la fin de la sienne...


DES REPÈRES dans les vies et les œuvres des deux auteurs

DAVID GARNETT (1892-1981) : une vie romanesque

Origine de La femme changée en renard
David Garnett se promenait avec sa jeune épouse Ray Garnett dans le Surrey, dans l'espoir de lui montrer une portée de renardeaux. Il lui annonça qu'ils risquaient de rentrer bredouilles, à moins qu'elle ne fût elle-même transformée en renarde. Ray lui demanda alors ce qu'il ferait d'elle. Le livre la Femme changée en renard fut la réponse...

Dédicace de La femme changée en renard
Aussi étonnant que le changement d'une femme en renarde, le livre est dédié par l'auteur David Garnett à Duncan Grant, qui fut son amant et le père de sa seconde femme..., Angelica Garnett.
Ce qui mérite pour les midinettes quand même quelques précisions, pas seulement littéraires...

Enfance et famille
- Un surnom prédestiné : l'auteur de La femme changée en renard a toujours été appelé par la famille et les amis par son surnom de "Bunny", le petit lapin...
- Une enfance au contact des écrivains : A cinq ans, il apprenait avec Joseph Conrad à faire naviguer sur la pelouse un baquet à linge surmonté d'un drap ; à huit ans, John Galsworthy... suite
- Une ascendance prodigieusement littéraire : grand-père écrivain et conservateur de bibliothèque, père auteur également de nombreux ouvrages, critique littéraire influent, lecteur dans des maisons d'édition ; quant à sa mère, féministe, traductrice de 70 œuvres de littérature russe, elle emmena son fils David Garnett à 12 ans en Russie avant la révolution : elle rencontra Tolstoï,
Trotski, Staline et Lénine et refusa de leur servir d'interprète ; D. H. Lawrence lui demandait son avis en lui confiant ses manuscrits... voir le détail de cette ascendance incroyable.
- Sa descendance continuera à écrire : fils éditeur, rédacteur en chef, traducteur, auteur ; fille auteure de scénarios, de romans... voir les détails.
- Ses amis : il fit partie du groupe de Bloomsbury autour de Virginia Woolf avec son mari Leonard, les peintres Duncan Grant et Vanessa Bell, le critique d'art Clive Bell, le romancier-historien Lytton Strachey, l'économiste John Maynard Keynes, et parfois E. M. Forster et Bertrand Russell... voir des détails.
- Sa vie amoureuse : il eut des amants, dont Duncan Grant. Il
se marie deux fois, d'abord avec Ray Marshall, qui illustra de nombreux romans (gravures sur bois pour la Femme changée en renard et Un homme au zoo) ; après sa mort en 1940, il se remarie avec la nièce de Virginia Woolf, Angelica Bell, fille de son amant, elle-même peintre et écrivain (livre traduits : Trompeuse gentillesse, Vérités non dites, Les Deux cœurs de Bloomsbury). Voir aussi des détails croustillants et littéraires sur les amours dans le groupe Bloomsbury.

Parcours professionnel
- David Garnett annonce à ses parents son intention de devenir botaniste ; leur réponse : "Excellente idée ! Tout ce que tu voudras, du moment que tu n'essaies pas de vivre de l'écriture, de l'édition, ou en vendant des livres !" (raconte-t-il dans Never be a Bookseller, 1929). Il fera des études de botanique au collège impérial de Londres.
- Objecteur de conscience pendant la Première Guerre mondiale, il travaille dans une ferme.
- 1920 à 1924 : avec Francis Birrell, son amant, il tient une librairie à Londres, 30 Gerrard Street.
- 1923 à 1935 : associé avec Francis Meynell et sa femme, il crée et gère une maison d'édition, la Nonesuch Press.
- 1932 à 1934 : il est éditorialiste au New Statesman.
- Ayant appris à piloter, pendant la Seconde Guerre mondiale, il fait partie de l'Intelligence Service au ministère de l'Air.
- 1946 à 1952 : il dirige la maison d'édition Rupert Hart-Davies.

Publications
- 23 ouvrages de fiction. En 1922 (à 30 ans), grand succès littéraire pour la Femme changée en renard qui reçoit les prix Flawthornden et James Tait Black Memorial. T
raduit en 12 langues. Le texte en anglais Lady into Fox est en ligne ICI, illustré, dans sa première édition, avec des gravures de la première femme de l'auteur, Ray Garnett.
- Des traductions, en particulier d'un livre d'André Maurois, (co-traducteur de La femme changée en renard) Voyage au pays des Articoles (A Voyage to the Island of the Articoles, 1928)
- Des éditions critiques de lettres, dont celles de T. E. Lawrence (1938, traduites), de T. FI. White, et de Dora Carrington.
- Des livres autobiographiques : son autobiographie en trois volumes qui constitue une biographie littéraire de l'époque, composée de passages que Garnett lisait devant les membres du groupe de Bloomsbury ; un livre de souvenirs littéraires (Great Friends, 1979) où il fait le portrait de 17 auteurs parmi ceux qu'il a connus.
- Très francophile : il passa la fin de sa vie au château de Charry à Montcuq, près de Cahors.

Livres traduits en français
- 1924 : La Femme changée en renard (Lady into Fox,
publié en 1922 en Angleterre), trad. Jane-Simone Bussy et André Maurois, Grasset, "Les Cahiers verts", n° 43, 35 bois originaux de Jean Lébédeff, 1924 ; Fayard, "Le Livre de demain", n°114, 35 bois originaux de Jean Lébédeff, 1932 ; Éd. Rencontre, Lausanne, préface de Jean-Louis Bory, 1963 ; 10-18, 1984 ; Grasset, "Les cahiers rouges", 1994.
- 1927 : Un homme au zoo, trad. Betty Colin, Grasset, avec un bois de Pierre Lissac (A Man in the Zoo, 1924) ; Christian Bourgois, 1996.
- 1930 : Elle doit partir, trad. Aurélien Digeon, Grasset (Go She Must!, 1927) ; Christian Bourgois, 1996.
- 1946 : Pocahontas ou la non-pareille de Virginie, trad. Georges Belbenoist (Pocahontas or the Nonpareil of Virginia, 1933), éd. de la revue Fontaine ; éd. du Rocher, 1995.
- 1947 : Le Retour du marin, trad. Lucienne Lanusse (The Sailor's Return, 1925), Christian Bourgois.
- 1991 : No love, trad. Anouk Neuhoff (No love, 1929), Julliard, 1991.
- 1996 : Aspects de l'amour, trad. Anouk Neuhoff (Aspects of Love, 1955), Christian Bourgois
.
- 1948 :
Les textes essentiels de T. E. Lawrence, trad. Etiemble et Yassu Gauclère, préface et édition anglaise de David Garnett (The Letters of T. E. Lawrence, 1938), Gallimard 1965.
Voir une présentation de 6 romans traduits en français :
La Femme changée en renard, Un homme au zoo, le Retour du marin, Elle doit partir, Pocahontas ou la non-pareille de Virginie et Aspects de l'amour.

Quelques articles
- Préface de Jean-Louis Bory à La Femme changée en renard, Éd. Rencontre, Lausanne, 1963.
- "Quand la Belle devient Bête...", Florence Noiville, Le Monde, 22 janvier 2004.
- "Ce lapin de Garnett", Claire Devarrieux, Libération, 23 mai 1996
- "David Garnett, la fantaisie en toute liberté", Christine Jordis, Le Monde, 26 juillet 1996.
- "Libres enfants de Bloosmbury" : la société "permissive" des derniers édouardiens autour de Virginia Woolf, Nicole Zand, Le Monde, 9 mai 1985.
- "Angelica Garnett, ou le difficile héritage de Bloomsbury", Florence Noiville, Le Monde, 8 juin 2001.

La femme changée en renard sur scène
- Adaptation par la chorégraphe britannique Andrée Howard par la Rambert Dance Company en 1939 (musique Honegger) puis 2006 (musique Benjamin Pope).
- Adaptation par le metteur en scène Didier Bezace, créée en 1994 à la Comédie de Caen, puis en 1999 au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers
("Le théâtre ne peut que difficilement représenter le roman de David Garnett", dit le metteur en scène... voir la suite).
- Lecture enregistrée à la Villette en 2008 par France Culture à l'occasion de l'exposition Bêtes et Hommes.

VERCORS (1902-1991) : une vie également trépidante

Jean Brüller adopte le pseudonyme littéraire Vercors en 1941 pendant la Résistance. Par la suite, il garde le nom de Jean Bruller pour son travail d'artiste et le nom de Vercors comme nom d'écrivain.

Il est connu pour son rôle dans la Résistance et comme auteur de Le Silence de la mer (publié clandestinement en 1942). Il a fondé les Éditions de Minuit avec Pierre de Lescure en 1941. En 1960, il fait partie, avec Sartre, des signataires du Manifeste des 121 écrivains et artistes qui déclarent "le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie".

Il est moins connu comme dessinateur : dès 1921, il devient dessinateur humoriste. C'est lui qui dessina le logo des éditions de Minuit (l'étoile bleue).

Il fut d'abord marié avec Jeanne Barrusseaud, libraire rue Bonaparte. Sa deuxième épouse, Rita Barisse, était journaliste, auteure et traductrice de livres du français vers l'anglais.

Pour des informations détaillées sur la vie et l'œuvre de Vercors, voir le site de Nathalie Gibert, auteure d'une thèse sur sa correspondance et d'un site riche : Vercors écrivain. Il comporte :
- une biographie détaillée sur sa vie et son œuvre
- une bibliographie en deux volets : l'artiste et l'écrivain
- une analyse de Sylva.

UN CHASSÉ-CROISÉ entre La femme changée en renard et Sylva

L'origine de Sylva
Nathalie Gibert précise que "Vercors découvrit le livre de Garnett dans la bibliothèque d'une amie de Londres, parce que sa deuxième épouse Rita Barisse était originaire d'Angleterre. Aussi le couple se rendait-il régulièrement chez des amis de Rita."

Elle ajoute que "la lecture de ce livre de Garnett a été une bénédiction pour Vercors, dans la mesure où il travaillait à la problématique de la limite entre l'homme et l'animal depuis la fin des années 40. Ce livre l'a donc inspiré immédiatement comme point de départ de sa réflexion. Réflexion qu'il avait transposée de manière littéraire en 1952 avec Les Animaux dénaturés."

Écoutons Vercors découvrir le livre et commenter son récit : "c'est à Londres, chez une amie où nous logions pour quelques jours, qu'en examinant sa bibliothèque je suis tombé sur le roman de David Garnett, Lady into Fox (la femme changée en renard). La lecture m'avait enchanté jadis, au cours des années vingt. Je me souvenais de cette métamorphose subite, pendant une promenade avec son mari, de cette femme devenue renarde qui d'abord reste mentalement femme, exige par pudeur d'être habillée ; puis peu à peu y renonce, lentement s'animalise, jusqu'à ce que son mari la relâche dans la forêt - et la voie reparaître un jour, venue lui présenter ses renardeaux.
Je tenais mon sujet ! Si je changeais inversement une renarde en femme, celle-ci su
ivrait évidemment l'évolution contraire ; elle resterait d'évidence mentalement renarde, tant qu'elle n'aurait pas pris conscience de ce qu'est la condition humaine, ce qui enfin provoquerait en elle un premier mouvement de rébellion, et en ferait du coup, et véritablement, un être humain.
La fin inattendue de mon récit a été, je le crois, généralement mal comprise. Sans doute n'ai-je pas suffisamment éclairé ma lanterne. Mariée à son protecteur, Sylva met au monde un renardeau. Les lecteurs, au moins certains d'entre eux, en ont conclu qu'elle avait beau être devenue femme, elle n'avait jamais cessé d'être, au fond, une renarde. Or, c'était évidemment le contraire que cette fin signifiait : par ses organes, par ses ovaires, son organisme est demeuré celui d'un animal ; mais par sa rébellion sa fonction cérébrale est devenue celle d'une personne humaine. Donner à l'organisme la priorité sur l'esprit, c'est proprement faire preuve de racisme, même inconscient." (voir d'autres propos de Vercors sur Sylva dans le même entretien).

Les liens entre les traducteurs et les auteurs
La femme changée en renard de David Garnett est traduite de l'anglais par André Maurois et Jane-Simon Bussy
.
Sylva de Vercors est traduit en anglais par Rita Barisse.

De nombreux liens :
- entre Maurois et Vercors : Jean Bruller alias Vercors est l'illustrateur de récits d'André Maurois pour la jeunesse, Deux fragments d'une histoire universelle et Patapoufs et Filifers et Vercors écrit Sylva après avoir lu le roman traduit par André Maurois (voir des détails sur ce que Vercors dit de Maurois)
- entre Maurois et le groupe de Bloomsbury : il a écrit un portrait et traduit Sonnets portugais de l'extraordinaire Elizabeth Barrett Browning dont Virginia Woolf écrit une délicieuse biographie Flush où le narrateur est un chien... Par ailleurs, Maurois a écrit un livre pastiche de Proust Le côté de Chelsea qui évoque le groupe de Bloomsbury (voir un extrait). Et il a même donné des conférences à Cambridge (où est né le groupe de Bloomsbury) sur la littérature anglaise (voir des détails très Bloomsbury...)
- entre Vercors et sa traductrice : c'est Rita Barisse, femme de Vercors, qui traduit Sylva en anglais (éd. Hutchinson, Londres, 1962)
- entre André Maurois et David Garnett : Maurois traduit La femme changée en renard de David Garnett qui traduit Voyage au pays des Articoles de Maurois (A Voyage to the Island of the Articoles, 1928).
- entre Jane-Simon Bussy et le groupe de Bloomsbury : Jane-Simon (ou Janie) Bussy, traductrice avec André Maurois, était la fille de Dorothy et Simon Bussy. Dorothy, auteure d'Olivia, était la sœur de
Lytton Strachey, écrivain membre du groupe dee Bloomsbury. Simon Bussy a peint plusieurs membres du groupe de Bloomsbury et ses tableaux sont à la National Portrait Gallery. Angelica Garnett raconte que quand Janie Bussy venait à la maison (chez David Garnett donc) : "Contrairement à la plupart de nos amis, elle était élégante, semblable à ces perruches que son père Simon adorait peindre, et c'était en tant que peintre elle-même et cousine de Duncan qu’elle était accueillie"... voir la suite
- entre André Maurois et sa co-traductrice Jane-Simon Bussy : l'enquête Voix au chapitre fait pour l'instant chou blanc concernant leurs relations (appel à la population !) ; Janie Bussy connaît le groupe de Bloomsbury et donc David Garnett... André Maurois va en Angleterre... Mais comment le projet de traduction naît-il ? Et de plus, de co-traduction ? Comment travaillent-ils à deux ? Quelles terribles interrogations sans réponse pour l'instant...

D'AUTRES MÉTAMORPHOSES
Nous pensons sans doute à La métamorphose de Kafka ou à Truismes de Marie Darrieussecq ?
Bien d'autres métamorphoses de A comme Apulée avec L'âne d'or ou les Métamorphoses à W comme Wilde avec Le portrait de Dorian Gray sont à lire ici...

LE RENARD SOUS TOUTES LES COUTURES

La chasse au renard (sans laquelle les deux romans n'existeraient pas...)
La chasse au renard est une activité de vénerie consistant à traquer, poursuivre et parfois tuer un renard (traditionnellement un renard roux), à l'aide de chiens, souvent des terriers, en les suivant à pied ou à cheval.
La chasse au renard est originaire du Royaume-Uni mais a été ou est pratiquée dans de nombreux autres pays : France, Australie, Canada, États-Unis, Russie, etc.
La loi anglaise interdisant la chasse à courre au renard date du gouvernement de Tony Blair en 2004 (le "Hunting Act").

Le renard parle...
Aucun des deux écrivains n'a exploité le langage du renard... Or "le renard produit toutes sortes de sons : glapissements, aboiements, grognements, jappements, gloussements, hululements, gémissements, cliquètements, etc., principalement en période de rut. Les scientifiques ont enregistré pas moins de quarante sons différents selon les circonstances avec un registre sonore sur cinq octaves. Le glapissement est le cri le plus impressionnant. Il est émis en guise de menace ou d'avertissement pour les renardeaux, avec une note finale proche du cri du paon." ("En quoi l'image du renard est-elle proche de celle du fantôme dans les récits fantastiques chinois ?", Solange Cruveillé, Fantômes dans l'Extrême-Orient d'hier et d'aujourd'hui, tome 1, dir. Marie Laureillard, Vincent Durand-Dastès, Inalco Presses, 2017, p. 253).

Tout sur le renard grâce au passionnant Michel Pastoureau
Les fourberies de Renard : un malentendu ?, France Culture, Concordance des temps, par Jean-Noël Jeanneney, 23 décembre 2017, 59 min. Michel Pastoureau cite La femme changée en renard.

 

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