Stevenson en 1886
1ère trad. en 1890 de Mme B.-J. Lowe en ligne ici ou en pdf là trad. Mme B. J. Lowe, Hachette livre/BNF, 2012, 276 p. 1ère
trad. en
1926
1ère trad. en 1963 Charles-Albert REICHEN en ligne ICI trad. Charles-Albert Reichen, ill. François Place, Folio Junior textes classiques, 2018, 160 p. 1ère
trad. en 1968
de Armel GUERNE présentation et traduction d'Armel Guerne, Libretto, 2010, 160 p. 1ère
trad. en 1975 de Jean
MURAY
trad. Jean Muray, Livre de poche classiques, 1988, 160 p. trad. Jean Muray, Livre de poche jeunesse, 2015, 160 p. 1ère trad. en 1988 de Jean-Pierre NAUGRETTE trad. Jean-Pierre Naugrette, Livre de poche bilingue, 1988, 224 p.
1ère
trad. en 1997 de Guillaume
PIGEARD DE GURBERT et Richard SCHOLAR
1ère
trad. en 2010 Luc RIGOUREAU
trad. Luc Rigoureau, Marabout fantastic coll. "Girls in the city", 2010, 147 p. |
Robert Louis STEVENSON (1850-1894)
|
Denis (avis
transmis)
Mon avis, à la louche car je n'ai pas le temps. J'ai lu, j'ai aimé.
Je regrette même que ce soit si court, me laissant sur ma faim concernant
l'horrible Hyde : j'aimerais en savoir plus sur lui, sur ses crimes
et turpitudes... Mais il est vrai que le charme du livre tient justement
à cette ombre qui baigne les différents récits. J'adore
l'écriture ampoulée. J'ouvre en grand. Regrets de ne pas
être avec vous.
Fanny (avis transmis
illustré...)
J'ai aimé l'écriture avec les descriptions
de la ville dans la nuit et la brume qui contribuent à faire monter
l'angoisse.
Le
clivage de cet homme est une belle illustration de la folie, de ce qu'il
advient si on ne parvient pas à assumer sa dualité. C'est
justement parce que Jekyll ne s'assume qu'entièrement dévoué
à la cause des autres, comme un être qui ne pourrait être
que bonté, qu'il perd son humanité et se transforme en monstre.
C'est ce qui est loupé je trouve dans le film que nous avons vu
puisque dès le début, Jekyll théorise en public sur
cette dualité et adopte en public des gestes pour l'époque
inconvenants avec sa fiancée.
Et
si finalement on se prenait à oser préférer Hyde
? Au fond n'est-il pas plus authentique ? Il vit uniquement pour
lui-même et assouvit chacune de ses pulsions avec un plaisir manifeste
et sans une once de culpabilité. Il va jusqu'au bout et en paye
le prix en se suicidant.
Quant à Jekyll, n'est-il pas quelque peu barbant ? Et franchement,
s'il n'y avait pas Hyde quel intérêt trouverait-on à
ce personnage ? Est-il lui-même vraiment humain dans la vertu
absolue qu'il affiche, ou est-ce ce qu'il entrevoit de sa part obscure
qui tend à l'humaniser ?
Dans le film, je trouve d'ailleurs Hyde beaucoup plus réussi.
Au-delà de son aspect physique c'est l'angoisse qu'il dégage
qui transparaît de manière de plus en plus intense au fil
du film. Cela est notamment manifeste dans la scène où il
contraint Ivy à partager une coupe de champagne avec lui et dans
la relation d'emprise dans laquelle elle se trouve ensuite enfermée.
J'ouvre en grand, j'ai hâte de lire vos échanges et les
autres avis. Y aura-t-il débat autour du fait que cela soit pour
le groupe de lecture ?...
Rozenn
J'ai lu le livre à la fois en anglais (c'est tout ce que j'ai trouvé
pour ma liseuse) et en Guadeloupe (précisons pour ne pas vous faire
trop rêver : où j'allais pour raisons familiales !)
J'avais lu ce livre déjà autrefois et je n'en avais pas
gardé un souvenir précis, sauf qu'il m'avait plu, intéressée.
Là je suis certaine qu'il me plaît : à la fois
un peu désuet, et très actuel; à la fois simplement
ancré dans le quotidien et fantastique.
Assez alerte au début le temps de l'enquête, et plus posé
et réflexif dans la dernière partie avec les différents
documents-points de vue. J'avais bien sûr complètement oublié
cette structuration et je n'avais retenu que le clivage du personnage :
tout en me demandant ce qu'il pouvait bien faire de vraiment mal (avec
une vague confusion avec Jack l'éventreur) je me pose
la même question d'ailleurs pour Huysmans - je me demande toujours
ce qu'on appelle des turpitudes ou le mal bon
piétiner
une fillette c'est pas bien certainement, mais ça me semple plus
bizarre que tentant
Le livre pose de larges questions sur le bien et le mal, mais surtout
sur notre propre capacité à nous gouverner ou
pas selon nos valeurs et nos impulsions. Difficile après
cette lecture de penser que l'un est bon et l'autre mauvais. Sans toutefois
risquer le relativisme puisque la leçon qui semble en sortir, c'est
tout de même que "quand on passe les bornes, il n'y a plus
de limites" (Jarry). Restons donc corrects !
Manuel
(avis transmis de Bombay, en Inde donc)
Jenchaîne la lecture de Stevenson après celle de Virginia
Woolf. Je me replonge dans le Londres du XIXe avec un plaisir immense.
Les ambiances sont extraordinaires. Je mattendais à un petit
livre qui fait peur mais cest un livre qui a une portée presque
philosophique. Dr Jekyll est le prototype du super héros moderne
accablé par son expérience qui le conduit à
la mort. La traduction de Charles Ballarin est remarquable.
Merci à celui ou celle qui a eu lidée de ce livre.
Jouvre en grand.
Catherine
Le premier livre de Stevenson que j'ai lu était
L'île au trésor. Je devais avoir 8 ans et j'ai fait
des cauchemars pendant plusieurs jours après cette lecture :
c'est une histoire de pirates assez effrayants dans mon souvenir... J'ai
lu plus tard Dr Jekyll and Mr Hyde, mais ça date d'assez
longtemps quand même ; je n'ai pas un souvenir très
clair de cette lecture, sauf que j'avais beaucoup aimé. Je me souvenais
en gros de l'intrigue, mais avais oublié beaucoup de détails.
Je l'ai relu avec beaucoup de plaisir. J'ai aimé le côté
un peu désuet, le cadre, les personnages, le style et le côté
fantastique, ces deux personnages qui n'en font qu'un mais qui n'ont pas
le même aspect physique, la même taille, le même âge,
l'un incarnant le mal et l'autre le bien. Ça nous rappelle la dualité
qui existe en chacun d'entre nous et à l'extrême, les dissociations
de la personnalité bien décrites maintenant, mais qui ne
l'étaient pas à l'époque. J'ai aimé la construction
du livre et le fait que l'histoire soit racontée via un personnage
extérieur, Monsieur Utterson, ce qui permet de maintenir le mystère
presque jusqu'a la fin du livre. C'est une histoire assez fascinante,
suffisamment marquante pour que les personnages de docteur Jekyll et Mr
c'est Hyde soient encore connus de tous et à l'origine de multiples
films et pièces de théâtre (celle que j'ai vue, jouée
par Denis
Podalydès qui interprétait les deux personnages, était
particulièrement réussie). C'était une bonne idée
de nous faire lire ou relire ce livre ; le l'ouvre aux ¾.
Richard
(avis transmis)
J'ai revisité ce roman que j'ai lu dans mon adolescence, je connaissais
donc l'histoire. C'est pour cette raison que j'étais déçu
par cette deuxième lecture : la connaissance de la fin m'a
rendu impatient d'y arriver. Je reconnais que l'aspect allégorique
est plus évident à une deuxième lecture, mais il
ne me semble pas "palpitant". Peut-être ai-je perdu patience
avec l'écriture : je l'ai lu en anglais, mais j'ai trouvé
le style lourd, en plus d'un vocabulaire et d'un style qui appartiennent
à une autre époque (ou à une culture écossaise).
Je l'ai terminé sans enthousiasme, et je l'ouvre à moitié.
Je vais tenter de lire un roman (écossais) de Walter Scott pour
voir si je ressens le même manque d'émotion.
P.S. J'ai bien aimé le jeu de mots "if he's Mr. Hyde, I'm
Mr. Seek" (Hide and seek = jeu de cache-cache).
Etienne(qui
a apporté des galettes Jekyll and Hyde)
C'est une relecture, datant de je ne sais plus quand. J'avais gardé
un bon souvenir, mais sans autre précision ; je pense que
j'avais fait une lecture bâclée. C'est une nouvelle exceptionnelle
à bien des égards. Tout d'abord, ayant dévoré
les Sherlock Holmes plus jeune, je raffole de cette ambiance des bas-fonds
londoniens de l'ère victorienne. L'énigme commence de façon
assez classique, on suit les tribulations d'Utterson pour se terminer
en apothéose avec ce dénouement, par le truchement des lettres
dévoilées de façon posthume.
En le relisant, je crois que ce qui me plaît le plus est cette impression
de bizarrerie qui ne saute pas aux yeux au premier abord, mais qui émane
du texte. Comme le souligne Naugrette, il n'y a pas que le Dr Jekyll qui
est louche : que faisait Enfield à trois heures du matin dans
une rue sombre ? Qu'est-ce qui motive réellement Utterson ?
Pourquoi sont-ils tous célibataires ? Quelles sont ces fameuses
turpitudes de Jekyll ? MAIS DE QUOI EST DONC MORT LAYON ???
Par certains moments on pourrait presque sentir une influence sur l'écriture
lovecraftienne avec la répétition des thèmes de la
folie, de la damnation et de la science occulte (l'a-t-il lu ?).
Le dénouement est évidemment la partie la plus intéressante
dans le fond comme dans la forme. La dualité révélée
Jekyll/Hyde nous interroge sur nos propres notions de bien/mal, dominé/dominant,
mais aussi de l'essentialisme d'une manière générale
ou de notre droit à posséder ou pas plusieurs facettes de
personnalité. Est ce qu'un couple Jekyll/Hyde serait encore possible
en 2019 ? L'essor de la psychiatrie au cours du 20e siècle
nous fait forcément penser rétrospectivement à un
cas de syndrome dissociatif. Comme dans toute grande uvre, on questionne
sans apporter de réponse évidente et cela je l'illustrerais
par la scène finale, c'est-à-dire la découverte du
corps de Hyde. Hyde s'est-il suicidé ? Ou plutôt Jekyll
a tué Hyde en se suicidant ? A-t-il pris une dose trop forte
à supporter ?
Un petit point négatif tout de même pour la traduction de
Naugrette
qui m'a été imposée et m'a un peu déçue
car je l'ai trouvée ampoulée/surannée.
J'ouvre ce livre en grand et vais vite me plonger dans L'île
au trésor...
Lisa
C'est aussi pour moi une relecture, j'avais 17-18 ans. Je ne me souvenais
plus de la forme du livre, ni des détails de l'histoire. Je me
suis décidée à le lire à 17h30 : donc ça
se lit vite... Et je n'ai pas regretté. On avance sans savoir et
le dévoilement est bien fait. J'ouvre aux ¾. C'est bien,
mais comment dire ? C'est ce que je me disais
je n'ai rien à
dire.
Henri
J'étais content de le lire. Je ne connaissais pas l'histoire. J'ai
éprouvé du plaisir. J'ai été sensible à
l'aspect philosophique de la dualité, à l'aspect de classes
aussi : d'un côté les bas-fonds, de l'autre la bienséance,
très policée, victorienne, avec des hommes "de bonne
réputation".
Que dire ? Je suis comme Lisa.
Aujourd'hui, qu'en serait-il de ce parti pris de ne pas dévoiler
les turpitudes ? Aujourd'hui on mettrait l'accent sur Hyde, sur les mécanismes
de sa jouissance. Piétiner la fillette, ce n'était pas très
clair pour moi, ni le meurtre à coup de cannes du sénateur
: matériellement j'ai du mal à imaginer...
(Discussion sur ce que faisait dans la rue la môme qui s'est fait piétiner en pleine nuit...)
Tout est allusif. Oui il y a vraiment des bizarreries.
J'ai bien aimé la construction à l'ancienne avec l'emboîtement
des récits.
Claire
C'est marrant, Michel
Le Bris (créateur du festival Étonnants Voyageurs) qui
a passé des années avec Stevenson, publiant biographie,
correspondances...
Annick L
... il a même terminé un roman
inachevé.
Claire
Il dit justement comment, dans la construction, Stevenson était
novateur.
Henri
Oui, le montage est intéressant.
Je remarque que le Docteur Jekyll se prénomme Henry. Je me suis
rappelé que les médecins sont très représentés
chez les nazis. Dans leur domaine, on touche au démiurge, avec
aujourd'hui le génome.
J'ouvre aux ¾. Merci au groupe lecture. C'est tellement connu que
je ne l'aurais pas lu.
J'ai été un peu gêné par la difformité
d'Hyde, correspondant à un standard de classe. Le caractères
se lit sur le phénotype.
Claire (ignare)
Le phénotype ! Le phénotype !
Etienne (sans pitié)
Ben oui, la phrénologie.
Henri (reprenant le fil monstrueux)
D'un côté le côté altier de la bonne réputation,
de l'autre l'aspect difforme.
Etienne (précis, se reportant au texte)
Simiesque même.
Séverine (rêveuse)
Les mains velues. Je pense au loup garou.
Claire (de pire en pire)
C'est comment un loup garou ?
Jacqueline
Je l'ai lu vers 10-12 ans. J'avais gardé le souvenir d'une énigme
à suspens mais aussi, c'est très curieux, de quelque chose
de terrifiant, ce qui n'était guère cohérent avec
une légère incrédulité devant les méfaits
de Hyde : l'enfant piétiné, à ce moment-là,
moi non plus, je n'arrivais pas à visualiser. Tuer à coup
de canne, certes c'est blâmable. Mais ce n'est guère cela
qui provoquait ma terreur...
Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée
de relire cette histoire archiconnue !
En fait, j'ai relu très facilement la première partie en
regrettant de connaître le fin mot de l'énigme qui donne
sa tension au récit. J'aimais assez les descriptions des personnages
et l'atmosphère à la Dickens. Mais ça manquait un
peu de suspense. Jusqu'à ce que j'arrive à "l'exposé
complet de l'affaire" par Jekyll : tout d'un coup, ça
s'est mis à me plaire. Car ce n'est pas simplement le bien et le
mal vus par la société bien pensante. L'éclairage
devient humain et pas binaire. Je me suis mise à admirer l'habileté
de l'auteur et la composition de son récit. Quand Jekyll parle
des frasques de sa jeunesse, il se garde d'illustrer, ce qui permet au
lecteur d'imaginer à sa guise, sans cesser d'être fidèle
au récit. Comme dans le film que nous avons vu où interviennent
deux femmes... Hyde, nulle part n'a la parole, on ne sait pas ce qu'il
pense, ni même s'il pense, on le voit seulement agir par le regard
des autres.
Claire
C'est pour ça que Naugrette le spécialiste de Stevenson
a écrit un
roman pour donner enfin la parole à Mr Hyde.
Annick
Très intéressant ce Naugrette, dans l'émission
de radio sur Jekyll et Hyde.
Jacqueline
C'est merveilleux quand Hyde raconte qu'il est libéré quand
il peut faire tout ce qu'il veut...
C'est devenu un archétype, comme Faust. Ce qui me terrorisait,
c'est l'engrenage comme dans La
peau de chagrin. J'ouvre aux ¾.
Monique
C'est très difficile de parler de ce classique littéraire
qui fascine depuis sa création et qui a été tellement
analysé. J'ai du mal à prendre le recul nécessaire.
Cette uvre se situe à la lisière de la science-fiction,
du fantastique, du roman policier et du cas psychologique.
Les procédés utilisés pour créer l'étrangeté
et entretenir le suspens ont tellement étaient utilisés
depuis qu'il est difficile de vraiment les apprécier : l'importance
accordée à l'atmosphère, les lieux troublants, la
lumière, les bruits. L'auteur nourrit bien le suspense : l'agression
de la fillette, les explications rassurantes du Dr Jekyll, l'énigme
du testament, le meurtre. Le récit est bien construit et il est
intéressant que le personnage principal ne soit pas Jekyll, mais
l'avocat Utterson.
C'est moins manichéen que je ne le craignais. Jekyll pense qu'il
pourrait être plus pleinement lui, en se débarrassant de
la honte des mauvais actes que son bon côté désapprouve,
mais d'un autre côté la transgression est tellement attirante
et donne du sel à la vie qui, sinon, pourrait se révéler
terne et morne.
J'ai noté un jeu de mot du notaire alors qu'il part à la
recherche de Mr Hyde : s'il est Mr Hyde, je serai Mr Seek.
J'ai trouvé que c'était bien fait, mais je n'ai pas réussi
à faire abstraction de ce que j'ai lu depuis pour le lire comme
un "classique". Je l'ouvre à moitié.
Séverine
Qu'en dire ? Cest difficile de parler dun roman qui est dépassé
par le mythe littéraire quil a créé. Littérairement,
je ne sais pas sil y a beaucoup à dire. On est, en revanche,
tous convaincus que Stevenson a créé un personnage à
part. Est-ce quil parle de nous tous ? De notre part de bien
et de mal ? De ceux qui ne savent pas réguler et penchent
trop du côté du mal ? Enfin, le mal tel que la société
la défini. Rend-t-il compte de la schizophrénie ?
Du dédoublement ? Ne peut-on pas parler dun cas psychiatrique ?
Quand Rozenn a confondu avec Jack l'Éventreur, je comprends :
on est dans un milieu privilégié, avec des gens bien propres
sur eux, alors qu'ils ne le sont pas forcément ; on voit le
côté sombre de la bonne société londonienne.
Et Jekyll dit qu'il a une grande joie de vivre : socialement il doit
réfréner ça.
Henri
Hyde tue, mais il n'est pas descendu dans la rue pour tuer, par désir.
Jacqueline
Il se laisse aller à ses impulsions.
Henri
Le sénateur lui parle et c'est pour ça que ça se
passe mal après.
Claire
Oui, c'est de la faute des autres...
Séverine
En tout cas, j'étais contente de le lire, je ne me souvenais pas
de la construction.
En revanche, je ne sais pas comment l'ouvrir. Je n'ai pas un enthousiasme
débordant, mais jai au moins eu un intérêt,
un plaisir de lecture, ce qui na pas encore été le
cas depuis la rentrée avec les livres proposés... J'ouvre
donc à moitié, je suis mi-figue mi-raisin, mais c'était
agréable.
Henri
Mi-figue mi-raisin, c'est bien pour Dr Jekyll et Mr Hyde
Annick L
Je l'ai lu il y a fort longtemps et j'avais oublié les détails
de l'histoire. J'étais surtout imprégnée du mythe
qu'on retrouve au cinéma, ou l'idée du dédoublement
dans la littérature fantastique. J'avais l'impression de connaître...
Or la lecture de ce livre fut une bonne, et très agréable
surprise. D'abord parce que j'ai beaucoup lu Conan Doyle et j'aime le
côté désuet de l'écriture, le décor
un peu sinistre de la ville de Londres.
En plus comme je connaissais l'histoire en gros, je me suis mise à
lire attentivement. Je trouve que c'est remarquablement bien fait, pas
manichéen, avec un suspense bien tenu et une façon de raconter
allusive, qui oblige le lecteur à combler les blancs. Par exemple,
il n'y a pas de description précise de Hyde : juste une impression
déplaisante qui se dégage de lui. Et jusqu'à la fin,
on (le point de vue narratif) nous laisse imaginer qu'ils sont deux. Ça
c'est très habile. Quand Utterson et le majordome fracassent la
porte, on voit le corps de Mr Hyde en train de mourir, et Utterson cherche
le Dr Jekyll. J'ai apprécié également le procédé
des deux récits complémentaires à la fin qui concrétisent
les suppositions du lecteur... tout cela est assez subtil et ça
me fait penser aux nouvelles fantastiques de Maupassant. Le roman de Mary
Shelley, Frankenstein,
paru bien plus tôt, est plus grossier dans ses effets.
Henri
C'est très original à l'époque l'idée de cette
dualité.
Annick
Oui, cette dualité qui est au fond de chacun de nous ! Et
j'ai été intéressée par le parallèle
que fait Naugrette entre Stevenson et Freud : lequel aurait lu l'autre
en premier... ? En tout cas, psychanalytiquement c'est fascinant.
Certes le style est un peu vieillot, mais pas la façon dont est
évoquée l'emprise qu'exerce une partie de la personnalité
sur l'autre. Une problématique complexe qui n'a rien perdu de son
actualité. C'est un super raconteur d'histoires. Ces personnages
masculins qui ont une apparence honorable et bourgeoise alors qu'ils dissimulent
de vilaines pensées voire des comportements méprisables,
le tout soigneusement refoulé
ça, ça ne vieillit
pas.
Monique
C'est exacerbé dans cette société victorienne, mais
aujourd'hui
Séverine?
... tu ne peux pas te permettre tout, quand même.
Monique?
Le fait d'avoir une double vie était presque institué dans
la bourgeoisie.
Annick
J'ai trouvé que c'était une très bonne idée
que de choisir ce livre. Même si ce n'est pas le livre le plus marquant
pour moi car je préfère découvrir des nouveautés.
J'ouvre aux ¾.
Séverine
Pour répondre à Fanny, c'est vraiment un livre pour le groupe
lecture
Henri
Et c'est un "livre qui compte". Dans la littérature.
Et L'île
au trésor !
Etienne
Aaaah !
Claire
Dès les premiers mots, on est dans la dualité, les deux
parties en conflit, avec le notaire qui boit du gin en solitaire "afin
de mortifier son penchant pour les bons crus" et qui bien qu'il adore
le théâtre n'y va jamais...
Sur leur lecture, Lisa, Henri, Séverine, se demandaient "que
dire", et moi je me disais, je vais "dire" quant à
ma lecture, mais pas sur le récit lui-même.
En effet, c'est d'abord le plaisir de lire un classique, dans le texte,
directement, et pas à partir du souvenir d'une lecture d'enfance
ou scolaire, pour découvrir à quoi correspond l'image réduite
qui en est connue, comme le logo d'un monument. Et en plus, inculte comme
d'hab, je n'avais bien sûr par lu ce livre (ni Sans Famille,
Les Trois Mousquetaires...)
Ensuite, quand j'ai voulu acheter le livre, j'ai vu qu'il y avait nombre
d'éditions de poche et également de traductions. En cherchant
un peu, j'ai été éberluée par le nombre de
traductions en français de ce livre : j'en ai dénombré
19. C'est incroyable ! Pour Tolkien, il y en aura que deux...
Séverine
Il faut voir aussi que c'est court.
Claire
Ah oui, très juste. J'ai
donc choisi un spécialiste de Stevenson, Jean-Pierre Naugrette.
Rapidement j'ai été gênée par des expressions
en me demandant l'équivalent dans la langue d'origine. J'ai donc
acheté une édition bilingue (heureusement il y a des occasions
)
c'était le même traducteur, il me fallait donc voir ce que
faisait un autre traducteur, j'ai pris celle en folio de Charles Ballarin,
qui a dirigé la Pléiade. Et me voilà faisant du ping
pong à deux d'abord français-anglais, mais de temps en temps
je me reportais à Ballarin pour voir les mots choisis. Et je me
disais alors, ces deux-là ont dit ça, mais les autres ?
J'avais vu en feuilletant les poches qu'en collection Babel, les deux
auteurs (un anglais, l'autre français) consacraient quasiment toute
leur introduction à la traduction - je me suis dit ceux-là
vont faire des choix vraiment judicieux, j'ai donc téléchargé
l'édition sur ma tablette : je faisais donc du ping pong à
4, anglais et les trois versions françaises, pas tout du long non,
mais de temps en temps, quand je remarquais en anglais un choix peut-être
difficile à traduire. Voilà, je n'ai rien dit sur le récit,
mais j'ai eu du plaisir à entrer dans la langue, dans les 4 "langues".
J'ai aimé la tension, le mystère, la façon dont on
est mené. Par contre quand arrivent à la fin les récits
lus par le notaire, j'ai eu une baisse de tension, ça s'est dilué.
Et donc j'ouvre aux ¾, très contente d'avoir lu ce livre.
Après, je suis partie à la découverte de Stevenson
et de ses uvres, et j'ai adoré. Tout comme Gombrowicz et
Woolf que je n'ai pas aimés, j'ai adoré me promener dans
leur vie, l'histoire de leurs uvres, de leur réseau, donnant
lieu à ce que je mets en ligne et que je découvre grâce
à des livres même non appréciés.
Parmi
les dédoublements et horreurs délicieuses, nous évoquons :
|
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-
1808 :
Faust de Goethe - 1818 : Frankenstein de Mary Shelley - 1872 : Carmilla de Sheridan Le Fanu (que nous avons lu en 2014) - 1886 : Le Horla de Maupassant (que nous avons lu en 1989) - 1886 (pour mémoire) : Dr Jekyll et Mr Hyde de R. L. Stevenson - 1888 (et après) : Jack l'Éventreur - 1890 : Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde (que nous avons lu en 2011) - 1896 : L'île du docteur Moreau de Welles (ajouté après) - 1890-1937 : Lovecraft |
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LE LIVRE QUI L'A RENDU CÉLÈBRE | |
-
Quelques chiffres entre 1885 et 1908 - Comment le roman est né... - Jekyll et Hyde : ces mots - 19 traductions de Dr Jekyll et Mr Hyde ! - Les difficultés de traduction - Un monde sans femme ? Justement... |
|
PARCOURS DE STEVENSON | |
-
Rapide : en 4 temps - Approfondi : en 4 heures... - Les derniers moments de Stevenson dans une île de l'Océan Pacifique - Trois femmes qui comptent - A quoi ressemblait Stevenson ? - Stevenson parlait-il français ? |
|
PUBLICATIONS EN FRANÇAIS ACTUELLEMENT DISPONIBLES | |
romans, nouvelles, pièce de théâtre, récits de voyages, essais, correspondance, prières | |
L'INFLUENCE DE STEVENSON | |
-
Ce qu'en disent des écrivains - Films, pièces, chansons, BD, jeux vidéo... (inspirés de Dr Jekyll & Mr Hyde) - Ambiance Voix au chapitre... |
LE LIVRE QUI A RENDU
STEVENSON CÉLÈBRE
Le texte anglais (d'un Écossais...) est
en ligne en pdf, ainsi que trois
traductions :
- de B.-J. Lowe (1890)
:
ici ou
en pdf là ou dans Gallica
- de Théo Varlet (1926) :
ici
ou pdf
là ou bilingue
dans
Gallica
- de Charles-Albert Reichen (1963) :
en pdf là
Quelques
chiffres entre 1885 et 1908
- Un livre écrit en 3 jours en 1885 dans
sa première version, à 35 ans.
- Prix à la vente : 1 shilling au Royaume Uni, 1 penny aux USA
- Publié en 1886, succès immédiat : l'éditeur
américain le publié le 5 janvier, 4 jours avant la parution
britannique
- Un sermon à
St Paul's Cathedral s'appuie sur la parabole du livre.
- Le 25 janvier, le Times à Londres publie une critique
enthousiaste (cf. article).
- Plus de 40 000 exemplaires
vendus en 6 mois
- 2 pièces de théâtre peu après la parution,
dès 1887 (les effets de lumière et le maquillage pour la
transformation de Jekyll en Hyde suscitèrent des réactions
horrifiées de la part du public=>succès énorme),
puis en 1897.
- Porté à l'écran dès 1908 dans 2 adaptations
: de Sidney Olcott et de William Selig.
Dès lors le succès rencontré par
cette horrifique histoire ne s'est jamais démenti.
Comment
le roman est né...
- Lisez le récit haletant fait
par la femme de Stevenson et son fils ICI
: cris, cauchemar, manuscrit jeté au feu, etc.
- Stevenson, évoquant la façon dont les rêves suscitent
sa création, raconte aussi comment
le roman est né.
Jekyll et Hyde
: ces mots
- La prononciation : il faudrait prononcer comme le souhaite Stevenson,
comme s'il était écrit "je-kill" (kill=tuer)
et non jek-ill (ill=malade)...
- L'origine de leurs noms d'après
Nabokov : "Les noms de Jekyll et de Hyde sont d'origine scandinave,
et je soupçonne Stevenson... voir
la suite
- Jekyll,
Hyde sont les deux seuls
mots communs à tous les titres...
"Case" signifiant à la fois cas
(médical ou psychologique) et affaire (judiciaire) :
la
traduction interpelle donc dès le titre, puisque le livre s'intitule,
selon les éditions :
Dr Jekyll & Mr
Hyde (ou Dr Jekyll et Mr Hyde)
Le cas étrange du docteur Jekyll
Le cas étrange du docteur Jekyll et de Monsieur Hyde (ou du
Dr Jekyll et de M. Hyde)
L'étrange cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde (M. Hyde, Mr
Hyde ou Mr. Hyde)
Le cas fantastique du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde
L'étrange affaire du Dr Jekyll et de Mr Hyde (ou Mr. Hyde)
19 traductions de
Dr Jekyll et Mr Hyde dénombrées
pour Voix au chapitre...
Publié en 1886 à New York, le livre a sa première
traduction au Québec en 1887 et en France en 1890 par une des connaissances
de Stevenson, Berthe Julienne Lowe (en
ligne ICI).
Une autre traduction ancienne, de Théo Varlet, en 1926, toujours
bien disponible en poche, y compris dans une édition de juin dernier,
est également en
ligne ici.
Voici
une liste, peut-être non exhaustive, de 19 traducteurs en français,
avec la date de la publication de leur première traduction, dans
certains cas republiée plusieurs fois : en
1888 Jules-Paul TARDIVEL au Québec,
en 1890 Mme B.-J. LOWE (en
ligne), en 1924 Fanny William LAPARRA, en 1926 Théo
VARLET (en
ligne), en 1931 Henri TILLEUL, en 1945 G. JACQUEMAIN, en 1949 Marcelle
SIBON, en 1960 Robert LATOUR, en 1963 Charles-Albert
REICHEN (en
ligne), en 1968 Armel GUERNE,
en 1974 Jean ARBULEAU, en 1975 Élisabeth CHARBONNEL,
en 1975 Jean MURAY, en 1988
Jean-Pierre NAUGRETTE,
en 1984 Claudie DUPUIS, en 1992 Charles BALLARIN,
en 1994 Georges
HERMET, en 1997 Guillaume PIGEARD DE GURBERT
et Richard SCHOLAR, en 2010 Luc RIGOUREAU
(pour les auteurs
en rouge, une édition poche est disponible ci-contre).
Les curieux peuvent accéder à des
précisions sur
les traducteurs et une comparaison
de 10 traductions concernant le titre du livre, le titre du premier
chapitre et la première page.
Les
difficultés de traduction
Jean-Paul Naugrette, spécialiste de Stevenson, donne des éléments
en réponse à cette question :
"Vous qui l'avez traduit, comment mesurez-vous
la difficulté de ce travail ? Les traductions anciennes semblent
n'avoir guère tenu compte de l'oralité, par exemple.
Traduire Stevenson n'est pas facile. D'abord parce qu'il n'hésite
pas à introduire, notamment dans ses romans écossais, du
dialecte, de vieilles ballades médiévales, un parler vernaculaire
comme chez Mark Twain. Dans certaines traductions de Théo Varlet,
dans les années 20, des pages entières manquent, il coupait
parce qu'il n'avait aucune solution pour traduire le dialecte. La deuxième
difficulté vient de son anglais archaïsant, il va chercher
des mots anciens, des termes désuets, il s'inspire des poètes
anglais, de Shakespeare. Je pars du principe que le traducteur n'a pas
à céder là-dessus, il doit lui aussi trouver des
équivalents français. Il y a des pistes : Stevenson,
comme Schwob, s'intéresse à Villon. Il y trouve des archaïsmes
et lui consacre même une nouvelle, Un
logis pour la nuit. Il s'intéressait beaucoup à
la langue française et a écrit aussi un essai sur Charles
d'Orléans. Ces éléments peuvent aider le traducteur,
lorsque, dans un roman, il se retrouve face à une ballade ou un
poème médiéval. C'est un moyen d'aller chercher dans
le patrimoine de la langue française. D'autre part, il crée
souvent des néologismes et des expressions qui n'existent pas dans
la langue anglaise. Il le fait délibérément pour
que son lecteur se demande ce qu'il a voulu dire, pour insérer
une image destinée à le surprendre. Il y a des pièges
dans sa langue." (entretien dans un dossier
Stevenson du Matricule des anges, n° 211, mars 2020)
Un
monde sans femme ? Justement...
Cette page manque de potins, non
?
Il n'y a que des hommes dans cette histoire et si justement... voir
les sous-entendus très gays (et sérieux)...
PARCOURS
DE STEVENSON
Rapide
: en 4 temps
- Robert Louis Stevenson est né en 1850
à Édimbourg : son père, "très" calviniste,
est d'une famille de constructeurs de phares, sa mère fille de
pasteur. De santé fragile, souvent alité (il souffre demphysème
pulmonaire), il fréquente peu lécole et passe beaucoup
de temps dans sa chambre qu'il appelle "le royaume de Courtepointe".
- Et pas plus la faculté : il mène une vie de bohème
entre Édimbourg et Paris, refuse la voie de son père à
la grande déception de celui-ci, obtient par miracle son diplôme
d'avocat sans avoir suivi de cours, mais choisit de se consacrer à
la littérature. Lopposition à son père s'aggrave
quand il veut épouser lAméricaine Fanny Osbourne,
rencontrée près de Barbizon parmi une communautés
d'artistes étrangers en 1876, de dix ans son aînée,
alors mariée et mère de trois enfants (lire
ici l'ambiance et l'histoire de cette communauté d'artistes).
- Son voyage jusqu'à la Californie, au terme duquel il épouse
Fanny en 1880, marque un tournant dans sa vie, le dandy bohémien
cédant alors la place à lécrivain. Ce n'est
pas LÎle au trésor (1883), aujourdhui
tenu pour le chef-d'uvre du roman daventures, mais Dr Jekyll
et Mr Hyde, qui est son premier best-seller en 1886.
- Sa maladie saggrave : en quête de climats propices, il vit
à Davos, Hyères, puis Bournemouth, entre 1880 et 1887, avant
de retrouver les États-Unis. La découverte des mers du Sud,
en 1888, est pour lui une révélation, et il sinstalle
aux Samoa en 1890. Il y décède dune embolie cérébrale
en 1894. Il est alors lécrivain le plus lu dans le monde
avec Rudyard Kipling.
Approfondi
: en 4 heures...
- France Culture La Compagnie des auteurs, quatre émissions
d'une heure chacune, du 27 au 30 juin 2016 :
Épisode
1 : L'éternel enfant, première escale consacrée
à sa vie, entre voyages et romance.
Épisode
2 : L'autre menaçant (Jekyll, Hyde et Ballantrae) : Le voyage
continue dans l'uvre de l'écrivain voyageur entre le bien
et le mal, le double menaçant et la construction du récit...
Épisode
3 : Il était une île : plongez dans les récits
fictionnels et réels des nombreux voyages de Stevenson,...
Épisode
4 : Le voyage dans les Cévennes, Olalla !! Dernier voyage dans
l'univers de Stevenson, le pionnier des écrivains voyageurs, pour
une randonnée narrative au cur de la faune...
Et encore... à France Inter L'heure des rêveurs : Jekyll et Hyde, 8 mai 2015, 49 min, avec Jean-Pierre Naugrette, émission entièrement consacrée à notre roman.
Les
derniers moments dans une île de l'Océan Pacifique
à 44 ans
- Vus par Nabokov
J'aimerais dire un mot des derniers instants de Stevenson. Je ne suis
pas de ceux qui se passionnent pour l'anecdote biographique lorsqu'il
s'agit de livres. L'intérêt humain n'est pas mon fort, comme
disait Vronski [pour qui en pince Anna Karénine, dans le roman
de Toltsoï]. Mais selon la formule latine, les livres ont un
destin, et il arrive que le destin des auteurs suive le destin de leurs
livres. On voit le vieux Tolstoï, en 1910, abandonner sa famille
pour partir à l'aventure et aller mourir dans la chambre d'un chef
de gare, dans le grondement du train sous lequel est allée se jeter
Anna Karénine. Et il y a quelque chose, dans la mort de Stevenson
en 1894 à Samos, qui reproduit curieusement le thème du
vin et le thème de la transformation qu'il avait imaginée.
Il descendit à la cave pour chercher une bouteille de son bourgogne
favori, la déboucha dans la cuisine, puis brusquement cria à
sa femme : "Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qui m'arrive
? ? Est-ce que mon visage a changé ?", et il s'écroula
sur le sol. Victime d'une rupture d'anévrisme, il mourait deux
heures plus tard.
Est-ce que mon visage a changé ? Il y a un curieux lien thématique
entre ce dernier épisode de la vie de Stevenson et le prophétique
dédoublement du plus merveilleux de ses livres. (Nabokov, Littératures
I)
- Ses obsèques
Dans l'île de Samoa, il était très investi dans la
vie locale. Lors de ses obsèques plus de 400 Samoans portèrent
à tour de rôle son cercueil afin de le mener au sommet de
l'île où on l'enterra selon ses volontés.
On peut voir sur le site Mémoires de rivages "Stevenson,
un Écossais aux Samoa", avec de nombreuses photos permettant
d'imaginer la vie des Stevenson sur l'île (ICI
puis LÀ).
Trois
femmes qui comptent
- Sa nurse, Cummy, à qui il dédia son premier recueil de
poèmes "à ma seconde mère, ma première
femme". Stevenson
attribuait son sentiment dramatique et la musique de sa prose aux contes
que, lorsqu'il était enfant, elle lui racontait (voir
ici ce que dit Stevenson du regret de devoir passer enfant de l'écoute
à la lecture personnelle et les commentaires d'Alberto Manguel).
- Sa femme américaine, Fanny, venue en France pour des raisons
artistiques (elle s'inscrit à Paris à l'Académie
Julian), qu'on aurait envie de connaître : excellente tireuse,
elle roulait ses cigarettes d'une main à cheval (voir le récit
succulent d'une querelle entre eux que Stevenson écrit à
Henry James).
- Sa mère : il dispute Maggie à son père ("Ma
mère est la femme de mon père !") et il conclut
: "Les enfants des parents qui s'aiment sont des orphelins".
Maggie sa mère l'accompagnera, avec Fanny son épouse, dans
son dernier voyage aux Samoa.
A
quoi ressemblait Stevenson ?
- Sa femme ne manque pas d'humour :
Il est curieux de voir à quel point le public peut identifier
un auteur aux personnages d'un de ses livres. L'apparence de mon mari
fut ainsi décrite comme une sorte de croisement grotesque entre
le Dr Jekyll et M. Hyde. Un critique écrivit même : "Il
ressemble à un noyé que l'on aurait retiré de l'eau
juste à temps, ses longs cheveux encore mouillés, et collés
à son visage." Même les peintres qui firent son portrait
essayèrent de suggérer quelque chose de bizarre et spectral
dans sa physionomie (voir
le texte où elle raconte l'élaboration du roman d'où
sont tirées ces remarques).
- Quelques portraits ici :
de Sargent, Richmond, Nerli. Voici un dessin de sa femme le représentant,
en 1887 :
Portrait
à l'huile de Stevenson par Fanny V de G. Osbourne, Fontainebleau,
1887
Stevenson
parlait-il français ?
Oui, et pour savoir comment, lisez ce qu'en dit sa femme : quelle
plume ! (voir ici).
PUBLICATIONS EN FRANÇAIS ACTUELLEMENT DISPONIBLES
Romans
-
L'île au trésor
- Prince Othon
- Dr Jekyll et Mr Hyde
- Enlevé !
- La
flèche noire
- Le
Maître de Ballantrae
- La
Chaussée des Merry Men (roman extrait de Maître
de Ballantrae et autres romans)
-
Le Trafiquant d'épaves
- La mort vous
va si bien !
-
La Malle en cuir ou La Société idéale (roman
inachevé, terminé par Michel Le Bris)
-
Le prisonnier d'Edimbourg et autres récits
-
Aventures dans les îles : Les Merry Men Le Secret
de l'épave Le Reflux L'Ile au trésor
Dans les mers du Sud
- Pléiade : tome 1 : L'Île
au trésor - Dr Jekyll et M. Hyde - tome 2 : Le
Maître de Ballantrae et autres romans - tome 3 :
Veillées
des îles - Derniers romans
Nouvelles
- Intégrale des nouvelles 1
et 2
- Le
Club du suicide (extrait des nouvelles Mille et Une Nuits)
- Le
Diamant du rajah
- Le
Pavillon dans les dunes
- Les
aventures de David Balfour
- Ceux
de Falesa
- Le
Pirate et lApothicaire
- Olalla
- Le Diable dans la bouteille
- Will
du moulin
Pièce
de théâtre
- Amiral
Guinée
Récits
de voyages
- Voyage
avec un âne dans
les Cévennes
- En
canoë sur les rivières du Nord
- Dans
les mers du Sud
-
Notre aventure aux Samoa
Essais
- Les Porteurs
de lanternes et autres essais
- Une
apologie des oisifs
-
De la paresse
- Virginibus
Puerisque
- Mendiants
- Charles
d'Orléans
-
Arpenter la terre et sonder la nature
- Aes Triplex suivi
de El Dorado
- Essais
sur l'art de la fiction
Correspondance
-
Une Amitié littéraire : Henry James Robert Louis Stevenson
- Correspondances
Schwob / Stevenson
Prières
- Prières
L'INFLUENCE DE STEVENSON (enormous)
Ce qu'en disent des écrivains : Nabokov, Borges, Echenoz, Michel le Bris, Chesterton...
Films,
pièces, chansons, BD, jeux vidéo
(inspirés de Dr Jekyll & Mr Hyde)
- Films : on dépasserait la centaine, voir
ici une liste plus modeste
- Théâtre : citons en France la pièce Le Cas Jekyll
de Christine
Montalbetti, et la performance de Denis
Podalydès en 2010, metteur en scène et acteur
- BD : Docteur
Jekyll et Mister Hyde, de Guido Crepax, Albin Michel, 1988
(érotique !) - Étrange cas du Dr Jekyll et de
Mr Hyde, de Joseph Busquet, Pere Mejan, Sanvi, tome
1 et tome
2, Delcourt, 2011 - Docteur
Jekyll et Mister Hyde, Jerry Kramsky, Lorenzo Mattott, Casterman,
2014
- Chansons : de
Serge Gainsbourg Hello
Docteur Jekyll (1966), des Who : Dr.
Jekyll and Mr. Hyde (1968), de Jean Leloup Dr
Jekyll and Mister Hyde (1991), de Renaud Docteur
Renaud, Mister Renard (2002), d'Aja Jekyll
& Hyde (2019)
- Jeux vidéo : Dr
Jekyll and Mr. Hyde (Nintendo, 1988) - Jekyll
& Hyde (Pixelcage/bitCompose, 2011 : l'on incarne alternativement
le Dr. Jekyll et Mr. Hyde, determinés à trouver un antidote
contre une épidémie propagée par une secte occulte)
- The
Mysterious Case of Dr. Jekyll & Mr. Hyde (Nintendo, 2015 : Londres,
1886, le cadavre d'un riche citoyen vient d'être retrouvé
dans une rue de Soho. De réputation honnête, ce membre du
parlement n'avait aucun ennemi connu : a-t-il été réellement
assassiné à Soho ? Pourquoi ? En charge de l'enquête,
vous demandez de l'aide à un vieil ami, médecin légiste,
le seul à pouvoir vous renseigner. Fort
heureusement, ce docteur Jekyll se montre très collaboratif...
Le jeu fait visiter 30 endroits de Londres en
1886).
Ambiance
Voix au chapitre...
Dans "Causerie et causeurs", Stevenson
définit le type de conversation et le "causeur" qu'il
apprécie : "Une certaine attitude, faite de combativité
et de déférence, de désir d'en découdre et
de refus de la dispute, signale immédiatement le causeur. Ce nest
pas léloquence, ni l'équité, ni l'opiniâtreté
que j'aime à rencontrer chez mes aimables adversaires, mais une
certaine proportion de tout cela." (Essais
sur l'art de la fiction)
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
|
||||
grand ouvert |
¾
ouvert
|
ouvert
à moitié
|
ouvert ¼
|
fermé
!
|
passionnément
|
beaucoup
|
moyennement
|
un
peu
|
pas du tout
|
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